La France et les Bonaparte. L`entrevue de Dresde.

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LE
rait invité à déposer comme témoin, sous la foi du
serment, quant à ce fait.
On mande de San-Fraucisco, le 9 août :
Les commissaires envoyés par la France pour ou¬
vrir une enquête sur les faits relatifs à l'évasion de
Rochefort se sont mis à l'œuvre et ont accompli leur
tâche. Les conclusions de leur rapport sont que tous
les déportés de la Nouvelle-Calédonie doivent être
transportés à l'île des Pins pour plus de sécurité.
PàTRIOTE SAVOISIEN
M. Henri Martin résume ainsi les faits qu'il vient de
constater :
« Le premier empire nous fait perdre la Belgique
et les provinces du Rhin. Le second empire nous a
fait perdre l'Alsace et la Lorraine. Que resterait-il de
la France après un troisième empire ? — Rien. >
Ou sait que le passage du président de la
République à Morlaix a donné lieu à une impo¬
sante manifestation républicaine.
Le Finistère donne à ce sujet les détails ré¬
trospectifs qui suivent :
•«
'
La France et les Bonaparte.
A l'arrivée du train présidentiel ont éclaté de tou¬
tes parts des cris énergiques et nourris de « Vive la
Dans une lettre qu'il a adressée au Guetteur de République ! »
Cela sonnait désagréablement à certaines oreilles.
Saint-Quentin, M. Henri Martin examinait « dans
M.
le général Le Flô tenta de détourner la manifesta¬
quel état les Napoléon ont trouvé la France et dans
tion
en exhortant la foule à crier : « Vive la France ! »
quel état ils l'ont laissée. »
Mais
tout le monde n'a pas la même|promptitude que
II commence par démontrer que, « lorsque com¬
M. Le Flô à changer d'opinion, et sa tentative n'eut
mença la grande Révolution de 1789, la France avait,
aucun succès.
à peu de chose près, le même territoire que celui
M. Bienvenue, député, M. le préfet du Finistère, M.
qu'elle conservait dernièrement avant la malheureuse
guerre qu'a entreprise Napoléon 111 en 1870... L a Ré¬ le sous-préfet de Morlaix, faisaient aussi devant l'en¬
thousiasme populaire assez piteuse figure.
publique française, en s'agrandissant de tous les pays
Un prêtre (l'abbé M..., m'a-t-on dit) trouva le mo¬
• situés au couchant du Rhin et des Alpes, possédait
ment
opportun pour crier de toutes ses forces : « A
désormais tout le cours des trois fleuves de l'Escaut,
bas
la
République ! »
de la Meuse et du Rhin, elle avait acquis la posses¬
Ce fut le signal d'un redoublement d'acclamations.
sion de toute l'ancienne Gaule,"la patrie de nos aïeux
Les cris de : < Vive la République ! » répondirent à
les Gaulois. Elle avait réalisé les plus hardies ambi¬
cette provocation avec éclat, ce fut comme une traî¬
tions de nos anciens rois. La République, assaillie
née de poudre qui vint faire explosion jusque sous la
de nouveau par l'Autriche, l'Angleterre et la Russie,
marquise de la gare, à quatre pas du maréchal.
remporta deux victoires décisives en Suisse et en
Un aide-de-camp, petit jeune homme empanaché et
Hollande, et assura par là le maintien de ses nouvel¬
décoré,
se tourna vers un conseiller municipal, mon
les frontières. >
voisin,
et
lui dit avec brusquerie :
Telles étaient les frontières de la France « lorsque
—
Eh
!
vous l'avez, la République !
Napoléon fit le coup d'Etat du 18 brumaire, et ren¬
A
quoi
mon
voisin répondit, non sans à-propos.
versa la liberté républicaine pour lui substituer sa
—
Pas
assez,
monsieur.
dictature consulaire, qu'il changea bientôt en empire.
De son côté, le général Le Flô ne décolérait pas.
La République, en mourant sous ses coups, lui lais¬
Je n'ai pu le voir que de loin, gesticulant, écartant le
sait pour héritage la frontière du Rhin et des Alpes. »
cercle des soldats, donnant ses démonstrations de
Voyons ce que Napoléon a fait de cette Francelà.
colère en spectacle. On assure qu'il en vint à apostro¬
pher un enfant qui venait de suivre l'exemple com¬
* *
mun en criant auprès de lui.
