Université Pierre & Marie Curie Année 2011-12 Licence de mathématiques 3 UE LM365 TD1. Classes monotones et existence d’une mesure. On rappelle que : Une famille Λ de parties d’un ensemble Ω est appelée λ−système si elle est stable par union croissante et différence propre : S 1) Pour toute suite croissante (Sn )n∈N d’éléments de S, on a n∈N Sn ∈ S 2) Pour tout A, B ∈ S tels que A ⊂ B, on a B \ A ∈ S Une famille M de partie d’un ensemble Ω est une classe monotone si c’est un λ−système contenant Ω. On rappelle également que : a) Une intersection de π−systèmes est un π−système, et qu’une intersection de λ−systèmes est un λ−système. b) Soit D un π−système. La classe monotone engendrée par D est égale à la tribu engendrée par D Convention : Un π−système sur Ω est une classe de sous-ensembles stable par intersections finies et contient Ω. Exercice 1. Les classes suivantes sont elles des π−systèmes ? des classes monotones ? a) L’ensemble des unions finies disjointes d’intervalle du type ]a, b] dans R, avec −∞ ≤ a ≤ b ≤ +∞ (on pose ]a, +∞] =]a, +∞[). L’ensemble {A ∈ P(R) A au plus dénombrable} ∪ {R} dans R. b) L’ensemble {A ∈ P(N), |A| < +∞} ∪ {N} dans N. c) L’ensemble des disques ouverts de R2 . L’ensemble des unions finis de convexes de Rd . d) L’ensemble des compacts d’un espace topologique séparé. Solution de l’exercice 1. Si d ≥ 2, la classe des unions finies de convexes n’est pas stable par différence propre : B̄(0, 1)\B(0, 1) = S(0, 1) (on utilise la norme euclidienne). Si S(0, 1) = ∪pi=1 Ci était union finie des convexes Ci , l’un d’eux, disons C1 , contiendrait deux points distincts a, b. Mais [a, b] ∩ S(0, 1) = {a, b} et ]a, b[ ne serait pas contenu dans C1 . Contradiction. L’ensemble des compacts d’un espace topologique séparé est toujours stable par intersection finie. Si X est non compact, ce n’est pas un π−système, ni une classe monotone. Si X est compact fini on a la tribu discrète. Sinon (X compact infini) la classe est non stable par union croissante ou différence propre : En effet, soit A = {x1 , . . . , xn , . . .} infini dans X. Si A est non compact : A étant union croissante de sous parties finies on n’a pas stabilité par suite croissante. Si A est compact, soit a ∈ A un point d’accumulation (dans A ou dans X) alors A \ {a} n’est pas fermé. Remarque : Un espace compact infini admet toujours un point d’accumulation cad un point x tel que ∀W voisinage de x, W \ {x} est non vide (ou infini). Sinon tout les points sont isolés, l’espace est discret et compact donc fini. Exercice 2. Soit (An )n∈N une suite décroissante de sous ensembles d’un ensemble Ω. Vérifier que A = {Ai , i ∈ N} est stable par intersection finie et décrire le Λ−système engendré par A. Solution de l’exercice 2.Considérons A comme une classe de sous ensemble de A0 . On cherche alors le λ−système sur A0 engendré par A. C’est la tribu engendrée par A. Posons Cn = An \ An+1 et C∞ = ∩n∈N An . Les Ci sont disjoints. Soit B = {∪i∈I Ci , I ∈ P(N ∪ {∞})}. C’est la tribu sur A0 engendrée par A. Exercice 3. 