UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES ECOLE POLYTECHNIQUE DE BRUXELLES INSTITUT D’AERONOMIE SPATIALE DE BELGIQUE Métrologie de la Spectrophotométrie Solaire Absolue Principes, Mise en œuvre et Résultats Instrument SOLSPEC à bord de la Station Spatiale Internationale Directeur de thèse : Pr. Frank Dubois Co-promoteur : Dr. Gérard Thuillier Dissertation présentée en vue de l’obtention du grade de Docteur en Sciences de l’Ingénieur David Bolsée Année académique 2011-2012 Couverture : Au centre (face blanche) : l’expérience SOLSPEC de la charge utile SOLAR, arrimée au module européen COLOMBUS de la Station Spatiale Internationale. Crédit NASA (ISS022E063051) B UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLES ECOLE POLYTECHNIQUE DE BRUXELLES INSTITUT D’AERONOMIE SPATIALE DE BELGIQUE Métrologie de la Spectrophotométrie Solaire Absolue Principes, Mise en œuvre et Résultats Instrument SOLSPEC à bord de la Station Spatiale Internationale David Bolsée Dissertation présentée en vue de l’obtention du grade de Docteur en Sciences de l’Ingénieur Composition du Jury : Directeur de thèse : Pr. Frank Dubois (ULB) Co-promoteur : Dr. Gérard Thuillier (LATMOS) Président : Pr. André Preumont (ULB) Secrétaire : Pr. Michel Godefroid (ULB) Pr. Michel Herman (ULB) Dr. Didier Fussen (IASB) Dr. Didier Gillotay (IASB) Année académique 2011-2012 C Remerciements Je désire remercier profondément Gérard Thuillier pour avoir accepté de m’encadrer dans le travail. La réalisation de cette thèse a pu bénéficier de son aide, de sa renommée et de ses compétences en matière de physique solaire et de photométrie absolue. Il m’a conseillé et orienté au cours de ces années et a accepté d’y consacrer un temps considérable pour les nombreuses relectures, recommandations et corrections. Je tiens donc à exprimer ma plus profonde gratitude. Ma profonde reconnaissance est également adressée à Frank Dubois pour son accueil, la convivialité, l’amabilité et la confiance dont il a fait preuve en acceptant d’encadrer ce travail tout au long de ces années. Je l’en remercie profondément. Je désire remercier tous les membres du comité d’accompagnement de la thèse : Didier Gillotay, André Preumont et Jean-Pierre Hermand. Je remercie chaleureusement les membres du jury d’avoir accepté de prendre le temps de lire et d’évaluer ce travail : André Preumont (Président, ULB), Michel Godefroid (Secrétaire, ULB), Frank Dubois (Promoteur, ULB), Gérard Thuillier (Copromoteur, LATMOS), Michel Herman (ULB), Didier Fussen (IASB) et Didier Gillotay (IASB). Je désire remercier respectueusement Paul Simon qui m’a intégré au sein de la section d’optique de l’IASB voici 22 ans et dont la renommée dans le domaine de la photométrie absolue du rayonnement solaire et de la photochimie atmosphérique est reconnue. Le développement de l’expérience SOLSPEC et les publications scientifiques ont bénéficié de ses compétences pendant de nombreuses années. Je tiens à accorder une attention toute particulière à Didier Gillotay pour la grande confiance qu’il m’accorde depuis plus de 20 ans concernant les activités menées au laboratoire de radiométrie. C’est grâce à cette confiance que j’ai pu m’impliquer et travailler pour l’expérience SOLSPEC en rejoignant l’équipe en 1999. Je l’en remercie profondément. Je ne peux passer sous silence la grande amitié dont Michel Hersé a fait preuve tout au long des années de développement de SOLSPEC et jusqu’à ce jour. Je le remercie profondément pour le partage de ses connaissances distillées tout au long de la caractérisation et de l’étalonnage de l’instrument, ainsi que lors de la réalisation de cette thèse. Michel est à l’origine de ce projet de doctorat pour lequel il a consacré sans limite un temps d’écoute et de parole d’une très grande utilité. Je tiens à remercier et à saluer tout particulièrement Thomas Foujols pour sa sympathie et sa gestion remarquable du programme SOLSPEC, pour son implication dans un large éventail de domaines touchant à l’électronique, le logiciel, la mécanique, la radiométrie, les tests de qualification et la documentation de SOLSPEC. L’aboutissement de son action a été concrétisé par la livraison dans les délais d’un instrument qualifié et bien étalonné. Thomas est parvenu à mettre fin à temps à mes caractérisations réalisées à l’IASB, évitant à SOLSPEC la sentence fatale ‘you don’t fly !’ (l’équipe comprendra … ). J’adresse également mes plus vifs remerciements à Willy Decuyper sans qui ce travail n’aurait pu aboutir. La conception de nombreuses pièces nécessaires à la reconfiguration mécanique de SOLSPEC a bénéficié de son attention et de son imagination. Elles n’auraient pu atteindre ce degré de finition sans ses compétences. L’excellence de ses travaux demande une reconnaissance sans réserve. Ils sont régulièrement évoqués dans ce manuscrit lorsque le terme ‘conception mécanique IASB’ est utilisé. Merci pour les nombreux documents (plans et photos) qui m’ont été i transmis. Merci pour l’ensemble des travaux en commun dont les plus longs et les plus marquants furent les réalignements optiques de l’instrument. Je désire exprimer ma reconnaissance envers feu le professeur D. Labs de l’Observatoire d’Heidelberg pour sa contribution significative à la photométrie solaire absolue, à la physique solaire et à l’instrument SOLSPEC. Je désire remercier respectueusement les collègues qui ne sont plus actuellement en activité à l’IASB mais qui ont considérablement contribué au développement de l’expérience SOLSPEC pendant de nombreuses années. Je pense à Serge, Emiel et François. Je ne peux bien sûr oublier William Peetermans avec qui la complicité a été croissante au fil des ans pour toute question de mathématique et d’électronique. Par sa contribution majeure concernant la nouvelle électronique infrarouge de l’instrument et le logiciel de vol, William est à l’origine de la remarquable efficacité avec laquelle SOLSPEC fut utilisé au sol et actuellement en orbite. Je salue également Alice Michel pour l’ensemble de son travail en électronique et informatique dont SOLSPEC a pu bénéficier lors de son développement. Par son souci de la précision et de la qualité des mesures, elle a contribué efficacement à l’aboutissement de la caractérisation de l’instrument. Je remercie l’ensemble du personnel de l’IASB et les fonctions dirigeantes qui, de manière directe ou indirecte rendent possible l’élaboration d’un travail de doctorat, grâce à leur gestion de l’institut et à l’efficacité des services administratifs, informatiques et de documentation. La caractérisation radiométrique approfondie de SOLSPEC n’aurait pas pu être effectuée sans l’équipement performant dont les laboratoires ont pu être dotés. Je ne peux oublier les collègues proches avec qui je partage le même bureau ou le temps de midi depuis plus de 20 ans parfois : Charles, Christian Christine et AnnCarine. Je les remercie pour leur complicité, leur convivialité, leurs encouragements, pour l’ensemble des discussions d’ordre scientifique et les relectures attentives du manuscrit. Ainsi, je remercie Ann-Carine pour sa contribution dans le domaine de la spectroscopie (programme ASIMUT utilisé pour la détection et la correction de l’absorption par la vapeur d’eau). Je n’oublie pas Christine pour sa sympathie, sa relecture du manuscrit et sa disponibilité permanente pour toutes questions abordant les mathématiques et autres domaine en aéronomie, et Christian pour toutes ces années partagées et nos travaux expérimentaux menés en commun. Je salue Nuno pour son extrême amabilité, son dynamisme et son intérêt porté à l’expérience SOLSPEC, au traitement des données et aux activités du laboratoire de radiométrie. Je remercie cordialement mes collègues Arnaud Mahieux, Isabelle De Smedt et Nicolas Theys pour les précieux conseils et les documents qu’ils ont accepté de partager en vue de la finalisation et de la soutenance de cette thèse. Je remercie Michel Van Roosendael et Caroline pour le temps qu’ils ont aimablement consacré pour l’estimation de certaines contributions intervenant dans le calcul d’incertitude et le contrôle des échelles de longueur d’onde. Je remercie les mécaniciens et électroniciens de l’IASB : Jeroen, Eddy, Sophie, Roland et Francis, pour leur contribution passée pour le développement de l’expérience SOLSPEC, pour les tests (passés et actuels) de son électronique et pour l’accessibilité des installations en chambre propre. Je remercie l’ensemble de nos partenaires du LATMOS (anciennement Service d’Aéronomie du CNRS). Par leur travail et leurs compétences, ils ont rendu possible la remise à niveau de SOLSPEC et sa mise en orbite. En particulier Gilbert, Cyril, JeanPierre, Patrick et Michel Leclerc pour leur extrême amabilité tant appréciée lors de nos nombreuses interactions. ii Je remercie les membres du B.Usoc dirigés par Didier Moreau pour leur accessibilité permanente et l’extrême efficacité avec laquelle les opérations sont menées en orbite pour SOLSPEC. Ils contribuent considérablement à la réussite de la mission SOLAR SOLSPEC. Parmi les collègues du plateau d’Uccle, je remercie profondément l’équipe spécialisée en radiométrie de l’IRM (Sabri, André, Christian et Steven) pour l’ensemble des discussions et interactions. Je remercie tout particulièrement Frédéric Clette de l’ORB, pour ses compétences en physique solaire, son amitié, ses talents pédagogiques et le temps qu’il a consacré à la relecture de certains textes de cette thèse. J’aimerais également remercier l’équipe du PTB (Physikalish-Technische Bundesanstalt, Braunschweig, RFA) pour leur amabilité et leur compétence en métrologie et en radiométrie. Ils nous ont permis de réaliser un étalonnage absolu de haut niveau pour les trois canaux de SOLSPEC par la mise à disposition du corps noir, étalon primaire en éclairement spectral. De même, la contribution de Holger Mandel du ZAH (Zentrum für Astronomie Heidelberg, RFA) a été déterminante pour l’étalonnage sous vide de SOLSPEC grâce au prêt de sources étalons. Je salue l’amabilité de nos partenaires allemands de l’instrument SolACES, également impliqués dans la charge utile SOLAR sur ISS. Je tiens à remercier les partenaires de la société Lambda-X pour l’excellence de leur collaboration qui a permis d’optimiser la nouvelle configuration de l’optique interne de SOLSPEC, en particulier : Luc, Arnaud, Olivier et Bart. Je remercie profondément tous les membres de ma famille par leur présence et encouragements au quotidien, mais aussi les personnes proches et trop tôt disparues. J’adresse mes remerciements à mon frère Benoît pour le temps qu’il a consacré sans réserve à l’analyse d’éléments de l’électronique et pour l’intérêt dont il a fait preuve pour mon travail. Enfin, mes remerciements les plus profonds pour ma fille Anaïs qui par sa patience et sa compréhension pendant ces trois dernières années, m’a permis d’accomplir (souvent au détriment de ma disponibilité) l’ensemble de ce volumineux travail, réalisé en grande partie à domicile. Les travaux de cette thèse de doctorat ont été financés par l’Agence Spatiale Européenne (ESA) et la Politique Scientifique Fédérale (Belgian Federal Science Policy Office) via le programme PRODEX et le développement du Centre d’Excellence Solaire (STCE). Le Service d'Aéronomie du Centre National de la recherche Scientifique (CNRS) (maintenant LATMOS-CNRS) a répondu à l'appel d'offre de l'ESA pour les vols SpaceLab I, ATLAS 1, 2, 3, EURECA et ISS. La proposition SOLSPEC a été acceptée pour chacune de ces missions. Elle fut alors chaque fois soumise au Centre National d'Etudes Spatiales qui l'a acceptée. Cette expérience a été réalisée en coopération scientifique et technique entre le Service d'Aéronomie, l'Institut d'Aéronomie Spatiale de Belgique (IASB) et l'Observatoire d'Heidelberg qui en ont partagé le financement, assuré son développement, son étalonnage absolu et sa mise en œuvre grâce aux équipes techniques du Service d'Aéronomie du CNRS, de l'IASB et de l'observatoire de Heidelberg (ZAH, RFA). iii Résumé Le Soleil est une étoile variable dont l’éclairement présente un large spectre de périodicités (de quelques minutes à plusieurs décennies). L’amplitude de ces variabilités présente une forte dépendance en longueur d’onde. La mesure précise de l’éclairement spectral hors atmosphère et de cette variabilité selon une échelle radiométrique absolue constituent une entrée fondamentale pour les domaines de recherche suivants : - En physique solaire, ces mesures permettent de valider les modèles étudiant la composition de l’atmosphère solaire, les processus physiques internes et leur variabilité. - La photochimie atmosphérique terrestre et les modèles climatiques. La composition, la structure thermique et la dynamique de l’atmosphère terrestre sont dépendantes du flux solaire incident, de sa distribution en longueur d’onde et de sa variabilité. Les mesures sont requises pour une validation des modèles de transfert radiatif et climatiques. La nécessité d’une mesure continue dans le temps et hors atmosphère s’impose car chaque cycle solaire possède ses propres caractéristiques. Ces mesures sont réalisées depuis plus de 30 ans par des spectroradiomètres adaptés à l’environnement spatial. L’instrument SOLSPEC (SOLar SPECtrum) a apporté une contribution majeure à ces mesures. Le travail présenté dans ce manuscrit est associé à la sélection de SOLSPEC pour une mission à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS). Les objectifs ont consisté à adapter l’instrument pour une mission à long terme (2008-2016), à étendre la plage spectrale couverte par SOLSPEC et à réduire l’incertitude de mesures. Il est structuré en deux parties : - La remise à niveau de l’instrumentation et son étalonnage radiométrique. - Le traitement des données pour les premières mesures en orbite. L’instrument a été modifié pour satisfaire de nouvelles exigences de dimensions et de masse. De nouveaux sous-systèmes optiques (unité interne d’étalonnage, pointeur solaire) ont été développés pour permettre la détection et la correction de toute dérive angulaire ou de réponse absolue de manière autonome. La plage spectrale de fonctionnement a été étendue entre 166 et 3088 nm. Une caractérisation radiométrique approfondie de SOLSPEC a été effectuée. L’étalonnage absolu a été réalisé à partir de l’étalon primaire en éclairement spectral (rayonnement du corps noir) du PTB (Physikalisch-Technische Bundesanstalt). Une estimation des incertitudes standard utilisant le formalisme mathématique appliqué en métrologie a été développée. Les résultats donnent une incertitude réduite entre 2 % à 4 % pour la plage 166-370 nm, inférieure à 2 % entre 370 et 2350 nm, comprise entre 2 et 5 % pour l’intervalle 23502580 nm et de 5 à 10 % entre 2580 et 2920 nm. Une valeur inférieure à 1 % est atteinte entre 500 et 1900 nm. Les mesures consécutives à la mise en orbite de SOLSPEC ont confirmé le maintien des performances radiométriques. Le spectre solaire hors atmosphère a été déterminé et comparé aux résultats antérieurs et actuels des missions respectives SOLSPEC ATLAS et SORCE. Il correspond à l’activité solaire du début de la mission SOLAR (mi-2008). iv Abstract The Sun is a variable star. Its irradiance presents a wide range of periodicity varying from minutes to decades. The amplitude of this variability is strongly wavelength dependent. The accurate determination of the solar spectral irradiance above the atmosphere in absolute radiometric scale and the study of its variability are main issues for the following researches: - In solar physics, these measurements are required for the validation of the models studying the composition of the solar atmosphere, the internal physical processes and their variability. - For the photochemistry of the Earth’s atmosphere and the climate modeling. The composition, the thermal structure and the dynamics of the atmosphere are dependant on the incoming solar flux, its spectral distribution and variability. The measurements are required for the validation of radiative transfer and climate models. As each solar cycle presents a different behavior, there was a need for continuous measurements above the atmosphere. Such measurements were performed since more than 30 years by means of space qualified spectroradiometers. The SOLSPEC (SOLar SPECtrum) instrument brought a major contribution in this respect. The present work is devoted to the SOLSPEC instrument that was selected for a new mission on board the International Space Station (ISS). The objectives were to refurbish the instrument and to adapt it for a long term mission (2008-2016), to extend the wavelength coverage and to reduce the uncertainties on the measurements. This work is developed in two parts: - The refurbishment and the radiometric characterization of the instrument. - The data processing of the first results after the launch. The instrument was modified in order to fulfill new requirements of dimensions and mass. Different optical sub-systems (internal lamp unit, passive solar sensor) were developed in order to obtain on board capabilities for the detection and the correction of any trend in the absolute response. The spectral range was extended to 166 - 3088 nm. A full radiometric characterization of SOLSPEC has been carried out and is presented in this work. The absolute calibration was performed using the primary standard of spectral irradiance (black-body radiation) of the PTB (Physikalisch-Technische Bundesanstalt). The evaluation of the standard uncertainties is presented using the mathematical methodology applied in metrology. The results provide an uncertainty limited to 2 % - 4 % between 166 and 370 nm, below 2 % from 370 to 2350 nm, between 2 and 5 % for the spectral range 2350 - 2580 nm and 5 % to 10 % between 2580 and 2900 nm. The uncertainty is below 1 % between 500 and 1900 nm. The stability of the radiometric performances was demonstrated from the analysis of the first measurements after the launch, at the beginning of the mission. The solar spectrum above the atmosphere was determined and compared to results obtained from the previous SOLSPEC ATLAS and ongoing SORCE missions. This spectrum corresponds to the solar activity at mid-2008. v Table des matières I – Introduction ............................................................................................1 I.1 Contexte scientifique .....................................................................................1 I.2 I.3 I.1.1 L’atmosphère solaire ......................................................................................1 I.1.2 La variabilité solaire .......................................................................................4 I.1.3 Les relations Soleil-Terre ...............................................................................5 I.1.3.1 Chimie-physique atmosphérique ....................................................6 I.1.3.2 Climatologie ...................................................................................8 I.1.4 Etat des lieux de la modélisation solaire .........................................................8 La mesure exo-atmosphérique du spectre solaire ......................9 I.2.1 Importance de la mesure ...............................................................................9 I.2.2 Les difficultés de mesure ...............................................................................9 I.2.3 Les mesures récentes .................................................................................. 11 I.2.4 Les spectres disponibles .............................................................................. 14 Sujet et objectifs de la thèse ...................................................................17 II – L’instrument SOLSPEC ......................................................20 II.1 Concept général de l’instrument II.2 ......................................................... 20 II.1.1 Aperçu de l’instrument ................................................................................ 20 II.1.2 Héritage préservé et modifications pour la remise à niveau ........................ 25 II.1.2.1 Unités opto-mécaniques préservées ........................................... 26 II.1.2.2 Nouveaux développements ......................................................... 26 Remise à niveau de l’instrument SOLSPEC .................................29 II.2.1 Module PSD ............................................................................................... 29 II.2.1.1 Introduction ................................................................................ 29 II.2.1.2 Développement ........................................................................... 30 II.2.1.2.1 Conception opto-mécanique ....................................... 30 II.2.1.2.2 Intégration du détecteur .............................................. 31 II.2.1.2.3 Densité optique du filtre neutre ................................... 32 II.2.2 Optique de focalisation IR ........................................................................... 34 II.2.2.1 Introduction ................................................................................. 34 II.2.2.2 Développements expérimentaux ................................................. 34 II.2.2.3 Résultats ..................................................................................... 36 II.2.3 Unité interne d’étalonnage .......................................................................... 37 II.2.3.1 Introduction ................................................................................. 37 II.2.3.2 Lampe au deutérium ................................................................... 40 II.2.3.2.1 Sélection de la lampe .................................................. 40 II.2.3.2.2 Optique de couplage ................................................... 44 II.2.3.3 Lampe à ruban de tungstène ...................................................... 45 vi II.3 II.4 II.5 II.2.3.3.1 Sélection de la lampe .................................................. 45 II.2.3.3.2 Optique de couplage ................................................... 49 II.2.3.4 Lampe à cathode creuse ............................................................. 52 II.2.3.4.1 Sélection de la lampe .................................................. 52 II.2.3.4.2 Optique de couplage ................................................... 55 II.2.3.4.3 Sélection des raies spectrales ..................................... 55 II.2.4 Electronique ................................................................................................ 57 II.2.4.1 Composants internes .................................................................. 58 II.2.4.2 Electronique IR ............................................................................ 58 II.2.5 Logiciel de vol ............................................................................................. 59 II.2.5.1 Modes d’acquisition ..................................................................... 59 Intégration et tests de fonctionnalité ................................................61 II.3.1 Alignements optiques des spectromètres .................................................... 61 II.3.1.1 Introduction ................................................................................. 61 II.3.1.2 Collage des réseaux ................................................................... 61 II.3.1.3 Alignement d’un double monochromateur ................................... 62 II.3.2 Optiques d’entrée ........................................................................................ 63 II.3.3 Système de filtres ........................................................................................ 64 II.3.3.1 Introduction ................................................................................. 64 II.3.3.2 Roues porte-obturateurs ............................................................. 65 II.3.3.3 Roues à filtres ............................................................................. 66 II.3.3.3.1 Introduction ................................................................. 66 II.3.3.3.2 Canal UV ..................................................................... 66 II.3.3.3.3 Canal VIS .................................................................... 68 II.3.3.3.4 Canal IR ...................................................................... 72 II.3.4 Contribution au logiciel de vol ..................................................................... 74 Tests environnementaux ..........................................................................75 II.4.1 Tests en vibrations ...................................................................................... 75 II.4.2 Tests CEM et de vide thermique ................................................................. 75 Caractérisation radiométrique ..............................................................76 II.5.1 Etalonnage du PSD ..................................................................................... 76 II.5.2 Etalonnage en longueur d’onde ................................................................. 78 II.5.2.1 Loi de dispersion ......................................................................... 78 II.5.2.2 Démarche expérimentale ............................................................ 83 II.5.3 Détermination des non-linéarités des détecteurs ........................................ 86 II.5.3.1 Introduction ................................................................................. 86 II.5.3.2 Linéarité des canaux UV-VIS ...................................................... 86 II.5.3.2.1 Non-linéarité en comptage de photons ....................... 86 II.5.3.2.2 Montage expérimental ................................................. 87 II.5.3.2.3 Détermination des coefficients KUV et KVIS ................. 89 II.5.3.3 Linéarité du canal IR ................................................................... 92 II.5.4 Analyse de la lumière diffuse ...................................................................... 93 II.5.5 Détermination des réponses angulaires ...................................................... 96 II.5.5.1 Protocoles de mesures expérimentales ...................................... 97 II.5.5.2 Résultats .................................................................................... 99 II.5.6 Fonction d’instrument ................................................................................ 104 vii II.6 II.7 II.8 II.5.6.1 Définition ................................................................................... 104 II.5.6.2 Détermination expérimentale ..................................................... 105 Etalonnage radiométrique absolu ....................................................108 II.6.1 Introduction ............................................................................................... 108 II.6.2 Sources étalons disponibles ......................................................................110 II.6.2.1 Corps noir du PTB ..................................................................... 111 II.6.2.2 Etalons secondaires .................................................................. 112 II.6.3 Radiomètre SOLSPEC .............................................................................. 113 II.6.3.1 Description succincte ............................................................... 113 II.6.3.2 Mode opératoire ........................................................................ 114 II.6.3.3 Exemple d’application ............................................................... 114 II.6.4 Réponse absolue du canal UV .................................................................. 115 II.6.4.1 Courant d’obscurité ................................................................... 115 II.6.4.2 Etalonnage à pression atmosphérique ...................................... 115 II.6.4.3 Etalonnage sous vide ................................................................ 117 II.6.5 Réponse absolue du canal VIS ................................................................. 120 II.6.5.1 Stratégie de mesure .................................................................. 120 II.6.5.2 Détermination de la courbe de réponse VIS .............................. 120 II.6.6 Réponse absolue du canal IR ................................................................... 122 II.6.6.1 Stratégie de mesure .................................................................. 122 II.6.6.2 Courant d’obscurité et bruit du signal IR ................................... 123 II.6.6.3 Détection de signaux IR secondaires ........................................ 123 II.6.6.4 Correction de l’absorption H2O .................................................. 123 II.6.6.5 Détermination de la courbe de réponse IR ................................ 124 Détermination des incertitudes ..........................................................126 II.7.1 Les sources d’incertitudes ......................................................................... 126 II.7.2 Modèles mathématiques pour SOLSPEC ................................................. 128 II.7.2.1 Relations fonctionnelles (formes génériques) ........................... 128 II.7.2.2 Développements détaillés ......................................................... 131 II.7.2.2.1 Eclairement solaire hors atmosphère ........................ 131 II.7.2.2.2 Etalonnage absolu ..................................................... 133 II.7.3 Résultats ................................................................................................... 137 II.7.3.1 Incertitudes associées à l’éclairement des sources étalons ...... 138 II.7.3.2 Incertitudes associées au signal SOLSPEC face aux sources étalons ....................................................................................... 140 II.7.3.3 Incertitudes associées aux courbes de réponses ...................... 143 II.7.3.4 Incertitudes associées aux mesures solaires en orbite ............. 145 II.7.3.4.1 Mesure nominale ....................................................... 146 II.7.3.4.2 Etude limite ............................................................... 148 II.7.3.5 Bilan des incertitudes ................................................................. 150 Limites de détection ..................................................................................154 II.8.1 Canaux UV-VIS ......................................................................................... 154 II.8.2 Canal IR .................................................................................................... 156 III - Résultats en orbite .................................................................157 viii III.1 Stabilité de l’instrument III.2 ........................................................................ 157 III.1.1 Système PSD ............................................................................................ 157 III.1.2 Stabilité des lampes ................................................................................. 159 III.1.2.1 Lampes au deutérium .............................................................. 159 III.1.2.2 Lampes à ruban de tungstène .................................................. 161 III.1.2.3 Lampe à cathode creuse .......................................................... 163 III.1.3 Performances de l’instrument ................................................................... 164 III.1.3.1 Algorithme pour la mesure de dérive des canaux .................... 164 III.1.3.2 Etude thermique et courants d’obscurité en orbite ................... 165 III.1.3.3 Contrôle des échelles de longueur d’onde ............................... 166 III.1.3.4 Performances des filtres .......................................................... 167 III.1.3.5 Validation d’une correction angulaire ....................................... 169 Détermination de l’éclairement spectral solaire .....................172 III.2.1 Spectre SOLSPEC associé au minimum solaire (intercycle 23-24) ......... 172 III.2.2 Comparaisons SOLSPEC – SORCE – ATLAS 3 .................................... 174 III.2.3 Perspectives pour la mission SOLAR SOLSPEC ..................................... 186 Conclusions ................................................................................................189 Annexes - (développements complémentaires) ......................193 A – Détermination des incertitudes ......................................................... 193 B – Composants opto-mécaniques ......................................................... 216 C – Logiciel et électronique ..........................................................................222 D – Intégration et caractérisation ..............................................................229 E – Etalonnages radiométriques F – Stabilité en orbite Publications Bibliographie ............................................................... 241 ....................................................................................... 252 .............................................................................................. 255 ........................................................................................... 257 Liste d’acronymes ..............................................................................267 ix Chapitre – I Introduction I.1 Contexte scientifique Le spectre électromagnétique émis par le Soleil couvre une large gamme de fréquences, allant des rayons gamma jusqu’aux ondes radio. Une fraction supérieure à 96 % de cette énergie rayonnée est contenue dans la plage spectrale comprise entre 150 nm et 3000 nm de longueur d’onde, pour laquelle l’instrument présenté dans cette thèse et nommé SOLSPEC (pour SOLar SPECtrum) a été développé. Ce rayonnement présente une variabilité au cours du temps. Il est émis par les couches externes du Soleil appelées photosphère et chromosphère dont les caractéristiques sont décrites ci-dessous. L’amplitude de la variabilité dépend de la longueur d’onde. Les structures apparentes de la surface solaire sont associées à cette variabilité et seront également présentées brièvement. La mesure de l’éclairement spectral solaire obtenue par l’instrument SOLSPEC est d’une grande importance pour la physique solaire, la climatologie de l’atmosphère terrestre et leur modélisation. Ces domaines de recherche scientifique seront également exposés. Ensuite, afin de mettre en évidence les objectifs bien définis de ce doctorat (mission SOLAR SOLSPEC), un bilan des missions spatiales précédentes dédiées à la mesure de l’éclairement spectral solaire hors atmosphère sera établi (instrumentation et résultats). La mission SOLAR intègre un nouvel instrument SOLSPEC adapté aux missions de longue durée et dont les performances ont permis de réduire l’incertitude des mesures. I.1.1 L’atmosphère solaire L’énergie rayonnée par le Soleil provient de réactions thermonucléaires ayant lieu en son centre. Cette énergie migre vers la surface par un processus radiatif puis convectif. Le sommet de la zone convective correspond à la photosphère qui constitue la surface visible du Soleil. Son épaisseur est de l’ordre de 300 km. Le gradient thermique est négatif et la température évolue de 6400 à 4400 K. A son altitude limite, la température cesse de décroître en raison d’un échauffement dont l’origine n’est pas totalement élucidée. Cette transition définit le début de la chromosphère dont l’épaisseur est de l’ordre de 2000 km. Sa faible densité autorise certaines émissions dont celle de l’hydrogène atomique à 656.3 nm (raie Hα). Le gradient de température de la chromosphère 1 est assez constant puis augmente brutalement au sommet de la couche, passant de 20.000 à un million de Kelvin environ. Ces modifications abruptes définissent la région de transition d’une épaisseur voisine de 100 km. L’augmentation de température décroît ensuite peu à peu avec l’altitude et conduit à une nouvelle région nommée couronne solaire observable lors des éclipses. Les émissions lumineuses deviennent accessibles à la mesure à partir de la photosphère. L’opacité optique est totale pour les couches internes qui peuvent être étudiées par une science nommée héliosismologie. Fig. I.1.1-1 A gauche : structures de l’atmosphère solaire et des couches internes (d’après C. J. Hamilton). A droite : profils de température et de pression (d’après J. Lean). Composition du Soleil L’atmosphère solaire a une composition en masse de 78 % d’hydrogène et de 20 % d’hélium, deux éléments impliqués dans les réactions thermonucléaires. Elle contient également des éléments résiduels plus lourds, essentiellement sous forme atomique (métalloïdes, métaux et gaz) dont les principaux sont : O, C, N, Ne, Mg, Fe, Si et S. Le Soleil est une étoile de type G2-V (étoile chaude de la série principale de la classification HertzsprungRussel). Les espèces chimiques manifestent leur présence sous forme de raies dans le spectre solaire (raies de Fraunhofer). Il s’agit de raies d’absorption pour les régions de forte densité et d’émission pour les régions de faible densité. La transition dans le spectre entre ces deux régimes se situe autour de 160 nm. 2 Fig. I.1.1-2 Eclairement spectral solaire entre 115 et 400 nm (spectre ATLAS 3, Thuillier et al., 2003). Transition vers 160 nm entre les raies d’émission et d’absorption de Fraunhofer. Apparence de la surface du Soleil Le Soleil possède un champ magnétique intense, généré par une distribution interne de courants (Gough & McIntyre, 1998). La structure fine de la surface du Soleil est modelée par la topologie des lignes de champ magnétique et par l’activité convective au niveau de la photosphère. L’émergence de colonnes de gaz chauds produit une granulation apparente. Les structures à grande échelle sont les suivantes : Photosphère Les régions actives contiennent les taches solaires. Ce sont des zones localement plus froides et sombres (~4200 K). Elles sont associées par paires à de puissants dipôles magnétiques émergeant en surface et contrecarrant la convection. Les facules sont des marbrures brillantes associées à un champ magnétique d’intensité intermédiaire qui provoque une dépression locale de la granulation. Pour la photosphère (en lumière blanche), elles sont bien visibles près du limbe car elles correspondent aux parois de ces cavités. Les facules précèdent généralement l’apparition d’une région active et se maintiennent longtemps après la disparition de celle-ci. Chromosphère Le réseau chromosphérique est un motif réticulaire à petite échelle en correspondance avec la supergranulation de la photosphère où une concentration d’éléments de flux magnétique se marque par des points brillants dans la chromosphère (∅ ~1000 km). Ceux-ci s’organisent en réseaux brillants sur le bord des supergranules ou en plages plus étendues dans les zones de champ magnétique renforcé (autour des régions actives). Ces plages brillantes chromosphériques sont associées aux facules sous-jacentes de la photosphère. 3 Elles sont observables sur tout le disque solaire et non plus seulement près du limbe. Les spicules correspondent à de petites éruptions (durée de vie : ~15 minutes) distribuées en grand nombre dans le réseau chromosphérique. Enfin, les filaments (ou protubérances, au-dessus du limbe) sont des nuages de plasma suspendus par des boucles magnétiques au-dessus de la chromosphère. Les images du réseau chromosphérique sont obtenues avec les raies Ca II (K1 à K3) dont l’émission est présente à travers toute la chromosphère. Les filaments et les plages s’observent en lumière Hα. Fig. I.1.1-3 Structures apparentes de la surface solaire, enregistrées en lumière Ca II K (émise par la chromosphère). I.1.2 La variabilité solaire L’éclairement du Soleil est variable et présente un large spectre de périodicités. Elles vont de quelques minutes (émissions dans l’ultraviolet lointain) à plusieurs décennies bien que la production d’énergie par fusion nucléaire au cœur du Soleil soit stable à l’échelle séculaire. Historiquement, la mise en évidence de la variabilité solaire (Lean, 2000) est liée à l’observation d’une variation du nombre de taches solaires en fonction du temps. Cette activité a une périodicité moyenne de 11 ans (cycle de Schwabe) avec des fluctuations (de 10.5 à 14 ans) et des irrégularités dans son amplitude. Certains cycles atypiques présentent une faible activité (1715, 1810, 1900 et 2008). Enfin, des périodicités plus longues et mêmes séculaires ont été décelées grâce à d’autres informations indirectes telles que la variation de concentration d’isotopes cosmogéniques (Delaygue et Bard, 2010, Heikkilä et al., 2008). L’épisode compris entre 1645 et 1710 a été caractérisée par une disparition presque totale des taches solaires (minimum de Maunder). La variabilité de l’éclairement présente une forte dépendance en longueur d’onde qui s’explique par la nature de la couche atmosphérique à l’origine des émissions. Son amplitude est de ~0.05 % pour le visible et le proche infrarouge émis par la photosphère (homogène et non magnétisée). Elle peut atteindre un facteur 100 pour les plages extrêmes du spectre (onde radio, EUV et rayons 4 gamma) émises par les couches moins denses, inhomogènes et fortement magnétisées (chromosphère, région de transition et couronne). La variabilité est limitée à 20 % environ pour la plage spectrale étudiée dans cette thèse (de ~150 à 3000 nm) et s’observe aux plus courtes longueurs d’onde. Les régions actives de la chromosphère (associées aux taches solaires) sont à l’origine d’éruptions solaires combinant une éjection de matière et d’intenses émissions électromagnétiques allant de l’ultraviolet aux rayons X. Les régions actives contribuent donc à la variabilité de l’éclairement UV par des changements rapides de l’éclairement à ces longueurs d’onde. Ces épisodes sont beaucoup plus fréquents en période d’activité solaire. D’autres éjections de particules (protons et électrons) se produisent dans la couronne (CME : éjections coronales de masse). La latitude héliographique des taches est inférieure à 40°. Cette latitude d’émergence migre progressivement vers l’équateur solaire pendant un cycle solaire. La brillance des facules compense la diminution d’éclairement liée à la présence des taches solaires. Au cours d’un cycle, on observe donc une modulation du flux total de photons en corrélation avec le niveau d’activité solaire. Ces structures réparties irrégulièrement en longitude sont entraînées lors de la rotation solaire. C’est pourquoi la périodicité de 27 jours (non spécifique à l’activité solaire) et les premières harmoniques se décèlent aussi dans les mesures d’éclairement solaire (Thuillier et al., 2012). L’étude de la variabilité solaire présente un grand intérêt pour la modélisation de l’atmosphère, du climat terrestre et pour la physique solaire car elle contribue à mieux comprendre les processus internes au Soleil qui en sont responsables. Il n’est pas possible de présenter une distribution unique de l’éclairement spectral solaire dépendant d’un modèle fixe de variabilité car chaque cycle possède ses propres caractéristiques. La nécessité d’une mesure continue dans le temps et hors atmosphère s’impose donc. I.1.3 Les relations Soleil-Terre La chaleur interne de la Terre se propage par conductivité thermique vers la surface. Cette puissance interne communiquée à l’atmosphère reste 8000 fois plus faible que celle apportée par l’éclairement solaire total. La structure thermique, la dynamique et même la composition de l’atmosphère sont donc essentiellement entretenues par le flux incident de photons (longueur d’onde et flux provenant du Soleil) et de particules (énergie et flux). Les caractéristiques physiques et chimiques sont particulièrement concernées par la variabilité solaire. 5 I.1.3.1 Chimie-physique atmosphérique Interactions des photons avec l’atmosphère terrestre Le flux incident de photons solaires (depuis les rayons X jusqu’aux infrarouges lointains) induit les réactions suivantes dans l’atmosphère ainsi que sur les surfaces océaniques et continentales : - La photodissociation des molécules. Elle libère des atomes particulièrement réactifs avec les autres espèces (ex : oxygène atomique). - La photoionisation. Elle crée des ions et des électrons à partir des atomes et molécules et est à l’origine de la formation de l’ionosphère. - La photoabsorption. Elle conduit certains constituants chimiques à absorber des photons et à élever la température. - Les recombinaisons chimiques. - La diffusion par les atomes, molécules et aérosols. La composition chimique de l’atmosphère terrestre et la distribution spectrale absolue des photons solaires induisent la formation d’une structure verticale en quatre couches : thermosphère, mésosphère, stratosphère et troposphère. L’amplitude des interactions peut être calculée. Le tableau cidessous décrit la nature du rayonnement solaire responsable de la formation des différentes couches. Domaine spectral (nm) > 300 250 200 170 Ly α 91.1-Lβ 8 - 91 3.5 - 8 0.2 - 0.6 Localisation de la source dans l’atmosphère solaire Photosphère Haute photosphère Haute photosphère Haute photosphère Chromosphère Chromosphère et région de transition Chromosphère et région de transition Couronne Couronne Régions de l’atmosphère terrestre Variabilité undécennale Stratosphère et troposphère Stratosphère Stratosphère Basse thermosphère Région D 0.1 % 5% 10 % 30 % Facteur 2 Facteur 2 Région E Facteur 3 Région F Région E, D Facteur 6 à 10 Facteur 10 Tableau I.1.3.1-1 Origine des émissions dans l’atmosphère solaire en fonction de la longueur d’onde, de leur variabilité. Régions de l’atmosphère terrestre concernées par ces radiations. Thermosphère Les photons de longueurs d’onde inférieures à 100 nm (EUV) sont totalement absorbés dans la haute atmosphère. Cependant, l’absorption par la molécule O2 (bandes de Schumann-Runge) permet une pénétration du rayonnement Ly α jusqu’à 75 km d’altitude formant la thermosphère. Elle est parcourue par des vents atteignant 400 m/s. La source d’énergie est issue des 6 EUV, des particules et d’un flux ascendant libérant son énergie vers 80-90 km. Il provient de l’atmosphère moyenne (ondes de gravité générées aux plus basses altitudes). Puisque les fluctuations d’éclairement EUV sont importantes aux hautes altitudes, la composition et la structure dynamique de la thermosphère y sont très variables et la réponse du système est rapide. La température atteint 1000 K à 300 km et varie de 400 K selon l’activité solaire. L’ionosphère (partie de la thermosphère) est structurée en couches d’ionisation (E, D et F). Les densités d’ions et d’électrons présentent des cycles diurnes et une forte dépendance visà-vis de l’activité solaire. Mésosphère La mésosphère se développe entre 50 et 90 km. Elle se caractérise par un gradient négatif de température induit par l’absorption de l’énergie de l’éclairement solaire UV et NIR. Stratosphère La stratosphère (entre 12 et 50 km) est caractérisée par une photodissociation d’O2 produisant l’ozone qui détermine le bilan radiatif et la dynamique de cette couche. La stratosphère est stable car son gradient thermique positif empêche toute convection verticale mais il existe des transports horizontaux. L’abondance de l’ozone est à l’équilibre mais fluctue légèrement car les pertes sont compensées par la production par photons, elle-même modulée par l’activité solaire. L’abondance d’ozone porte donc une signature du cycle solaire de 11 ans et son amplitude dépend de l’altitude. Troposphère Les photons de longueurs d’onde supérieures à 450 nm interagissent moins avec les molécules. L’atmosphère devient alors transparente au niveau de la troposphère mais des absorptions par les nuages, les aérosols, la vapeur d’eau et la surface terrestre s’y produisent. Le rayonnement solaire incident détermine les propriétés thermiques et la dynamique de la basse atmosphère et des océans. Le gradient vertical de température troposphérique est négatif car une contribution thermique (rayonnement réémis par la Terre) intervient. Pour les océans par contre, les transports verticaux sont faibles car ce gradient est positif. Le rayonnement NIR (Near Infrared) est entièrement absorbé par la couche de surface océanique. Au sol, l’extinction de l’éclairement solaire s’observe vers 293 nm. Elle est liée à l’ozone de la stratosphère. Le spectre solaire mesuré au sol contient des raies d’absorption portant la signature de constituants atmosphériques. Il existe une interaction entre le flux de particules atteignant la Terre (neutrinos, rayons cosmiques et le vent solaire) et l’atmosphère terrestre. La nature des interactions et les énergies mises en jeu ne concernent ni le sujet d’étude ni l’instrumentation utilisée pour ce doctorat. 7 I.1.3.2 Climatologie Le climat terrestre présente une variabilité naturelle couvrant plusieurs échelles de temps. Plusieurs phénomènes ont été identifiés (volcanisme, …) comme ayant une influence sur celle-ci. Une corrélation existe également entre ces changements climatiques et l’activité solaire (Stozhkov et al., 2004) et de nouvelles théories cherchent à identifier les processus qui en sont responsables. Ces changements ne peuvent être induits par la variation de l’éclairement solaire total limitée à 0.1 % pendant un cycle de 11 ans. L’objectif des études consiste à comprendre l’origine des amplitudes et vitesses de réponses observées dans la basse atmosphère. Ces recherches invoquent des couplages entre la stratosphère et la troposphère et des processus de rétroactions amplifiant les effets de la variabilité solaire (Haigh et al., 2006, 2010). Des ondes planétaires (ondes de Rossby) prennent naissance dans la basse atmosphère et influencent la stratosphère. Un second couplage (descendant) pourrait aussi engendrer un contrôle dynamique de la troposphère par la stratosphère. La stratosphère ellemême est soumise à un forçage radiatif (échauffement) sous l’action du rayonnement UV variant en fonction de l’activité solaire (Haigh, 1994). L’association entre le couplage stratosphère - troposphère et la variabilité UV et EUV sont les voies empruntées par les nouveaux modèles climatiques du type CCM (Chemistry Climate Models). Pour ces travaux, il apparaît nécessaire de prendre en compte la dépendance spectrale de la variabilité solaire. La connaissance de l’éclairement spectral solaire au sommet de l’atmosphère s’avère donc indispensable (cf. § I.2.1). I.1.4 Etat des lieux de la modélisation solaire Les modèles semi-empiriques de l’atmosphère solaire combinent une mise en équation de processus physiques fondamentaux, une imagerie du disque solaire (pour quantifier le niveau d’activité solaire) et une mesure de l’éclairement hors atmosphère requise pour leur validation (cf. § I.2.1). L’objectif des modèles est de reproduire la valeur de l’éclairement solaire intégré en longueur d’onde (constante solaire), la distribution absolue de l’éclairement et sa variabilité spectrale. Une modélisation de la photosphère (Soleil calme, associé au continuum de l’éclairement) est complétée par une série de contributions associées aux régions actives qui disposent de leur propre modélisation (modèle R : pénombre, D : réseau, H : plages, S : taches, P : facules, etc …). La somme de ces contributions est pondérée par le pourcentage de la surface solaire recouverte par chaque structure. Enfin, les équations décrivant les processus physiques et les transports radiatifs sont résolues en ajustant des paramètres afin d’obtenir une consistance avec les observations. Les modèles de Fontenla nommés FAL90, 91, 93, 99 et 02 (Fontenla et al., 1999, 2006) on été développés à partir d’un modèle de base (VAL81, Vernazza et al., 1981) en intégrant de nouvelles contributions. Ils ont bénéficié 8 de l’apport de SORCE (Fontenla et al., 2004) et surtout d’ATLAS 3 (Fontenla et al., 2006) pour leur validation dans l’infrarouge (cf. § I.2.3). Le modèle COSI, développé à Davos (Suisse) est parvenu à reconstruire le spectre ATLAS 3 avec des écarts limités à 2 % (Haberreiter et al., 2008, Shapiro et al. 2010). Il existe également des modèles purement théoriques focalisés sur la compréhension des processus physiques fondamentaux des couches internes et de l’atmosphère solaire. Pour l’échelle absolue de l’éclairement, la correspondance avec les observations est alors moins prioritaire. I.2 La mesure exo-atmosphérique du spectre solaire I.2.1 Importance de la mesure Pour la physique solaire, les mesures du spectre solaire permettent d’identifier les éléments composant les couches de l’atmosphère du Soleil et de déterminer les profils de température, de densité ainsi que leur variabilité. Elles sont nécessaires pour valider les modèles semi-empiriques. Pour l’atmosphère terrestre, les mesures sont nécessaires pour les modèles récents de transfert radiatif. Ils sont devenus de plus en plus précis et ont augmenté leur résolution temporelle et spatiale pour la description des processus photochimiques (dynamique, température, abondances d’éléments chimiques et interactions). Les propriétés de l’atmosphère terrestre présentent une variabilité dont l’amplitude est généralement croissante avec l’altitude. Elles sont conditionnées par des réactions photochimiques qui dépendent de la longueur d’onde. Les mesures d’éclairement spectral sont donc primordiales lorsque ces réactions sont introduites dans les modèles. Pour la modélisation du climat, les spectres solaires enregistrés à différentes époques (et niveaux d’activité) contribuent à la reconstitution spectrale dans le passé (Lean et al., 1995, 2000 et 2004). Les mesures permettent de valider un modèle lorsqu’il parvient à reproduire un épisode climatique atypique bien documenté. Pour atteindre l’ensemble de ces objectifs, il est nécessaire de développer une instrumentation de haute précision dédiée à la mesure du spectre solaire hors atmosphère. I.2.2 Les difficultés de mesure Une mesure de l’éclairement solaire direct à partir du sol n’est possible qu’au-dessus de 300 nm. De plus, une extinction partielle ou totale de l’éclairement est induite dans le visible et l’infrarouge par de nombreuses bandes 9 d’absorptions atmosphériques (vapeur d’eau, O2, O3, CO2, …), par les aérosols et la diffusion Rayleigh. Bien que des méthodes de correction existent (méthode de Bouguer, …), une mesure au sommet ou hors atmosphère du spectre solaire s’impose (par ballons, fusées ou satellites). Les satellites offrent une capacité de mesure à long terme permettant de saisir la variabilité attendue du Soleil. Les ressources en masse, puissance et volume fournies à l’expérimentateur sont de plus en plus importantes (infrastructure de la Station Spatiale Internationale ISS, …). Cependant, l’environnement spatial hostile (particules, photons EUV, rayons X, …) altère les éléments optiques et les échelles absolues de réponse des instruments. Plusieurs méthodes de correction ont été imaginées depuis les années 1970 et utilisées par une instrumentation variée lors de différentes missions : dédoublement de l’instrumentation (SIM : Spectral Irradiance Monitor sur SORCE, Harder et al., 2000a, 2000b, 2005a), étalonnage régulier par un tir de fusée transportant un instrument identique (EVE pour SORCE, Chamberlin et al., 2009), protection des optiques sensibles par des fenêtres résistantes (en saphir ou en quartz), limitation du temps d’exposition, sources lumineuses internes de référence : SOLSPEC (Labs et al., 1987, Thuillier et al., 2009) et SUSIM (Floyd et al., 1996), étoiles utilisées comme références photométriques (SOLSTICE, Rottman et al., 1993, McClintock et al., 2005a et 2005b, Woods et al., 1993), redondance des mesures par des instruments indépendants et enfin le retour des instruments au laboratoire pour l’étalonnage après une mission en navette spatiale. La stratégie développée pour SOLSPEC s’est focalisée sur l’utilisation de lames résistantes, de lampes internes et la gestion du temps d’exposition (cf. § II.1). Notons qu’il est possible d’analyser la variabilité solaire à court terme (quelques jours à quelques semaines) en unités relatives car la réponse d’un instrument est alors considérée comme étant constante. Dans ce cas, des objectifs scientifiques peuvent être atteints avec moins de contraintes instrumentales. Une alternative à la difficulté d’une mesure spectrale consiste à définir des indices quantifiant l’activité solaire. Il s’agit d’une quantité physique (un paramètre) associée à une émission issue d’une altitude donnée de l’atmosphère solaire. L’indice Mg II (Heath and Schlesinger 1986, Viereck et al., 2004) est utilisé dans ce doctorat (cf. §III.2). Il est défini à partir d’une mesure relative de la profondeur de la raie d’absorption Mg II (Snow et al., 2005, Cebula & DeLand, 1998) influencée par les émissions chromosphériques h et k à 279.56 et 280.27 nm. Cet indice montre une corrélation élevée avec l’activité solaire dans la chromosphère. Il agit comme indicateur de la variabilité pour une large plage spectrale UV. En effet, des recherches ont démontré que la variation relative de l’éclairement spectral solaire entre 120 et 400 nm au cours d’un cycle de 11 ans pouvait être modélisée à partir de l’indice Mg II (DeLand & Cebula 1993, Woods 2000, Cebula et al., 1992). D’autres indices existent (Ca II K : définition similaire à celle de la raie Mg II mais à 393.4 nm, …). 10 I.2.3 Les mesures récentes Les missions spatiales ont été programmées chronologiquement en fonction des objectifs scientifiques suivants : - La mesure du rayonnement EUV et des rayons X en raison de leurs interactions avec la haute atmosphère (domaine concernant les télécommunications et l’altitude de navigation des satellites). - L’étude du rayonnement solaire UV (limitée à 410 nm) vers 1985, pour les recherches dédiées à la photochimie de l’ozone. - La mesure du spectre solaire dans sa totalité depuis 1998 avec une attention particulière pour les plages spectrales visible et infrarouge, suite aux développements de la modélisation du climat. Il existe très peu de mesures fiables d’éclairement solaire hors atmosphère avant 1970 (Labs et Neckel, 1968). Avant 1980, les divergences entre ces mesures pouvaient atteindre 30% dans l’UV. Elles avaient principalement pour origine le manque de précision des étalonnages absolus. Pour la mesure de la variabilité solaire à toute longueur d’onde, les performances des instruments devaient être compatibles avec l’amplitude des variations à détecter (stabilité de la réponse, rapport signal à bruit). La conception d’un instrument a donc été spécifique à l’objectif recherché. Un aperçu des programmes spatiaux et des instrumentations est présenté ci-dessous. Le programme SBUV Les séries temporelles de mesure d’éclairement solaire (160 - 405 nm et l’indice Mg II) ont débuté en 1978 avec l’instrument SBUV (Solar Backscatter UltraViolet), développé pour la mesure de l’abondance et du profil vertical de l’ozone (Cebula et al., 1992). Des versions améliorées (SBUV/2 à bord des satellites NOAA à partir de 1984) ou adaptées aux missions à bord des navettes spatiales (SSBUV) ont également été développées. L’instrument SOLSPEC L’instrument SOLSPEC étudié dans cette thèse est un spectroradiomètre qualifié pour l’environnement spatial. Il résulte d’une collaboration entre le LATMOS (France), l’IASB (Belgique) et l’Observatoire d’Heidelberg (ZAH, RFA). Il a été conçu, intégré et testé entre 1976 et 1983. Les missions spatiales SpaceLab (Thuillier et al., 1981), ATLAS et EURECA impliquant SOLSPEC de 1ère génération sont évoquées ci-dessous. Elles se sont intégrées avec succès pendant trois décennies dans ces programmes internationaux, contribuant aux recouvrements des plages spectrales explorées et à l’établissement des séries temporelles. Les missions SpaceLab Le programme SOLSPEC a débuté avec la mission SpaceLab 1 en 1983 (mesure du spectre UV de 200 à 380 nm). Les missions SpaceLab I et SpaceLab 11 II ont marqué un tournant en réduisant le désaccord des échelles absolues UV à 5 - 6 % pour des mesures simultanées réalisées par des instruments différents (Labs et al., 1987). L’instrument SUSIM (Solar Ultraviolet Spectral Irradiance Monitor) à bord de SpaceLab II a confirmé ces mesures avec un désaccord limité à 3 % (VanHoosier et al., 1988). Une interruption du programme de mesures SOLSPEC due à l’accident de Challenger est ensuite survenue. Les mesures EUV Ces mesures ont été réalisées à partir de 1991 avec le satellite UARS (Upper Atmosphere Research Satellite) et les instruments SUSIM (Brueckner et al., 1993) et SOLSTICE (SOLar STellar Irradiance Comparison Experiment, Rottman et al., 1993). Ces instruments ont déterminé la valeur absolue et la variabilité de l’éclairement spectral solaire entre la raie Ly α (121 nm) et 400 nm pendant le cycle solaire #22, entre 1991 et fin 2005 (Rottman et al., 2001, Floyd et al., 2005). Le domaine de mesure EUV fut repris à partir de 1998 par la mission SNOE (Student Nitric Oxide Experiment) en parallèle avec UARS, et en fin 2001 par l’instrument SEE (Solar EUV Experiment) effectuant des mesures entre 0,1 et 194 nm à bord du satellite TIMED (Woods et al., 2005). Un nouvel instrument SOLSTICE est en opération depuis 2003 à bord de la plateforme SORCE (Solar Radiation and Climate Experiment, McClintock et al., 2005a et 2005b, voir ci-dessous) offrant un recouvrement de mesures entre 2003-2005 avec UARS. Les missions ATLAS et EURECA La participation des instruments SOLSPEC entre 1992 et 1994 aux missions de la série ATLAS (1, 2 et 3, navette spatiale) et EURECA (6 mois de mesures satellitaires) a permis de réaliser une nouvelle intercomparaison d’instruments (similaire à SpaceLab) et a conduit à la publication de spectres solaires (Thuillier et al., 1997, 1998, 2003). Trois spectromètres de conception différente ont participé à ces missions de 10 jours : SSBUV (Cebula et al., 1992 ), une copie de SUSIM (UARS) et SOLSPEC. Les domaines couverts par ces trois instruments étaient respectivement 170 - 400 nm, Ly α - 400 nm et 200 - 2400 nm. Une étape fondamentale et préalable à chaque mission a consisté en une intercomparaison d’étalonnage arbitrée par le NIST (National Institute of Standards and Technology) à l’aide d’une source étalon en éclairement spectral (lampe de puissance 1000 W). Son éclairement fut mesuré conjointement par les trois instruments avant la mission en vue d’uniformiser les échelles absolues. Le rapatriement des instruments en navette spatiale a également permis de vérifier leurs étalonnages après leur retour. Grâce aux missions ATLAS, une validation des mesures réalisées simultanément à bord de UARS avec les spectromètres SUSIM et SOLSTICE fut possible (Cebula et al., 1996, Woods et al., 1996). Une précision absolue évaluée à 5 % a ainsi pu être obtenue pour l’ensemble des mesures. Pendant ces missions ATLAS, SOLSPEC a été le premier instrument capable de mesurer l’éclairement solaire hors atmosphère jusqu’à 2400 nm 12 grâce à l’apport des données NIR de la mission EURECA (Thuillier et al., 2003). Deux spectres composites (ATLAS 1 et 3) ont été obtenus pour deux niveaux d’activité solaire différents (mars 1992 et novembre 1994). Leur extension dans l’EUV a été portée jusqu’à 0,5 nm par adjonction de données de tirs de fusées entre 0,5 nm et Ly α (Woods et al., 1998), de données UARS et ATLAS entre Ly α et 400 nm et SOLSPEC (Thuillier et al., 2004a) entre 200 et 2400 nm (incertitude : 3 %). Au-dessus de 2400 nm, la distribution spectrale a été complétée par un spectre théorique (Kurucz et Bell, 1995) pour déterminer l’éclairement total (TSI) et le comparer aux mesures simultanées d’UARS et ATLAS. Les programmes actuels de mesures sont les missions SOLAR sur ISS, Sciamachy sur ENVISAT et SORCE. Celles-ci bénéficient d’un héritage notable des missions précédentes par la sélection de SOLSTICE et SOLSPEC. D’autres instruments de conception nouvelle ont également été mis en orbite. Ces missions sont résumées ci-dessous. La mission SOLAR La charge utile SOLAR (Schmidtke et al., 2006) est arrimée au module COLOMBUS de la Station Spatiale Internationale (ISS) depuis février 2008. Ses deux instruments dédiés à la mesure spectrale sont SolACES (SOLar Auto Calibrating EUV/UV Sunphotometers) mesurant entre 17 à 134 nm, et SOLAR SOLSPEC (Thuillier et al., 2009) mesurant l’éclairement spectral de 166 à 3088 nm. Cette mission couvre actuellement (début 2012) la montée du cycle solaire #24. Elle est programmée jusqu’en 2016. Fig. I.2.3-1 Charge utile SOLAR (au centre, crédit NASA). Les deux instruments pour la mesure spectrale de l’éclairement sont présentés à gauche (SOLAR SOLSPEC) et à droite (SolACES, crédit IPM). La mission SORCE Le satellite SORCE (Rottman, 2005) développé par le LASP (Laboratory for Atmospheric and Space Physics, USA) comporte 5 instruments dédiés à la mesure quotidienne de l’éclairement solaire (spectral et intégré) depuis les 13 rayons X jusqu’au proche IR. Deux instruments (TIM et XPS) mesurent la constante solaire et les rayons X. Les trois autres instruments offrent une plage spectrale de recouvrement avec SOLAR SOLSPEC : - Les instruments SOLSTICE mesurent les spectres FUV et MUV (héritage d’UARS). L’échelle radiométrique entre 115 et 320 nm (résolution : 0.1 nm). est associée au rayonnement synchrotron (SURF III, NIST, USA). Elle est maintenue en vol par le pointage quotidien de 18 étoiles stables (McClintock et al., 2005a et 2005b). - Le spectromètre à prisme SIM (Harder et al., 2000a, 2000b) mesure entre 300 et 2400 nm (résolution : 1 à 27 nm). SIM est constitué d’un détecteur étalon (bolomètre nommé ESR) et de deux canaux jumeaux dont les mesures combinées contribuent au maintien de l’échelle radiométrique en vol. La qualité des mesures repose sur une caractérisation et une modélisation des performances de l’instrument. SIM ne dispose pas d’un étalonnage face à une source étalon en éclairement spectral (Harder et al., 2005a et 2005b). La mission ENVISAT (Sciamachy) Le spectrographe Sciamachy (en service depuis 2003) a été développé pour l’étude de la chimie atmosphérique. Il a cependant une capacité de mesure absolue de l’éclairement solaire entre 240 nm et 2400 nm (Skupin et al., 2005), quoiqu’avec une couverture spectrale incomplète. De nombreux travaux d’intercomparaison avec SORCE et SOLSPEC (ATLAS3) ont été réalisés ainsi que des études de variabilité solaire (Pagaran et al., 2009, 2011). Programmes futurs Pour la mesure de l’éclairement spectral, les perspectives d’avenir concernent entre autres, de nouvelles charges utiles envisagées pour ISS (SolACES II, …) et le complexe TSIS (Sparn et al., 2008) pour NPOESS (National Polar-orbiting Operational Environmental Satellite), comprenant de nouvelles versions des instruments SIM et TIM pour des mesures couvrant la période 2014 - 2019. I.2.4 Les spectres disponibles Des spectres de référence sont issus des missions SOLSPEC ATLAS 1 et 3 (voir ci-dessus). Ils couvrent un large domaine spectral (96.2 % de la constante solaire) et présentent une incertitude réduite grâce à l’obtention d’un étalonnage absolu à partir d’un étalon primaire en éclairement spectral (rayonnement du corps noir). Les deux niveaux observés d’activité solaire (Thuillier et al., 2004b) permettent d’étudier la variabilité de l’éclairement en fonction de la longueur d’onde. 14 Fig. I.2.4-1 Mise en évidence de la variabilité solaire. Rapport d’éclairement entre les spectres SOLSPEC ATLAS 1 et 3. Les instruments de SORCE sont optimisés pour la détection de la variabilité solaire (Harder et al., 2009) et pour assurer une haute fréquence de mesure (données quotidiennes). Elles sont disponibles en ligne pour les plages spectrales suivantes : 0,1 - 40 nm et 115 - 2400 nm. Un spectre solaire de référence pour le WHI (Whole Heliospheric Interval, groupe de recherche international) a été publié (Woods et al. 2009). Il est associé au minimum d’activité solaire de l’intercycle 23 - 24. Un spectre composite combinant les données SolACES et SOLAR SOLSPEC est en construction. Il correspond au minimum d’activité de 2008. Il existe également un spectre Sciamachy actuellement limité à la plage 240 - 1700 nm (Pagaran et al., 2011). L’ensemble des spectres obtenus par les instruments SOLAR et SORCE pour ce minimum d’activité (le plus bas observé depuis les années 1980) sont d’une grande importance. On peut noter que cette période d’activité minimum est celle qui permet d’étudier l’évolution à long terme de l’activité solaire, sous réserve de la précision nécessaire et de l’étendue des mesures disponibles. Ces spectres seront présentés et comparés dans la section III.2. Une évaluation de l’éclairement spectral est possible par la modélisation semi-empirique de l’atmosphère solaire (cf. § I.1.4). Après validation du modèle par comparaison avec les mesures solaires disponibles, de faibles écarts (exprimés en température de brillance) ont été obtenus entre les travaux de Fontenla et le spectre ATLAS 3 (Fontenla et al., 2006). 