La subordination – DOCUMENT D`INTRODUCTION

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La subordination – DOCUMENT D’INTRODUCTION
Définition : La subordination, en grammaire, définit le rapport de dépendance entre deux phrases syntaxiques ou plus
dans une même phrase graphique. La phrase subordonnée est insérée dans une phrase avec l’aide d’un subordonnant et
ne peut être utilisée seule. Le rapport de dépendance s’incarne dans une fonction, la phrase subordonnée occupera une
fonction dans la phrase dans laquelle elle est enchâssée. À l’instar de la coordination ou de la juxtaposition, la
permutation est impossible avec une phrase contenant une phrase subordonnée.
Exemples :
Ne peut être seule :
Je pense qu’il va accepter cette proposition. ***Qu’il va accepter cette proposition.
Fonction :
La fille qui est assise à côté de moi te sourit. Complément du nom : La fille à mes côtés te sourit.
Permutation :
J’ai peur qu’il arrive plus tôt. *** Qu’il arrive plus tôt j’ai peur.
Ma sœur mange et mon père lave la vaisselle. Mon père lave la vaisselle et ma sœur mange.
Lis cet extrait du roman La classe de neige, de Emmanuel Carrère (pages 39-40). Identifie les subordonnants.
Il l’entendait lui dire comme à son seul ami, à la seule
personne en qui il pouvait avoir confiance, qu’il était
malheureux, que son père était mort d’une façon
terrible, démembré ou jeté dans un puits, que sa mère
vivait dans la peur de voir un jour ou l’autre reparaitre
ses complices, avides de se venger sur elle et sur son fils.
Hodkann, si impérieux, si railleur, avouait à Nicolas qu’il
avait peur, qu’il était lui aussi un petit garçon perdu. Des
larmes coulaient sur ses joues, il posait sa tête si fière
sur les genoux de Nicolas et Nicolas caressait ses
cheveux, lui disait des choses douces pour le consoler,
consoler ce chagrin immense et toujours tu qui éclatait
soudain devant lui, pour lui seul, parce que lui seul,
Nicolas, en était digne. Hodkann disait, entre deux
sanglots, que les ennemis qui avaient tué son père et
que redoutait si fort sa mère risquaient de venir au
chalet pour l’emmener, lui. Le prendre en otage ou
simplement le tuer, abandonner son cadavre dans un
sous-bois enneigé. Et Nicolas comprenait que c’était à
lui de protéger Hodkann, de trouver une cachette où il
serait en sureté quand ces hommes méchants, qui
portaient des manteaux sombres et luisants,
encercleraient le chalet, entreraient en silence, chacun
par une porte afin que personne ne puisse s’échapper.
Ils sortiraient leurs couteaux et frapperaient froidement,
méthodiquement, résolus à ce qu’il n’y ait aucun témoin.
Les corps à demi nus des enfants surpris dans leur
sommeil s’entasseraient au pied des lits superposés. Des
flots de sang couleraient sur le plancher. Mais Nicolas et
Hodkann seraient cachés dans un creux du mur, derrière
un lit. Ce serait un espace étroit, sombre, un vrai trou à
rats. Ils s’y serreraient l’un contre l’autre, les yeux
brillants dans la pénombre, écarquillés par l’effroi. Ils
entendraient ensemble, avec leurs propres souffles, les
bruits affreux du carnage, cris d’épouvante, râles
d’agonie, chocs sourds des corps qui tombent, vitres
brisées dont les éclats entaillent davantage encore les
chairs mutilées, petits rires brefs et secs des bourreaux.
La tête tranchée de Lucas, le petit roux à lunettes,
roulerait sous le lit jusqu’à leur cachette et s’arrêterait à
leurs pieds, les fixant de ses yeux incrédules. Plus tard, il
n’y aurait plus de bruit. Des heures passeraient. Les
assassins seraient partis bredouilles, partagés entre le
plaisir du massacre et le dépit d’avoir manqué leur
proie. Il n’y aurait que des morts, dans le chalet, des
montagnes d’enfants morts. Mais ils ne sortiraient pas.
