1148 L’ONCLE ET LA NIECE Que s’est-il exactement passé entre Raymond, prince d’Antioche (1) et Aliénor d’Aquitaine ? Un chroniqueur de la croisade, Guillaume de Tyr, nous raconte : « Quand Raymond vit qu’il n’aboutirait à détourner le roi d’aller à Jérusalem (avec Aliénor), il se proposa de lui enlever, soit de force, soit par d’obscures machinations, sa femme qui est consentante, parce qu’elle était du nombre des femmes folles. C’était une femme imprudente, insoucieuse, au mépris du mariage, et elle oublia le lit conjugal. » Mais Guillaume de Tyr écrit trente années après les évènements. Jean de Salisbury est plus nuancé et les historiens contemporains ont préféré adopter sa version. En fait, il semble qu’Aliénor ait été éblouie par la magnificence de son oncle, par cet aspect brillant et coloré de l’existence du prince d’Antioche, qui, comme elle, s’exprimait dans la langue des troubadours et lui rappelait la vie qu’elle avait menée en Aquitaine avant ses épousailles. A côté de Raymond, ce Louis VII, malingre, scrupuleux, ne songeant qu’à ses devoirs religieux : « J’ai épousé un moine. » avait-elle dit un jour, devait paraître bien falot. De là à imaginer un adultère, il n’y a qu’un pas qu’on se garde bien de franchir. Tout au plus peut-on supposer que Raymond d’Antioche, au cours des longs entretiens qu’il a eut avec sa nièce, lui souffla cette histoire de consanguinité… à laquelle elle n’avait jamais songé jusque là ! (1) Antioche, place forte chrétienne de Turquie, est une ville orientale dont le prince est plus un sultan chrétien qu'un roi chevalier. Raymond de Poitiers, devenu Raymond d'Antioche, en est le souverain grâce à un habile mariage. Il est le plus jeune frère du père d'Aliénor, Guillaume X, duc d'Aquitaine et de Poitou. Source indéterminée