approche des troubles digestifs en micronutrition

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La Nutrition Santé
Hippocrate : « Que ton aliment soit ton médicament »
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APPROCHE DES TROUBLES DIGESTIFS EN
MICRONUTRITION
Author : Karine
Categories : Micronutrition, Santé
Date : 31 août 2012
Les troubles digestifs représentent probablement une des plaintes les plus fréquentes. Les
manifestations cliniques et les symptômes sont variées : ballonnements, flatulences, colites,
régurgitations acides, éructations, selles défaites, liquides ou dures.
L’approche médicale classique
Après avoir exclu une pathologie organique ou métabolique, l’approche médicale reste le plus
souvent simple voir réductionniste. Généralement le patient ressort de chez le médecin avec le
diagnostique d’un colon irritable et une prescription de certains médicaments : laxatifs ou
mucilages lors de constipation, antispasmodiques lors de colites ou antiacides lors de brûlures
ou remontées acides.
Flore intestinale et système immunitaire
En micronutrition nous attachons une importance particulière au maintient de l’équilibre de la
flore intestinale.
Chaque être humain possède une flore intestinale qui lui est propre puisqu’elle s’est mise en
place dès la naissance et s’est progressivement modifiée en fonction des contacts personnels
avec le monde extérieur. Chacun de nous trouvent ainsi un équilibre intestinal qui lui est propre.
Lorsque nous sommes en bonne santé, notre écosystème intestinal est composé en majorité
d’une flore amie ou commensale (lactobacilles, bifidobactéries, etc…). C’est la présence
majoritaire de ces bonnes bactéries qui va assurer l’élimination de nombreuses toxines et
dérivés métaboliques, la formation de vitamines (groupe B et vitamine K) ainsi que le maintien
d’un bon système immunitaire.
Malheureusement l’équilibre de notre flore intestinale peut être rompu et lors de diverses
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une prolifération anormale de bactéries opportunistes.
La dysbiose
Tout déséquilibre de la flore intestinale est qualifié de dysbiose. Plusieurs facteurs sont
responsables de dysbiose intestinale :
Une alimentation déséquilibrée
Des aliments trop riches en sucre : sucreries, boissons sucrées, pains, pâtes, biscuits
favorisent la prolifération de bactéries de fermentation, et s’accompagnent parfois par
une prolifération de levures qui utilisent le même matériel.
Une alimentation trop riche en protéine peut également favoriser une prolifération de
bactéries de putréfaction.
Une alimentation pauvre en fibres, comme c’est le cas dans une alimentation
occidentale riche en produits raffinés, appauvri notre bonne flore intestinale laissant
proliférer d’autres espèces.
Des repas trop vite mangés :
Une absence de mastication lors des repas représente une cause fréquente de dysbiose par
prolifération d’une flore de putréfaction ou de fermentation. Apprendre à manger lentement en
mastiquant correctement est indispensable pour une bonne digestion.
La prise de certains médicaments :
Les antibiotiques à large spectre sont une des causes les plus fréquentes d’une
destruction plus ou moins importantes de la flore intestinale. Les dégâts occasionnés au
niveau de la flore intestinale sont nombreux et vont de la diarrhée aux troubles
intestinaux divers. Ces troubles peuvent disparaitre rapidement mais dans certains cas,
une dysbiose peut s’installer pendant des nombreuses années.
La prescription d’antiacides de plus en plus fréquente peut être également responsable
d’un déséquilibre de la flore intestinale. En effet l’acidité gastrique a un rôle important
sur la destruction des germes du bol alimentaire et sur l’activation des enzymes
digestifs de l’estomac. La prise d’antiacides interfère avec ces fonctions permettant
ainsi le développement d’une dysbiose de putréfaction. Ce problème devient d’autant
plus alarmant que de plus en plus de personnes se retrouvent sous antiacides au long
cours.