« La France, devenue si grande, n'avait plus qu'une
— Tais-toi, polisson, lui dit-il ; on a dû te donner
chose à faire: c'était de tâcher de conserver cette gran¬
deux sous pour crier : Vive la République !
deur en s'organisant dans l'ordre et la paix, et en s'afL'enfant interloqué ne répondit rien, mais dans la
fectionnant tous ces nouveaux citoyens de Belgique et
foule, très-compacte en cet endroit, un assistant répli¬
du Rhin par les bienfaits du nouveau régime que la
qua au général :
Révolution substituait à l'ancien. »
— On vous donne bien 280,000 fr. pour servir la
Mais Napoléon « comprit qu'avec la paix, la liberté
République, que vous ne défendez guère.
et la République reviendraient. Il voulut donc la
Je vous livre sans garantie ce dernier fait, qui est
guerre. • Et on sait comment la guerre fiait, < L'in¬
universellement raconté.
vasion, que la République avait si glorieusement
En désespoir de cause, M. Le Flô finit par battre en
repoussée en 92 et 93, triompha en 1814 et 1815. La
retraite devant les clameurs qui ne cessaient d'aug¬
France, énervée par le despotisme., épuisée de cœur
menter.
comme de sang, ne se retrouva plus ce qu'elle avait
En somme, la soirée a été bonne, et nous sommes
été pour résister. La coalition étrangère nous arracha
rentrés contents d'avoir montré à M. le président de
les provinces du Rhin, la Belgique, Sarrelouis, Lan¬
la République que l'idée républicaine a fait son che¬
dau, la Savoie et Nice. Le premier empire, en.tom¬
min en Bretagne. Puisse-t-il maintenant conformer sa
bant, nous fit perdre ainsi, non-seulement les 'immen¬
politique à ce qu'il voit et à ce qu'il entend !
ses acquisitions de la République, la frontière du
Rhin et celle des Alpes, mais encore plusieurs places
On lit dans l'Electeur du Finistère :
fortes, à l'entrée de la Belgique, sur la Sarre et sur le
Dès la première heure de son séjour parmi nous, M .
Rhin, que nous devions a Louis X I V et au cardinal
le maréchal-président a pu se convaincre des senti¬
de Richelieu. La France, par la faute de Napoléon I ',
ments résolus de la population pour le régime dont
était donc amoindrie de ce qu'elle avait été sous nos
nos adversaires politiques n'ont pu détruire le titre.
anciens reis, avant 1789. »
Les mêmes acclamations l'avaient accueilli quelques
0
***
Voici k part de l'oncle. Voici celle du neveu :
« Quand Napoléon III se fut emparé du pouvoir
absolu.par le coup d'Etat du 2 décembre, comme son
oncle l'avait fait par le coup du 18 brumaire, i l voulut
d'abord faire croire qu'il ne songeait qu'à favoriser
l'agriculture, l'industrie, les chemins de| fer, les bâti¬
ments, et i l dit : « L'empire c'est la paix. » Mais,
quand il dit cela, il rêvait déjà la guerre; car il savait,
comme son oncle, qu'elle lui était nécessaire pour faire
oublier la liberté à la France. >
De là, la guerre de Grimée, la guerre d'Italie, la
guerre du Mexique, et enfin» la fatale guerre qui a
mutilé et a failli détruire la France. Nous avons perdu
non pas seulement ce que devions à Louis X I V et au
cardinal de Richelieu, mais se quo nous devions aux
derniers Valois, aux anciens rois d'avant les Bour¬
bons; par la faute des Napoléon, la frontière la plus
iuiporlun/e, la plus exposée de la France, la frontière
du Nord-Est, se trouve reculée en deçà du point où
elle était il y a plus de trois cents ans. •
Donc, à cette question : — « Dans quel état les
Napoléon ont-ils trouvé la frontière de la France, et
dans quel état l'ont-ils laissée? > M. Henri Martin et
l'histoire répondent : — Ils ont trouvé la frontière de
la France à Cologne, et ils l'ont laissée à Verdun, avec
Metz dans les mains de l'étranger.:»: ; V->HK
«**
De ce qu'ont produit les deux empires, M. Henri
Martin conclut ce que produirait un troisième :
« Qu'arriverait-il aveo un troisième empire ?