15 Fig. I.2.4-2 A gauche, spectre ATLAS 3 normalisé à 1 UA. A droite, rapport d’éclairement entre les spectres SOLSPEC ATLAS 3 et COSI. On peut noter que c’est la partie IR de ce spectre qui a été utilisée pour normaliser les mesures de SIM sur SORCE dans l’IR (Harder et al. 2010). L’éclairement spectral solaire ATLAS 3 est présenté ci-dessus à gauche en fonction de la longueur d’onde (normalisation : 1 UA), montrant de l’UV à l’IR les raies d’absorption de Fraunhofer. Une comparaison avec la modélisation COSI a également été effectuée. Le rapport obtenu est exprimé ci-dessous à droite (ATLAS 3 / COSI) entre 200 et 2200 nm (réduction de la résolution spectrale des spectres à 5 nm par produit de convolution). 16 I.3 Sujet et objectifs de la thèse Métrologie de la spectrophotométrie solaire absolue : principes, mise en œuvre et résultats. Instrument SOLSPEC à bord de la Station Spatiale Internationale. Le sujet de cette thèse aborde la spectrophotométrie solaire absolue et ses principes. Le concept fondamental de l’instrumentation SOLSPEC consiste à réaliser des mesures spectrales simultanées UV, VIS et IR selon une échelle radiométrique absolue couvrant ainsi une large plage spectrale. SOLSPEC doit aussi être doté de capacités intrinsèques de détection et de correction pour le long terme de toute dérive de réponse induite par l’environnement spatial hostile. Ces trois éléments constituent les principes fondamentaux de la mesure spectrophotométrique réalisée par SOLSPEC. Après la mise en orbite à bord de la Station Spatiale Internationale, le principe d’une utilisation optimisée de l’instrument aborde le concept de métrologie. Les enjeux en termes de politique scientifique et les moyens mis en œuvre demandent l’application stricte d’une science de la mesure représentée par ce concept de métrologie : - La détermination de l’éclairement solaire absolu doit faire l’objet d’une répétition de mesures en conservant la maîtrise de tous les paramètres d’acquisition afin d’attribuer, à un instant donné, une valeur moyenne fiable à cette grandeur physique. - Ce résultat doit être accompagné d’un critère de qualité. Il est exprimé sous forme d’un calcul apportant une estimation de l’incertitude standard. Elle quantifie la fiabilité des mesures. Les exigences relatives à l’application de ces principes doivent être élevées car les destinataires (chercheurs, modélistes, …) demandent des résultats de plus en plus précis pour la mesure de l’éclairement solaire (cf. § I.1.4 et I.2.1). La mise en œuvre de ces principes constitue le pilier central de cette thèse. De nombreuses contraintes ont dû être surmontées pour optimiser le développement et la caractérisation de l’instrumentation en tenant compte des délais stricts fixés par l’ESA. Ces impératifs ont échelonné les phases de travail et imposé la date de livraison du modèle de vol. Une difficulté intrinsèque tient également au type de grandeur à mesurer : l’éclairement spectral en unités absolues. Contrairement à l’étude de la chimie des atmosphères planétaires réalisée en unités relatives (car utilisant le Soleil comme source d’autocalibration : occultations solaires, méthode DOAS au sol, …), une mesure absolue dans l’espace ne peut aboutir sans une caractérisation et un étalonnage radiométrique très spécifiques. Elle engendre donc de hautes responsabilités pour le succès d’une mission. La mesure photométrique absolue est une science exigeante malgré les progrès technologiques. Une incertitude de 2 % dans l’ultraviolet par exemple semble être la limite inférieure actuellement atteinte. 17 La mise en service de deux exemplaires de SOLSPEC pour les missions SpaceLab, ATLAS et EURECA fut un succès. Elle a permis d’impliquer la France, la Belgique et l’Allemagne dans l’effort international déployé pour la mesure de l’éclairement spectral solaire. Ces contributions on donné lieu à de nombreux résultats et publications (cf. § I.2.3 et 1.2.4). La continuité a été assurée par la sélection de SOLSPEC en 1997 pour la mission SOLAR destinée à l’ISS complémentaire aux programmes des USA. Une modification de l’instrument en fonction de nouvelles interfaces a été effectuée en conséquence. Description des chapitres et paragraphes La mise en œuvre des principes énoncés ci-dessus est développée dans le Chapitre II de la thèse. La description du fonctionnement de SOLSPEC, l’héritage des missions précédentes et l’aperçu des modifications spécifiques à la mission SOLAR sont repris au paragraphe II.1. La remise à niveau est développée au paragraphe II.2. Elle correspond à un travail d’équipe. Les contributions personnelles concernent les éléments optiques. Elles comprennent en particulier la reconfiguration optique requise pour adapter l’instrument à une mission de longue durée (lampes internes, pointeur solaire passif, …). Ces travaux sont décrits aux paragraphes II.2.1 à II.2.3. De même, le réalignement complet de l’instrument et l’adaptation de son système de filtres ont fait partie du travail de mise au point de l’instrument (paragraphes II.3.1 à II.3.3). Certains impératifs mécaniques, l’intégration de progrès technologiques pour l’électronique et le logiciel ainsi que des tests environnementaux sont décrits mais de manière succincte car ils induisent moins d’implications personnelles (paragraphes II.2.4, II.2.5 et II.4). Pour le logiciel cependant, des tableaux internes de paramètres ont été optimisées par nos soins, à partir de travaux optiques pendant la remise à niveau (paragraphe II.3.4). Après l’intégration et la vérification des fonctionnalités de SOLAR SOLSPEC, nous exposons les résultats à partir du paragraphe II.5. Ils débutent avec la caractérisation radiométrique. Celle-ci intègre l’ensemble des tests qui ont abouti à la connaissance approfondie de l’instrument pour en certifier la fiabilité lors des mesures d’éclairement. Ces analyses contribuent à réduire les erreurs systématiques de mesures induites par certains processus (nonlinéarités, régimes thermiques, …). Ils peuvent être caractérisés par ces tests, puis encodés dans les équations sous forme de termes de correction pour les calculs d’éclairement spectral et d’incertitudes. L’échelle radiométrique intégrée à l’instrument pour les missions hors atmosphère se réfère à celles du PTB et du NIST dans une moindre mesure. C’est l’étalonnage absolu au sol qui permet ce transfert vers SOLSPEC des échelles associées aux étalons primaires ou secondaires en éclairement spectral. Ces travaux sont développés au paragraphe II.6. Le calcul d’incertitude approfondi est présenté au paragraphe II.7 (suivi d’une étude des limites de détection au paragraphe II.8). Il utilise le formalisme mathématique du GUM (Guide to the expression of Uncertainty in Measurement). Les résultats en orbite sont présentés au Chapitre III. Ils démontrent le maintien des performances radiométriques de l’instrument après son arrimage à ISS (paragraphe III.1). L’éclairement solaire calculé en début 18 mission avant la montée du cycle solaire 24 est présenté au paragraphe III.2 ainsi qu’une discussion approfondie de la comparaison entre SOLAR SOLSPEC et les mesures ATLAS 3 et SORCE. Objectifs de la thèse En résumé, les objectifs de la thèse correspondent à la mise en œuvre décrite ci-dessus et aux résultats obtenus. Ils se résument comme suit. - Contribuer à la remise à niveau de l’instrument en participant en travail d’équipe approfondi relatif à l’optique de SOLSPEC, adaptée pour une mission de longue durée. - Développer la caractérisation radiométrique et l’étalonnage absolu de l’instrument, à travers des travaux approfondis et souvent nouveaux par rapport à la 1ère version SpaceLab (PSD, loi de dispersion, radiomètre, logiciel, …). - Certifier la fiabilité des mesures par un calcul d’incertitude complet puis par une vérification minitieuse des performances de l’instrument après sa mise en orbite (phase de recette). - Contribuer à la planification de la mission, à l’acquisition de données et à leur traitement en vue d’obtenir le spectre solaire SOLAR SOLSPEC avec une précision accrue par rapport à ATLAS 3. Obtenir une couverture spectrale plus étendue qu’auparavant et nouvelle pour l’IR (premières mesures spatiales audelà de 2,4 µm) avec une estimation précise des incertitudes. Contribuer à la publication des résultats. 19 Chapitre – II L’instrument SOLSPEC II.1 Concept général de l’instrument II.1.1 Aperçu de l’instrument Concept Le spectromètre SOLSPEC est dédié à la mesure exo-atmosphérique de l’éclairement spectral solaire. Il est constitué de 3 doubles monochromateurs Czerny-Turner à réseaux concaves. Les domaines spectraux UV, VIS et IR, s’étendent mécaniquement de 147 à 3280 nm. Ils sont balayés de façon simultanée par un mécanisme d’entraînement unique. Cette division en 3 canaux est motivée par : - La variation importante de l’énergie des photons incidents pour une telle plage spectrale. Le recours à des détecteurs de technologies différentes s’impose. - L’impossibilité de maintenir une haute efficacité d’un réseau de diffraction pour la restitution d’énergie pour une aussi large plage spectrale. - La nécessité de réduire la durée d’acquisition d’un spectre solaire complet par une simultanéité des mesures UV-VIS-IR. Montage en double monochromateur SOLSPEC utilise un double monochromateur. Ce montage en série de deux monochromateurs jumeaux permet de réduire le taux de lumière diffuse de ~10-4 à ~10-8. Il devient possible de mesurer avec une grande pureté spectrale l’éclairement solaire dont l’intensité varie sur plus de 6 décades. La résolution spectrale est gouvernée par la taille finie des fentes d’entrée et de sortie. Une contribution mineure provient des aberrations optiques (miroirs et réseaux internes). La fonction d’instrument présente un profil triangulaire lorsque les largeurs de ces deux fentes sont identiques (convolution de deux profils rectangles). La fente intermédiaire représente la fente de sortie du premier module et la fente d’entrée du second. Son rôle consiste à réduire la quantité de lumière diffuse. Elle est dimensionnée de telle sorte qu’elle n’affecte pas la résolution spectrale. Elle est généralement plus large (marge de l’ordre de 20 %) que les 20 autres fentes. Les monochromateurs SOLSPEC ne sont pas des modèles commerciaux et ont été assemblés sur mesure. La conception optique a été réalisée au Service d’Aéronomie du CNRS (France) devenu le LATMOS. Réseaux concaves L’utilisation d’un réseau concave offre l’avantage d’une meilleure transmission puisque la focalisation et la dispersion de la lumière sont condensées en un même élément optique. Cette configuration est particulièrement utile dans le domaine ultraviolet où la réflectivité des surfaces diminue par rapport à celle du domaine visible. Les réseaux SOLSPEC ont été livrés par la société Jobin-Yvon (Longjumeau, France). Les matrices ont été conçues sur mesure pour chaque canal (cf. Annexe B.1) conformément aux calculs du LATMOS (dispersion angulaire et plages spectrales). Ils sont holographiques et présentent des aberrations optiques minimisées (astigmatisme, …). Détecteurs et filtres Les détecteurs sont alignés dans l’axe des fentes de sortie. Pour chaque canal, une roue à filtre (atténuation du signal et/ou réjection d’ordre) s’interpose entre les fentes et les détecteurs. Les détecteurs UV-VIS sont des tubes photomultiplicateurs à fenêtre latérale, solar blind et tri-alkali commercialisés par la société EMR (cf. Annexe B.4). Chaque détecteur est associé à une alimentation haute tension pour l’amplification et à un PAD (Pulse Amplifier Discriminator) pour l’activation d’un mode de comptage de photons. Les détecteurs n’ont pas été renouvelés pour la mission SOLAR SOLSPEC. Un système Peltier refroidit le détecteur VIS. Le signal IR est détecté par une photodiode PbS Hamamatsu (cf. § II.2.4). Fig. II.1.1-1 De gauche à droite : photomultiplicateurs VIS et UV de SOLSPEC. Les PAD (comptage de photons) surplombent les détecteurs. 21 Entraînement des réseaux Un cylindre métallique alésé comporte 6 plateaux pour tenir les supports de réseaux. Ces plateaux sont en retrait par rapport à l’axe de rotation de manière telle que les plans tangents aux réseaux en leurs sommets puissent contenir cet axe (cf. Annexe B.2, fig. B.2-2). Pour chaque canal, l’angle entre le 1er et 2ème réseau correspond à l’angle de déviation constante d’un des 2 monochromateurs. L’axe est entraîné par un moteur pas à pas assurant une discrétisation précise du mouvement. La simultanéité des mesures est donc assurée par un débattement angulaire unique pour les 3 canaux pour chaque incrément moteur. Chaîne de connexion mécanique Un mouvement de rotation de haute précision est transmis au cylindre support de réseaux par une série de mécanismes intermédiaires : - Un réducteur démultiplie la résolution angulaire du moteur par un facteur 33. - Une vis micrométrique convertit la rotation en un mouvement linéaire (3 mm de translation par tour de vis). Fig. II.1.1-2 - A gauche, vue latérale du levier (1), connecté au cylindre, support de réseaux (non visible, en projection derrière le levier). Le chariot principal (2) se déplace le long de la vis micrométrique (4). En (3), mécanisme de compensation entre le mouvement tangent du chariot et la rotation du levier. A droite, vue du support de réseaux avant et après insertion dans le boîtier. Un levier relie la vis micrométrique au support des réseaux pour une reconversion du mouvement linéaire en une rotation très précise. La longueur du bras est de 101,5 mm. La connexion entre la vis et le levier est établie par le chariot principal, solidaire de ce levier et se déplaçant sur la vis. Un mécanisme additionnel (chariot secondaire) compense l’écart entre le sinus et tangente. Le centre de coordonnées décrivant la 22 course linéaire du chariot principal est défini par des codeurs optiques. Des butées limitent le débattement linéaire. L’hystérésis est très limitée, de l’ordre de 20 µm. Eléments optiques complémentaires Une optique frontale composée de pupilles et de diffuseurs précède chaque fente d’entrée (cf. § II.3.2). Ces surfaces optiques contribuent à l’homogénéisation du faisceau incident et définissent la réponse angulaire d’un spectromètre. L’empilement de cette optique frontale est spécifique à chaque canal. Des lentilles de champs sont insérées dans le canal de mesure IR de part et d’autre de la fente intermédiaire et de sortie. Elles sont destinées à réduire la divergence du faisceau. Les lentilles internes forment l’image respective d’un réseau sur l’autre. Les spectromètres sont équipés de miroirs plans déviant le faisceau à angle droit à proximité des fentes intermédiaires afin de réduire l’encombrement. Deux miroirs par canal sont assemblés sur un rail optique de part et d’autre de la fente intermédiaire. La Figure II.1.1-3 montre leur position interne dans SOLSPEC. Les dépôts de surface sont en or pour l’IR et en Al+MgF2 pour l’UV-VIS. Fig. II.1.1-3 Rail optique interne, support de miroirs plans et de fente intermédiaire. Exemple de réalisation (IASB) pour le canal UV. Composants périphériques Les monochromateurs constituent le cœur de l’instrument SOLSPEC. L’électronique et quelques unités optiques complémentaires sont intégrées en périphérie. - L’unité interne d’étalonnage est une structure à 2 étages (nommée ‘pont de lampes’) insérée devant les optiques d’entrée (cf. § II.2.3). Une mesure absolue et à long terme d’un éclairement spectral hors atmosphère n’est pas envisageable sans étalons radiométriques internes. Ceux-ci sont constitués de sources lumineuses stables pour la détection d’une possible dérive des performances de l’instrument. Pour SOLSPEC, des lampes au deutérium et à ruban de tungstène contrôlent respectivement la stabilité des canaux UV et VIS-IR. Une lampe à cathode 23 - - creuse contrôle les résolutions spectrales et les échelles de longueurs d’onde UV-VIS. Chaque canal dispose d’un jeu de lames de quartz et d’un obturateur interne. Ces sélecteurs sont intégrés dans le pont de lampe. Les fenêtres (Suprasil et Infrasil) offrent une protection pour l’optique interne contre le rayonnement ionisant et les EUV. L’optique est complétée par un délimiteur de champ structuré et anodisé définissant le ‘cône solaire’ d’observation. Il limite le champ de vue d’un canal (~8°). Un obturateur principal protège les ca naux de l’environnement spatial hors périodes de mesures. Schémas optiques Le schéma optique complet d’une voie de mesure est résumé comme suit : Vis et motorisation Roue à filtres 2ème réseau Fente de sortie Détecteur Miroir Lampe à ruban de tungstène ou au deutérium Fente intermédiaire Lampe à cathode creuse (UV-VIS) Miroir Couplage Fente d’entrée Délimiteur de champ Obturateur principal Fig. II.1.1-4 Quartz ou obturateur 1er réseau Diffuseur Schéma optique d’un canal de mesure intégrant le double monochromateur et les optiques périphériques. 24 Fig. II.1.1-5 Vue générale de l’instrument SOLSPEC. Intégration des soussystèmes électroniques, optiques et mécaniques autour des monochromateurs (8). II.1.2 Héritage préservé et modifications pour la remise à niveau La mission SOLAR SOLSPEC s’inscrit dans la continuité des missions ATLAS. Le volume de travail pour la remise à niveau doit rester conforme aux délais de livraison imposés par l’ESA. Les mises en orbite de la charge utile SOLAR et du module COLOMBUS pour ISS ont été simultanées. La date de livraison a été régulièrement différée, en phase avec le développement de COLOMBUS. Le partage des charges entre l’IASB et le LATMOS a été établi dès 1998. Il a été nécessaire d’adapter de nouvelles interfaces mécaniques et de remettre à niveau l’électronique et le logiciel. Pour disposer d’un instrument plus performant au plan radiométrique, des initiatives ont été prises pour intégrer de nouveaux éléments optiques : PSD (Position Sensitive Device), lampes, lames de quartz, …). D’une manière générale, le mode de fonctionnement des monochromateurs est resté inchangé mais les composants optiques ont été renouvelés. SOLSPEC a entièrement été réaligné. Tout a été mis en œuvre pour 25 préserver avant livraison le temps nécessaire pour la caractérisation radiométrique et l’étalonnage absolu de l’instrument. Ces mesures ont été primordiales pour la réussite de la mission. II.1.2.1 Unités opto-mécaniques préservées Ci-dessous nous indiquons les éléments de l’instrument de 1ère génération préservés pour la mission SOLAR. - La mécanique centrale des doubles monochromateurs de SOLSPEC et le mécanisme d’entraînement des réseaux. - Les roues à filtres VIS et IR ainsi que l’actuateur UV. Quelques adaptations sont apportées aux barillets de supports de filtres et le contrepoids de l’actuateur UV. - L’échantillonneur de la détection synchrone (canal IR) et le mécanisme d’ouverture des obturateurs principaux. - Pour les détecteurs UV-VIS, un travail considérable a été réalisé au LATMOS lors de la mise au point de l’instrument de 1ère génération pour l’adaptation du système en mode d’acquisition par comptage de photons. Les PAD (Pulse Amplifier Discriminator) ont été optimisés et conditionnés pour l’environnement spatial. Vu les délais, la décision de conserver les photomultiplicateurs UV-VIS et leur électronique s’est imposée malgré l’existence d’alternatives possibles (photodiode, …). II.1.2.2 Nouveaux développements De nombreux sous-systèmes de l’instrument SOLSPEC ont été modifiés. Composants optiques - Unité interne d’étalonnage. On a augmenté le nombre de lampes à ruban de tungstène pour offrir une redondance à chaque voie de mesure. Les lampes ont été modifiées (nouveau modèle et fournisseur). Les optiques de couplages entre lampes et fentes d’entrée (fibres optiques, lentilles et miroirs) ont été redéfinies (cf. § II.2.3). - L’optique de couplage entre le spectromètre et le détecteur IR a été redéfinie (usage de lentilles cylindriques, cf. § II.2.2). - Un pointeur solaire passif (PSD) a été développé pour SOLAR SOLSPEC (cf. § II.2.1 & II.5.1). Il enregistre de façon autonome un éventuel dépointage solaire. - Les mécanismes porte-obturateurs internes ont été légèrement modifiés afin d’insérer les lames de quartz. Deux lames sont disponibles par canal (cf. § II.3.4.2). - Les filtres de réjection d’ordre et les filtres neutres ont été modifiés. (cf. § II.3.4.3). - La révision de l’alignement optique a permis d’étendre les plages spectrales de fonctionnement et de recouvrement des spectromètres (cf. § 26 - II.3.1). Une forme analytique de la loi de dispersion a pu être calculée (cf. § II.5.2). Les dimensions des fentes ont généralement été modifiées afin d’optimiser l’alignement (cf. Annexe B.2, tableau B.2-1). La résolution spectrale IR a été améliorée (réduction de la largeur des fentes). Electronique et logiciel - Le logiciel et la chaîne de détection IR ont été modifiés (cf. II.2.4 & II.2.5). - Le réducteur du moteur a été modifié afin d’augmenter l’échantillonnage d’un spectre. - La régulation thermique a été révisée. Un nouveau réseau de thermostats et résistances chauffantes a remplacé le concept de plaque froide de la version ATLAS. Le système Peltier du détecteur VIS a été amélioré. Le caloduc a été remplacé par une tresse de cuivre pour l’évacuation de la chaleur. Mécanique - La charge utile SOLAR est intégrée en orbite dans un pointeur solaire fixé sur COLOMBUS (CPD, Coarse Pointing Device, société Alenia Aerospazio, Italie). La stabilité théorique de pointage de la CPD est de l’ordre de 5 minutes d’arc. Par rapport à ATLAS, la répartition interne des sous-systèmes de SOLSPEC a été complétement modifiée. Pour s’adapter à cette nouvelle interface (CPD), le concept d’une plaque de base a été délaissé. Une plaque centrale correspond à un plan de référence autour duquel les masses ont été réparties (cf. élément n°12, Figure II.1.1-5). Les monochromateurs ont été intégrés en-dessous de la plaque centrale, surmontée par l’unité d’étalonnage. L’interface entre la plaque centrale et la CPD est constituée de 6 pieds. Fig. II.1.2.2-1 Au centre, intégration de SOLSPEC dans le berceau orientable de la CPD. Ce pointeur est fixé à l’extrémité du module COLOMBUS. Crédit NASA. 27 - Des éléments internes tels que les déflecteurs définissant les ‘cônes solaires‘, les supports de lampes, etc … ont été redessinés. - Les supports de réseaux ont été modifiés. Cette interface mécanique entre le réseau et la monture cylindrique permet d’aligner les traits du réseau par rapport aux fentes grâce à un degré de liberté en rotation. La conception du modèle de support ATLAS a été améliorée afin de faciliter cet alignement. Les réseaux sont collés sur ces supports qui ne disposent pas d’un réglage fin en rotation. Une difficulté est alors souvent rencontrée : l’altération de l’alignement et de l’orientation d’un élément optique pendant le serrage (fixation) de son support. La conception d’un nouveau système a été réalisée par l’atelier mécanique de l’IASB. L’idée a consisté à développer un mécanisme de contrôle et de maintien de l’alignement pendant le blocage de la vis du support d’un réseau. Pour cela, les nouveaux supports on été équipés de biseaux latéraux permettant d’engager à travers une ouverture, une clé conçue sur mesure (cf. Annexe B.2). Ce mécanisme est précis mais possède un faible débattement angulaire. L’orientation du réseau pendant son collage devait donc être compatible avec ce débattement (cf. § II.3.1.2). 28 II.2 Remise à niveau de l’instrument SOLSPEC Pour la remise à niveau de SOLSPEC, les différentes phases de travail développées ci-dessous sont celles pour lesquelles une implication personnelle notable a été apportée. Les autres sont résumées et reportées en annexe. II.2.1 Module PSD II.2.1.1 Introduction Le module PSD (Position Sensitive Device) de SOLAR SOLSPEC est un détecteur passif de position angulaire du Soleil. Il n’exerce aucune rétroaction sur le système de pointage CPD qui dispose de son propre senseur solaire. Ce composant interne n’était pas présent dans la configuration SOLSPEC ATLAS. Fig II.2.1.1-1 Module PSD modèle de vol. Vue avant et arrière (avant l’intégration du détecteur). A droite : intégration du PSD dans le pont de lampe. Le module PSD est d’une grande importance pour l’interprétation des données SOLAR SOLSPEC en raison de la dépendance de la réponse angulaire photométrique des spectromètres. Cependant, en cas de défaillance et compte tenu de sa fonction passive, le PSD n’entrave pas le fonctionnement des spectromètres SOLSPEC. Il remplit les fonctions suivantes : Détection d’un décalage angulaire Le PSD offre la possibilité de détecter un décalage angulaire résiduel entre les axes optiques de SOLSPEC et de la CPD suite à une erreur d’alignement lors de l’intégration (cf. § III.1.1). 29 Détection d’un dépointage solaire Le PSD a pour fonction principale l’enregistrement de la position angulaire du Soleil par rapport aux axes optiques des spectromètres de SOLSPEC pendant les mesures solaires. Cette donnée est primordiale pour l’interprétation des mesures spectrales. Elle permet d’effectuer une correction angulaire photométrique en cas de dépointage solaire. Détermination de la réponse angulaire des spectromètres La réponse photométrique absolue de SOLSPEC a été déterminée à l’aide du corps noir du PTB. Pour ces mesures, les axes optiques de deux instruments coïncidaient. Or en orbite, la direction SOLSPEC-Soleil peut ne pas coïncider avec l’axe optique de SOLSPEC. La réponse angulaire de SOLSPEC a donc été déterminée lors de la caractérisation au sol (cf. § II.5.5). Ces résultats devaient être confirmés par des mesures ISS en exploitant le mode de balayage angulaire (criss-cross) de la CPD. Les mesures en orbite présentent toujours un bon rapport signal à bruit en raison de l’intensité de l’éclairement solaire. En conséquence, une large plage spectrale de chaque spectromètre a pu être explorée. Eclairement total solaire et mesure du PSD Le signal enregistré par le détecteur PSD est lié à l’éclairement solaire intégré sur la plage de transmission du filtre de l’optique frontale du module. Cela correspond à la mesure d’une fraction de l’éclairement total solaire en unité relative. Après normalisation à 1 UA, ce signal a pu être exploité pour la mesure du vieillissement de l’optique du module PSD et contribuer à l’étude de la dérive de réponse du canal VIS de SOLSPEC (cf. § III.1.1). II.2.1.2 Développement II.2.1.2.1 Conception opto-mécanique Un réaménagement du pont de lampe a permis l’intégration d’un senseur solaire de dimensions réduites. Ce système PSD comporte : - Un détecteur PSD (réf. S2044, Hamamatsu, Japon). La surface active est de 4,7 x 4,7 mm². - Un système imageur (triplet de Cook) sans aberration hors axe. Il couvre un champ de 12° et forme l’image du Soleil s ur le détecteur (focale 19,19 mm). - Un système de filtres pour atténuer la puissance optique incidente focalisée sur le détecteur. Le module PSD a été développé conjointement par l’IASB et la société Lambda-X sprl (Belgique) selon la répartition des tâches suivantes : Lambda-X a fourni une monture opto-mécanique de qualification spatiale intégrant les lentilles du système imageur. L’IASB a pris en charge l’intégration du détecteur et son alignement selon les axes de la CPD, la définition du filtre (bande passante et 30 ajustement de la densité optique), le développement de l’électronique de lecture et l’étalonnage angulaire du module PSD. Le câblage est réalisé par le LATMOS (France). La monture du PSD dispose de 3 cavités indépendantes pour l’intégration des lentilles (3, 4 &5), du filtre (20) et du détecteur (2). Des verres résistants aux radiations (Schott SK4-G13 et BK7-G25) ont été utilisés. Fig. II.2.1.2.1 -1 Schéma opto-mécanique du module PSD : monture et système imageur (source : Lambda-X). A droite : détecteur PSD. Le système convertit une position angulaire du Soleil en coordonnées spatiales (x,y) définies dans le plan du détecteur. La réponse du détecteur est indépendante de la température pour λ < 850 nm. L’étalonnage radiométrique du système (cf. § II.5.1) a consisté en une relation entre une matrice de dépointage angulaire couvrant le champ de 12° et son image en coordonnées (x,y). II.2.1.2.2 Intégration du détecteur La conception par Lambda-X du dispositif d’intégration du détecteur PSD a permis de maintenir deux degrés de liberté (rotation + translation) exempts de jeu pour ajuster la focalisation et l’alignement angulaire du détecteur. Le système a été mis à profit pour défocaliser l’image du Soleil sur le détecteur (32 minutes d’arc soit 177 µm) jusqu’à 300 µm de diamètre. La symétrie circulaire de l’image a été maintenue. La réduction de la densité de puissance optique sur le détecteur a permis de le préserver d’un vieillissement prématuré. Les axes du PSD (XPSD, YPSD) ont été réglés parallèlement aux axes de la CPD (XCPD, YCPD). Ceux-ci ont été reportés sur la monture PSD (référence mécanique). Par une méthode itérative exploitant des dépointages solaires successifs au sol, les lignes de coordonnées 1x et 1y du détecteur ont été ajustées par rapport aux références mécaniques. L’itération a été interrompue lorsque la divergence résiduelle entre les axes du PSD et les références est devenue inférieure à 5 minutes d’arc. 31 Fig. II.2.1.2.2 -1 A gauche, vue du montage pour l’étude de la défocalisation. A droite, monture pour l’alignement du détecteur. Deux degrés de liberté en rotation autorisent un dépointage du Soleil selon deux axes. II.2.1.2.3 Densité optique du filtre neutre Le filtre est en matériau Schott BG18, réputé résistant aux radiations et qualifié pour l’environnement spatial (Appourchaux, 1993, 1994). La bande passante de 250 nm est centrée vers 510 nm. Des bandes de transmission latérale existent dans l’infrarouge entre 1,3 et 2,9 µm. Le filtre a été développé par la société SAGEM (produits REOSC, France). Un traitement dichroïque a été appliqué sur la face externe du filtre pour la réjection vers l’espace de l’IR thermique susceptible d’échauffer les composants. Un second traitement par dépôt de couche mince optiquement neutre a été prévu pour la face interne du filtre. Il devait limiter le photocourant à une valeur maximale de 100 µA en pointage solaire hors atmosphère. Sa densité optique a pu être déterminée expérimentalement avant la commande des filtres modèle de vol. Démarche expérimentale Des mesures ont été effectuées au sol en pointage solaire direct. On a utilisé un système PSD prototype équipé d’un filtre BG18 de test (densité optique : 1,4). La transmission atmosphérique (limitée par l’extinction liée aux aérosols, la diffusion Rayleigh, l’absorption moléculaire, …) a dû être estimée lors de chaque mesure PSD. Elle a été déterminée expérimentalement à partir d’un radiomètre issu de la station de mesure du rayonnement solaire de l’IASB. Selon l’équation suivante, l’extinction atmosphérique a pu être déterminée à tout instant à condition de connaître E0501 : E 501(t ) = E0501.e−τ Avec : E501 (t) E0501 AMF τ 501(t) : : : : 501 ( t ). AMF (II.2.1.2.3 -1) Eclairement solaire direct à 501 nm à l’instant t. Eclairement solaire direct à 501 nm hors atmosphère. Facteur de masse d’air relative (Kasten & Young, 1989). Epaisseur optique à 501 nm à l’instant t par unité d’AMF. 32 Le terme E501(t) correspondait à la mesure instantanée du radiomètre. La connaissance de la bande passante spectrale relative du radiomètre pourrait permettre de calculer le terme E0501 par intégration d’un spectre hors atmosphère. Cette connaissance de bande passante étant manquante, le facteur E0501 a été déterminé par la méthode de Bouguer (Harrison & Michalsky, 1994). L’expression du logarithme de l’équation (II.2.1.2.3 -1) conduit à une relation linéaire entre le signal E501(t) et l’AMF. Cette relation a permit de retrouver E0501 en mesurant la variation du signal du radiomètre par demi-jour de mesures solaires directes réalisées sous une atmosphère stable. Ln(E0501) correspondait à l’intersection avec l’axe des ordonnées (voir ci-dessous à gauche pour AMF = 0). Une mesure instantanée du signal PSD au sol IPSD(t) a pu être extrapolée en une mesure hors atmosphère comme suit : I 0 PSD E0501 (t ) = I PSD (t ). 501 E (t ) (II.2.1.2.3 -2) Des données solaires du radiomètre IASB, accumulées pendant 3 mois, ont été analysées, fournissant ainsi l’estimation la plus probable de E0501. Nombre d'occurence SPUV10 - Canal n° 7 (501 nm) Etalonnage (recherche de ln(I0) pour AMF = 0) 8 7 6 5 4 3 2 1 0 7.10 7.15 7.20 7.25 7.30 7.35 7.40 7.45 7.50 ln(I0) Fig. II.2.1.2.3 -1 A gauche, exemple de droite de Bouguer pour la détermination du terme E0501 pour le canal du radiomètre. A droite, histogramme obtenu pour l’analyse de 3 mois de données. La meilleure estimation de ln(E0501) = 7,27. La correction atmosphérique a été systématiquement appliquée au signal PSD lors des tests au sol. On a obtenu une valeur très reproductible de I0PSD(t) quelle que soit l’instant de la mesure (et donc, l’angle solaire zénithal). Après correction atmosphérique, on a obtenu un photocourant maximum de ~25 µA lorsqu’un filtre de densité 1,4 était utilisé. Pour obtenir un maximum de 100 µAmps en orbite, on a du augmenter l’intensité du signal d’un facteur 4. On a obtenu une densité du filtre neutre modèle de vol égale à 0,8. 33 La défocalisation de l’image du Soleil n’influence pas sur l’intensité du photocourant mais uniquement sur la densité de puissance optique. La réponse du PSD est indépendante de la taille de l’image du Soleil (détection du photocentre). La réduction de l’intensité et la défocalisation ont consisté en des précautions complémentaires pour assurer le bon fonctionnement du PSD pendant toute la durée de vie de SOLSPEC. II.2.2 Optique de focalisation IR II.2.2.1 Introduction Contrairement aux canaux UV-VIS, une optique de focalisation est nécessaire à la sortie du spectromètre IR. En effet, le détecteur PbS est éloigné de plusieurs centimètres de la fente de sortie en raison de l’encombrement lié à la présence de la roue à filtre. De plus, le signal IR est faible et les dimensions de la surface active du détecteur sont nettement inférieures à celles des photocathodes des photomultiplicateurs UV-VIS. Le signal ne peut donc pas être intercepté efficacement si le faisceau est divergent. Le schéma optique de l’instrument SOLSPEC ATLAS a été modifié à la suite du changement de configuration des lampes, des dimensions du détecteur et à l’amélioration de la résolution spectrale (modifications des dimensions des fentes pour SOLAR SOLSPEC). Des lentilles cylindriques remplacent désormais le miroir à forte concavité anciennement utilisé pour la focalisation du faisceau sur le détecteur. La définition précise des paramètres des lentilles cylindriques a été effectuée par la société Lambda-X. De nombreux tests au laboratoire d’optique de l’IASB ont été nécessaires pour l’aboutissement du projet et se regroupent en deux catégories : 1) Travaux préalables à l’étude Lambda-X permettant de définir les distances et dimensions des composants optiques. 2) Travaux consécutifs à cette étude théorique : simulation du montage, tests des lentilles avant intégration dans l’expérience SOLSPEC. II.2.2.2 Développements expérimentaux Le schéma optique depuis le 2ème réseau IR jusqu’au détecteur est présenté ci-contre. 34 Miroir de renvoi en or (11 x 20 x 2 mm³) δ 22 mm 1 Lentilles cylindriques # 1 : horizontale # 2 : verticale 2 β Filtre IR Détecteur PbS (1 x 3 mm²) 48 mm Support de fente de sortie et des 2 lentilles de champ α α = 39°15’ β = 129°15’ δ = 25°22’ 130 mm Distance entre la fente de sortie et le détecteur PbS : 22 + 48 mm = 70 mm Réseau de diffraction Fig. II.2.2.2-1 Vue transversale du schéma de l’optique de focalisation IR. Le faisceau émergent est dévié par un miroir plan puis focalisé sur le détecteur PbS par deux lentilles cylindriques. La roue à filtre IR est insérée entre les lentilles et le détecteur. Fig. II.2.2.2-2 Détection infrarouge. Monture commune pour le support du miroir plan (1), les deux lentilles cylindriques (2) et (3), la roue à filtre (4), le détecteur PbS (5) et le pré-ampli IR (6). Vues de face et de haut. Le 2ème réseau de diffraction a un diamètre actif de 18 mm et constitue la source lumineuse (monochromatique). Deux lentilles de champ enserrent la fente de sortie. Elles forment l’image du réseau dans un plan situé à ~43 mm de la fente de sortie. La mécanique de la roue à filtre est inchangée par rapport à ATLAS. Ses 35 dimensions ne permettent pas de rapprocher la 2ème lentille cylindrique à moins de 16.5 mm du plan du détecteur. Le détecteur PbS est intégré dans une monture ajustable en profondeur (axe optique de focalisation). Elle permet de modifier légèrement la distance nominale fente - détecteur (70 mm). Travaux préliminaires L’objectif consistait à focaliser au mieux l’image de la fente de sortie (dimensions : 10 x 0,4 mm²) sur la surface du détecteur (3 x 1 mm²), aligné dans le sens de la hauteur de la fente. L’asymétrie des dimensions a entraîné un usage de lentilles cylindriques croisées répondant aux critères suivants : - Lentille n°1 : axe de la lentille dans le sens de la hauteur de fente. Focalisation associée à la largeur de fente. Cette lentille devrait offrir un facteur d’agrandissement de l’ordre de 5/2 (conversion de la dimension 0,4 à 1 mm). - Lentille n°2 : axe de la lentille dans le sens de la largeur de fente. Focalisation associée à la hauteur de fente. Cette lentille devait être placée à la distance minimale par rapport à la PbS et offrir un facteur d’agrandissement de l’ordre de 0,3 (conversion de la dimension 10 à 3 mm). Idéalement, il était nécessaire d’éclairer entièrement le détecteur pour garantir une moindre sensibilité à un désalignement possible, sachant que la réponse d’une PbS n’est pas homogène sur toute sa surface. L’encombrement mécanique laissait peu de place pour l’insertion des lentilles. Le volume disponible a été pris en compte dans l’étude de Lambda-X. Quelques calculs préliminaires d’optique géométrique ont montré que la superposition idéale de l’image de la fente sur le détecteur n’était pas possible mais tout a été mis en œuvre pour concentrer au mieux le faisceau. Fig. II.2.2.2-3 Montages simulant le chemin optique IR, entre le réseau et le plan du détecteur. Tests de lentilles et analyse de l’image formée dans le plan du détecteur PbS (non intégré). II.2.2.3 Résultats Les lentilles sélectionnées sont en Infrasil (dimensions : 20 x 10 x 4 mm). Le positionnement est compatible avec les contraintes mécaniques. Pour la lentille 36 n°1, l’agrandissement s’écarte de la valeur idéale. Une perte de signal n’a pu être évitée malgré l’optimisation des lentilles, en raison des contraintes liées à la limitation du volume disponible pour leur insertion. Lentille Courbure (mm) @436 nm @546 nm @2 µm 7,9 5,9 16,9 -- -12,8 18 13,5 #1 #2 Focale (mm) Agrandissement obtenu 0.7 0.3 Tableau II.2.2.2-1 Paramètres des lentilles cylindriques sélectionnées pour la focalisation IR. Les performances optiques du nouveau montage sont adaptées à la nouvelle géométrie du détecteur, éclairé comme suit : Surface du détecteur PbS 1 x 3 mm² Image de la fente de sortie Fig. II.2.2.2-4 Illumination de la surface du détecteur PbS. En grisé : image de la fente de sortie. Après intégration de l’optique IR modèle de vol (roue à filtre, focalisation et détecteur) dans l’expérience SOLSPEC, l’alignement des lentilles a été réitéré et soigneusement vérifié. II.2.3 Unité interne d’étalonnage II.2.3.1 Introduction Un spectroradiomètre destiné à la mesure absolue de l’éclairement spectral solaire hors atmosphère doit disposer d’une échelle radiométrique embarquée. Il est primordial de maintenir cette référence pendant la mission. L’environnement spatial hostile peut entraîner une dérive de la réponse photométrique du système de mesure. Ces effets ont été observés sur de nombreux instruments spatiaux, particulièrement dans le domaine de l’extrême ultraviolet (Prinz et al., 1996). Les basses températures, le rayonnement ionisant des particules d’origine solaire, magnétosphériques ou cosmogéniques, et le rayonnement ultraviolet dégradent les performances des composants optiques, de l’électronique de bord et des détecteurs. Les changements de réponse ne sont pas linéaires et on observe généralement des dégradations rapides en début d’exposition suivies d’un amortissement. A ces causes, il faut ajouter le dépôt de contaminants ayant pour origine l’instrument lui-même et/ou le véhicule 37 sur lequel il est placé. Ces composants se déposent préférentiellement sur les surfaces froides, y compris sur les composants optiques. Ces molécules subissent une pyrolyse lorsqu’elles sont exposées au rayonnement EUV. Les composants légers sont évacués dans l’espace et les atomes de carbone subsistent. Or le carbone est un absorbant dans l’UV (Floyd et al., 1996). Des moyens doivent être mis en œuvre pour mesurer les dérives de réponse afin de préserver la référence radiométrique. Plusieurs stratégies peuvent être développées autour de deux éléments essentiels : la redondance de composants opto-électroniques et la présence d’étalons internes. - Les étalons internes peuvent être un détecteur (bolomètre pour SORCE, …) ou des sources lumineuses (SUSIM, SOLSPEC, …). Les lampes émettent un spectre continu ou des raies spectrales. - La redondance de composants concerne des éléments interchangeables d’un spectromètre tels que les fentes, filtres, disperseurs, détecteurs (SUSIM, SolACES…) ou la présence de canaux jumeaux (SIM sur SORCE, Sol-ACES, …). La redondance des étalons internes tels que les lampes entrent également dans cette catégorie. La durée de la mission est un paramètre important. Pour une mission à court terme (missions SpaceLab, ATLAS, …), les étalonnages face à la source primaire avant et après la mission sont essentiels, complétés par un système d’étalonnage interne en cours de mission. Pour une mission de longue durée telle que SOLAR SOLSPEC les performances de l’unité interne d’étalonnage et la stratégie de mesures doivent être optimisées car le retour de l’instrument est exclu. De plus, la durée totale de mesures doit être considérée. Pour l’expérience SOLSPEC ATLAS, le choix s’était porté sur une unité interne de lampes. Il n’y avait pas de canaux jumeaux ou de redondance de composants optiques. Pour SOLSPEC ATLAS, les étalonnages absolus postérieurs aux missions ont été d’une importance capitale. Pour SOLAR SOLSPEC sur ISS, la stratégie n’a pas été modifiée mais optimisée pour une mission de longue durée. Des lames de quartz ont été ajoutées (cf. § II.3.4.2) et doublées pour chaque canal afin de protéger les optiques face aux rayonnements UV et EUV. On a favorisé la redondance de lampes (deux lampes par canal à l’exception de la lampe spectrale). D’une part, un nouveau constructeur de lampes a été sélectionné et d’autre part, on a amélioré les couplages optiques entre les lampes et l’entrée des spectromètres. Cette stratégie est développée aux paragraphes suivants (II.2.3.2 à I.2.3.4). 38 Description succincte de l’unité interne, du type de lampes et de leur utilisation Fig. II.2.3.1 -1 Vue générale de l’unité interne d’étalonnage relatif. Etage supérieur contenant les lampes à ruban de tungstène et cathode creuse. Les lampes au deutérium sont situées dans l’étage inférieur (non visible). L’unité interne est située entre les obturateurs principaux et les optiques d’entrée. Il s’agit d’une structure à deux étages où sont intégrées les lampes, leurs optiques de couplage ainsi que les roues porte-obturateurs internes (cf. § II.3.4.2). Les lampes sont des étalons radiométriques relatifs, doublés pour chaque voie de mesure. Deux lampes au deutérium (Saunders et al., 1978) contrôlent la stabilité du canal UV. Pour les canaux VIS et IR, quatre lampes à ruban de tungstène de même technologie (4 Watts, sans cycle halogène) sont utilisées (Thuillier et al., 1998b). Pour les canaux UV, VIS et IR, le transfert d’éclairement entre les lampes et les pré-fentes est respectivement assuré par des miroirs concaves, des fibres optiques couplées à un condenseur, et des lentilles. Une lampe à cathode creuse couplée à une fibre optique à deux terminaisons contrôle les résolutions spectrales et les échelles de longueurs d’onde UV-VIS. Idéalement, l’éclairement d’une lampe doit emprunter le même chemin optique que l’éclairement solaire. Il serait donc nécessaire d’éclairer les optiques d’entrée pour mesurer la dérive de l’instrument depuis la lame de quartz jusqu’au détecteur. Cet objectif n’a pu être atteint pour SOLAR SOLSPEC pour des raisons d’encombrement mécanique. La perte de transmission des lames de quartz est mesurée séparément (cf. § II.3.4.2.2). Deux lampes stables ont été attribuées par canal de mesure. La lampe de référence, rarement mise sous tension, a été destinée à mesurer la dérive d’éclairement de la seconde, utilisée régulièrement. Ce protocole de mesure est décrit en Annexe E.4. L’éclairement de référence des lampes est enregistré lors de l’étalonnage absolu de SOLSPEC au sol. 39 La stabilité des lampes pour une mise en orbite (vibrations, fonctionnement sous vide) est une question d’une grande importance, développée dans les paragraphes suivants. II.2.3.2 Lampe au deutérium II.2.3.2.1 Sélection de la lampe De nouvelles lampes (Cathodeon, Royaume Uni) ont été utilisées. Elles sont plus puissantes que celles utilisées pour SOLSPEC ATLAS (Hanau, RFA) et résultent d’un transfert de technologie et de savoir-faire entre l’expérience SUSIM et SOLSPEC. La livraison a été supervisée par le NPL (National Physical Laboratory, Royaume-Uni), responsable des lampes SUSIM. Fig. II.2.3.2.1 -1 A gauche, schéma de principe de la lampe au deutérium de type SUSIM. A droite, forme attendue de l’arc entre l’anode et la cathode. Une lentille plan-convexe en MgF2 complète la chaîne de verre pour obtenir un faisceau parallèle (à 250 nm). La zone émettrice est localisée à ~100 mm de la lentille et limitée par un diaphragme de l’ordre d’un millimètre de diamètre. Lors d’une mise sous tension, une durée de 15 minutes est nécessaire pour stabiliser l’émission d’une lampe. Transfert de technologie Le NPL a sélectionné les lampes (stabilisées pendant quelques cycles de mise sous tension pour une durée totale de 100 h). Seules les lampes présentant une dérive inférieure à 0,1 % ont été retenues. D’après le NPL, une variation d’éclairement de 10 à 15 % peut être observée après un cycle de vibrations et la stabilité est légèrement réduite. Le NPL observe qu’un second cycle de vibrations peut avoir un impact très négatif. Pour SOLSPEC, les conséquences ont été les suivantes : 1) L’éclairement de référence des lampes au deutérium (D2), enregistré lors de l’étalonnage absolu de SOLSPEC au sol risquait d’être modifié en orbite. 2) Il était préférable de préserver les lampes modèle de vol (MV) avant la mise en orbite afin qu’elles ne subissent qu’un seul cycle de vibrations. La 40 nouvelle stabilisation en orbite aurait tout de même permis de travailler en système relatif, pour mesurer la dérive du canal UV. La solution conservatoire choisie consistait à placer les lampes D2 sur la plaque centrale afin de réduire les niveaux de vibrations. Une nouvelle monture légère de conception IASB a été développée pour l’intégration des lampes dans l’unité d’étalonnage, permettant de limiter les tensions dans la chaîne de verre. Des tests en vibrations (niveau de qualification) furent effectués avec cette monture et des lampes prototypes. Suite à des ruptures de lampes, une série spéciale (5 lampes du type V08) a été livrée par la société Cathodeon, disposant de points de soudure renforcés et stabilisées pendant 72 heures en usine. Deux nouveaux cycles en vibrations ont été réalisés, démontrant une résistance mécanique nominale. Une perte de signal respective de 10 % et 4 % consécutive aux vibrations a été mesurée, suivie d’un recouvrement partiel du signal observé lors de mises sous tension ultérieures. Fig. II.2.3.2.1 -2 A gauche, lampe prototype au deutérium et sa monture (conception IASB) lors des tests en vibrations. A droite, vue de la structure interne (déflecteurs cylindriques et boîtier anode - cathode). Les deux lampes retenues comme modèles de vol (voir ci-dessous) ont inévitablement été soumises à deux cycles de vibrations dans SOLSPEC (niveau d’acceptance de l’expérience après intégration plus la mise en orbite). Malgré les résultats précédents, on a constaté une stabilité remarquable des deux lampes lors de leur utilisation en orbite (cf. § III.1.2). Lampes modèle de vol Les deux lampes MV ont été sélectionnées sur la base de critères de stabilité. Un banc d’étalonnage spécifique a été assemblé à l’IASB pour le contrôle de l’éclairement spectral. 41 Photodiode ORIEL (Silicium), régulée à 20 °C Filtre interférentiel 260 nm (FWHM 2.2 nm) Lampe D2 (faisceau parallèle) Double monochromateur (FWHM 1 nm) Lentille cylindrique UV Lame séparatrice Obturateur électronique Lentille convergente UV Fig. II.2.3.2.1 -3 Banc d’étalonnage développé pour la sélection de deux lampes au deutérium modèle de vol. Après séparation du faisceau, l’éclairement a été mesuré conjointement par deux systèmes de détection autonomes : - Une photodiode régulée à 20 °C et couplée à un fi ltre interférentiel (FWHM 2.2 nm) enregistrant l’éclairement spectral à 260 nm à une cadence d’une mesure par minute. - Un spectromètre (double monochromateur SPEX 1672, FWHM ~1 nm) couplé à une lentille cylindrique réalisant l’acquisition du spectre entre 200 et 400 nm une fois par heure par incrément de 5 nm. Le 1er spectre était enregistré après 30 minutes de stabilisation de la lampe. La redondance des canaux a contribué à renforcer la qualité des mesures. Elle a permis de tenir compte de biais liés au vieillissement éventuel des lames et lentilles situées sur le chemin optique. Afin de limiter ce vieillissement, l’obturateur électronique n’a été ouvert que 4 minutes par heure, temps nécessaire pour enregistrer le spectre et quelques valeurs de la photodiode. Le courant d’obscurité du détecteur a été mesuré et soustrait. Les mesures ont été réalisées en unités relatives. Les paramètres électriques et environnementaux (température) ont été enregistrés simultanément. La procédure de sélection des lampes MV a été similaire à celle du NPL, mais plus courte. En effet, la stabilité de l’éclairement des lampes a dû être mesurée sans nuire à leur durée de vie (pouvant atteindre 1000 heures). Deux ou trois cycles de 50 heures ont été effectués pour chaque lampe. Les performances radiométriques sont présentées ci-dessous pour 3 lampes du type V08 (#174, 177 et 178). 42 Fig. II.2.3.2.1-4 Test de vieillissement (2 x 50 heures) de la lampe #174. La stabilisation de l’éclairement est illustrée par la mesure à 260 nm (à droite) ou intégrée entre 200 et 400 nm (à gauche). Les deux systèmes de détection (spectromètre et photodiode) ont confirmé l’excellente stabilité de la lampe #174 après 2 séries (A et B) de 50 heures de tests. La discontinuité (~0,2 %) du signal entre les 2 mises sous tension successives a illustré la bonne reproductibilité de l’éclairement de la lampe et la stabilité du montage. En général, une signature périodique de l’ordre de 24 heures est apparue. Elle était due à une climatisation imparfaite du laboratoire et a affecté davantage le spectromètre que la source. La signature spectrale de la stabilisation de l’éclairement d’une lampe est plus marquée dans l’ultraviolet. Ce régime transitoire associé aux courtes longueurs d’onde est illustré pour la lampe #177ci-dessous à gauche. Pour 200 nm, 3 % de variation ont été observés pendant les 25 premières heures. A droite, l’excellente stabilité de l’éclairement (meilleure que 1 %) pendant le 2ème cycle de 50 heures a qualifié la lampe #178 comme modèle de vol. Les variations ont été calculées par rapport au spectre moyen entre 215 et 400 nm. Fig. II.2.3.2.1-5 Surveillance de l’éclairement spectral entre 200 et 400 nm. A gauche, régime transitoire observé dans l’UV pour la lampe #177 (1er cycle, 25 premières heures). A droite, stabilité de la lampe #178 (2ème cycle) pour toutes les longueurs d’ondes. 43 La tension aux bornes d’une lampe était un critère de sélection important. Elle s’est stabilisée généralement après ~20 heures, en phase avec l’éclairement. Les performances moindres de la lampe #174 pour ce critère de tension aux bornes l’ont qualifiée en tant que lampe MV de réserve. On disposait au final de deux lampes modèles de vol (#177 et 178). Après vieillissement, ces lampes ont offert une stabilité et une reproductibilité de l’éclairement spectral égale ou inférieure à 1 %. Des termes de correction liés au vieillissement de l’optique des instruments de mesures du laboratoire (induit par le rayonnement UV des lampes) n’ont pas été pris en compte. Pour 100 heures de test, la dose de rayonnement transmise pendant 4 minutes par heure correspond à un total de 7 heures. Les stabilités radiométriques de 0,3 à 0,5 % observées pour les meilleures lampes ont démontré qu’un vieillissement aurait été difficilement modélisable et il a pu être considéré comme étant négligeable. Les difficultés de régulation de la température du laboratoire apparaissaient prédominantes. II.2.3.2.2 Optique de couplage Les lampes au deutérium éclairent le diffuseur d’entrée du spectromètre UV selon un chemin optique oblique par rapport à l’axe optique. Cette configuration est nécessaire afin de dégager le champ de vue solaire. Pour cause d’encombrement mécanique, un éclairement direct du diffuseur par la lampe n’a pas été possible. Une optique de couplage a dû être utilisée pour le transfert d’éclairement. L’utilisation de fibres optiques présente un risque de perte de transmission sous l’effet du rayonnement UV (solarisation). On a préféré utiliser des miroirs concaves avec un dépôt de surface Al + MgF2 car la dégradation des optiques réflectives (couches minces) est généralement moindre que celle d’optiques réfractives (long chemin optique). Un miroir dévie le faisceau parallèle d’une lampe et génère une convergence partielle vers le diffuseur. Un montage a été réalisé au laboratoire pour faciliter la conception à l’IASB des montures des miroirs (ajustement de la hauteur et de l’inclinaison). Après une série de tests, on a sélectionné des miroirs de 125 mm de distance focale selon la configuration suivante : 44 Fig. II.2.3.2.2 -1 Intégration des lampes au deutérium et des miroirs concaves de renvoi en MgF2 sur la plaque centrale. A droite, la fibre optique connectée à la lampe à cathode creuse est également visible entre les deux miroirs (cf. § II.2.3.4.2). II.2.3.3 Lampe à ruban de tungstène II.2.3.3.1 Sélection de la lampe Les lampes à ruban de tungstène émettent un spectre continu exploitable essentiellement pour les canaux VIS et IR en raison de la température du filament. Leur stabilité peut être meilleure que 0,5 %. Elles sont donc qualifiées pour servir d’étalon interne relatif en éclairement spectral. Quatre lampes ont été intégrées dans le pont de lampe pour la mesure de la dérive des réponses spectrales des voies de mesure VIS et IR de SOLSPEC. Ces lampes ne sont pas des composants commerciaux et elles répondaient à un cahier de charge déterminé, héritage des missions ATLAS (Thuillier et al., 1998a). Leur fabrication a été confiée à un nouveau fournisseur (société Jélosil, Suisse), à la suite de la perte de savoir-faire et de la rupture de production du fournisseur pour ATLAS (société VERELEC, France). Seule la longueur du filament a dû être modifiée. Caractéristiques techniques Leur enveloppe est un tube cylindrique en quartz (General Electric, WQS 214 A4) de 30 mm de long, de 20 mm de diamètre et de 2 mm d’épaisseur. La fenêtre d’émission est en quartz naturel (puropsil, épaisseur 1 mm). Le molybdène a été utilisé comme support du filament (tringles de ∅ 1 mm) et pour le passage sous vide (feuilles de largeur 4 mm, épaisseur 28 µm, longueur 16 mm). Choix du ruban de tungstène Le changement de résistivité (Ω.m) du tungstène entre 2 températures T1 et T0 peut être modélisé comme suit : 45 ρ1 = ρ 0 (1 + α (T1 − T0 )) (II.2.3.3.1-1) Avec α = 0,0045 et ρ0 à 20 °C = 5,4 10 - 8 Ω.m. Pour 2200 K, on a obtenu une résistivité ρ1 égale à 0.000605. Par ailleurs, la résistance (Ω) vaut : R = ρ1 L S (II.2.3.3.1-2) où S et L représentent respectivement la section (mm²) et la longueur (mm) du ruban. La puissance de la lampe est de l’ordre de 4 W pour un courant constant de 2 A. La résistance devait donc être voisine de 1 Ω (critère 1). Par ailleurs, on a fixé une limite de flux de courant (I/S) égale à 500 A/mm² (critère 2). Il était possible de fixer un choix de section S et longueur L tel que ces critères puissent être vérifiés. Après analyse, on a sélectionné un ruban de tungstène de 0,36 mm de largeur et 16 µm d’épaisseur (société Goodfellow W000215, pureté 99,95 %). La longueur du ruban était voisine de 8 mm. Le cycle halogène (bromure, iodure) d’homogénéisation du ruban de tungstène n’a pas été mis en œuvre lors de la production car il aurait été inopérant en apesanteur. Lampes prototypes La qualification spatiale a été assurée par l’IASB. Une série de tests radiométriques (stabilité du flux) et environnementaux (tests en vibrations et sous vide) ont été réalisés dès livraison des lampes prototypes. Un banc d’étalonnage a été assemblé pour le contrôle de l’éclairement spectral entre 200 et 700 nm. L’expérience a montré qu’un vieillissement de 50 à 100 heures était nécessaire pour obtenir une stabilisation de l’éclairement à long terme de l’ordre de 0,5 %. Les résultats ont montré une stabilisation progressive et asymptotique de la tension aux bornes de la lampe ainsi que de l’éclairement spectral. L’amplitude des variations a été plus importante pour les courtes longueurs d’onde. Les tests effectués sur les lampes de SpaceLab avaient révélé à l’époque ce même comportement (Pr. Labs, 1978-1979, lampes du type HANAU). Lors d’une mise sous tension, la stabilité de l’éclairement a été atteinte en 10 minutes. Des tests de durée de vie (mise sous tension jusqu’à rupture du filament) ont donné un résultat (~700 heures en moyenne) compatible avec le programme d’exploitation des lampes. Des cycles de vibrations ont été réalisés. Les niveaux calculés à l’ESTEC pour le modèle de structure de SOLSPEC étaient élevés. Ils étaient de l’ordre de 16 g rms selon les axes X et Y et 30 g rms selon l’axe Z. Ces niveaux ont été appliqués à une lampe à ruban de tungstène fixée sur une monture conçue à l’IASB. Deux unités transportables de contrôle radiométrique ont été assemblées. L’une avait pour fonction la détection d’une variation d’intensité globale de la lampe en rapport avec les paramètres électriques (I,V). La seconde était spécialisée pour la détection de tout déplacement du ruban de tungstène ou de son support sous l’action des vibrations (en rendant la mesure de l’éclairement de la lampe très sensible à l’alignement du filament). Les mesures ont été effectuées avant et 46 après les essais en vibrations et partiellement après chaque axe. Les tests de qualification (durée : 150 s) ont été réalisés avec succès. Aucun déplacement du ruban de tungstène ou de son support n’a été détecté. Ce prototype de lampe a donc été qualifié en vibration du point de vue mécanique et optique. Fig. II.2.3.3.1-1 A gauche, tests de vieillissement d’une lampe à ruban de tungstène. Dépendance spectrale de la stabilisation de l’éclairement. A droite, unité radiométrique associée aux tests en vibrations (contrôle de l’éclairement d’une lampe). Emission d’une lampe à ruban de tungstène sous vide Il était nécessaire de déterminer si l’émission d’une lampe à ruban de tungstène restait constante lorsqu’elle était placée dans un environnement à pression atmosphérique ou sous vide. Cette question était d’une grande importance pour l’exploitation des lampes en orbite. Elle était motivée par l’observation d’une différence notable (~30 °C) de température du bulbe entre ces 2 configurations. Le bulbe est chauffé par conduction et rayonnement. La chaleur correspondante est évacuée par la structure mécanique et par convection si la lampe est placée dans l’air. Il convenait de vérifier si l’interruption de la convection sous vide pouvait influencer la température du ruban de tungstène. Cette question est également d’actualité pour l’instrument Sciamachy (Pagaran et al., 2009). Un banc d’essai a été assemblé. Il a permis de maintenir la lampe à l’air ou sous vide lors d’une mise sous tension. L’éclairement était contrôlé par un radiomètre donnant directement accès à la température du filament (cf. § II.6.3). La description du montage et les résultats sont reportés en Annexe E.1. En conclusion, bien que la variation d’éclairement soit faible lors du passage sous vide, une variation de la température du filament de l’ordre de 4 K a été observée. Elle doit être prise en compte lors de mesures en orbite. 