Thème 3 : Dynamique des grandes aires continentales : L’Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud Etats-Unis – Brésil : rôle mondial, dynamiques territoriales Ce sujet est divisé en deux cours qui peuvent chacun faire l’objet d’une composition au Bac : Cours 1 : Le rôle mondial des Etats-Unis et du Brésil Cours 2 : Les dynamiques territoriales des Etats-Unis et du Brésil. Cours 1 : Le rôle mondial des Etats-Unis et du Brésil : Introduction : Le but de ce cours est de comparer les Etats-Unis et le Brésil avec le concept de puissance. Les Etats-Unis sont la seule superpuissance actuellement. On parle d’hyperpuissance. Toutefois, ils sont de plus en plus critiqués de par le monde et concurrencés par la Chine. On parle d’un déclin américain. A l’inverse, le Brésil est un pays émergent qui a une croissance économique spectaculaire depuis 20 ans. Il est de mieux en mieux inséré dans la mondialisation et sa compétitivité augmente. On a donc deux pays géants : l’un qui décline, l’autre qui progresse. Leurs trajectoires sont opposées. Toutefois, l’écart entre une superpuissance et un pays émergent est énorme, donc il est peu probable que le Brésil dépasse prochainement les EUA. Les déséquilibres sont majeurs sur tous les plans (économique, politique, culturel). I. La puissance économique a) La superpuissance américaine : En terme de territoire et de population, les Etats-Unis sont un pays géant. Leur territoire est le 3e plus grand du monde en superficie, et ils ont la 3e population la plus nombreuse du monde avec 314 millions d’habitants. Les Etats-Unis demeurent la première puissance économique mondiale, même si la Chine les rattrape. Ils ont un PIB de 15'000 milliards de dollars, ce qui équivaut pratiquement au quart du PIB mondial. Ils sont le 1e importateur mondial et le 3e exportateur. Ils ont créé l’ALENA, une zone de libre-échange qu’ils dominent largement. Les Etats-Unis disposent des plus puissantes Bourses de valeur (New York) et de commerce (Chicago), et de la première monnaie du monde, le dollar. Les Etats-Unis sont le premier pays émetteur et récepteur d’IDE. Leurs FTN sont au cœur des processus de mondialisation : 132 des 500 premières FTN sont américaines. Les Etats-Unis sont extrêmement puissants dans les trois secteurs d’activité : o Secteur primaire : les Etats-Unis sont un géant agricole mondial. Leur agriculture est la 1e du monde grâce à leur complexe agro-industriel subventionné par l’Etat. o Secteur secondaire : l’industrie américaine est très puissante et orientée vers les secteurs de pointe (secteur aérospatial avec la NASA, NTIC avec Apple et Windows, agroalimentaire avec Monsanto etc.) o Secteur tertiaire : les Etats-Unis sont surtout une économie tertiaire : recherche, conception, finance, grande distribution, sièges de FTN… b) L’émergence économique du Brésil Le Brésil est lui aussi un pays géant. Il est le 5e pays du monde par sa superficie (8,5 millions de km2) mais aussi par sa population (près de 200 millions d’habitants). 1 Le Brésil a un PIB de 2'250 milliards de dollars. C’est le 7e PIB mondial. Il est loin derrière les Etats-Unis, son PIB représente 53% de celui de toute l’Amérique du Sud. Le Brésil domine par ailleurs le MERCOSUR, tandis que la Bourse de São Paulo est la première d’Amérique Latine. La croissance économique du pays tourne autour des 5% par an depuis 15 ans, mais elle a diminué depuis 2014. Le Brésil prend une importance croissante au sein de la gouvernance économique mondiale (FMI, Banque Mondiale, OMC, G20). L’économie brésilienne repose surtout sur les secteurs primaires et secondaires : o Secteur primaire : le Brésil est un géant agricole en pleine croissance car il dispose aussi de vastes territoires vierges. C’est le premier producteur de café, 2e de bœuf et de soja… On surnomme le Brésil la « ferme du