Merci pour cette belle rencontre de méditation, de témoignage et de prière autour de cette vie consacrée aux multiples facettes ici rassemblées et que l’Eglise veut entourer cette année de son affection et de sa prière. Le pape nous a rappelé que cette année de la vie consacrée « ne concerne pas que les personnes consacrées mais l’Eglise entière ». En effet, en ayant choisi de suivre le Christ en vivant avec intensité certains appels évangéliques, vous êtes au milieu de nous le rappel vivant de ce que tous, nous sommes appelés à vivre d’une façon ou d’une autre si nous voulons répondre toujours plus fidèlement à notre baptême. D’abord et avant tout, vous nous invitez à mettre au cœur de notre vie Celui qui nous a aimé « jusqu’à l’extrême » et qui vous a séduit un beau jour de votre vie. Vous nous invitez à faire de lui notre préférence, la clé de voûte de nos désirs, de nos attentes, de nos décisions, de nos priorités au quotidien. Vous nous invitez à être des écoutants de sa Parole, de ce qu’il nous dit à travers les autres, les événements ; de ce qu’il nous dit tout bas au plus profond de nous-mêmes. Vous nous invitez à cette intimité avec lui qui se fait prière ; à cette joie en lui qui se fait louange ; à cet élargissement du cœur qui se fait intercession ; à cette présence à lui qui se fait don, abandon ; à ce questionnement parfois orageux qui se fait silence et confiance malgré le clair-obscur de son mystère. Votre vie communautaire nous invite à toujours en revenir à ce rêve de Dieu qu’est la fraternité universelle, le vivre-ensemble dans la différence, à ce prophétisme de la communauté : défi toujours à relever, conflits à dépasser, pardon à accorder, non-possession des autres, dépossession de soi pour aimer à l’image du Seigneur. Merci aussi du témoignage de cette fraternité à avoir avec soi-même quand le corps connait le vieillissement, la maladie : notre monde aussi doit apprendre cela ! Et puis il y a chez vous tant de façon de servir. Qui d’entre nous n’en a pas un jour bénéficié ? Tous ces charismes que vous avez déployé dans le passé et ceux que vous continuez de mettre de façon inventive au service des jeunes, de l’éducation, de la santé, des plus démunis, de la consolation et de la compassion sous toutes ces formes ; votre apport au plan de la vie culturelle et artistique; votre soutien aux impératifs de la justice, à la lutte contre les inégalités. Tout ce que vous nous apportez aussi dans le domaine de la théologie, de la liturgie, de l’intelligence des Ecritures. Et ce soutien si précieux, si essentiel aujourd’hui à la quête spirituelle d’un grand nombre : en offrant le silence de vos cloîtres, dans l’accompagnement qui aide à discerner, et tout simplement par votre façon d’être aux hommes et d’être à Dieu. Il y a une semaine plusieurs d’entre vous participaient à Braine l’Alleud à cette journée de rencontre avec de très nombreux jeunes de Bruxelles et du Brabant wallon. Il n’y avait pas plus improbable qu’une telle initiative et pourtant il y régnait une joie qui n’était pas de façade et qui s’exprimait de tous côtés : chez les jeunes, chez leurs animateurs, et chez ceux et celles d’entre vous qui aviez relevé ce défi de cette découverte mutuelle et du dialogue. Preuve s’il en est que la vie consacrée a encore bien des choses à révéler, à partager. Qu’elle est capable d’étonner, de surprendre, d’interroger, et capable peut-être plus que jamais en ce temps-charnière, d’induire en tentation !... Vous trouvez que j’exagère ? Je vais vous dire tout simplement ce que je vois et entends en ces temps qu’on dit parfois d’indifférence ! Hier j’étais à la célébration d’engagement d’une laïque consacrée ; aujourd’hui à Rome une jeune femme du Brabant wallon fait ses vœux définitifs ; cette semaine je reçois le message d’une jeune qui m’écrit par Facebook - c’est comme çà que des jeunes écrivent aux évêques - et qui disait : « c’est décidé, je rentre dans la vie monastique !». Et depuis notre rassemblement de l’an passé, trois communautés de chez nous n’ont-elles pas vu arriver un nouveau visage se présentant pour tenter ce chemin de profonde humanité qu’est celui de la vie consacrée. Merci à eux de s’être laissé tenter… Merci à vous de les avoir tenté !... Merci au Seigneur et à son Esprit de ne pas envoyer à la vie consacrée que des questions et des problèmes, même s’il y en a ! Merci de votre foi, de vos prières, de votre accueil, de votre joie qui nous tous aide à faire Eglise, pour le monde à la suite de celui qu’on se prépare à rencontrer en marchant de l’avant ! + Jean-Luc Hudsyn