« Les mêmes causes ramèneraient les mêmes ef¬
fets en les rendant toujours pires. La mauvaise con¬
duite serait absolument inévitable avec les hommes
d'aujourd'hui et dans la situation actuelle. L a mau¬
vaise conduite au dedans ramènerait la guerre au de¬
hors, et très-vite ; la guerre dans les plus déplorables
conditions ; la guerre, non de la défense nationale,
mais de hasard, de coup de tête, pour tâcher de res¬
susciter un prestige anéanti.
« On reverrait les mômes égarements, les mêmes
incapacités qu'en 1870, aggravées encore s'il était
possible : do nouveaux désastres, un nouveau démem¬
brement et la ruine entière.
• La République peut seule rétablir la France par
l'ordre et la paix, et seule pourrait la sauver par une
solide organisation de la défense nationale, si quelque
jour elle était menacée d'une invasion nouvelle. »
m
Je vous propose un toast qui doit être dans tous
vos cœurs comme il est dans le mien : A nos chers
absents! A nos frères séparés! Aux membres arra¬
chés de la patrie !
J'assombris peut-être cette fête joyeuse. Mais je crois
que notre devoir est de nous souvenir.
Je ne puis pas oublier qu'il y a quatre ans le co¬
mice agricole de l'arrondissement s'est réuni à Raon1'Etape. L a famille vosgienne était complète, et, du
haut de ce plateau où nous avons vu se célébrer la
fête de l'agriculture, nos yeux ne contemplaient que
des horizons français. (Vifs applaudissements.)
Aujourd'hui ces montagnes qui nous servaient de
rempart sont devenues une menace; la plus vieille
des montagnes gauloises, le Donon, est aux mains
de l'étranger, et nous sentons ici plus que partout
ailleurs la douloureuse réalité de ce mot: la France
est ouverte... (Marques unanimes d'assentiment.)
... Je vous souhaite une seule chose, une chose qui
comprend toutes les autres, une chose qui ferait
parmi nous l'union : je vous souhaite de ne pas ou¬
blier.
Agriculteurs vosgiens, n'oubliez pas ce qui a été
fait contre vous. N'oubliez pas surtout les causes qui
ont amené nos catastrophes. N'oubliez pas combien
est rapide, décevant, lugubre, le chemin qui mène
du sommet des prospérités du gouvernement person¬
nel jusqu'aux effondrements que nous avons dû subir.
(Applaudissements.)
On dit que dans certains pays de France, il y a des
gens qui oublient. Ce n'est pas dans les Vosges qu'on
les trouvera : si vous pouviez oublier, Vosgiens, les
pierres de vos routes, naguère humiliées par le pied
de l'étranger, se dresseraient contre vous pour vous
faire reproche. (Marques d'assentiment.) Si vous pou¬
viez oublier, le sort de ceux qui manquent serait
moins cruel que le sort de ceux qui restent ; car eux
du moins, en perdant la patrie, ils n'ont pas perdu
l'honneur. (Vifs applaudissements.)
C'est pourquoi je me permets de terminer cette fête
par ce toast de deuil et de douleur : A nos frères sépa¬
rés! Aux membres arrachés de la patrie!
De longues salves d'applaudissements ont accuilli
ces dernières paroles.
Le Progrès de l'Est fait à ce propos les ré¬
flexions suivantes :
^
On lisait sur tous les visages et dans tous les yeux
l'approbation volontaire et réfléchie,et, quand les bat¬
tements de mains éclataient, on devinait, à leur spon¬
tanéité et à leur intensité, que l'orateur n'avait fait
qu'exprimer une pensée qui se trouvait au fond du
cœur de tous. Des pessimistes prétendaient que le
parti bonapartiste essaye de faire dans les Vosges
quelques recrues. Notre raison se refusait à le croire.