monde ». Beaucoup d’exploitations agricoles y sont modernes et mécanisées, avec de bons accès à l’eau. Les minerais et le pétrole y sont aussi des secteurs importants. o Secteur secondaire : le Brésil est la première puissance industrielle d’Amérique Latine. Il cherche à se spécialiser dans les technologies de pointe pour augmenter la valeur de ses produits. L’aéronautique est déjà un secteur important, et le pays se tourne actuellement vers les technologies spatiales. Le Brésil possède de plus en plus de FTN qui progressent dans les classements mondiaux. En 2012, il en a 7 qui font partie des 500 premières. Les plus connues sont Vale (mines, énergie, acier) et Petrobrás (hydrocarbures), avec des filiales dans le monde entier. Le Brésil est le 8e pays qui reçoit le plus d’IDE, surtout en provenance de la Chine et des Etats-Unis. c) Limites et comparaison II. Les limites de la puissance économique américaine : o Les Etats-Unis ont une balance commerciale déficitaire (ils importent plus qu’ils n’exportent). Ils sont donc fortement dépendants des autres puissances, notamment de la Chine qui leur prête de l’argent. o Ils sont le pays le plus endetté de la planète. Les crises économiques touchent particulièrement les Etats-Unis (chômage, poches de pauvreté…) Toutefois, au niveau économique, les Etats-Unis dominent encore nettement le continent américain, malgré l’affirmation croissante du rôle régional du Brésil. Sauf dans le domaine agricole où le Brésil est un réel concurrent pour eux. En effet, les Etats-Unis exportent beaucoup de produits agricoles, mais ils en importent aussi énormément, contrairement au Brésil. Du coup, le Brésil a un excédent agricole supérieur à celui des EUA, et vise à les dépasser. Malgré leurs atouts économiques, ces deux sociétés sont profondément inégalitaires. o Au Brésil, les inégalités sont visibles à toutes les échelles. Les villes sont divisées entre les riches quartiers d’habitation et des favelas. Dans les campagnes, 1 % des propriétaires terriens possèdent 54 % des terres, et les petits paysans n’en possèdent peu ou pas. o Aux Etats-Unis, 45 millions de personnes vivent sans la moindre protection sociale ! Le Hardpower a) La superpuissance américaine : Au niveau diplomatique, les Etats-Unis occupent une place prépondérante dans la gouvernance mondiale. Le siège de l’ONU est à New York, celui du FMI et de la 2 Banque mondiale à Washington. Au FMI, ils disposent d’une minorité de blocage1 ; au Conseil de sécurité de l’ONU d’un droit de veto. Au niveau militaire, les EUA sont clairement la première puissance mondiale ! o Le budget américain représente 45 % des dépenses militaires mondiales (son budget de défense seulement équivaut au PIB de la Suisse)! Les EUA disposent de nombreux atouts : puissance nucléaire, technologies militaires de pointe, réseau de bases militaires planétaire… o Les EUA sont considérés comme les gendarmes du monde, et interviennent régulièrement dans les autres pays du monde (guerre en Irak, lutte contre la piraterie et le trafic de drogues). o Leur puissance militaire s’illustre aussi par la toute puissance de leurs services de renseignements. La NSA (National Security Agency) peut mettre sur écoute même les dirigeants des autres pays (comme l’Allemande Angela Merkel) et a accès à l’ensemble des données de Facebook, Yahoo !, Skype etc. Les services de renseignements américains sont dotés d’une puissance ahurissante. b) Les efforts diplomatiques brésiliens III. Au niveau militaire, le Brésil n’est pas une puissance. Les dépenses militaires brésiliennes représentent moins de 2 % de son PIB ! Le pays a une tradition isolationniste. Il ne participe pas à la Première Guerre mondiale, et n’entre en guerre qu’en 1942 pour la Seconde. Pendant la Guerre Froide, il reste non-aligné jusqu’en 1964, date à laquelle les militaires