La liste des médicaments perturbant la flore intestinale sont nombreux comprenant entre
autres les anti-inflammatoires, la cortisone, la chimiothérapie etc…
Une mauvaise gestion du stress
Il ne faut pas négliger l’influence du stress sur les troubles digestifs. En effet, la partie
émotionnelle de notre cerveau (le système limbique) est en connexion étroite avec notre intestin
via de nombreuses connexionx (système nerveux autonome, neuropeptides etc..). Lors d’un
stress chronique ou lors d’états émotionnels mal gérés, on assiste fréquemment à une
perturbation de la flore intestinale pouvant provoquer une dysbiose intestinale. Dés lors, la
gestion de ces états de stress est indispensable pour espérer améliorer ces troubles digestifs.
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L’intolérance au lactose
L’intolérance au lactose (sucre du lait) peut également altérer le système digestif. Cette
intolérance assez fréquente est responsable de nombreuses manifestations cliniques
désagréables : diarrhées, selles défaites, crampes, ballonnements. Ces symptômes se
manifestent généralement 30 minutes à 2 heures après un repas. L’importance des symptômes
varie selon l’importance du déficit en lactase (enzyme de digestion du lactose) et de la quantité
de lactose ingéré. Cette intolérance peut être d’origine congénitale (génétique) ou acquise. Sa
fréquence augmente avec l’âge.
La prise en charge consiste à réduire ou exclure les produits contenant du lactose et d’observer
si les symptômes s’améliorent. L’exclusion du lactose nécessite de lire attentivement les
étiquettes des aliments ou médicaments car le lactose est fréquemment utilisé comme
conservateur. Il existe heureusement des laits et yaourts sans lactose. A noter que les fromages
à pâte dure (par exemple le gruyère) n’en contiennent pas.
Les intolérances alimentaires et les allergies
Il existe également des intolérances à divers aliments souvent dues à une réaction immunitaire
en relation avec une hyperperméabilité intestinale. Cette hyperperméabilité est souvent la
conséquence d’une inflammation de la muqueuse intestinale due à des facteurs divers.
Dans ce cas, ces intolérances alimentaires sont dues à des réactions d’allergies retardées. Il ne
s’agit pas dans ce cas d’une allergie classique caractérisée par la présence d’IgE, induisant la
libération de facteurs de l’inflammation comme l’histamine et qui sont à l’origine de pathologies
de type aigues avec manifestation immédiate (quelques minutes à quelques heures). Les
intolérances alimentaires sont plutôt responsables de pathologies de type subaigües avec
manifestations retardées.
Ces intolérances sont fréquentes et se développent au fur et à mesure de la vie d’un individu et
souvent de façon spontanée. Ce qui rend l’appréciation difficile est que les symptômes d’une
intolérance alimentaire sont, contrairement à l’allergie, extrêmement variés, et peuvent même
ressembler à ceux d’une allergie ou se manifester seulement des heures ou des journées
après l’ingestion des aliments.
Sur le plan clinique, les intolérances peuvent se manifester de façon diverses telles que :
troubles respiratoires (rhinite, sinusite, asthme, otite, maux de gorge, toux, enrouement),
troubles digestifs (vomissements, ballonnements, crampes, nausées, constipation, diarrhée,
etc…), troubles cutanés (urticaire, eczéma, acné, psoriasis, démangeaisons), troubles nerveux
(migraine, vertiges, troubles de la concentration, somnolence, dépression, hyperactivité) ou
troubles articulaires (douleurs articulaires, musculaires, faiblesse, fibromyalgie, crampes).
L’intolérance au gluten et maladie coeliaque
Une des intolérances la plus médiatisées est l’intolérance au gluten. Toutefois dans ce cas la
situation est plus complexe qu’on le croit. De nombreuses personnes se plaignent de troubles
digestifs lors de l’ingestion de gluten (protéine du blé).
Toutefois il est important de différencier entre la maladie coeliaque, l’intolérance au gluten et la
sensibilité au gluten. En effet, une maladie coeliaque est une maladie auto-immune qui entraine
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une destruction progressive de la muqueuse intestinale pouvant entrainer un syndrome de
malabsorption avec des conséquences importantes pour la santé.