Ils resteraient toute la nuit serrés dans leur réduit,
retranchés au cœur du charnier, sentant couler sur leurs
joues un liquide chaud qui pouvait être le sang d’une
blessure ou les larmes de l’autre. Ils resteraient là,
tremblants. La nuit n’aurait pas de fin. Peut-être qu’ils
ne sortiraient jamais.
1. Les manipulations syntaxiques et les subordonnées
En isolant les subordonnées et en faisant ensuite quelques manipulations syntaxiques, nous pouvons voir qu’elles
occupent des fonctions importantes dans la phrase comme : complément du nom, complément du pronom,
complément de l’adjectif, CD du verbe, CI du verbe, attribut du sujet ou complément de phrase.
Il l’entendait lui dire comme à son seul ami, à la seule personne en qui il pouvait avoir confiance, qu’il était malheureux, que son père
était mort d’une façon terrible, démembré ou jeté dans un puits, que sa mère vivait dans la peur de voir un jour ou l’autre reparaitre
ses complices, avides de se venger sur elle et sur son fils. Hodkann, si impérieux, si railleur, avouait à Nicolas qu’il avait peur, qu’il
était lui aussi un petit garçon perdu.
P subordonnée
en qui il pouvait
avoir confiance
Effacement
Oui (non)
…à une seule
personne…
qu’il était
malheureux
Non
Il l’entendait lui
dire.
que son père était
mort d’une façon
terrible,
démembré ou jeté
dans un puits
Non
Il l’entendait lui
dire.
Déplacement
Non
…en qui il pouvait
avoir confiance à la
seule…
Non
Qu’il était
malheureux il
l’entendait lui dire.
Non
Que son père… il
l’entendait lui dire.
Autres
Remplacement par un
GAdj
La seule personne
digne de confiance
Remplacement par le
pronom LE / CELA
Il l’entendait LE lui
dire.
Remplacement par le
pronom LE / CELA
Il l’entendait LE lui
dire.
Subordonnant
qui
qu’ (que)
que
FONCTION
Complément
du nom
personne
obligatoire
CD du verbe
dire
CD du verbe
dire
que sa mère vivait
dans la peur de
voir un jour ou
l’autre reparaitre
ses complices,
avides de se
venger sur elle et
sur son fils
qu’il avait peur
qu’il était lui aussi
un petit garçon
perdu
Quelle fonction occuperait une subordonnée qu’on peut remplacer par le pronom LUI ou le pronom LEUR?
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Quelle fonction occuperait une subordonnée qui suivrait un verbe attributif comme être ou avoir l’air?
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Quelle fonction occuperait une subordonnée qui pourrait être effacée et déplacée?
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2. Un peu de pratique…
Des larmes coulaient sur ses joues, il posait sa tête si fière sur les genoux de Nicolas et Nicolas caressait ses cheveux, lui disait des
choses douces pour le consoler, consoler ce chagrin immense et toujours tu qui éclatait soudain devant lui, pour lui seul, parce que lui
seul, Nicolas, en était digne. Hodkann disait, entre deux sanglots, que les ennemis qui avaient tué son père et que redoutait si fort sa
mère risquaient de venir au chalet pour l’emmener, lui.
P subordonnée
qui éclatait soudain
devant lui, pour lui
seul
Effacement
Déplacement
Autres
Subordonnant
FONCTION
parce que lui seul,
Nicolas, en était
digne
que les ennemis qui
avaient tué son
père et que
redoutait si fort sa
mère risquaient de
venir au chalet
pour l’emmener, lui
qui avaient tué son
père
que redoutait si
fort sa mère
Que remarques-tu entre les différents subordonnants utilisés et les différentes fonctions des phrases subordonnées?
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Qu’est-ce qu’un pronom relatif?
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Voici les trois sortes de phrases subordonnées, classe les phrases subordonnées du tableau ci-dessus et explique ton classement.