s’emparent du pouvoir avec l’aide de la CIA. Toutefois, l’armée brésilienne dirige la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), ce qui démontre une ambition militaire régionale. Le pays tente de compenser son manque de moyens militaires par une diplomatie active depuis l’arrivée au pouvoir du Parti du Travail (PT) en 2003 (avec Lula, puis Dilma Rousseff). Cette diplomatie vise à doter le Brésil d’une meilleure place dans la gouvernance mondiale à travers quatre stratégies : o Rapprochement avec les pôles de la Triade. o Rapprochement avec les pays voisins à travers l’intégration régionale. La place du Brésil au MERCOSUR et à l’UNASUR lui assure un statut de porteparole de l’Amérique Latine. Le MERCOSUR permet également au Brésil de contrecarrer l’influence américaine sur le continent. o Rapprochement avec les autres pays émergents : avec les autres BRICS et membres du G20, il revendique une réforme du Conseil de Sécurité de l’ONU, pour changer les membres permanants. o Rapprochement avec les pays du Sud : comme la Chine, le Brésil commerce et envoie de plus en plus d’IDE vers l’Afrique. Lula a ainsi cherché à se rapprocher des tous les pays du Sud, à travers des accords économiques et politiques pour que le Brésil devienne le porte-parole des Suds en général. C’est la diplomatie Sud-Sud ! Le Softpower a) Un modèle américain influent mais contesté Le modèle américain rayonne aujourd’hui dans le monde entier. o Les Etats-Unis restent persuadés de leur Destinée Manifeste, de devoir diffuser le libéralisme et la démocratie dans le reste du monde. o Le contrôle, des technologies du web, des réseaux sociaux, des compagnies Internet, est un outil de softpower très puissant pour les EUA. 1 Les États-Unis possèdent une minorité de blocage car les décisions importantes nécessitent 85% des voix alors qu’ils détiennent à eux seuls 16,75% des droits de vote. Ils ont ainsi un droit de veto au FMI. 3 Leurs autres outils d’influence sont l’anglais et les industries culturelles : musique, fast-foods, cinéma (Hollywood, Disney, séries), qui promeuvent l’American way of life ! o Enfin, les Etats-Unis ont des universités et pôles technologiques de pointe. 40% des dépenses mondiales de recherche scientifique sont faites aux EUA !! Le modèle américain est toutefois très contesté par de nombreuses idéologies, comme l’altermondialisme, l’écologie ou encore l’islamisme. Les Etats-Unis bénéficient désormais d’une image assez négative. Ils sont accusés d’être impérialistes, de participer abusivement au réchauffement climatique et de privilégier la croissance économique au dépit des programmes sociaux quasiment inexistants dans leur pays. o b) Un Brésil qui peine à s’imposer comme modèle De son coté, le Brésil bénéficie d’une image plutôt positive dans le monde. Depuis son arrivée au pouvoir en 2003, le PT a combiné une politique économique néolibérale et des programmes sociaux ambitieux pour lutter contre la misère. Ces programmes, mis en place sous une période de grande croissance économique, ont bien fonctionné. Ils sont désormais des modèles de réussite pour d’autres pays en développement. Le softpower brésilien passe aussi par l’organisation de grands événements sportifs : mondial de football 2014, Jeux Olympique en 2016 à Rio de Janeiro. Ce type d’événements a pour but de doter le Brésil d’une image de pays moderne et développé, attractif pour les FTN et leurs IDE. Certains traits culturels brésiliens sont connus dans le monde entier, comme la musique (samba, bossa nova), mais aussi la capoeira et le carnaval. Le Brésil a toutefois un softpower qui vise toutefois surtout l’Amérique Latine et les pays du Sud (softpower sud-sud). Par exemple, la Rede Globo, principal groupe de médias brésiliens, possède le second plus important réseau de télévision du monde. Elle exporte de