A contrario, une intolérance au gluten est due à une augmentation des anticorps (IgG) contre le
gluten responsable de troubles divers toutefois sans réaction auto-immune destructrice sur la
paroi de l’intestin. Cette intolérance peut toutefois être responsable de troubles digestifs divers
ainsi que de plaintes extra-digestives (fatigue, douleurs articulaires, céphalées etc.).
La sensibilité au gluten correspond plutôt à une difficulté de bien digérer le gluten avec diverses
manifestations digestives toutefois sans réaction immunitaire contre le gluten. Il n’y a pas de
marqueurs sanguins permettant d’affirmer ce diagnostic, seul un régime d’exclusion de
quelques semaines permet de se rende compte si l’on se sent mieux sur le plan digestif. Ces
manifestations peuvent être expliquées par les modifications génétiques des nouveaux blés qui
semblent être plus difficile à digérer que des blés anciens. On peut par exemple se tourner vers
un blé ancestral comme l’épeautre.
La consultation en micronutrition
Lors d’une consultation, le médecin micro nutritionniste évalue avec le patient les divers troubles
digestifs dont il souffre. Généralement, les troubles sont souvent intriqués d’où la difficulté à
poser un diagnostic précis. Il est donc nécessaire de s’inspirer de certaines caractéristiques
cliniques pour retenir une hypothèse. Parmi les hypothèses les plus fréquentes on retient :
L’intolérance au lactose : caractérisée par des selles molles ou des diarrhées à caractère
explosif.
Une dysbiose de putréfaction ou de fermentation dont les caractéristiques cliniques sont
différentes. L’expression clinique d’un excès de bactéries de fermentation peut se
manifester surtout par des ballonnements et des flatulences souvent peu odorantes.
Alors qu’un excès de bactéries de putréfaction entraine des flatulences odorantes, une
haleine fétide, des selles défaites ou une constipation.
Une candidose intestinale peut revêtir des symptômes très divers parmi les plus
fréquents on trouve les ballonnements, la compulsion au sucre et un état de fatigue
chronique.
Des intolérances alimentaires dont l’expression clinique reste très variées pouvant
également être responsables de tableaux extra-digestifs divers (tendinites répétitive,
migraine, eczéma etc…)
Une irritation de l’intestin en relation avec des aliments irritants (aliments crus divers) ou
fermentant (chou, oignon etc..) mal supportés. Souvent ces réactions alimentaires sont
dues à l’existence au préalable d’une inflammation de l’intestin. Lorsque l’intestin va
mieux souvent ces aliments sont de nouveau mieux tolérés.
Un problème de digestion due à une insuffisance enzymatique d’origine gastrique,
hépatobiliaire ou pancréatique. On retrouve par exemple chez les personnes âgées une
diminution de la sécrétion d’acide chlorhydrique par l’estomac pouvant se manifester
par une digestion lente avec sensation de lourdeur, de ballonnements voir même de
douleurs gastriques avec impression de brûlures. Il est quelquefois difficile de différencier
une gastrite par excès de sécrétion acides ou d’une gastrite atrophique par manque
d’acide. Un test souvent proposé est de prendre le matin à jeun un peu de vinaigre de
cidre, en cas d’hypochlorhydrie les symptômes s’améliorent.
Les conséquences d’un état de stress nerveux important.
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Outre les différentes hypothèses reliées à des tableaux cliniques définis, le médecin
micronutritionniste dispose d’autres outils diagnostiques :
Des tests sanguins et respiratoires pour l’intolérance au lactose. Une autre méthode
consiste à supprimer le lactose de son alimentation pendant 2 à 3 semaines et
d’observer si cela conduit ou non à une amélioration.
Des examens sanguins pour les d’intolérances alimentaires (10, 25, 50 ou 100 aliments
testés) qui permettent de mettre en évidence des intolérances spécifiques à certains
aliments. La découverte de nombreuses intolérances alimentaires est souvent le reflet
d’une inflammation de la muqueuse intestinal associée à une hyperperméabilité
intestinale.
Des examens de la flore intestinale qui permettent de mettre en évidence une flore
perturbée de putréfaction ou de confirmer une candidose intestinale.