1 a) Soient P1 et P2 deux mesures de probabilités sur (Ω, B). Montrer que M = {A ∈ B , P1 (A) = P2 (A)} est une classe monotone. Solution de l’exercice 3. Ω ∈ M. P1 et P2 étant des mesures, M est stable par union dénombrable croissante. Si B ⊂ A sont dans B, P1 (A) = P1 (A\B)+P1 (B). Comme P1 (B) est finie, on a P1 (A\B) = P1 (A) − P1 (B). Donc M est stable par différence propre. On déduit de cela que deux mesures finies qui coincident sur un π−système coincident sur la tribu engendrée par ce π−système. Exercice 4. Soient µ1 et µ2 deux mesures positives sur (Rd , BRd ) finies sur tout compact (on dit qu’elles sont des mesures de Radon). On suppose que ∀f ∈ C 0 (Rd ) positive de support compact, Z Z f dµ2 . f dµ1 = Rd Rd On veut montrer que µ1 = µ2 a) Montrer que la classe C des ouverts d’un espace topologique est un π−système. b) Montrer que si U est un ouvert borné (non vide) de Rd , il existe une suite croissante (fn )n∈N de fonctions continues positives de supports compacts inclus dans U telle que limn∈N fn = 1U . c) En déduire que les deux mesures coincident. Solution de l’exercice 4. a) Soit χ : R → R+ une fonction continue telle que χ|]−∞,1] = 0 et χ|[2,+∞] = 1. Alors fn : Rd 3 x → fn (x) = χ(ndist(x, U c )) ∈ R+ répond à la question (si U est borné) : la fonction x → d(x, U c ) est Lipschitzienne, donc fn est continue, nulle sur U c donc de support un fermé contenu dans U donc compact si U est borné. (fn (x))n∈N croit vers 0 si x 6∈ U et 1 si x ∈ U . Remarque : la propriété est vraie si U est un ouvert quelconque : Si U 6= Rd est un ouvert non borné : on multiplie par une fonction gn construite via χ2 ( ||x|| n ) avec χ2 affine sur R qui vaut 1 si t ≤ 1 et 0 si t ≥ 2 : hn : Rd 3 x → gn (x)fn (x) = χ(ndist(x, U c ))χ2 ( ||x|| ) ∈ R+ n est de support contenu dans le compact {dist( . , U c ) ≥ n1 } ∩ B(0, , 2n). Si U = Rd , on prend seulement gn . b) Donc si U est un ouvert borné : Z lim n→+∞ Rd Z fn dµ1 = lim n→+∞ Rd fn dµ2 . Le théorème de convergence monotone entraine que µ1 (U ) = µ2 (U ). Si U est un ouvert quelconque, on a µi (U ) = limn→+∞ µi (U ∩ B(0, n)) (i = 1, 2) donc µ1 (U ) = µ2 (U ). On applique le lemme des classes monotones pour conclure : les mesures coincident sur le π−système des ouverts de Rd et sont σ−finies. Elles coincident donc sur la tribu borélienne qui est la classe monotone engendrée par ce π−système. Exercice 5. On cherche une version fonctionnelle du lemme des classes monotones : Soit C une classe stable par intersection finie sur Ω et H un espace vectoriel de fonctions réelles sur Ω tels que : 2 i) Pour toute suite croissante (hn )n∈N de fonctions positives de H telle que h = supn∈N hn soit finie, on a h ∈ H, ii) ∀C ∈ C, 1C ∈ H et 1Ω ∈ H. Alors H contient toutes les fonctions réelles σ(C)−mesurables finies. a) Soit S = {A ∈ P(Ω) , 1A ∈ H}. Montrer que S est une classe monotone contenant C. b) En déduire que H contient l’espace vectoriel des fonctions étagées σ(C)−mesurables. c) En déduire que H contient toute fonction σ(C)−mesurable. Solution de l’exercice 5. a) Par hypothèse, C ∪ {Ω} ⊂ S. Soient S1 , S2 ∈ S telle que S1 ⊂ S2 alors 1S2 −S1 = 1S2 − 1S1 ∈ H car H est un espace vectoriel. De plus si (Sn )n∈N est une suite croissante de S, on 1∪n∈N Sn = supn∈N 1Sn ∈ H par hypothèse i). b) S est une classe monotone contenant le π−système C ∪ {Ω}, elle contient donc σ(C) la plus petite classe monotone contenant C. Cad ∀A ∈ σ(C), 1A ∈ H. Mais H est un espace vectoriel, donc Pn ∀A1 , . . . An ∈ σ(C), i=1 ai 1Ai ∈ H. c) Toute fonction positive (finie) σ(C)mesurable étant limite croissante de telles fonctions étagées, sera dans H d’aprés i). Et comme toute fonction σ(C)−mesurable finie h s’écrit h = h+ − h− , pour des fonctions mesurables positives finies, on conclut car H est un ev. 3