nombreux sitcoms télévisés (telenovelas) vers l’Amérique Latine, mais aussi la Russie, l’Europe de l’Est, le Moyen-Orient, le Maghreb, l’Afrique subsaharienne et les immigrants latinos aux Etats-Unis. L’image idéalisée d’un Brésil en pleine croissance qui redistribue ses richesses aux plus pauvres, est toutefois actuellement remise en cause : o De nombreux scandales de corruption entachent l’élite politique, à commencer par Lula et sa successeuse, Dilma Rousseff, qui vient de se faire renverser. o Les manifestations conte la coupe du monde et les J.O., ont été très médiatisées. Les manifestants protestaient contre les dépenses de l’argent public en infrastructures de sport dans un pays qui cumule les inégalités et les problèmes sociaux. o Les images des interventions de la police et de l’armée dans les favelas pour les « nettoyer » afin de présenter une image positive du pays aux touristes, ont contribué à renforcer la réputation de pays très violent. c) Deux pollueurs géants Les deux pays sont aussi très critiqués car ils doivent le succès de leur économie au mépris de l’environnement. Leurs agricultures recourent massivement aux OGM. Le Brésil est confronté à la déforestation. Il rase la forêt pour créer des champs de soja pour l’exportation et pour nourrir les grands élevages de bétail, ou des champs de canne à sucre. La canne à sucre est utilisée pour créer des agro-carburants. Cette agriculture intensive provoque l’érosion des sols et concurrence l’agriculture vivrière. Par ailleurs, pour attirer des FTN et des IDE, le Brésil procède à des déréglementations en matière d’environnement. Du coup, les FTN négligent l’environnement. Fin 2015, dans l’Etat du Minas Gerais, un barrage qui servait à retenir des minerais de fer a cédé à cause de négligences, libérant une gigantesque coulée de boue toxique qui a submergé 4 des villages entiers, pour finir dans l’Atlantique. Cette coulée a rendu inexploitables l’ensemble des terres agricoles présentes sur son passage, en plus de tuer de nombreux animaux et dévasté des zones protégées de forêt tropicale. Les Etats-Unis sont vice-champions du monde des émissions de CO2 par habitant à cause de l’omniprésence de la voiture et de l’avion. Conclusion : à tous les niveaux, la puissance américaine domine l’émergence brésilienne, malgré un déclin certain et les nombreuses critiques qui la touche. L’affirmation du Brésil sur la scène internationale est certaine mais l’avance américaine est telle que la comparaison, encore aujourd’hui, n’est pas porteuse de sens. Cours 2 : Les dynamiques territoriales des États-Unis et du Brésil Les dynamiques territoriales sont à la fois des causes et des conséquences du statut de puissance et de l’insertion des deux pays dans la mondialisation. Comme le Brésil et les EtatsUnis sont deux puissances (régionales ou mondiales), elles ont de nombreux points communs dans leurs dynamiques territoriales : métropolisation, littoralisation, inégalités socio-spatiales… Croquis : les dynamiques territoriales du Brésil et les dynamiques territoriales des EUA I. Des territoires aménagés par la conquête a. Des pays neufs Le Brésil et les EUA sont deux pays dont la majorité de la population est issue de vagues de migration, qui commencent au XVIe siècle et se sont faites au détriment des populations autochtones (Amérindiens). Ces territoires sont très attractifs pour les migrants car ils sont considérés comme vierges et pleins de ressources, en bref, des lieux idéaux pour refaire sa vie et d’enrichir. Ces deux pays se considèrent comme multiculturels car leurs populations descendent d’Européens, d’esclaves africains, d’amérindiens, mais aussi d’une diaspora asiatique importante. Ainsi, São Paulo est la ville qui accueille aujourd’hui la plus grande communauté de Japonais hors du Japon. Les deux pays ont été peuplés à