Symptomes_atypiques_sur_ble_tendre

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Symptômes atypiques sur blé tendre
Des glumes brun-violacé : bactériose ou réaction variétale ?
En cette fin de campagne très humide, il est assez courant d’observer sur les épis de blé tendre des
colorations allant du brun foncé au noir violacé, partant de la pointe des glumes, sous forme de
stries. Plusieurs causes sont possibles mais, a priori, sans impact sur la qualité du grain.
Avec la maturation des épis, cette coloration s’accentue grâce au contraste de couleur. Ces symptômes
nommés Black Chaff de manière générique, peuvent être la conséquence de deux réactions
complètement différentes.
Une réaction variétale nommée « Pseudo-Black Chaff » ou « mélanisme »
Cette réaction est régie par la génétique de la plante en réponse à un stress non spécifique. Certaines
variétés produisent en effet des pigments, les mélanines qui sont à l’origine de cette coloration.
D’ailleurs, cette réaction variétale spécifique a longtemps été utilisée par les sélectionneurs car une
corrélation importante existe entre le mélanisme et la présence d’un gène de résistance à la rouille noire
(Sr2). Sans aucun impact sur le rendement ou la qualité des récoltes, les stries peuvent être présentes
sur les glumes, les rachis et le col de l’épi mais ne seront généralement pas visqueuses. Le grain apparaît
parfaitement sain. Enfin, dans les mêmes conditions pédoclimatiques, la réaction sera assez homogène
entre les épis d’une même variété.
Des bactérioses à la répartition hétérogène
Le Black Chaff sensu stricto est une maladie causée par une bactérie nommée Xanthomonas campestris
pv. transluscens (trouvée aussi sous le nom Xanthomonas campestris pv. undulosa). Cette bactérie est
soit transmise par la semence soit par un inoculum provenant des débris ou des hôtes alternatifs. Elle se
développe de manière épiphyte sur les feuilles et remonte les étages foliaires, véhiculées par les
éclaboussures de pluie (splashing) jusqu’à l’épi. D’après des études réalisées aux USA, les parcelles sous
irrigation semblent les plus sensibles. Si les symptômes observés sur les glumes sont similaires à ceux
causés par le mélanisme, les stries présentent un aspect visqueux associé au développement des
bactéries. Contrairement à une réaction variétale, les grains sont touchés et les feuilles peuvent
également présentées des nécroses en forme de stries longitudinales entre les nervures. Cette maladie
est rarement décrite comme présente en France et les symptômes seront probablement moins
homogènes
d’une
parcelle
à
l’autre
pour
une
même
variété.
Une autre bactérie, Pseudomonas syringae pv. atrofaciens peut causer des symptômes plus ou moins
proches de ceux du Black Chaff. Mais, à la différence de ce dernier, où les symptômes apparaissent
généralement par le haut de la glume, les symptômes débutent généralement par la base de la glume
(d’où le nom anglais « basal glume Rot ») et sont plus intenses à l’intérieur de la glume qu’à l’extérieur.
Symptômes typiques de Black Chaff ou Pseudo-Black Chaff : les glumes prennent une couleur allant du brun foncé au
noir violacé sous forme de stries partant de la pointe.
A ne pas confondre avec la septoriose des épis
Parastagonospora nodorum (ex Septoria nodorum) est la seule espèce du complexe « septoriose »
capable de générer des symptômes sur les épis. Toutefois, si elle était courante sur l’ensemble des blés
dans les années 80, elle semble aujourd’hui confinée en France sur le blé dur, le triticale et l’orge.
Nommée « Glume Blotch » par les anglophones, elle produit des symptômes proches du Black Chaff sur
les glumes. Des colorations brunes à violacées apparaissent sur l’épi, parfois sous forme de stries. Comme
toutes les espèces responsables de la septoriose, P. nodorum produit des pycnides (structures de
fructification du champignon de forme sphérique) brun-noir, qui sont la clef du diagnostic. L’observation
de ces pycnides sur les glumes, associée à la présence de septoriose sur le feuillage, permet une
identification sûre. De par sa capacité à infecter les épis, et donc les grains, P. nodorum est
transmissible par la semence.
Jean Yves MAUFRAS, Claude MAUMENE, Romain VALADE (ARVALIS - Institut du végétal)
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