47 Lampes modèle de vol Un banc d’étalonnage a été assemblé pour la sélection des lampes modèle de vol. L’image du filament était focalisée simultanément sur la fente d’entrée d’un spectromètre et injectée dans une fibre vers une photodiode par l’intermédiaire d’un condenseur asphérique et d’une lame séparatrice. L’éclairement spectral de la lampe était donc contrôlé comme suit. - Par une photodiode connectée à la fibre, réalisant une mesure quasi monochromatique de l’éclairement spectral à 546 nm (filtre interférentiel). - Par un spectromètre double mesurant le spectre entre 180 et 700 nm en unités relatives. Les paramètres électriques (I,V) étaient enregistrés toutes les minutes à haute résolution ainsi qu’une série de températures (bulbe de la lampe, température ambiante, spectromètre). Filtre @ 546 nm, FWHM 3.8 nm Fibre optique Photodiode (Si), régulée en température. Condenseur Spectromètre SPEX Lampe à ruban de tungstène Lame séparatrice 50 % Fig. II.2.3.3.1-2 Schéma optique du banc d’étalonnage pour la sélection des lampes modèle de vol. Un compromis a dû être trouvé entre la durée de vie de la lampe et la durée des tests de stabilisation. Pour la sélection des lampes, ce critère a été fixé à 50 heures. Un régime transitoire s’observait systématiquement pendant les premières heures de tests, avec une perte de signal de l’ordre de 2 %. Les 4 lampes modèles de vol ont été sélectionnées. Leur stabilité était meilleure que 1 % pendant les 30 dernières heures de tests. L’augmentation de la tension aux bornes d’une lampe fut systématique, trahissant un début de vieillissement. La valeur typique était de 2 à 15 mV après 50 heures de test. Ci-dessous, exemple de résultats obtenus pour une des lampes modèle de vol, les résultats étant similaires pour les autres lampes. 48 Fig. II.2.3.3.1-3 Surveillance de l’éclairement d’une lampe. A gauche, évolution du spectre en % par rapport au spectre moyen (1 acquisition toutes les 15 minutes). A droite, intégrales UVB, UVA et VIS extraites de la nappe de spectres. Fig. II.2.3.3.1-4 Pour la même lampe : enregistrement simultané de l’éclairement à 546 nm par le second détecteur (photodiode) et surveillance de la tension aux bornes de la lampe. II.2.3.3.2 Optique de couplage Le transfert d’éclairement entre les lampes à ruban de tungstène et les pré-fentes est assuré par une fibre optique (canal VIS) et par une lentille (canal IR). L’encombrement du pont de lampes est à l’origine de ce choix. Idéalement, l’éclairement des pré-fentes par une source étalon (utilisée en unités relatives) devrait emprunter le même chemin optique que le Soleil. Ce schéma optique n’a pu être réalisé compte tenu des délais imposés par l’ESA. Nous avons décidé de maintenir le principe de fonctionnement du pont de lampes ATLAS (éclairement oblique le long du cône définissant le champ de vue solaire) mais en doublant le nombre de lampes et en optimisant le transfert d’éclairement. En effet, l’éclairement des deux seules lampes à ruban de tungstène (version ATLAS) 49 était partagé entre les canaux VIS et IR par un système rudimentaire de lentilles. Désormais, deux lampes individuelles sont disponibles pour chaque canal. Canal VIS Le couplage se compose d’une fibre optique et d’un condenseur optique pour l’injection du signal dans la fibre. De nombreux tests préliminaires ont été réalisés au laboratoire de l’IASB et l’étude finale a été confiée à la société Lambda-X. Une fibre de 37 monobrins (silice/silice) a été retenue (cf. Annexe B.3). Le ruban de tungstène d’une lampe représente une source lumineuse de petite étendue et de forme rectangulaire. L’entrée de fibre est donc de forme analogue (0,75 x 3,25 mm²). L’image du ruban est formée par un condenseur asphérique en silice de synthèse de courte focale (16,36 mm). Les distances optimales entre la lampe, le condenseur et l’entrée de la fibre ont été déterminées expérimentalement à l’IASB. Les résultats ont montré que l’injection de lumière dans la fibre était maximale (extremum très marqué) si ces distances étaient respectivement de 9 et 48 mm. Un compromis a dû être dégagé entre deux contraintes antagonistes. - Concentrer l’image du filament sur l’entrée de fibre pour l’intégrer dans la fente de 0,75 x 3,25 mm. - Limiter l’angle de convergence des faisceaux afin de ne pas dépasser le cône d’acceptance de 25° de la fibre. Fig. II.2.3.3.2-1 A gauche (haut) : montage développé pour l’ajustement des distances relatives entre la fibre et les optiques périphériques (entrée et sortie). A gauche (bas). Couplage obtenu entre une lampe à ruban de tungstène, le condenseur et la férule pour l’entrée de la fibre optique. A droite, férule miniaturisée (du type SMA) intégrée dans un support de conception IASB pour l’éclairement des pré-fentes. 50 Ces résultats ont été exploités pour la conception mécanique (IASB) d’une monture commune (modèle de vol) pour la lampe et le condenseur. La terminaison de fibre est à symétrie circulaire. Une démarche expérimentale a également été appliquée pour optimiser le couplage entre la terminaison de fibre et la pré-fente. La présence d’une optique de focalisation en sortie de fibre ne s’est pas imposée grâce au positionnement de la terminaison à proximité de la pré-fente. La férule miniature (du type connecteur SMA 905) a été intégrée dans un support mécanique de conception IASB. L’éclairement de la préfente est effectué avec une obliquité de l’ordre de 30° par rapport à l’axe optique d’une mesure solaire. Les tests ont montré que la perte de signal était de l’ordre de 10 % par 10° d’inclinaison. Canal IR Pour le canal IR, une lentille plan-convexe fait converger le faisceau vers la pré-fente en éclairement direct. Le critère essentiel était l’optimisation et la stabilité de l’intensité lumineuse sur le dépoli, sans contraintes de netteté et de qualité d’image propres à une imagerie. Un traitement de surface anti-réflexion n’était donc pas nécessaire pour les lentilles. La configuration a été étudiée au laboratoire pour optimiser le montage du modèle de vol. La solution retenue se résume comme suit : - Il est fait usage d’une lentille plan-convexe en Infrasil, diamètre 14 mm, rayon de courbure 13,5 mm, focale de l’ordre de 30 mm. - Le filament de la lampe (surface éclairée ~0,36 x 5 mm²) est situé à 120 mm de la pré-fente. - La lentille est ajustée à une distance de 48 mm du filament et 72 mm de la préfente. Le facteur d’agrandissement est donc égal à 1,5, offrant un recouvrement de la pré-fente IR (0,5 x 7 mm²) par l’image du filament (~0,54 x 7,5 mm²). - Les axes optiques des deux télescopes sont placés obliquement par rapport à l’axe du cône définissant le champ de vue solaire. Fig. II.2.3.3.2-2 Mise en station des lampes à ruban de tungstène pour le canal IR dans l’étage supérieur du pont de lampe. Les 2 axes optiques sont obliques par rapport à l’axe du cône solaire. 51 Le signal enregistré par la voie de mesure IR pour ces lampes à ruban de tungstène reste faible comparé au signal solaire. Il est cependant suffisant pour la mesure de la stabilité de ce canal. II.2.3.4 Lampe à cathode creuse II.2.3.4.1 Sélection de la lampe La lampe à cathode creuse (HCL : Hollow Cathode Lamp) est une lampe à décharge dont le spectre est riche en raies spectrales UV-VIS. Elles offrent une référence interne d’échelle de longueur d’onde et un contrôle de la résolution spectrale. La lampe a été produite par le LATMOS. Les missions ATLAS d’une durée d’environ une semaine utilisaient une lampe HCL contenant de l’hélium, très diffusant. Pour une mission de longue durée à bord d’ISS, la fiabilité de la lampe a dû être renforcée. L’hélium a été remplacé par l’argon dont le confinement dans la lampe présente une remarquable longévité. Le programme de qualification spatiale de cette nouvelle source a été réalisé à l’IASB. Caractéristiques techniques La cathode de la lampe HCL (∅ 40 mm, longueur : 70 mm, fenêtre en Suprasil 300 (Heraeus) est une cavité usinée dans du laiton. L’anode (en molybdène) est en position latérale. La pression de l’argon contenu dans l’enceinte est de 15 mb. La lampe est alimentée sous un courant continu de 5 mA. La décharge d’amorçage est de 300 Volts. L’émission lumineuse résulte d’une relaxation d’un état excité des atomes d’argon et des éléments de la cathode (Cu et Zn). L’intensité de l’ensemble des raies spectrales est covariante car les atomes Cu et Zn intervenant dans l’émission ont été extrait de la cathode sous l’impact des ions Ar+. L’abondance de ces atomes est donc totalement dépendante de la pression du gaz. L’éclairement de la lampe se stabilise en moins de 15 minutes. Sa durée de vie est de plusieurs centaines d’heures. En mode nominal, le plasma reste confiné dans la cathode dont la géométrie permet de limiter l’angle d’émission de la lumière. La mise hors service d’une la lampe peut être induite par une perte de pression (fuite du gaz) ou des dépôts métalliques modifiant la conduction (Kerber et al., 2006, Paresce et al., 1971). La tension aux bornes des électrodes offre un critère idéal pour analyser son vieillissement. Identification des raies Le spectre de l’argon présente une distribution de raies moins uniforme que celle de l’hélium. Il est plus dense et les raies sont moins intenses. 52 Fig. II.2.3.4.1-1 De gauche à droite, structure interne de la lampe HCL et le spectre obtenu après remplissage d’argon (mesure à l’aide du spectromètre de laboratoire Bentham DTM300). Pour l’identification des raies Cu, Zn et Ar les plus utiles, le spectre a été enregistré et analysé à basse résolution (~0,8 nm). Pour résoudre les fréquentes superpositions de raies et en observer les intensités relatives, le spectre a également été observé à très haute résolution à l’aide d’un spectromètre à transformée de Fourier (FTIR Brucker, IFS 120M). Les raies de première et seconde ionisation Cu I, Cu II, Zn I, Zn II (+ Ar et Ar II) ont été identifiées partant de la base de données du NIST (National Institute of Standards and Technology, USA). Quelques raies du Plomb (Pb I) ont également été identifiées. Ce contaminant provient de la chaîne de verre où le plomb est utilisé pour l’adhérence des sections soudées. On a obtenu une base de données d’une centaine de raies entre 202 et 970 nm. Ce répertoire a servi à la définition des raies retenues pour le logiciel de vol (cf. § II.2.3.4.3). Le spectre est intéressant dans l’UVA et le VIS avec une répartition de raies utilisables pour SOLSPEC entre 500 et 850 nm. Dans l’UVB et l’UVC, les raies sont abondantes. Qualification spatiale Bien que la lampe HCL ne soit pas un étalon radiométrique (fonction dévolue aux lampes à ruban de tungstène et au deutérium), le maintien de l’intensité des raies était souhaité. L’éclairement spectral d’une lampe a été testé sous vide afin de reproduire les conditions d’utilisation en environnement spatial. L’enceinte était équipée d’une fenêtre en quartz permettant d’enregistrer le spectre émergent. Un échantillon de 7 raies intenses, représentatives des éléments présents (Ar, Cu, Zn) a été sélectionné. Les paramètres électriques (I,V) ont également été enregistrés. La lampe a été régulièrement mise sous tension pendant plusieurs mois. Les résultats ont montré une dérive d’intensité de 38 % pendant les 6 mois de tests. Elle a pu être corrélée à une fuite de gaz mais en affectant l’ensemble des éléments atomiques présents. La lampe modèle de vol de 53 SOLSPEC a présenté des performances supérieures (cf. § III.1.2.3) à cette lampe de test. SOLSPEC - Lampe HCL Ar Test de veillissement sous vide Signal (Amp) Cu (249.22 nm) Ar (248.89 nm) 10-9 Cu (324.32 + 324.75 nm) Ar (294.29 nm) Ar (297.91 nm) 10-10 Cu (244.16 + 244.44 nm) Ar (244.37 + 244.77 nm) 10-11 Cu (222.57 + 222.78 + 223.01 nm) 10-12 220 240 260 Zn (307.21 + 307.59 nm) Cu (307.38 nm) Ar (307.74 + 307.81 nm) 280 300 Longueur d'onde (nm) 320 340 Signal intégré (unité relative) Solspec ISS - HCL Ar Test de vieillissement sous vide 10-8 Cu (222.57 + 222.78 + 223.01 nm) Cu (244.16 + 244.44 nm) + Ar (244.37 + 244.77 nm) Cu (249.22 nm) + Ar (248.89 nm) Ar (294.29 nm) Ar (297.91 nm) Zn (307.21 + 307.59 nm) + Cu (307.38 nm) + Ar (307.74 + 307.81 nm) Cu (324.32 + 324.75 nm) 10-8 10-9 -50 0 50 100 150 200 Jour julien (2002) Fig. II.2.3.4.1-2 Résultats de tests de vieillissement de la lampe HCL Ar placée sous vide pendant 6 mois. L’éclairement d’un échantillon de 7 raies a été analysé au cours de mises sous tension successives. Les tests en vibrations d’une lampe et de sa monture ont été réalisés à Orsay (France) à des niveaux en vibrations identiques à ceux des lampes à ruban de tungstène. Une unité radiométrique a été utilisée pour le contrôle de l’éclairement de la lampe pendant les tests. Celle-ci utilisait un mini spectrographe régulé à 20° C. Le transport de lumiè re a été optimisé à l’aide de composants prototypes du pont de lampe (condenseur et fibre) et d’un miroir de renvoi. Des butées mécaniques permettaient de placer la monture de la lampe dans une position parfaitement reproductible. L’éclairement d’un échantillon de 11 raies (entre 332 et 469 nm) a été analysé. Fig. II.2.3.4.1-3 Unité radiométrique assemblée pour le contrôle de l’éclairement de la lampe après les tests en bruit blanc selon chaque axe. A droite, montage de la lampe HCL sur le pot vibrant. 54 Les résultats ont démontré qu’une lampe HCL du type SA résistait aux niveaux de vibrations imposés pour la mission SOLAR sur ISS. Pendant les tests, la variation d’intensité des raies est restée limitée à 1,3 %. II.2.3.4.2 Optique de couplage Le transfert d’éclairement de la lampe HCL entre les deux pré-fentes UV et VIS utilise le même concept que pour les lampes à ruban de tungstène VIS. Un condenseur identique et une fibre silice/silice de 37 brins ont été utilisés. La fibre a été traitée par dopage à la fluorine pour une meilleure résistance aux UV. L’étude opto-mécanique a été confiée à la société Lambda-X, complétée par de nombreux travaux de laboratoire à l’IASB. Les résultats ont montré que le condenseur devait être placé à 4 mm de la lampe et à 38 mm de la fibre. Les travaux de laboratoire ont conforté les simulations de Lambda-X. La monture est un système monobloc pour les supports des trois composants : lampe, condenseur et entrée de fibre. Le plasma de la lampe HCL est une source volumique à symétrie circulaire. L’entrée de fibre multibrins est à symétrie circulaire (∅ ~1,75 mm). Elle exploite au maximum la capacité d’un connecteur SMA. L’arrangement des brins est aléatoire pour la séparation de la fibre en ‘Y’ entre les deux sorties circulaires UV (19 brins) et VIS (18 brins). Par une démarche expérimentale (IASB) similaire à celle utilisée pour l’étude des lampes à ruban de tungstène, on a optimisé le couplage entre la terminaison de fibre et la pré-fente. Pour une distance inférieure ou égale à 4 mm, on a observé que le couplage fibre – pré-fente sans objectif de focalisation était plus efficace malgré la divergence du faisceau de 25°. Fig. II.2.3.4.2-1 Intégration finale de la lampe à cathode creuse dans le pont de lampe. La monture est une structure unique pour la lampe, le condenseur et la fibre optique. L’épanouissement de la fibre en deux branches est visible après le connecteur SMA. II.2.3.4.3 Sélection des raies spectrales Les raies devaient être sélectionnées pour le ‘mode cathode creuse’ du logiciel de vol qui dispose de 16 plages spectrales programmables. C’était une étape répondant aux exigences suivantes : 55 - Sélectionner les raies les plus intenses, bien isolées et bien distribuées dans le domaine spectral en veillant à enregistrer les 3 éléments Cu, Zn et Ar. La ligne de base de la raie devait être observable en début et fin de chaque plage. - Echantillonnage : disposer de 10 points de mesures environ par largeur de raie à mi-hauteur (FWHM). L’une des raies devait être échantillonnée beaucoup plus finement (contrôle de la résolution spectrale). - Favoriser la mesure simultanée de raies UV et VIS pour chaque plage programmable. - Répartir équitablement les plages entre les canaux UV et VIS. Couvrir la plus large plage spectrale possible. - Retenir une raie située dans la zone de recouvrement UV-VIS et donc observable simultanément par les deux canaux. - Optimiser le rapport signal à bruit en augmentant le temps d’intégration. Néanmoins, la durée totale de la mesure ne devait pas dépasser 1 heure. Après sélection, l’incrément moteur ‘p‘ a été fixé à 10 et 4 respectivement pour les canaux UV et VIS, ce qui a garanti environ 10 points par FWHM. Le filtre VIS a été fixé sur la position VIS1. Le filtre UV est en position ‘off’. Notons que la présence d’un ordre 2 de diffraction ne posait pas problème. Les plages R0 à R15 du mode cathode creuse ont été partagées entre 6 plages UV et 10 VIS. Les mesures simultanées sont nombreuses : 6 raies VIS sont observables pendant les mesures UV tandis que 4 raies UV sont observables pendant les mesures VIS. Au total, on a obtenu la mesure de 26 raies. Deux raies étaient observables dans la plage de recouvrement UV-VIS. L’une des deux a été sélectionnée. Le temps d’intégration a été fixé à 2.4 secondes et le spectre a été enregistré en moins d’une heure. Les raies retenues concernent les trois éléments Cu, Ar et Zn. La raie intense Ar I à 763,51 nm a été utilisée pour le contrôle de la résolution spectrale VIS. Signal HCL - Canal UV Signal HCL - Canal VIS 500 350 300 250 200 Cu I 249.22 150 Ar I 307.12 307.59 Ar II 294.29 Cu I 244.16 -1 400 35000 Zn I 213.86 Cu I 222.57 222.78 223.01 Cu I 327.40 Cu I 324.75 Cu I 282.44 100 Signal VIS (cps.s ) -1 Signal UV (cps.s ) 450 Ar I Ar I 727.29 738.40 Ar I Ar I 714.70 763.51 Ar I Ar I 706.72 772.38 Ar I 772.42 675.28 30000 25000 20000 Cu I 427.51 15000 10000 Cu I 324.75 5000 50 Ar II 454.51 Ar I 667.73 Ar I 800.62 801.48 Ar II 476.46 0 0 200 220 240 260 280 300 320 Longueur d'onde (nm) 300 400 500 600 700 800 900 Longueur d'onde (nm) Fig. II.2.3.4.3-1 Signal HCL argon mesuré par les canaux UV-VIS de SOLSPEC. Les raies sélectionnées pour le mode cathode creuse sont indiquées. 56 En raison de leur densité, les raies ne sont pas toujours bien isolées. La sélection des raies est résumée par la Figure ci-dessus montrant le spectre ArCu-Zn tel qu’enregistré par l’instrument SOLSPEC. Nous présentons quelques profils de fonction d’instrument mesurés par la lampe HCL. La Figure ci-dessous montre en rouge la plage spectrale observée et en bleu, le spectre complet de la lampe. Plage R1 (UV-VIS) Plage R5 (UV) Plage R7 (UV-VIS) Plage R13 (VIS) Fig. II.2.3.4.3-2 Profils détaillés de quelques raies HCL mesurées par les canaux UV-VIS de SOLSPEC. II.2.4 Electronique La stabilité et le haut niveau de performances radiométriques attendu pour l’instrument SOLSPEC dépendent également de la fiabilité de l’électronique. Cela concerne tant le positionnement motorisé de composants mécaniques (pièces mobiles) que la réponse des détecteurs. Un temps de stabilisation est nécessaire avant d’utiliser l’instrument pour un étalonnage ou une mesure solaire. La dissipation de chaleur engendrée par l’électronique joue un rôle actif dans le bilan thermique. Elle peut être contrôlée (thermostats et résistances chauffantes) ou non (dissipation par les modules électroniques). Le gradient thermique est toujours positif lors d’une mise sous tension sauf pour les 57 refroidisseurs Peltier. L’élévation de température du cœur de l’instrument est de l’ordre de 2 à 3 °C pendant une mesure solaire (~20 minutes). II.2.4.1 Composants internes Sept cartes électroniques interviennent dans le fonctionnement de SOLSPEC. La carte du moteur principal de la vis micrométrique est en position latérale le long de la vis. Les autres cartes insérées dans des boîtiers sont : - la carte CPU contenant le processeur 386, - la carte de traitement du signal IR, - la carte CAD (convertisseurs) contenant également l’électronique du PSD, - la carte des ‘entrée/sortie’ et des compteurs, - les deux cartes housekeeping HK1 et HK2, gérant les commandes du moteur, le refroidissement Peltier du détecteur visible, les télémesures et la linéarisation des thermistances, … Le câblage des lignes de zéro volt est rassemblé en un point de masse unique sur une petite carte additionnelle. Les autres composants électroniques sont les alimentations haute tension des détecteurs, l’alimentation combinée pour les trois types de lampes internes (société ATERMES, France), les thermostats et résistances chauffantes et les détecteurs. Un actuateur et six moteurs actionnent les roues à filtres, la vis micrométrique, les obturateurs et l’atténuateur UV. La conception de l’électronique doit assurer un découplage électromagnétique pour éviter les interférences entre les composants internes (telles que des boucles de masses). II.2.4.2 Electronique IR La voie de mesure IR est équipée d’un détecteur au sulfure de plomb (PbS) et d’une détection synchrone. L’ensemble de la chaîne électronique de détection a été renouvelée à l’IASB suite aux insuffisances observées pour l’instrument de première génération. C’est une des phases principales du programme de remise à niveau de SOLSPEC. Le développement de cette nouvelle électronique est résumé en Annexe C.3. Dans l’infrarouge, les photons incidents sont de faible énergie. La composante dominante du bruit provient de l’électronique (cf. calculs d’incertitude, § II.7 et Figure II.7.4.2-4). La technique de détection synchrone s’est imposée afin d’améliorer le rapport signal à bruit. Analyse comparative Par rapport à l’ancienne électronique de détection infrarouge, on peut relever les différences essentielles suivantes : - Une voie de mesure supplémentaire est disponible (IR3). - La conversion est effectuée sur 16 bits au lieu de 10. - L’échantillonneur est placé en entrée du double spectromètre IR plutôt qu’en sortie. 58 - La carte de traitement IR gère mieux la phase et la fréquence du signal de référence en exploitant pleinement le signal de mesure disponible en sortie de l’échantillonneur. Précédemment, un PLL (boucle à verrouillage de phase) restituait la fréquence de modulation au lieu d’une lecture directe. - La concordance de phase entre le signal IR et l’onde de référence est mieux ajustée qu’auparavant. Elle est centrée sur les maxima d’intensité des alternances positives et négatives. Il est nécessaire d’ajuster la gamme dynamique de réponse de la détection au signal solaire afin d’éviter toute saturation. De nombreuses contributions personnelles ont donc étayé le développement de l’électronique. Les actions couplées entre optique et électronique consistaient en : - Des travaux de réglage de l’amplitude de l’échantillonneur en fonction de l’ouverture numérique du spectromètre. Une mesure a complété les calculs. Un montage optique et une observation stroboscopique ont permis de valider l’intégration de l’échantillonneur (en position et amplitude) à l’arrière de la fente d’entrée. - La réalisation d’un banc d’étalonnage simulant l’intensité d’un signal solaire éclairant le détecteur. On a utilisé une source lumineuse dont l’intensité était ajustée sur la base de calculs radiométriques. Ces montages ont été primordiaux pour les tests du préamplificateur, pour le réglage de certains potentiomètres et pour vérifier l’absence de saturation du canal IR1. II.2.5 Logiciel de vol Le nouveau logiciel a été développé à l’IASB. Il est adapté à la nouvelle électronique et offre deux types d’acquisition pour la détection UV-VIS. Le comptage de photons pour un temps d’intégration déterminé est complété par un mode ‘à coups constant’. Le temps d’intégration devient variable et permet de mieux contrôler le rapport signal à bruit dès l’acquisition. Dans ce cas, les impulsions à la sortie des détecteurs sont accumulées jusqu’au franchissement d’un seuil prédéfini. II.2.5.1 Modes d’acquisition Le logiciel de vol prévoit 7 modes d’acquisition pour SOLSPEC. Un mode ‘manuel’ (M7) autorise le contrôle direct (en temps réel) de l’instrument. Les autres modes concernent des acquisitions automatiques : mesures solaires ou de sources étalons (M1, M5), de lampes internes (M2, M3) ou spécifiques à une caractérisation radiométrique (M4, M6). Les modes sont activés par une commande simple (ex. : 0x01 pour le mode M1). Ils sont préprogrammés et associés à un tableau de 256 paramètres caractérisant entièrement l’instrument pour l’acquisition de spectres (contrôle des moteurs et détecteurs). Les valeurs optimales des paramètres ont pu être 59 assignées au sol suite au travail de caractérisation (cf. § II.3.5). Cette configuration a permis de réaliser des mesures nominales exploitant au mieux et en automatique les performances de l’instrument SOLSPEC. Des mesures spécialisées sont possibles. Elles sont activées par des commandes particulières (jusqu’à 100 mots hexadécimaux) modifiant temporairement le tableau de paramètres lors de la mise sous tension de SOLSPEC. Ces commandes confèrent au logiciel une réelle puissance et une grande souplesse d’utilisation. Elles ont permis par exemple de poursuivre la caractérisation radiométrique en orbite (lumière diffuse, linéarité, réponse angulaire, …) ou de favoriser le rapport signal à bruit ou l’échantillonnage de certains fragments du spectre. Pour une acquisition nominale, le principe consiste à parcourir une plage d’incréments moteur entre 0 et 27080 par pas de 40. Un échantillon de 60 mesures de courant d’obscurité est collecté avant et après la mesure du spectre. L’acquisition est divisée en 16 plages connexes dans le code du programme contrôlant le passage des filtres et l’échantillonnage. La durée acquisition d’un spectre solaire est compatible avec la période de pointage (~20 minutes) autorisée par la CPD. Description des modes Modes M1 Nom Description Mode solaire Temps d’intégration UV-VIS : 0.6 s. Pointage solaire. Initialisation de la mesure synchronisée par la CPD (‘start sun tracking’). Optique d’entrée : quartz Q1 par défaut. M2 Lampes internes (D1, D2, W1 → W4) Signal des lampes internes. Acquisition similaire à M1 (même paramètres) mais indépendante de la CPD. Préchauffage des lampes : 15 minutes. M3 Cathode creuse Plages présélectionnées pour limiter le spectre autour des raies Ar, Cu et Zn les plus significatives. Temps d’intégration UV-VIS : 2.4 s. M4 Criss-cross Mode dédié à la mesure de réponse angulaire (basculement synchrone de la CPD). Incrément moteur fixe, modifiable. M5 Sélection d’une zone Mode équivalent à M1 mais limité à une plage spectrale au lieu de 16. M6 Courant d’obscurité Mesure à l’incrément moteur zéro ou en balayage avec l’obturateur principal fermé. M7 Commande directe Activation en temps réel des différents soussystèmes de SOLSPEC. Tableau II.6.2.1-1 Modes d’acquisition mis en œuvre par le nouveau logiciel de vol. La procédure de remise à zéro (RAZ) est un algorithme qui permet de définir l’origine de l’échelle des incréments moteurs de manière très reproductible. La procédure doit être activée lors de chaque mise sous tension du fait de l’absence de codeur optique absolu (cf. Annexe C.1). 60 II.3 Intégration et tests de fonctionnalité II.3.1 Alignement optique des spectromètres II.3.1.1 Introduction Les trois doubles monochromateurs constituent le cœur de l’instrument SOLSPEC. Leur conception optique, définie au LATMOS pour la première mission SpaceLab (fin 1983) est restée inchangée. L’héritage est également complet pour l’assemblage (IASB) des éléments mécaniques à l’exception des supports de réseaux (voir ci-dessous). Par contre, l’héritage ne pouvait être conservé pour la procédure d’alignement. En effet, les difficultés rencontrées par l’équipe SOLSPEC pour l’alignement des instruments de première génération (SOLSPEC et SOSP) ont conduit par exemple, à élargir les fentes de sorties (et donc dégrader la résolution) afin d’assurer l’émergence de la lumière pour l’ensemble de la plage spectrale. Un effort majeur a été investi dans ce domaine pour l’instrument SOLAR SOLSPEC. Les réseaux ont été renouvelés. Un alignement optique optimum a été réalisé pour les trois spectromètres, en particulier pour le canal IR dont la résolution spectrale devait être améliorée. La procédure d’alignement est abordée au § II.3.1.3 et développée en Annexe D.1. II.3.1.2 Collage des réseaux Les nouveaux supports de réseaux (conception IASB) et leur mécanisme d’alignement ont été présentés au § II.1.2.2. Les réseaux sont collés sur ces supports. Le débattement angulaire de ce système est limité à quelques degrés. Il était donc nécessaire de coller les réseaux de manière telle que le préalignement des traits fut compatible avec ce débattement. Pour cela, Il fallait au préalable déterminer précisément l’orientation des traits. Le problème a été résolu par un montage de laboratoire simulant un spectromètre (à partir d’une lampe au mercure, une fente et un réseau). Le réseau a été placé dans un berceau autorisant une rotation selon 2 axes. La fente était au centre de courbure du réseau. On a observé les ordres successifs de diffraction. L’idée consistait à former le spectre perpendiculairement à la direction conventionnelle. En effet, les raies se superposent lorsque les traits du réseau sont placés à angle droit par rapport à la fente (voir ci-dessous). Ce critère d’alignement a atteint une précision suffisante (de l’ordre de 1°). 61 Spectre conventionnel : Traits parallèles à la fente Spectre ‘à angle droit’ : Traits perpendiculaires à la fente Ordre 0 Ordres : -1 0 1 Ordre 1 Fig. II.3.1.2-1 Montage utilisé pour localiser l’orientation des trais des réseaux. A droite, formation du spectre pour des traits perpendiculaires à la fente. Les réseaux et le repère indiquant l’orientation des traits ont été livrés à la société OIP (Belgique) pour le collage. L’intersection commune entre les sommets des réseaux et l’axe de rotation du cylindre alésé (supportant les 6 réseaux) a également été contrôlée. II.3.1.3 Alignement d’un double monochromateur Les alignements optiques des spectromètres devaient être réalisés avant leur intégration dans l’instrument. En effet, ils constituent le cœur de l’instrument et l’optique interne est inaccessible lorsque les boîtiers électroniques, le pont de lampes, les détecteurs, les roues à filtres et le harnais sont assemblés autour d’eux. L’alignement optique consistait à assurer la synchronisation des deux réseaux. Pour une position angulaire donnée de ces réseaux, la longueur d’onde diffractée à l’ordre 1 du faisceau émergent par la fente intermédiaire devait également émerger par la fente de sortie. L’alignement de chaque double monochromateur SOLSPEC (configuration de dispersion additive) a été réalisé dans l’ordre suivant : - Réglage en translation du cylindre alésé pour ajuster les réseaux face aux fentes d’entrées. - Alignement des traits du 1er réseau : les traits devaient être parallèles à l’axe du cylindre alésé et à la fente d’entrée. - Réglage de la distance entre le sommet du 1er réseau et la fente d’entrée. L’objectif était d’obtenir une image nette de la fente d’entrée dans le plan de la fente intermédiaire. - Alignement des traits du 2ème réseau. Le spectre devait défiler en sortie du double monochromateur sans variations dans le sens de la hauteur de fente. 62 - Réglage de la distance entre le sommet du 2ème réseau et la fente de sortie. Une raie émergente devait être nette dans le plan de la fente de sortie. Les sources lumineuses externes utilisées pour l’alignement étaient quasi monochromatiques (lasers He-Ne et He-Cd, lampes spectrales) ou à spectre continu (source au deutérium, lampes au tungstène 1000 W). Les alignements ont été réalisés de façon itérative. Certaines procédures ont été spécifiques au canal étudié (cf. Annexe D.1), comme par exemple, un alignement pour une plage spectrale hors du domaine visible (canal UV), … L’astigmatisme des réseaux a été pris en compte (présence de deux plans focaux). On a sélectionné le plan tangentiel assurant la netteté des bords latéraux d’une raie. II.3.2 Optiques d’entrée La définition des optiques d’entrée est le fruit de travaux de recherches menés au bénéfice de la 1ère génération de l’instrument SOLSPEC (années 1980). Celles-ci consistent en un empilement de lames (quartz dépolis, …) devant la fente d’entrée. Ces diffuseurs contribuent à la limitation du champ de vue et à l’homogénéisation du faisceau incident. Un diffuseur constitue la première surface active pour chaque canal. Sous l’action d’un faisceau incident, il agit comme source lumineuse secondaire. En tant que source diffuse, il couvre l’ouverture numérique des spectromètres et éclaire entièrement les réseaux. Il contribue aussi à rendre SOLSPEC insensible à un léger dépointage solaire et à vérifier la loi en 1/r². Il contribue à rendre une mesure SOLSPEC indépendante de l’assombrissement centre à bord du Soleil en neutralisant la résolution angulaire. La présence d’une pré-fente procure une 1ère délimitation du champ de vue qui reste principalement défini par le délimiteur de champ du cône solaire. L‘héritage SpaceLab - ATLAS a été préservé mais la plupart des lamelles (fentes, pré-fentes, diffuseurs) ont été renouvelées. Les terminaisons de fibres sont présentes à proximité des pré-fentes pour la version SOLAR SOLSPEC (cf. § II.2.3.3.2 et II.2.3.4.2). Les empilements spécifiques sont décrits ci-dessous. Les lames ont été insérées au fond d’un système de barillet contenant la fente d’entrée. Seule la fente IR a été modifiée (changement de résolution). La présence de deux lames pour un canal (excepté pour l’IR) contribue à définir un diffuseur volumique. Les pré-fentes sont en inox, les fentes ont été taillées au laser dans des lamelles métalliques noires mat et les pupilles sont brillantes. Les distances entre fentes et pré-fentes sont respectivement de 3,15, 2,05 et 1,05 mm pour les canaux UV, VIS et IR. Les dépolis (Heraeus) sont en Suprasil 311 pour l’UV-VIS ou en Infrasil 301 pour l’IR. 63 Canaux UV-VIS Pré-fente UV 2 x 2.5 mm² Férule de la fibre HCL Pupille UV (∅ 4 mm) Pré-fente VIS 2 x 2.5 mm² Férules des fibres HCL, W1 et W2 Pupille VIS (∅ 4 mm) Fig. II.3.2-1 A gauche, empilement des éléments pour les optiques d’entrée UV ou VIS. A droite, vue en projection. Positions des terminaisons de fibres. Schémas (UV-VIS et IR) : W. Decuyper. Canal IR Fig. II.3.2-2 Optique d’entrée pour le canal IR. II.3.3 Système de filtres II.3.3.1 Introduction SOLSPEC est équipé d’un système de filtres situés sur les roues porteobturateurs du pont de lampes et sur les roues à filtres (ou actuateur) insérées entre les fentes de sortie des spectromètres et les détecteurs. Les filtres du pont de lampe sont des lames de quartz assurant la protection des optiques d’entrées contre les rayonnements EUV. Cette protection 64 est nécessaire pour le maintien de la réponse photométrique des spectromètres devant assurer une mission de plusieurs années. Les filtres de sortie de chaque spectromètre assurent la réjection des ordres supérieurs de diffraction et l’atténuation du signal si nécessaire (par exemple, pour limiter les effets de non-linéarité des détecteurs UV et VIS). II.3.3.2 Roues porte-obturateurs Description et fonctionnalités Deux roues motorisées sont partagées entre les trois spectromètres, l’une d’elles étant commune aux canaux VIS et IR. Pour chaque canal, 4 positions sont disponibles : ouverte (O) – obturation (F) – quartz 1 (Q1) – quartz 2 (Q2). La sélection d’une position est assurée par un système de haute fiabilité. Il utilise des interrupteurs à lames souples (ILS) activés par des aimants solidaires de la partie mobile des roues. Les lames de quartz sont en Suprasil 311 et Infrasil 301 (Hereaus, RFA), respectivement pour les canaux UV-VIS et IR. Leur diamètre est de 25 mm et l’épaisseur de 1 mm. La sélection des positions individuelles (O-F-Q1-Q2) est synchronisée pour les canaux VIS et IR puisqu’elles sont associées à une roue commune. Caractérisation radiométrique Les lames Q1 et Q2 sont redondantes. La position Q1 est sélectionnée pour les mesures solaires nominales tandis que l’autre lame reste peu exposée au rayonnement solaire. Fig. II.3.3.2-1 Mesures des transmissions des lames Q1 et Q2 pour les trois canaux. Les sources lumineuses utilisées sont les lampes au deutérium EF 159, FEL 545 & 546 et le corps noir. Une mesure régulière de leur transmission (ratio Q1/O et Q2/O) est prévue en orbite. Elle est effectuée à l’aide du signal solaire utilisé comme 65 source lumineuse stable. Son intensité est alors exprimée en unités relatives. Cette mesure est nécessaire pour caractériser entièrement la perte de réponse d’un canal SOLSPEC car le signal des lampes internes ne peut être utilisé à cette fin (cf. § II.2.3). Notons que les étalonnages radiométriques absolus ont été réalisés au sol avec la position Q1 (cf. § II.6). La transmission initiale des lames (Q1, Q2) a été mesurée à l’aide de sources lumineuses externes pour les trois canaux. II.3.3.3 Roues à filtres II.3.3.3.1 Introduction L’ajustement des longueurs d’onde pour l’activation de chaque filtre et la recherche du facteur d’atténuation nominal constituaient une partie importante de la remise à niveau de l’instrument. La méthode suivante a été utilisée pour chaque spectromètre : 1. Détermination des longueurs d’onde de coupure pour éviter les superpositions de contributions d’ordre 2 ou supérieures. 2. Mesure (provisoire) de la réponse du spectromètre à l’aide d’une lampe étalonnée en éclairement spectral. 3. Simulation du signal engendré lors de l’observation du Soleil. Le rapport entre le spectre ATLAS et l’éclairement des lampes étalons a été calculé à cette fin. 4. Détermination des atténuations pour que le signal ne dépasse pas une valeur seuil tenant compte de la nature du détecteur. Les roues à filtres contribuent à la complexité de la mécanique interne de SOLSPEC (trois des sept moteurs SOLSPEC sont consacrés au positionnement des filtres). Les détecteurs ne sont pas connectés directement aux fentes de sortie puisque les roues à filtres sont insérées entre ces composants. D’importantes précautions ont dû être prises lors de l’intégration et des tests au sol pour éviter que les détecteurs ne reçoivent de la lumière directe. Les taux de lumière diffuse auxquels sont exposés les détecteurs ont été étudiés (cf. § II.5.4). La contribution des filtres est intégrée dans la réponse photométrique de chaque spectromètre (cf. § II.6). Contrairement aux lames de quartz, les filtres ne doivent donc pas être précisément caractérisés en transmission spectrale. II.3.3.3.2 Canal UV Un actuateur à deux positions est utilisé. Son activation permet de placer une lame dépolie en Suprasil devant le détecteur. Sa transmission (indicative) a été mesurée et oscille entre 5 et 15 %. Elle contribue à homogénéiser le signal sur la photocathode du détecteur UV. Cette configuration est restée inchangée par rapport à la version SOLSPEC SpaceLab. Les contraintes de temps imposées pour la livraison du modèle de vol n’ont pas permis de modifier les mécanismes. Il est démontré ci-dessous que cette configuration à 2 positions est 66 suffisante pour le fonctionnement nominal canal UV. Il n’y a pas de filtre de réjection d’ordre mais la conséquence de cette absence a été quantifiée. Activation de la lame dépolie Il était recommandé de ne pas dépasser 105 coups par seconde (cps/s) lors d’une mesure solaire pour limiter les effets de non-linéarité du détecteur. La méthode décrite précédemment a été appliquée pour déterminer la plage spectrale d’activation de la lame dépolie. Après intégration des éléments du modèle de vol du canal UV (y compris l’empilement des optiques devant la fente d’entrée), les lampes au deutérium et à filament de tungstène 1000 W étalonnées au NIST (EF165 et F545) ont été utilisées. Fig. II.3.3.3.2-1 A gauche, actuateur UV à deux positions pour l’insertion d’un quartz dépoli (Suprasil) devant le détecteur. A droite, simulation du signal solaire (étalonnages EF165 et F545). On observe qu’un signal solaire peut déjà atteindre 104 cps/s dès 200 nm. Aucune extinction ne survient avant la fin de la plage spectrale mesurable par le canal UV (371 nm). Le signal est supérieur à 105 cps/s entre 217 et 320 nm. Le filtre UV doit être actif sur cette plage. L’atténuation induite permet de limiter le signal maximum sous le seuil fixé (105 cps/s) sans filtre neutre additionnel. Une exception prévaut pour la plage comprise entre 289 et 297 nm, zone de réponse maximale où ce seuil est localement dépassé. Une alternative a été étudiée. Elle consistait à ne pas activer le filtre UV avant 263 nm car le signal solaire se maintient entre 105 et 2 105 cps/s entre 217 et 263 nm (sauf localement vers 245 nm). Cependant, le gain en terme de rapport signal à bruit aurait pu être contrebalancé avec une correction de nonlinéarité plus importante (~22 % à 2 105 cps/s, cf. § II.5.3.2). La décision a été prise de disposer des deux courbes de réponse absolues entre 217 et 263 nm, avec et sans activation du filtre UV (cf. § II.6.4). 67 Analyse de l’ordre 2 Lors des étalonnages à la pression atmosphérique, il est impossible d’observer une contribution de l’ordre 2 du fait de l’absorption par l’oxygène moléculaire vers 185 nm. Aucun terme de correction ne devait donc être pris en considération lors de la détermination de la courbe de réponse (cf. § II.6.4). En revanche, le problème se pose dès 310 nm (2 x λcoupure du Suprasil) pour toute mesure effectuée sous vide. L’impact de l’ordre 2 a été déduit de comparaisons de mesures air - vide avec une lampe au deutérium. Les résultats montrent que le taux maximum (pour un signal incident de 104 cps/s à l’ordre 1) est voisin de 12 cps/s, générés vers 165 nm. A partir de ce résultat, il a été possible de caractériser l’ordre 2 d’une mesure solaire (ci-dessous à droite). On constate que la contamination par l’ordre 2 reste négligeable. Elle est inférieure à 0,027, 0,15 et 0,4 % respectivement à 350, 360 et 370 nm. Fig. II.3.3.3.2-2 A gauche, estimation de l’intensité à l’ordre 2 pour un signal de 104 cps/s à l’ordre 1. A droite, comparaison entre les intensités des ordres 1 et 2 lors d’une mesure solaire. Avec une lame de quartz dépolie unique (composant optique stable et résistant), les critères d’atténuation du signal et de réjection de l’ordre 2 ont donc été satisfaits pour les mesures solaires. II.3.3.3.3 Canal VIS Le canal VIS dispose d’une roue à filtres à quatre positions, notées VIS1 à VIS4. Les mécanismes sont inchangés par rapport à la version SOLSPEC SpaceLab. La sélection d’une position est également assurée par un système d’ILS (Interrupteurs à lames souples). 68 Fig. II.3.3.3.3-1 Roue à filtres VIS à 4 positions. On distingue la position ouverte du filtre VIS1 ainsi que les interrupteurs ILS. Compte tenu de l’extrême sensibilité du détecteur VIS et du flux intense de photons, une atténuation du signal à 105 cps/s pour une mesure solaire a été nécessaire pour la majeure partie de la plage spectrale centrale du canal VIS. Simulation du signal solaire La méthode d’analyse décrite précédemment a été appliquée. La simulation du signal solaire a été réalisée avec un étalon secondaire en éclairement spectral (source au tungstène du type FEL de puissance 1000 W). Pour les plages spectrales (285-536 et 793-908 nm), la simulation a été effectuée sans filtre. Ainsi, le rapport signal à bruit a pu être amélioré pour les plages de faible réponse de l’instrument (vers 300 et 900 nm). Pour la plage 793908 nm, un filtre passe-haut externe (Schott GG550) a été utilisé pour couper l’ordre 2. Un terme de correction lié à sa transmission (0,905) a été pris en compte dans la simulation. Fig. II.3.3.3.3-2 Simulation du signal solaire pour un canal VIS sans filtre neutre. Source étalon : F545. Spectre de référence : ATLAS 3. A droite, plage 285-536 nm en échelle linéaire. Une atténuation sur plusieurs décades est nécessaire dès 300 nm. 69 On observe une augmentation de signal couvrant 6 décades entre 285 et 430 nm. Le plateau à partir de 450 nm est précédé d’une relative stabilisation entre 365 et 410 nm. La simulation en dessous de 285 nm n’a pas été accessible, le signal des sources étalons utilisées étant trop faible. Pour la plage spectrale centrale (de 450 à 750 nm), la stratégie était différente. Les simulations ont été réalisées avec la roue à filtres maintenue dans l’ancienne configuration de SOLSPEC ATLAS pour ne pas être perturbées par l’ordre 2 ni surexposer le détecteur. Après analyse, une conversion de densité optique a été calculée pour s’adapter à la nouvelle sensibilité du canal VIS (configuration SOLAR SOLSPEC) et les filtres neutres ont ensuite été remplacés. Le résultat est illustré ci-dessous à droite. Cette simulation du signal solaire après intégration des nouveaux filtres montre la limitation du signal obtenue autour du seuil de 105 cps/s entre 450 à 750 nm. Fig. II.3.3.3.3-3 A gauche, signal F545 après intégration des filtres neutres pour la mission SOLAR (positions VIS3 et VIS4). A droite, simulation du signal solaire pour ces mêmes plages. La limitation du signal à ~1 105 cps/s a été obtenue. Définition des filtres VIS La détermination des combinaisons de filtres neutres et de réjection d’ordre a pu être finalisée grâce à ces simulations. Les résultats sont résumés cidessous. La discussion détaillée est reportée en Annexe D.2. 70 Filtre VIS1 La position VIS1 est maintenue ouverte (OD = 0,0) jusqu’à 302 nm où le seuil de 105 cps/s est atteint. Il n’y a pas de contamination d’ordre 2 car 302 nm représente environ deux fois la longueur d’onde de coupure du quartz. Filtre VIS2 La plage spectrale VIS2 s’étend jusqu’à 410 nm. Un filtre neutre (OD = 2,2) limite le signal entre 365 et 410 nm au seuil fixé. Aucun filtre de réjection d’ordre n’est intégré car le détecteur est équipé d’une fenêtre Corning 7056 dont la longueur d’onde de coupure est voisine de 210 nm. Filtre VIS3 La plage spectrale VIS3 s’étend de 410 à 685 nm. Un filtre neutre de densité optique 2,7 limite le signal du plateau 450 - 550 nm à 105 cps/s. Le filtre de réjection d’ordre est centré (50 % de transmission) sur 374 nm. Sa longueur d’onde de coupure est certifiée vers 345 nm. Elle garantit l’absence d’ordre deux jusqu’à ~ 690 nm. Filtre VIS4 Un filtre atténuateur de densité optique égale à 1,7 est nécessaire. Le filtre additionnel de réjection d’ordre est centré sur 511 nm. Sa coupure certifiée vers 465 nm garantit l’absence d’ordre deux pour l’intégralité de la plage VIS4. Configuration idéale d’un système de filtres Pour les positions VIS2 et VIS4, la densité optique constante des atténuateurs a engendré une réduction inappropriée mais inévitable du signal pour les plages spectrales inférieures à 365 nm (VIS2) et supérieures à 728 nm (VIS4). Fig. II.3.3.3.3-4 Modélisation de densités optiques variables pour les filtres VIS2 et VIS4. Le signal solaire aurait été maintenu à 105 cps/s entre 302 - 365 nm et 728 - 834 nm. Pour y remédier, une densité optique variable a été modélisée en fonction de la longueur d’onde. Pour une mesure solaire, ces profils de densité (ci71 dessus) seraient parvenus à maintenir le signal à 105 cps/s pour des plages spectrales plus étendues qu’une mesure avec filtre neutre, englobant les nouvelles zones 302 - 365 nm et 728 - 834 nm. Une étude spécifique pour fabriquer ces filtres spéciaux VIS2 et VIS4 a été réalisée en collaboration avec la société REOSC (France). La phase industrielle de développement et la qualification spatiale requise n’ont pu aboutir compte tenu des contraintes imposées par les délais de livraison de SOLSPEC. En conséquence, les filtres de densités optiques constantes ont été maintenus pour les positions VIS2 et VIS4. Précautions contre les résonnances entre faces parallèles Lors de l’empilement de telles combinaisons de filtres, une résonance peut survenir entre deux surfaces parallèles, réfléchissantes et très proches l’une de l’autre (cavité de Fabry-Pérot accidentelle). Des difficultés sont survenues pendant l’intégration de l’instrument SOLSPEC et ont été corrigées (voir Annexe D.2). II.3.3.3.4 Canal IR Le canal IR dispose d’une roue à filtres à trois positions (F-IR1, F-IR2 et F-IR3), héritage de la version SOLSPEC SpaceLab. Fig. II.3.3.3.4-1 Roue à filtres IR à trois positions. Simulation du signal solaire Il était possible d’étendre considérablement le recouvrement spectral entre les plages des canaux VIS et IR car pour le nouveau détecteur PbS de SOLAR SOLSPEC, l’extinction de la réponse a été observée à 540 nm lors des tests d’intégration. Il a été demandé de garantir une mesure non contaminée par l’ordre deux jusqu’à 3 µm. Après la mise en service de la nouvelle électronique, une simulation du signal solaire a été effectuée pendant l’intégration à l’aide d’une lampe du type FEL (1000 W). Elle a montré qu’il n’y avait aucun risque de saturation du gain le moins sensible (voie de mesure IR1) pour la nouvelle résolution spectrale (voisine de 8 nm en moyenne). Aucun filtre atténuateur n’a 72 donc dû être utilisé. La fonction de la roue à filtre IR est limitée à la réjection de l’ordre deux. Définition des filtres IR La discussion détaillée est reportée en Annexe D.2. Les résultats sont les suivants. Filtre F-IR1 Cette position de filtre a été équipée d’un filtre passe-haut (50 % de transmission à 511 nm) éliminant le rayonnement UV-VIS indésirable et compatible avec la coupure du détecteur PbS (540 nm). L’ordre deux a été bloqué jusqu’à 930 nm. La plage F-IR1 a été limitée à 902 nm. Filtre F-IR2 La plage d’activation est définie entre 902 et 1690 nm. On a sélectionné un filtre passe-haut centré à 895 nm. Sa longueur d’onde de coupure (855 nm) a éliminé l’ordre 2 jusqu’à 1710 nm. Filtre F-IR3 On a sélectionné un filtre passe-haut centré à 1639 nm. Sa longueur d’onde de coupure (1510 nm) a garanti l’absence d’ordre 2 jusqu’à 3 µm. Pendant l’intégration, il est apparu (en fonction du débattement angulaire des réseaux et de la position de la butée de fin de course du chariot) que la limite de l’échelle de longueur d’onde du canal IR était de 3,277 µm. Bien que le spectromètre et le détecteur PbS soient fonctionnels jusqu’à cette limite, le signal solaire en orbite n’est plus réellement détectable au-delà de 3,2 µm environ. Au sol, la limite de détection du signal du corps noir était voisine de 3,1 µm. La plage spectrale extrême (3,088 – 3,277 µm) n’était donc pas étalonnable, contaminée de plus par l’ordre deux, bien que celui-ci ne se manifestait clairement qu’à partir de 3,23 µm comme le montre la Figure de la page suivante : 73 Fig. II.3.3.3.4-2 Mesure solaire en orbite (ISS, 16 novembre 2009). Signal (volts digitaux, courant d’obscurité soustrait) de la voie de mesure IR3. Présence de l’ordre 2 à partir de 3,23 µm. Conclusions Pour le canal IR, les critères de réjection de l’ordre deux ont été assurés pour une mesure solaire jusqu’à 3,088 µm coïncidant avec la limite spectrale de détection du signal corps noir. II.3.4 Contribution au logiciel de vol Une contribution a été fournie pour le logiciel de vol. L’objectif a consisté à garantir des performances optimisées en orbite pour l’ensemble des acquisitions nominales (lampes et mesures solaires) associées aux 7 modes (cf. § II.2.5.1). L’optimisation des valeurs par défaut du tableau de paramètres fut d’une importance primordiale pour atteindre les objectifs scientifiques de la mission SOLAR SOLSPEC. Ce travail a été réalisé pendant l’intégration et la caractérisation radiométrique de SOLSPEC. Les groupes de paramètres concernant les modes solaires et les étalonnages par les lampes internes (M1 et M2) sont décrits en Annexe C.2. D’autres paramètres plus techniques, associés aux modes M4 à M7 (criss-cross, courant d’obscurité, …) ont également été ajustés. 74 II.4 Tests environnementaux Après l’intégration des éléments internes, des tests ont été réalisés pour la qualification spatiale de SOLSPEC. Il a fallu démontrer que l’expérience fonctionnait sous vide, dans une large plage de température (-15 à 30 °C) et pouvait maintenir son intégrité malgré les vibrations transmises lors de la mise en orbite. SOLSPEC ne devait pas être susceptible à des niveaux bien définis de perturbations électromagnétiques et ne devait pas perturber son environnement direct. Peu de mesures optiques ont été associées à ces phases plus techniques de qualification de l’instrument. Elles sont résumées ci-dessous ou reportées en annexe. II.4.1 Tests en vibrations SOLSPEC a été testé en vibrations selon un spectre composite appliqué le long des 3 axes 1x, 1y et 1z pour des accélérations généralement supérieures à 15 g. On distingue le niveau de qualification et le niveau d’acceptance. Ils diffèrent d’un facteur 2 en intensité (3 dB). Après les tests, l’inspection de l’instrument et une analyse des fréquences propres ont permis de juger la robustesse de la mécanique interne. Les mesures radiométriques utilisant les lampes internes, effectuées avant et après chaque axe ont complété l’analyse aux plans optique et électronique (fonctionnement nominal). La stabilité des lampes a été vérifiée conjointement. Les tests pour SOLSPEC ont été concluants. Aucune dégradation n’a été observée. SOLAR SOLSPEC a été qualifié en vibrations. Les résultats sont repris en Annexe D.3 pour les trois types de lampes. II.4.2 Tests CEM et de vide thermique L’instrument SOLAR SOLSPEC a satisfait à ces tests. Un résumé est repris en Annexe D3. 75 II.5 Caractérisation radiométrique II.5.1 Etalonnage du PSD L’étalonnage angulaire du PSD (Position Sensitive Device) a permis d’obtenir par une démarche expérimentale la correspondance entre la coordonnée angulaire (θ,ϕ) d’une source lumineuse et la position (x,y) du photocentre de son image focalisée sur le détecteur. Ces positions ont été calculées comme suit. I −I I −I y = ky. 1 3 x = kx. 2 4 (II.5.1 -1) I1 + I 3 I2 + I4 où (I1, I2, I3 et I4) sont les quatre photocourants du détecteur et Kx et Ky sont des facteurs d’échelle et de conversion d’unité. Les coordonnées angulaires sont relatives et sont déterminées par rapport à l’axe optique du module PSD. Cet axe a été défini comme la normale au plan de référence de la monture mécanique (cf. Figure II.2.1.1-1). La détermination de la relation (θ,ϕ) → (x,y) prend en compte tous les facteurs de distorsion. Ils comprennent : - les non-linéarités spatiales du détecteur (effet de barillet, …), - les aberrations résiduelles de l’optique, - une erreur d’intégration des lentilles (biais angulaire entre l’axe optique du triplet de Cook et l’axe de symétrie cylindrique du module), - un déplacement latéral engendré par le filtre (lames parallèles), - les biais du détecteur On peut définir un biais angulaire pour le détecteur si son axe (normale à la surface du silicium) est gauche par rapport à l’axe optique du module, et un biais en translation si le centre du détecteur est décalé par rapport à cet axe optique. La relation obtenue (θ,ϕ) → (x,y) est faiblement non-linéaire grâce aux distorsions très limitées du PSD et de l’optique. En théorie, le PSD modèle S2044 a une détectabilité d’un déplacement minimum de 0,6 µm (dans la zone centrale). L’erreur absolue de positionnement est de l’ordre de 40 µm (au centre) pour les coordonnées (x,y). Etalonnage angulaire du module PSD modèle de vol L’étalonnage a été réalisé face au Soleil sur la plateforme d’observation de l’IASB. Un montage (cf. § II.2.1.2.2) a permis d’échantillonner un dépointage du module PSD. La technique d’étalonnage consistait à déterminer la correspondance (x,y) = F(θ,ϕ). Elle a été effectuée à deux résolutions différentes (précision d’une minute d’arc). - Champ de vue total : grille de -6° à 6° par incré ment de 2°. - Champ de vue central : grille de -3° à 3° par inc rément de 1 ° 76 Un étalonnage complet aurait consisté en une détermination précise de la fonction F(θ,ϕ) par interpolation linéaire sur les points expérimentaux (figure quadrangulaire) suivi d’un processus d’inversion, la fonction F-1 permettant dan s ce cas de retrouver la position angulaire du Soleil. (θ , ϕ ) = F −1 ( x , y ) (II.5.1.2-1) En pratique, un coefficient d’étalonnage linéaire a suffi et est actuellement appliqué lors des mesures en orbite. Il est exprimé en minute d’arc par mm. Exemple de matrice d’étalonnage du PSD obtenue pour un échantillonnage de 6° à +6° et de -3° à +3°. Elle confirme le bon régl age en rotation du détecteur lors de son intégration (cf. § II.2.1.2.2) car les axes de dépointage utilisés correspondaient au report des axes de la CPD (XCPD, YCPD) sur la structure métallique du module PSD. Fig. II.5.1.2-1 Matrice d’étalonnage du module PSD. Positions observées de l’image du Soleil selon un dépointage allant de -6° à +6° par pas de 2°, et de -3° à +3° par pas de 1. Le dépointage manuel était référencé par rapport au pointeur solaire automatique de l’IASB (modèle INTRA, BRUSA, Suisse) dont la stabilité (~5 minutes d’arc) a contribué à l’incertitude de l’étalonnage. Une mesure complémentaire d’étalonnage a été réalisée au laboratoire après intégration du module PSD. Un faisceau laser étalé (He-Ne 543,5 nm) a été utilisé (car le filtre BG18 est toujours transparent à cette longueur d’onde). Deux grilles d’étalonnage de -4,5° à +4,5° par pas de 1.5° et de -2,5° à 2,5° par pas de 0,5° ont été mesurées. Pour le laser (ou pou r une autre source lumineuse du type FEL), le signal peu intense n’a pu être exploité pour obtenir un étalonnage de précision. Néanmoins, une information partielle a pu être collectée pour la détermination de paramètres internes tels qu’un désalignement résiduel du module PSD consécutif à son intégration dans SOLSPEC (cf. § III.1.1). 77 Pour l’approximation linéaire, le coefficient de conversion utilisé est de 221 minutes d’arc par mm. Le rapport signal à bruit permet une détection d’un déplacement angulaire de l’ordre de la minute d’arc. II.5.2 Etalonnage en longueur d’onde L’étalonnage en longueur d’onde doit permettre de déterminer la longueur d’onde du faisceau émergent d’un monochromateur en utilisant la motorisation de la vis micrométrique. La chaîne mécanique associe le moteur aux réseaux par l’intermédiaire de la vis, des chariots, du levier et du cylindre support de réseaux (cf. § II.1.1). L’étalonnage a été établi par la connaissance de la forme analytique de la loi de dispersion, puis renforcé par une démarche expérimentale. II.5.2.1 Loi de dispersion Loi fondamentale Les réseaux SOLSPEC fonctionnent par réflexion et sont concaves. Ils sont constitués d’une série de traits imprimés sur leur surface par un procédé holographique agissant comme des sources lumineuses secondaires. Les traits engendrent une périodicité dans la diffraction du faisceau. Le pas du réseau d est défini comme étant la distance de séparation de deux traits. Définissons en général deux rayons l1 et l2 d’une onde plane monochromatique éclairant un réseau plan selon un angle d’incidence α. D1 et D2 sont les rayons diffractés sous un angle β. Faisceau diffracté D2 D1 I2 β α d Faisceau incident I1 β α Réseau plan Fig. II.5.2.2-1 Schéma de principe pour le fonctionnement d’un réseau de diffraction. En rouge : différence de chemin optique entre les rayons 1 et 2. Une interférence constructive est observée dans la direction angulaire β lorsque la différence de chemin optique correspond à un multiple de la longueur 78 d’onde λ du faisceau. On en déduit l’équation fondamentale de diffraction, relation (pour un ordre n donné) entre α, β et la longueur d’onde. sin α + sin β = n λ avec n = …-2, -1, 0, 1, 2, … d (II.5.2.1-1) Pour un monochromateur SOLSPEC, le faisceau incident divergeant est diffracté et focalisé par le réseau concave dans le plan d’une fente de sortie. Un angle constant de déviation égal à β - α est ainsi défini. Il est sous-tendu par les milieux des fentes et par le sommet du réseau. Les angles (α,β) sont définis par rapport à la normale au réseau en son sommet. La rotation du réseau fait défiler le spectre à hauteur de la fente de sortie. Une mesure spectrale n’est donc pas instantanée. L’étalonnage en longueur d’onde d’un canal SOLSPEC a consisté à établir la relation λ(α) à l’ordre 1 entre la position angulaire du réseau et la longueur d’onde émergente. Plus communément, il a fallu établir la relation existant entre l’incrément p et l’angle α pour obtenir la loi de dispersion λ(p). Loi de dispersion spécifique à l’instrument SOLSPEC Pour un double monochromateur dont l’alignement optique a été optimisé, une longueur d’onde émerge de manière synchrone par la fente intermédiaire et la fente de sortie. La forme analytique de la loi de dispersion a été développée sous forme d’une composition de fonctions. λ ( p ) = (h o g o f )( p ) (II.5.2.1-2) La variable L décrit la position (en mm) du chariot le long de la vis micrométrique selon les conventions suivantes : (2) (2) (1) (3) (2) (1) (3) L= 0 L<0 Levier perpendiculaire à la vis Levier orienté vers le bas Fig. II.5.2.1-3 (1) (3) L>0 Levier orienté vers le haut Face latérale des spectromètres SOLSPEC. Conventions de signe pour la variable L associée au déplacement linéaire du chariot. Levier (1), vis micrométrique (2) et chariot (3). Fonction L = f(p) La fonction f reliant les variables L et p est linéaire. On a obtenu : 79 L = f ( p) = ( p − p0 ) k (II.5.2.1-3) Avec : p0 = incrément moteur amenant le levier perpendiculairement à la vis (L = 0 en p0). La valeur du paramètre p0 a été déduite expérimentalement. k = nombre d’incréments moteur pour une translation de 1 mm du chariot. Le moteur couplé au réducteur réalise 1584 pas (48 x 33) pour un tour de vis correspondant à une translation de 3 mm : k = 528 pas.mm-1. Fonction α = g(L) La fonction g relie la variable L à l’angle α définit ci-dessus. Cette fonction est gouvernée par le couplage mécanique entre la vis micrométrique et le cylindre support de réseaux (par l’intermédiaire du levier). L r α = g ( L) = arcsin( ) + ∆r (II.5.2.1-4) Avec : r = longueur du levier (101,5 mm). r Le terme ∆r décrit le décalage angulaire permanent entre l’axe de symétrie du système levier - cylindre et le plan tangent des premiers réseaux UV, VIS et IR en leur sommet. Lorsque le levier est perpendiculaire à la vis micrométrique, les premiers réseaux ne sont pas perpendiculaires aux axes optiques des spectromètres SOLSPEC. Ce décalage ∆r vaut 12 degrés pour les canaux UV et IR et 5 degrés pour le canal VIS. Face latérale de SOLSPEC Chariot Levier VIS : ∆r = 5° Levier UV-IR : ∆r = 12° Axe de symétrie du levier Décalage angulaire : ∆r Fig. II.5.2.1-4 Angle γ Vis micrométrique A gauche, décalage angulaire ∆r entre l’axe de symétrie du levier et les premiers réseaux UV, VIS et IR. A droite, relation sinusoïdale entre la rotation du système levier - cylindre alésé et la position du chariot. 