partir de fronts pionniers, c’est-à-dire que les colons avancent toujours des espaces aménagés vers les espaces considérés comme vierges. o Aux Etats-Unis, le peuplement se fait avec la Conquête de l’Ouest. Les migrants arrivent depuis la côte Est, puis pénètrent et conquièrent les territoires de l’Ouest petit à petit. L’Alaska est encore un front pionnier en voie d’intégration grâce à ses ressources pétrolières. o Le Brésil a un front pionnier qui est encore actif. L’Amazonie est considérée comme un territoire vierge, et est une zone grise. L’Etat brésilien cherche à y imposer son autorité en l’aménageant de plus en plus (routes, barrages…) La déforestation avance rapidement : on remplace la forêt par des champs pour l’agriculture (soja) ou pour l’élevage (bœufs). Ces pays ont une très grande superficie, ce qui leur assure l’accès à de nombreuses ressources naturelles, et à des terres pour l’agriculture et l’élevage : o Etats-Unis : Pétrole dans le Golfe du Mexique et en Alaska Minerais dans l’Ouest du pays Charbon dans les Appalaches (ce sont des montagnes à l’Est des EUA) Sol pour l’agriculture et l’élevage (premier exportateur mondial) 5 o Brésil : Plus grande forêt tropicale du monde, ce qui est utile pour le bois et le caoutchouc, mais aussi pour de nombreuses plantes rares. Sol pour l’agriculture et l’élevage (hors forêt) d’une superficie équivalente à la Chine. Gigantesque gisement de pétrole offshore dans l’Atlantique. Enormes réserves de minerais : fer, bauxite et chrome. b. Des territoires pas entièrement exploités Aux Etats-Unis et au Brésil, tout le territoire n’est pas exploité. Il y a des endroits qui sont laissés vierges et inoccupés. C’est assez logique car la densité de population est faible, et il faut du monde pour exploiter un territoire. La principale différence entre les deux, c’est qu’aux Etats-Unis, tout le territoire est maîtrisé et contrôlé, tandis qu’au Brésil, il reste des zones grises. Pour regarder si un territoire est maîtrisé, on regarde si il y a des réseaux de transports qui permettent d’accéder partout : o Etats-Unis : Trois façades maritimes importantes (côte pacifique, Golfe du Mexique, Megalopolis) avec de grands ensembles portuaires. 40% du trafic aérien mondial transite par les Etats-Unis L’intérieur du pays est bien connecté : voies navigables aménagées et canaux artificiels, chemin de fer, grands axes routiers… 80% des oléoducs et gazoducs mondiaux o Brésil : Une façade maritime bien intégrée entre Rio et Porto Alegre, et une autre façade émergente entre Salvador de Bahia et Fortaleza. Il n’y a pas de réseau ferré, les déplacements se font soit par avion, soit par autocar quand il y a des routes. L’intérieur du pays, peu peuplé, est partiellement inaccessible. L’Amazonie constitue un cul-de-sac. Pour la connecter, le gouvernement a construit une route qui le Nord du pays au Venezuela. Une autre route, la Transamazonienne traverse le Brésil de l’Atlantique jusqu’au Pérou, mais elle est inachevée et souvent non asphaltée. Il n’est par contre pas possible de traverser l’Amazonie pour se rendre en Colombie. Le Sud et le Sud-Est du pays sont beaucoup mieux desservis. De nombreux axes routiers y ont été construits pour favoriser les échanges avec les autres pays du Mercosur (Argentine, Uruguay, Paraguay). Du coup, l’espace qui va de Belo Horizonte à Buenos Aires se densifie fortement. La métropolisation de cette zone est telle que l’on parle aujourd’hui d’une mégalopole du Mercosur en formation. La population des deux pays est très mobile, les migrations économiques internes sont nombreuses, ce qui encourage l’aménagement des réseaux de transport : o La Sun Belt accueille la plupart des flux de migrants au sein des Etats-Unis (métropoles, hautes technologies, Hollywood). o Au Brésil, de nombreuses personnes quittent le Nordeste au profit du Sudeste en pleine croissance économique, mais elles vont aussi en direction de l’Amazonie où se trouve le front pionnier. II. Des régions inégalement intégrées a) Les inégalités socio-spatiales aux Etats-Unis Le Nord-Est est considéré comme le centre des Etats-Unis parce qu’il concentre les pouvoirs de décision et de commandement. C’est le cœur historique de l’économie. 