Nous avons aujourd'hui une certitude : nous ne nous
étions pas trompés. Ni les Vosges, ni la Meurthe ne
sont bonapartistes. L'adhésion unanime donnée par
les Vosgiens au discours de M. Ferry prouve qu'ils ne
le deviendront jamais.
..
• .,
L'entrevue de Dresde.
L'Opinion nationale rappelle un souvenir doulou¬
reux mais caractéristique du premier empire. C'était
en 1813 ; Napoléon I", au retour de la campagne de
Russie, avait gagné les victoires stériles de Lutzenet
Bautzen;.mais la coalition de l'Angleterre, de la Rus¬
heures avant à Morlaix, les mômes acclamations l'au¬
sie et de la Prusse ne s'en montrait nullement décou¬
ront accueilli le lendemain à Quimper. Ce concours
ragée.
des volontés du pays librement exprimées aura, nous
L'empereur d'Autriche, le beau-père de Napoléon,
voulons l'espérer, une salutaire influence sur les agis¬
vivement sollicité par ces trois puissances de se join¬
sements futurs du gouvernement.
dre à elles, voulut faire un dernier effort auprès de
son gendre pour obtenir la paix. L'Autriche déclara
M. le président de la République a dirigé son voyage
aux alliés qu'elle se bornerait à demandera la France
dans les contrées qu'on lui présentait, sans doute,
l'abandon du duché de Varsovie, la reconstitution de
comme les dernières forteresses de l'idée monarchique.
a Prusse, l'abolition de la confédération du Rhin, la
Il a voulu voir et entendre par lui-même. Il doit être
restitution des villes anséatiques.
édifié aujourd'hui sur l'opinion du peuple qu'il gou¬
verne au nom de la République. Il ne manquera pas
Si, après Moscou, l'empereur des Français avait la
de comprendre, nous l'espérons, qu'avec des convic¬
folie de repousser ces conditions qui laissaient à la
tions aussi fermes et aussi unanimes, le nom de la
France non-seulement les frontières du Rhin et des
chose ne suffit pas, et que, pour le retour à la con¬ Alpes, mais la Hollande et l'Italie, l'empereur Fran¬
fiance, pour la garantie de l'avenir, pour la stabilité
çois n'hésiterait point à se joindre aux alliés.
indispensable aux affaires, pour le bien du pays, en un
M. de Metternich fut chargé de la négociation et se
mot, il faut que la République, qui existe de nom,
rendit, le 25 juin 1813, auprès de Napoléon, qui était
existe de fait également et soit établie sur des bases
alors à Dresde.
^ï< , i . ^ u i A
définies et durables.
Celui-ci ne voulut d'abord rien entendre, puis.un peu
—— iji.Sn. fi . .K- ..
radouci par quelques paroles de son interlocuteur, i l
Voici ce que rapporte Y Avenir de Rennes : lui dit qu'il ne pouvait accepter.
* Moi, dit-il, je suis un soldat, j'ai besoin d'honneur
Nous avons dit que le général Loysel faisait escorte
«'
de
gloire; je ne puisjpasreparaître amoindri au miau maréchal sur le boulevard ; un monsieur âgé d'une
«
lieu
de mon peuple ; i l faut que je reste grand, glocinquantaine d'années, décoré de la Légion d'honneur,
« rieux, admiré!... » —Quand donc finira cet état de
après s'être découvert, poussa le cri de : « Vive la
choses, répliqua M. de Metternich, si les défaites com¬
République! > Le maréchal salua; mais M. le général
me les victoires sont un égal motif de continuer cette
Loysel, qui est, comme on sait, député d'Ilie-et-Vilaine
guerre
désolante ?... Victorieux, vous voulez tirer les
et appartient à la fraction monarchiste de l'Assemblée,
conséquences
de vos victoires, vaincu ; vous voulez
poussa vivement son cheval vers le républicain et fit
vous
relever
;
Sire, nous serons donc toujours les
entendre ce mot: « Imbécile! • Celui à qui cette in¬
armes
à
la
main,
dépendant éternellement, vous com¬
jure était adressée riposta immédiatement: « Imbécile,
me
nous,
du
hasard
des batailles!.,.; ;;„,,, r,,,-\,?
vous-même, général! »
—•
Mais,
reprit
Napoléon,
je ne suis pas a moi^je
M. Loysel a dû avoir à répéter bien souvent cette
suis
à
cette
brave
nation
qui
vient à ma voix de ver¬
expression durant le voyage, car, à maintes reprises,
ser
son
sang
le
plus
généreux
; je dois lui conserver
nous avons entendu proférer le vivat qui le met si fort
tout
entière
la
grandeur
qu'elle
a achetée par de si
en colère. ' v; ''';j: ::
héroïques efforts.