Sortes de P subordonnées
Phrase subordonnée
relative
Phrase subordonnée
complétive
Phrase subordonnée
complément de phrase
Phrases subordonnées du #2
Explication
3. À toi de jouer!
Le prendre en otage ou simplement le tuer, abandonner son cadavre dans un sous-bois enneigé. Et Nicolas comprenait que c’était à
lui de protéger Hodkann, de trouver une cachette où il serait en sureté quand ces hommes méchants, qui portaient des manteaux
sombres et luisants, encercleraient le chalet, entreraient en silence, chacun par une porte afin que personne ne puisse s’échapper. Ils
sortiraient leurs couteaux et frapperaient froidement, méthodiquement, résolus à ce qu’il n’y ait aucun témoin.
P subordonnée
Effacement
Déplacement
Autres
Subordonnant
FONCTION
4- Les différents usages de que
Si tu as bien fait ton travail, tu sais que que peut être un pronom relatif ou une conjonction, tous deux étant des
subordonnants. Maintenant, observe cette phrase et explique ce qu’est que, et pourquoi ce n’est pas une phrase
subordonnée.
Il n’y aurait que des morts, dans le chalet, des montagnes d’enfants morts.
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5- La phrase subordonnée n’est pas toujours nécessaire, partie 1.
…que sa mère vivait dans la peur de voir un jour ou l’autre…
**Sa mère vivait dans la peur qu’elle le voie un jour ou l’autre…
…ses complices, avides de se venger sur elle et sur son fils…
**Ses complices, avides qu’ils se vengent sur elle et sur son fils…
… [il] lui disait des choses douces pour le consoler…
**Il lui disait des choses douces pour qu’il le console…
Pourquoi les verbes à l’infinitif ont-ils été utilisés plutôt que des phrases subordonnées? Quelle est la différence entre
les deux types de construction?
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Fais-en ressortir une règle quant à l’utilisation des phrases subordonnées et des groupes infinitifs.
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6- La phrase subordonnée n’est pas toujours nécessaire, partie 2.
Regarde bien le texte complet à la première page, voici la deuxième partie. Il n’y a pas de phrases subordonnées (ou
presque) dans cette partie. Note toutes les différences que tu vois dans le style entre la première et la deuxième
partie.
Les corps à demi nus des enfants surpris dans leur sommeil s’entasseraient au pied des lits superposés. Des flots de sang couleraient
sur le plancher. Mais Nicolas et Hodkann seraient cachés dans un creux du mur, derrière un lit. Ce serait un espace étroit, sombre, un
vrai trou à rats. Ils s’y serreraient l’un contre l’autre, les yeux brillants dans la pénombre, écarquillés par l’effroi. Ils entendraient
ensemble, avec leurs propres souffles, les bruits affreux du carnage, cris d’épouvante, râles d’agonie, chocs sourds des corps qui
tombent, vitres brisées dont les éclats entaillent davantage encore les chairs mutilées, petits rires brefs et secs des bourreaux. La tête
tranchée de Lucas, le petit roux à lunettes, roulerait sous le lit jusqu’à leur cachette et s’arrêterait à leurs pieds, les fixant de ses yeux
incrédules. Plus tard, il n’y aurait plus de bruit. Des heures passeraient. Les assassins seraient partis bredouilles, partagés entre le
plaisir du massacre et le dépit d’avoir manqué leur proie. Il n’y aurait que des morts, dans le chalet, des montagnes d’enfants morts.
Mais ils ne sortiraient pas. Ils resteraient toute la nuit serrés dans leur réduit, retranchés au cœur du charnier, sentant couler sur leurs
joues un liquide chaud qui pouvait être le sang d’une blessure ou les larmes de l’autre. Ils resteraient là, tremblants. La nuit n’aurait
pas de fin. Peut-être qu’ils ne sortiraient jamais.
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Trouve les quatre phrases subordonnées de cette deuxième partie et consigne-les dans le tableau suivant.
P subordonnée
Effacement
Déplacement
Autres
Subordonnant
2013 – Collège de Montréal – Valérie Tremblay
FONCTION
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