6 o On y trouve la mégalopolis (nom donné à la mégalopole qui va de Washington à Boston). Elle se caractérise par une forte concentration des populations, une industrialisation ancienne, une urbanisation importante, des réseaux de communication et transports denses et une façade maritime internationale. o Sur les rives des Grands Lacs (Detroit, Cleveland, Baltimore), on trouve une autre zone très urbanisée, qui a été au cœur de l’industrialisation du pays dès la fin du XIXe siècle. Or, depuis les années 1970, les EUA se désindustrialisent car leur économie est de plus en plus axée sur les services. Du coup, ces villes sont désertées par les populations qui vont chercher du travail ailleurs. Plus récemment, la Sun Belt, qui va de Seattle à Miami devient la principale zone attractive et dynamique : o On y trouve des métropoles importantes (Seattle, Los Angeles, Miami), un climat agréable pour le tourisme, un pôle important de haute technologie… o La Californie possède le PIB le plus élevé du pays. Elle abrite la Silicon Valley un technopôle extrêmement dynamique dans les NTIC. Elle abrite les sièges sociaux de Google, Adobe, Microsoft, Yahoo ! ou encore Apple. Au Centre-Est du pays, on trouve la région des grandes plaines. Elles sont moins intégrées dans la mondialisation, mais elles constituent le « grenier » du pays. C’est là que se fait la majorité de l’agriculture ensuite exportée vers le reste du monde. Au Centre-Ouest, on trouve les hautes terres qui sont peu exploitées, sauf pour les gisements de minerais et charbon, l’élevage, les forêts et le tourisme. Les interfaces sont particulièrement actives : o Côté Sun Belt, on trouve la frontière avec le Mexique, deux interfaces maritimes et la Pugetopolis. o La mégalopolis est dynamisée par sa proximité avec la Main Street America, et sa façade maritime. b) Les inégalités socio-spatiales au Brésil Au Brésil, on retiendra 5 régions très inégalement intégrées dans la mondialisation : Centre-Ouest : cette région est dédiée à l’agriculture et à l’élevage extensif, c’est « le grenier » du Brésil. C’est là que se trouve Brasilia, la capitale. Nord-est : c’est une zone pauvre et en marge de la mondialisation. Elle a une économie de rente basée sur la culture de la canne à sucre et du cacao. L’agriculture vivrière y est négligée, et les populations y ont souvent de la peine à se nourrir. Le Nordeste a un IDH faible (analphabétisme à 22%). Toutefois, le littoral est mieux développé et abrite deux métropoles : Recife et Salvador de Bahia. Amazonie : zone grise de la mondialisation Sud-est : c’est le cœur économique et démographique du pays. Les activités et services y sont fortement concentrés. On y trouve la principale façade maritime du pays. Le Sud-est produit 60% du PIB du pays et accueille les trois plus grandes villes : Rio de Janeiro, Belo Horizonte et São Paulo. São Paulo est le principal centre financier, commercial et industriel de toute l’Amérique Latine. Sud : c’est une périphérie en cours d’intégration car cette région se trouve proche du Sud-est mais aussi des interfaces frontalières avec les autres pays du Mercosur. Elle concentre son développement sur l’agriculture et l’industrie. c) Comparaison des inégalités socio-spatiales dans les deux géants Echelle nationale : au Brésil comme aux Etats-Unis, ce sont les régions avec une forte concentration urbaine, celles qui entourent les métropoles qui sont les plus dynamique et qui connaissent la plus