_ ,..„•' ,.. ..,
— Mais, 'sire, reprit à son tour M. de Metternich,
cette brave nation dont tout le monde admire le cou¬
Dimanche dernier le comice agricole de St- rage a elle même besoin de repos. Je viens de traverser
Dié a célébré sa fête annuelle à Raon-1'Etape. vos régiments :vos'soldats sont des enfants. Vous avez
fait des levées anticipées, et appelé une génération
Au dîner, où avaient pris place plus de quatre
à
peine formée ; cette génération, une fois détruite par
cents personnes, appartenant en majorité à la
la
guerre actuelle, anticiperez-vous de nouveau ? en
profession agricole, M. Jules Ferry, député
appellerez-vous une plus jeune encore ?
des Vosges, qui, avec ses collègues MM. Claude
Ces paroles, qui touchaient au repro jhe le plus souet George, assistait au banquet, a porté un ve.it reproduit par les ennemis de Napoléon, le pi¬
toast, dont nous détachons les passages sui¬ quèrent au vif, i l pâlit de colère; son visage se décom¬
vants :
posa et, n'étant plus maître de lui, il jeta ou laissa
(;
r
:
tomber à terre son chapeau, que M. de Metternich ne
ramassa point, et allant droit à celui-ci :
— Vous n'êtes pas militaire, monsieur, lui dit-il ;
vous n'avez pas, comme moi, l'âme d'un soldat ; vous
n'avez pas vécu dans les camps ; vous n'avez pas ap¬
pris à mépriser la vie d'autrui et la vôtre. Je mef....
pas mal, après tout, de deux cent mille hommes /...
—JOuvrons les portes et les fenêtres, dit M. de Met¬
ternich, il est bon que l'Europe, que l'opinion publi¬
que entende entende un pareil langage.
Napoléon se calma un peu, mais i l n'en refusa pas
moins les conditions qui lui étaient offertes et, moins
de deux ans plus tard, la France vaincue, envahie,
perdait les frontières conquises par la Révolution, et
voyait s'ouvrir la plaie béante par où les Prussiens
sont entrés si facilement .en 1870.
Et nunc erudimini! ^ % ^
^ ^ '*»r<-<*--#*.
!
U
i
CHRONIQUE SAVOISIENNE
Dans une commune des .environs de Chambéry;.dont nous pourrions citer le nom, des permis de chas^;
se au nombre de 4 ou 5 ont été délivrés portant enû;
tête les mots : Empire français, et plus bas : Au nom,,
de l'empereur.
- i . •tio
L'émotion a été grande dans la localité, d'autant
plus que les permis de chasse, l'an passé, portaient,
les mots de Républiquefrançaise, — Au nomdupeupler
français, et qu'on avait tout lieu de croire que, de-^
puis 4 ans, le stock des papiers de l'empire devait étr^
écoulé.
... '.:(>lh
Le même fait s'est reproduit à Cb^ambéry et,
dans plusieurs autres communes..,,, i . p i
Cette réapparition en ce moment, en pleines i n t ,
gués bonapartistes, de la formule impériale, a produit,
nous le repétons, une vive émotion et une indigna¬
tion bien légitime.
i
On ne comprend pas que l'on puisse délivrer des
papiers au nom de l'empereur, au nom de l'homme,
qui a fait tant de mal à notre pays et que l'Assemblée^
elle-même, dans un vote solennel, a déclaré < respon¬
sable de l'invasion, de la ruine et du démembrement^
de la France. »
!