80 L’équation (II.5.2.1-4) dérive du mécanisme de ‘compensation du sinus’. En effet, le déplacement du chariot varie comme le sinus de l’angle de la rotation du système levier - cylindre et donc : L = r sin γ avec γ = α − ∆r (II.5.2.1-5) Fonction λ = h(α) La fonction h relie la variable α à la longueur d’onde λ et correspond à la loi fondamentale de dispersion d’un réseau. A l’ordre 1, on utilise : sin α + sin β = ηλ (II.5.2.1-6) Le paramètre η correspond au nombre de traits du réseau par unité de longueur : 3600 mm-1, 1281 mm-1 et 353,83 mm-1 respectivement pour les canaux UV, VIS et IR. Sachant que l’angle de déviation β-α est constant, cette équation devient : λ = h(α ) = (1 + cos ρ ) η sin α + sin ρ η cosα (II.5.2.1-7) Avec : ρ = β - α. Pour SOLSPEC, cet angle vaut respectivement 38° 42 ‘, 38° 41’ 30″ et 19° 37’ 26 ″ pour les canaux UV, VIS et IR. Fonction composée hogof La combinaison des équations (II.5.2.1-3) et (II.5.2.1-4) donne : ( g o f )( p) = α ( L( p)) = arcsin( p − p0 ) + ∆r kr (II.5.2.1-8) Par ailleurs, l’équation (II.5.2.1-7) peut également s’écrire : 1 λ = (sin α + sin(α + ρ )) = η 2 cos ρ 2 sin(α + ρ ) η 2 (II.5.2.1-9) En combinant ces 2 équations, on obtient une fonction sinus à 4 paramètres : λ ( p ) = a sin( b + arcsin( cp + d )) (II.5.2.1-10) Cette équation représente la forme analytique exacte de la relation λ(p). Les 4 paramètres (a,b,c,d) de l’équation sont eux-mêmes reliés aux 6 paramètres optomécaniques fondamentaux (k, r, p0, η, ρ, ∆r) décrivant le fonctionnement d’un spectromètre SOLSPEC : 81 ρ 2 cos( ) ρ 2 a≡ + ∆r , b≡ η 2 , c≡ 1 kr et d ≡− p0 kr (II.5.2.1-11) Avec (a,λ) en nanomètre, b en radian, c en pas-1 et d en unité relative. La nature de la non-linéarité des lois de dispersion a été établie. Elle correspond à un segment de la fonction sinus situé sur le premier quart de période. En effet, en considérant les valeurs (a0,b0,c0,d0) déduites des plans SOLSPEC ou de mesures (pour p0), on obtient pour la fonction normalisée λ(p)/a0 : SOLSPEC UV-VIS-IR Fontion λ(p) normalisée par a0 Localisation précise des segments de la fonction sinus SOLSPEC UV-VIS-IR Fontion λ(p) normalisée par a0 Segment du sinus : sin(b0+arcsin(c0p+d0)) = λ(p)/a0 Localisation des segments pour les spectromètres UV, VIS et IR de la fonction sinus 0.0 π/2 -1.0 π 3π/2 2π λ(p)/a0 UV : (0.2940 → 0.7487) λ(p)/a0 VIS : (0.1586 → 0.6275) 0.9 0.8 sin(x) λ(p)/a0 UV+VIS+IR 0.5 -0.5 1.0 0.6 0.5 0.4 Absc. UV : (0.2985 → 0.8462) 0.3 Domaine de définition : (b0+arcsin(c0p+d0)) 0.2 pour : p = 0 → 27100 spectromètres UV, VIS et IR 0.1 Absc. VIS : (0.1593 → 0.6783) Absc. IR : (0.1096 → 0.6007) 0.0 Abscisse X (radian) Sinus(X) λ(p)/a0 IR : (0.1094 → 0.5652) 0.7 Sinus (X) Sinus(x) 1.0 Sinus(X) Segment UV Segment VIS Segment IR 0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0 Abscisse X (radian) Fig. II.5.2.1-5 A gauche, localisation du domaine de définition de la loi de dispersion normalisée sin(b0+arcsin(c0p+d0)) = λ(p)/a0 pour les spectromètres SOLSPEC. A droite, localisation précise des segments de la fonction sinus pour les trois canaux. Une analyse des plages de fonctionnement a également démontré que la non-linéarité de la fonction λ(p) n’était pas la même pour les trois spectromètres SOLSPEC (ci-dessus à droite). Elle est plus prononcée pour le spectromètre UV par rapport aux spectromètres VIS et IR puisque la fonction sin(x) est proche de x au voisinage de 0. Dispersion angulaire La dérivée de la fonction α(p) (cf. II.5.2.1-8) fournit l’expression de la dispersion angulaire : dα c = (II.5.2.1-11) dp 1 − (c. p + d ) 2 On a obtenu une expression indépendante des paramètres spécifiques à chaque monochromateur (concentrés dans les paramètres a et b) puisque les réseaux sont solidaires d’un support mécanique unique (le cylindre alésé). Les deux paramètres (c,d) ne concernent que le moteur, la vis et le levier. 82 Loi de dispersion sous vide Lors du passage sous vide, les fréquences des ondes lumineuses sont inchangées mais les longueurs d’ondes changent. Pour une position angulaire donnée du réseau, la différence de chemin optique produisant les interférences constructives reste la même sous vide. Seules les fréquences associées aux longueurs d’onde kλ sont modifiées. Ainsi, le sommet d’une raie spectrale de fréquence υ observée en (p0, λ0) au sol est déplacé en (p1, λ1) sous vide. Ces 2 couples de points vérifient la loi de dispersion λ(p) (II.5.2.1-10) gouvernée par des paramètres (a,b,c,d) inchangés. On vérifie cependant que λ0/λ1 = 1/n où n est l’indice de réfraction de l’air (Ciddor, 1996), et λ1 = c/ν, où c est vitesse de la lumière. II.5.2.2 Démarche expérimentale L’étalonnage a dû être complété par une démarche expérimentale exploitant des mesures de raies spectrales. Un étalonnage de haute précision ne pouvait pas reposer sur les seules valeurs théoriques des paramètres (a0,b0,c0,d0) qui, de plus, pouvaient légèrement différer de la réalité suite aux procédures d’intégration et d’alignement des composants optiques et mécaniques de SOLSPEC. La démarche a consisté en une régression non-linéaire de la loi théorique pour des points expérimentaux {pi,λi} afin de déduire les valeurs optimisées des paramètres (a1,b1,c1,d1). Un catalogue d’environ 200 raies UV-VIS émises par les éléments Hg, Zn, Cd, He, Ar et Cu (lampes spectrales externes) a été enregistré. Dans l’infrarouge, les ordres successifs des lasers He-Ne à 543,5 nm, 594,1 nm, 612,0 nm, 632,8 nm et 1523 nm ont été exploités. Définition d’un critère de centrage d’une PSF La mesure d’une raie spectrale est le produit de convolution entre la raie d’émission d’un élément et la fonction de fente (cf. § II.5.6). Pour une largeur naturelle très petite par rapport à la résolution spectrale d’un monochromateur, cette mesure est assimilable à la détermination de la fonction de fente, nommée PSF (Point Spread Function). Ce terme sera utilisé par la suite pour désigner la mesure d’un profil d’une raie d’émission. Certaines PSF assignées à une raie d’émission λi présentent une asymétrie. Un critère d’attribution d’un incrément moteur pi a été défini. Le sommet décentré de la PSF ne constitue plus un choix objectif. Il a été remplacé par le concept de la médiane où l’abscisse pi attribuée à ‘λi‘ divise l’intégrale du profil de cette PSF en deux parts égales. Cette opération correspond à une équipartition de l’énergie de la raie. Pour affiner l’analyse de l’asymétrie, un vecteur d’incréments moteur médians a été calculé pour chaque PSF. Il était associé aux valeurs de la médiane obtenues pour un profil de PSF progressivement tronqué de bas en haut, de 0 à 100 % de sa hauteur. Un exemple d’analyse pour la raie He I à 447,15 nm est reproduit ci-dessous. 83 Fig. II.5.2.2-1 Détermination d’un incrément moteur pi associé à une raie λi. Exemple pour la raie He I à 447,15 nm. Méthode de la médiane pour une PSF asymétrique. A gauche, profil de la PSF. A droite, incrément moteur médian du profil de la PSF progressivement tronqué de bas en haut. IR 1000 +++ ++ + + ++ + ++ + + ++ + +++ VIS +++++ + + + ++ ++++++++ + + + + + + + + +++++ + + + ++ ++++++ +++++ UV+ ++ + +++++ + + + + ++++ + ++++ ++ +++++ + + + + + ++++++ ++ + + +++ 100 Longueur d'onde (nm) Les valeurs stables de pi obtenues pour une troncature limitée à 30 % de la hauteur ont démontré la bonne symétrie du pied de la PSF. Après l’analyse des PSF les plus significatives du catalogue, on a obtenu la couverture suivante pour les plages spectrales des trois spectromètres. 0 5000 10000 15000 20000 25000 Incrément moteur Fig. II.5.2.2-2 Répartition des raies spectrales enregistrées pendant la caractérisation des canaux UV, VIS et IR. Une régression non-linéaire (méthode de Levenberg-Marquardt) a été effectuée (Marquardt, 1963) pour les trois canaux en s’appuyant sur ces points expérimentaux {pi,λi}. Un exemple d’application pour le canal UV est présenté en Annexe E.3. Les valeurs obtenues pour les paramètres (a1,b1,c1,d1) sont résumées ci-dessous. L’incertitude des échelles de longueurs d’onde est analysée au paragraphe II.7. 84 Paramètre a1 (nm) b1 (radian) c1 (pas-1) d1 (sans unité) Tableau II.5.2.2-1 Canal UV Canal VIS 2 Canal IR 3 3 5,13114616 10 1,54866052 10 5,62902763 10 0,55294950 0,47730333 0,37721509 -5 -5 -5 1,89045715 10 1,73787408 10 1,84769911 10 -0,25981720 -0,32182967 -0.25905565 Paramètres (a1,b1,c1,d1) obtenus pour les 3 canaux. Discussion L’étalonnage en début et fin de plage spectrale est d’une grande importance pour les trois canaux et les plages de recouvrement UV-VIS et VISIR. Seul le canal VIS a présenté un déficit de raies en début de plage spectrale. Pour le canal UV entre 155 à 185 nm, l’absence de raies spectrales enregistrées sous vide peut présenter un inconvénient. Cependant, une étude (réalisée pour le canal IR) a démontré qu’entre l’échelle de longueurs d’onde réelles en début ou fin de plage spectrale et l’extrapolation obtenue par la loi dispersion (II.5.2.110), la divergence reste naturellement faible compte tenu des capacités prédictives de cette loi. L’extrapolation obtenue pour la plage UV est donc acceptable. Les échelles de longueurs d’onde peuvent être affinées lors de mesures solaires en orbite. La méthode consiste à comparer la position enregistrée des raies de Fraunhofer par rapport à un spectre solaire de référence (Kurucz et Bell, 1995). Un logiciel développé à l’IASB permet d’ajuster les échelles par de très fines translations et distensions (méthode de correction ‘shift & stretch’) de manière à faire coïncider les raies observées avec leur position dans le spectre de référence. Tous les termes d’erreur résiduels sont alors corrigés simultanément. Cette procédure doit être appliquée systématiquement. Ce travail constituera la suite immédiate de la thèse. L’objectif est d’amener le résidu de l’étalonnage en longueur d’onde à une valeur minimale de 0,01 ou 0,02 nm. Cohérence de la dispersion angulaire. La régression non-linéaire devrait maintenir la cohérence d’une dispersion angulaire identique pour les 3 canaux, c’est-à-dire des valeurs identiques de paramètres (c,d). Cependant, les meilleures déterminations des lois de dispersion sont obtenues en ajustant les valeurs des 4 paramètres (a,b,c,d) lors de la régression. Dans ce cas, les valeurs (c1,d1) ne sont plus identiques pour les 3 canaux. Puisque la fonction principale de ce protocole d’étalonnage est de fournir une échelle de longueurs d’onde de haute précision pour les mesures solaires, nous avons jugé préférable de réaliser la régression à partir des 4 paramètres, au détriment de la cohérence de la dispersion angulaire. 85 II.5.3 Détermination des non-linéarités des détecteurs II.5.3.1 Introduction Une chaîne de détection linéaire vérifie une proportionnalité entre l’éclairement incident et sa conversion en signaux électroniques. Dans le cas contraire, un terme de correction relatif Clin(S,λ) doit être appliqué. Il représente le rapport entre le signal linéaire souhaité et le signal non-linéaire réel du système. Cette fonction peut dépendre de la longueur d’onde λ et de l’intensité S du signal. Pour SOLSPEC, elle a été déterminée lors de la caractérisation radiométrique de l’instrument. Sa connaissance a été essentielle pour exploiter les mesures en orbite étant donnée la différence d’éclairement entre le Soleil et les étalons en éclairement spectral utilisé au sol. La stratégie générale d’une mesure consiste à disposer d’un rapport signal à bruit élevé (cf. § II.3.3) tout en évitant les signaux trop intenses afin de minimiser les corrections liées aux non-linéarités et les risques de saturation. Un compromis doit donc être trouvé. II.5.3.2 Linéarité des canaux UV-VIS Les canaux UV-VIS sont équipés de tubes photomultiplicateurs fonctionnant en mode de comptage de photons. Leur électronique de proximité (discriminateurs) a été conservée (héritage SOLSPEC SpaceLab). Les composants sont scellés et aucun réglage n’est possible. II.5.3.2.1 Non-linéarité en comptage de photons La correction de la non-linéarité Clin(S,λ) est associée au temps mort τ de l’électronique (délai minimum pour pourvoir discerner 2 impulsions). Le mode d’acquisition par comptage de photons est bien adapté aux faibles signaux. Cependant, la probabilité de sous-estimer le nombre réel d’impulsions par effet de chevauchement augmente avec l’intensité du signal. L’effet de non-linéarité s’étend théoriquement sur toute la gamme dynamique (dès la première impulsion). Il est très marqué pour les signaux intenses. Au-delà du taux de saturation (nombre d’impulsions par seconde N > 1/τ), le signal finit par diminuer pour une intensité croissante de l’éclairement incident et n’est plus interprétable. Pour un temps d’intégration ∆t >> τ, définissons le nombre moyen d’impulsions mesuré N’ et le nombre moyen d’impulsions réellement générées N. Les taux moyens (en impulsions par seconde) associés à N et N’ sont désignés par S et S’. La statistique de comptage est gouvernée par la distribution de Poisson. On démontre (Castelletto et al., 2005) que le déficit N – N’ est égal à N’Sτ. Dès lors : 86 N '= N S et donc, S ' = 1 + Sτ 1 + Sτ (II.5.3.2.1-1) Ce déficit de comptage propre au circuit électronique ne peut pas dépendre de la longueur d’onde. La fonction Clin(S,λ) est donc égale à : Clin ( S ' ) = S 1 = = 1 + Sτ S ' 1 − S 'τ (II.5.3.2.1-2) La détermination de la non-linéarité a fait appel à des mesures de laboratoire. L’expérience a consisté à réduire graduellement l’intensité d’une source lumineuse incidente dans des proportions connues. On a analysé les conséquences pour le signal du détecteur étudié. Définissons par S’1, S’2, S’3, … S’n, les signaux atténués par un facteur de transmission δ’1, δ’2, δ’3, … δ’n, et S’0, le signal non atténué (sans filtre). Si les signaux S’i restent confinés en début de gamme dynamique du système de détection où les effets de non-linéarité sont négligeables, alors leurs valeurs normalisées S’i /δ’i peuvent simuler en 1ère approximation le signal de référence S0 d’un détecteur linéaire. Selon l’équation (II.5.3.2.1-2) et pour chaque filtre disponible, il est possible de déduire le temps mort τ à partir de la pente des fonctions linéaires fi ainsi définies : S i' S0 S i' y = f i (x) avec y = ' ' ≈ ' et x = ' ≈ S 0 δ i .S 0 S 0 δi (II.5.3.2.1-3) Diverses stratégies sont possibles pour atténuer le flux incident : - Exploiter la loi en 1/r² par l’éloignement d’une source lumineuse considérée comme ponctuelle. - Intercepter et atténuer le faisceau d’une source fixe, par exemple avec l’ouverture calibrée d’un diaphragme en optique d’entrée ou une série de filtres neutres rigoureusement caractérisés. Nous avons choisi cette dernière option. Compte tenu des délais de livraison de l’instrument SOLSPEC à l’ESA, un nombre limité mais suffisant de mesures de non-linéarité ont été réalisées. Pendant les mesures, le paramètre τ a été assimilé à un coefficient de non-linéarité nommé K. II.5.3.2.2 Montage expérimental Exigences de stabilité Une estimation précise de τ dépend de la stabilité de la source lumineuse, de l’instrument SOLSPEC et de l’alignement optique (si un condenseur est utilisé). La détermination précise de la transmission des filtres en fonction de la longueur d’onde a été fondamentale. Un test de stabilité et de fiabilité de ce système de mesure fut systématiquement réalisé en vérifiant au préalable que pour des signaux faibles et linéaires (respectivement < 15000 et 25000 cps/s pour l’UV - VIS), le rapport S’i / δ’i S’0 était bien égal à 1. 87 Filtres et sources lumineuses Deux filtres neutres de densité optique égale à 0,5 et 1,5 ont été utilisés pour les mesures de non-linéarité. Pour le canal VIS, une lampe externe de type FEL a été utilisée. Elle a permis d’exploiter une grande part de la gamme dynamique en se limitant à la plage spectrale comprise entre 350 et 550 nm. Pour le canal UV, une lampe à décharge à vapeur de mercure a été utilisée, combinée à un condenseur. L’analyse du profil de la raie intense à 253,65 nm a permis de couvrir la majeure partie de la gamme dynamique. Des précautions ont été prises pour éviter tout risque de lumière diffuse (obturation des canaux non utilisés, …). IR VIS PSD UV Filtre Obturateurs Face blanche de SOLSPEC Obturateur IR VIS PSD UV Filtre Condenseur Lampe Hg Canal VIS Canal UV Lampe FEL Fig. II.5.3.2.2-1 Alignement des sources lumineuses et des composants optiques pour la mesure de non-linéarité des spectromètres UV-VIS (vue de haut). La transmission des filtres a été déterminée au préalable avec précision. Des mesures répétées au laboratoire à l’aide d’un montage optique simulant un spectrophotomètre ont permis d’atteindre une précision de 0,1 %. Fig. II.5.3.2.2-2 Transmission externe des filtres neutres OD ~0,5 et OD ~1,5. En bleu : résultats expérimentaux. En rouge : interpolation. 88 II.5.3.2.3 Détermination des coefficients KUV et KVIS La détermination du coefficient K a été itérative. En effet, pour chaque filtre de densité ODi,, le signal mesuré S’i pouvait en partie être affecté par la non-linéarité malgré l’atténuation. La normalisation S’i /δ’i ne simulait donc pas correctement S0 à moins d’appliquer une correction préalable partant d’une valeur de K a priori. Une cohérence a été obtenue lorsque les valeurs a priori et celles déduites de l’équation (II.5.3.2.1-3) convergeaient. Spectromètre UV La gamme dynamique a été analysée jusqu’à 1,34x106 cps/s (signal sans filtre). Pour le filtre de densité optique 1,5, le signal atténué S’ culminant à ~40000 cps/s a été corrigé de sa faible non-linéarité. Après normalisation et itération, on a déduit une valeur de KUV égale à 5,98x10-7 s comme illustré par les Figures suivantes. Fig. II.5.3.2.3-1 A gauche, détermination du coefficient KUV en simulant le signal d’un détecteur parfaitement linéaire à l’aide du filtre de densité 1,5. A droite, expression de la non-linéarité (effet du temps mort). Pour le filtre de densité 0,5, le signal atténué S’ culminait à ~370000 cps/s et a dû être corrigé de sa non-linéarité. Une analyse similaire des données a fourni la valeur de KUV égale à 6,15x10-7 seconde. 89 Fig. II.5.3.2.3-2 A gauche, détermination du coefficient KUV à l’aide du filtre de densité 0,5. A droite, expression de la non-linéarité (effet du temps mort). On note l’allure hyperbolique de la courbe bleue. Cohérence obtenue entre les valeurs a priori et calculées du coefficient KUV : Fig. II.5.3.2.3-3 Impact de la correction préalable de non-linéarité pour le signal atténué par le filtre de densité 1,5 (à gauche) et 0,5 (à droite). La cohérence est obtenue respectivement pour KUV = 5,98 et 6,15x10-7 s. Spectromètre VIS Pour le filtre de densité optique 1,5, le signal maximum obtenu (filtre interne) fut de 330x105 cps/s. Aucune correction préalable de non-linéarité n’a été appliquée au signal atténué S’ (ne dépassant pas 12000 cps/s). L’analyse des données a fourni une valeur de KVIS égale à 3,05x10-7 s. 90 Fig. II.5.3.2.3-4 Présentation similaire des résultats pour la détermination du coefficient KVIS. Utilisation du filtre de densité 1,5. A l’aide du filtre de densité optique 0,5, la gamme dynamique a été explorée jusqu’à 900x105 cps/s (signal sans filtre interne). Le signal atténué S’, de l’ordre de 250000 cps/s, a demandé une correction préalable de non-linéarité partant d’une valeur a priori de KVIS plausible. L’analyse des données a fourni une valeur de KVIS égale à 3,43x10-7 seconde. Fig. II.5.3.2.3-5 Présentation des résultats pour la détermination du coefficient KVIS. Utilisation du filtre de densité 0,5. Les deux estimations divergent de plus de 10 %. On disposait cependant d’une mesure additionnelle liée à l’ancien filtre VIS interne n°1 de SOLSPEC, de densité optique ~1,3, (héritage des missions ATLAS). Pour la mission SOLAR, ce filtre a été enlevé afin d’augmenter le rapport signal à bruit lors d’une mesure solaire en début de spectre (cf. § II.3.3.3.3). Des spectres de lampes du type FEL ont été enregistrés (à des dates différentes) avant et après extraction du filtre. La transmission de ce filtre a également été mesurée par la suite au laboratoire. En appliquant la même méthode d’analyse (intensité du signal sans 91 filtre : ~106 cps/s, signal atténué ~70000 cps/s), on a obtenu une évaluation de KVIS égale à 3,12x10-7 seconde. Ne disposant pas d’autres mesures, on a fixé la valeur de KVIS à (3,2 ± 0.3)x10-7 s. Conclusions La non-linéarité du canal VIS est moins élevée que celle du spectromètre UV. Les coefficients KUV et KVIS ont été déterminés avec une précision de l’ordre de 5 à 10 %. Partant de (II.5.3.2.1-2), on obtient pour des incréments finis : ∆S ' = S ' ∆τ S' (II.5.3.2.1-3) Pour un signal mesuré à 105 cps/s, l’impact d’une incertitude de 5 à 10 % sur τ (∆τ = 0,3x10-7) se traduit donc par une erreur sur le signal limitée à 0,3 %. II.5.3.3 Linéarité du canal IR Introduction La chaîne de détection IR fonctionne en mode de détection synchrone à 512 Hz (cf. § II.2.4.2 et Annexe C.3). Le signal VDC collecté en sortie de la carte de traitement est ensuite numérisé par un convertisseur 16 bits. Le concept de linéarité entre le signal lumineux incident et le signal électronique est lié au détecteur PbS (modèle P2682 Hamamatsu, 1 x 3 mm²). Les données du constructeur indiquent que le détecteur est linéaire jusqu’à 10-5 W/cm². Lors de l’intégration de l’instrument SOLSPEC, une puissance lumineuse incidente de 1,94x10-9 W (générée par une source étalon du type FEL) a été mesurée dans le plan du détecteur au pic de réponse du canal IR (~0.95 µm). Après conversion par unité de surface et pour une mesure solaire, on a obtenu une densité de puissance optique de l’ordre de 2,37x10-7 W/cm², en accord avec la plage de linéarité. Vérification expérimentale La méthode appliquée aux spectromètres UV-VIS a été utilisée (cf. équation II.5.3.2.1-3). Les sources lumineuses étaient une lampe du type FEL et un laser He-Ne à 632,8 nm stabilisé en intensité (observé à l’ordre 2). Trois filtres de densité optique voisine de 0,7, 1,0 et 1,3 ont été utilisés. Ils ont été caractérisés en transmission avec précision. Pour les signaux atténués par ces filtres et après normalisation par leur transmission, on devait retrouver une intensité superposable au signal de référence (enregistré sans filtre) si la chaîne de détection IR était linéaire. La gamme dynamique qui s’étend de 0 à 32767 a pu être entièrement explorée avec la mesure de la raie laser en utilisant les signaux des trois gains IR1, IR2 et IR3. Les résultats obtenus ont été analysés et sont présentés ci-dessous (à gauche). Ils ont été confirmés pour une partie de gamme dynamique par les données (non représentées) de la lampe FEL (source 92 lumineuse moins intense), utilisée entre 650 et 1000 nm. Le nombre limité de données disponibles n’a pas permis d’élever fortement le rapport signal à bruit. Les résultats combinant les signaux des trois canaux IR1 à IR3 ont confirmé qualitativement la linéarité la chaîne de détection IR. Fig. II.5.3.3-1 A gauche, vérification de la linéarité du spectromètre IR, déduite à partir d’une source laser He-Ne et de filtres de densité optiques 0,3, 1,0 et 1,3. A droite, comparaison entre le rapport théorique (en rouge) et le rapport mesuré de l’éclairement d’une cavité corps noir à 2664 et 3014 K. Lors de l’étalonnage absolu, le rayonnement corps noir fourni par l’étalon primaire en éclairement spectral du PTB a été utilisé (cf. § II.6). Des mesures ont été réalisées pour une cavité chauffée à 3014 K et 2664 K. Après correction du courant d’obscurité, le rapport des mesures a été comparé avec le rapport des éclairements fourni par la loi de Planck. La Figure ci-dessus (à droite) illustre le résultat obtenu pour la voie de mesure IR2. En conclusion, Les études de la chaîne de détection IR n’ont pas révélé d’effets de non-linéarité pour la conversion entre l’éclairement IR incident et la tension de sortie numérisée. II.5.4 Analyse de la lumière diffuse La lumière diffuse est un flux de photons atteignant le détecteur sans emprunter le chemin optique de diffraction à l’ordre 1. Ce flux peut être externe (s’il atteint le détecteur sans traverser les monochromateurs) ou interne (les photons diffus franchissent une fente d’entrée). Ce flux ne vérifie pas la loi de dispersion (cf. § II.5.2). Pour toute position angulaire d’un réseau, une contribution diffuse peut être polychromatique. Un montage en double monochromateur réduit le taux de lumière diffuse interne sous le seuil de ~10-8. La particularité de l’assemblage mécanique de SOLSPEC impose une analyse des taux de lumière diffuse externe. On relève les sources potentielles suivantes : 93 - Les trois canaux de mesure sont côte à côte. Les parois internes de séparation ne sont totalement jointives car le cylindre portant les réseaux et sa structure protective sont communs aux trois canaux. - Pour chaque canal, l’insertion de la roue à filtre entre une fente de sortie et le détecteur expose celui-ci à une source de lumière diffuse externe. - Les ouvertures de la plaque centrale peuvent fournir une contribution diffuse externe issue des étages supérieurs de l’instrument (flux solaire incident ou émission des lampes internes) vers la partie inférieure où sont localisées les chaînes de détection. Les couvercles de l’instrument SOLSPEC (et la couverture thermique en MLI, Multi Layer Insulation) constituent un caisson hermétique à la lumière en dehors des axes optiques. L’éclairement solaire est bien canalisé par les délimiteurs de champ jusqu’aux fentes d’entrée. Il ressort de ces analyses que les contributions diffuses sont négligeables ou inexistantes, sauf pour le filtre VIS1 qui doit être mis à l’étude. Contribution diffuse pour la position de filtre VIS1 L’étude principale a été réalisée à partir d’une mesure solaire en orbite. Une commande spéciale a été activée à l’aide du logiciel de vol selon le protocole suivant. - Une acquisition d’un spectre solaire avec les obturateurs internes fermés. - Une acquisition avec les obturateurs internes VIS-IR fermés et UV ouvert. Les obturateurs principaux ont été maintenus ouverts. Les résultats sont présentés ci-dessous en fonction du numéro de ligne de télémétrie (qui, en 1ère approximation, est proportionnelle à la longueur d’onde), complétés par les mesures de courant d’obscurité (réalisées pour la position moteur ‘0’) avant et après l’acquisition du spectre. Fig. II.5.4-1 Taux de lumière diffuse pour le canal VIS (obturateur interne VIS fermé). Pour le canal UV, l’obturateur interne est ouvert (courbe bleue) ou fermé (courbe rouge) en alternance. 94 Discussion pour une mesure solaire en orbite La haute étanchéité du système d’obturateurs internes est avérée pour tous les canaux (UV-IR non illustrés ici, VIS : voir Figure ci-dessus, courbe rouge) car le signal observé est resté égal au niveau de courant d’obscurité. Lorsque l’obturateur interne du canal UV a été ouvert, une contribution diffuse de l’ordre de 120 cps/s fut observable pour la position de filtre VIS1 (densité optique nulle) du canal VIS. Ce flux provenait d’un transfert entre le spectromètre UV et VIS en interne (émergeant ensuite par la fente de sortie VIS), ou d’un transfert (moins probable) entre la fente de sortie UV et le détecteur VIS. Il traversait nécessairement la roue à filtres VIS. Les atténuations élevées des filtres neutres pour les positions VIS2, VIS3 et VIS4 (cf. § II.3.3.3.3) sont telles qu’un flux diffus voisin de 100 cps/s ne peut plus être détectable par le détecteur VIS. Les données expérimentales ci-dessus ont démontré ce fait. Notons que l’étude d’une contribution diffuse observable pour le canal VIS, en provenance du canal IR n’est pas possible car les obturateurs internes VIS et IR sont activés de façon synchrone (simultanément ouverts ou fermés). Une expérience inverse (obturateur UV fermé, VIS-IR ouvert) a démontré une absence de lumière diffuse pour le canal UV, en provenance des canaux voisins VIS-IR. Discussion pour l’étalonnage absolu au sol Les sources étalons en éclairement spectral ont permis d’obtenir une courbe de réponse au sol pour la plage spectrale 283 - 302 nm de la position VIS1 (cf. § II.6.5.3). Contrairement aux mesures solaires, le taux de lumière diffuse n’était plus détectable pour deux raisons : - Les canaux UV-VIS ne pouvaient être éclairés simultanément par une même source étalon. Les canaux ont été étalonnés individuellement. - Le rapport entre l’éclairement solaire et celui du corps noir (positionné à 1384,05 mm de SOLSPEC, cfr § II.6.2.1) est supérieur à 100 pour les longueurs d’onde inférieures à 360 nm. Dans l’hypothèse où les canaux UVVIS auraient pu tout de même être éclairés conjointement par cette source étalon, il eût été certain qu’un signal diffus issu du canal UV n’aurait plus été détectable par le détecteur VIS pour la position VIS1 face au corps noir. Le taux de 120 cps/s doit uniquement être pris en considération pour les mesures solaires (soustraction du courant d’obscurité et de la lumière diffuse). La position VIS1 contribue au recouvrement des canaux UV-VIS de SOLSPEC. Pour une longueur d’onde inférieure à 302 nm, le canal UV exempt de lumière diffuse est pleinement opérationnel et peut être utilisé préférentiellement. 95 II.5.5 Détermination des réponses angulaires La réponse angulaire d’un spectromètre exprime la variation relative de signal observée lors du dépointage d’une source lumineuse par rapport à l’axe optique. L’agencement des lames de quartz dépolies constituant les optiques d’entrée des spectromètres (cf. § II.3.2) minimisent ces variations grâce à leurs propriétés de diffusion. Axe optique Angle de dépointage θ Axe parallèle à la fente Méridien de dépointage Fente d’entrée : plan horizontal Fig. II.5.5-1 Direction de dépointage Axe perpendiculaire à la fente Coordonnée azimutale ϕ Vue schématisée du plan de la fente d’entrée, de l’axe optique, du plan méridien et de la direction de dépointage associée à l’angle de dépointage θ selon une direction azimutale ϕ. La réponse angulaire doit être caractérisée expérimentalement en fonction de la longueur d’onde. Plusieurs méridiens sont à explorer dans le système de coordonnées défini par le plan de la fente d’entrée et l’axe optique d’un spectromètre. On en déduit un facteur de correction angulaire K(λ,θ,ϕ) pour un dépointage d’angle θ dans la direction azimutale ϕ. Ce facteur est normalisé à 1 le long de l’axe optique. Cette mesure est une étape importante de la caractérisation radiométrique. Elle est nécessaire pour des mesures solaires en orbite où des dépointages peuvent survenir pendant l’acquisition d’un spectre. La correction angulaire doit alors être appliquée avant la conversion du signal en éclairement spectral. En dépointant suffisamment la source lumineuse lors de la caractérisation, il a été possible de déterminer le champ de vue total de chaque canal. La conformité des déflecteurs internes de SOLSPEC a ainsi été vérifiée. Le cahier des charges fixait cette valeur à 6°. La mesure de réponse angulaire a été déterminée au sol en assemblant un montage optique contrôlant le dépointage d’une source de laboratoire. La caractérisation a été complétée en exploitant le mode criss-cross en orbite (dépointage solaire par la CPD, cf. § II.2.5). Pour la cohérence, la synthèse des mesures au sol et en orbite est présentée conjointement ci-dessous. 96 II.5.5.1 Protocoles de mesures expérimentales Protocole de mesures au sol Une source lumineuse du type FEL intégrée dans une monture rotative a été déplacée dans le champ de vue d’un spectromètre SOLSPEC. Un diaphragme a permis de simuler l’extension angulaire du disque solaire (0,5°). Fig. II.5.5.1-1 Source lumineuse du type FEL et sa monture pour la mesure de réponse angulaire au sol. Le diaphragme limitait l’extension angulaire de la source pour simuler celle du Soleil. A droite, les canaux non activés ont été obturés afin d’éviter toute source de lumière diffuse. La monture a permis de déplacer la source selon un arc de cercle, en présentant la même section du filament (en projection) face au spectromètre. Déplacement linéaire tangentiel Vue de haut Déplacement linéaire vers l’arc de cercle Lampe (vue de haut) Arc de cercle Filament (schématisé) Vers le centre du cercle, centre de rotation appartenant au plan de la préfente Fig. II.5.5.1-2 Rotation du filament de manière à présenter une section constante face à SOLSPEC Protocole de mesure. La monture de la lampe a permis de déplacer la source lumineuse le long d’un arc de cercle. 97 La mesure était polychromatique et l’éclairement de la source était plus faible que le Soleil, en particulier dans l’UV. En conséquence, la plage spectrale explorée était incomplète, limitée aux longueurs d’onde garantissant un bon rapport signal à bruit. L’échéance imminente de livraison de SOLSPEC n’a pas permis d’étendre les temps d’intégration. Protocole de mesures en orbite Le mode criss-cross est utilisé en orbite. Il consiste en un dépointage contrôlé du Soleil par la CPD. Le débattement angulaire s’étend nominalement de -5° à +5° pour un incrément de 0,5°. La mesure e st monochromatique. Seule une accumulation de mesures criss-cross en modifiant la longueur d’onde sélectionnée permet d’explorer l’ensemble de la plage spectrale. Comparaison des méthodes - Les techniques de mesure utilisées en orbite et au sol ne permettent pas d’explorer des méridiens autres que ceux parallèles et perpendiculaires aux fentes d’entrée. La résolution azimutale (angle ϕ) reste donc très limitée. - En orbite, la mise en œuvre est lourde et s’étend sur plusieurs mois. Cependant, le Soleil représente la source lumineuse optimale. Son intensité permet d’étendre les mesures dans l’UV. La mesure a été sérieusement affectée par l’intégration imparfaite de la charge utile SOLAR dans la CPD (cf. § III.1.1). Un désalignement existe entre l’axe optique de SOLSPEC et celui du senseur solaire de la CPD. De plus, le logiciel de la CPD ne permet pas de compenser ce désalignement par l’application d’un terme correcteur lors du basculement du mode criss-cross. En conséquence, l’intersection des deux méridiens explorés ne passait pas par l’axe optique des spectromètres ! - Au laboratoire, la réponse angulaire était bien normalisée par rapport à l’axe optique. Les mesures ont été reproductibles mais limitées à quelques jours de tests. Cependant, la géométrie de la source lumineuse était imparfaite, son intensité était plus faible que l’éclairement solaire et des sources lumineuses parasites (sources diffuses : murs du laboratoire) ont pu survenir. Mesure de l’angle de dépointage et interprétation Au laboratoire, la mesure de l’angle a été obtenue géométriquement. Le PSD y était inopérant car non éclairé et trop peu sensible. En orbite, le signal délivré par le PSD est l’unique référence angulaire. Il nous permet d’associer un angle de dépointage aux signaux enregistrés en sortie des spectromètres SOLSPEC lors du basculement de la CPD. L’interprétation de l’ensemble des données demande donc : - pour une comparaison des réponses angulaires entre le sol et ISS, de tenir compte du biais angulaire interne à l’instrument SOLSPEC existant entre l’axe du PSD et les axes optiques des spectromètres (cf. § III.1.1), - pour l’application d’une correction angulaire lors d’une mesure solaire, une conversion des réponses angulaires est nécessaire. Elle a été obtenue en 98 extrapolant les résultats des 2 méridiens explorés lors des modes criss-cross en des résultats valides pour les 2 méridiens se croisant nominalement à hauteur de l’axe optique de SOLSPEC (cf. § III.1.3.5). II.5.5.2 Résultats Les plages spectrales suivantes ont été explorées pendant les campagnes de mesures. Les mesures en orbite couvrent des plages nettement plus étendues, surtout dans l’UV et l’IR. Mesures sol Mesures ISS Canal UV (nm) 280-294 176-349 Canal VIS (nm) 427-725 317-839 Canal IR (nm) 701-1619 650-2902 Tableau II.5.5.2-1 Tableau de comparaison des plages spectrales explorées au sol et en orbite pour les réponses angulaires. Mesures au laboratoire avant livraison de SOLSPEC Un champ de vue total voisin de 7° a été observé p our les trois spectromètres. Il était compatible avec le cahier de charge. Pour les canaux UV-VIS, il n’y a pas eu de dépendance en longueur d’onde significative pour les deux méridiens analysés. On a alors procédé à une intégration spectrale pour rehausser le rapport signal à bruit. Fig. II.5.5.2-1 Canaux UV-VIS. Réponses angulaires mesurées au sol. Résultats pour les 2 méridiens perpendiculaires et parallèles aux fentes. Les signaux ont été intégrés en longueur d’onde et normalisés par rapport à l’axe optique des spectromètres. 99 L’asymétrie entre demi-méridiens semble systématique mais limitée, sauf pour le méridien parallèle à la fente d’entrée du canal UV. Pour de faibles dépointages restant dans les limites de performance de la CPD (stabilité ± 5 minutes d’arc), la correction angulaire s’avère négligeable. Pour l’infrarouge, on a observé une dépendance importante en longueur d’onde. La réponse angulaire est moins performante. L’agencement des lames quartz dépolies n’a pu être modifié car cette mesure de réponse angulaire s’est achevée peu avant la date de livraison de SOLAR SOLSPEC à l’ESA. Ces résultats semblent résulter d’une inadéquation entre l’optique d’entrée inchangée (une seule lame dépolie, héritage SpaceLab) et la nouvelle résolution spectrale de SOLAR SOLSPEC (fentes plus fines). L’éclairement incident est moins homogénéisé et l’alignement optique de l’instrument est plus sensible. Fig. II.5.5.2-2 Canal IR. Réponses angulaires mesurées au sol en fonction du dépointage et de la longueur d’onde. Résultats pour les deux méridiens perpendiculaires et parallèles aux fentes. La normalisation a été effectuée par rapport à l’axe optique du spectromètre. La solution consiste à utiliser exactement le même alignement lors de l’étalonnage absolu au sol et pour les mesures solaires en orbite. Cette technique permet de s’affranchir de toute correction angulaire. Résultats des modes criss-cross Un total de 44 acquisitions monochromatiques criss-cross ont été compilées. Elles ont couvert plus d’une année de mesures et elles ont permis d’obtenir une reconstruction spectrale des réponses angulaires pour les deux méridiens. La continuité obtenue pour les surfaces (voir ci-dessous) apporte une preuve de la stabilité mécanique de l’instrument en orbite. Les mesures sont relatives. Elles s’affranchissent de toute dérive de réponse de SOLSPEC et de la variation de distance Terre - Soleil. La géométrie de l’acquisition est représentée ci-dessous. Les axes de références sont les lignes de coordonnées du PSD (en noir). Le biais angulaire du PSD, interne à SOLSPEC (cf. § III.1.1), est représenté par l’écart entre ces axes et le curseur (en bleu) désignant l’axe optique des spectromètres. Les axes 100 du senseur solaire de la CPD (en rouge) sont également décalés (erreur d’alignement de la charge utile). Ils représentent donc en projection les méridiens explorés lors de l’application du mode criss-cross en orbite. Fig. II.5.5.2-3 Configuration géométrique des axes du PSD (en noir) et du senseur solaire de la CPD (en rouge). L’axe optique des spectromètres SOLSPEC est également représenté (curseur bleu). La réponse angulaire mesurée en orbite selon le méridien parallèle à la fente a donc été enregistrée avec une inclinaison permanente de -105 minutes d’arc selon l’autre axe. De même, cette inclinaison est de -32 minutes d’arc pour l’étude du méridien perpendiculaire aux fentes. Canaux UV-VIS Chaque méridien est présenté sous forme graphique à deux dimensions (θ,λ). Le champ est limité à la zone centrale, soit quelques degrés autour de l’axe de référence. En complément (à droite), une Figure en projection montre l’étendue du domaine (θ,λ) limitant la variation de réponse à ± 1 % autour de cet axe. 101 Fig. II.5.5.2-4 Canal UV. Ci-dessus et page précédente : réponse angulaire selon le méridien parallèle puis perpendiculaire aux fentes. A droite : domaines de variations de ±1 % autour de l’axe de référence. Fig. II.5.5.2-5 Canal VIS, même représentation que ci-dessus. 102 De façon attendue, les réponses angulaires varient moins pour un dépointage dans le sens d’une hauteur de fente (selon le méridien parallèle). Par ailleurs, on constate qu’un dépointage limité de quelques minutes d’arc lors d’une mesure solaire ne peut jamais engendrer une variation de réponse supérieure à 1 %. Canal IR Pour le canal IR, l’échelle de variation des Figures en projection est de ± 10 % de telle sorte que les plus fortes variations puissent être illustrées. Fig. II.5.5.2-6 Canal IR. Réponse angulaire selon le méridien parallèle (en haut) et perpendiculaire (en bas) à la fente. A droite : domaines de variations de ± 10 % autour de l’axe de référence. Ces Figures confirment qu’une mesure solaire IR ne peut être dépointée de plus de quelques minutes d’arc pour éviter des corrections angulaires de grande amplitude. 103 Comparaison sol - ISS Les comparaisons sont possibles entre les mesures de laboratoire et en orbite. Elles ont été effectuées et les correspondances ont été observées pour tous canaux et méridiens. Elles offrent une indication claire quant à la stabilité mécanique des optiques d’entrée pendant la mise en orbite. Des écarts de réponse peuvent être attribuables à la différence entre les méridiens analysés au sol et à bord d’ISS (problème de désalignement entre SOLSPEC et la CPD). L’analyse comparative des réponses UV-VIS a permis de déterminer avec succès un biais angulaire interne à SOLSPEC non mesuré au sol : l’angle d’inclinaison entre l’axe optique du PSD et celui des spectromètres. Cette analyse est développée au paragraphe III.1.1. Conclusions Vu l’importance de la détermination des réponses angulaires, tout a été mis en œuvre lors de la remise à niveau pour doter SOLAR SOLSPEC de capacités internes permettant de mener à bien cette caractérisation. La mise en pratique est un succès grâce aux fonctionnalités combinées du PSD, du logiciel et de la CPD. L’offset non corrigé de la CPD constitue cependant un obstacle pour l’interprétation des résultats. Les performances des diffuseurs en entrée des canaux UV-VIS sont nominales. Il était justifié de conserver l’héritage SpaceLab. Pour le canal IR, un accroissement des propriétés de diffusion de l’optique d’entrée aurait été favorable, obtenu cependant au détriment de sa transmission. L’analyse de la limite de détection IR et le calcul d’incertitude (cf. § II.7 & II.8) montrent qu’une altération du rapport signal à bruit en fin de spectre IR aurait posé un problème, sachant que l’extension de la mesure spectrale IR de 2,4 à 3,1 µm par rapport à ATLAS est une innovation marquante de SOLAR SOLSPEC. II.5.6 Fonction d’instrument II.5.6.1 Définition La fonction d’instrument (ou fonction de fente) d’un monochromateur est la fonction de transfert F(λ) de son système dispersif. Dans le plan image du réseau, elle engendre une dispersion de l’énergie associée à toute longueur d’onde incidente vers les longueurs d’onde voisines. Cette distribution est induite par : - les largeurs de fente. La figure de diffraction générée par une fente de largeur infinitésimale présente le profil d’une fonction sinc (sinx/x). Or, la fente d’entrée peut être considérée comme une intégrale de fentes élémentaires. Elle contribue donc à la dispersion de l’énergie. - les aberrations optiques (courbure de champ, astigmatisme, …). Elles peuvent affecter la forme et la symétrie de la fonction d’instrument. 104 - la Figure de diffraction (tache d’Airy) générée par le diamètre de la surface active des réseaux (pupille de symétrie circulaire). L’éclairement S(λ) observé en sortie d’un monochromateur correspond au produit de convolution entre l’éclairement incident E(λ) et la fonction de transfert. S (λ ) = ∫ F (λ − ξ ).E (ξ ).dξ (II.5.6.1-1) Pour un éclairement incident quasi monochromatique, comme l’émission cohérente d’une source laser, le terme E(λ) est neutre pour le produit de convolution et la fonction F(λ) aussi appelée point spread function (PSF) est assimilée à S(λ) et devient donc mesurable. Dans l’approximation d’une optique géométrique, son profil est triangulaire pour des fentes d’entrée et de sortie de même largeur. Il correspond au défilement de l’image de la fente d’entrée devant la fente de sortie lors de la rotation des réseaux. Pour un éclairement polychromatique, le spectre S(λ) est constitué par l’ensemble des images de la fente d’entrée associées aux longueurs d’onde incidentes. Le pouvoir de résolution décrit la capacité d’un monochromateur à séparer deux longueurs d’onde. Il est définie comme suit : ℜ= λ ∆λ (II.5.6.1-2) Le terme ∆λ représente la séparation minimale entre deux longueurs d’onde pour lesquelles une information distincte peut être extraite. Par convention, la largeur pleine à mi-hauteur (nommée FWHM) de la PSF est assimilée à ∆λ. Pour SOLSPEC, la contribution dominante pour ∆λ provient généralement des largeurs de fentes d’entrée et de sortie. Cependant, la diffraction et les aberrations optiques modifient quelque peu le profil de la PSF en fonction de la longueur d’onde. Son profil réel est plutôt de forme gaussienne. L’astigmatisme des réseaux Jobin-Yvon a été minimisé mais le plan tangentiel d’un réseau ne coïncide pas toujours avec le plan de la fente de sortie. En conséquence, le profil des PSF peut localement présenter des asymétries. La configuration Czerny-Turner de chaque double monochromateur SOLSPEC a été assemblée en montage additif. Une dispersion linéaire est donc observée dans le plan de la fente de sortie et la lumière émergente n’est donc pas spectralement homogène. II.5.6.2 Détermination expérimentale Pour chaque monochromateur, les variations de forme et de largeur à mihauteur des fonctions d’instrument ont été déterminées au laboratoire. Des lasers et des raies d’émission Hg, Zn, Cd, He et Ar dont les largeurs naturelles sont négligeables par rapport à ∆λ (utilisation de lampes spectrales à basse pression) ont été utilisés pour obtenir des séries de fonctions d’instrument. Des corrections de linéarité ont été appliquées pour la mesure de raies de forte intensité. Une interpolation polynomiale à l’ordre trois a ensuite été réalisée pour 105 obtenir les profils intermédiaires de ces fonctions pour l’ensemble des longueurs d’onde situées entre les raies. Les mesures n’ont pas été réalisées sous vide lors de la caractérisation au sol. Les résultats sont donc limités à 185 nm vers les courtes longueurs d’onde du canal UV. Pour les autres spectromètres, les séries de fonctions d’instrument couvrent presque totalement les plages spectrales. Les résultats ci-dessous montrent la variation de résolution spectrale (à gauche) et l’évolution continue du profil de la PSF (à droite) pour chaque spectromètre. Les profils des PSF sont très symétriques pour le spectromètre UV et la résolution spectrale s’améliore, passant de 1,6 nm à 0,5 nm en fin de plage spectrale. Pour le spectromètre VIS, les variations de forme et une certaine asymétrie des PSF sont présentes pour l’ensemble de la plage spectrale (cf. § II.5.2.2). La meilleure résolution spectrale (de l’ordre de 1,65 nm) est atteinte entre 600 et 700 nm. Les profils des PSF sont légèrement asymétriques pour le spectromètre IR. Ils peuvent être corrélés à la courbure de champ des réseaux concaves projetant une image de fente légèrement courbe dans le plan de la fente de sortie. La résolution spectrale varie entre 7 et 9,5 nm. Cette connaissance approfondie des fonctions d’instrument est d’une grande importante pour la comparaison de spectres solaires entre des instruments différents réalisant des mesures en orbite. La normalisation de la résolution spectrale vers une valeur standardisée est recommandée pour réduire le bruit des rapports de spectres. Elle peut être obtenue par un processus de déconvolution et reconvolution exploitant ces fonctions. 106 Fig. II.6.5.2-1 A gauche, variations des résolutions spectrales en fonction de la longueur d’onde pour chaque spectromètre. A droite, variations continues du profil des PSF après interpolation entre les différentes raies spectrales mesurées. 107 II.6 Etalonnage radiométrique absolu II.6.1 Introduction Photométrie Un rayonnement électromagnétique est défini en termes d’énergie, de puissance et de flux. La géométrie associée à sa mesure doit être bien caractérisée. - L’éclairement est la grandeur physique décrivant le transfert d’énergie d’un champ de radiation vers une surface réceptrice dA. - Le flux d’énergie dQ observé à travers dA pendant l’intervalle de temps dt définit une puissance (W). dQ Φ= (II.6.1-1) dt - Ce transfert d’énergie exprimé par unité de surface réceptrice et de longueur d’onde correspond à l’éclairement spectral (W.m-2.nm-1). d 2Φ dA.dλ Eλ = (II.6.1-2) - Pour une source émettrice ponctuelle, le flux d’énergie émis par unité d’angle solide et de longueur d’onde définit l’intensité énergétique (ou excitance) spectrale (W.sr-1.nm-1). Iλ = - d 2Φ dω.dλ (II.6.1-3) Par ailleurs, le flux d’énergie émis par une source de surface dA par unité d’angle solide et de longueur d’onde, dans une direction θ (par rapport à la normale à dA) définit la luminance spectrale (W.m-2.sr-1.nm-1). Lλ = d 3Φ dA. cosθ .dω.dλ (II.6.1-4) 108 θ dφ dφ dφ dω dω dA dA Eclairement spectral : Excitance spectrale : Luminance spectrale : d Φ dA.dλ d Φ dω.dλ d 3Φ dA. cos θ .dω.dλ 2 Fig. II.6.1-1 2 Illustration des caractéristiques géométriques associées à un éclairement, une excitance et une luminance (directionnelle) par unité de longueur d’onde. Etalonnage en éclairement spectral L’étalonnage en éclairement spectral d’un spectromètre est obtenu en enregistrant le signal électronique S(λ) généré par une source étalon d’éclairement E(λ). On établit une courbe de réponse spectrale R(λ) égale à S(λ)/E(λ). La mission SOLAR SOLSPEC a été associée à l’échelle radiométrique du PTB (Physikalish-Technische Bundesanstalt, RFA). Cette échelle (Sperfeld et al., 1995) a été intégrée dans les courbes de réponse et embarquée pour les opérations en orbite. En mission, la détermination de l’éclairement spectral d’une source lumineuse comme le Soleil s’obtient par conversion du signal électronique S1(λ) obtenu lors de la mesure par la courbe de réponse R(λ). L’étalonnage restitue la valeur de l’éclairement spectral recherché. E1 (λ ) = R (λ ).S1 (λ ).Clin ( S1 , λ ) (II.6.1-5) La fonction Clin(λ) compense les écarts entre une loi purement proportionnelle et la réponse réelle du spectromètre en fonction de l’intensité du signal S1 (cf. § II.5.3). Elle est parfois appliquée dès la mesure d’étalonnage S(λ). Géométrie couplée L’éclairement du récepteur peut être exprimé en termes de luminance de la source. Après intégration sur un angle solide ω soutenu par une surface 109 réceptrice, puis sur la surface de la source A, on obtient pour une source lambertienne (de luminance uniforme) : dΦ λ = Lλ ∫ A ∫ωdω.dA cos θ (II.6.1-6) Selon le principe de conservation de la luminance pour une propagation libre, on peut passer de manière équivalente vers une intégrale sur l’angle solide de la source vue depuis le récepteur, combinée à une intégrale sur la surface du récepteur. Pour SOLSPEC, le récepteur se résume à un élément de surface de petite taille (le diffuseur délimité par la pré-fente). La géométrie de la source lumineuse est circulaire (Soleil, corps noir). En résolvant analytiquement l’équation ci-dessus (Boyd, 1983), on obtient : R2 ) Eλ = πLλ ( 2 R + d2 (II.6.1-7) où d est la distance entre la source et le récepteur et R est le rayon de la source. Il est clair que d >> R puisque le champ de vue de la source est limité à 0,5° environ pour le Soleil. On obtient alors une excellente approximation par une expression obéissant à la loi en 1/r² car la source peut être considérée comme ponctuelle : πL R 2 Eλ = λ 2 (II.6.1-8) d La stratégie adoptée pour l’étalonnage absolu de SOLSPEC a consisté à mesurer le signal d’un étalon primaire sous-tendant le même angle solide que le Soleil. Le traitement des données SOLSPEC fut de la sorte affranchi de toute correction liée à une différence de géométrie entre la source étalon et une source lumineuse à mesurer. En effet, pour intégrer correctement la luminance sur les éléments de surfaces en projection de la source, le dépoli d’entrée (dont la fonction est d’homogénéiser puis de transférer le signal collecté vers le spectromètre, cf. § II.5.5) doit disposer d’une réponse angulaire en cosinus. Cependant, les optiques d’entrée ont précisément été définies de manière à obtenir la réponse la moins variable possible dans le champ de vue de l’instrument afin de neutraliser les conséquences d’un dépointage éventuel. L’impact d’un tel antagonisme est nul uniquement lorsque les sources étalons et la source lumineuse à mesurer ont la même extension, sauf si la source étalon est strictement ponctuelle. II.6.2 Sources étalons disponibles L’étalonnage absolu a été fondé sur le rayonnement d’un corps noir, étalon primaire en éclairement spectral. Il a été complété par l’éclairement 110 d’étalons secondaires tels que des lampes au deutérium et à filament de tungstène du type FEL. II.6.2.1 Corps noir du PTB Une source étalon corps noir consiste en une cavité cylindrique de graphite munie d’un diaphragme et portée à haute température par un courant électrique (Sapritsky et al., 1997). Nous avons utilisé le modèle BB3200pg disponible au PTB (Sperfeld et al.,, 1998a et 1998b) pour la campagne d’étalonnage de SOLSPEC (juin 2007) qui dura deux semaines. Fig. II.6.2.1-1 Etalon corps noir opérationnel au PTB (modèle BB3200pg) et face blanche de SOLSPEC pendant les étalonnages. La luminance spectrale peut être déterminée analytiquement par l’équation de Planck. Elle dépend de la température absolue de la cavité et est donc reliée à une échelle thermométrique (point triple de l’eau, …). D’autres paramètres entrent en compte, tels que l’émissivité, l’indice de réfraction de l’air et des constantes physiques contenues dans C1L et C2. Elle est décrite comme suit : ε λ .C1L α (II.6.2.1-1) Lλ (λ , T ) = = β n C.λ2 .T 5 λT λ λ .(e − 1) nλ .λ e −1 C ε λ .C1L avec α = et β = 2 2 nλ nλ 2 5 (II.6.2.1-2) - La valeur assignée par le PTB pour l’émissivité ελ est 0,99988 ± 0,0001. - L’indice de réfraction de l’air nλ est maintenu par le PTB à une valeur constante de 1,00029 pour toutes les longueurs d’onde. - C1L : 1ère constante de radiation (2hc²) - C2 : 2ème constante de radiation (hc/k) Les valeurs des constantes de radiation recommandées par le PTB sont fournies par la base de données CODATA (NIST SP 961, 2005) : C1L = 1,191042759(59) 10-12 [W.cm².sr-1] C2 = 1,4387752(25) [cm.K] 111 Les valeurs correspondantes de α et β sont donc respectivement égales à 1,190209412 10-12 [W.cm².sr-1] et 1,4383581 [cm.K]. En combinant (II.6.1-8) et (II.6.2.1-2), on déduit l’expression de l’éclairement spectral du corps noir du PTB. Eλ (λ , T ) = π .L (λ , T ).D 2 4d 2 (II.6.2.1-3) Avec : D : diamètre du diaphragme du corps noir du PTB, 11,909 ± 0,002 mm. d : distance entre le diaphragme du corps noir et le quartz dépoli d’une optique d’entrée de SOLSPEC. Elle a été fixée à 1384,05 mm. A cette distance, SOLSPEC ne voit pas les parois de la cavité. L’extension angulaire de la source est alors similaire au Soleil et couvre 0,493 degré. Par la suite, on exprimera toujours l’éclairement spectral en mW.m-2.nm-1. Détermination de la température absolue et stabilité La mesure de la température T est toujours effectuée sous la responsabilité du PTB. Elle a été déterminée à l’aide de 4 radiomètres étalonnés selon une échelle radiométrique absolue (Sperfeld et al., 2000, Yoon et al., 2000) et régulièrement positionnés devant le diaphragme du corps noir. L’incertitude standard associée à la température absolue de la cavité est estimée à 0,44 K par le PTB. La stabilité est de l’ordre de 0,5 K par heure. Pour ces 2 critères, un gain d’un facteur 10 est obtenu par rapport au corps noir expérimental de l’observatoire d’Heidelberg utilisé pour les missions ATLAS (Mandel et al., 1998). II.6.2.2 Etalons secondaires Les lampes du type FEL (puissance 1000 W) sont des étalons secondaires en éclairement spectral. Elles sont étalonnées au NIST (National Institute for Standards and Technology, USA) entre 250 et 2400 nm (distance d’utilisation de 50 cm). Les numéros de référence 545, 546, 455 et 456 ont été utilisés. Les deux dernières, également étalonnées au PTB ont été prêtées par les concepteurs de l’expérience spatiale Sciamachy (Noël et al., 1998). Les lampes au deutérium (30 W) sont des étalons secondaires généralement utilisés sous 250 nm. La source V0132 (Cathodeon Ltd, Royaume Uni), a été livrée par l’Observatoire d’Heidelberg. Elle a été étalonnée sous vide (à partir de 166 nm) en excitance spectrale (µW.sr-1.nm-1) face au rayonnement synchrotron Bessy II du PTB (Beckhoff, 2009). La lampe EF 159 a été utilisée entre 200 et 340 nm. Elle a été ré-étalonnée à pression atmosphérique par les services du PTB pour la campagne SOLSPEC. 112 II.6.3 Radiomètre SOLSPEC II.6.3.1 Description succincte La mesure de la température absolue de la cavité corps noir est certifiée par le PTB. Cette mesure et l’étalonnage de SOLSPEC ne pouvaient être simultanés puisque les radiomètres du PTB interceptaient le faisceau. Le PTB pouvait également enregistrer la température à l’arrière de la cavité mais ces mesures hors axe optique délivraient des résultats moins corrélés (cf. Figure II.6.3.3-2). Nous avons donc développé un radiomètre réalisant une mesure complémentaire et continue de la température de la cavité. La tête de lecture (cidessous à droite) a été constituée du détecteur à six canaux du radiomètre MFR7 (VIS-NIR, bandes passantes ~10 nm) de la société YES Inc. (USA). L’optique d’entrée (ci-dessous à gauche) consistait en un miroir de renvoi et une fibre optique collectant la lumière à proximité de la face blanche de SOLSPEC. Fig. II.6.3.1-1 Vues du radiomètre SOLSPEC. De gauche à droite : l’optique d’entrée (miroir de renvoi et fibre optique) et la tête de lecture. Les réponses spectrales relatives SRFi des six canaux ont été mesurées dans les laboratoires de l’IASB (cf. Figure II.6.3.3-1). L’étalonnage absolu de chaque canal de ce radiomètre repose sur la connaissance combinée des fonctions SRFi et de coefficients ki. Ceux-ci représentent la conversion entre l’éclairement intégré et les tensions Vi collectées en sortie de l’instrument selon la relation suivante : ∫ Eλ (λ ).SRFi (λ ).dλ (II.6.3.1-1) Vi = k i SRF ( λ ). d λ i ∫ Le terme au dénominateur effectue une normalisation de la bande passante. Les coefficients ki peuvent être déterminés à partir de l’éclairement spectral Eλ d’une source étalon et des tensions Vi mesurées en sortie. La meilleure stratégie consiste à étalonner le radiomètre en l’exposant face à l’émission du corps noir du PTB. Cette procédure a été réalisée lors des préparatifs de la campagne d’étalonnage de SOLSPEC. 113 II.6.3.2 Mode opératoire Connaissant les coefficients ki, on a développé une méthode d’analyse permettant de surveiller la température absolue du corps noir à tout instant pendant la campagne SOLSPEC. La méthode est rendue indépendante de la distance entre le corps noir et le radiomètre car elle revient à déterminer sa luminance au lieu de son éclairement. Définissons : - les longueurs d’onde médianes λi des bandes passantes (SRFi) des canaux de mesure, - les signaux V’i enregistrés pour chaque canal lors d’une mesure du rayonnement corps noir. On en déduit les éclairements intégrés Ei = Vi / ki. Après normalisation des éclairements par rapport au premier canal (E’i = Ei / E1), on ajuste par une interpolation non-linéaire (méthode de LevenbergMarquardt) et pour les points expérimentaux (λi, E’i ), la fonction de Planck sous la forme P(λ,T)/P(λ1,T), normalisée par rapport à sa valeur en λi=1. Le paramètre d’ajustement est la température absolue T de la cavité. La normalisation est à l’origine de l’indépendance du résultat en la distance radiomètre - corps noir. II.6.3.3 Exemple d’application Exemple d’interpolation entre la fonction de Planck et l’éclairement intégré des six canaux du radiomètre pendant la campagne SOLSPEC (ci-dessous à droite. La température la plus plausible était égale à 3052,38 K. Les performances élevées du radiomètre ont permis de détecter des variations de température de l’ordre de 0,05 K. Les réponses spectrales relatives SRFi sont illustrées ci-dessous à gauche. Fig. II.6.3.3-1 A gauche, détermination des réponses spectrales relatives SRFi du radiomètre SOLSPEC. A droite, exemple de détermination de la température absolue du corps noir avec ce radiomètre. 