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Samedi 30 juin 2012, 19h59
New York les pieds dans l’eau, c’est pour
bientôt ?
Une étude américaine montre que le niveau de l'océan augmente trois à quatre fois plus vite sur une
zone côtière allant de la Caroline du Nord à Boston. Celle-ci deviendrait donc encore plus vulnérable
aux inondations causées par les tempêtes.
Le Baromètre de cet article
La montée des océans n’est pas uniforme. Si les experts s’accordent à dire que la moyenne globale
de l’élévation des eaux tourne autour de 3 mm par an, beaucoup de facteurs régionaux peuvent faire
varier les données. Une équipe de chercheurs du Centre géologique américain (USGS) a isolé en
particulier une bande côtière de 1 000 km allant de Cape Hatteras (Caroline du nord) à Boston
(Massachusetts), au bord de l’océan Atlantique.
Leur étude, publiée sur le site de Nature Climate Change, montre que le rythme de la montée des
eaux sur ce point sensible, s’est accéléré de 2 à 3,7 mm par an depuis 1990. C’est trois à quatre fois
plus que l’augmentation de la moyenne globale.
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Pour obtenir ces résultats, les scientifiques ont compilé des données provenant de marégraphes ces instruments servent à mesurer le niveau des mers - depuis la fin du siècle dernier.
L’accélération menace directement les villes côtières comme New York ou Boston, ce qui rend les
zones habitées plus vulnérables aux inondations en cas de tempête. Si, comme le prévoit l’USGS, le
niveau de l’océan sur ce point sensible gagne 20 à 30 cm de plus que l’élévation globale d’ici 2100 –
les experts tablent sur une augmentation moyenne comprise entre 60 cm et 1 mètre –, ce sont des
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millions de foyers qui devront être évacués. Les plages et les zones humides risquent aussi d’être
fortement détériorées. « Si les vagues partent d’un niveau plus élevé, elles vont plus loin à l’intérieur
des terres, confirme Michel Petit, le président du Conseil d’administration de l’Institut
océanographique à Paris. Un simple renforcement des digues ne sera pas suffisant. »
« Beaucoup de gens se trompent en pensant que le rythme d’élévation des océans est le même
partout à cause de la fonte des glaciers, qui gonflerait le volume global de l’eau », déclare Marcia
McNutt, la directrice de l’USGS, dans un communiqué. De fait, il faut aussi prendre en compte
d’autres paramètres plus locaux, comme les mouvements de terrain et les courants océaniques, si
l’on veut pouvoir anticiper les changements à venir. La circulation océanique dépend à la fois de la
différence de température entre différents points de l’océan et de la salinité de l’eau. En clair : plus
l’eau est salée et froide, plus elle est dense. Et l’eau la plus dense a tendance à repousser l’eau la
plus légère, vers les côtes par exemple.
Déjà trop tard ?
Fonte des neiges et des icebergs, variation des températures... Selon les chercheurs de l’USGS, il
faut bien se rendre à l’évidence : le réchauffement climatique contribue largement à l’augmentation
du niveau des mers. La solution ? Pour Michel Petit, ça ne fait pas un pli : « Il faut absolument
diminuer nos émissions de gaz à effet de serre et ne plus dépendre des énergies fossiles. »
Mais l’ancien polytechnicien, très impliqué dans les questions climatiques avec le Giec (Groupe
d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), s’avoue pessimiste : même si l’on arrivait à
stabiliser la température, il ne serait pas possible d’inverser la tendance avant plusieurs siècles à
cause de l’inertie du système océanique. « Si le climat se réchauffe de plus en plus, poursuit-il, on
pourrait bien assister à l’arrêt du Gulf stream, qui s’enfonce déjà en mer du Nord. » Les
conséquences seraient alors catastrophiques pour toute la faune aquatique.
Aux Etats-Unis, le candidat républicain à la présidentielle américaine Mitt Romney a déclaré à
l’automne dernier « ne pas savoir ce qui cause le réchauffement climatique sur cette planète ». Pour
l’ancien gouverneur du Massachusetts, pourtant concerné au premier degré par la montée des eaux,
les priorités sont la sécurité et l’indépendance énergétique. Alors, après nous le déluge ?
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Le rédacteur :
HÉLÈNE PENNANEAC’H
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