Dans les villes, de pareils procédés administratifs
peuvent exciter l'indignation du public, mais non mo¬
difier sa haine pour tout ce qui touche à 1'empire.Mal-j
heureusement, il n'en est pas de même dans les cam-,.
pagnes. L'effet de ses maladresses — peut-être calcul¬
ées — est déplorable.
: à>
Le paysan qui lit peu ou pas,qui n'est pas au courant
des affaires politiques, s'imagiue facilement que l'em¬
pire est revenu ou va revenir, en voyant que le droitî
de chasse est encore donné au nom de l'empereur, '-^u
Et le paysan est très-logique en cela. Comment
voudrez-vous lui faire croire qu'après quatre années
de régime républicain, on se servirait encore des pa¬
piers administratifs de l'empire, si on n'espérait pas
voir bientôt revenir ce dernier. On aura beau lui direij;
c'est par raison d'économies; il ne comprendra pas
mieux. Pure plaisanterie, en effet, carsi demain onde-y
vait subir le retour de la royauté on de l'empire, tous-,
les papiers marqués à l'effigie ou au nom de la Ré«
publique disparaîtraient comme par enchantement;Cela s'est vu pour tous les changements de gouverne^
ment et au Deux-Décembre. La République est trop
bonne
fille.
9
Quoi qu'il en soit, du reste, le paysan ne voit qqe^
le fait brutal et il en tire, avec raison, la conclusions
qui lui paraît la plus naturelle.
•
Etonnez-vous, après cela, des élections bonapais*
tistes dans le Calvados et ailleurs ; étonnez-vous d&
voir les chevaliers du Deux-Décembre relever la tête
et poser hardiment leurs candidatures devant le suf*>
frage universel !
'••••&
On prétend que le préfet de la Savoie a vu avecèegret la nomination bonapartiste de M. de Launay
dans le Calvados, — son pays. C'est sans doute une'
erreur. Il est, en tout, digne d'être un préfet de l'em-'
pire, de ce régime qu'il favorise en Savoie par tous
les moyens en son pouvoir ; qu'il cesse donc de ver¬
ser des larmes de crocodile sur l'échec de son ami; lé
légitimiste de Fontette dont" i l ne paraît plus parta¬
ger les opinions.
•••. "' '•'• = •••" . .' >- .O.
Nous espérons toutefois voir disparailrie •i «f»fiî? e
français de nos papiers publics, de même qu'il ,a,jUsç
paru de notre sol, ce pouvoir détestable qui nous, a ç
duits à l'invasion et à la ruine. E n tout cas, nous j
nions à protester contre un tel oubli de la dignité
tionale, et à donner avis de ce qui se passe .à. l'
préfet déjà Savoie, à cet étonnant fonctionnaire lé
timo-bonapartiste qui laissera de son
parmi nous les traces que l'on sauV.,. ,;.<,,
:
{
1
;
<îV;
1
1
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:
!
f
M. le ministre de la guerre a décidé que les gêhè-j
raux commandant les corps d'armée pourront désorr;
mais accorder directement l'autorisation de contractée
mariage aux jeunes, gens inscrits; sur la l ' partie des;
listes du recrutement, tant que leur classe, n'aura pas;,
été appelée à
ï'aolivit£xi^,.A^^^ ^.^\.^\^p^
L'intérêt de l'armée exigé toutefois que les dëma%
des de mariage formées par Iesjeunes gens, que leurg
numéros de tirage appellent à faire partie de la,!^
portion de la classe, ne soient accueillies que daji|
des cas extrêmement rares, et lorsque des informa^
tions précises auront permis de reconnaître que le^
pétitionnaires sont réellement dans une position de;
famille très-digne d'intérêt.
Quant aux hommes désignés pour faire partie de
la seconde portion, ils pourront être admis plus facile¬
ment à se marier avant l'accomplissement du temps
qu'ils doivent passer sous les drapeaux, aux termes
des articles 40 et 41 de la loi du 27 juillet 1872. Maig
il n'en conviendra pas moins d'exiger que leurs cj&*
mandes soient motivées sur quelque fait exceptionnel,
tel par exemple que la nécessité de sauvegarder
l'honneur d'une famille, ou la preuve qu'une amélioe
t
r
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