114 Le radiomètre a contribué à la fiabilité du transfert de l’échelle radiométrique du PTB vers l’instrument SOLSPEC. Les Figures suivantes démontrent que cet objectif a été atteint. On observe une complémentarité entre les radiomètres (PTB et SOLSPEC) pendant un jour de mesure (ci-dessous à gauche) ainsi qu’une bonne cohérence entre les températures moyennes quotidiennes de la cavité relevées pendant toute la campagne d’étalonnage de SOLSPEC (ci-dessous à droite). Fig. II.6.3.3-2 A gauche, surveillance de la stabilité du corps noir du PTB pendant un jour de mesure. Les concordances et complémentarités entre les radiomètres SOLSPEC et PTB sont illustrées. A droite : comparaison entre les mesures de température certifiées par le PTB et celles déduites du radiomètre SOLSPEC pour l’ensemble de la campagne. II.6.4 Réponse absolue du canal UV II.6.4.1 Courant d’obscurité Le courant obscurité du détecteur UV (photocathode Cs2Te) est très faible et n’a pas de dépendance mesurable en fonction de la température. Cependant, il ne peut être négligé lorsque de faibles signaux lumineux sont mesurés. Une détermination approfondie a livré une valeur moyenne de 0,27 (cps/s). II.6.4.2 Etalonnage à pression atmosphérique L’étalonnage à la pression atmosphérique a été limité aux longueurs d’onde supérieures à 200 nm. La courbe de réponse UV a été déterminée par segments, généralement associés aux trois plages de passage du filtre UV (cf. § II.3.3.3.2). L’alternative consistant à prolonger la plage #1 jusqu’à 263 nm a été prise en compte. Elle a conduit à un chevauchement des courbes de réponse pour les plages #1 et #2 entre 217 et 263 nm. Le rayonnement corps noir a été sélectionné comme source étalon de référence. Les mesures accumulées au fil des jours lorsque la cavité était 115 chauffée entre 3000 et 3100 K ont été normalisées à 3050 K. Pour le canal UV, le signal généré par le corps noir est resté inférieur à 130 cps/s et de l’ordre de 10 cps/s ou moins en début et fin de plage spectrale (c’est pourquoi d’autres sources étalons ont été utilisées en complément pour le spectromètre UV). Pour chaque longueur d’onde, la statistique de comptage de 10000 coups garantissant une incertitude relative (bruit de photons) de 1 % n’a pas été systématiquement atteinte malgré l’accumulation des mesures. Les deux semaines de disponibilité du corps noir ont en effet dû être bien réparties pour l’étalonnage des trois canaux. L’étalonnage de SOLSPEC a été renforcé par l’utilisation des lampes F545 et F546 (pour λ > 250 nm). Cet étalonnage a été réalisé 5 mois plus tôt (en janvier 2007) à l’IASB. Malgré le délai entre les deux campagnes, le déplacement de l’instrument entre l’IASB et le PTB et la différence d’extension angulaire des sources corps noir et de type FEL, une excellente correspondance a été obtenue. Les deux familles de courbes de réponse UV sont présentées cidessous à gauche. La courbe de réponse finale, obtenue après combinaison et filtrage des données est présentée ci-dessous à droite. Fig. II.6.4.2-1 Etalonnage absolu du canal UV de SOLSPEC à pression atmosphérique. A gauche, cohérence obtenue entre les courbes de réponse corps noir (PTB, juin 2007, en bleu) et FEL (IASB, janvier 2007, en rouge). A droite, compilation et filtrage des données. Les courbes de réponses intègrent les signatures spectrales de la transmission des doubles monochromateurs et de la réponse du détecteur. La perte de sensibilité en fin de plage du canal UV est importante (quasi exponentielle). Elle est imputable pour l’essentiel au type de détecteur (solar blind), optimisé pour l’UV lointain. La lampe au deutérium EF159 a été utilisée tant à l’IASB qu’au PTB. Sous 260 nm environ, son éclairement était supérieur en intensité à ceux d’une lampe FEL ou du corps noir. 116 Fig. II.6.4.2-2 Concordance entre la courbe de réponse établie avec la lampe au deutérium EF159 (en bleu après filtrage des données) et les résultats précédents (corps noir et lampe FEL, en rouge). Pour la plage comprise entre 200 et 217 nm difficile à étalonner, l’écart entre les deux courbes de réponse varie entre 1 à 3 %. Par ailleurs, l’incertitude standard du certificat PTB d’étalonnage de la lampe EF 159 évolue entre 9 % vers 200 nm, 4 % vers 280 nm et 6 % vers 340 nm. Cette lampe a donc permis de valider la courbe de réponse composite corps noir - FEL (en rouge ci-dessus) du canal UV de SOLSPEC, en particulier entre 200 et 250 nm. On a cependant renoncé à intégrer les résultats EF 159 pour la détermination d’une courbe de réponse finale, laissant la priorité à l’usage de l’étalon primaire. II.6.4.3 Etalonnage sous vide Ce complément d’étalonnage a été réalisé dans la cuve de tests de vide thermique de l’IASB. En effet, le PTB ne disposait pas de cuve à vide suffisamment grande pour intégrer et aligner SOLSPEC face au rayonnement synchrotron. La lampe V0132 a présenté une excellente reproductibilité d’éclairement. Fig. II.6.4.3-1 Insertion de SOLSPEC et de la lampe V0132 dans la cuve de tests de vide thermique de l’IASB. 117 Malgré le confinement du montage et la proximité de la lampe par rapport à SOLSPEC, le plasma formé au niveau de l’anode a pu être considéré comme une source ponctuelle. La conversion du certificat d’étalonnage (exprimé en µW.sr-1.nm-1) en éclairement spectral a été réalisée comme suit (Boyd, 1983) : Eλ = Iλ .10 −3 2 d (II.6.4.3-1) Avec Iλ ; l’excitance spectrale, Eλ ; l’éclairement spectral (mW.m-2.nm-1) et d ; la distance exprimée en mètre. Les mesures ont été réalisées entre 166 à 245 nm pour garantir le recouvrement avec la courbe de réponse précédente. Pour cette plage spectrale, le flux engendré par la source V0132 a pu atteindre 1200 cps/s. Les résultats sont présentés ci-dessous (cf. Figure II.6.4.3-3 à gauche). Une différence moyenne de 14,8 % ne variant que de 1 % a été observée entre 200 et 245 nm. Discussion La convergence de résultats obtenus sous 250 nm entre le corps noir et la lampe EF 159 tend à conforter la validité de cette courbe de réponse. Par ailleurs, le PTB a relevé que les conditions d’utilisation de la lampe V0132 à proximité de SOLSPEC ont pu être inappropriées. Une contribution peut provenir d’une réflexion du faisceau émergent de cette lampe (45° de divergence) sur les parois du déflecteur interne solaire (longueur : 90 mm) de SOLSPEC. Il se situe entre l’obturateur principal et la pré-fente UV. Une expérience a été entreprise au laboratoire après livraison de SOLSPEC afin de vérifier cette hypothèse. Mesure de la contribution diffuse du déflecteur UV pour la mesure du signal de la lampe V0132 Signal diode (nAmps) 24 Signal (nAmps) AVEC déflecteur UV Signal SANS déflecteur UV 22 20 18 Gain de signal = ~17 % 16 14 Position du déflecteur pour SOLSPEC = ~12 cm 12 10 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 Distance pré-fente / base du déflecteur (cm) Fig. II.6.4.3-2 Analyse de la contribution par réflexion et diffusion du déflecteur solaire lors de l’étalonnage absolu V0132. On a observé un accroissement de signal de ~17 % imputable à la réflexion du faisceau divergent (à 45°) de la lampe sur les parois du déflecteur. 118 Une simulation de l’agencement de la lampe V0132, du déflecteur solaire et de la pré-fente UV a été réalisée. Le signal a été mesuré en éclairement intégré par une photodiode à l’arrière de la pré-fente. Les mesures ont été réalisées avec et sans déflecteur. Pour sa position nominale à 12 cm de la préfente, on a observé un accroissement de signal de l’ordre de 17 %, compatible (en signe et intensité) avec le décalage des courbes de réponse. L’hypothèse d’une contribution diffuse a été validée par ces mesures. La courbe de réponse sous vide établie avec la lampe V0132 a été corrigée par le facteur multiplicatif égal à 1/0,852. La jonction a été obtenue entre les deux courbes de réponse (ci-dessous à droite). Fig. II.6.4.3-3 Etalonnage du canal UV sous vide. A gauche, décalage (14,8 %) observé entre la courbe de réponse V0132 et la courbe composite corps noir - FEL. A droite, jonction des courbes par correction d’une contribution diffuse du déflecteur pour la courbe V0132. En conclusion, à partir de sources étalons indépendantes associées tant à l’échelle radiométrique du PTB que du NIST, on a obtenu des familles superposables de courbes de réponse UV. La courbe composite corps noir - FEL a été sélectionnée préférentiellement, prolongée sous vide par la courbe V0132. Pour l’instrument SOLSPEC de 1ère génération (SpaceLab-ATLAS), l’étalonnage sous vide n’était pas disponible. Le nouvel étalonnage a apporté un gain notable pour l’optimisation des performances de l’instrument. Pour le canal UV, la plage de ~13 nm contenue entre 153 nm (extinction de la transmission du Suprasil) et 166 nm n’a pas pu être étalonnée. Le bilan d’incertitudes est reporté au paragraphe § II.7. 119 II.6.5 Réponse absolue du canal VIS II.6.5.1 Stratégie de mesure Le rayonnement corps noir a été sélectionné comme source étalon de référence. Les données recueillies ont été normalisées pour une cavité chauffée à 3050 K avant d’effectuer des moyennes. L’étalonnage VIS de SOLSPEC a été renforcé par l’ensemble des lampes du type FEL. Ces sources ont été utilisées à l’IASB (janvier et février 2007) et au PTB (juin 2007). La réponse a été déterminée pour les 4 plages spectrales associées à l’activation des filtres VIS. Des discontinuités ont été observées pour l’intensité du signal en sortie du canal VIS lors d’un changement de filtre. Elles sont liées à la présence d’atténuateurs de densités optiques différentes (cf. § II.3.3.3.3). On a élaboré en conséquence une stratégie de recouvrement de plages spectrales. Elle consistait en une légère extension d’une plage spectrale associée à l’activation d’un filtre vers celles des filtres voisins. L’intensité maximale des signaux observées pendant les étalonnages étaient respectivement de ~4000 cps/s et ~15000 cps/s face au corps noir et aux lampes de type FEL. La correction maximale de non-linéarité n’a pas excédé 0,5 % (0,12 % pour 4000 cps/s) et a été appliquée au signal. Courant d’obscurité La photocathode du détecteur VIS est du type tri-alkali (cf. Annexe B.4). Son courant d’obscurité augmente avec la température, par émission thermoïonique de la cathode. Le refroidisseur Peltier accolé au détecteur nous a permis de maintenir son niveau à une valeur voisine de 300 cps/s correspondant à un environnement thermique de ~18° C. Deux régimes transitoires ont été observés. La décroissance exponentielle du courant d’obscurité lors de l’activation de l’élément Peltier était suivie d’une remontée lente et linéaire dans le temps, liée au dégagement interne de chaleur par l’électronique de SOLSPEC. Le premier régime a été neutralisé par une stabilisation du courant d’obscurité préalable à toute mesure d’étalonnage du canal VIS (pré-refroidissement). Les régimes transitoires résiduels ont été pris en compte pour la soustraction du courant d’obscurité, par une mesure directe avant et après l’acquisition d’un spectre, complétée par une interpolation temporelle. II.6.5.2 Détermination de la courbe de réponse VIS La compilation des données provenant des différentes sources étalons est illustrée ci-dessous. 120 Fig. II.6.5.2-1 Etalonnage du canal VIS de SOLSPEC. A gauche, compilation des mesures corps noir. A droite, ces mesures (filtrées) sont comparées aux données obtenues pour les lampes FEL 545, 546 et 455 (en rouge). Les courbes de réponse additionnelles obtenues à partir des lampes FEL ont été combinées comme suit : signal F545 (juin 2007, campagne PTB) pour la plage VIS1 et VIS2, signal F546 (février 2007, IASB) pour la plage VIS3 et F455 (même date) pour la plage VIS4. Discussion En raison de l’éclairement limité des sources étalons combiné à l’activation de filtres VIS de grande densité optique, l’étalonnage de certaines plages spectrales a été plus difficile. Nous avons identifié principalement les longueurs d’onde inférieures à 290 nm, supérieures à 850 nm, les plages spectrales 670-695 nm (forte variation de l’efficacité des réseaux) et 302-328 nm (début d’activation du filtre VIS2). Elles sont intégrées dans les plages de recouvrement avec les canaux UV et IR qui peuvent apporter une complémentarité pour les mesures solaires. A partir de 302 nm, le courant d’obscurité devient nettement supérieur au signal généré par la source étalon et sa soustraction peut engendrer des erreurs. La solution a été apportée par le prolongement de la plage VIS1 jusqu’à ~315 nm. Elle permet actuellement d’étalonner une mesure solaire mais au détriment d’une correction plus importante (~20 %) des effets de non-linéarité. Au-delà de 315 nm, le signal généré par les sources étalons pour le filtre VIS2 devient à nouveau nominal. Seules les courbes de réponse établies par l’étalon primaire ‘corps noir’ ont été retenues pour le traitement des mesures solaires en orbite. L’extension angulaire identique au Soleil et le rapport signal à bruit élevé obtenus par de longues accumulations du signal corps noir ont été prépondérants pour cette décision. 121 La particularité des courbes de réponse associées aux lampes FEL est de se référer à deux échelles radiométriques (NIST et PTB) et deux expériences spatiales (SOLSPEC et Sciamachy). Elles ont conforté les courbes de réponse corps noir. Les écarts entre les deux séries n’excèdent pas 3 à 5 % et sont compatibles avec l’incertitude des procédures d’étalonnage (cf. § II.7). II.6.6 Réponse absolue du canal IR II.6.6.1 Stratégie de mesure Trois courbes de réponse ont été produites pour l’étalonnage du canal IR. Elles sont associées aux trois voies de mesures IR1 à IR3. Seul le rayonnement corps noir a été utilisé pour l’étalonnage absolu. Les sources lumineuses du type FEL (filament de 6 x 20 mm², bulbe de 60 mm de longueur) se positionnent à une distance de 50 cm pour l’application de leur certificat d’étalonnage. A cette distance, les extensions angulaires du filament et du bulbe (2,29° et 6,86°) ne sous-tendent pas le même angle solide que le Soleil. Ces lampes n’ont pas permis de renforcer l’étalonnage du spectromètre IR compte tenu de la réponse angulaire du canal IR (cf. § II.5.5.2). Lors des étalonnages, la température de la cavité est restée voisine de 3014 K. Cette valeur a été sélectionnée pour la normalisation de l’ensemble des données. Une mesure complémentaire à 2664 K a été utilisée pour étalonner la voie IR3 qui saturait entre ~900 et ~1350 nm lorsque la cavité était chauffée à plus de 3000 K. A ces températures, le rapport d’éclairement entre le Soleil et le corps noir est peu élevé en comparaison aux plages spectrales UV-VIS. Il est de l’ordre de 31, 12, 5 et 3,5 respectivement pour 0,7 µm, 1 µm, 2 µm et 2,7 µm. La linéarité du détecteur IR combinée à ces valeurs ont conforté la validité de l’étalonnage. Notons que la voie de mesure IR1 ne sature jamais lors d’une mesure solaire. Les signaux des 3 voies de mesure (gains respectifs x1, x10 et x40) sont toujours enregistrés simultanément. Une lecture du signal est réalisée en 100 µs (stabilisation de l’électronique comprise). Pour chaque position du réseau IR (soit pour chaque ligne de télémétrie), le concept de temps d’intégration propre aux canaux UV-VIS est remplacé par une moyenne de N lectures du signal IR. Lors de la campagne d’étalonnage au PTB, cette valeur N est restée fixée à 128. Afin d’améliorer le rapport signal à bruit en fin de plage spectrale, l’enregistrement des spectres a été répété. Par exemple, 12 accumulations ont été réalisées pour la plage spectrale du filtre F-IR3 et jusqu’à 45 au-delà de 2,6 µm. L’étalonnage absolu au-delà de 2,4 µm est une mesure nouvelle, spécifique à la mission SOLAR SOLSPEC. L’étalonnage absolu a été limité à 647 nm (position associée à l’origine de l’échelle des incréments du moteur). Pour la plage résiduelle de fonctionnement du détecteur (540 - 647 nm), des données ont été accumulées en mode manuel face au corps noir. Une courbe de réponse a été calculée mais cette plage spectrale n’est pas exploitée en orbite et reste dévolue au canal VIS. 122 II.6.6.2 Courant obscurité et bruit du signal IR Le courant d’obscurité du détecteur IR est un bruit de scintillement à basse fréquence. Son niveau est réduit par le refroidissement Peltier qui lui est appliqué. La température est électroniquement stabilisée à (-21,8 ± 0,05) °C. Par rapport à la gamme dynamique s’étendant de -32767 à +32767 Volts digitaux après numérisation, le niveau de courant d’obscurité est affiché en valeurs légèrement négatives. Ce niveau est imputable au filtre passe-bas électronique situé en fin de chaîne de détection synchrone, dont le biais n’est pas corrigé. Dans l’infrarouge, le terme dominant du bruit (blanc) du signal IR est celui de la chaîne de détection. Il ne dépend pas de l’intensité du signal lumineux mesuré (bruit de photon négligeable). Le rapport signal à bruit est identique pour les trois voies de mesure. Une étude détaillée est présentée en Annexe A.5.2. II.6.6.3 Détection de signaux IR secondaires L’influence de sources secondaires d’émission IR a été analysée. Ces sources correspondent aux contributions thermiques des éléments mécaniques du spectromètre et à certaines sources lumineuses interceptées dans son champ de vue. L’étude détaillée est reportée en Annexe E.2. Les résultats ont démontré le caractère négligeable de ces contributions parasites pour les longueurs d’onde inférieures à 3,1 µm. II.6.6.4 Correction de l’absorption H2O Dans l’infrarouge, un terme de correction d’importance primordiale doit être pris en compte lors de l’étalonnage absolu au sol. En effet, la colonne d’air située entre le corps noir et SOLSPEC (1384,05 mm) n’est plus transparente en raison de l’absorption moléculaire de la vapeur d’eau, en particulier vers 2,7 µm. Le chemin optique interne du spectromètre SOLSPEC a été maintenu sous conditionnement d’azote gazeux froid. L’absorption observée était de l’ordre de 1 % vers 1 µm, ~10 % à 1,4 et 1,8 µm et jusqu’à 60 % à 2,7 µm. Un programme développé à l’IASB (Asimut) pour l’analyse spectroscopique des atmosphères planétaires a été utilisé pour quantifier l’absorption (Vandaele et al., 2006, 2008). La technique de correction est fondée sur l’ajustement itératif des sections efficaces d’absorption par la vapeur d’eau (HITRAN 2008) sur le signal SOLSPEC pour en déduire une abondance moléculaire. Elle a permis de déterminer précisément la transmission de la colonne d’air (ci-dessous à droite) et accessoirement, son contenu en vapeur d’eau (~6,1x1019 molécules/cm²). Pour le calcul de la courbe de réponse, la soustraction complète des structures spectrales H2O dans le signal brut de SOLSPEC a été réalisée au préalable (courbe bleue, ci-dessous à gauche). D’autres molécules ont été testées. La correction pour le CO2 a été jugée négligeable. 123 Fig. II.6.6.4-1 Correction de l’absorption par la vapeur d’eau pour la colonne d’air de 1384,05 mm (distance entre le corps noir et SOLSPEC). A gauche : signal SOLSPEC face au corps noir avec et sans signature spectrale de la vapeur d’eau. A droite : transmission de la colonne d’air déduite de l’ajustement des sections efficaces d’absorption sur le signal brut de SOLSPEC. II.6.6.5 Détermination de la courbe de réponse IR La détection du rayonnement corps noir par SOLSPEC s’estompe vers 3,1 µm comme illustré ci-dessous à gauche (signal IR2). Les courbes de réponse filtrées (en rouge) sont représentées ci-dessous à droite. Le segment en vert a été déduit de mesures à 2664 K. Fig. II.6.6.5-1 Etalonnage radiométrique absolu du canal IR. A gauche, exemple d’extinction en fin de spectre du signal SOLSPEC face au corps noir. A droite, courbes de réponses pour les trois voies de mesure du spectromètre IR. Les données sont filtrées en fin de spectre. 124 La sensibilité maximale du canal IR survient vers 1,3 µm. La réponse du détecteur PbS atteint son maximum vers 2,7 µm mais la transmission optique des spectromètres et l’efficacité des réseaux expliquent ce déplacement de la réponse de toute la chaîne de détection vers 1,3 µm. Le rapport signal à bruit se dégrade à partir de 2,5 µm. On peut aussi noter un changement important de la réponse du spectromètre autour de 1,6 et 2,2 µm, vraisemblablement dû à l’effet de polarisation des réseaux. En raison de l’absence de filtres neutres, le passage des filtres IR est quasiment indétectable car leurs transmissions sont similaires (plateau à ~95 %). Une exception concerne le filtre IR n°2 activé à 90 2 nm juste avant d’atteindre sa transmission nominale. 125 II.7 Détermination des incertitudes L’incertitude standard associée à la mesure de l’éclairement spectral solaire hors atmosphère par l’expérience SOLSPEC a été calculée. Nous avons développé une étude spectrale tenant compte de l’ensemble des sources d’incertitude affectant les plages spectrales des trois canaux. Deux situations ont été analysées pour l’incertitude. - Une mesure solaire nominale (temps d’intégration UV-VIS de 0,6 s, moyenne de 128 lectures pour l’IR). - Une accumulation tendant vers l’infini de mesures nominales. Cette étude limite a consisté à augmenter vers l’infini le temps d’intégration (UV-VIS) et le nombre de lecture par position du réseau (IR). L’étude a intégré le développement de modèles mathématiques pour les sources étalons en éclairement spectral, l’expression du signal électronique de SOLSPEC face à ces sources étalons et les équations déterminant l’éclairement solaire en orbite. Le formalisme mathématique utilisé pour ces modèles est conforme au ‘Guide to the expression of uncertainty in measurement’ (JCGM 100:2008) dont la théorie est résumée en Annexe A.1. II.7.1 Les sources d’incertitudes L’ensemble des sources d’incertitudes impliquées dans l’estimation de l’incertitude standard composée (combined standard uncertainty) pour la mesure de l’éclairement solaire a pu être défini comme suit. Le champ d’application est spécifié en fonction du canal de mesure SOLSPEC et des opérations au sol ou en orbite : # Nature des incertitudes Canaux Mesures UV VIS IR Sol ISS I) Situations spécifiques à l’étalonnage au sol. a) Instrument SOLSPEC I.1 Alignement d’un axe optique de SOLSPEC par rapport à une source étalon ● ● ● ● I.2 Transmission de la colonne d’air entre SOLSPEC et une source étalon ● ● ● ● b) Sources étalons lampes étalons secondaires) (corps noir et 126 I.3 Distance entre la source étalon et SOLSPEC I.4 Homogénéité de l’éclairement d’une source étalon I.5 Groupe d’incertitudes associées à la valeur absolue de la luminance du corps noir (incluant : température absolue, émissivité, …) I.6 ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● Stabilité de la luminance du corps noir : dérive au cours du temps ● ● ● ● I.7 Diamètre du diaphragme du corps noir Etalonnage des lampes étalons en unité absolue (éclairement spectral ou excitance spectrale) ● ● ● I.8 ● ● ● ● I.9 Dérive de l’éclairement des lampes étalons (vieillissement). ● ● ● I.10 Interpolation du signal d’une lampe étalon secondaire à partir des points du certificat d’étalonnage ● ● ● I.11 Influence de la lumière diffuse dans le délimiteur de champ du cône solaire lors d’une trop grande proximité de la lampe D2 ● ● II) Situations spécifiques aux mesures en orbite II.1 Correction d’un dépointage solaire (exploitation du signal PSD et des réponses angulaires) ● ● II.2 Changements de réponse des PM en fonction de la température ● ● ● ● ● III) Situations mixtes (mesures au sol et en orbite) III.1 Groupe d’incertitudes pour le convertisseur CAD 16 bits (linéarité intégrale, différentielle, dérive en température, full scale error, ….) III.2 Mesure du courant d’obscurité III.3 Mesure de température des détecteurs de SOLSPEC III.4 Lumière diffuse externe pour les canaux UV-VIS (source parasites présentes dans le FOV lors des étalonnages) ● ● ● ● ● ● III.5 Lumière diffuse interne pour les canaux UV-VIS (fonction d’instrument + éclairement du détecteur en ligne directe) ● ● III.6 Lumière diffuse interne et externe IR (température des pales de l’échantillonneur, température des lames de quartz, émission IR d’un laboratoire, …) III.7 Linéarité des PM UV-VIS III.8 Linéarité du détecteur PbS IR III.9 Temps d’intégration pour les PM UV-VIS III.10 Fluctuation du signal UV-VIS associée au bruit de photoélectrons (3 sources). Remarque : le bruit de l’électronique est négligeable. III.11 Fluctuations du signal IR associées au bruit de la chaîne ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● 127 de détection. Remarque : ce bruit domine le bruit de photons. III.12 Qualité de l’étalonnage en longueur d’onde des canaux SOLSPEC (cf. coefficient Cλ) ● ● ● ● ● III.13 Reproductibilité des échelles de longueurs d’onde (performances mécaniques de la vis micrométrique). ● ● ● ● ● III.14 Dérive des échelles de longueur d’onde en fonction de la température (dilatation mécanique). ● ● ● ● ● III.15 Bande passante finie des canaux (cf. coefficient C∆λ) Stabilité des hautes tensions des PM UV-VIS ● ● ● III.16 ● ● III.17 Changement de réponse du détecteur PbS en fonction de la température. ● ● ● ● ● ● ● III.18 Modification du fonctionnement de synchrone en fonction de la température. ● ● ● Tableau II.7.1-1 la détection Inventaire des sources d’incertitude contribuant à l’estimation de l’incertitude standard composée lors de la mesure de l’éclairement solaire. Sources d’incertitudes négligeables Les sources d’incertitudes III.1, 4, 6, 8, 13, 14 et 16 à 18 sont considérées comme négligeables. Les discussions détaillées sont reportées en Annexe A.2. La contribution III.5 est négligeable (sauf pour le filtre VIS1, cf. § II.5.4). La discussion pour la contribution III.6 est reportée en Annexe E.2. II.7.2 Modèles mathématiques pour SOLSPEC II.7.2.1 Relations fonctionnelles (formes génériques) Détermination de l’éclairement solaire On a défini la relation fonctionnelle suivante : E sol = f ( X 1 ,..., X N 1 , R ) II.7.2.1-1) Le terme Esol représente l’éclairement spectral (mW.m-2.nm-1). Les variables dépendent de la longueur d’onde. Le coefficient d’étalonnage R(λ) est utilisé comme variable d’entrée. Il a été obtenu à partir d’un modèle mathématique développé pour les étalonnages au sol (voir ci-dessous). Une incertitude standard composée lui est associée. Les variables ‘Xi’ décrivent le signal brut en orbite et les paramètres de corrections (linéarité, température, pointage solaire, …) permettant la conversion du signal en éclairement. On a défini respectivement pour l’UV-VIS (II.7.2.1-2) et l’IR (II.7.2.1-3) : 128 Esol = f ( S , < DC >, ∆t S , ∆t DC , K , TISS , TPTB , α T , F ( x, y ), R) (II.7.2.1-2) E sol = f ( S , < DC >, F ( x, y ), R, n) (II.7.2.1-3) Description des variables Xi communes aux différents canaux : - S : signal solaire brut, en coups (échelle ouverte) ou volts digitaux pour le canal IR (numérisation : 16 bits, mode bipolaire). - <DC> : valeur moyenne du courant d’obscurité, calculée nominalement sur les 120 acquisitions (60 avant et 60 après le spectre). <DC> est exprimé en coups (avec une partie décimale pour cette valeur moyenne) ou en volts digitaux. - F(x,y) est la réponse angulaire du canal en fonction des coordonnées (x,y) de l’image du Soleil sur le PSD. La fonction F est normalisée à 1 lorsque le Soleil est sur l’axe optique des spectromètres. Ces conditions de pointage sont vérifiées lorsque (x,y) = (x0,y0). En cas de biais entre le PSD et l’axe optique du spectromètre, il est possible que les coordonnées (x0,y0) soient différentes de (0,0). - R : coefficient d’étalonnage (courbe de réponse). C’est un facteur multiplicatif. Il convertit le signal électronique en éclairement spectral. Unités : mW.m-2.nm-1.s.cps-1 (UV-VIS) mW.m-2.nm-1.VoltsDigitaux-1 (IR). Description des variables Xi’ spécifiques : 1) Canaux UV-VIS - ∆tS : temps d’intégration associé à S (en secondes). - ∆tDC : temps d’intégration associé à une mesure individuelle du courant d’obscurité (en secondes). - K : coefficient de non-linéarité. Il correspond au temps mort du système de comptage de photons (en secondes, cf. § II.5.3). - TISS : température du détecteur à l’instant de la mesure lors d’une acquisition en orbite (°C). - TPTB : température du détecteur lors des étalonnages au PTB (°C). - αT : coefficient exprimant le changement de sensibilité d’un photomultiplicateur en fonction de la température. Un coefficient négatif signifie un gain de sensibilité pour des températures décroissantes (%/°C). 2) Canal IR - n : facteur de réduction du bruit. C’est un paramètre d’acquisition sans incertitude associée. Il exprime le nombre de lectures (2n) du signal IR effectuées par ligne de télémétrie. L’intensité du signal IR transmise par la télémétrie de SOLSPEC est la moyenne pour ce nombre de lectures. Détermination de la courbe de réponse Pour la réponse R(λ), on a défini une fonction à 2 variables (l’éclairement de la source étalon et le signal mesuré par SOLSPEC). Ces variables sont corrélées. 129 R = g ( Eétalon , Sig SOLSPEC ) = Eétalon SIGSOLSPEC (II.7.2.1-4) Un modèle mathématique a été développé pour ces 2 variables. On a établi les relations fonctionnelles suivantes : 1) Eclairement des sources étalons Eétalon = S X (b1 ,.., bN 2 ) (II.7.2.1-5) L’indice ‘X’ peut désigner le corps noir (BB), une lampe étalon au deutérium (D2) ou un étalon secondaire telle qu’une lampe à filament de tungstène de 1000 W (FEL). On obtient successivement pour l’éclairement spectral (mW.m-2.nm-1) : Eétalon = S BB ( D , d , Lλ ) (II.7.2.1-6) Avec : - D : diamètre du diaphragme du corps noir (mm) - d : distance (mm) entre le diaphragme du corps noir et la première surface optique active de SOLSPEC (lames dépolies en quartz). L(λ) : luminance du corps noir, exprimé en W.cm-3.sr-1 ou en mW.m-2.nm-1.sr-1 Pour la lampe au deutérium, on désigne les lampes étalonnées au PTB en excitance spectrale. Elles ont été utilisées sous vide : Eétalon = S D 2 ( d , I λ ) (II.7.2.1-7) Avec : - d : distance (mm) entre l’arc de la lampe et SOLSPEC. - Iλ : excitance spectrale (µW.nm-1.sr-1). Pour la source du type FEL, on se réfère aux valeurs tabulées de l’éclairement spectral (certificat NIST) : Eétalon = S FEL ( E std ) (II.7.2.1-8) 2) Signal SOLSPEC face aux sources étalons Le modèle mathématique est similaire à celui développé pour l’expression du signal en orbite (cf. éq. II.7.2.1-1). Sig SOLSPEC = S s ( a1 ,.., a N 3 ) (II.7.2.1-9) 130 Les termes associés au pointage et aux changements de sensibilité en fonction de la température ne sont plus présents. Un nouveau terme associé à la transmission de la colonne d’air entre la source étalon et SOLSPEC apparaît. On le définit respectivement pour l’UV-VIS et l’IR : SigSOLSPEC = S S (S , < DC >, ∆t S , ∆t DC , K , Tra ) (II.7.2.1-10) Sig SOLSPEC = S S ( S , < DC >, T , n) (II.7.2.1-11) a r Avec : - Tra : transmission de la colonne d’air (en unité relative). Sous vide (canal UV) et pour le canal VIS, ce terme est égal à 1. II.7.2.2 Développements détaillés II.7.2.2.1 Eclairement solaire hors atmosphère Les incertitudes standard composées sont exprimées ci-dessous en unités absolues (mW.m-2.nm-1) ou en unité relative (%). Dans ce cas, le résultat est égal à 100 x uc(Esol)/Esol. 1) Canaux UV-VIS Relation fonctionnelle La relation fonctionnelle est identique pour les deux canaux de mesure et a été définie comme suit. Les unités seront exprimées entre crochets. R (λ ) . S − < DC > + C (λ ) + C (λ ) E sol (λ ) = net λ ∆λ ∆t DC (TPTB − TISS ).α T (λ ) F ( x, y ).1 − 100 [mW.m-2.nm-1] (II.7.2.2.1-1) Avec S net S (λ ) ∆t s = S (λ ) 1− k ∆t s [cps.s-1] (II.7.2.2.1-2) Ce modèle mathématique présente des caractéristiques non linéaires liées aux détecteurs. Deux termes de correction ont été pris en compte : Cλ, et C∆λ. Ils représentent respectivement les incertitudes engendrées par l’imprécision de l’échelle de longueur d’onde et par l’effet de la bande passante finie des spectromètres. Ces corrections, exprimées en coups par seconde 131 (cps/s) sont de moyenne nulle (cf. Annexe A.4). La correction de linéarité n’a pas été prise en compte pour des signaux inférieurs à 500 cps/s, tels que des niveaux de courant d’obscurité. On a retenu les corrélations suivantes : - Corrélation (R,S). Elle est liée à la sensibilité d’un canal pour la longueur d’onde donnée. Une modification de la sensibilité modifiera à la fois la réponse face à l’étalon primaire et le signal en orbite. On attribue un coefficient de corrélation r(R,S) = 1. - Corrélation (S,TISS). Une variation de température du détecteur modifie le signal mesuré. On définit un coefficient de corrélation r(S,TISS) = 1. Evaluation de l’incertitude composée On a utilisé la loi de propagation des incertitudes. Dérivation de la fonction E sol = f (...) en tenant compte des corrélations : ∂f ∂f ∂f u ( E sol ) = .u 2 ( R) + .u 2 ( F ) + ∂R ∂F ∂α T 2 2 2 c 2 2 ∂f 2 .u (α T ) + ∂TISS 2 2 .u (TISS ) ∂f 2 ∂f ∂f 2 2 ∂f 2 .u (TPTB ) + + .u ( K ) + .u (< DC >) + .u (S ) ∂K ∂ < DC > ∂S ∂TPTB ∂f + ∂S net 2 2 2 2 2 ∂f ∂f ∂f ∂f . u (Cλ ) + u 2 (C ∆λ ) + 2 . .u (S ).u( R) + 2 . .u ( S ).u (TISS ) ∂S ∂R ∂S ∂TISS (II.7.2.2.1-3) ( ) L’expression des coefficients de sensibilité est reportée en Annexe A.3.1. 2) Canal IR La mesure est assurée par une détection synchrone. Le calcul d’incertitude a été développé uniquement pour le gain IR2 car les trois gains ont le même rapport signal à bruit (Annexe A.5.2). Pour le canal IR, les spécificités de la relation fonctionnelle concernent l’absence de termes de correction liés à une non-linéarité (cf. § II.5.3.3) et au changement de réponse du détecteur en fonction de la température (cf. § II.6.6.2) Relation fonctionnelle Les signaux S(λ) et <DC> sont exprimés en volts digitaux selon une gamme bipolaire (16 bits) allant de -32767 à 32767. Esol (λ ) = R( λ ) .(S (λ )− < DC > +Cλ (λ ) + C∆λ (λ ) ) F ( x, y ) [mW.m-2.nm-1] (II.7.2.2.1-4) 132 Le facteur de réduction du bruit (paramètre ‘n’) a été intégré dans l’expression des incertitudes pour S et <DC>. Les termes de correction Cλ, et C∆λ ont été maintenus car inhérents au fonctionnement de tout monochromateur. Ils sont exprimés en Volts digitaux. La corrélation entre les variables R et S a été maintenue. Evaluation de l’incertitude composée ∂f ∂f ∂f 2 2 u ( E sol ) = .u 2 ( R) + .u ( F ) + .u (< DC >) ∂R ∂F ∂ < DC > 2 2 2 2 c ∂f ∂f ∂f + . u 2 ( S ) + u 2 (Cλ ) + u 2 (C ∆λ ) + 2 . .u( S ).u ( R) ∂S ∂R ∂S 2 ( ) (II.7.2.2.1-5) L’expression des coefficients de sensibilité est reportée en Annexe A.3.1. II.7.2.2.2 Etalonnage absolu 1) Canaux UV-VIS, signal SOLSPEC face aux sources étalons L’équation est similaire à (II.7.2.2.1-1). L’alignement a été optimisé au laser et n’a engendré aucune correction. Les mesures ont été effectuées à la température de référence TPTB et le terme de transmission de la colonne d’air généralement présente entre la source étalon et SOLSPEC a été intégré. Pour le canal UV, on a tenu compte de la diffusion Rayleigh et de l’absorption moléculaire par l’O2 et l’O3 principalement sous 250 nm. Pour le canal VIS, la colonne d’air a été considérée comme étant transparente. Relation fonctionnelle SIG SOLSPEC (λ ) = 1 < DC > + C λ (λ ) + C ∆λ (λ ) [cps.s-1] . S net − ∆t DC T (λ ) a r (II.7.2.2.2-1) Evaluation de l’incertitude composée L’incertitude uc(Esol) est exprimée en coups par seconde ou en une unité relative (%). Il n’y pas de terme de corrélation. ∂S u ( SIGSOLSPEC ) = S ∂S net 2 c 2 2 ∂S . u (Cλ ) + u 2 (C ∆λ ) + S .u 2 ( S ) ∂S ( ) ∂S ∂S ∂S S 2 + S .u 2 ( K ) + .u (< DC >) + Sa ∂K ∂ < DC > ∂Tr 2 2 2 2 2 a .u (Tr ) (II.7.3.2.2-2) 133 L’expression des coefficients de sensibilité est reportée en Annexe A.3.2. 2) Canal IR, signal SOLSPEC face au corps noir La relation fonctionnelle est similaire à (II.7.2.2.1-4) mais avec disparition du terme de pointage (alignement optimisé au laser face au corps noir). Le terme de transmission de la colonne d’air est d’une importance primordiale pour le canal IR. Il corrige l’absorption moléculaire par la vapeur d’eau présentée précédemment (cf. § II.6.6.4). Relation fonctionnelle SIGSOLSPEC (λ ) = 1 .(S (λ )− < DC > +Cλ (λ ) + C∆λ (λ ) ) [VoltDigitaux] (II.7.2.2.2-3) T (λ ) a r Au sol, les conditions d’utilisation de SOLSPEC et du logiciel nous ont conduit à maintenir le facteur de réduction du bruit à la valeur n = 7. Le paramètre ‘n’ disparaît donc de l’équation. Nous l’avons remplacé par le paramètre ‘N’ indiquant le nombre de mesures face au corps noir pour une longueur d’onde donnée. Par mesure, on entend donc une moyenne de 128 lectures. Evaluation de l’incertitude composée L’incertitude uc(SIGSOLSPEC) est exprimée en Volts digitaux ou en une unité relative (%). Il n’y pas de terme de corrélation. ∂S u ( SIGSOLSPEC ) = S .(u 2 ( S ) + u 2 (Cλ ) + u 2 (C ∆λ )) ∂S 2 2 c ∂S ∂S S 2 + .u (< DC >) + Sa ∂ < DC > ∂Tr 2 2 2 a .u (Tr ) [VoltDigitaux] (II.7.2.2.2-4) L’expression des coefficients de sensibilité est reportée en Annexe A.3.2. 3) Eclairement des sources étalons Le rayonnement corps noir a été utilisé pour toute longueur d’onde supérieure à 200 nm. Pour le canal UV, deux types de sources étalons complémentaires ont été utilisées : la source au deutérium V0132 sous vide et les lampes à filament de tungstène du type FEL (entre 250 et 371 nm). 134 Rayonnement corps noir L’expression de l’éclairement spectral Eétalon = SBB(…) a été présentée précédemment (cf. § II.6.2.1). Cette équation (II.7.2.1-6) se développe comme suit : α πL(λ ).D 2 avec L(λ ) = + cUn [mW.m-2.nm-1] (II.7.2.2.2-5) Eétalon (λ ) = β 2 4d λ5 .(e λ .T − 1) Les paramètres (α,β) contiennent des constantes physiques. L’émissivité de la cavité et son incertitude associée ont été intégrées dans α. Le terme CUn est de moyenne nulle. Il décrit la correction à apporter pour la luminance due à l’inhomogénéité du faisceau. L’évaluation de l’incertitude composée dépend donc de (α,T, CUn) : 2 2 ∂L ∂L 2 2 2 uc2 ( L) = .u (α ) + .u (T ) + u (CUn ) ∂α ∂T [mW.m-2.nm-1.sr-1] (II.7.2.2.2-6) L’incertitude pour l’éclairement spectral du corps noir a pu être estimée après introduction des fonctions de distribution des variables (D,d) et de leur coefficient de sensibilité. ∂S 2 ∂S ∂S u ( Eétalon ) = BB .uc ( L) + BB .u 2 ( D) + BB .u 2 (d ) ∂D ∂d ∂L [mW.m-2.nm-1] 2 2 2 2 c (II.7.2.2.2-7) Source au deutérium V0132 (étalonnée au PTB sous vide) La relation fonctionnelle intègre la conversion de l’excitance spectrale en éclairement spectral pour la distance donnée, ainsi qu’une série de termes de correction caractérisant l’incertitude associée à l’étalonnage d’un étalon secondaire et à son utilisation (alignement). Eétalon = S D 2 ( d , I λ ) = ( I λ + Cstd + Cdrift + Citp ) d 2 .10 −3 + C Al + CUn [mW.m-2.nm-1] (II.7.2.2.2-8) Les termes Cstd, Cdrift et Citp caractérisent respectivement l’incertitude de l’étalonnage, la dérive de la lampe par rapport à son certificat et l’incertitude liée à l’interpolation de l’étalonnage pour des longueurs d’onde intermédiaires autres que celles tabulées dans le certificat. Les termes CAl et CUn prennent en compte les incertitudes engendrées par un défaut d’alignement et d’homogénéité du faisceau. L’analyse montre (cf. § II.7.3.1) que seuls quelques termes non nuls peuvent être retenus. Pour l’expression de l’incertitude composée, on a obtenu : 135 2 ∂S ∂S u ( Eétalon ) = D 2 .(u 2 (C std ) + u 2 (Citp )) + D 2 .u 2 (d ) ∂d ∂I λ 2 2 c [mW.m-2.nm-1] (II.7.2.2.2-9) L’incertitude pour Cstdt et Citp est exprimée dans la même unité que l’excitance spectrale (µW.sr-1.nm-1). Source tungstène du type FEL (1000 W) L’estimation de l‘incertitude pour l’éclairement spectral d’une lampe du type FEL a été déduite du certificat d’étalonnage délivré par le NIST (distance d’utilisation de 50 cm) et des conditions d’utilisation. Des termes de corrections (Cstd, Cdrift, Citp et CAl) ont intégré les incertitudes liées au positionnement de la lampe et la dérive de son éclairement (vieillissement). Le terme d’homogénéité CUn n’a plus été repris. Une lampe du type FEL est une source étalon secondaire de petite étendue constituée de multiples spires de tungstène. Son éclairement n’est pas isotrope. Cependant, la mise en station devant SOLSPEC de manière identique au NIST (en utilisant le même socle de lampe et la même mire d’alignement) a permis de neutraliser cette incertitude CUn. On a obtenu pour la relation fonctionnelle : Eétalon = S FEL ( E std ) = E std + C std + C drift + Citp + C dist + C Al (II.7.2.2.2-10) Toutes les variables sont en [mW.m-2.nm-1]. Le terme Cdist décrit l’incertitude pour l’éclairement engendrée par une erreur de distance entre la lampe et SOLSPEC. uc2 ( Eétalon ) = u 2 (Cstd ) + u 2 (Cdrift ) + u 2 (Citp ) + u 2 (Cdist ) [mW.m-2.nm-1] (II.7.2.2.2-11) 4) Détermination des courbes de réponse La courbe de réponse est le rapport des fonctions Eétalon et SIGSOLSPEC (cf. équation II.7.2.1-4). Lorsque seul le corps noir a été utilisé (λ > 200 nm) et en tenant compte de la corrélation entre les variables, on a obtenu : ∂g 2 ∂g uc2 ( R) = .u ( Eétalon ) + .u ( SIGSOLSPEC ) ∂SIGSOLSPEC ∂Eétalon -2 -1 -1 [mW.m .nm .cps .s] (II.7.2.2.2-12) Les coefficients de sensibilité pour l’incertitude standard composée uc(R) du coefficient d’étalonnage s’expriment comme suit : ∂g / ∂Eétalon = R / Eétalon [cps-1.s] (II.7.2.2.2-13) 136 ∂g / ∂SIG solspec = − R / SIG solspec [mW.m-2.nm-1] (II.7.2.2.2-14) Pour le canal UV, deux situations particulières ont été retenues. 1) Aux longueurs d’onde inférieures à 200 nm, un coefficient de correction de 14.8 % a été appliqué pour la jonction avec les données corps noir (cf. § II.6.4.2). L’équation II.7.2.1-4 a été reformulée : R = g ( Eétalon , SIGSOLSPEC ) = Eétalon Cdiff .SIGSOLSPEC [mW.m-2.nm-1.cps-1.s] (II.7.2.2.2-15) Un coefficient de sensibilité additionnel a été intégré pour l’incertitude : ∂g u ( R) = ∂C diff 2 c 2 2 2 ∂g .u (Cdiff ) + ∂g .u ( Eétalon ) + .u ( SIGSOLSPEC ) ∂SIGSOLSPEC ∂Eétalon -2 -1 -1 [mW.m .nm .cps .s] (II.7.2.2.2-16) Ce coefficient est décrit ci-dessous. ∂g / ∂C diff = − R / C diff [mW.m-2.nm-1.cps-1.s] (II.7.2.2.2-17) 2) Entre 250 et 371 nm, la réponse de l’instrument SOLSPEC est une combinaison de données obtenues à partir du corps noir et des lampes FEL. Les courbes de réponses respectives RBB et RFEL ont été calculées individuellement avant la jonction finale suivante : uc2 ( R) = 1 2 BB 1 2 FEL uc ( R ) + u c ( R ) 2 2 [mW.m-2.nm-1.cps-1.s] (II.7.2.2.2-18) II.7.3 Résultats Les évaluations détaillées des incertitudes individuelles sont reportées en annexe. Elles y sont résumées sous forme de tableaux accompagnés de discussions pour certains termes particuliers. Lors de la détermination d’une incertitude composée, certaines formulations sont apparues communes à plusieurs types de mesure (étalonnage, mesure solaire, …) et à plusieurs canaux. Un exemple typique est représenté par les termes de correction Cλ et C∆λ. Ces contributions sont présentées en Annexe A.4. Les résultats présentés ci-dessous sont commentés et résumés sous forme graphique (étude spectrale). Les courbes représentent successivement les incertitudes : - pour l’éclairement spectral des sources étalons, 137 - pour le signal SOLSPEC face aux sources étalons, - pour les courbes de réponses, - pour les mesures solaires en orbite (mesure nominale et accumulation infinie). Les incertitudes composées sont toujours exprimées pour k = 1 (incertitudes standard). II.7.3.1 Incertitudes associées à l’éclairement des sources étalons Luminance et éclairement spectral du corps noir Le tableau d’évaluation des incertitudes est reporté en Annexe A.5.1 (tableau A.5.1-1). Ci-dessous, nous présentons l’estimation de l’incertitude standard composée (%) pour la luminance et l’éclairement spectral du corps noir. Fig. II.7.3.1-1 Canal UV (haut) et VIS (bas). Incertitude standard composée (%) pour la luminance (à gauche) et l’éclairement (à droite) du corps noir à 3050 K. 138 Grâce à une incertitude standard limitée à 0,44 K pour la température absolue, on dispose d’un étalon primaire fournissant une luminance de haute précision pour la plage spectrale UV. Les contributions individuelles associées à l’incertitude pour l’émissivité et l’uniformité du faisceau ne doivent pas être négligées. On observe (Figure de droite) que l’incertitude standard composée (%) pour l’éclairement et la luminance spectrale sont quasi superposables. Fig. II.7.3.1-2 Canal IR. Incertitude standard composée (%) pour la luminance (à gauche) et l’éclairement (à droite) du corps noir à 3014 K. Pour la luminance du canal IR (à gauche), la contribution liée à l’incertitude pour la température n’est plus dominante. Au final, pour l’éclairement spectral, on observe une incertitude standard comprise entre 0,22 – 0,37 %, 0,15 – 0,27 % et 0,13 – 0,17 %, respectivement pour les canaux UV, VIS et IR. Eclairement spectral d’une lampe du type FEL Le tableau d’évaluation des incertitudes est reporté en Annexe A.5.1 (tableau A.5.1-2). Après analyse, on a obtenu pour la plage spectrale UV une incertitude standard composée inférieure à ~1 %. 139 Fig. II.7.3.1-3 Incertitude standard composée (%) pour spectral d’une lampe du type FEL (canal UV). l’éclairement Eclairement spectral d’une source au deutérium (sous vide) Un certificat du PTB est exprimé en excitance spectrale (µW/nm.sr) et donne une incertitude étendue relative (k = 2) de 5 % pour chaque longueur d’onde. Le terme de dérive Cdrift a été mis à zéro car la lampe avait été récemment étalonnée. Les termes pour l’alignement et l’homogénéité (CAl et CUn) sont négligeables. Les équations II.7.2.2.2-6 à -9 ont été utilisées. L’analyse a donné une courbe d’incertitude standard centrée globalement sur 2,5 % sans dépendance spectrale car le terme Cstd est dominant. Le tableau d’évaluation des incertitudes est reporté en Annexe A.5.1 (tableau A.5.1-3). II.7.3.2 Incertitudes associées au signal SOLSPEC face aux sources étalons Canaux UV-VIS Le tableau d’évaluation des incertitudes est reporté en Annexe A.5.2 (tableau A.5.2-1). L’extinction du rayonnement corps noir a été calculée pour une colonne d’air de 1384,05 mm. Elle a atteint 0,2 % et 0,6 % respectivement à 260 et 200 nm. Elle était presque négligeable pour λ > 300 nm Les différentes contributions sont illustrées ci-dessous. Pour une lampe du type FEL (distance d’utilisation de 50 cm), l’atténuation est plus faible et proportionnelle à la modification du chemin optique. Une incertitude de 10 % a été maintenue pour ces estimations. 140 Fig. II.7.3.2-1 Extinction engendrée par la diffusion Rayleigh et l’absorption moléculaire (O2, O3) pour un chemin optique de 1384,05 mm. Canal UV, estimation des incertitudes standard composées (%) pour le signal net SOLSPEC (cps/s) face aux sources deutérium et du type FEL. Fig. II.7.3.2-2 Canal UV. Incertitude standard composée (%) pour le signal SOLSPEC face à la lampe au deutérium V0132 (166-200 nm, à gauche) et une lampe du type FEL (250-371 nm, à droite). La source d’incertitude dominante provient généralement du signal brut SOLSPEC (coups). Pour la lampe au deutérium V0132 dont le signal est assez intense, l’intégration des mesures a permis de limiter l’incertitude à une valeur dépassant à peine 1 %. Celle-ci diminue pour les grandes longueurs d’onde. Pour une lampe de type FEL, l’incertitude minimale observée en milieu de spectre est de l’ordre de 2 %. Elle augmente à plus de 25 % en fin de plage spectrale UV. Les autres contributions individuelles sont comparables entre elles, à l’exception de la linéarité, négligeable du fait de la faible intensité du signal SOLSPEC. Estimation des incertitudes standard composées (%) pour le signal net SOLSPEC (cps/s) face au corps noir. Canal UV (à gauche) et VIS (à droite). 141 Fig. II.7.3.2-3 Etalonnage des canaux UV (à gauche) et VIS (à droite). Signal net SOLSPEC face au corps noir à 3050 K. Incertitude standard composée et contributions individuelles (%). Face au corps noir, la source d’incertitude dominante pour le signal net SOLSPEC provient également du signal brut. Pour le canal UV, l’incertitude composée décroît à ~1 % en milieu de spectre (~290 nm). Elle reste inférieure à 3 % entre 211 et 330 nm, à l’exception de la plage 217-235 nm, défavorable et associée à l’activation du filtre UV (incertitude de 13 à 3 %). Elle augmente légèrement au-delà de 10 % en fin de spectre et varie de 6 à 3 % entre 200 et 211 nm. Pour le canal VIS, on obtient une incertitude standard composée inférieure à 1 % entre 450 et 800 nm et inférieure à 3 % entre 353 et 834 nm. L’incertitude est supérieure à 10 % au-delà de 870 nm (15 % à 908 nm) et en dessous de 335 nm (sauf entre 294 et 312 nm, plage de bonne efficacité du filtre VIS1 étendue au début du filtre VIS2). Localement, en début de plages spectrales VIS1 et VIS2, (vers 285 et 315 nm), l’incertitude est défavorable et peut atteindre 100 %. Le spectromètre UV est alors utilisé pour cette plage spectrale. Canal IR Le tableau d’évaluation des incertitudes est reporté en Annexe A.5.2 (tableau A.5.2-2). L’analyse du bruit du signal IR y est également intégrée. L’estimation de l’incertitude standard composée (%) pour le signal net SOLSPEC (volts digitaux, voie de mesure IR2) face au corps noir est illustrée ci-dessous. 142 Fig. II.7.3.2-4 Etalonnage PTB du canal IR. Signal net SOLSPEC IR2 face au corps noir à 3014 K. Incertitude standard composée et contributions individuelles (%). La source dominante d’incertitude provient également du signal brut de SOLSPEC. Le bon rapport signal à bruit obtenu face au corps noir pour la voie de mesure IR2 et la répétition des mesures ont permis de limiter l’incertitude standard sous la valeur de 1 % entre 750 et 2025 nm. En début de plage spectrale, elle varie entre 1 et 2 %. On observe de 1 à 10 % d’incertitude entre 2025 et 2900 nm et une augmentation de 10 à 40 % entre 2900 et 3088 nm (perte de performance du canal IR). Localement, l’effet de bande passante combiné à la variation rapide de transmission du spectromètre rehausse l’incertitude (à 0,97, 1,35, 1,6 et 2,21 µm). L’incertitude associée à la correction importante pour l’absorption moléculaire (H2O) laisse une signature caractéristique vers 2.7 µm (2 à 3 % additionnels), moins importante à 1,4 µm (~0,2 % additionnel) et à 1,85 µm (0,3 à 0,4 % additionnel). II.7.3.3 Incertitudes associées aux courbes de réponses L’incertitude standard composée attribuée à la réponse absolue de chaque spectromètre est une donnée fondamentale pour les mesures en orbite. Elle représente une limite inférieure d’incertitude sous laquelle on ne peut descendre quelle que soit le temps d’intégration ou la qualité du pointage solaire. Le temps consacré à l’accumulation du signal face aux sources étalons était donc fondamental pour le bilan d’incertitude. Les travaux sont résumés cidessous pour les 3 canaux. Canal UV Une jonction a été réalisée entre les résultats obtenus à partir des différentes sources étalons utilisées pour la réponse absolue du canal UV. 143 L’analyse des incertitudes pour les courbes de réponse individuelles est reportée en Annexe A.5.3. L’incertitude finale pour la courbe de réponse composite (deutérium - corps noir - lampes FEL) a été obtenue à partir de l’équation II.7.2.2.2-18. Elle est présentée ci-dessous. Fig. II.7.3.3-1 Etalonnage du canal UV. Résultat composite pour l’incertitude standard (%) associée à la réponse obtenue en combinant les trois types de sources étalons. L’incertitude standard minimale est de l’ordre de 2 %. Elle se maintient généralement en-dessous de 10 % sauf au-delà de 350 nm. Le passage du filtre à 217 nm est visible. Canal VIS Fig. II.7.3.3-2 Incertitude standard composée (%) pour l’étalonnage du canal VIS. A gauche, contributions individuelles (%). A droite : courbe résultante en échelle linéaire (%). 144 Les courbes ci-dessus ont été obtenues pour un étalonnage à partir du rayonnement corps noir. La contribution dominante pour l’incertitude de la courbe de réponse est liée à celle du signal SOLSPEC malgré l’accumulation des mesures. L’incertitude finale est reste inférieure à 2 % entre 365 et 822 nm. Le passage du filtre VIS2 provoque un saut très marqué d’incertitude. A l’exception de la plage 295-310 nm, le canal VIS excède 10 % pour λ < 335 nm. Canal IR De même, à partir du rayonnement corps noir, on a obtenu : Fig. II.7.3.3-3 Incertitude standard composée (%) pour l’étalonnage du spectromètre IR. A gauche, contributions individuelles et résultante (%), affichée à droite en échelle linéaire (%). L’incertitude standard reste inférieure à 2 % jusqu’à 2,5 µm et 10 % audelà jusqu’à 2,9 µm. Entre 740 et 1900 nm, elle devient inférieure à 1 %. La faible intensité du signal enregistré face au corps noir explique la montée rapide (de 10 à 40 %) entre 2,9 et 3,1 µm. On identifie les signatures spectrales liée à l’absorption par la vapeur d’eau et à la transmission du spectromètre. II.7.3.4 Incertitudes associées aux mesures solaires en orbite Pour les mesures solaires, de nouvelles contributions associées au pointage et à l’environnement thermique apparaissent dans le bilan d’incertitude standard (cf. éq. II.7.2.2.1-1 à -5). Celui-ci intègre également les résultats obtenus au paragraphe précédent pour les courbes de réponses. 145 II.7.3.4.1 Mesure nominale L’étude a été développée pour une mesure nominale en orbite avec des temps d’intégration de 0,6 s pour l’UV-VIS et une moyenne de 27 lectures pour le signal IR. L’environnement thermique en orbite diffère des conditions au sol. Un refroidissement de l’ordre de 15 à 20 degrés induisant un changement de gain des détecteurs UV-VIS (cf. Annexe A.4) a été pris en compte. Les incertitudes sont présentées sous forme graphique en coordonnées linéaires de manière à mettre en évidence les termes dominants. Une étude en échelle logarithmique (non représentée) a également été réalisée. Canal UV Le tableau d’évaluation des incertitudes est reporté en Annexe A.5.4 (tableau A.5.4-1), valable également pour le canal VIS. L’incertitude standard composée (%) du canal UV pour la détermination de l’éclairement solaire en 0,6 s est illustrée ci-dessous. Fig. II.7.3.4.1-1 Mesures solaires nominales, canal UV. Incertitude standard composée (%) et contributions individuelles associées à la mesure de l’éclairement spectral (mW.m-2.nm-1) Deux termes dominent ces incertitudes. Ils concernent principalement l’héritage des incertitudes accumulées lors de l’étalonnage absolu, intégrées dans le terme u(Courbe de réponse UV), et le signal brut collecté par l’instrument lors de la mesure solaire. L’incertitude de cette mesure est en S , inférieure à 1 % entre 225 et 330 nm. Elle est nettement plus faible (au moins un facteur 3) que 146 celle affectant la réponse absolue. L’effet de bande passante finie et son incertitude associée u(C∆λ) sont localement dominants lorsque des mesures de raies de Fraunhofer sont réalisées (voir ci-dessus, entre 260 et 290 nm). L’incertitude composée peut alors dépasser temporairement les 10 % (raies Mg II). Les raies engendrent en effet des variations de signal à forte pente (cf. Annexes A.4 et A.5.4). Ceci confirme la nécessité de normaliser la résolution spectrale lorsque des spectres solaires acquis par des instruments différents doivent être comparés (cf. § II.5.6.2). On comprend également pourquoi une valeur d’index Mg II est spécifique à chaque spectroradiomètre, même si dans l’ensemble, ceux-ci peuvent être référencés à une même échelle radiométrique. Ces index portent la signature des bandes passantes spécifiques aux instruments. Canal VIS Incertitude standard composée (%) du canal VIS pour la détermination de l’éclairement solaire en 0,6 s. Fig. II.7.3.4.1-2 Mesures solaires nominales, canal VIS. Incertitude standard composée (%) et contributions individuelles associées à la mesure de l’éclairement spectral (mW.m-2.nm-1) Le terme dominant est à nouveau lié à la courbe de réponse. L’incertitude composée est cependant amplifiée par la faible intensité du signal solaire pour les grandes longueurs d’onde et par quelques contributions nouvelles (pointage, raies solaires, changement de température du détecteur, …). Elle demeure inférieure à 2 % entre 370 et 800 nm. 147 Canal IR Le tableau d’évaluation des incertitudes est reporté en Annexe A.5.4 (tableau A.5.4-2). Incertitude standard composée (%) du canal IR pour la détermination de l’éclairement solaire en 27 lectures. Pour rappel, il n’y a pas de correction de température pour le détecteur IR (stabilisé à -21,8 °C). Fig. II.7.3.4.1-3 Mesure solaire nominale, canal IR (n = 7). Incertitude standard composée et contributions individuelles (%) associées à la mesure de l’éclairement spectral (mW.m-2.nm-1). Signal IR2. La source d’incertitude liée à la réponse du spectromètre est dominante, sauf au-delà de 2,7 µm en raison du faible signal solaire. L’incertitude reste inférieure à 2 % jusqu’à 2 µm, à 5 % jusqu’à 2,5 µm et à 20 % jusqu’à 2,9 µm suivie d’une montée rapide à 90 % vers 3,1 µm. II.7.3.4.2 Etude limite Une étude asymptotique est devenue possible grâce aux relations fonctionnelles et à la mise en équation du calcul d’incertitude. Pour des temps d’intégration UV-VIS tendant vers 10000 s et une accumulation évoluant vers 230 lectures du signal IR, on a observé une convergence naturelle vers une incertitude minimale proche du seuil défini par la courbe de réponse. 148 Canal UV Fig. II.7.3.4.2-1 Canal UV. Mesure de l’éclairement solaire (mW.m-2.nm-1) en orbite. Réduction de l’incertitude standard composée (%) par une augmentation du temps d’intégration (0,6, 10, 100 et 10000 s). En mauve : limite inférieure représentée par la réponse du spectromètre. A droite, échelle linéaire entre 0 et 10 %. La répétition de la même mesure et de longs temps d’intégration tendent à neutraliser les contributions de moyenne nulle. La convergence est observée entre l’incertitude en orbite et celle de la réponse (Figure de gauche). Les seules différences peuvent être attribuées aux contributions propres à la mise en orbite (température, pointage) et à la signature spectrale des raies solaires (vers 280 nm, raies Mg II et vers 390-400 nm, raies Ca ci-dessous pour le canal VIS). Canal VIS Fig. II.7.3.4.2-2 Canal VIS. Présentation similaire à la Figure précédente. 149 Canal IR Fig. II.7.3.4.2-3 Canal IR. Présentation similaire aux Figures précédentes, illustrant le résultat de l’intégration pour 27, 210, 213, 216 et 230 lectures du signal IR. Pour le canal IR, la réduction asymptotique de l’incertitude est effective pour les longueurs d’onde supérieures à 1500 nm et moins apparente ailleurs. II.7.3.5 Bilan des incertitudes L’étude spectrale fondée sur une mise en équation complète a permis d’évaluer l’incertitude standard d’une mesure solaire réalisée par SOLSPEC. Pour simplifier, nous avons neutralisé toute dérive de réponse absolue et de performances radiométriques (linéarité, …) de l’instrument au sol et lors de la mise en orbite. Nous avons cependant tenu compte d’un dépointage éventuel lors d’une mesure solaire, corrigé grâce à la connaissance de la réponse angulaire. Le changement de régime thermique entre les étalonnages au sol et les opérations en orbite a été pris en compte. Les courbes finales de l’étude asymptotique ont été combinées dans la Figure ci-dessous pour les trois canaux. L’analyse des plages de recouvrement UV-VIS et VIS-IR d’incertitudes a permis de déduire les longueurs pivot λUV-VIS et λVIS-IR entre les canaux. Elles déterminent le choix opportun d’un canal ou l’autre lors du prélèvement de données destinées à la production du spectre solaire final. Elles correspondent au croisement des courbes d’incertitudes asymptotiques (lignes pointillées ci-dessous). L’objectif est d’obtenir une incertitude minimale bien que les différences de résolution spectrale puissent parfois modifier ce jugement. Les valeurs de λUV-VIS et λVIS-IR sont respectivement égales à 340 et 775 nm. 150 Fig. II.7.3.5-1 Incertitude standard composée (%) pour l’éclairement spectral solaire (mW.m-2.nm-1). Courbes limites obtenues pour les 3 canaux (temps d’intégration UV-VIS de 10000 secondes, 230 lectures pour l’IR). En pointillé : intersection des courbes UV-VIS à 340 nm et VIS-IR à 775 nm. L’enveloppe inférieure des courbes ci-dessus tend vers un minimum au voisinage de 1 µm. Elle peut être liée à la signature de la température corps noir effective des sources étalons utilisées à pression atmosphérique, de l’ordre de 3000 K. En effet, leur éclairement spectral culmine vers 1 µm. Le recouvrement d’incertitudes pour les canaux UV-VIS présente un fait marquant : ces courbes se rejoignent une première fois entre 305 et 312 nm (plage d'extension du filtre VIS1). Cette équivalence est liée au fait que la même source étalon a été utilisée sur cette plage pour les 2 canaux et en mesure solaire, le signal atteint dans les 2 cas le seuil de 105 cps/s. Le décrochage observé par la suite (entre 312 et ~370 nm) pour le canal VIS est lié au passage du filtre VIS2. Entre 750 et ~820 nm (recouvrement d’incertitudes VIS-IR), les données du spectromètre VIS ou IR peuvent être sélectionnées alternativement selon la nécessité de maintenir une résolution spectrale minimale (< 2 nm pour le VIS) ou une incertitude minimale (obtenue par une mesure IR). Au-delà de 820 nm, l’incertitude du canal VIS excède 2 % et le canal IR devient pleinement opérationnel. Le tableau suivant reprend l’incertitude standard minimale atteinte après accumulation de mesures d’éclairement solaire par l’instrument SOLSPEC. Ces valeurs sont associées à l’enveloppe inférieure des courbes de la Figure II.7.3.5- 151 1. Les conventions de couleur ont été conservées pour illustrer la sélection alternative d’un canal de mesure SOLSPEC. Eclairement spectral solaire - Etude limite Incertitude standard composée (%) λ (nm) u(Eλ) ( %) λ (nm) u(Eλ) (%) λ (nm) u(Eλ) (%) λ (nm) u(Eλ) (%) 170 4.3 430 1.7 690 0.85 1250 0.4 180 3.8 440 1.4 700 0.8 1300 0.41 190 3.7 450 1.3 710 0.75 1350 0.45 200 6.8 460 1.2 720 0.72 1400 0.48 210 3.8 470 1.12 730 0.73 1450 0.48 220 11 480 1.06 740 0.75 1500 0.53 230 4 490 1.04 750 0.78 1600 0.6 240 3.1 500 1.01 760 0.8 1700 0.6 250 3.5 510 0.99 770 0.77 1800 0.75 260 3.6 520 0.97 780 0.83 1900 1 270 3 530 0.96 790 0.8 2000 1.1 280 2.5 540 0.95 800 0.7 2100 1.5 290 2 550 0.92 820 0.65 2200 3 300 2 560 0.92 840 0.57 2300 1.7 310 2.2 570 0.92 860 0.55 2400 2.2 320 3 580 0.91 880 0.53 2500 2.8 330 3 590 0.91 900 0.49 2600 6.5 340 6 600 0.91 920 0.46 2650 3 350 4 610 0.91 940 0.44 2700 6 360 2.5 620 0.91 960 0.43 2750 8 370 1.9 630 0.92 980 0.42 2800 7 380 1.8 640 0.92 1000 0.41 2850 7 390 1.7 650 0.92 1050 0.4 2900 9 400 1.6 660 0.92 1100 0.4 2950 12.5 410 3.3 670 0.92 1150 0.4 3000 19 420 2.6 680 0.9 1200 0.4 3050 32 Tableau II.7.3.5-1 Incertitude standard minimale (%) pour la mesure de l’éclairement spectral solaire par l’instrument SOLSPEC. Les couleurs (bleu-vert-rouge) désignent respectivement le prélèvement de données SOLSPEC UV, VIS ou IR. 152 Analyse L’incertitude standard est de l’ordre de 3 % dans l’UV. Elle atteint un minimum de 2% vers 300 nm et reste généralement inférieure à 5 % (sauf localement) pour λ < 340 nm. Au-delà de 350 nm, le seuil de 10 % est franchi. Entre 500 et 1900 nm, l’incertitude standard reste inférieure à 1 %. - Pour le canal VIS, cette incertitude est inférieure à 1 % entre 430 et 770 nm. Elle est inférieure à 5 % entre 300 et 310 nm (fin de plage du filtre VIS1) et entre 346 et 845 nm. - Pour le canal IR, l’incertitude est inférieure à 1 % entre 750 et 1900 nm et inférieure à 2 % entre 646 et 2350 nm. Elle reste contenue entre 2 et 5 % entre 2350 et 2580 nm, entre 5 et 10 % entre 2580 et 2920 nm puis augmente de 10 à 40 % entre 2900 et 3088 nm. Lors d’un étalonnage absolu, la mesure du signal SOLSPEC génère une incertitude généralement bien supérieure à celle des sources étalons, sauf sous 200 nm pour la lampe au deutérium. Pour une mesure solaire, l’incertitude associée à l’étalonnage radiométrique est dominante et porte la signature de l’accumulation de signal que l’on a pu acquérir face aux sources étalons. Les changements de filtres, les variations de la transmission des spectromètres et les raies solaires intenses laissent une signature spectrale typique, parfois supérieure à 10 %. Elle trouve son origine dans l’imprécision de l’échelle de longueur d’onde et l’effet de bande passante finie. Stratégie de mesure en orbite Les recommandations suivantes prévalent pour une acquisition réelle d’un spectre solaire en orbite : - Ajuster l’alignement de l’axe de pointage de la CPD de manière à garantir l’absence de dépointage solaire pour SOLSPEC. - Favoriser l’accumulation du signal. Pour une fenêtre temporelle de pointage solaire de 20 minutes, le temps d’intégration d’une mesure nominale peut être augmenté à 1 seconde et le nombre de lectures IR peut être porté à 210 ou 211. 153 II.8 Limites de détection Pour un signal collecté en sortie d’une chaîne de détection, le rapport signal à bruit est égal au quotient entre un signal net (signal moyen diminué du courant d’obscurité moyen et du fond diffus) et la fluctuation rms de ce signal. Pour définir la limite de détection des canaux de mesure SOLSPEC, nous avons choisi un critère fixant le rapport signal à bruit égal à 1. Pour SOLSPEC, le signal électronique vérifiant ce critère a été converti en éclairement spectral puis comparé à l’éclairement solaire. Cette analyse a permis d’estimer pour chaque canal la gamme dynamique disponible lors d’une mesure solaire et sa réduction en début et fin de plage spectrale, lorsque la réponse du système est atténuée. II.8.1 Canaux UV-VIS Le nombre d’impulsions correspondant à la limite de détection pour un comptage de photons peut être évalué selon l’équation suivante dont le développement théorique est reporté en Annexe E.5. Ns = 1 + 1 + 8T ( N b + N d ) 2T (II.8.1-1) avec : Ns : signal moyen net mesuré en sortie (cps/s). Nb : signal moyen généré par la lumière diffuse (cps/s). Nd : courant d’obscurité moyen du détecteur (cps/s). Le signal net Ns est la soustraction du signal total moins le courant d’obscurité et la lumière diffuse : Ns = Ntotal – (Nb + Nd). T : temps d’intégration (s). Résultats expérimentaux La limite de détection des canaux UV-VIS a été déterminée pour trois temps d’intégration : 0,6, 10 et 100 s. Pour cette application, les valeurs communément observées pour les conditions thermiques en orbite (cf. § III.1.2.2) ont été utilisées pour Nb et Nd. Les contributions diffuses (Nb) ont été mises à 0 pour l’exercice bien que la question de la lumière diffuse ait été mise à l’étude pour le filtre VIS1 (cf. § II.5.4). Les valeurs Nd ont été fixées à 0,27 cps/s (cf. § II.6.4.1) et 76 cps/s (cf. § III.1.2.2) respectivement pour les canaux UV et VIS. Après conversion des signaux moyens associés Ns en éclairement spectral, une comparaison avec l’éclairement solaire est devenue possible. 