forte croissance économique. Aux Etats-Unis, ces aires sont de plus en plus nombreuses avec l’émergence de la Sun Belt, ce qui rend le territoire un peu moins inégal. Au Brésil, par contre, seul le Sud-Est est dynamique, ce qui démontre une plus grosse inégalité territoriale. Echelle des villes : dans les deux pays, la concentration de la population et des activités dans les métropoles fait que ces centres manquent d’espace et s’étendent de plus en 7 III. plus. A l’intérieur des villes, il y a des quartiers aux dynamiques très différenciées : des quartiers/zones riches et bien intégrés à la mondialisation, et des quartiers/zones pauvres et marginalisés. A toutes les échelles : dans les deux pays, les inégalités territoriales tendent à augmenter ! L’intérieur des États-Unis et le nord du Brésil sont peu dynamiques et plus marginalisés. Toutefois, aux EUA, ces espaces en marge sont maîtrisés, même si ils sont peu aménagés. Au Brésil, par contre, dans les espaces marginalisés, la pauvreté est plus importante. Les inégalités existent dans les deux pays mais le niveau de misère est plus prononcé au Brésil. Métropolisation et littoralisation a) Métropolisation Les principales dynamiques territoriales du Brésil et des Etats-Unis reposent donc sur les métropoles, qui consituent les centres économiques et démographiques. o Au Brésil, l’agglomération de São Paulo compte presque 20 millions d’habitants et produit 25 % de la richesse nationale. o Aux États-Unis, les métropoles concentrent plus de 80 % de la population urbaine. New York, l’une des premières métropoles mondiales, abrite le siège social de 43 des 500 plus grosses entreprises américaines. L’aménagement des métropoles reflète la puissance (EUA) ou l’émergence (Brésil) : o Aux Etats-Unis, le modèle de la ville avec le CBD (central business district) et sa skyline au centre symbolise la puissance mondiale du pays. La plupart des villes de la mégalopole abritent Bourses, technopôles, sièges de FTN, sièges d’Organisations Internationales, Universités prestigieuses, etc. o Au Brésil, les villes symbolisent l’émergence du pays : Brasilia est le centre politique. La ville a été fondée sur un terrain vierge par un architecte de renom dans les années 1960, et ses bâtiments sont très modernes. São Paulo est le centre économique. La ville est couverte de gratteciels. Elle abrite les principales FTN brésiliennes et étrangères. Important pôle industriel, elle cherche aujourd’hui à se rediriger vers les services et les industries à forte valeur ajoutée. Rio de Janeiro est le centre culturel du pays. C’est la principale destination touristique et elle se veut l’image d’un Brésil accueillant et chaleureux, au cœur du softpower brésilien. b) La littoralisation : Dans les deux pays, il y a également un processus important de littoralisation car les façades maritimes sont dynamisées par le trafic maritime mondialisé. Les Etats-Unis ont trois façades : la façade Est, longeant la mégalopolis, est tournée vers l’Europe. La façade Ouest relie la Sun Belt à l’Asie. Enfin, la façade du Golfe du Mexique relia la Sun Belt à l’Amérique Latine et aux Caraïbes. Le Brésil dispose d’une interface très active avec les ports de Rio et de Porto Alegres, qui relie le Sud-est dynamique au reste du monde. Actuellement, la façade maritime du Nord-Est, qui abrite les métropoles de Recife, Salvador de Bahia et Fortaleza est en train de se dynamiser grâce à la récente découverte de gisements de pétrole, ce qui accroit les inégalités entre le littoral émergent et l’intérieur très pauvres du Nord-Est. Conclusion/résumé : Les deux puissances ont une histoire commune d’aménagement du territoire par la conquête. Les inégalités socio-spatiales sont importantes dans les deux pays. La mondialisation a concentré les activités autour des métropoles et des littoraux. 8