2 histoires différentes
Pour mieux illustrer la variété des troubles digestifs ainsi que la complexité de leur prise en
charge, voici trois cas cliniques.
CAS n°1 : Jeune femme âgée de 29 ans
Plaintes
Tests et
Examens
Etat de fatigue, céphalées fréquentes, problèmes de peau
(démangeaisons, antécédent d’eczéma) ainsi qu’épisodes de
sinusites à répétition. Sur le plan digestif elle présente peu de
symptômes à part des ballonnements prédominants le soir.
1. L’analyse du profil alimentaire montre un excès de sucre
(pâtes, pizza, viennoiseries, etc…)
2. L’analyse de facteurs psychosociaux montre essentiellement
un état de stress important en relation avec des exigences
professionnelles difficiles à assumer.
3. L’examen de la flore intestinale ne montre pas de
putréfaction ou de candidose intestinale.
4. L’examen des intolérances alimentaires met en évidence une
forte augmentation des anticorps IgG contre le gluten et les
œufs et dans une moindre mesure contre les produits laitiers.
5. Des dosages spécifiques ont permis d’exclure une maladie
coeliaque.
CAS n°2 : Femme de 36 ans
Plaintes
Tests et
Examens
Ballonnements 2 à 3 heures après les repas, douleurs épigastriques
sans brûlures, flatulences odorantes et selles défaites quelques fois
liquides.Egalement des symptômes non digestifs : troubles du
sommeil avec réveil fréquent, crises d’angoisse, lombalgies
fréquentes.
1. L’analyse du mode alimentaire met en évidence une
alimentation excessivement sucrée.
2. Sur le plan psychologique, la patiente présente un conflit de
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3.
4.
5.
6.
Prescription et
prise en charge
1.
2.
3.
couple mal géré.
Le test au lactose est négatif.
Intolérances alimentaires multiples (produits laitiers, œufs,
gluten, etc…) qui sont une indication d’un leaky gut
(hyperperméabilité intestinale).
Le test de maladie coeliake est négatif.
Présence d’une flore intestinale perturbée de putréfaction
ainsi qu’une candidose intestinale.
Une première phase avec exclusion par étapes des
intolérances alimentaires associée à une nette réduction des
glucides avec une alimentation saine s’inspirant du modèle
crétois.
Au niveau psychologique, la patiente a bénéficié d’une prise
en charge lui permettant de clarifier son conflit relationnel.
Sur le plan médical et micronutritionnel elle a bénéficier dans
un premier temps d’une cicatrisation de la muqueuse
intestinale (L-glutamine, zinc, curcuma, etc…) et d’une
optimisation de la flore intestinale (probiotiques).
En quelques mois on assiste à une amélioration à tous les niveaux.
Ce cas clinique est intéressant pour plusieurs raisons :
On retrouve une situation complexe associant une dysbiose
intestinale, des intolérances alimentaires et une candidose
intestinale. Ces situations intriquées sont fréquentes car
chaque perturbation peut favoriser l’installation d’une autre.
On retrouve aussi des facteurs environnementaux perturbants
classiques que sont la présence d’une alimentation
déséquilibrée souvent riche en sucres rapides, associés
fréquemment à des repas pris rapidement et mal mastiqués.
Un état de stress est fréquemment retrouvé dont le rôle
perturbant sur l’intestin est bien documenté.
Il est important de bien comprendre qu’avant toute prise en charge micronutritionnelle, la qualité
de l’alimentation doit être améliorée. A cela, il est souvent nécessaire d’associer une
rééducation à la mastication. La résolution des conflits émotionnels et la gestion du stress
restent des éléments essentiels pour retrouver un bien-être digestif.
En conclusion, une prise en charge réussie des troubles digestifs nécessite quelquefois une
remise en question complète de nos modes de vie. L’engagement sincère de la personne traitée
reste la pierre angulaire de la réussite du traitement. L’échec est fréquemment constaté lorsque
les personnes reste dans une attitude passive attendant du médecin la prescription de produits
miracles.
Dr Antonello D’Oro et Karine D’Oro
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