154 Fig. II.8.1-1 Détermination de la limite de détection (en bleu) pour trois temps d’intégration (0,6, 10 et 100 s). Comparaison avec l’éclairement solaire (en rouge). De gauche à droite : canaux UV et VIS. Analyse L’éclairement solaire excède toujours les limites de détection, y compris aux extrémités des domaines spectraux où une gamme dynamique de plus d’une décade reste disponible en mode solaire nominal (T = 0,6 s). L’augmentation du temps d’intégration améliore cette situation selon une loi proche de la racine carrée de T. La gamme dynamique peut atteindre un maximum de 6 décades pour le canal UV et 5 pour le VIS. Le seuil de détection exprimé en éclairement spectral est limité à 10-2 mW.m-2.nm-1 environ pour le canal VIS mais peut descendre à 10-4 mW.m-2.nm-1 pour le canal UV. Ces valeurs sont nominales. Une diminution de trois décades environ est observée pour la limite de détection UV entre le milieu et la fin de plage spectrale. Cette réduction est de l’ordre de deux décades pour le canal VIS. 155 II.8.2 Canal IR Dans l’infrarouge, le bruit de photon n’est pas négligeable mais il est dominé par le bruit provenant de l’électronique de la chaîne de détection. Les trois voies de mesure IR1 à IR3 présentent le même rapport signal à bruit (cf. Annexe A.5.2, Figure A.5.2-1). Fig. II.8.2-1 Détermination de la limite de détection IR pour une moyenne de 27, 210 et 213 lectures du signal (en bleu). Comparaison avec une émission corps noir à 5870 K (en rouge : fragment de ce spectre représenté ci-dessus à partir de 1 µm). La fluctuation du signal (déviation standard, en volts digitaux) a été déduite d’une série d’acquisitions de courant d’obscurité. Cette valeur a ensuite été convertie en éclairement spectral pour obtenir la limite de détection. Elle a été comparée à l’émission d’un corps noir à 5870 K en fin de plage spectrale, représentant en approximation l’équivalent d’un éclairement solaire. Trois valeurs du facteur de réduction du bruit (n = 7, 10 et 13) IR ont été analysées. Un gain d’une décade est observé lors du passage de 27 à 213 lectures du signal. Le rapport signal à bruit est supérieur à 100 en dessous de 2500 nm. Il reste inférieur à 10 au-delà de 3 µm. 156 Chapitre – III Résultats en orbite Les résultats présentés ci-dessous (paragraphe III.1) démontrent le maintien des performances radiométriques de l’instrument après son arrimage à ISS. Ces analyses concernent le système PSD, l’unité de lampes internes, les filtres, le régime thermique de SOLSPEC, les échelles de longueur de d‘onde et les réponses angulaires. Ensuite, l’éclairement solaire calculé en début mission avant la montée du cycle solaire 24 est présenté au paragraphe III.2. III.1 Stabilité de l’instrument III.1.1 Système PSD Stabilité Le fonctionnement du système PSD est nominal en orbite. En additionnant les 4 photocourants (cf. § II.5.1), il peut être interprété comme un radiomètre intégrant l’éclairement solaire dans une bande passante de 250 nm centrée à 500 nm. Sa stabilité a été vérifiée. Après normalisation à 1 UA pour une année témoin (2009), nous avons observé une dérive limitée à 0,2 % (cf. Annexe F.1). Le PSD analyse la stabilité de pointage solaire. Celui-ci est effectué par la CPD. Ces mesures sont primordiales pour l’application d’éventuelles corrections angulaires (cf. § II.5.5). Pendant les 14 minutes d’enregistrement d’un spectre solaire, la stabilité du pointage est de l’ordre de 6 à 7 minutes d’arc selon l’axe de rotation CPD YSOLAR et de 2 minutes selon XSOLAR. Des oscillations de pointage ont été observées selon les deux axes. Elles sont liées à l’algorithme de pointage de la CPD. Détermination du biais angulaire interne Le maintien de l’intégrité mécanique de l’instrument SOLSPEC lors de sa mise en orbite a été exploité afin de compléter sa caractérisation radiométrique. L’exemple ci-dessous utilise les données du système PSD. L’existence d’un biais angulaire interne à SOLSPEC a été évoquée (cf. § II.5.5.1). Il est associé à un désalignement résiduel (non mesuré au sol) entre les axes optiques du PSD et des spectromètres. Ce biais a pu être déduit d’une comparaison de réponses angulaires. En effet, elles ont été mesurées au sol 157 dans le système d’axes des spectromètres, mais sont référencées par rapport à l’axe du PSD en orbite. Nous avons ajusté par itération (jusqu’à la superposition des données sol et ISS) les structures fines des profils de réponses angulaires UV-VIS. Nous en avons déduit un biais angulaire interne de (10 ± 5) minutes d’arc selon XPSD et (25 ± 5) minutes d’arc selon YPSD. Un exemple d’analyse est reproduit ci-dessous pour chaque axe du PSD, et de gauche à droite, pour les canaux VIS et UV. Fig. III.1.1-1 Exemple de détermination du biais angulaire interne de SOLSPEC par comparaison entre les mesures UV-VIS de réponse angulaire au sol et en orbite. Détermination du biais angulaire externe Après livraison à l’ESA, l’intégration de SOLSPEC dans la CPD ne semble pas avoir été effectuée selon les critères de tolérance imposés (5 minutes d’arc). Les instruments Sol-ACES et SOVIM étaient également désalignés. Ces écarts n’ont pas été détectés au sol. Pour SOLSPEC, ils ont pu être déterminés en orbite par comparaison entre de séries temporelles de données du senseur solaire de la CPD avec celles du PSD. Nous avons obtenu des biais de l’ordre de -32 et -106 minutes d’arc en fonction des axes pris en considération (cfr Annexe F.1). Ces corrections sont actuellement appliquées par le logiciel de la CPD afin d’aligner nominalement les axes optiques de SOLSPEC lors de l’acquisition d’un spectre solaire. En l’absence du système PSD, une erreur systématique de pointage de nature indétectable aurait dégradé la détermination de l’éclairement solaire. Limite de détection d’un déplacement angulaire minimum par le PSD L’analyse de séries de données PSD de pointage solaire ont fait apparaître (en l’absence d’oscillations CPD) un écart type de l’ordre de 0,5 minute d’arc. Cette valeur a été considérée comme limite effective de détection d’un déplacement angulaire minimum. Le terme dominant est lié à la numérisation du signal PSD dans la télémétrie de SOLSPEC et à la gamme 158 dynamique limitée du système. La limite théorique de détection du détecteur (6 secondes d’arc, cf. § II.5.1) est donc masquée par l’action de l’électronique de lecture. La limite de détection du senseur solaire de la CPD est du même ordre de grandeur mais ce composant occupe un volume beaucoup plus important dans la charge utile SOLAR. La bonne conception du module PSD et sa réalisation ont donc conduit à d’excellentes performances en orbite. III.1.2 Stabilité des lampes Les lampes internes jouent un rôle primordial pour le maintien des performances radiométriques de SOLSPEC. Le concept de cette unité interne d’étalonnage a été présenté au paragraphe II.2.3.1. Pour les lampes à spectre continu (à ruban de tungstène et au deutérium) utilisées comme étalons relatifs en éclairement spectral, la stabilité de l’éclairement a été analysée. Les résultats présentés ci-dessous concernent les spectres de lampes internes, régulièrement enregistrés lors de : - La surveillance de la réponse de SOLSPEC organisée au sol pour la période comprenant la campagne d’étalonnage au PTB, la livraison à l’ESA et les dernières mesures au KSC (Kennedy Space Center, USA). - La surveillance organisée après la mise en orbite, pendant la phase de recette précédent les 1ère mesures solaires (avril-mai 2008). La lampe spectrale à cathode creuse contrôle les échelles de longueurs d’onde UV-VIS et les résolutions spectrales. L’utilisation de cette lampe en orbite est présentée au paragraphe III.1.2.3. III.1.2.1 Lampes au deutérium Certaines mesures de lampes au deutérium #1 et #2 ont été enregistrées sous vide lors de tests environnementaux au sol. Elles ont confirmé le bon alignement optique du canal UV. Un signal a en effet été détecté jusqu’à 153 nm (limite de transmission du Suprasil). Une mesure sans filtre UV fournit une information complémentaire car la dérive de réponse du canal de mesure UV est alors mesurée avec un meilleur rapport signal à bruit. La contribution propre au filtre UV peut ensuite être déduite de cette dérive par soustraction. Une sélection de ces mesures est présentée cidessous. Discussion - Les données présentées pour la lampe #1 montrent une correspondance d’éclairement très satisfaisante entre le PTB et ISS. Une période de 8 mois séparait les deux mesures, incluant le transfert PTB / ALENIA (Turin, Italie), l’intégration dans la CPD, la livraison à la NASA, l’intégration dans ATLANTIS, les vibrations lors de la mise en orbite et l’arrimage au module COLOMBUS. Le rapport des intensités oscille entre 1 et 1.03 pour la plage spectrale 200260 nm. Pour les données de la lampe #2, les mesures ont été effectuées à 8 159 mois d’intervalle. Le rapport oscille entre 0.98 et 1.02 pour la plage spectrale 200-280 nm. - L’ordre 2 n’a pas été supprimé pour le canal UV (cf. § II.3.4.3.2). Les conséquences ne sont mesurables qu’au-delà de 330 nm et expliquent la différence entre les mesures sous vide et à l’air. - Sous 200 nm, le signal enregistré en orbite diffère des mesures à pression atmosphérique et ne peut être corrélé au signal corps noir (limité à 200 nm). De plus, lors de l’étalonnage absolu sous vide à l’aide de la lampe V0132 (cf. § II.6.4.2), des spectres de lampes internes au deutérium n’ont pas été enregistrés conjointement. Il serait donc possible que la réponse du canal UV de SOLSPEC ait changé sous 200 nm lors de la mise en orbite sans que cela puisse être détecté directement par une lampe interne. Les résultats obtenus avec SOLAR SOLSPEC ont cependant été excellents (cf. § III.2). Fig. III.1.2.1-1 Stabilité du canal UV et de la lampe au deutérium #1. Comparaison entre les mesures effectuées lors des étalonnages absolus au PTB (juin 2007) avec et sans filtre, et la 1ère mesure SOLSPEC en orbite (février 2008). Fig. III.1.2.1-2 Exploitation du signal de la lampe D2 #2. Comparaison entre la dernière activation au sol (KSC, septembre 2007) et une des premières mesures en orbite (mai 2008). 160 On dispose donc de sources UV internes de stabilité nominale permettant de valider le concept de l’unité interne d’étalonnage. III.1.2.2 Lampes à ruban de tungstène L’utilisation des 4 lampes à ruban de tungstène est équivalente à celle des lampes au deutérium. Des spectres ont été enregistrés au PTB, lors de la livraison à l’ESA et à KSC. Ces mesures réalisées au sol ont été comparées aux premières mesures en orbite pour les canaux VIS et IR. Canal VIS Une modification de la réponse du canal VIS a été mise en évidence lors de l’activation des lampes à ruban de tungstène VIS (W1 et W2) en orbite. Elle semble imputable aux contraintes engendrées lors du lancement sans qu’il soit possible de déterminer avec certitude quel composant optique ou mécanique a été affecté. La réponse VIS s’est ensuite stabilisée en impesanteur. Les lampes ont permis de déterminer la dépendance spectrale de la perturbation. La technique d’analyse a consisté à comparer les spectres W1 et W2 enregistrés au PTB avec la moyenne des premières mesures sur ISS. La redondance des lampes a offert la possibilité de juger si une modification du signal avait été engendrée par une dégradation de la lampe ou un changement de réponse du canal. Pour le rapport d’éclairement PTB / ISS, une superposition de résultats a été obtenue à 1 % près pour les 2 lampes indépendantes. Ces résultats cohérents nous ont permis de mettre hors de cause les lampes pour la recherche de l’origine du problème. Nous avons déduit une courbe résultante (filtrée), moyenne du rapport pour W1 et W2 (courbe bleue ci-dessous). Le rapport final a été normalisé aux conditions de mesures du PTB (courbe verte). Nous avons intégré le changement d’émission d’une lampe à ruban de tungstène sous vide (cf. Annexe E.1) et le changement de réponse du photomultiplicateur VIS en orbite, pour un environnement thermique passant de 18 °C à 6,5 °C (cf. Annexe A.4, Figure A.4.1-1). L’application des deux termes de correction ne peut ramener le rapport à l’unité. Un changement de réponse VIS est donc intervenu et une courbe de correction a dû être appliquée pour les mesures solaires. Le concept de l’unité interne d’étalonnage a cette fois été validé pour son aptitude à détecter et corriger un changement de réponse lors d’une mise en orbite. 161 Fig. III.1.2.2-1 Utilisation des lampes à ruban de tungstène W1 et W2 pour l’étude de stabilité de la réponse du canal VIS lors de la mise en orbite. En bleu : rapport du signal PTB / ISS (moyenne pour les 2 lampes). En vert, idem après la prise en compte de 2 termes de corrections (émission du tungstène sous vide et réponse du détecteur). Canal IR Le signal des lampes W3 et W4 ne permet pas de travailler avec précision au-delà de 2500 nm. La voie de mesure IR3 a été sélectionnée pour les comparaisons de spectres (courant d’obscurité soustrait). Les spectres moyens pour les premiers mois d’utilisation en orbite ont été comparés à une série de mesures réalisées au sol (PTB, Turin et KSC). Les dérives observées étaient de l’ordre de 2 à 3 % maximum, confirmant le statut opérationnel du canal IR pour la mission SOLAR SOLSPEC. Fig. III.1.2.2-1 Signal IR3 (volts digitaux) des lampes à ruban de tungstène W3 (à gauche) et W4 (à droite). Comparaison entre les spectres de référence au sol et les 1ères mesures en orbite. 162 III.1.2.3 Lampe à cathode creuse Sa mise sous tension est nominale en orbite. Des paramètres caractérisant cette lampe sont analysés ci-dessous. Contrôle de l’intensité des raies La stabilité de la lampe et sa durée de vie ont été évaluées en analysant la perte d’intensité des raies. Les résultats sont présentés pour la période février 2008 - janvier 2010 pour deux raies UV-VIS témoins : Cu I à 249,22 nm et Ar I à 738,40 nm. Ces longueurs d’onde sont données dans l’air. En orbite, ces deux raies apparaissent décalées respectivement de +0,07 nm et +0,23 nm. Une perte d’intensité de ~60 % a été observée. Elle n’entrave pas l’utilisation de cette lampe pour le contrôle des échelles de longueur d’onde. Un régime transitoire de six mois environ a donné suite à une décroissance du signal proportionnelle au temps écoulé. Ces résultats ont été obtenus après correction de la dérive des canaux de mesure UV-VIS. Fig. III.1.2.3-1 Lampe HCL. Perte d’intensité de l’ordre de 60 % pour deux raies témoins (Ar I 738,4 nm et Cu I 249,22 nm) pendant les deux premières années d’utilisation en orbite. Cette perte d’intensité peut résulter d’une perte de transmission de l’optique de couplage (cf. § II.2.3.4.2) et d’une fuite du gaz argon. La décroissance doit être du même ordre pour des raies provenant des trois éléments (Ar, Cu, Zn) puisque les atomes de la cathode sont éjectés et excités par les ions argon. Ce critère est bien vérifié pour les deux raies témoins analysées. Après validation de ce critère pour un échantillon plus étendu de raies (à réaliser par exemple lors de tests au sol avec une lampe de réserve), on envisage d’étendre le champ d’application de la lampe HCL. En effet, la répartition de son éclairement entre les deux canaux UV-VIS de SOLSPEC donne accès à un couplage de ces canaux. La correction de dérive de réponse UV-VIS est calculée avec les lampes à spectre continu (cf. paragraphe suivant). 163 Une vérification pourrait être obtenue avec la lampe HCL par une analyse de la décroissance d’intensité des raies. Analyse de la tension Le courant est stabilisé à 5 mA par l’alimentation de la lampe. La variation de tension est un indicateur du vieillissement de la lampe. Après deux années, une réduction de 223 à 218 volts a été observée. Les observations ont montré que cette variation de tension n’était pas toujours proportionnelle à la perte d’intensité des raies. III.1.3 Performances de l’instrument La robustesse du montage mécanique de SOLSPEC, la stabilité radiométrique et la fiabilité de son l’électronique ont été certifiées avant livraison de l’instrument. Les tests réalisés pendant la phase de recette en vol ont permis de confirmer le maintien de ces performances dans l’environnement spatial (à l’exception du changement de réponse VIS) et pour les différents régimes thermiques auxquels SOLSPEC est soumis. Le logiciel et les motorisations n’ont connu aucune défaillance. Quelques paragraphes sont développés ci-dessous à titre démonstratif. Ils concernent l’algorithme d’exploitation du signal des lampes, le régime thermique de l’instrument, les courants d’obscurité, les échelles de longueurs d’onde, les filtres et la validation d’une correction angulaire. III.1.3.1 Algorithme pour la mesure de dérive des canaux L’algorithme développé pour le contrôle de la réponse absolue de l’instrument SUSIM (Floyd et al., 1996, Prinz et al., 1996) a été transposé pour SOLSPEC. Il optimise la redondance des lampes et génère une fonction à deux variables (date et longueur d’onde) pour la correction de la réponse absolue en cours de mission. Une lampe est sujette à une dérive d’éclairement (vieillissement de la fenêtre d’émission, modification de l’éclairement de l’arc ou du ruban de tungstène). En orbite, cette dérive propre aux lampes ne peut être mesurée que par les monochromateurs de SOLSPEC, eux-mêmes sujets à une dérive de réponse. L’algorithme SUSIM montre qu’il est possible de résoudre ces deux problèmes à condition de disposer de deux lampes dont la dynamique de vieillissement est apparue identique lors des tests de sélection. De plus, les deux lampes ne doivent pas avoir la même fréquence d’utilisation en orbite (il faut préserver une lampe en réserve et l’utiliser rarement). Une mesure conjointe de l’émission des lampes doit être programmée (typiquement chaque mois). Les équations développées pour le canal UV sont reportées en Annexe E.4. Elles sont également applicables pour le système de lampes à ruban de tungstène des canaux VIS et IR. 164 III.1.3.2 Etude thermique et courants d’obscurité en orbite Stabilité thermique La stabilité thermique de SOLAR SOLSPEC est assurée par l’action combinée de la couverture thermique (MLI) de la face blanche (radiateur) et des thermostats internes contrôlant des résistances chauffantes. Elle est aussi favorisée par la nouvelle géométrie de l’instrument limitant l’interface avec la CPD à six supports de fixation (cf. Figure II.1.2.5) dont l’isolation thermique est élevée. Cette configuration procure une stabilité supérieure à celle des missions ATLAS et Spacelab qui utilisaient le concept d’une plaque d’interface froide. Des sources additionnelles de chaleur (cartes électroniques, moteurs, lampes) sont présentes au sein de l’instrument SOLAR SOLSPEC. Elles engendrent une légère élévation de température lors de chaque mise sous tension. Seul le photomultiplicateur VIS et le détecteur IR présentent un gradient négatif (action des refroidisseurs à effet Peltier). L’amplitude des variations thermiques observées pendant la mission est de l’ordre de 5 °C. Les températures moyennes et les plages de variation sont conformes aux études réalisées au sol lors des tests de vide thermique et par modélisation (cf. Annexe D.3). Des données issues de quelques thermistances sont présentées en Annexe F.2 pour une année témoin (2009). Courants d’obscurité Les courants d’obscurité des détecteurs ont été analysés pour une série de mesures solaires (année 2010). Fig. III.1.3.2-1 Courants d’obscurité pour les mesures solaires (année 2010) pour les canaux UV-VIS (à gauche) et les trois voies de mesures IR (à droite). Pour la plage nominale de température en orbite (0 à 5 °C) et en l’absence de perturbations particulaires, le courant d’obscurité des détecteurs SOLSPEC est resté nominal (premiers points ci-dessus à gauche, ~0,3 cps/s et 70 cps/s respectivement pour l’UV et le VIS). Ces valeurs se sont parfois 165 dégradées de façon synchrone (points verts ci-dessus à gauche). Une zone de perturbation telle que l‘anomalie de l’Atlantique sud‘ (SAA) dont les limites d’extension ne sont pas parfaitement définies peut en être partiellement responsable. Certaines activations de SOLSPEC ont eu lieu au voisinage proche de cette zone en 2010. Par ailleurs, les rayons cosmiques n’ont pas de zone privilégiée de précipitation. De plus, leur flux est en opposition de phase avec l’activité solaire. Ceux-ci ont donc eu des effets importants en début de mission. Une perturbation magnétique interne à ISS a aussi été envisagée. Ces circonstances démontrent l’importance de mesurer de courant d’obscurité conjointement à chaque acquisition spectrale. III.1.3.3 Contrôle des échelles de longueurs d’onde Deux raies d’émission ont été analysées précédemment pour l’étude de la stabilité de l’émission de la lampe HCL en orbite (cf. § III.1.2.3). Chaque enregistrement d’un profil de PSF contribue à la caractérisation radiométrique de SOLSPEC en orbite. - La détermination de l’incrément moteur associé au sommet des PSF contribue à détecter une dérive éventuelle des échelles de longueurs d’onde UV-VIS. - L’analyse de la largeur à mi-hauteur des PSF permet de suivre l’évolution de la résolution spectrale des spectromètres UV-VIS. La Figure suivante présente l’analyse du sommet des PSF pour la période comprise entre février 2008 et juin 2010. Fig. III.1.3.3-1 Analyse de l’incrément moteur associé aux sommets des PSF Cu I (canal UV, 249.22 nm) et Ar I (canal VIS, 738.40 nm). Une dérive de l’ordre de 20 incréments a été observée pour les deux premières années de mission. Une dérive progressive mais limitée des échelles a été observée à partir du printemps 2009. Exprimée en incréments moteur, sa dynamique est identique pour les deux canaux (∆p ≈20 incréments) puisque le mécanisme de rotation des réseaux est commun. Pour le canal UV, la dérive est limitée à 0,15 nm soit ~1/9 166 de la résolution spectrale à 249 nm. Pour le canal VIS, on obtient 0,47 nm soit ~1/4 de la résolution spectrale à 738 nm. Une légère modification du cône d’émission d’une LED située sur la carte moteur est sans doute à l’origine de la dérive observée (cf. Annexe C.1, procédure de remise à zéro). La lampe à cathode creuse interne de SOLSPEC a permis de détecter des dérives d’échelles avec une haute précision (à 1 ou 2 incrément(s) moteur près). Le concept de l’unité interne d’étalonnage a été pleinement validé. Cette dérive a été prise en compte pour le traitement des mesures solaires. Les raies de Fraunhofer peuvent également être utilisées pour cette détection de dérive. Les largeurs à mi-hauteur des PSF sont analysées ci-dessous pour la même période. Fig. III.1.3.3-2 Largeur à mi-hauteur des PSF HCL analysées. La stabilité de la résolution spectrale des spectromètres a été confirmée. La dispersion des points (légère augmentation au cours du temps) traduit plus une incertitude croissante associée à la perte d’intensité des raies qu’une instabilité des résolutions spectrales. III.1.3.4 Performances des filtres Une analyse de données enregistrées lors de mesures solaires démontre l’estimation correcte des densités optiques des filtres atténuateurs établie lors de la caractérisation radiométrique au sol. Pour le canal UV, une moyenne de cinq spectres solaires (exprimés en unités relatives) est présentée (ci-dessous à gauche). Le signal est conforme aux prévisions. Il a été détecté entre 153 nm (limite de transmission du Suprasil) et 371 nm (fin de course du réseau). Il n’excède pas le seuil de 105 cps/s sauf très localement vers 290 nm. La stabilisation du signal entre 217 et 263 nm est nominale. Pour le canal VIS, une mesure nominale (ci-dessous à droite) a démontré que les filtres atténuateurs étaient appropriés car le signal maximum n’a pas excédé la limite de ~105 cps/s. La stabilisation effective du signal entre 365 et 410 nm justifiait le passage du filtre VIS3 à 410 nm. La situation est moins 167 favorable vers 302 nm car la densité optique constante du filtre atténuateur de la position VIS2 n’a pas favorisé le rapport signal à bruit. Fig. III.1.3.4-1 Signal solaire observé en orbite en unités relatives. De gauche à droite : canaux UV et VIS. La limitation du signal à 105 cps/s et les plages de fonctionnement des canaux apparaissent nominales. Signal VIS en dessous de 302 nm (filtre VIS1) Lors des étalonnages au sol, aucune source étalon en éclairement spectral n’a pu délivrer un signal détectable en-dessous de ~285 nm, empêchant toute détermination d’une courbe de réponse VIS entre 231 et 285 nm et toute simulation du signal solaire en orbite. L’analyse de la moyenne des mesures solaires nominales accumulées pendant les cinq premiers mois de la mission SOLAR a révélé l’existence d’un signal (après soustraction du courant d’obscurité). Pour les longueurs d’onde inférieures à 250 nm, il correspond à un niveau constant de lumière diffuse pour la position de filtre VIS1 qui a été étudié (cf. § II.5.4) et doit être soustrait. Au-delà de 250 nm, on observe l’émergence d’un signal additionnel. Fig. III.1.3.4-2 Signal VIS solaire en orbite (cps/s, avril-septembre 2008) pour la position de filtre VIS1. 168 Le rapport entre ce spectre solaire moyen et une interpolation polynomiale d’ordre 3 révèle la présence de raies de Fraunhofer, mesurables jusqu’à 260 nm (ci-dessous à gauche). En effet, la structure caractéristique des raies Mg II et Mg I (280 et 285 nm) est bien visible. Un spectre solaire enregistré par le canal UV permet de comparer ces structures spectrales (ci-dessous à droite). Une mesure de l’indice Mg II (cf. § I.2.2) serait donc possible avec le canal VIS. Fig. III.1.3.4-3 A gauche, signal solaire en unités relatives (plage VIS1). Les raies de Fraunhofer (Mg II, …) sont visibles à partir de 260 nm. Un spectre solaire enregistré par le canal UV (à droite) permet de comparer les structures spectrales. III.1.3.5 Validation d’une correction angulaire Les réponses angulaires des trois canaux et leur dépendance spectrale ont été confirmées en orbite (cf. § II.5.5) en exploitant le mode de basculement de la CPD (criss-cross). Les géométries respectives des axes de la CPD et du PSD sont connues (cf. Figure II.5.5.2-3 et Annexe F.1). Pour la détermination des réponses angulaires, les plans méridiens analysés lors du mode criss-cross se croisent selon l’axe optique de la CPD (cf. § II.5.5.1). Les facteurs de correction du signal solaire (applicables lors d’un dépointage) ont été déduits par défaut dans ces plans ne passant pas par l’axe optique des spectromètres de SOLSPEC. Une double validation s’imposait : - Vérifier la validité d’un facteur obtenu dans un de ces plans. - Vérifier si le résultat était transposable vers d’autres plans méridiens tels que ceux passant par l’axe optique des spectromètres. La validation a été réalisée pour le canal IR. La configuration géométrique de l’étude est reproduite ci-dessous. Pour l’application, nous avons sélectionné un facteur de correction défini dans le plan méridien perpendiculaire. Le point (1) représente en projection l’axe optique des spectromètres SOLSPEC. Le point (2) désigne la projection de la direction de pointage solaire de compromis entre SOLSPEC et Sol-ACES. Il a été utilisé temporairement entre le 28 décembre 2008 et le 9 juillet 2010, avant l’application d’un pointage nominal permanent 169 pour SOLSPEC. On considère également les projections Pj1 et Pj2 des points respectifs (1) et (2) sur le méridien de la CPD. Axe de coordonnée Y PSD X PSD = -32’ X PSD = -10’ Axe de coordonnée X PSD Pj1 Pj2 1 Y PSD = -25’ Y PSD = -36’ 2 Y PSD = -105’ Méridien ‘CPD perpendiculaire’ Méridien ‘SOLSPEC perpendiculaire’ Fig. III.1.3.5-1 Configuration géométrique pour la validation d’une correction angulaire. Le dépointage est analysé entre les points (1) et (2). La correction a été calculée entre les projections Pj1 et Pj2 de ces points. Des demandes ont régulièrement été transmises aux opérateurs de la charge utile SOLAR (situés au B.Usoc) pour approfondir la caractérisation radiométrique de SOLSPEC. Ainsi, des mesures solaires spécifiques ont pu être enregistrées en Pj1 et Pj2. D’autres spectres associés aux pointages (1) et (2) ont aussi été disponibles, par exemple, lors de requêtes particulières (juillet et novembre 2009), ou en profitant du changement de pointage (juillet 2010). Résultats Le facteur de correction angulaire analysé correspond à la différence de réponse entre les points Pj2 et Pj1, soit le vecteur bleu ci-dessus. Le quotient avec dépendance spectrale de ces réponses a été déduit de la matrice de caractérisation angulaire (cf. Figure II.5.5.2-6). Les points expérimentaux combinés à une interpolation polynomiale d’ordre 5 sont présentés ci-dessous (à gauche). Pour la validation, les rapports de spectres solaires ont été comparés à ce facteur. On a analysé ces quotients entre Pj2 et Pj1 mais aussi pour le vecteur rouge entre (2) et (1). 170 Fig. III.1.3.5-2 A gauche, calcul du facteur de correction angulaire pour un dépointage limité le long du méridien ‘CPD perpendiculaire’ (vecteur bleu, Figure précédente). A droite, validation de la correction en comparant des rapports de spectres solaires pour ce dépointage. Les résultats (ci-dessus à droite) montrent la bonne correspondance entre le calcul de la correction angulaire et la variation réelle de signal. Les points expérimentaux bleus et mauves, associés au méridien ‘SOLSPEC perpendiculaire’ sont une moyenne des mesures de 2009 et 2010 évoquées cidessus, soit un rapport entre les pointages (2) et (1). Les points verts découlent d’un rapport de spectres du méridien ‘CPD perpendiculaire’. Malgré les légers écarts observés, on constate que le calcul de la correction est validé. De plus, ce facteur de correction semble clairement transposable au méridien ‘SOLSPEC perpendiculaire’ contenant l’axe optique de SOLSPEC pourtant décalé de 22 minutes d’arc. En conclusion, on peut confirmer la bonne maîtrise de la réponse angulaire du canal IR grâce à une caractérisation approfondie. Elle était nécessaire à cause de la configuration particulière de l’optique d’entrée IR. La validation des corrections angulaires a été certifiée. 171 III.2 Détermination de l’éclairement spectral solaire Le spectre solaire présenté ci-dessous a été mesuré par l’instrument SOLAR SOLSPEC. Il est associé au contexte particulier du minimum d’activité solaire de l’intercycle 23-24, reconnu comme étant atypique par sa durée et le faible niveau d’éclairement (Thuillier et al. 2012). Pour la plage spectrale couverte par SOLSPEC, le minimum d’activité solaire est associé à la période de mai - juin 2008. Des recherches en cours tendent à démontrer l’existence d’une dépendance spectrale de ce minimum. Les mesures SolACES à 50 nm indiquent un déphasage jusqu’en août 2009 pour les très courtes longueurs d’onde. L’éclairement solaire pour la mission SOLAR et ses conditions d’acquisitions sont présentées ci-dessous. Une comparaison avec les mesures actuelles du satellite SORCE et le spectre SOLSPEC ATLAS 3 est ensuite menée, suivie d’une discussion. III.2.1 Spectre SOLSPEC associé au minimum solaire (intercycle 23-24) Les données expérimentales disponibles répondent aux conditions d’acquisition suivantes : - On dispose d’une série de mesures solaires n’exigeant pas de corrections angulaires. En effet, un programme de compensation itérative du biais angulaire de la CPD a été initié en 2008 pour la recherche d’un alignement de compromis entre les instruments de la charge utile SOLAR (cf. § III.1.3.5). Pendant cette période, SOLSPEC a été temporairement pointé en juin 2008 de façon optimale face au Soleil. Ces données sont exploitées ici, essentiellement pour le canal IR. - Les spectres ont été étalonnés en éclairement spectral à l’aide des courbes de réponse présentées aux paragraphes II.6.4 à II.6.6, sans correction de dérive liée au vieillissement des optiques. Les corrections régulières sont appliquées (soustraction du courant d’obscurité, non-linéarités, normalisation à 1 UA). Pour chaque canal, des traitements spécifiques ont été effectués et sont présentés ci-dessous. Canal UV On présente une moyenne pour 5 mesures solaires enregistrées pendant er le 1 mois de la mission SOLAR. En fin de spectre (340-370 nm), une série d’acquisitions spéciales à temps d’intégration 10 à 20 fois plus élevés a été prise en compte. La correction angulaire reste négligeable et n’a pas été appliquée. 172 Une correction de réponse du photomultiplicateur liée au changement de régime thermique entre le PTB et ISS a été intégrée (cf. Annexe A.4). Canal VIS Le travail préparatoire a consisté à modifier la courbe de réponse VIS suite aux changements détectés par les lampes à ruban de tungstène indépendantes W1 et W2 entre le PTB et ISS (cf. § III.1.2.2). L’étalonnage a été restauré entre 340 et 800 nm par une démarche objective validant le concept et l’utilisation de l’unité interne d’étalonnage. Les mesures solaires prises en considération pour établir l’éclairement spectral moyen correspondent aux acquisitions enregistrées entre avril et novembre 2008. Pour cette période, une correction de dérive de réponse liée au vieillissement du canal VIS n’était pas d’application. Le canal VIS étant moins sensible à un dépointage (cf. Figure II.5.5.2-5), aucune correction angulaire n’a été nécessaire malgré les ajustements de pointage réalisés en début de campagne. Le changement de réponse du photomultiplicateur VIS en fonction de l’environnement thermique est connu et a été étudié (cf. Annexe A.4). Il a été pris en compte, tant pour les spectres de lampes internes que pour les mesures solaires. Canal IR La variabilité de l’éclairement spectral NIR pendant un cycle solaire est inférieure ou égale à 0,05 % (Fontenla et al., 2004). Il est donc possible d’étendre la période de sélection de spectres pour en établir la moyenne. L’échantillon initial est constitué des acquisitions du 9 au 13 juin 2008, sans correction angulaire. Le second échantillon est constitué de 20 spectres du 1er semestre 2009 pour lesquels la correction angulaire est connue et a été validée (voir paragraphe précédent). Une excellente stabilité (de l’ordre de 1 à 2 %) a été observée pour le canal IR jusqu’en 2009. Ces spectres ont contribué à augmenter le rapport signal à bruit pour les grandes longueurs d’onde. Les trois voies de mesure ont été exploitées. Entre 740 et 1350 nm, seule la voie IR1 est non saturée lors des mesures en orbite. Spectre solaire Le spectre SOLAR SOLSPEC est présenté par canaux individuels. Les plages de recouvrement UV-VIS (340-371 nm) et VIS-IR (647-800 nm) ont été maintenues. L’étalonnage sous vide du canal UV et la remise à niveau du canal IR ont permis de repousser les limites respectives à 166 et 2900 nm. Elles étaient limitées à 200 - 2400 nm pour la version Spacelab de SOLSPEC. 173 Fig. III.2.1-1 Spectre solaire SOLAR SOLSPEC associé à l’activité solaire minimale de l’intercycle 23-24. L’éclairement spectral des canaux individuels et les plages de recouvrement sont représentés. Pour la livraison du spectre final SOLAR SOLSPEC minimisant l’incertitude standard, la jonction des 3 spectres individuels a été effectuée à 340 et 775 nm (cf. calcul d’incertitude, Figures II.7.3.5-1). III.2.2 Comparaisons SOLSPEC – SORCE – ATLAS 3 La comparaison de l’éclairement spectral solaire est effectuée avec le spectre ATLAS 3 et les mesures de la mission SORCE. - Le spectre solaire de référence ATLAS 3 (Thuillier et al., 2004a) s’est imposé dans la communauté scientifique internationale (incertitude standard : 3 %). C’est un produit composite combinant les données de l’instrument SOLSPEC de 1ère génération pour les missions ATLAS 3 et EURECA, et des instruments SUSIM, SOLSTICE et SSBUV essentiellement en dessous 200 nm (cf. § I.2.3). Il est associé à la date du 11 novembre 1994. - Les mesures simultanées de la mission SORCE sélectionnées pour la comparaison datent de juin 2008. Elles proviennent des trois instruments (SOLSTICE FUV-MUV et SIM) offrant une plage spectrale de recouvrement avec SOLAR SOLSPEC (cf. § I.2.3). L’incertitude de l’échelle radiométrique de SOLSTICE est de 1,2 à 6 % (McClintock et al., 2005a et 2005b). L’incertitude des mesures absolues de SIM est de 2 % (Harder et al., 2005a et 2005b). 174 Une normalisation pour l’activité solaire de juin 2008 a été effectuée au préalable pour le spectre de référence ATLAS 3. Elle a été réalisée à l’aide de l’indice Mg II (cf. § I.2.2). Des modèles ont été utilisés pour déduire la variation relative d’éclairement entre 120 et 400 nm au cours d’un cycle solaire à partir de cet indice (DeLand & Cebula 1993, Woods 2000). La Figure ci-dessous (à gauche) représente la série temporelle d’indice Mg II (Viereck et al., 2004). Elle situe les deux niveaux respectifs d’activité solaire pour ATLAS 3 et SOLAR SOLSPEC. La différence exprimée en % entre l’éclairement ATLAS 3 et sa normalisation au 1er juin 2008 est illustrée ci-dessous à droite. Le changement d’éclairement est limité à -3 % pour λ > 166 nm. Au-dessus de 200 nm, il ne dépasse plus -1,7 % Fig. III.2.2-1 A gauche, représentation des indices Mg II pour ATLAS 3 (0,26747) et pour le 1er juin 2008 (0,26421). Le changement d’éclairement pour ATLAS 3 (en %) suite à sa normalisation pour l’activité solaire de juin 2008 est illustré à droite. Spectre solaire UV Comparaison entre le spectre composite ATLAS 3 normalisé et le spectre SOLAR SOLSPEC (canal UV) : 175 Fig. III.2.2-2 Comparaison pour le canal UV entre la mesure SOLAR SOLSPEC de l’éclairement solaire et le spectre de référence ATLAS 3 normalisé. Ci-dessous, les rapports sont représentés pour SOLAR SOLSPEC et SORCE, avec ATLAS 3 normalisé et sélectionné comme référence. La réduction de la résolution des spectres à 3 nm a pour vocation de réduire les oscillations engendrées par les différences de résolution spectrale. Fig. III.2.2-3 Comparaison entre SOLAR SOLSPEC (canal UV), SORCE (juin 2008) et le spectre de référence ATLAS 3 normalisé. Réduction de la résolution spectrale à 3 nm. 176 Pour SORCE, la transition SOLSTICE-SIM est effective à 310 nm. On note une certaine convergence entre la mesure SOLAR SOLSPEC et SORCE, fort marquée entre 220 et 270 nm. Cependant, on conserve une bonne concordance (écarts inférieurs à 5 %) entre SOLAR SOLSPEC et ATLAS 3 entre 180-220 nm et 270-330 nm. En dehors de l’intervalle 180-330 nm, la dispersion est plus importante entre les 3 instruments. L’amplitude des écarts peut atteindre ±10 %. De 180 à 360 nm, la mesure SORCE présente un déficit permanent d’éclairement par rapport à ATLAS 3. Il culmine à 240 nm (-10 %). La tendance est similaire mais atténuée pour SOLAR SOLSPEC (voir tableau ci-dessous). Ces résultats démontrent les difficultés (dérive d’étalonnage, vieillissement des optiques) inhérentes aux mesures hors atmosphère de l’éclairement solaire dans le domaine UV. Des divergences de plusieurs % restent observables. Pour SOLAR SOLSPEC, l’incertitude standard du spectre UV est comprise entre 2 et 4 % (cf. tableau II.7.3.5-1). Néanmoins, ces résultats soulignent le succès de la mesure SOLAR SOLSPEC UV. L’échelle radiométrique ATLAS 3 repose sur l’émission de lampes NIST et de la cavité corps noir de l’observatoire d’Heidelberg anciennement utilisée pour toutes les missions SOLSPEC. La température de cette cavité était référencée à l’échelle thermométrique du PTB. SORCE utilise une échelle NIST et SOLAR SOLSPEC est référencé à l’échelle du PTB. La mesure SOLAR SOLSPEC est plus proche du spectre de référence ATLAS 3 que SORCE. Le tableau ci-dessous reprend les rapports moyens par plage spectrale entre les trois instruments (référence : ATLAS 3), et les éclairements intégrés (W.m-2) respectifs. Ratio moyen (référence : ATLAS 3) 166-180 (nm) 180-220 (nm) 220-260 (nm) 260-300 (nm) 300-340 (nm) 340-370 (nm) SOLAR SOLSPEC 1.069 ± 0.047 0.974 ± 0.013 0.919 ± 0.023 0.968 ± 0.027 0.973 ± 0.019 0.965 ± 0.051 SORCE 0.914 ± 0.024 0.976 ± 0.034 0.906 ± 0.015 0.924 ± 0.008 0.945 ± 0.014 0.982 ± 0.015 Ecl. intégré -2 (W.m ) 166-180 (nm) 180-220 (nm) 220-260 (nm) 260-300 (nm) 300-340 (nm) 340-370 (nm) ATLAS 3 0.01256 0.5593 2.323 12.26 31.17 30.48 SOLAR SOLSPEC 0.01317 0.5485 2.136 11.99 30.26 29.53 SORCE 0.01182 0.5397 2.109 11.34 29.48 30.09 Tableau III.2.2-1 Comparaison entre les instruments ATLAS 3, SOLAR SOLSPEC et SORCE. Les rapports moyens (référence : ATLAS 3) et les éclairements intégrés (W.m-2) sont présentés par bande spectrale UV. 177 Spectre solaire VIS Comparaison entre le spectre composite ATLAS 3, le spectre SOLAR SOLSPEC (canal VIS) et le spectre SIM - SORCE (trait rouge). Une normalisation n’est plus nécessaire pour l’activité solaire. Une réduction de la résolution spectrale d’ATLAS 3 à 2 nm a été effectuée pour la clarté du graphique. En effet, la résolution finale du spectre composite ATLAS 3 a été portée à une valeur inférieure à 1 nm en intégrant des structures à haute résolution du spectre solaire de Kurucz (Thuillier et al., 2004a). Fig. III.2.2-4 Comparaison entre l’éclairement solaire SOLAR SOLSPEC (canal VIS) et le spectre de référence ATLAS 3 (réduction de la résolution à 2 nm). SIM (SORCE) est ajouté en rouge (résolution de 2 à 22 nm). Le canal VIS est opérationnel et livre des mesures nominales après correction de la réponse pour la plage limitée à 340 - 800 nm. La moyenne des spectres SOLAR sélectionnés est en bonne correspondance avec le spectre ATLAS 3. L’instrument SIM est en bon accord. Un léger déficit d’éclairement est cependant observé au-delà de 600 nm par rapport aux 2 mesures SOLSPEC. La Figure ci-dessous représente le rapport entre SOLAR SOLSPEC et la référence ATLAS 3 après réduction de la résolution des 2 spectres à 5 nm. Le prisme de Fèry de SIM fait évoluer sa résolution spectrale de 2 à 22 nm entre 340 et 800nm. Ceci rend le calcul du rapport SIM - ATLAS 3 moins significatif. Seule une comparaison d’éclairement intégré avec ATLAS 3 a été effectuée pour SIM (cf. tableau III.2.2-2). 178 Fig. III.2.2-5 Comparaison entre SOLAR SOLSPEC (canal VIS) et le spectre de référence ATLAS 3. Réduction de la résolution spectrale à 5 nm. La concordance est optimale entre les mesures des deux générations d’instruments SOLSPEC. L’incertitude standard est voisine de 1 % en milieu de plage spectrale du canal VIS pour SOLAR SOLSPEC (cf. tableau II.7.3.5-1). Ratio moyen (référence : ATLAS 3) 350-425 (nm) 425-500 (nm) 500-575 (nm) 575-650 (nm) 650-725 (nm) 725-800 (nm) SOLAR SOLSPEC 1.005 ± 0.018 1.001 ± 0.009 0.991 ± 0.009 1.007 ± 0.005 1.010 ± 0.006 0.999 ± 0.005 Ecl. intégré -2 (W.m ) 350-425 (nm) 425-500 (nm) 500-575 (nm) 575-650 (nm) 650-725 (nm) 725-800 (nm) ATLAS 3 97.5 147.0 140.3 128.9 110.8 92.4 SOLAR SOLSPEC 98.1 147.1 139.0 129.9 112.0 92.4 SORCE 97.1 146.3 141.6 128.3 108.6 91.4 Tableau III.2.2-2 Comparaison entre les instruments ATLAS 3, SOLAR SOLSPEC et SORCE. Les rapports moyens (référence : ATLAS 3) et les éclairements intégrés (W.m-2) sont présentés par bande spectrale VIS. 179 Spectre solaire NIR La comparaison a été établie avec ATLAS 3 pour la plage commune 6472400 nm. La résolution spectrale de SOLAR SOLSPEC évolue entre 7 et 9 nm (cf. § II.5.6). La résolution native de l’instrument SOLSPEC de 1ère génération n’est plus représentée. Le spectre ATLAS 3 a été publié avec une résolution spectrale inférieure à 1 nm (voir ci-dessous à gauche). Ce résultat a été obtenu par l’adjonction de raies du spectre solaire à haute résolution (Kurucz et Bell, 1995) aligné sur le niveau d’éclairement spectral du canal IR de SOLSPEC (mission EURECA). Ci-dessous à droite, les résolutions ont été uniformisées par réduction de la résolution du spectre ATLAS 3 à 7 nm. Fig. III.2.2-6 Comparaison entre le spectre SOLAR SOLSPEC (canal IR) et le spectre de référence ATLAS 3. A droite, la résolution du spectre ATLAS 3 a été alignée sur celle de SOLAR SOLSPEC (de l’ordre de 7 nm). Une différence a été observée entre 1100 et 2400 nm entre le spectre infrarouge ATLAS 3 et SOLAR SOLSPEC. En milieu de plage, elle excède l’incertitude standard associée à chaque instrument (~3 % pour ATLAS 3, et 0,4 à 2 % pour SOLAR). La Figure ci-dessous montre le ratio SOLAR / ATLAS (après une moyenne mobile de l’ordre de 40 nm). L’amplitude des écarts atteint 10 % entre 1,7 µm et 2,2 µm. La différence d’éclairement intégré est de 18,5 W.m-2 entre 1,1 et 2,4 µm (soit 1,35 % de la constante solaire). Après 2,4 µm, la précision de la mesure SOLAR SOLSPEC diminue et l’incertitude dépasse progressivement les 5 % (cf. Figure II.7.3.5-1). 180 Fig. III.2.2-7 Rapport entre le spectre SOLAR SOLSPEC (canal IR) et le spectre de référence ATLAS 3 (résolution spectrale réduite à 7 nm). Pour le développement de cette thèse, le volume de travail s’est focalisé vers la remise à niveau de SOLSPEC, sa caractérisation, son étalonnage et les tests de performances en orbite, l’objectif étant d’obtenir un instrument de seconde génération mieux caractérisé et plus performant. C’est dans cette optique que le canal IR a été entièrement révisé avec succès tant pour son électronique et son optique. Le spectre solaire associé aux premières mesures en orbite en constitue l’aboutissement. La divergence observée entre les données ATLAS 3 et SOLAR SOLSPEC est un sujet d’étude intéressant pour lequel un plan de travail complémentaire (cf. III.2.3) a été élaboré. Ces nouvelles recherches ne sont pas intégrées dans cette thèse. Elles représentent un volume de travail considérable et en constituent la suite immédiate. Une discussion de l’état actuel des analyses est développée ci-dessous. Discussion 1) Analyse des sources d’erreurs possibles pour SOLAR SOLSPEC Une révision de la caractérisation radiométrique du canal IR de SOLAR SOLSPEC a été réalisée. Aucun coefficient de correction présentant la dépendance très spécifique en longueur d’onde (révélée ci-dessus entre 1,1 et 2,4 µm) et l’amplitude adéquate n’a été trouvé. Les analyses sont résumées comme suit : - La réponse angulaire est moins favorable pour le canal IR comparé aux réponses UV-VIS (cf. § II.5.5). Cependant, la sélection des lames dépolies en quartz pour les optiques d’entrée est restée inchangée par rapport ATLAS 3. De plus, la correction angulaire (validée au § III.1.3.5) présente une amplitude pratiquement nulle vers le milieu de plage spectrale étudiée (vers 1,7 µm). 181 - Les alignements de l’instrument SOLAR SOLSPEC face au corps noir du PTB et face au Soleil ont été correctement réalisés (utilisation du signal du PSD en orbite). - La stabilité de l’éclairement spectral du corps noir du PTB utilisé pour SOLAR SOLSPEC était supérieure à celle du corps noir expérimental de l’Observatoire d’Heidelberg (cf. § II.6.4.1). La valeur absolue et la stabilité de la température ont été certifiées par le PTB. - La réponse absolue du canal IR est restée remarquablement constante au cours de la période utilisée pour la définition du spectre IR final (juin 2008 mai 2009). - La nouvelle électronique IR a bénéficié d’un réel progrès par rapport à la génération précédente. - La différence de régime thermique entre le PTB et les mesures sur ISS n’ont pas eu d’influence sur l’optique du canal IR et le fonctionnement de la détection synchrone. Seul le biais du filtre passe-bas électronique été modifié par les plus basses températures rencontrées, ce qui a modifié le niveau de courant d’obscurité en sortie. - Le fonctionnement de la détection synchrone est totalement neutre en longueur d’onde. Une dérive (de concordance de phase, hystérésis, …) ne pourrait expliquer la dépendance spectrale du problème étudié. - L’absorption par la vapeur d’eau a été correctement détectée et corrigée au sol pendant les étalonnages au PTB. - L’alignement optique interne du canal IR et sa mécanique ont été révisés pour la version SOLAR SOLSPEC. Ces progrès ont été concrétisés par l’obtention d’une meilleure résolution spectrale. - Les éléments optiques de la chaîne de détection IR ne présentent aucun empilement trop rapproché de fenêtres à faces parallèles. Elles auraient pu, par un trop grand parallélisme (cf. Annexe D.2) produire une cavité FabryPérot modifiant la transmission du canal IR de façon moins contrôlée et avec une dépendance spectrale (influence des régimes thermiques pour les franges d’interférences). 2) Les autres mesures d’éclairement solaire NIR actuellement disponibles Ces mesures NIR sont récentes. Le spectre fourni par l’instrument SOLSPEC de 1ère génération correspondait à la 1ère mesure absolue hors atmosphère de l’éclairement entre 1 µm et 2,4 µm. D’autres mesures sont désormais disponibles. Elles sont issues des instruments SIM et SCIAMACHY. Les mesures SIM (limitées à 2,4 µm et à basse résolution) ne sont pas référencées par rapport à une source étalon en éclairement spectral mais la caractérisation radiométrique de l’instrument est approfondie. Pour limiter l’impact des incertitudes liées à la correction de la dérive de réponse de SIM (Harder et al., 2009), seules les données de début de campagne (2003) sont prises en considération. L’instrument SCIAMACHY est un spectrographe à 8 canaux dont 3 concernent le domaine spectral NIR. L’instrument a été étalonné en éclairement 182 spectral mais les mesures sont limitées à 2,4 µm. L’absence de détection synchrone a rendu l’instrument sensible à la lumière diffuse IR externe (dont le taux pouvait atteindre 15 %). Des spectres obtenus en début de campagne (Noël et al., 2006) ou plus récents (Pagaran et al., 2009) sont disponibles. 3) Modélisation de l’atmosphère solaire La modélisation semi-empirique de l’atmosphère solaire est en constante évolution. Un des principaux objectifs consiste à prévoir l’éclairement spectral et ses variations induites par l’activité solaire (cf. § I.1.3). Depuis 2003, des validations de modèles ont eu lieu dans l’infrarouge. Elles ont permis d’ajuster les paramètres des équations physiques de manière à reproduire les observations. Par exemple, les premières séries de données SIM (2003) n’ont pas confirmé l’anti-corrélation entre l’éclairement UV et NIR en fonction de l’activité solaire, contrairement aux prévisions des modèles en vigueur à cette époque (Fontenla et al., 2004). L’éclairement solaire NIR est issu du continuum photosphérique. Une altitude de référence (altitude zéro) a été associée à la surface photosphérique. Par convention, elle a été définie comme la profondeur photosphérique d’épaisseur optique égale à l’unité au centre du disque et à 500 nm (Fontenla et al., 2004). L’opacité de l’atmosphère solaire est gouvernée par le coefficient d’absorption de H- au-delà de 800 nm. Cette opacité décroît et atteint une valeur minimale à 1.6 µm. La surface photosphérique est alors plus profonde de ~100 km et donc plus chaude. Il est fondamental qu’une mesure d’éclairement solaire hors atmosphère vérifie ce critère d’opacité minimale prévue par les modèles. Il est vérifié tant par le spectre ATLAS 3 que par la mesure actuelle SOLAR SOLSPEC Un modèle élaboré (Fontenla et al., 1999) a bénéficié de l’apport d’ATLAS 3 pour sa validation dans l’infrarouge. On a observé un accord étroit en fonction de la longueur d’onde entre la température de brillance modélisée et celle mesurée par ATLAS 3 (Fontenla et al., 2006). La correspondance a également été établie entre ATLAS 3 et COSI pour le VIS (Shapiro et al., 2010). Entre 1 et 1,8 µm, COSI s’écarte d’ATLAS 3 à hauteur de 4 %. 4) Comparaison entre SOLSPEC, SIM et SCIAMACHY Le spectre SIM montre dans l’infrarouge une différence similaire (en amplitude et plage spectrale) à celle rencontrée entre les deux instruments SOLSPEC (Figure III.2.2-7 ci-dessus). Bien qu’une réponse erronée de 8 % de leur détecteur étalon fût peu probable entre 1,6 et 2,4 µm, la décision de s’aligner sur le spectre ATLAS 3 fut prise par l’équipe SORCE en suivant cette argumentation (Harder et al., 2010) : - Plusieurs facteurs contribuant à l’incertitude des mesures aux grandes longueurs d’onde ont engendré un rapport signal à bruit défavorable pour l’instrument SIM. Par la suite, diverses mesures de laboratoire (unité d’étalonnage SIRCUS, NIST) ont été effectuées avec un détecteur de réserve. 183 L‘objectif était de trouver un terme de correction reposant sur des preuves expérimentales (Snow et al., 2006). L’absence de données suffisamment concluantes a incité l’équipe SORCE à ne pas maintenir leur spectre IR. - Au regard de l’éclairement intégré, les mesures sont plus acceptables pour ATLAS 3 et ce spectre correspond au modèle de Fontenla (Fontenla et al., 2006). L’équipe SORCE applique une correction (‘ESR long wavelength’) d’une amplitude atteignant progressivement 8 % à partir de 1,8 µm afin de normaliser leur spectre par rapport à ATLAS 3. Un instrument SIM de seconde génération est en préparation pour la charge utile TSIS sur NPOESS (mission : 2014-2019). Cet instrument présentera un rapport signal à bruit rehaussé pour les grandes longueurs d’onde et sera étalonné en absolu (échelle radiométrique du NIST). La réduction de l’incertitude standard pour SIM sur TSIS apportera une meilleure compréhension de l’origine du désaccord actuel observé avec SORCE. Pour SCIAMACHY, les premières analyses de données (Noël et al., 2006) ont révélé des divergences de 5 à 10 % entre 1 µm et 2,4 µm lors de comparaisons croisées avec SIM et ATLAS 3. Les travaux plus récents ont intégré des corrections plus approfondies de dérive instrumentale. Les divergences ont été réduites mais un écart de l’ordre de 5 % persiste vers 1,6 µm (Pagaran et al., 2011). 5) Eclairement solaire intégré en longueur d’onde La constante solaire a été mesurée hors atmosphère depuis 1978 par une série de radiomètres (Thuillier et al., 2006) tels ACRIM, SOVA, VIRGO, DIARAD, etc … Les résultats ont convergé vers (1365,4 ± 1,3) W.m-2 pendant les années 1990. Depuis 2003, l’instrument TIM sur SORCE (Kopp et al., 2005a) indique une valeur de (1360,8 ± 0,5) W.m-2. Seul TIM a bénéficié d’un étalonnage face à une source étalon du NIST (Kopp et al., 2005b, Kopp et al., 2007) et cette valeur semble à présent s’imposer (Kopp et al., 2005c, Kopp & Lean, 2011). Des campagnes de validation pour étalonner l’ensemble des radiomètres (ou leur modèle de réserve au sol) face à la source NIST sont en cours. Un exercice de validation consiste à vérifier si la valeur intégrée en longueur d’onde des éclairements spectraux ATLAS 3 et SOLAR SOLSPEC sur leurs domaines de définition respectifs (complétés aux courtes et grandes longueurs d’onde par d’autres mesures ou modélisations) est compatible avec la valeur publiée de la constante solaire. Puisque l’incertitude des radiomètres (de l’ordre de 0,1 %) est nettement inférieure à l’incertitude des échelles absolues des spectroradiomètres, il suffit de vérifier si la valeur de 1360,8 W.m-2 appartient à l’intervalle d’incertitude centré sur l’éclairement intégré des instruments SOLSPEC. Pour SOLSPEC ATLAS 3, cette condition est vérifiée (Thuillier et al., 2003). L’écart de 1,4 % observé entre la constante solaire et l’éclairement intégré est en effet inférieur à l’incertitude standard (3 %) attribuée à ATLAS 3. 184 Pour SOLAR SOLSPEC, l’intégration entre 166-2400 nm et 166-2900 nm est développée ci-dessous. La valeur intégrée pour la plage manquante 0,5-166 nm a été déduite d’ATLAS 3. SOLAR SOLSPEC 166-2400 nm SOLAR SOLSPEC 166-2900 nm ATLAS 3 0.5-166 nm Eclairement intégré -2 (W .m ) 1307,4 1327,7 0,0143 Incertitude standard -2 (W.m ) 13,3 14,3 --- Tableau III.2.2-3 Intégration du spectre SOLAR SOLSPEC (W.m-2) entre 166-2400 nm et 166-2900 nm. L’intégration pour la plage 0,5-166 nm a été déduite d’ATLAS 3. L’incertitude standard u(E) a été calculée selon l’équation III.2.2-1 Pour une plage spectrale [λ1,λ2], l’incertitude standard associée à l’éclairement intégré a été déterminée comme suit : λ2 u ( E ) = 10 . ∫ E sol .uc ( Esol )dλ −2 (III.2.2-1) λ1 Avec uc(Esol) : Incertitude standard composée pour l’éclairement spectral, exprimée en % pour chaque longueur d’onde. Esol : Eclairement spectral solaire u(E) : Incertitude standard pour l’éclairement intégré entre [λ1,λ2]. Cette incertitude u(E) représente l’écart intégré (en W.m-2) entre le spectre SOLAR SOLSPEC augmenté de son incertitude standard et le spectre lui-même. Le calcul a pu être effectué pour SOLAR SOLSPEC en exploitant l’évaluation des incertitudes réalisée précédemment (cf. tableau II.7.3.5-1). Les résultats sont affichés dans le tableau III.2.2-3 ci-dessus (dernière ligne). L’éclairement intégré d’un spectre solaire entre 2,4 µm et 100 µm représente 3,8 % de la constante solaire (Thuillier et al., 2004a). Nous avons finalement obtenu une estimation de la constante solaire SOLAR SOLSPEC égale à (1357,1 ± ~15) W.m-2. La valeur est compatible avec celle de la constante solaire compte tenu des incertitudes de la mesure spectroradiométrique. En conclusion, les mesures solaires hors atmosphère sont sujettes à de fréquentes divergences pour la plage spectrale 1,1 – 2,4 µm, pouvant culminer à ~10 % vers 1,6 – 1,8 µm. Elles sont de nature instrumentale et c’est pourquoi de nouvelles investigations doivent être entreprises pour résoudre les différences observées entre les deux générations d’instruments SOLSPEC. 185 III.2.3 Perspectives pour la mission SOLAR SOLSPEC Divergence IR Les initiatives suivantes ont été programmées pour la résolution du désaccord actuel entre ATLAS 3 et SOLAR. 1) Tests de l’électronique de qualification La linéarité en sortie du convertisseur 16 bits du signal IR de l’instrument SOLAR SOLSPEC a été étudiée (cf. § II.5.3.3). Les résultats sont conformes. Une réactivation de l’électronique de qualification IR est cependant programmée pour réaliser des investigations approfondies au sol. Le fonctionnement de la chaîne de détection IR sera révisé (plans de masses électriques, l’implantation du convertisseur 16 bits, circuits de protections, compensation de biais, …). Un montage sera assemblé, permettant de numériser des tensions en entrée selon des rampes bien définies. On ne dispose pas d’étalons de tension ni de rampes équivalentes dans la télémétrie de SOLAR SOLSPEC en orbite. 2) Modélisation par un logiciel de la conception de la chaîne optique L’intégralité de la chaîne optique de détection IR peut être encodée dans un programme de conception d’éléments optiques (Zemax). Son fonctionnement peut être modélisé. L’impact du déplacement d’un composant optique (ayant pu survenir pendant la mise en orbite) peut être analysé. L’objectif consiste à identifier l’élément responsable de la dépendance spectrale et de l’amplitude de l’écart observé pour la mesure de l’éclairement spectral infrarouge. Par exemple : une modification de l’éclairement du détecteur PbS, un désalignement mécanique, … La chaîne de détection se résume comme suit : Pré-fente – lame dépolie – fente d’entrée – 1er réseau – miroir plan – lentille de champ – fente intermédiaire – lentille de champ – miroir plan – 2ème réseau – lentille de champ – fente de sortie – lentille de champ – miroir plan – 1ère lentille cylindrique – 2ème lentille cylindrique – filtre – détecteur PbS. 3) Campagne de validation au sol Une campagne de validation au sol peut être envisagée. Elle exploiterait la méthode Bouguer. Par une série de mesures solaires directes réalisées sous différents angles zénithaux, il est possible d’obtenir par extrapolation l’éclairement solaire pour un facteur de masse d’air relative (AMF) égal à zéro (Kasten et Young, 1989, Schmid et al., 1995). La mesure devient équivalente à une détermination (monochromatique) de l’éclairement solaire hors atmosphère. 186 Sa mise en œuvre doit être réalisée avec la plus grande précision photométrique possible. Pour cela, un instrument de facture commerciale de haute fiabilité peut être sélectionné. Il convient de le configurer conformément au canal IR de SOLSPEC (double monochromateur, bande passante ~10 nm, détection synchrone, détecteur PbS). Seule l’optique d’entrée peut être différente. Une configuration typique consiste à utiliser un pointeur solaire et un télescope spécialisé pour la mesure solaire directe en éclairement spectral (vérifiant la loi en 1/r²). Il est relié au spectromètre par fibre optique. Il est primordial d’étalonner le système selon la même échelle radiométrique que SOLSPEC (corps noir du PTB). Entre le PTB et le site de campagne, l’étalonnage peut être maintenu à l’aide d’étalons secondaires (lampes à filament de tungstène de puissance 1000 W). Leur rôle est équivalent à l’unité d’étalonnage interne de SOLSPEC. Les sites privilégiés de mesure doivent être situés à haute altitude pour obtenir une atmosphère stable et de faible épaisseur optique. La méthode Bouguer requiert en effet une teneur en aérosols faible et constante par demi-jour de mesure. L’observatoire d’Izaña (Iles Canaries) peut être retenu. Une analyse de quelques longueurs d’ondes suffit pour la validation au sol. Elles doivent correspondre aux fenêtres atmosphériques IR, exemptes d’absorption par les molécules O2, O3, CO2 et H2O. La diffusion Rayleigh et l’extinction par les aérosols sont alors les seules contributions pour l’extinction atmosphérique. Ces canaux valides ont été déterminés par modélisation et publiés (Kindel et al., 2001). Certains d’entre eux se situent dans une plage de grand intérêt, entre 1,5 et 1,7 µm. Pour un site de mesure idéal, il a été démontré que l’étalonnage Bouguer d’un radiomètre est d’une précision équivalente à celui établi à partir de lampes du type FEL (Schmid et al., 1995). Selon notre protocole, le problème est inversé : transférer l’échelle radiométrique du PTB vers un site de mesure idéal peut garantir une reconstruction de l’éclairement hors atmosphère avec incertitude limitée à 1-2 %. L’ambiguïté de ~10 % des mesures spatiales serait levée. L’aboutissement de l’ensemble de ces recherches est attendu avant le verdict des mesures TSIS. Traitement approfondi des données Les données SOLAR SOLSPEC ont été accumulées pendant les quatre premières années couvrant une cinquantaine de périodes d’acquisition (fenêtres solaires). Le traitement de données s’inscrivant dans la continuité de ce doctorat sera le suivant : - Les analyses permettant de détecter et corriger la dérive de réponse des canaux sont en cours. Elles exploitent le système d’équations appliqué au signal des lampes (cf. § III.1.3.1). Après correction, les données accumulées permettront de produire une série temporelle de spectres pour le cycle solaire 24. - Des études de variabilité à court terme, associées aux 27 jours de la rotation solaire et à certains épisodes (éruptions, …) seront réalisées. Des discussions entre l’ESA, la NASA et le B.Usoc sont en cours pour procéder à la jonction de 187 2 fenêtres. Un changement d’orientation de l’ISS doit être réalisé en conséquence. - Les dérives lentes des échelles en longueur d’onde seront déterminées et corrigées (cf. § III.1.3.3). Ces échelles seront également affinées (cf. § II.5.2.2). - Le découplage de l’instrument SOLSPEC en trois canaux de mesures synchrone (UV-VIS-IR) va permettre d’établir la valeur simultanée des indices MgII et CaII. 188 Conclusions La mesure de l’éclairement solaire absolu hors atmosphère est une entrée fondamentale pour la physique solaire et la physique de l’atmosphère de la Terre et de son climat. La demande concerne la précision des mesures, le domaine spectral et la durée des observations. De plus, chaque cycle solaire possède ses propres caractéristiques. La transition inédite entre les cycles 23 et 24 nécessitait la mise en œuvre d’un programme de mesure. En raison de l’environnement spatial hostile dans lequel évoluent les spectroradiomètres en orbite et des dérives de réponses absolues auxquelles ils sont soumis, il est nécessaire qu’au moins deux instruments soient simultanément en opération. La mission SOLAR SOLSPEC a été organisée par l’ESA sur base de cette argumentation. Elle présentait l’avantage d’utiliser un instrument ayant déjà effectué des mesures en orbite. En effet, une première version de SOLSPEC, configurée pour des missions de moyennes et de courtes durées, a participé à cinq vols spatiaux entre 1983 et 1994. Une remise à niveau de l’instrument s’est avérée nécessaire pour l’adapter aux exigences de la mission de longue durée à bord de la Station Spatiale Internationale. La reconfiguration de SOLSPEC a nécessité une répartition des tâches au sein d’une équipe (interface mécanique, nouvelle électronique, optique, …). La mise en œuvre des modifications de sous-systèmes optiques, de l’ensemble des étalonnages et des caractérisations radiométriques a été au cœur de ce doctorat. Ce travail a été structuré en deux phases : - Le développement de l’instrumentation, sa caractérisation et son étalonnage absolu. - Le traitement des données pour les premières mesures en orbite. Principaux résultats Nous avons démontré tout au long de ce travail que la qualification spatiale des éléments optiques de la nouvelle version de SOLSPEC a été obtenue : - Les alignements optiques des trois canaux de mesure de l’instrument ont été entièrement révisés. - L’unité interne d’étalonnage a été modifiée. Le nombre de lampes sélectionnées à spectre continu (au deutérium et à ruban de tungstène) a été dédoublé pour obtenir une redondance. Une lampe spectrale utilisant les raies d’émission d’un gaz (argon) a été retenue. Des lames en quartz ont été ajoutées pour la protection de l’optique d’entrée des canaux de mesure et un pointeur solaire passif (PSD) a été ajouté. - Les monochromateurs et les détecteurs de SOLSPEC ont bénéficié d’une caractérisation radiométrique approfondie pour la linéarité, la lumière diffuse, les lois de dispersion, les réponses angulaires et le système de filtres. 189 Une collaboration a été établie entre les partenaires du projet SOLSPEC (LATMOS, IASB et ZAH) et le centre de métrologie du PTB (RFA) pour déterminer la réponse absolue de SOLSPEC. L’utilisation de l’étalon primaire en éclairement spectral représenté par le rayonnement du corps noir BB3200g du PTB a été déterminante. Par rapport à l’utilisation du corps noir des missions précédentes, un gain d’un facteur 10 a été obtenu, tant en stabilité qu’en connaissance de la température absolue de la cavité (0,44 K). L’incertitude standard de l’éclairement du corps noir est inférieure à 0,35 %, 0,25 % et 0,16 % respectivement pour les plages spectrales des canaux UV, VIS et IR de SOLAR SOLSPEC. L’adjonction d’un radiomètre développé pour SOLSPEC a contribué à la surveillance continue de la température de la cavité. L’objectif étant de détecter (à 0,05 K près) puis de compenser par calcul une dérive possible de la température de la cavité (0,5 K/h). Les résultats de ces travaux ont été essentiels pour une mise en service nominale de SOLSPEC permettant d’atteindre les trois objectifs suivants : - Disposer d’une échelle radiométrique absolue d’incertitude standard réduite. - Réaliser des mesures d’éclairement spectral selon une plage spectrale étendue. - Observer les particularités de la variabilité solaire du cycle 24. Ainsi, la plage spectrale étalonnée en absolu, initialement contenue entre 200 et 2400 nm a été étendue à 166-3088 nm pour cette version de SOLSPEC. Les courbes de réponse ont été établies sous 200 nm par un étalonnage sous vide. Le seuil de 3 µm a été franchi grâce au fonctionnement nominal de la nouvelle électronique IR et la résolution spectrale IR a été améliorée et se situe entre 7 et 9 nm. L’unité interne d’étalonnage a rendu l’instrument autonome pour la surveillance de toute dérive de réponse des canaux. L’application des algorithmes de compensation de ces dérives (à partir du signal des lampes internes) permettra de déduire l’amplitude exacte de la variabilité inhérente à l’éclairement solaire. Un calcul d’incertitude spécifique à la nouvelle configuration a été réalisé. Il a pris en compte l’intégralité des sources d’incertitude recensées et utilise le formalisme mathématique appliqué en métrologie. La mesure SOLSPEC de l’éclairement solaire et son incertitude standard associée ont été exprimées sous forme de relations fonctionnelles. L’expression des incertitudes a été dérivée de ces modèles mathématiques et analysée pour toutes les longueurs d’onde. Elle a permis d’estimer les incertitudes standard minimales après une accumulation de spectres solaires (étude asymptotique) lors de la mission SOLAR. Les résultats donnent une incertitude de 2 % à 4 % pour la plage 166-370 nm, inférieure à 2 % entre 370 et 2350 nm, comprise entre 2 et 5 % pour l’intervalle 2350-2580 nm et de 5 et 10 % entre 2580 et 2920 nm. Une valeur inférieure à 1 % est atteinte entre 500 et 1900 nm. Le terme dominant pour ces incertitudes finales provient de la courbe de réponse, elle-même tributaire du signal accumulé par SOLSPEC 190 face à la source étalon. La durée d’une campagne d’étalonnage absolu et l’enregistrement des spectres de référence des lampes internes s’affirment comme les facteurs les plus déterminants pour réduire l’incertitude d’une mesure solaire en orbite avec SOLSPEC. Pendant la phase de recette consécutive à la mise en orbite, la conservation des performances radiométriques, des fonctionnalités de l’instrument et la stabilité thermique ont été confirmées. Pour le canal visible cependant, une modification de réponse a été détectée et corrigée par l’utilisation des lampes internes. Le détecteur PSD a permis de surveiller de manière autonome l’orientation angulaire des axes optiques de SOLSPEC lors de tout pointage solaire. Il a également été mis à contribution pour optimiser la connaissance des réponses angulaires et pour valider les corrections de pointage. Enfin, l’éclairement solaire hors atmosphère a été déterminé avec l’expérience SOLAR SOLSPEC en appliquant les coefficients d’étalonnage. Il correspond à l’activité solaire du début de la mission SOLAR (mi-2008) et a été comparé aux résultats antérieurs et actuels des missions respectives SOLSPEC ATLAS et SORCE. La concordance est obtenue entre les résultats des deux générations d’instruments SOLSPEC pour l’éclairement spectral solaire dans le domaine UV et VIS en tenant compte des incertitudes spécifiques de chaque instrument. Pour le canal UV, la concordance entre les mesures est de 5 % ou mieux entre 180220 nm et 270-330 nm. Elle montre un accord entre SOLAR SOLSPEC et SORCE entre 220 et 270 nm et un écart de 10 % avec SOLSPEC ATLAS. Une discussion a été menée pour le proche infrarouge où un désaccord atteignant plusieurs pourcents subsiste vers 1,8 µm. Elle est de nature instrumentale et donne actuellement lieu à de nouvelles investigations. Perspectives Les objectifs de cette thèse se sont focalisés sur la mise au point de l’instrument SOLSPEC, son étalonnage et les premières mesures en orbite validant ses fonctionnalités. De nombreux travaux constituent la suite immédiate de ce travail et sont déjà en cours. - L’exploitation des données de l’ensemble de la mission SOLAR (2008-2013, voire 2016). Après l’accumulation des mesures et l’application des procédures de surveillance des échelles radiométriques, les séries temporelles de spectres solaires avec un rapport signal à bruit élevé pourront être déterminées. La variabilité UV de l’éclairement solaire au cours du cycle 24 en fonction de l’activité solaire pourra être déduite et comparée aux autres mesures disponibles. L’instrument SOLSPEC enregistre nominalement un spectre par jour mais d’autres modes d’acquisition (impliquant une action des opérateurs du B.Usoc et une autre utilisation du logiciel de SOLSPEC) sont 191 possibles. Ils permettent d’analyser des échelles de temps caractéristiques plus courtes (de l’ordre de la minute) pour des intervalles spectraux restreints. - Le désaccord observé pour l’éclairement infrarouge est en cours d’analyse. Les résultats au-delà de 1 µm font l’objet de travaux de validation complémentaires et d’études plus détaillées. Sa résolution permettra de fournir un spectre solaire SOLAR SOLSPEC VIS et IR étendu jusqu’à 3,1 µm. L’étendue de la plage spectrale couverte par SOLAR SOLSPEC est unique pour les spectroradiomètres spatiaux dédiés à la mesure de l’éclairement solaire actuellement en service. En conclusion, la mission SOLAR SOLSPEC (en service depuis quatre ans) est un succès tant sur le plan technologique que scientifique. Les demandes récentes de la communauté scientifique pour une mesure plus performante de l’éclairement solaire ont été présentées. Elles portent tant sur la continuité et la durée des mesures, autorisant la couverture complète d’un cycle solaire et de sa variabilité spécifique, que sur la couverture spectrale la plus large possible du spectre électromagnétique du Soleil. De même, ces demandes concernent la réduction de l’incertitude des échelles absolues, notamment dans l’ultraviolet. Ces demandes émanent tant des climatologues que des spécialistes des atmosphères planétaires et de physique solaire. La version SOLAR de l’instrument SOLSPEC a la capacité de répondre à ces demandes par ses hautes performances et la connaissance précise de ses caractéristiques spectrophotométriques. Sa mise en orbite réussie en 2008 permet de couvrir une large partie du cycle solaire 24 par une mission de longue durée. La contribution à cette mission a été présentée dans cette thèse de doctorat. Trois objectifs ont été atteints et correspondent aux demandes : - Le développement d’un instrument adapté aux missions de longue durée. La variabilité de l’éclairement solaire dans le domaine ultraviolet sera mesurée lors du cycle 24. Ces résultats seront comparés à ceux des autres instruments spatiaux (SORCE, …). Ces données vont bénéficier aux recherches sur la signature de l’activité solaire dans la composition de l’atmosphère terrestre et aux corrélations entre indices d’activité solaire et la variabilité spectrale. - Une couverture spectrale étendue et non égalée par d’autres instruments en opération hors atmosphère. La fraction élevée du spectre mesuré par SOLSPEC (plus de 96 % de l’éclairement total émis par le Soleil) et l’enregistrement simultané des plages spectrales UV, VIS et IR bénéficient aux recherches climatologiques. Elles démontrent le rôle important de l’UV pour les processus d’amplifications (couplages stratosphère-troposphère) et du spectre VIS et IR pour les processus d’absorption moléculaire et par les surfaces océaniques. - Un étalonnage absolu d’une précision jamais atteinte auparavant. L’utilisation du corps noir de haute précision du PTB a permis de réduire l’incertitude a des valeurs inférieures à 2 % voire 1 % pour de larges plages spectrales. Cette précision est demandée par les modélistes afin de vérifier les prévisions de leurs modèles utilisant le spectre solaire comme donnée d’entrée. 192 Annexes Annexe - A Détermination des incertitudes Développements complémentaires A.1 Introduction théorique ................................................................................... 193 A.2 Incertitudes négligeables .............................................................................. 195 A.3 Coefficients de sensibilité ............................................................................. 197 A.3.1 Eclairement solaire hors atmosphère ........................................... 197 A.3.2 Etalonnage radiométrique absolu, signal SOLSPEC .................... 198 A.3.3 Eclairement des sources étalons .................................................. 199 A.4 Formulations mathématiques récurrentes ..................................................... 199 A.5 Evaluation des incertitudes standard ............................................................ 203 A.5.1 Eclairement des sources étalons .................................................. 203 A.5.2 Signal SOLSPEC face aux sources étalons ................................. 207 A.5.3 Courbe de réponse pour le canal UV ............................................ 211 A.5.4 Mesure solaire nominale en orbite ................................................ 213 A.1 Introduction théorique Description du formalisme mathématique utilisé pour le calcul d’incertitude (cf. § II.7) de SOLSPEC (Obaton et al., 2007, GUM 1995). Soit ‘Y’, une quantité physique (l’éclairement spectral dans notre cas) dont un échantillon d’estimations ‘yi’ de sa valeur peut être obtenu par une répétition de mesures effectuées sous des conditions inchangées. Ces estimations peuvent s’écarter de la valeur vraie de ‘Y’ en raison de différentes sources d’incertitude qui engendrent la dispersion des valeurs ‘yi’. Elles reflètent le manque de connaissance de la valeur vraie (désignée par ‘yv’) de la quantité mesurée ’Y’ et une distribution de probabilité associée peut être définie. La meilleure estimation de ‘Y’ correspond à la moyenne ‘<y>’ des estimations ‘yi’. Le niveau de confiance attribué à ‘<y>’ est exprimé sous forme d’une incertitude standard ‘u(y)’. Elle exprime une probabilité de 66 % pour que ‘yv’ appartiennent à l’intervalle [<y>-u(y), <y>+u(y)]. L’estimation de l’incertitude ‘u(y)’ est déduite d’un modèle mathématique décrivant la relation fonctionnelle entre la quantité ‘Y’ et une série de quantités physiques impliquées dans la mesure. Ces variables d’entrée X1 … N sont traitées sur pied d’égalité. Y = f ( X 1 , X 2 ,..., X N ) (A.1-1) 193 L’incertitude globale nommée ‘incertitude standard composée’ (combined standard uncertainty) uc(y) va résulter d’une accumulation de contributions ‘u(xi)’ associées aux incertitudes respectives des variables d’entrée. En se limitant au premier ordre du développement en série de Taylor de ‘f’ (malgré les nonlinéarités possibles du modèle), on obtient la loi de propagation des incertitudes : ∂f u ( y ) = ∑ i =1 ∂x i N 2 c 2 N −1 N 2 ∂f ∂f u ( xi ) + 2∑ ∑ u ( xi , x j ) (A.1-2) i =1 j =i +1∂x i ∂x j Le premier groupe du membre de droite correspond aux contributions indépendantes des variables d’entrée. Les dérivées partielles représentent les coefficients de sensibilité. Ceux-ci traduisent la part d’incertitude pour ‘Y’ associée à ‘u(xi)’. Si on modifie l’estimation de ‘xi’ d’une quantité ‘u(xi)’, alors l’estimation de ’Y’ sera affectée d’un changement ∂f / ∂xi .u ( xi ) . Le second groupe intègre les contributions complémentaires liées aux corrélations retenues entre les variables. L’estimation de la covariance entre ‘xi’ et ‘xj’ est représentée par ‘u(xi, xj)’. Pour SOLSPEC, certaines variables d’entrée ‘Xi‘ du modèle mathématique sont elles-mêmes considérées comme le résultat de relations fonctionnelles secondaires. Le modèle global est donc plus complexe et fait apparaître des compositions de fonctions. Les variables d’entrée sont aléatoires et caractérisées par des distributions de probabilité (PDF : Probability Distribution Function). Une variable de type A possède une PDF bien identifiée (distribution de Poisson, gaussienne, …) et son écart-type peut être déterminé par une analyse statistique d’une série d’observations. Pour une variable du type B, la répétition de mesures n’a pu être collectée et la PDF doit être estimée sur base d’un jugement scientifique à partir de données issues d’observations antérieures. On en déduit une estimation de la variance. Une erreur de mesure est définie comme l’écart entre une estimation ‘y’ et la valeur vraie ‘yv’ de ‘Y’. Cette erreur peut être séparée en deux composantes aléatoire et systématique. L’erreur aléatoire correspond à l’écart entre une estimation ponctuelle de ‘Y’ et la meilleure estimation ‘<y>’ définie précédemment. L’erreur systématique correspond logiquement à la différence entre la valeur réelle ‘yv’ et la valeur moyenne ‘<y>’. La somme des deux contributions aléatoire et systématique (erreur aléatoire globale) peut donc s’exprimer comme suit : u ( y i ) = ( y i − < y > ) + (< y > − y v ) (A.1-3) Lors de la détermination d’une incertitude standard composée ‘uc(y)’, il est préférable de classer les sources d’incertitudes selon les catégories A et B plutôt que de travailler en terme d’erreurs aléatoires et systématiques. Notons que pour 194 une source d’erreur systématique ne pouvant être éliminée expérimentalement mais dont l’origine de l’effet est identifiée et quantifiée, un terme de correction peut être appliqué et intégré au modèle mathématique. L’erreur de mesure se résume alors au résidu de la correction des erreurs systématiques. Il est possible qu’une incertitude composée soit étendue afin d’englober une plus large fraction de la distribution de probabilité. Un intervalle de confiance de 90, 95 ou 99 % peut être demandé. On définit dans ce cas un facteur de couverture ‘k’ permettant d’étendre l’intervalle à [<y>-U, <y>+U] avec U = k x uc(y). Pour une distribution normale (gaussienne), les 99, 95 et 66 % sont respectivement atteints pour k = 3, 2 et 1. A.2 Incertitudes négligeables Discussion pour les sources d’incertitudes négligeables du tableau II.7.1-1 # III.9 – Temps d’intégration pour les photomultiplicateurs UV-VIS. Le temps d’intégration est déterminé à l’échelle de la microseconde par l’électronique et l’incertitude est considérée comme négligeable. # III.4 – Lumière diffuse externe (canaux UV-VIS) Lors des étalonnages absolus face à une source étalon, la lumière diffuse externe est collectée dans le champ de vue de SOLSPEC (angle total : 6°) dont on soustrait l’angle solide sous-tendu par la source étalon. La lumière diffuse provient des surfaces (fond du laboratoire, parois, …) entourant la source étalon. Cette contribution est considérée comme négligeable pour les canaux UV-VIS (III.4) lorsqu’une surface noire mate est présente derrière la source. Pour les mesures en orbite, aucun obstacle n’est présent dans le champ de vue de SOLSPEC lors d’une mesure solaire. Les surfaces brillantes (panneaux solaires, …) situées en dehors du champ ne perturbent pas les mesures car les opérateurs du B.Usoc planifient les mesures en fonctions de ces contraintes. De plus, le signal total du PSD ne montre aucune anomalie en provenance d’un champ de vue double (12°). La contribution diffuse est donc nulle. # III.13 et III.14 – Stabilité des échelles de longueur d’onde. La stabilité et la reproductibilité des échelles de longueur d’onde dépendent des éléments suivants : - Performances du moteur pas à pas (saut occasionnel d’un incrément). - Procédure de recherche de l’origine des incréments moteurs (procédure RAZ : remise à zéro). - Couplage mécanique entre le moteur et les réseaux (possibilité d’un jeu associé au couplage). - Effets thermiques. Impact d’une dilatation mécanique pour les échelles de longueurs d’onde. La reproductibilité en termes d’incrément moteur de la procédure RAZ est de 1 incrément, soit 0,008, 0,0125 et 0,05 nm respectivement pour les canaux UV, VIS et IR. Les tests au sol ont démontré l’existence d’une excellente 195 reproductibilité des échelles de longueurs d’onde. Après l’exécution de la procédure RAZ, la qualité des mécanismes de balayage en longueur d’onde et de l’électronique autorisent une reproductibilité de mesures spectrales inférieure à un demi-incrément moteur. Le couplage mécanique entre le moteur et les réseaux présente un jeu mesuré précisément à 11 incréments moteur. Cette contribution est nulle si l’acquisition des mesures est systématiquement réalisée pour des incréments croissants. Enfin, en analysant les données de tests thermiques entre 0 et 20° C, aucun impact pour les échelles de longueurs d’onde imputable à une dilatation des pièces mécaniques n’a été détecté, étant au maximum contenu dans les fluctuations statistiques des acquisitions cumulées. En conclusion, seul le terme d’incertitude associé à l’exactitude des étalonnages en longueur d’onde (contribution # III.12) est pris en compte. Les termes associés à la stabilité des échelles (contributions # III.13 et III.14) sont considérés comme négligeables. # III.16 – Stabilité des hautes tensions La stabilité des hautes tensions UV-VIS est élevée. Les écarts types sont de l’ordre de 0,07 % pour l’UV et 0,3 % pour le VIS. Une variation de tension peut affecter le gain du détecteur, en amplifiant le nombre de photoélectrons secondaires dans les dynodes. En mode d’acquisition par comptage de photons, cela n’induit pas de variation de signal pour les impulsions ayant franchi le seuil de discrimination. Aucun terme d’incertitude ne doit être pris en compte. # III.17 – Stabilité de la réponse spectrale de la PbS en fonction de la température. Selon la fiche technique du détecteur PbS, la courbe de réponse spectrale relative est décalée vers les grandes longueurs d’onde (~100 nm par 10°C) et le courant d’obscurité diminue si le détecteur est refroidi. Le détecteur est plus sensible pour les basses températures. Pour SOLSPEC, les observations ont montré que le système Peltier IR refroidissait le détecteur au sol et en orbite avec une remarquable stabilité de température (-21,8 ± 0,05) °C. On considère donc comme négligeable le changement de réponse du détecteur PbS pour un incrément de 0,05 °C. # III.18 – Modification du fonctionnement de la détection synchrone en fonction de la température. Cette électronique comporte des composants analogiques contrôlant diverses fonctions (amplitude d’ouverture de l’échantillonneur, …). Leurs performances est susceptible de dépendre de la température. Divers mesures réalisées au sol face à une source lumineuse ou lors de tests de vide thermique ont démontré la bonne stabilité de la réponse de la détection synchrone. Cette source d’incertitude associée à un effet non détectable est donc considérée comme négligeable. 196 # III.1 & III.8 – Linéarité du détecteur PbS et du convertisseur 16 bits. Le détecteur PbS est utilisé dans sa plage de linéarité. Le signal du gain IR2 est converti linéairement (cf. paragraphes II.5.3.3 & II.2.4). A.3 Coefficients de sensibilité A.3.1 Eclairement solaire hors atmosphère Coefficients de sensibilité associés à l’équation II.7.2.2.1-3 (canaux UV-VIS). ∂f / ∂R = Esol / R [cps.s-1] (A.3.1-1) ∂f / ∂F = − Esol / F [mW.m-2.nm-1] (A.3.1-2) βE ∂f / ∂α T = 1 sol avec β1 = (TPTB − TISS ) / 100 [°C.mW.m -2.nm-1] (A.3.1-3) 1 − β1α T − δ 2 Esol ∂f / ∂TISS = avec β 2 = 1 − αT TPTB / 100 et δ 2 = αT / 100 β 2 + δ 2TISS [mW.m-2.nm-1.°C -1] ∂f / ∂TPTB = (A.3.1-4) δ 3 Esol avec β 3 = 1 + α T TISS / 100 et δ 3 = δ 2 = α T / 100 β 3 − δ 3TPTB [mW.m-2.nm-1.°C -1] δ 4 .β 4 avec β 4 = S / ∆t S (1 − β 4 K ) 2 (A.3.1-5) 2 ∂f / ∂K = [cps.s-1.mW.m-2.nm-1] R (λ ) (A.3.1-6) (TPTB − TISS ).α T F ( x, y ).1 − 100 −R ∂f / ∂ < DC >= [mW.m-2.nm-1.cps-1] (A.3.1-7) (TPTB − TISS ).α T F∆t DC 1 − 100 R ∂f / ∂S = [mW.m-2.nm-1.cps-1] (A.3.1-8) 2 SK (TPTB − TISS ).α T .1 − F∆t S 1 − ∆ t 100 S et δ 4 = Les termes d’incertitude de moyenne nulle (Cλ et C∆λ) se réfèrent au signal net Snet (en cps/s, courant d’obscurité soustrait et non-linéarités corrigées) défini en (II.7.2.2.1-2). Et donc : 197 ∂f / ∂S net = Esol / S net R = (TPTB − TISS ).α T F .1 − 100 [mW.m-2.nm-1.cps-1.s] (A.3.1-9) Coefficients de sensibilité associés à l’équation II.7.2.2.1-5 (canal IR). ∂f / ∂R = E sol / R [VoltsDigitaux] (A.3.1-10) ∂f / ∂F = − Esol / F [mW.m-2.nm-1] (A.3.1-11) ∂f / ∂ < DC >= − R / F [mW.m-2.nm-1. VoltsDigitaux-1] (A.3.1-12) ∂f / ∂S = R / F [mW.m-2.nm-1. VoltsDigitaux-1] (A.3.1-13) A.3.2 Etalonnage radiométrique absolu, signal SOLSPEC Coefficients de sensibilité associés à l’équation II.7.2.2.2-2 (canaux UV-VIS) ∂S S / ∂S net = − 1 / Tra ∂S S / ∂S = [sans unité] 1 SK ∆t S .Tra 1 − ∆t S 2 [s-1] β52 ∂S S / ∂K = a avec β 5 = S / ∆t S Tr .(1 − β 5 K ) 2 ∂S S / ∂ < DC >= −1 T .∆t DC a r ∂S S / ∂Tra = − SIGSOLSPEC / Tra (A.3.2-1) (A.3.2-2) [s-2] (A.3.2-3) [s-1] (A.3.2-4) [cps.s-1] (A.3.2-5) Coefficients de sensibilité associés à l’équation II.7.2.2.2-4 (canal IR) ∂S S / ∂S = 1 / Tra [sans unité] (A.3.2-5) ∂S S / ∂ < DC >= −1 / Tra [sans unité] (A.3.2-6) ∂S S / ∂Tra = − SIGSOLSPEC / Tra [VoltDigitaux] (A.3.2-7) 198 A.3.3 Eclairement des sources étalons Coefficients de sensibilité associés à la luminance spectrale du corps noir (équation II.7.2.2.2-6). ∂L / ∂α = L / α [mW.m-2.nm-1.sr-1] (A.3.3-1) [mW.m-2.nm-1.sr-1.K-1] (A.3.3-2) β ∂L / ∂T = L.β .e λT λT (e 2 β λT − 1) Coefficients de sensibilité associés à l’éclairement spectral du corps noir (équation II.7.2.2.2-7). ∂S BB / ∂L = πD 2 / 4d 2 = Eétalon / L [sr] (A.3.3-3) ∂S BB / ∂D = 2 Eétalon / D [mW.m-2.nm-1.cm-1] (A.3.3-4) ∂S BB / ∂d = −2Eétalon / d [mW.m-2.nm-1.cm-1] (A.3.3-5) Pour ces 2 dernières équations, les unités sont valides à condition d’exprimer (D,d) en cm. Coefficients de sensibilité associés à l’éclairement spectral de la source au deutérium V0132 (équation II.7.2.2.2-9). ∂S D 2 / ∂I λ = 10−3 / d 2 [10-3.m-2] (A.3.3-6) ∂S D 2 / ∂d = −2 Eétalon / d [mW.m-3.nm-1] (A.3.3-7) Pour ces équations, les unités sont valables à condition d’exprimer la distance d en mètre. A.4 Formulations mathématiques récurrentes Description d’incertitudes communes à certaines mesures (étalonnages, mesures solaires, …) et plusieurs canaux. Variable Cλ Cette variable de moyenne nulle est associée à la précision des échelles de longueur d’onde des 3 doubles monochromateurs de SOLSPEC. Elle est de 199 type B et sa distribution de probabilité a été estimée comme suit (Obaton et al., 2007). L’analyse des écarts résiduels entre les longueurs d’onde des sommets des PSF et la loi de dispersion (cf. § II.5.2) a permis d’estimer une imprécision ελ maximale. Elle a été fixée à 0,05 nm pour l’UV, 0,15 nm pour le VIS et 0,5 nm pour l’IR. Elle correspond à ~10 incréments moteur d’incertitude attribuable à parts égales à l’erreur de pointage du sommet d’une PSF et à l’imprécision de la loi de dispersion utilisée. La distribution associée est rectangle car pour toute longueur d’onde, l’erreur d’étalonnage peut prendre n’importe quelle valeur de l’intervalle (λ-ελ, λ+ελ). La meilleure estimation de l’incertitude standard liée à cette correction du signal en S0(λ) est donc : u (C λ ) = S 0 (λ − ε λ ) − S 0 (λ + ε λ ) / 2 3 (A.4-1) Le terme S0(λ) désigne le signal en cps/s (UV-VIS) ou Volts digitaux (IR), obtenu lors d’une mesure solaire ou face à une source étalon et compensé du courant d’obscurité et corrigé des non-linéarités. Variable C∆λ Partant de la dispersion linéaire et de la taille finie des fentes, un petit intervalle spectral est associé à la largeur de fente de sortie d’un monochromateur. La variable C∆λ est associée à la différence entre la longueur d’onde de référence λref de l’intervalle spectral émergeant par la fente de sortie (calculée par la loi de dispersion pour un incrément moteur donné) et la longueur d’onde effective du signal (appelée longueur d’onde centrale λc) dépendante de la pente du spectre émergent de la fente. En effet, compte tenu de la bande passante finie ∆λ du spectromètre, les photons enregistrés pour une longueur d’onde λref résultent de la convolution entre la distribution spectrale de la source lumineuse et la fonction d’instrument (des photons de longueurs d’onde voisines à λref sont donc enregistrés en λref). Pour un spectre donné, la longueur d’onde centrale λc est égale à : λ2 λC = ∫ E (λ ).λ.dλ λ1 λ2 (A.4-2) ∫ E (λ ).dλ λ1 L’intervalle spectral (λ1, λ2) représente la base de la fonction (triangulaire) d’instrument, soit 2 fois la résolution spectrale FWHM. Une différence de signal est imputable à cette différence entre λc et λref. Elle est nulle si le spectre est plat. Le terme E(λ) est le signal enregistré à hauteur de la fente de sortie et correspond à S0(λ) divisé par la réponse spectrale relative du détecteur. La définition de S0(λ) est identique pour Cλ et C∆λ . Le calcul a été effectué pour les 3 détecteurs de SOLSPEC et toutes les sources lumineuses incidentes. Les filtres situés entre la fente de sortie et le détecteur sont neutres pour (λ1, λ2), La variable C∆λ (de moyenne nulle) est du 200 type B. Pour estimer sa fonction de distribution, il est nécessaire de déterminer l’écart ε∆λ = λc - λref tout au long du spectre. On considère que le signal S0(λ) peut prendre n’importe quelle valeur de la plage [S0(λc-λref), S0(λ+λref)] pour les longueurs d’onde analysées, ce qui engendre une incertitude. La distribution associée est proche du rectangle car on considère une équiprobabilité. Si l’on considère une interpolation linéaire de S0(λ) pour la plage [(λc-λref), (λ+λref)], la meilleure estimation de l’incertitude standard liée à cette correction du signal en S0(λ) est donc : u (C ∆λ ) = S 0 (λ − ε ∆λ ) − S 0 (λ + ε ∆λ ) / 2 3 (A.4-3) Pointage solaire F(x,y) La détermination des incertitudes a tenu compte d’une possibilité de dépointage solaire, corrigée grâce aux réponses angulaires et au signal du PSD (cf. § II.5.5.2). Ce terme de correction F(x,y) a été introduit dans l’équation (II.7.2.1-3). Compte tenu des connaissances fragmentaires des réponses angulaires (en azimut notamment où seules quatre positions peuvent être sélectionnées), une incertitude de 0,25 % à été retenue lors de l’application d’une correction. On a maintenu cette valeur constante pour les 3 canaux. Un terme complémentaire lié au bruit du signal PSD a été considéré comme étant négligeable. Changement de réponse d’un détecteur UV-VIS en fonction de la température Toute mesure solaire UV-VIS fait intervenir un coefficient αT (%/°C) caractérisant la sensibilité du signal de l’anode d’un photomultiplicateur en fonction de la température. En mode photocourant, ce coefficient est la somme de deux contributions (Singh & Wright, 1987, Young, 1963) : - Sensibilité de la photocathode. Ce coefficient α(Ik,λ) présente une dépendance en longueur d’onde et en intensité Ik (sauf pour les faibles photocourants). En général, le coefficient est négatif aux courtes longueurs d’ondes et devient subitement positif en fin de plage à l’approche de la longueur d’onde de coupure. - Sensibilité du gain (dynodes) : αm, sans dépendance spectrale ou en fonction de la haute tension. En général ces deux contributions ne sont pas disponibles séparément et seul αT (λ) = α(λ) + αm est éventuellement indiqué dans les fiches techniques. En mode de comptage de photons, la présence d’un seuil de discrimination pour la détection des impulsions engendre une moindre dépendance en température de la réponse du détecteur (αm s’annule). Hamamatsu déclare que la dépendance est à peu près la moitié de celle établie en mode photocourant (cf. PMT handbook, Hamamatsu, Chap. 8). Pour les détecteurs EMR de SOLSPEC, les données sont incomplètes. On a utilisé par défaut les données Hamamatsu disponibles en divisant par deux les courbes spectrales αT (λ) disponibles pour les adapter au mode de comptage de photons (voir ci-dessous). Un coefficient négatif signifie un gain de sensibilité pour des températures décroissantes. Ne 201 disposant pas de valeurs tabulées pour l’incertitude associée à αT (λ), on a fixé une valeur par défaut d’incertitude standard égale à 10 %. Fig. A.4.1-1 Coefficient de température αT (%/°C) des photomultiplicateurs UV (cathode Cs2Te) et VIS (tri-alkali, type S20) modélisant les changements de gains en orbite. Note pour la mesure des températures Les températures des détecteurs UV-VIS sont mesurées à l’aide de thermistances. L’incertitude standard de la lecture est de ~0,15 °C. La résolution de la numérisation est limitée et correspond à ~0,03 °C. Lors de l’étalonnage absolu au sol, on a observé des températures moyennes et des incertitudes standard de (23,3 ± 1,5 °C) et (18,1 ± 0.3 °C) respectivement pour les canaux VIS et UV. Les régimes transitoires résiduels de l’effet Peltier du détecteur VIS sont à l’origine de cette incertitude de 1,5 °C. Pour les mesures en orbite, les températures sont généralement comprises dans la plage [-5, +5 °C]. On a respectiv ement retenu une valeur de +3 °C et 0,15 °C pour la température nominale de l’ étude et pour l’estimation de l’incertitude standard. Linéarité des détecteurs UV-VIS Le coefficient de non-linéarité a été déterminé expérimentalement à l’aide d’un nombre limité de mesures (voir § II.5.3.2) Les valeurs suivantes ont été retenues : Kvis = (3,2 ± 0,3)x10-7 seconde et Kuv = (6,06 ± 0,3)x10-7 seconde. Les incertitudes ont été ajustées à ± 0,3x10-7 de manière subjective, estimant qu’elles englobent au moins 2/3 des valeurs attendues lors d’une répétition de mesures. L’absence d’informations complémentaires a justifié l’utilisation d’une distribution équiprobable aux bords mal définis. On définit une distribution trapèze adaptée à ce contexte, avec u²(K) = α²(1+ β²)/6. En ajustant les paramètres de la distribution β = 2/3 et a = 9,10 −8 16 / 13 , on maintient : u(K) = 0,3x10-7 sec (A.4-4) 202 A.5 Evaluation des incertitudes standard A.5.1 Eclairement des sources étalons Luminance et éclairement spectral du corps noir Tableau d’évaluation des incertitudes standard valables pour toute longueur d’onde supérieure à 200 nm. Source individuelle d’incertitude Nature Variable Remarque Expression Valeur Unité Type Distribution Homogénéité Emissivité u(CUn) u(α) (indirectement) (0,0025 L ) / 2 3 10 −4 .C1L nλ -3 W.cm .sr -1 B rectangle W.cm².sr -1 Mesurée à ± 0,25 % (équivalent à un maximum de ± 0,15 K) B ελ = (0,99988 ± 0,0001). Donnée PTB Incertitude : 0,44 K Stabilité : 0,5 K/h Donnée PTB 2 = 10 − 4 α / ε λ Température absolue u(T) 0,443 K B Diaphragme (diamètre) u(D) 0,0002 cm B Distance Corps noir SOLSPEC u(d) D = (11,909 ± 0,002) mm Donnée PTB Tableau A.5.1-1 0,005 cm B d = (1384,05 ± 0,05) mm Eclairement spectral du corps noir. Description des sources individuelles d’incertitudes pour les canaux UV-VIS-IR. Homogénéité – u(CUn) La mesure d’homogénéité du faisceau a été réalisée par les métrologistes du PTB. Pour un champ total de 111 minutes d’arc, l’inhomogénéité était de ± 0,25 % au maximum, correspondant à une variation effective de température de cavité de 0,15 K au maximum (pour la plage UV-VIS-IR de SOLSPEC). On a appliqué une correction de moyenne nulle. En attribuant une distribution rectangle, on a retenu l’incertitude standard suivante : u (CUn ) = (0,0025 L) / 2 3 [W.cm-3.sr-1] (A.5.1-1) 203 Emissivité (indirectement) – u(α) L’incertitude pour ce paramètre α associé à l’équation de Planck dépend de l’estimation de l’émissivité ελ. La valeur recommandée par le PTB est ελ = (0,99988 ± 0,0001). 10 −4.C1L u (α ) = = 10 − 4 α / ε λ [W.cm².sr-1] (A.5.1-2) 2 nλ Température absolue – u(T) L’incertitude standard délivrée par le PTB pour la température de la cavité est de 0,44 K. Une contribution complémentaire a été intégrée. Elle concerne la dérive de la température au cours du temps. La stabilité typique est de 0,5 K/h associée à une incertitude < 0,05 K. La dérive a été corrigée lors du traitement des données grâce à la surveillance de la température par les radiomètres (cf. § II.6.3.3). On a réalisé la moyenne quadratique des incertitudes pour tenir compte de ces 2 contributions : u (T ) = 0,443 [K] (A.5.1-3) Diaphragme – u(D) Le diaphragme est situé en sortie de la cavité corps noir. Son diamètre peut varier légèrement au cours du temps par accrétion sur la crête d’atomes de carbone en provenance de la cavité (vaporisation). La valeur du diamètre est une donnée métrologique du PTB. La mesure a été réalisée après les étalonnages de juin 2007 et donne D = (11,909 ± 0,002) mm. On retient après conversion en cm : u ( D ) = 0,0002 [cm] (A.5.1-4) Distance – u(d) La distance entre le diaphragme du corps noir et la première surface optique active d’un canal de SOLSPEC (surface frontale d’une lame dépolie en pré-fente) a été mesurée à l’aide des instruments de métrologie du PTB. La mesure précise a donné d = (1384,05 ± 0,05) mm. u (d ) = 0,005 [cm] (A.5.1-5) Eclairement spectral d’une lampe du type FEL On se limite à la plage spectrale 250-371 nm intégrée au canal UV. Les termes non nuls des équations II.7.2.2.2-10 & -11 sont évalués dans le tableau ci-dessous. L’alignement de la lampe a été réalisé avec un laser et l’incertitude associée (terme CAl) a pu être négligée. Le terme Cdist exprime la propagation de l’incertitude engendrée par une erreur de positionnement de la lampe sous forme d’éclairement spectral. On a évalué cette incertitude maximale (∆d) à 1 mm. Comme la distance a été ajustée par valeur supérieure (utilisation d’une tige étalon de 50 cm), il était raisonnable d’établir une distribution de probabilité asymétrique et décroissante (triangle rectangle) entre 0 et ∆d (Obaton et al., 204 2007). Pour retrouver une symétrie, on a redéfini une PDF effective (distribution triangle centrée sur zéro mais de largeur 2∆d) et l’on a obtenu : u (d ) = ∆d / 6 . Compte de la dépendance de l’éclairement (Estd) en 1/d², on a obtenu par dérivation : (A.5.1-6) u 2 (C dist ) ∝ ( 2 / d 3 ) 2 .u 2 ( d ) L’incertitude u(d) a pu être transposée en une expression donnant l’incertitude pour l’éclairement : u (C dist ) = 2 E std 2 E std ∆d u (d ) = d d. 6 Source individuelle d’incertitude Nature (A.5.1-7) Variable Remarque Expression Valeur Unité Type Distribution Certificat NIST Dérive u(Cstd) u(Cdrift) (vieillissement) Interpolation Distance (indirectement) u(Citp) u(Cdist) U .E std .0,01 E std . E std . 0,012 -1 0,001 -2 mW.m .nm -1 B triangle -2 mW.m .nm -1 B rectangle 2 3 2 E std ∆d d. 6 A normale 6 2 E std u (d ) d = -2 mW.m .nm -2 mW.m .nm -1 B Trianglerectangle (asymétrique) ‘U’ = ½ courbe spectrale d’incertitude (%) livrée par le NIST (k = 2). Estd : éclairement spectral Dérive : ~2 % / 50 heures Compteur : ~30 heures 0,1 % d’incertitude associée à l’interpolation des données NIST (tabulation : 10 nm) Expression déduisant l’incertitude pour l’éclairement liée à une incertitude pour la distance. (∆d = 1 mm) Tableau A.5.1-2 Eclairement spectral d’une lampe de type FEL. Description des sources individuelles d’incertitudes (canal UV). Certificat NIST – u(Cstd) L’incertitude extraite d’un certificat NIST pour l’étalonnage des lampes du type FEL est une courbe spectrale ‘Uk2’ oscillant entre 1 et 1,8 % pour la plage 250 – 371 nm et pour k = 2. La courbe ‘U’ ci-dessous pour u(Cstd) est la moitié de la valeur de Uk2 afin d’obtenir la déviation standard. On a obtenu, avec Estd = éclairement spectral tabulée à 50 cm : u (C std ) = 0,01.U E std [ mW.m-2.nm-1] (A.5.1-8) 205 Dérive (vieillissement) – u(Cdrift) On a pris en considération une dérive maximale de 2 % pour 50 heures d’utilisation. Les lampes F-545 et F-546 accumulaient environ 30 heures d’utilisation lors de l’étalonnage de SOLSPEC. Pour une variable de type B présentant une distribution triangle, en supposant un vieillissement proportionnel au temps, on a obtenu l’estimation suivante pour l’incertitude associée à la dérive de l’éclairement : u (C drift ) = (0,012 E std ) / 6 [ mW.m-2.nm-1] (A.5.1-9) Interpolation – u(Citp) Les valeurs sont tabulées tous les 10 nm dans le certificat NIST. Une interpolation mathématique (Walker et al., 1987) introduit une incertitude limitée pour la détermination de l’éclairement à d’autres longueurs d’onde. On a pris en considération une marge maximale de 0,1 %. Pour une variable de type B et une distribution rectangle, on a obtenu : u (C itp ) = (0,001 E std ) / 2 3 [ mW.m-2.nm-1] (A.5.1-10) Eclairement spectral d’une source au deutérium (sous vide) Tableau d’évaluation des incertitudes standard. Source individuelle d’incertitude Nature Variable Remarque Expression Valeur Unité Type Distribution Certificat PTB Interpolation Distance u(Cstd) u(Citp) u(d) Tableau A.5.1-3 0,025I λ Iλ . 0,001 -1 µW.nm .sr A normale -1 µW.nm .sr -1 B rectangle 2 3 0,001/ 2 3 -1 m B rectangle Données PTB pour (k = 2) : 5 % pour tout λ. Estd : éclairement spectral 0,1 % d’incertitude associée à l’interpolation des données PTB (tabulation : 2 nm) d = 0,3563 m. Incertitude : 1 mm. Eclairement spectral d’une lampe au deutérium étalonnée au PTB en excitance spectrale. Description des sources individuelles d’incertitudes (canal UV). Certificat PTB – u(Cstd) L’incertitude étendue relative (k = 2) livrée par le PTB pour l’excitance spectrale est de 5 %. Elle est constante pour chaque longueur d’onde. On exprime donc pour k = 1 : u (C std ) = 0,025 I λ [µW.nm-1.sr-1] (A.5.1-11) 206 Interpolation – u(Citp) Les données du certificat PTB sont tabulées tous les 2 nm. En reprenant la même marge maximale de 0,1 % et une distribution rectangle, on obtient : u (C itp ) = (0,001 I λ ) / 2 3 [µW.nm-1.sr-1] (A.5.1-12) Distance – u(d) La distance entre le plasma de la lampe et le dépoli SOLSPEC était égale à (356 ± 1) mm. L’incertitude a été associée à la difficulté d’estimer la distance entre l’arc et la fenêtre d’émission. Pour une distribution rectangle de largeur 1 mm, on a obtenu : u (d ) = 0,001 / 2 3 [m] (A.5.1-13) A.5.2 Signal SOLSPEC face aux sources étalons Canaux UV-VIS Tableau d’évaluation des incertitudes standard pour le signal SOLSPEC UV-VIS face à toute source étalon. Source individuelle d’incertitude Nature Expression Variable Remarque Valeur Unité Type Distribution Echelle λ u(Cλ) par calcul cps.s -1 B Détermination par équation A.4-1 S0 : signal net (cps/s) généré par le corps noir @3050 K, des lampes FEL ou D2. Cf. Figures II.7.3.2-2 et -3 Bande passante u(C∆λ) par calcul cps.s -1 B Détermination par équations A.4-2 & -3 S0 : idem que ci-dessus. Cf. Figures II.7.3.2-2 et -3 Linéarité u(K) 0,3x10 B Cf. équation A.4-4 et discussion associée. -7 s trapèze Signal brut Courant d’obscurité u(S) u(<DC>) S < DC > / 120 cps A Poisson cps A (+ décimales) Poisson Pour chaque λ, S = signal (cps) accumulé pendant tous les étalonnages face à une source. <DC> = moyenne pour les 2 x 60 mesures, antérieures et postérieures à l’acquisition du spectre. 207 Transmission (colonne d’air de 1384,05 ou 500 mm, selon la source) u (Tra ) Tableau A.5.2-1 0,1(1 − Tra ) Unité relative B Incertitude pour le calcul de l’absorption UV (200371 nm) : 10 %. Sous vide (λ < 200 nm) et pour le canal VIS : terme nul. Signal des canaux UV-VIS SOLSPEC face à une source étalon (corps noir, lampes du type FEL ou au deutérium). Description des sources individuelles d’incertitude. Echelle de longueur d’onde et bande passante – u(Cλ) et u(C∆λ) Pour déterminer ces incertitudes (cf. § A.4), le signal net S0 a été exprimé en cps/s pour toutes sources étalons. Pour le calcul de u(Cλ), l’imprécision ελ des échelles de longueur d’onde a été estimée à 0,05 nm pour l’UV et 0,15 nm pour le VIS. Pour u(C∆λ), les écarts calculés pour ε∆λ n’ont pas dépassé 0,13 nm et 0,3 nm pour les canaux respectifs UV et VIS et pour les sources étalons analysées. Un écart nul est toujours obtenu lorsque le spectre est constant en intensité. Signal – u(S) Le signal enregistre l’arrivée aléatoire des photons pour le temps d’intégration donné. Le résultat est correctement décrit par une distribution de Poisson (variable de type A). La variance est égale à la moyenne. On considère que le signal S correspond à la meilleure estimation de la moyenne. L’estimation des incertitudes est donc : u (S ) = S [cps] (A.5.2-1) Courant d’obscurité – u(<DC>) La mesure du courant d’obscurité répond également à une fonction de distribution poissonnienne. Le courant moyen est de 0,27 cps/s pour le canal UV et 290 cps/s pour le canal VIS. En travaillant sur la valeur moyenne des 120 acquisitions, on obtient une estimation plus précise de l’incertitude : u (< DC >) = < DC > / 120 [cps] (A.5.2-2) Transmission – u (Tra ) Pour le canal UV entre 200 et 371 nm l’extinction du rayonnement corps noir a été calculée pour une colonne d’air de 1384,05 mm en additionnant la diffusion Rayleigh, l’absorption par l’ozone et par l’oxygène moléculaire (bande de Herzberg). Compte tenu de l’imprécision inhérente aux sections efficaces d’absorption de l’oxygène moléculaire, on a maintenu 10 % d’incertitude pour l’ensemble de ces calculs d’absorption. En conséquence, pour la transmission, on a obtenu : u (Tra ) = 0,1(1 − Tra ) [Unité relative] (A.5.2-3) 208 Canal IR Tableau d’évaluation des incertitudes standard pour le signal SOLSPEC IR face au corps noir. Source individuelle d’incertitude Nature Variable Remarque Expression Valeur Unité Type Distribution Echelle λ u(Cλ) par calcul VoltsDigitaux B Détermination par équation A.4-1 S0 : signal net (volts digitaux) généré par le corps noir @3014 K. Cf. Figure II.7.4.2-5 Bande passante u(C∆λ) par calcul VoltsDigitaux B Détermination par équations A.4-2 & -3 S0 : signal net (volts digitaux) généré par le corps noir @3014 K. Cf. Figure II.7.4.2-5 Signal brut u(S) σ IR7 2 / N VoltsDigitaux B Loi en racine carrée vérifiée expérimentalement. σ IR7 2 = écart type du signal IR2 pour un facteur de réduction du bruit (n) = 7. N = nombre de passages Courant d’obscurité u(<DC>) Transmission u (Tra ) (colonne d’air de 1384,05 mm) 1 120 N Tableau A.5.2-2 σ IR7 2 0,02(1 − Tra ) VoltsDigitaux (+ décimales) B <DC> = moyenne pour les 2 x 60 mesures, antérieures et postérieures à l’acquisition du spectre. Unité relative B Incertitude pour le calcul de l’absorption H2O dans l’IR (0,647-3,088 µm) : 2 % Signal du canal IR de SOLSPEC face au corps noir. Description des sources individuelles d’incertitude. Echelle de longueur d’onde et bande passante – u(Cλ) et u(C∆λ) Pour déterminer ces incertitudes (cf. § A.4), le signal net S0 a été exprimé en en volts digitaux face au corps noir à 3014 K. Pour le calcul de u(Cλ), l’imprécision ελ des échelles de longueur d’onde a été estimée à 0,5 nm (canal IR). Pour u(C∆λ), les écarts calculés pour ε∆λ n’ont pas dépassé 0,25 nm pour le signal face au corps noir. 209 Transmission – u (Tra ) Le paragraphe II.6.6.4 a exposé les résultats de la correction de l’absorption IR par la vapeur d’eau (le CO2 a un impact négligeable). L’incertitude (~10 %) de la valeur absolue des sections efficace était sans importance pour le processus itératif. L’analyse du résidu de l’ajustement a permis de retenir une incertitude standard de l’ordre de 2 % pour la mesure de l’absorption. On a donc obtenu pour la transmission : u (Tra ) = 0,02(1 − Tra ) [Unité relative] (A.5.2-4) Analyse du bruit du canal IR La détermination de u(S) et u(<DC>) est particulière. Elle a fait l’objet d’une étude expérimentale du bruit du signal IR. Pour rappel, le signal IR est lu à travers 3 voies de mesures qui amplifient un même signal d’entrée (signal en volts DC, redressé et intégré en sortie de la détection synchrone). Les 3 gains délivrent une amplification x1, x4 et x40. Le signal est une moyenne de 2n lectures (‘n’ = facteur de réduction de bruit) réalisées par le logiciel de vol. Le signal des 3 gains est numérisé dans une échelle de 16 bits (bipolaire). - Le bruit de photon n’est pas négligeable dans l’infrarouge. Il génère un rapport signal à bruit élevé car l’énergie des photons est faible. Les termes dominants du bruit proviennent de la chaîne de détection (détecteur PbS pré-ampli, détection synchrone, …). On observe en effet que la fluctuation du signal (en volts digitaux) présente un niveau constant. Il ne dépend pas de l’intensité du signal. C’est un bruit blanc lié uniquement à l’électronique. - Le rapport signal à bruit doit être identique pour chaque voie de mesure car le signal natif VDC et sa fluctuation sont amplifiés conjointement. Cette relation a bien été vérifiée expérimentalement pour des facteurs de réduction de bruit élevés (voir ci-dessous à gauche). - En l’absence d’un bruit de photons dominant, l’incertitude associée à la mesure du signal suit une distribution gaussienne. La moyenne <S> obtenue après 27 lectures correspond à la meilleure estimation du signal. Pour N répétitions de cette mesure, l’échantillon des moyennes <S> suit également une distribution normale d’écart type proportionnel à 1 / N . L’analyse des mesures a confirmé cette relation que l’on a alors intégrée dans le calcul d’incertitude. Pour le canal IR2, l’écart type du bruit du signal était de 26,1 (volts digitaux) pour une moyenne de 27 lectures. Pour le nombre de répétition (N) on a obtenu : σ IR7 2 = 26,1 u ( S ) = σ IR7 2 / N u (< DC >) = 1 σ IR7 2 120 N [VoltsDigitaux] (A.5.2-5) 210 Fig. A.5.2-1 Analyse du bruit du signal IR. A gauche, rapport des déviations standard du signal de la voie IR3 par rapport aux voies IR2 et IR1 en fonction du facteur de réduction du bruit. Une valeur de rapport σ(IR3)/40.σ(IR1) et σ(IR3)/10.σ(IR2) égale à 1 signifie que les 3 voies de mesure ont le même rapport signal à bruit. A droite, évolution de l’écart-type du signal IR (courant d’obscurité) pour les 3 gains en fonction du facteur de réduction du bruit. La normalisation à 1 pour n=7 a permis d’observer la similitude prévisible du comportement des 3 gains (même signal natif : signal VDC en sortie de la détection synchrone). A.5.3 Courbe de réponse pour le canal UV Discussion pour les incertitudes standard composées, associées aux courbes de réponse établies pour chaque source étalon. Courbe de réponse sous vide (jonction deutérium – corps noir) Un coefficient de normalisation (Cdiff) a été introduit pour l’ajustement entre la courbe de réponse déterminée sous vide et à pression atmosphérique (cf. § II.6.4.3 et équations II.7.2.2.2-15 à -17). L’incertitude associée à Cdiff a été évaluée. La valeur moyenne du coefficient Cdiff pour la plage (200-245 nm) est de 0,852. Une variation pic à pic de ~2 % a été observée lors de la mesure de ce facteur 0,852. La dépendance en longueur d’onde des propriétés de diffusion étant incertaine, une marge de 1 % a été prise en considération lors de l’extrapolation de la normalisation jusqu’à 166 nm. Un écart type de 3 % a finalement été retenu pour ce coefficient Cdiff afin d’englober au mieux les sources d’incertitude : u (C diff ) = 0,03 C diff [unité relative] (A.5.3-1) 211 Source individuelle d’incertitude Nature Variable Remarque Expression Valeur Unité Type Distribution Normalisation deutérium / corps noir u(Cdiff) Tableau A.5.3-1 0,03 C diff Unité relative B Variations pic à pic de ~2 % + 1 % de marge. Jonction entre les réponses du canal UV, sous vide et à pression atmosphérique. Description de l’incertitude pour le coefficient de normalisation Cdiff. Pour la source au deutérium, et en tenant compte de la corrélation entre Eétalon et SIGSOLSPEC (coefficient de corrélation = 1), on obtient pour l’incertitude standard composée de la réponse sous vide : Fig. A.5.3-1 Etalonnage sous vide du canal UV (source au deutérium). Incertitude standard composée et contributions individuelles (%) associée à la courbe de réponse. La contribution dominante n’est plus associée à l’incertitude affectant le signal SOLSPEC, grâce à la répétition des mesures sous vide réalisées à l’IASB. Courbe de réponse UV à pression atmosphérique (corps noir – lampes FEL) Le bilan d’incertitude associé aux courbes de réponses UV est dans un premier temps établi séparément pour le corps noir (200-371 nm) et les lampes du type FEL (250-371 nm). Les résultats sont les suivants : 212 Fig. A.5.3-2 Etalonnage à pression atmosphérique du canal UV. Incertitude standard composée et contributions individuelles (%) associée aux réponses FEL (à gauche) et du corps noir (à droite). A partir du rayonnement corps noir, l’incertitude standard de la courbe de réponse est inférieure à 4 % entre 230 et 335 nm et à 3 % entre 240 et 330 nm. Une montée rapide à 70 % a été observée en fin de plage spectrale en conséquence du faible signal enregistré. En début de spectre, l’incertitude reste inférieure à 10 % à l’exception de la plage d’activation du filtre UV qui a bénéficié d’une moindre accumulation de signal entre 217 et 235 nm. A partir d’une lampe du type FEL, l’incertitude standard de la réponse reste inférieure à 5 % pour les longueurs d’onde inférieures à 340 nm. Par rapport au corps noir, un signal plus intense a pu être accumulé en fin de plage. La dégradation de l’incertitude a été limitée à 30 % à 371 nm contre 70 % précédemment. En milieu de plage (vers 290 nm), la courbe de réponse obtenue au PTB est la plus précise. A.5.4 Mesure solaire nominale en orbite Canaux UV-VIS Tableau d’évaluation des incertitudes standard pour le signal SOLSPEC UV-VIS lors d’une mesure solaire nominale (temps d’intégration de 0,6 s). Source individuelle d’incertitude Nature Expression Variable Remarque Valeur Unité Type Distribution Echelle λ u(Cλ) par calcul cps.s -1 B Détermination par équation A.4-1 S0 : signal net (cps/s) 213 généré par le Soleil. Cf. fig. II.7.3.4.1-1 et -2 Bande passante u(C∆λ) par calcul Linéarité u(K) 0,3x10 -7 cps.s -1 s B Détermination par équations A.4-2 & -3 S0 : idem que ci-dessus. Cf. fig. II.7.3.4.1-1 à -2 B Cf. équation A.4-4 et discussion associée. trapèze u(S) Signal brut S Courant d’obscurité u(<DC>) Dépointage u(F) Température u(αT) Tableau A.5.4-1 < DC > / 120 cps A Poisson Pour chaque λ, S = signal (cps) obtenu face au Soleil en 0,6 s (temps d’intégration nominal). cps A (+ décimales) Poisson <DC> = moyenne pour les 2 x 60 mesures, antérieures et postérieures à l’acquisition du spectre (∆t = 0,6 s). 0,0025 Unité relative B Cf. Annexe A.4. Pour une correction de pointage : exploitation des résultats criss-cross. Incertitude d’une correction : 0,25 %. α T / 10 %/°C B Cf. Annexe A.4. Prise en compte d’une incertitude de 10 % pour le changement de réponse d’un PM en fonction de la Température. Signal des canaux UV-VIS de SOLSPEC lors d’une mesure solaire nominale. Description des sources individuelles d’incertitudes. Echelle de longueur d’onde et bande passante – u(Cλ) et u(C∆λ) Pour déterminer ces incertitudes (cf. § A.4), le signal net S0 a été exprimé en cps/s. Il représente le signal enregistré face au Soleil pendant un temps d’intégration de 0,6 s. Pour le calcul de u(Cλ), l’imprécision ελ des échelles de longueur d’onde définies lors des mesures au sol (cf. § A.5.2) pour les plages spectrales (166-908 nm) est inchangée. Pour la longueur d’onde centrale λc (cf. éq. A.4-2), le signal E(λ) a été obtenu en divisant S0 par la réponse du photomultiplicateur du canal étudié. Pour u(C∆λ), les écarts ε∆λ entre les longueurs d’onde centrales et de référence n’ont pas excédé ±0,3 nm et -0,2 à +0,6 nm au maximum pour les canaux respectifs UV et VIS. Ces écartsε∆λ sont plus élevés lors de mesures en orbite car les raies de Fraunhofer engendrent des variations à forte pente du signal. Canal IR 214 Tableau d’évaluation des incertitudes standard pour le signal SOLSPEC IR lors d’une mesure solaire nominale (27 lectures du signal). Source individuelle d’incertitude Nature Expression Variable Remarque Valeur Unité Type Distribution Echelle λ u(Cλ) par calcul VoltsDigitaux B Détermination par équation A.4-1 S0 : signal net (volts digitaux) généré par le Soleil. Cf. fig. II.7.3.4.1-3 Bande passante u(C∆λ) par calcul VoltsDigitaux B Détermination par équations A.4-2 & -3 S0 : signal net (volts digitaux) généré par le Soleil. Cf. fig. II.7.4.4.1-3 Signal brut u(S) 27 7 σ IR 2 2n VoltsDigitaux B Loi en racine carrée vérifiée expérimentalement. σ IR7 2 = écart type du signal IR2 pour un facteur de réduction du bruit (n) = 7. Courant d’obscurité u(<DC>) 27 120.2 n Dépointage u(F) σ 0,0025 7 IR 2 VoltsDigitaux (+ décimales) B <DC> = moyenne pour les 2 x 60 mesures, antérieures et postérieures à l’acquisition du spectre. Unité relative B Cf. Annexe A.4. Pour une correction de pointage : exploitation des résultats criss-cross. Incertitude d’une correction : 0,25 %. Tableau A.5.4-12 Signal du canal IR de SOLSPEC lors d’une mesure solaire nominale. Description des sources individuelles d’incertitudes. Echelle de longueur d’onde et bande passante – u(Cλ) et u(C∆λ) Pour déterminer ces incertitudes (cf. § A.4), le signal net S0 (volts digitaux) face au Soleil a été enregistré après une moyenne de 27 lectures. Pour le calcul de u(Cλ), l’imprécision ελ des échelles de longueur d’onde définies lors des mesures au sol (cf. § A.5.2) est inchangée. Pour la longueur d’onde centrale λc (cf. éq. A.4-2), le signal E(λ) a été obtenu en divisant S0 par la réponse détecteur PbS. Pour u(C∆λ), les écarts ε∆λ entre les longueurs d’onde centrales et de référence n’ont pas excédé -0,6 à +0,7 nm au maximum. 215 Annexe - B Composants opto-mécaniques Développements complémentaires B.1 Réseaux holographiques ............................................................................. 216 B.2 Intégration des réseaux et des fentes ........................................................... 217 B.3 Caractéristiques des lampes et des fibres optiques ...................................... 219 B.4 Caractéristiques des détecteurs ................................................................... 220 B.1 Réseaux holographiques Les réseaux SOLSPEC ont été développés par la société Jobin-Yvon (Longjumeau, France). Selon leur classification, ce sont des réseaux de type IV, holographiques concaves à déviation constante et sans blaze. La correction des aberrations optiques a été optimisée pour les plages spectrales de l’instrument SOLSPEC, en particulier pour l’astigmatisme. Un réseau SOLSPEC est éclairé hors axe optique et l’image de la fente d’entrée est formée dans le plan tangentiel ‘Lbt’ de l’astigmatisme. Dans ces conditions, cette image est nette dans le sens de la hauteur de fente et le facteur d’agrandissement est proche de un. Une correction d’astigmatisme consiste à réduire la distance entre les plans images sagitaux ‘Lbs’ et tangentiels ‘Lbt’. Les distances relatives de ces plans sont spécifiques à chaque réseau et peuvent s’inverser en fonction de la longueur d’onde diffractée. Pour une plage spectrale donnée, le savoir-faire de la société Jobin-Yvon a permis d’annuler l’astigmatisme pour une longueur d’onde centrale et a permis de réduire cette aberration pour les longueurs d’onde voisines. Le sens de fonctionnement du réseau est asymétrique et déterminé par cette optimisation de la correction de l’astigmatisme (ajustée pour l’ordre 1). Les supports de réseaux sont en Zérodur. Le diamètre et l’épaisseur au centre sont respectivement de 30 et 9,5 mm. Leurs caractéristiques sont les suivantes : Référence -1 Nombre de traits (mm ) Plage spectrale indicative (nm) Rayon de courbure (mm) Traitement de surface Angle de déviation UV VIS IR 522 00 630 3600 175-400 96,3 Al + MgF2 38°42’ 522 00 640 1281 300-850 100 Al 522 00 650 353,83 800-3200 107,14 Au 38°41’30 ″ 19°37’26 ″ 216 Distance LA (mm) (fente d’entrée – sommet du réseau) 92,4 100 100 Distance LB (mm) (sommet du réseau – fente de sortie) 99,36 96,67 122,63 Tableau B.1-1 Caractéristiques techniques des réseaux Jobin-Yvon de SOLSPEC. B.2 Intégration des réseaux et des fentes Révision du système de fixation des réseaux. Utilisation d’une clé autorisant un alignement précis des traits des réseaux (cf. § II.3.1.2 et II.1.2.2). Fig. B.2-1 Nouveau système de fixation des réseaux (conception IASB). Une clé est insérée dans la protection du cylindre alésé pour le maintien du support du réseau pendant le serrage au couple. A gauche : support d’un réseau. Intégration des réseaux dans les spectromètres (cf. § II.1.1). Fig. B.2-2 Coupes transversales des spectromètres. De gauche à droite : canaux UV, VIS et IR. Vue du support de fente d’entrée (1), de la position des réseaux (2), et du support de fente de sortie (4). En projection, rail optique support de fente intermédiaire (3). 217 Pour chaque monochromateur, une coupe transversale montre la disposition des éléments optiques. Les deux réseaux (2) et le rail optique interne (3) sont vus en projection. Les fentes d’entrée (1) et de sortie (4) sont respectivement solidaires de la paroi supérieure et latérale. La somme des 2 angles de déviation constante détermine l’inclinaison du support de fente de sortie par rapport à la fente d’entrée. Particularité du couplage entre le cylindre support de réseaux et le levier. La vis micrométrique est parallèle aux axes optiques verticaux des spectromètres. Lorsque le levier est perpendiculaire à cette vis, les perpendiculaires aux premiers réseaux UV et IR sont inclinées de 12° par rapport aux axes optiques. Cet angle est de 5° pour le prem ier réseau VIS. Fig. B.2-3 Coupes transversales du cylindre alésé. Positions relatives des supports de réseaux. L’axe de rotation de ce cylindre correspond aux centres des cercles. De gauche à droite : réseaux UV, VIS et IR. Les premiers et seconds réseaux des doubles monochromateurs sont respectivement notés (1) et (2). Les dimensions des fentes sélectionnées comme modèles de vol sont les suivantes : Pré-fente (mm²) Canal UV Canal VIS Canal IR Tableau B.2-1 2 x 2,5 2 x 2,5 7 x 0,5 Fente d’entrée (mm²) 1 x 0,4 1 x 0,15 6 x 0,2 Fente intermédiaire (mm²) 1,1 x 0,44 1,5 x 0,3 10 x 0,4 Fente de sortie (mm²) 1,1 x 0,44 1 x 0,15 12 x 0,4 Tableau des fentes modèle de vol. Les dimensions modifiées par rapport à la version SOLSPEC SpaceLab sont en gras. 218 B.3 Caractéristiques des lampes et des fibres optiques Lampes au deutérium Les caractéristiques techniques des nouvelles lampes au deutérium sont les suivantes (cf. § II.2.3.2.1) : - Enveloppe. Longueur 120 mm, une lentille plan-convexe en MgF2 complète la chaîne de verre. - Structure interne. Le boitier arrière contient l’anode et la cathode. La zone émettrice est localisée à ~100 mm de la lentille et limitée par un diaphragme de l’ordre d’un millimètre de diamètre. Le boîtier avant est constitué de déflecteurs à symétrie cylindrique limitant le cône d’émission. La structure arrière de la lampe est constituée de raidisseurs croisés en Kovar® (alliage FeNiCo). Ils contribuent à la rigidité de l’ensemble en maintenant l’alignement des déflecteurs et servent de supports aux connections électriques entre le système anode-cathode et les broches d’alimentation externe. - Séquence nominale de mise sous tension. Une résistance chauffante (filament, 10 VDC pendant 60 s) facilite l’amorçage de l’arc en fournissant au préalable des électrons libres. L’arc est créé par une décharge de haute tension (500 V) puis stabilisé en régime nominal (80 V, 250 mA). La tension du filament est ensuite réduite à 4 VDC. La température de la lampe est de l’ordre de 125 °C au voisinage de la zone émettrice et 30 ° C près de la lentille. Caractéristiques des fibres optiques pour les lampes à ruban de tungstène VIS (cf. § II.2.3.3.2) - Condenseur : lentille asphérique (profil parabolique) en silice de synthèse, de courte focale (16,36 mm). - La fibre est composée de 37 monobrins. Elle est livrée par la société SEDI (France). Ce choix d’une fibre multibrins s’est imposé pour disposer d’un arrangement de forme rectangulaire en entrée (fente de 0,75 x 3,25 mm²) et à symétrie circulaire en sortie. L’arrangement des brins est aléatoire. Les monobrins sont du type multimode à saut d’indice (silice/silice) de 200 µm de diamètre. Ouverture numérique : 0,22 (cône de 25°). La gaine de la fibre est en Hytrel (du Pont de Nemours, France), élastomère thermoplastique flexible résistant et ne dégazant pas. Le Hytrel détermine la rigidité de la fibre multibrins et offre des rayons de courbure de l’ordre de 20 mm. Les terminaisons de fibre sont des férules cylindriques. En sortie, la férule miniature (du type connecteur SMA 905) est intégrée dans un support mécanique de conception IASB. 219 B.4 Caractéristiques des détecteurs Détecteurs UV-VIS Les détecteurs UV-VIS sont des tubes photomultiplicateurs. Ils fonctionnent sous vide et sont constitués d’une fenêtre latérale, d’une photocathode et d’une série d’électrodes (dynodes) à laquelle est appliquée une haute tension. Le signal est collecté à l’anode. La cathode convertit l’énergie lumineuse incidente en énergie électrique par effet photoélectrique. La probabilité d’émission induite d’un photoélectron par photon incident est définie comme étant l'efficacité quantique. Sa dépendance en longueur d’onde dépend de la transmission de la fenêtre d’entrée et de la nature de la cathode. Le courant d’obscurité est une émission spontanée d’électrons dans la cathode et les dynodes. Il est induit par l’agitation thermique des électrons dont certains franchissent le seuil d’énergie de libération (émission thermoïonique). Ce signal dépend de la température mais peut être considérablement réduit par refroidissement de la cathode. Les détecteurs SOLSPEC fonctionnent en mode de comptage de photons, adapté à la détection de faibles signaux. Ce mode est peu dépendant de la variation de haute tension appliquée aux dynodes. Le signal créé par un photon est amplifié et produit une impulsion sur l’anode. Il est comptabilisé par une électronique (PAD, Pulse Amplifier Discriminator) par laquelle les impulsions associées au bruit sont éliminées grâce à un seuil d’intensité prédéfini par un LLD (Low Level Discriminator). Enfin, un comparateur numérise l’impulsion en niveau logique (CMOS, Open Collector Output pour SOLSPEC). Les caractéristiques techniques sont les suivantes : Référence EMR Fenêtre Photocathode Surface active (diamètre, mm) Nombre de dynodes Amplification Courant d’obscurité Tableau B.4-1 UV VIS 641F-09-18-03900 MgF2 Cs2Te 9,5 18 6 10 @2160 V 1,9 x10-4 nA @2160 V 641E-01-18-03900 Corning 7056 Trialkali 10 18 6 10 @2005 V 0,28 nA @2005 V Caractéristiques techniques des détecteurs UV-VIS. Les détecteurs présentent des temps de réponse très courts et fonctionnent pour de larges plages spectrales. La susceptibilité magnétique ne peut être négligée. Le niveau du courant d’obscurité du détecteur VIS a été mesuré. Les résultats exprimés en coups/s sont les suivants : 220 Fig. B.4-1 Relation obtenue entre la température de la thermistance proche de la photocathode du détecteur VIS et son courant d’obscurité. Détecteur et échantillonneur IR L’échantillonneur n’a pas été modifié par rapport à SOLSPEC SpaceLab. C’est un oscillateur mécanique du type diapason (Bulova CH10, Scitec Instruments) réglé en usine sur 512 Hz. Deux pales activées par un électroaimant (excitateur) interceptent et modulent le faisceau lumineux. Un second électro-aimant (lecteur) fournit un signal de référence en sortie. Le détecteur IR est une photodiode PbS Hamamatsu (ref. P2682). Fig. B.4-2 Echantillonneur et détecteur de la nouvelle électronique IR pour SOLAR SOLSPEC. 221 Annexe - C Logiciel et électronique Développements complémentaires C.1 Procédure de remise à zéro (RAZ) .............................................................. 222 C.2 Tableaux de paramètres (filtres et mode cathode creuse) ............................ 224 C.3 Chaîne de détection du canal IR ................................................................. 227 C.1 Procédure de remise à zéro (RAZ) Cet algorithme permet de définir l’origine de l’échelle des incréments associée au moteur (cf. § II.2.4). La procédure doit être activée lors de chaque mise sous tension de SOLSPEC du fait de l’absence de codeur optique absolu. Il contribue à la reproductibilité (à un incrément près) des échelles de longueur d’onde. Les éléments mécaniques impliqués sont les suivants. - Le chariot se déplaçant en translation le long de la vis micrométrique. Il est équipé d’un ergot métallique. - La carte du moteur, équipée d’un opto-coupleur contenant un émetteur (LED) et un récepteur. L’angle solide du récepteur vu depuis la LED définit un cône de lumière pouvant être intercepté par l’ergot. La largeur de ce cône est de 1402 incréments moteur. - Le moteur est équipé d’un codeur optique : un disque métallique muni d’une ouverture définissant un secteur ouvert de 7,88°. U n opto-coupleur (émetteur – récepteur) est positionné de part et d’autre de ce disque. La résolution angulaire du moteur pas à pas (48 incréments moteur par tour) est de 7,5°. Au cours d’une révolution, l’opto-coupleur détecte immanquablement l’ouverture du codeur optique. - Des butées de fin de course limitent le déplacement du chariot en interrompant l’alimentation du moteur. Lors d’une mise sous tension de SOLSPEC, l’algorithme analyse l’état des butées (en contact ou non avec le chariot) et enclenche le dégagement du chariot si nécessaire. - La distance entre la butée basse et le cône de lumière est de 1347 incréments. La distance entre la position arrêt et la butée haute est de 780 incréments. L’algorithme RAZ exploite les informations conjointes du codeur et de l’opto-coupleur de la carte du moteur. Pour un chariot en position arrêt (position moteur : 27100), la procédure est la suivante : 222 - Descente du chariot vers la butée basse. Détection de l’entrée dans le cône, dégagement (sortie du cône) suivi d’un changement de direction pour l’interception du cône en mouvement ascendant. - Détection de l’entrée dans le cône. Arrêt du moteur. Redémarrage en vitesse réduite et activation du codeur du moteur. Rotation lente jusqu’à la détection de l’ouverture du codeur (après 28 incréments pour le modèle de vol). On observe une absence d’inertie : l’arrêt du moteur est instantané. Fig. C.1-1 Recherche de l’origine de l’échelle des incréments moteur. Description de la séquence finale. Les signaux représentent les impulsions du moteur, les détecteurs de la carte moteur et du codeur. Lors de la première mise en mouvement du moteur, il existe une procédure de dégagement (-3000 incréments suivi de +3000 incréments) destinée à éviter la butée haute ou à détecter une présence éventuelle de l’ergot dans le cône. Cette situation pourrait survenir si SOLSPEC a été mis hors tension en urgence lors d’une mesure précédente. Dans ce cas, le chariot n’est pas en position arrêt. 223 Butée haute 780 pas Arrêt (p = 27100) Largeur du cône de lumière (opto-coupleur de la carte du moteur) 1402 pas Origine de l’échelle des incréments du moteur (détection du repère du codeur du moteur) 1347 pas 28 pas Butée basse Fig. C.1-2 Description des repères pour l’échelle des incréments du moteur : butées, cône de lumière de l’opto-coupleur de la carte du moteur, position arrêt et origine de l’échelle des incréments. Cette origine correspond à la détection du repère du codeur du moteur. C.2 Tableaux de paramètres (filtres et mode cathode creuse) Le tableau de paramètres est sauvegardé dans la mémoire PROM de SOLSPEC (Xicor X28C256DMB-20, 5 volts Byte alterable E2PROM). Tableau pour l’activation des filtres Les incréments moteur associés aux passages des filtres doivent être des multiples de 40 pour les modes d’acquisition nominaux, pour ne pas perturber l’échantillonnage des spectres réalisé tous les 40 incréments entre 0 et 27080. On a donc encodé les valeurs suivantes par défaut (cf. § II.3.3 et II.3.4). Longueur d’onde (nm) Incrément moteur Position du filtre (logiciel) Remarques (le plus proche multiple de 40) Canal UV 146,87 0 0 (Off) 224 217 7600 1 (On) λ(7600) = 216,95 nm 320 20120 0 (Off) 371,09 27100 0 (Off) λ(20120) = 320,15 nm Position arrêt Canal VIS 231,28 302 0 2560 0 1 λ(2560) = 302,14 nm 410 6560 2 λ(6560) = 409,98 nm 683 17320 3 908,52 27100 3 λ(17320) = 682,68 nm Position arrêt Canal IR 647,46 902 0 2400 0 1 1690 10120 2 3276,89 27100 2 Tableau C.2-1 λ(2400) = 901,52 nm λ(10120) = 1690,82 nm Position arrêt Tableau pour l’activation des filtres. Analyse pour chaque canal. L’acquisition d’un spectre en mode M1 ou M2 est divisée en 16 plages spectrales assimilant le passage des filtres pour les 3 canaux. Il en résulte le tableau suivant : Plage Début Fin (incrément moteur) (incrément moteur) Canal UV Position physique R0 R1 R2 R3 R4 R5 R6 R7 R8 R9 R10 R11 0 2400 2560 6560 7600 10120 17320 20120 21600 22000 22400 22800 2400 2560 6560 7600 10120 17320 20120 21600 22000 22400 22800 23200 1 (Off) 1 (Off) 1 (Off) 1 (Off) 2 (On) 2 (On) 2 (On) 1 (Off) 1 (Off) 1 (Off) 1 (Off) 1 (Off) logiciel 0 0 0 0 1 1 1 0 0 0 0 0 Canal VIS Position physique 1 1 2 3 3 3 4 4 4 4 4 4 logiciel 0 0 1 2 2 2 3 3 3 3 3 3 Canal IR Position physique 1 2 2 2 2 3 3 3 3 3 3 3 logiciel 0 1 1 1 1 2 2 2 2 2 2 2 225 R12 R13 R14 R15 23200 23600 24000 24520 Tableau C.2-2 23600 24000 24520 27100 1 (Off) 1 (Off) 1 (Off) 1 (Off) 0 0 0 0 4 4 4 4 3 3 3 3 3 3 3 3 2 2 2 2 Tableau d’activation des filtres pour les 16 plages des modes d’acquisition solaire et lampes (M1 et M2). Tableau de plages spectrales pour le mode cathode creuse Les raies Cu, Zn et Ar les plus intenses de la lampe à cathode creuse argon ont été sélectionnées pour les canaux UV-VIS (voir § II.2.3.4.3). Pour le mode d’acquisition M3 (cathode creuse), on définit un tableau décrivant les 16 plages spectrales centrées sur les PSF. On remarquera l’ajustement de l’échantillonnage à 4 ou 10 incréments moteur respectivement pour une raie UV ou VIS de manière à disposer de 10 points de mesure par largeur de raie à mihauteur. Une raie VIS particulière (Ar I 763,51 nm) est analysée plus précisément par un échantillonnage de deux incréments moteur. Plages R0 R1 R2 R3 R4 R5 R6 R7 R8 R9 R10 R11 R12 R13 R14 R15 Tableau C.2-3 Début 3320 7050 8190 9040 10570 11070 15160 16600 16920 18240 18400 19080 19540 20570 20950 22200 Fin 3440 7410 8330 9180 10910 11500 15480 16920 17140 18400 18750 19280 19760 20880 21230 22460 Incrément 4 10 4 4 10 10 10 10 4 4 10 4 4 2 4 4 Tableau définissant les 16 plages spectrales centrées sur les raies Cu, Zn et Ar les plus significatives de la lampe à cathode creuse pour le mode M3. 226 C.3 Chaîne de détection du canal IR La révision complète de l’électronique de détection IR a été décidée. L’électronique précédemment développée par un partenaire industriel (SABCA, Belgique) a été entièrement remplacée par une nouvelle chaîne de détection développée à l’IASB. Elle utilise le principe de mesure de détection synchrone, non explicité ci-dessous. Les éléments les plus relevant sont les suivants. - Le détecteur PbS est polarisé à 30 Volts et associé à un préamplificateur. Ce dernier convertit en tension puis amplifie les variations périodiques de photocourant du détecteur engendrées par la modulation du signal lumineux. L’architecture centrale est constituée de l’amplificateur de précision AD524S (Analog device). Le gain est de l’ordre de 1000. Le signal alternatif en sortie présente un biais résiduel par rapport à la référence de 0 Volt. Il est lié à l’action d’un filtre passe-haut qui engendre également un bruit blanc. - Pour la démodulation, l’onde de référence est modifiée afin de produire un échantillonnage de chaque demi-période du signal IR en trois tiers. Seul le tiers central est prélevé pour optimiser le rapport signal à bruit. - Un signal IR inverse est également créé. Cette symétrie, définie par rapport à la masse des amplificateurs opérationnels, joue un rôle fondamental dans le redressement. Elle permet à la détection synchrone de SOLSPEC d’être totalement indépendante du biais résiduel du signal issu du préamplificateur. On obtient un signal redressé tel que son intégration par un filtre passe-bas électronique donne un signal DC réellement proportionnel à la quantité de lumière incidente. En effet, quel que soit le biais, l’intégration correspond à la surface comprise entre le maximum et le minimum du signal initial (voir cidessous). - Les signaux IR redressés sont transférés pour numérisation vers la carte CAD. Le convertisseur 16 bits est le modèle 7805ALPRP de Maxwell Technologies Company) utilisé en mode bipolaire (gamme d’entrée ± 10 Volts). 227 Fig. C.2-1 Démodulation du signal IR. A gauche : illustration du traitement du signal IR modulé. Seuls les tiers centraux des demi-périodes sont conservés. A droite, démonstration de la neutralisation du biais du signal IR. Pour l’exemple, on analyse le cas d’un biais supérieur à l’amplitude du signal. Prélever en alternance par demi-périodes le signal IR puis son inverse (cf. segments 1 et 2) conduit à une intégration dans le filtre passe-bas électronique totalement indépendante du biais. En effet, le segment (3) représente dans tous les cas la distance comprise entre le maximum et le minimum du signal IR. L’axe de symétrie est la masse du circuit redresseur. 228 Annexe - D Intégration et caractérisation Développements complémentaires D.1 Alignement des doubles monochromateurs .................................................. 229 D.2 Définition des filtres VIS et IR ....................................................................... 232 D.3 Tests environnementaux .............................................................................. 235 D.1 Alignement des doubles monochromateurs La procédure d’alignement (cf. § II.3.1.3) a été réalisée dans l’ordre suivant. Nous désignons respectivement par FE, FI et FS : la fente d’entrée, intermédiaire et de sortie. Réglage en translation du cylindre alésé L’axe du cylindre alésé peut être translaté avec précision par une vis de butée. A l’autre extrémité, un système de rondelles en béryllium exerce une force de rappel sous l’action de cette vis. Ce montage ne présente pas de jeu. Pour le réglage, une FE de test bien centrée et une source lumineuse ont été utilisées. Le réseau était utilisé en incidence normale. L’alignement optimal a été atteint lorsque le retour de l’ordre zéro au verso de la FE a coïncidé avec celle-ci. Un même réglage de la vis de butée convient évidemment pour les trois canaux UV, VIS et IR. Alignement des traits du 1er réseau Les traits doivent être parallèles à l’axe du cylindre alésé et à la FE. Le test consistait à analyser la bande d’un spectre continu diffracté par le réseau, contenant les ordres successifs de diffraction. On a observé le retour de ces ordres au verso de la FE lors d’une mise en rotation du 1er réseau par la vis micrométrique. L’objectif consistait à annuler le décalage latéral des raies par rapport à la FE pour les ordres non nuls. Ce décalage était induit par un défaut de parallélisme des traits (par rapport à la FE) qui provoquait une rotation de la bande de spectre avec l’ordre 0 comme pivot. La procédure était itérative. Les décalages on été annulés lorsque le parallélisme des traits a été atteint. L’orientation du support du réseau a été contrôlée à l’aide de la clé spéciale (cf. § II.1.2.2). La vis de blocage du réseau a ensuite été serrée à 110 Nm. Ajustement du rail support de miroirs et FI La position du support de FI a été vérifiée mécaniquement au préalable. La distance entre les centres des miroirs plans doit être de 50 mm. La position de la FI 229 entre ces miroirs dépend du canal. Ces distances intermédiaires sont respectivement égales à (28,5 + 21,5), (23,33 + 26,67) et (13,69 + 36,31) mm pour les canaux UV, VIS et IR. Focale du 1er réseau La distance focale varie en fonction de la longueur d’onde du fait des aberrations du réseau. L’analyse a été effectuée en observant la FI. Un faisceau monochromatique a été utilisé (laser ou lampe spectrale). Sa longueur d’onde était située en milieu de plage spectrale du canal étudié. Le support de FE a été ajusté en profondeur afin d’obtenir son image nette dans le plan de la FI. Fig. D.1-1 Montage spécifique pour l’observation d’une fente intermédiaire (VIS). Insertion d’un petit miroir de renvoi et d’une source lumineuse (peu intense). Le microscope est ensuite mis en station et une source lumineuse (laser) est amenée sur la fente d’entrée (photo de droite). Centrage d’une raie par rapport à la FI La position du barillet de la FE a été ajustée en translation et rotation jusqu’à ce que l’image de la FE fût alignée en hauteur et en inclinaison. On a ensuite vérifié que ce réglage convenait à l’ensemble du spectre à l’ordre un en changeant de source lumineuse. Une marge de l’ordre de 10 % ou plus est généralement réservée pour la taille de la FI par rapport à la FE. Alignement des traits du 2ème réseau Un microscope muni d’un oculaire à réticule a été fixé sur le support de barillet de la FS (cette fente était démontée). Le test consistait à observer le défilement d’un spectre de raies (ou continu) en sortie du spectromètre en cours d’alignement. On a ajusté le parallélisme des traits du 2ème réseau par rapport à l’axe du cylindre alésé. L’objectif consistait à annuler la dérive du spectre en sortie, dans le sens de la hauteur de fente. On a procédé par itération puis le réseau a ensuite été bloqué en position. 230 Focale du 2ème réseau Le réglage a été réalisé avec la longueur d’onde sélectionnée pour la focale du 1er réseau. Le support de la FS a été ajusté en profondeur jusqu’à ce qu’une raie (ou plage spectrale) de cette longueur d’onde apparaisse nette dans le plan de la FS. Centrage d’une raie par rapport à la FS La synchronisation des fentes doit être complétée par le centrage de la raie émergente (diffraction à l’ordre 1) par rapport à la FS. Lorsqu’une translation était nécessaire selon les deux axes 1X et 1Y définissant le plan de la FS, deux procédés étaient généralement utilisés. Soit l’insertion de lames minces (shim’s) sous le 2ème miroir plan, soit un déplacement du support du barillet FS. Les ajustements en translation qui ont été effectués pour la synchronisation des fentes étaient de l’ordre d’une fraction de mm. Alignements : spécificités pour chaque canal Canal UV L’alignement du canal UV au laboratoire a présenté une difficulté car il devait être optimisé pour une plage spectrale hors du domaine spectral visible pour un expérimentateur. Les sources lumineuses utilisées étaient un laser He-Cd (326 nm) et les raies Hg et Cd de lampes spectrales. La fluorescence a été utilisée pour visualiser les faisceaux ultraviolets sur des écrans minces, placés dans le plan des fentes. Cette technique a permis d’effectuer les centrages et focalisations des images de fentes. Ces procédures délicates d’alignement ont été réalisées avec succès. La validation de l’alignement a été effectuée avec un photomultiplicateur ‘Solar blind’ de laboratoire (Hamamatsu) et des sources à spectre continu (lampes au deutérium 30 W et tungstène 1000 W). Ces vérifications combinées aux travaux de caractérisation et d’étalonnage (cf. § II.5 et II.6) ont confirmé le fonctionnement nominal du double monochromateur UV pour l’ensemble de sa plage spectrale. Canal VIS L’alignement des traits du 1er réseau et l’ajustement des distances focales ont été réalisés en utilisant des raies de lasers He-Ne. Pour l’alignement des traits du 2ème réseau, un spectre VIS continu a été inspecté en sortie du spectromètre. L’objectif à atteindre était une absence de dérive dans le sens de la hauteur de fente lors de son défilement. Concernant l’astigmatisme, on a sélectionné le plan tangentiel assurant la netteté des bords latéraux d’une PSF. Les deux plans (sagittal et tangentiel) étaient confondus pour la plage spectrale correspondant au bleu. La focale du canal VIS a été ajustée pour la plage centrée à 530 nm (bleuvert). Le décalage de focalisation a été analysé en détail pour les autres longueurs d’onde. Le centrage de l’image de la FE par rapport à la FS a également été réalisé par un ajustement de l’orientation du miroir plan n°2. 231 Canal IR Les alignements ont essentiellement été effectués en exploitant une raie laser He-Ne VIS (594,1 nm) et ses ordres successifs de diffraction, simulant un signal IR à l‘ordre 1. En sortie du spectromètre, le plan image de la FE est resté pratiquement invariant en profondeur pour la plage spectrale comprise entre 1 µm et 2,5 µm (ordres 2 à 4 du laser). La défocalisation était peu importante en dehors de cette plage. Les alignements ont été optimisés à 2.5 µm. Les images de FE et de F’ ont présenté une hauteur croissante du fait des aberrations des réseaux IR. Les hauteurs des fentes (6 X 0,2, 10 x 0,4 et 12 x 0,4 mm²) ont été adaptées en conséquence pour collecter l’ensemble du signal. Pour contrôler le résultat des alignements avant l’intégration de la détection synchrone, un équipement de laboratoire (source tungstène de 1000 W et une photodiode Si ou Ge) a été utilisé. Les lasers ont permis de déterminer et confirmer (avant l’intégration de l’électronique et de la motorisation) l’amélioration de la résolution spectrale par rapport à la version SOLSPEC SpaceLab. Optimisation Après la séquence principale d’alignement des trois doubles monochromateurs, de nombreux travaux mécaniques préalables à l’intégration ont été réalisés. Ces opérations ont engendré de fréquents démontage du cylindre alésé ou de plaques latérales des spectromètres (pour l’insertion de déflecteurs, de l’échantillonneur IR, de résistances chauffantes et câblage, etc ..). En conséquence, les alignements optiques ont été régulièrement vérifiés et révisés le cas échéant afin de certifier leur optimisation avant l’intégration. La stabilité des alignements optiques a été certifiée lors de tests en vibrations. D.2 Définition des filtres VIS et IR Définition des filtres VIS Le canal VIS utilise une combinaison de filtres neutres et passe-haut. Ce dernier doit avoir atteint son plateau de transmission maximale au moment de son activation. Le principe consiste à activer le filtre suivant avant l’ordre deux de la longueur d’onde de coupure λc du précédent. Il n’y a pas de VIS1 (position ouverte, OD = 0,0, cf. § II.3.3.3.3). Filtre VIS2 La présence d’un plateau entre 370 et 410 nm nous a incité à maintenir l’activation du filtre VIS2 jusqu’à cette limite (410 nm), englobant les raies Ca II H & K (393,48 et 396,96 nm sous vide). Un filtre neutre a été utilisé pour rapporter le signal de ce plateau au seuil 105 cps/s. La densité optique a été fixée à 2,2 (atténuation d’un facteur ~160, filtres OD 2,0 + 0,2). Ils ont engendré une réduction inappropriée mais inévitable du signal à partir de 302 nm avant la restauration du rapport signal à bruit vers 310 nm. Aucun filtre de réjection d’ordre n’a été intégré car le détecteur VIS est équipé d’une fenêtre Corning 232 7056 dont la longueur d’onde de coupure est voisine de 210 nm. L’ordre 2 de la plage spectral allant de ~153 nm (extinction du quartz) à 205 nm n’est donc pas mesurable par le détecteur. Filtre VIS3 La densité optique a été calculée pour ramener le signal du plateau [450550 nm] à 105 cps/s. La valeur est fixée à OD = 2,7 (soit une atténuation d’un facteur ~500 grâce à deux filtres de densité 1,7 et 1,0). Pour définir la fin de la plage VIS3, deux éléments sont entrés en jeu : la zone de variation rapide de signal vers 695 nm et le souhait d’utiliser VIS4 sans filtre atténuateur. Pour satisfaire cette dernière contrainte, la plage VIS3 devrait être prolongée jusqu’à 840 nm. Mais dans ce cas, le signal en fin de plage VIS3 aurait été écrasé par une densité OD de 2,7 très préjudiciable au rapport signal à bruit (surtout vers 820-830 nm). De plus, l’ordre 2 d’un signal de la plage ~380 - 400 nm aurait été observé en fin de plage VIS3. Dans le cas contraire, limiter la plage VIS3 trop tôt aurait imposé l’utilisation d’un filtre neutre à forte densité optique pour la plage VIS4, préjudiciable à la détection du signal en fin de plage. Un compromis a été trouvé pour éviter l’ordre deux sur VIS3, réduire la densité optique sur VIS4 et la différence de densité entre VIS3 et VIS4, et enfin, éviter autant que possible l’activation d’un nouveau filtre dans la zone à pente abrupte vers 695 nm. Après analyse, on a optimisé la configuration en limitant la plage VIS3 à 685 nm. En effet, le filtre de réjection d’ordre sélectionné est un filtre centré sur 374 nm. Sa transmission maximale est voisine de 92 %, sa transmission à 5 % est observée à 364 nm et sa coupure certifiée vers 345 nm garantit l’absence d’ordre deux jusqu’à ~ 690 nm. Filtre VIS4 La plage s’étend de 685 à 908 nm et un filtre atténuateur est nécessaire. Les simulations ont permis de fixer sa densité optique à 1,7 soit une atténuation d’un facteur ~50. Un filtre de réjection a été utilisé. Il est centré sur 511 nm. Sa transmission maximale est voisine de 90 % et sa coupure certifiée vers 465 nm garantit l’absence d’ordre deux sur VIS4. Précautions contre les résonnances entre faces parallèles Une résonance peut survenir entre deux surfaces parallèles, réfléchissantes et très proches l’une de l’autre. Elles forment une cavité de Fabry-Pérot. Lors de l’émergence du faisceau traversant cette cavité, on peut observer des interférences constructives entre les composantes issues de réflexions multiples si elles sont en phase. Pour une longueur d’onde donnée λ0, la concordance de phase est rencontrée lorsque la différence des chemins optiques δ est un multiple entier de λ0, avec : 2π Φ= δ δ = 2nl cos θ et (D.2-1) λ0 233 Où : n = indice de réfraction l = distance entre les faces parallèles φ = phase θ = angle d’incidence interne Fig. D.2 -1 l Interférences constructives λ0 θ Principe d’une cavité Fabry-Pérot. Pour une cavité et une longueur d’onde λ0 données, certaines valeurs d’angle d’incidence peuvent donner des interférences constructives. De même, pour une incidence donnée, certaines longueurs d’onde sont bien transmises, contribuant à la présence de pics de transmission dans un spectre. La séparation ∆λ entre ces franges vérifie : λ20 (D.2-2) ∆λ ≈ 2nl cos θ et la largeur à mi hauteur δλ de ces franges peut être déduite de : 4R 2∆λ arcsin(1 / F ) avec , où R est la réflectivité des faces. F≡ δλ = π (1 − R ) 2 Pour les empilements de filtres SOLSPEC traversés par le faisceau émergent de la fente de sortie, un grand parallélisme entre les faces réfléchissantes (proches entre elles) des filtres neutres et de réjection d’ordre pouvait engendrer des atténuations en fonction de la longueur d’onde. Les franges d’interférences enregistrées par le détecteur auraient rendu l’étalonnage instable car très sensible aux vibrations, aux changements de température et à la transition air-vide (changement d’indice de réfraction). L’empilement des filtres VIS2 à VIS4 a donc été étudié avec attention. Pendant l’intégration, les conditions favorables à l’apparition d’une résonnance sont survenues deux fois. Les écarts entre les franges vérifiaient bien la dépendance en λ2 et étaient de l’ordre ~4 et ~22 nm vers 600 nm. Un calcul rapide a montré que les profondeurs de cavités devaient être respectivement de l’ordre de 36 et 6 µm en considérant un angle d’incidence de ~5° sur le filtre (divergen ce du faisceau émergent). La solution a consisté à éloigner autant que possible les surfaces très réfléchissantes et à réduire le parallélisme des lames. Il a suffit d’éviter les vis-àvis de dépôts de surface et d’utiliser des inserts d’épaisseur variable (à faces non parallèles). Ces solutions ont été appliquées pour les empilements VIS2 à VIS4. Les distances entres les surfaces réfléchissantes ont été augmentées jusqu’à 1,5 voir 2,5 mm mais les inserts ordinaires ont été conservés. L’équation D.2-2 a montré que les franges ont alors été neutralisées, avec un ∆λ de l’ordre de quelques centièmes de namomètre. 234 Définition des filtres IR Discussion détaillée pour la sélection des filtres IR (cf. § II.3.3.3.4). La réjection de l’ordre deux devait être assurée entre 540 et 3000 nm. Pour rappel, aucun filtre atténuateur n’était nécessaire pour le canal IR. Désignons respectivement par λ0, λ5, λ50 et λP les longueurs d’onde associées à la coupure totale (0 %), aux transmissions à 5 et 50 % et la longueur d’onde pour laquelle le plateau de transmission maximale (Tmax) est atteint. La discussion a été réalisée à partir de la position F-IR3. Notons que les filtres ont une transmission maximale assez voisine. Le passage d’un filtre à l’autre est donc quasiment continu pour le canal IR (sauf pour le passage filtre F-IR1 à F-IR2). Position F-IR3 Ce filtre devait avoir une longueur d’onde de coupure λ0 supérieure à 1500 nm. On a sélectionné un filtre ayant les caractéristiques suivantes : λ0 = 1510 nm, λ5 = 1597 nm, λ50 = 1639 nm, λP = ~1650 nm et Tmax = ~87.6 %. Notons que pour l’IR, la contribution de l’ordre deux peut être très importante vers trois µm en raison du faible éclairement solaire. Cette contribution peut très facilement supplanter l’ordre un. Le filtre est activé à 1690 nm, zone de transmission maximale. La transmission à ~1 % est observée vers λ1 = 1544 nm. L’absence d’ordre 2 est donc garantie jusqu’à 3088 nm. Position F-IR2 Il fallait disposer d’un filtre tel que l’ordre deux de sa longueur d’onde de coupure λ0 fusse supérieure à 1690 nm. On a sélectionné un filtre ayant les caractéristiques suivantes : λ0 = 855 nm, λ5 = 878 nm, λ50 = 895 nm, λP = ~905 nm et Tmax = ~90.4 %. L’ordre deux de λ0 (1710 nm) vérifie la contrainte. Le filtre est activé à 902 nm pour la plage F-IR2. Position F-IR1 On a sélectionné un filtre compatible avec l’extinction de réponse du détecteur PbS (540 nm). Un filtre (λ0 = 465 nm, λ5 = 498 nm, λ50 = 511 nm, λP = ~520 nm, Tmax = ~90 %) a permis d’éliminer le rayonnement UV-VIS indésirable. L’ordre deux de sa longueur d’onde de coupure λ0, observée vers ~930 nm est bloqué par l’activation du filtre F-IR2. A l’incrément moteur 0, le canal IR est centré sur 647 nm. Il est donc possible d’obtenir du signal en pas négatif jusqu’à 540 nm. D.3 Tests environnementaux Tests en vibrations Les tests en vibrations (cf. § II.4.1) ont eu lieu chez Intespace (Toulouse, France) en avril et mai 2005. Ils consistaient en une recherche des fréquences propres du modèle de vol de SOLSPEC entre 1 et 2000 Hz (accélération de 1g), 235 SOLSPEC ne pouvant présenter de résonnances en-dessous de 200 Hz pour la qualification. Un spectre composite de vibrations a ensuite été transmis par un pot vibrant pneumatique. Les accélérations étaient généralement supérieures à 15 g. Les 3 axes 1x, 1y et 1z ont été testés successivement. Des accéléromètres intégrés temporairement dans la structure interne de SOLSPEC ont enregistré les résultats. Les tests de stabilité radiométrique de l’instrument ont été réalisés avec les lampes internes en enregistrant un spectre avant et après chaque axe. Elles ont servi de témoin pour le maintien des spectromètres dans leur ensemble (réponse des détecteurs, loi de dispersion, stabilité mécanique. …). Canal UV Le signal de la lampe au deutérium #2 a été utilisé pour évaluer la robustesse du canal de mesure UV. Trois spectres en unité relative (cps/s) ont été comparés. L’un a été enregistré avant le déplacement en France et les deux autres après les axes 1x et 1y (spectre partiel) et en fin de test. Les résultats ont donné entière satisfaction, tant pour la stabilité de la lampe que celle du canal de mesure compte tenu du transport de l’instrument et des charges subies en vibrations. . Fig. D.3-1 Contrôle de stabilité du canal UV lors des tests en vibrations. A gauche, le signal de la lampe au deutérium #2 a été enregistré avant, pendant (mesure partielle) et après les tests. A droite, rapport entre le spectre initial et final. Les contraintes opérationnelles ont limité le temps d’intégration et le signal est resté bruité aux grandes longueurs d’onde. Cependant, la stabilité du système a été démontrée et le rapport entre le spectre initial et final (incluant trois jours de tests et les transports) est resté centré autour de un entre 190 et 340 nm (moyenne : 1,004). Suite aux recommandations du NPL (cf. § II.2.3.2.1), il était possible que les lampes puissent perdre leur référence en éclairement lors des vibrations. Des 236 variations de l’ordre de 10 % étaient à craindre bien que les lampes puissent être à nouveau stabilisées à ce niveau. Pour réduire le cumul de vibrations, les lampes modèle de vol n’ont pas été vibrées individuellement avant l’intégration. On a observé ci-dessus leur bonne résistance après une seule charge au niveau acceptance. On a constaté que la mise en orbite a également préservé la stabilité des lampes (cf. § III.1.2). Canal VIS Les lampes à ruban de tungstène ont contribué à l’analyse de la stabilité du canal VIS. Les données ci-dessous sont issues de la séquence finale de tests selon l’axe 1y (Intespace, mai 2005). Les résultats montrent la bonne tenue de la lampe et de la réponse du canal compte tenu du transport de l’instrument et des vibrations. Fig. D.3-2 Reproductibilité de l’émission de la lampe à ruban de tungstène n°2 pendant les tests en vibrations de SO LSPEC (modèle de vol). Echelles de longueur d’onde Les données ci-dessous concernent une lampe HCL du type hélium, intégrée dans l’instrument lors des tests en vibrations. La lampe modèle de vol (argon) actuellement en service a été intégrée par la suite. La reproductibilité des spectres de raies UV-VIS après vibrations a contribué à garantir la robustesse de la lampe HCL mais aussi la stabilité des échelles de longueurs d’onde UV-VIS des spectromètres et le maintien de leur résolution spectrale. Les données cidessous sont issues de deux séries de tests (avril et mai 2005). Les spectres UV (rapport signal à bruit limité) et VIS sont restés superposables après vibrations et ils ont donné entière satisfaction. 237 Fig. D.3-3 Tests en vibration après intégration. La stabilité de la lampe et des canaux UV-VIS a été confirmée par l’analyse des résultats. De gauche à droite : canal UV (1ère série de tests) et canal VIS (2ème série). Les spectres sont restés inchangés après vibrations. Une analyse plus fine de raies principales (ex. Zn I 213,86 nm et He I 587,56 normalisée) montre que la largeur et le centrage des raies apparait inchangés. Néanmoins, les contraintes opérationnelles pendant les tests n’ont pas permis d’optimiser le rapport signal à bruit pour le canal UV. . Fig. D.3-4 Reproductibilité de la mesure de PSF pendant les tests en vibrations. Tests CEM et de vide thermique Des tests de compatibilité électromagnétique (CEM) ont été réalisés ( cf. § II.4.2). L’objectif était de mesurer les seuils d’immunité de SOLSPEC contre les influences électromagnétiques extérieures. Des critères déterminés par l’ESA devaient être vérifiés. De plus, les émissions électromagnétiques non désirées 238 de SOLSPEC devaient être réduites afin de ne pas perturber les instruments situés dans son voisinage sur ISS. Les éléments internes les plus sensibles sont les tubes photomultiplicateurs UV-VIS et l’échantillonneur IR. Il n’y a avait pas de mesures optiques associées à ces tests (réalisés chez Intespace, France). SOLSPEC a reçu l’accréditation CEM. Un pic de sensibilité a été observé pour les photomultiplicateurs dans une plage étroite de fréquences électromagnétiques. Un certificat a été rédigé pour cette particularité non-résolue mais non critique. Vide thermique L’objectif du test en vide thermique était de vérifier la convergence entre la modélisation du comportement thermique de SOLSPEC (en mode de veille ou en opérations) et la réalité. Les cycles thermiques et les conditions limites (cas chauds et froids) auxquels l’expérience SOLSPEC est soumise en vol ont été simulés dans une cuve à vide. Le fonctionnement des thermostats internes devait être certifié. Les principaux tests de vide-thermique ont été réalisés chez Intespace. Le flux solaire était délivré par un simulateur (source au xénon) délivrant 1400 W/m². La CPD était simulée par un berceau métallique supportant SOLSPEC. Elle pouvait être régulée en température par circulation d’un fluide caloporteur. Le protocole de mesure était le suivant : Fig. D.3-5 Cycles thermiques appliqués à SOLSPEC pendant les tests. La face de SOLSPEC en direction du Soleil est recouverte d’une peinture spéciale. Elle est dénommée face blanche et est utilisée comme radiateur. Les cinq autres faces sont protégées par une couverture MLI (Multi Layer Insulation, 12 couches). Les six pieds de fixation sur la CPD sont munis d’interfaces isolantes. Environ trente thermistances ont été installées dans SOLSPEC pour ces tests d’une durée totale de 3 jours. Pendant 36 heures, des cycles ont été appliqués entre -38 °C et 56 °C (pente : 40 °C/h) a vec SOLSPEC hors tension. 239 Le comportement des thermostats de survie (‘stay-alive’, ligne de 28 VDC) a été analysé et validé. Ensuite une simulation des opérations dans des conditions limites (thermal balance tests) a été réalisée. Des températures de -20 à +20 °C ont été appliquées pour la CPD et jusqu’à -70 °C po ur les radiateurs internes de la cuve à vide. Les thermostats de la seconde ligne d’alimentation (120 VDC) ont été vérifiés. Diverses mesures avec SOLSPEC opérationnel ou non, avec ou sans simulateur solaire ont été réalisées. Les modes d’acquisition M1 (mode solaire) et M2 (lampes internes) ont été activés. Les résultats ont été concluants et un bon accord entre la modélisation et la configuration réelle a été observé. L’inertie thermique fut parfois plus marquée que les valeurs prévues par modélisation. Notons que le seuil de déclenchement vers 0 °C des thermostats internes est à l’origine de l’excellent comportement thermique de SOLSPEC en orbite (cf. § III.1.3.2). 240 Annexe - E Etalonnages radiométriques Développements complémentaires E.1 Emission des lampes à ruban de tungstène sous vide ................................ 241 E.2 Emissions secondaires de signaux IR .......................................................... 244 E.3 Etalonnage en longueur d’onde .................................................................... 247 E.4 Algorithme de correction de dérive de réponse ............................................ 248 E.5 Limite de détection UV-VIS ........................................................................... 250 E.1 Emission des lampes à ruban de tungstène sous vide Il est nécessaire de déterminer si l’émission d’une lampe à ruban de tungstène est identique à la pression atmosphérique et sous vide en raison de l’utilisation de ces lampes en orbite (cf. § II.2.3.3.1). En effet, leur éclairement mesuré au sol lors des étalonnages au PTB est la référence en orbite. Or, une différence importante de la température du bulbe des lampes entre l’air et le vide (de l’ordre de 30 °C) a été observée, pouvant condu ire à un changement de la température T du ruban de tungstène et donc de son émissivité qui dépend de T4, (loi de Stefan-Boltzmann). En effet, le bulbe de la lampe est chauffé par conduction et rayonnement et la chaleur correspondante est évacuée par la structure mécanique et par convection si la lampe est placée dans l’air. Pour cette étude, une lampe à ruban de tungstène a été insérée dans une enceinte munie d’une fenêtre en quartz et reliée à une pompe turbo-moléculaire. La lampe a été placée à ~1 mm de la fenêtre en quartz. L’éclairement de la lampe était mesuré à l’aide du radiomètre SOLSPEC assemblé pour l’étalonnage absolu de SOLSPEC (cf. § II.6.3). Ce radiomètre peut directement donner accès à la température d’un corps noir grâce à l’ajustement de la courbe de Planck sur le signal des 6 canaux. Pour l’émission d’un ruban de tungstène (corps gris), la température qui a été obtenue doit être considérée comme simplement indicative. L’optique d’entrée du radiomètre a été placée à proximité de la fenêtre pour optimiser le rapport signal à bruit. 241 Fenêtre en quartz Enceinte sous vide Miroir de renvoi Sonde (mesure de pression) Fibre optique Lampe à ruban de tungstène Radiomètre SOLSPEC Vers la pompe à vide Fig. E.1-1 Montage utilisé pour la mesure de la température du ruban de tungstène de la lampe dans l’air et sous vide. La lampe était placée à ~1 mm de la fenêtre de quartz. L’éclairement émergent était collecté et mesuré par le radiomètre SOLSPEC. Des mesures du spectre émis par la lampe sous vide et à la pression atmosphérique ont été réalisées après stabilisation. Résultats et discussion Deux séries de mesures (avec réalignement de la lampe et du radiomètre) ont été réalisées. Une augmentation de la température ‘équivalent corps noir’ de l’ordre de 4 K a été observée pour le ruban de tungstène lors du passage sous vide. La reproductibilité des résultats était satisfaisante. Fig. E.1-2 Tests air / vide pour l’éclairement d’une lampe à ruban de tungstène (deux séries de mesures). Le passage sous vide a révélé une augmentation systématique de l’éclairement associée à une hausse de température du ruban de tungstène de l’ordre de 4 K. 242 La valeur moyenne de l’accroissement de la température a été estimée à (4,4 ± 0,3) K. La différence de température absolue entre les deux séries de mesures (~2514 et ~2536 K à pression atmosphérique) a été attribuée aux réalignements effectués entre les deux séries. La température n’est pas homogène le long du ruban de tungstène d’une lampe (elle est maximale au centre) et aucune optique de focalisation n’a été utilisée. La détection d’une variation relative ∆T de température n’était pas altérée par ces différences de température absolue. Les parois internes de l’enceinte étaient brillantes (métal usiné) et à symétrie cylindrique (réflecteur). Elles ont contribué à augmenter la température du bulbe de la lampe. Suite à ce confinement, les températures observées atteignaient 100 °C sous vide et ~55 °C à pression atmosphérique. En orbite, dans l’environnement noir mat du pont de lampe, ces températures restent inférieures à 100 °C. En conclusion, un facteur de correction doit être pris en compte en orbite lors de l’exploitation du signal des quatre lampes à ruban de tungstène des canaux VIS et IR. Il est spécifique à chaque lampe qui possède sa propre température de ruban. Le facteur de normalisation est déterminé en utilisant l’équation de Planck pour la plage spectrale du canal concerné. Ci (λ ) = P (λ , Ti + ∆T ) P (λ , Ti ) (E.1-1) avec P(λ,T), la luminance du corps noir et Ti , la température du ruban d’une lampe tungstène Wi au sol. Fig. E.1-3 Accroissement attendu de l’éclairement d’une lampe à ruban de tungstène entre 300 et 3000 nm lorsque la température du ruban s’élève de 4,4 K. Pour λ < 1 µm, l’augmentation est supérieure à 1 %. 243 Pour vérifier la stabilité de la lampe en orbite, son signal SWi (λ) doit être divisé par le facteur Ci(λ) avant d’être comparé au signal enregistré au PTB. La stabilité des courbes de réponse des canaux VIS-IR peut ensuite être étudiée. On suppose que ∆T sera de l’ordre de 4 K pour chaque lampe. La difficulté consiste à déterminer la température Ti de chaque lampe. Pour une température de 2500 K, la variation de signal induite par une hausse de 4,4 K est illustrée cidessus. Une analyse sur base de la courbe de Planck montre que pour la plage de 2200 à 2600 K, l’erreur pour le facteur de correction sera limitée, valant entre 0,2 et 1 % respectivement de 3000 à 300 nm. Conclusions Bien que la variation d’éclairement soit faible lors du passage d’une lampe à ruban de tungstène sous vide, l’effet peut être estimé et une correction peut être effectuée. Une variation de la température du ruban de tungstène de l’ordre de 4 K est avérée et doit être prise en compte pour exploiter les mesures en orbite. E.2 Emissions secondaires de signaux IR Nous avons analysé l’influence d’émissions infrarouge secondaires liées aux contributions thermiques du spectromètre et aux sources interceptées par le champ de vue IR (cf. § II.6.6.3). En théorie, le signal IR échantillonné à 512 Hz devrait fournir une alternance entre la mesure de l’émission IR d’une source chaude à mesurer (corps noir, Soleil, …) et le zéro absolu (signal nul). Pour l’échantillonneur, en définissant respectivement Oph (phase pales ouvertes) et Fph (phase pales fermées), on observe en réalité un signal IR égal à la température des pales lors de la phase Fph. Lors de la mesure du courant d’obscurité, avec accès à un signal à zéro K dans le champ de vue pour la phase Oph, on devrait dès lors additionner ce courant d’obscurité plutôt que le soustraire ! Il n’en est rien suite à l’impossibilité technique de mesurer un signal à zéro K. En effet, deux lames en Infrasil à ~290 K (une fenêtre et une lame dépolie) sont présentes dans le champ de vue du spectromètre. Ces deux composants masquent la mesure d’un zéro K de référence. Une mesure face à un bain d’azote liquide (approximation du zéro) serait donc vaine. Désignons respectivement par FOVP, FOVT, FOVG le petit champ (~0,5°) occupé par la source (corps noir ou Soleil), le champ total de SOLSPEC (~8°) et le grand champ constitué de la différence des deux. Donc : FOVG + FOVP = FOVT. Pour l’alternance haute (phase Oph), il faut prendre en considération l’émission propre des deux lames de quartz + l’émission d’une source IR par transparence des lames. Le bilan des signaux modulés à 512 Hz s’établit donc comme suit : 244 Etalonnage absolu au PTB : signaux thermiques 1) Mesure de la source 2) Mesure du courant d’obscurité Phase Oph→ Quartz dépoli et Q1 Sur FOVT (~290 K) Signal ‘fond du laboratoire’ (FOVG, ~290 K) + corps noir (FOVP, ~3000 K) 1) Mesure de la source Idem Obturateur sur FOVT (~290 K) 2) Mesure du courant d’obscurité Phase Fph→ Pour toute mesure : température des pales sur FOVT (~290 K) Mesure en orbite : signaux thermiques 1) Mesure de la source 2) Mesure du courant d’obscurité Phase Oph→ Quartz dépoli et Q1 Sur FOVT (~270 K + ∆T) Signal ‘Deep space’ (FOVG, ~3 K) + Soleil (FOVP, ~5870 K) 1) Mesure de la source Idem Obturateur sur FOVT (~270 K) 2) Mesure du courant d’obscurité Phase Fph→ Pour toute mesure : température des pales sur FOVT (~270 K) 245 En orbite, la phase Fph est donc identique aux mesures en laboratoire mais pour une température de l‘ordre de 270 K. Lors d’une mesure solaire, les premières surfaces optiques exposées au rayonnement solaire (lame de quartz et dépoli) subissent un échauffement ∆T que l’on fixe à 70 K pour l’exercice. L’impact de ce surcroit d’émission IR doit être étudié. Une analyse complète se résume comme suit : - Lors de la mesure du courant d’obscurité, le signal des sources d’émission IR s’annulent. L’unique contribution au courant d’obscurité provient du détecteur. - Pour la plage spectrale du canal IR, le rapport entre une émission d’un corps noir à 3000 K et à 290 K sera toujours supérieur à 106. Transférer une échelle radiométrique sur la base d’une courbe de réponse établie à partir d’une échelle normalisée à 290 K (ou 270 K sur l’ISS) au lieu de 0 K est donc sans conséquence. - Pour le champ FOVG, le changement d’émission entre le PTB et l’ISS pour cette source résiduelle est négligeable pour SOLSPEC car non détectable (passage de 290 K à 3 K entre le laboratoire PTB et le fond de ciel). - L’éclairement du détecteur est le produit de la radiance d’une source multipliée par l’angle solide sous laquelle elle est vue. L’impact du rayonnement résiduel observé en provenance de FOVG peut ainsi être estimé par rapport à la source chaude (corps noir ou Soleil). Une analyse montre que le ratio (FOVG x Sres) / (FOVP x Spr) est toujours inférieur à 10-14 où Sres et Spr sont respectivement les radiances observées en provenance de FOVG (290 K ou 3 K) et de FOVP (source chaude). La contribution résiduelle de FOVG est donc toujours négligeable. - Echauffement des lames de quartz lors d’une mesure solaire (∆T = +70 K). En comparant les éclairements suivants : So x FOVp + Squartz (270 K) x FOVT + Sdépoli (270 K) x FOVT c So x FOVp + Squartz (340 K) x FOVT + Sdépoli (340 K) x FOVT (E.2-1) (E.2-2) où So, Squartz et Sdépoli sont les radiances respectives du Soleil, d’une lame de quartz et d’une lame dépolie. Pour ces 2 températures, on observe une différence non détectable pour λ < 2 µm, de l’ordre de 2x10-4 à 2.5 µm et 7x10-4 à 3,1 µm. Ces variations ne sont pas détectables par SOLSPEC compte tenu du rapport signal à bruit entre 2 et 3,1 µm. Au final, il convient donc de soustraire le courant d’obscurité lors du traitement des données et il ne dépend que du détecteur. Il n’y a pas de termes de correction à introduire suite à tout changement de température des signaux résiduels (pales, quartz, …) pour les longueurs d’onde inférieures à 3,1 µm. Certains signaux non modulés ne doivent pas être pris en compte dans cette analyse. Ce sont les signaux à ~290 K vus par la PbS sous un grand champ et en éclairement intégré, émis par la roue à filtre, le filtre, l’optique de sortie IR (lentilles cylindriques et miroir) et la fente de sortie. Ces signaux non 246 négligeables mais non modulés sont neutralisés par la détection synchrone. Il en est de même pour les composants internes au spectromètre IR (réseaux, miroirs, …), vu par réflexion sous un petit champ à travers la fente de sortie. Leur émission est neutralisée car non modulée. E.3 Etalonnage en longueur d’onde Exemple d’étalonnage en longueur d’onde pour le canal UV (cf. § II.5.2). La méthode de Levenberg-Marquardt est appliquée pour l’interpolation nonlinéaire. Au départ, des écarts remarquablement faibles ont été observés entre la loi théorique de dispersion (utilisant les paramètres a0,b0,c0,d0) et la position des raies (en bleu ci-dessous). Ceci tend à valider la forme analytique obtenue précédemment de la loi de dispersion obtenue pour SOLSPEC (cf. § II.5.2.1). Fig. E.3-1 Etalonnage du canal UV. En rouge, exemple d’interpolation non-linéaire de la loi de dispersion sur les points expérimentaux {pi,λi}. En ordonnée : différence entre les longueurs d’onde calculées et observées. Au final, l’écart-type des résidus est de 0,068 nm. Ils contiennent les termes d’erreur issus de différentes contributions telles que la reproductibilité mécanique de la vis micrométrique, l’attribution de l’incrément moteur pour une PSF asymétrique, etc …. Une étude comparative a montré que la performance d’une régression non-linéaire de la loi de dispersion est équivalente à celle d’une interpolation polynomiale d’ordre 4 pour les plages spectrales bien couvertes par les points expérimentaux {pi, λi}. Par contre, pour des zones dépourvues de points (début et fin de plages), la fonction polynomiale diverge systématiquement et est invalidée. Ce résultat est attendu car contrairement à la loi théorique, le polynôme ne contient pas en ses termes la modélisation des éléments optomécaniques des monochromateurs. 247 E.4 Algorithme de correction de dérive de réponse Pour une lampe donnée, on distingue l’éclairement interne (émission de l’arc ou du ruban de tungstène) ou externe (intégrant la transmission de la fenêtre d’émission et des optiques de couplage entre la lampe et la fente d’entrée). L’algorithme est présenté pour le canal UV et l’exploitation du signal des lampes au deutérium (cf. § III.1.3.1). Il est transposable au canal VIS et aux lampes à ruban de tungstène. L’optique des lampes au deutérium est constituée d’une lentille en MgF2 associée à un miroir concave de renvoi (cf. § II.2.3.2.2). Les courbes spectrales Ei(λ,n), Si(λ,n) et R(λ,n), désignent respectivement l’éclairement externe de la lampe au deutérium # i, son signal électronique net (courant d’obscurité soustrait) et la courbe de réponse du canal UV de SOLSPEC. Le numéro du jour de mesure (n) est assigné à zéro en début de mission. Par définition (cf. § II.6.1) : E i (λ , n) = R (λ , n ).S i (λ , n) (E.4-1) 1) Dégradation des lampes On définit le facteur de dégradation Di d’une lampe à partir du rapport des éclairements. La dégradation est supposée indépendante du temps. Elle est modélisée par une fonction monotone croissante, proportionnelle au temps d’utilisation Ti (l’indice ’0 ’ désigne les conditions initiales) : E i0 (λ ) Di ( λ , n ) = = 1 + ai (λ ).Ti (n) E i (λ , n) (E.4-2) Pour deux lampes ayant une même dynamique de vieillissement (même facteur ai) et dont les spectres ont été acquis le même jour (même réponse R du canal UV), il est possible de déduire les facteurs de dégradation Di individuels. En effet, partant de l’équation E.4-1 entre le jour n et le début de la mission, on obtient pour les deux lampes (les fonctions ci-dessous étant implicitement dépendantes de la longueur d’onde) : E 20 S 20 R0 = . E 2 ( n) R ( n) S 2 ( n) et E10 S10 R0 = . E1 ( n ) R ( n ) S 1 ( n ) (E.4-3) La réponse R(n) est identique. Les termes se combinent comme suit : E 20 1 E0 = . 1 E 2 (n) σ E1 (n) avec σ= S 2 (n) S10 . S1 (n) S 20 (E.4-4) Le paramètre σ représente le rapport d’émission des lampes (signal net) pour un intervalle de temps [n – n0] identique. C’est un paramètre relatif devenu 248 indépendant de la réponse du canal. Ce paramètre est différent de 1 lorsque les lampes n’ont pas la même fréquence d’utilisation. En combinant (E.4-2 et E.4-4) et pour des facteurs ai identiques (a=a1=a2), on obtient : 1 + aT2 (n) = Et donc : a= 1 + aT1 (n) σ σ −1 T1 ( n) − σT2 ( n) (E.4-5) (E.4-6) Cette équation est bien déterminée (a ≠ 0/0) si les fréquences d’utilisation des lampes sont différentes. La mesure de leur dégradation est ainsi résolue, dans les limites de validité du modèle linéaire en T (cf. équation E.4-2). 2) Dégradation de la réponse du canal On définit le facteur de dégradation di du canal UV entre deux dates données comme étant le rapport des réponses mesurées par une lampe au deutérium # i pour ces deux dates. Il peut être exprimé en termes d’éclairement Ei corrigé de sa dérive Di. On obtient pour le jour n de la mission : d i ( n) = Ei0 R0 = R ( n) E i ( n ) Di (n) (E.4-7) Les lampes au deutérium n° 1 ou 2 peuvent être util isées indifféremment. 3) Reproductibilité de l’éclairement de l’arc Le facteur de correction di du canal UV et la dérive de transmission des optiques entre l’arc d’une lampe et la pré-fente (terme Di) donne accès à son éclairement interne dont la stabilité peut être étudiée. Définissons un coefficient Ci représentant l’éclairement corrigé de l’arc. Partant de l’équation E.4-1 et en intégrant les deux corrections, on obtient pour le jour n et la lampe # i : R0 C i (n) = E iCorr (n) = R (n).S i (n) = .S i (n).Di (n) (E.4-8) d i ( n) Les lampes au deutérium du type Cathodeon montrent généralement une reproductibilité de l’éclairement spectral de l’arc au niveau de l’anode de l’ordre de 1 % (Floyd et al., 1996, Prinz et al., 1996). La perte de transmission de la fenêtre en MgF2 est induite par la présence de contaminants. Ces constituants peuvent être pyrolisés par l’action photochimique d’un rayonnement ionisant. 249 E.5 Limite de détection UV-VIS La fluctuation du signal et le rapport signal à bruit d’une détection par comptage de photons peuvent être évalués (cf. PMT handbook, Hamamatsu, Chap. 4 & 6). L’expression obtenue a été utilisée pour une étude des limites de détection des canaux UV-VIS (cf. § II.8.1). Cette fluctuation contient plusieurs composantes : les fluctuations du signal (bruit de photons), du courant d’obscurité et de la lumière diffuse. Aperçu théorique Le courant d’obscurité d’un tube photomultiplicateur provient de sources suivantes : - L’émission thermoïnique de la photocathode et des dynodes. - Des courants de fuite (anode-électrodes, …). - Un photocourant de scintillation (électrons déviés interagissant avec l’enveloppe de verre et les supports des électrodes). - Une émission spontanée (field emission) dans les dynodes lorsqu’une haute tension excessive est appliquée. - Un courant d’ionisation de gaz résiduels. - Un bruit généré par le rayonnement issu des radio-isotopes contenus dans le verre, les rayons cosmiques et autre rayonnement gamma (effet Cherenkov). Trois fluctuations statistiques sont présentes dans un photomultiplicateur. - L’arrivée aléatoire des photons, décrite par une distribution de Poisson. - Il existe une statistique et donc une distribution de probabilité (également poissonnienne) associée à la photoémission par photon incident. - Enfin, par photoélectron émis, il existe une statistique liée au processus d’amplification. Chaque photoélectron ne produit pas le même nombre de photoélectrons en sortie des dynodes. Des photoélectrons seront perdus (réflexion imparfaite), et une émission spontanée de photoélectrons peut survenir dans les dynodes. L’émission de photoélectrons secondaires est aussi associée à une distribution de Poisson. Détermination du rapport signal à bruit pour un comptage de photons En mode analogique, le rapport signal à bruit (SNR) en présence d’un signal lumineux peut être déterminé en sortie du photomultiplicateur (à hauteur de l’anode) en exprimant la fluctuation rms du photocourant à partir d’une distribution de Poisson. En développant le quotient SNR en termes de courants mesurés en sortie du détecteur (cathode), on obtient : ( SNR) out ≡ Ip ip = Ic 2eFB( I c + 2( I b + I d )) (E.5-1) Avec : Ip : photocourant moyen net mesuré sur l’anode (Amp). 250 Ic : photocourant moyen net mesuré sur la cathode (Amp). Les photocourants nets sont obtenus après soustraction du courant d’obscurité du détecteur et du signal diffus. ip : fluctuation rms du photocourant de l’anode (Amp). e : charge de l’électron (Cb). F : terme décrivant la dégradation du SNR suite au passage dans les dynodes. F = (SNR)²in/(SNR)²out B : bande passante (Hz). Id : courant d’obscurité moyen mesuré sur la cathode (A). Ib : signal moyen issu de la lumière diffuse (A). Pour une détection par comptage de photons, le terme F peut être éliminé (F = 1). En effet, la dégradation du SNR est due à la production spontanée (thermique) d’électrons secondaires dans les dynodes. Une fluctuation additionnelle (bruit d’amplification) est donc générée par ce processus. En utilisant un discriminateur LLD (Low Level Discriminator), fixant un seuil minimum d’intensité pour le comptage des impulsions, ce bruit peut être totalement éliminé. Un comptage par photon offre donc l’avantage d’un meilleur SNR. Partant de l’équation précédente avec F = 1, sachant que B est égal à 1/2T (T est le temps d’intégration) et qu’un photocourant est égal à eN/T (N est le nombre moyen d’impulsions pendant le temps d’intégration), on obtient : ( SNR ) out = Ns T N s + 2( N b + N d ) (E.5-2) Avec : Ns : signal moyen net mesuré en sortie (cps/s). Nb : signal moyen généré par la lumière diffuse (cps/s). Nd : courant d’obscurité moyen du détecteur (cps/s). Le signal net Ns est la soustraction du signal total moins le courant d’obscurité et la lumière diffuse : Ns = Ntotal – (Nb + Nd). T : temps d’intégration (s). En résolvant cette équation à la limite de détection (SNR = 1) on obtient l’expression suivante pour le signal : Ns = 1 + 1 + 8T ( N b + N d ) 2T (E.6-2) 251 Annexe - F Stabilité en orbite Développements complémentaires F.1 Stabilité de la réponse du PSD et système d’axes ....................................... 252 F.2 Stabilité thermique ........................................................................................ 254 F.1 Stabilité de la réponse du PSD et système d’axes Les données PSD de l’année 2009 ont été analysées pour vérifier la stabilité de la réponse du système (cf. § III.1.1). Ci-dessous à gauche après normalisation à 1 UA, la stabilité obtenue est de l’ordre de 0,2 %. On peut noter (en bleu ci-dessous à droite) que l’excentricité de l’orbite terrestre a pu être déduite de la variabilité annuelle du signal. On a obtenu une valeur de 0,016773, soit une erreur de 0,4 % par rapport à la valeur astrométrique (0,016710). Fig. F.1-1 A gauche, Stabilité de la réponse du PSD pour l’année 2009 après normalisation à 1 UA. A droite (en bleu), variation du signal liée à l’excentricité de l’orbite terrestre. Système d’axes Détermination du biais angulaire entre les axes de la CPD et du PSD Les orientations respectives des détecteurs de position angulaire du soleil et des axes de rotation de la CPD (XM,YM ou encore : XSOLAR, YSOLAR) sont représentées ci-dessous. 252 Fig. F.1-2 Configuration des axes de la charge utile SOLAR. Les labels ‘M’, ‘SS’ et ‘PSD’ désignent respectivement les axes de rotation de la CPD, du senseur solaire de la CPD et du PSD. A droite : orientation des axes par rapport à la face blanche de SOLSPEC. Un biais angulaire (∆x,∆y) existe entre les axes du PSD et ceux du senseur solaire de la CPD. Il est lié en partie au désalignement de SOLSPEC lors de son intégration au sol dans la CPD (cf. § III.1.1). En désignant par (XPSD,YPSD) et (Xcoord,Ycoord) les coordonnées des deux pointeurs dans la télémétrie et compte tenu de l’orientation des axes, on obtient : X PSD = −Ycoord + ∆x YPSD = + X coord + ∆y Fig. F.1-3 (F.1-1) Télémétrie du PSD et du senseur solaire de la CPD selon leurs deux axes lors d’une mesure solaire. La corrélation est bien établie après compensation des biais angulaires entre les axes des deux senseurs. 253 Les termes (∆x, ∆y) ont été déduits d’une comparaison de données télémétriques. Un exemple est représenté ci-dessus. On en a déduit un biais respectif de -32 et -106 minutes d’arc pour ∆x et ∆y. F.2 Stabilité thermique Etude thermique de l’expérience SOLSPEC Pendant la mission SOLAR (cf. § III.1.3.2). Echantillon de données pour l’année 2009 associées aux thermistances de la plaque centrale et de l’obturateur principal. Fig. F.2-1 Températures de la plaque centrale (à droite) et de l’obturateur principal (à gauche) pendant les mesures solaires (en bleu) et pendant les mesures de l’année 2009 pour les lampes à ruban de tungstène VIS (en vert). Pour les mesures solaires (en bleu), les températures moyennes des sondes sont de l’ordre de 3 °C, avec une amplitude de variation voisine de 5 °C. Pour les lampes à ruban de tungstène VIS (en vert ci-dessus), la dispersion est équivalente (~5 °C). Les températures plus élevées observées avant avril 2009 portent la signature de la chaleur dégagée précédemment par une lampe au deutérium mises sous tension peu avant les lampes à ruban de tungstène. Cette séquence a été modifiée par la suite. Des modes chauds et froids extrêmes ont été analysés au sol Pendant les études de modélisation thermique de SOLSPEC. Ils correspondaient à des variations de flux incidents (solaire et terrestre) de ± 4 %. Les températures associées déduites de ces travaux se situaient entre -5°C et +15°C. Les observations en orbite valident ce modèle et les températures enregistrées se situent entre ces extrêmes. 254 Publications Une contribution a été apportée pour les articles suivants : Thuillier, G., Foujols, T., Bolsée D., Gillotay, D., Hersé, M., Peetermans, W., Decuyper, W., Mandel, H., Sperfeld, P., Pape, S., Taubert, D. R. and Hartmann, J., SOLAR/SOLSPEC: Scientific Objectives, Instrument Performance and Its Absolute Calibration Using a Blackbody as Primary Standard Source, Solar Physics, 257, Issue 1, 185-213, 2009. Thuillier, G., DeLand, M., Shapiro, A., Schultz, W., Bolsée, D. and Melo, S.M.L., The Solar Irradiance as a Function of the Mg II Index for Atmosphere and Climate Modelling, Solar Physics, 277, Issue 2, 245-266, 2012, doi; 10.1007/s11207-011-9912-5. Thuillier, G., Bolsée, D., Foujols, T., Schmidtke, G., Nikutowski, B., Brunner, R., Hersé, M., Gillotay, D., Mandel, H., Peetermans, W. and Decuyper, W., The solar irradiance spectrum at solar activity minimum between solar cycles 23 and 24, en cours de préparation pour Solar Physics Une contribution a été apportée pour la participation aux conférences suivantes : - SOLAR Face-to-Face Meeting, 4-5 December 2008, Brussels (Belgium). - The Solar EUV-IR workshop, 15-17 April 2009, Fraunhofer-IPM Freiburg (Germany). - The IAMAS symposium, 19-29 July 2009, Montreal (Canada). Thuillier, G., Bolsée, D., Foujols, T., Gillotay, D., Mandel, H. and Sperfeld, P., The Solar Spectrum Methods of Measurements, Calibration and Recent Results. - The SORCE meeting, 19-21 May 2010, Keystone (USA). Thuillier, G., Schmidtke, G., Foujols, T., Nikutowski, T., Bolsée, D., Gillotay, D., Hersé, M., Peetermans, W., Decuyper, W. and Mandel, H., A composite Absolute Solar Irradiance Spectrum at Solar Minimum. - The Face-to-Face Meeting II, 21-22 June 2010, Brussels (Belgium). - The COSPAR meeting, 18-25 july 2010, Bremen (Germany). Thuillier, G., Schmidtke, G., Foujols, T., Nikutowski, T., Bolsée, D., Gillotay, D., Hersé, M., Peetermans, W., Decuyper, W. and Mandel, H., The Absolute Solar Irradiance Spectrum at Solar Minimum Activity Measured by 255 the SOLSPEC and SolACES Spectrometers from 17 to 3000 nm Placed on Board the International Space Station. - The AGU Fall Meeting 2011, 5-9 December, San Francisco (USA). Thuillier, G., Bolsée, D., Schmidtke, G., Schmutz, K, The Solar Spectral Irradiance Measured on Board the International Space Station and The Picard Spacecraft. - The EGU General Assembly 2012, 22-27 April, Vienna (Austria). Thuillier, et al., K, A New Solar Spectral Irradiance Reconstruction based on MGII and Neutral Monitoring Indices for Use in Climate Modelling. 256 Bibliographie Appourchaux, Effect of space radiations on optical filters, SPIE, Vol. 2018, Passive Materials For Optical Elements II, 81, 1993. Appourchaux, T., Gourmelon, G., Johlander, B., Effect of gamma-ray irradiations on optical filter glass, Opt. Eng., 33, 5, 1659-1668, 1994. Beckhoff, G., Gottwald, A., Klein, R., Krumrey, M., Müller, R., Richter, M., Scholze, F., Thornagel, R and Ulm, G., A quarter-century of metrology using synchrotron radiation by PTB, Phys. Status Solidi, B246, 7, 2009. BIPM, IEC, IFCC, ISO, IUPAC, IUPAP and OIML 1995 Guide to the Expression of Uncertainty in Measurement 2nd ed (Genova: International Organization for Standardization) ISBN 92-67-10188-9. Boyd, R. W., Radiometry and the Detection of Optical Radiation, Chap. 2, John Wiley & Sons Ed. , New York, ISBN 0-471-86188-X. Brueckner, G. E., Edlow, K. 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