Dressés pour l`Islam - Défense des Enfants DEI

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Dressés pour l’Islam
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Par Mamadou Bineta, journaliste
Dans un coin du marché à mil de N’Djamena, la capitale
tchadienne, un enfant de 10 ans prêche l’islam à une foule
compacte. Engoncé dans un boubou noir, une petite
canne à la main, le jeune prédicateur vocifère, infatigable :
«Il y a dans ce pays des gens qui sont des adversaires de
la parole de Dieu. Ils ont vécu dans un désordre total et
dans l’illégalité». Puis, comme s’il était investi d’une
mission divine de défense universelle des musulmans, il
enchaîne: «L’Irak est détruit par les Américains et la
Palestine par les impurs (les non-musulmans, Ndlr)»,
«Allahou Akbar (Dieu est le plus grand) !» scandent en
chœur ses maîtres de l’école coranique assis dans la
foule.
Des marabouts utilisent des enfants pour prêcher un islam sexiste et
intolérant.
Les messages d’intolérance se succèdent dans la bouche du jeune talibé. «Prions Dieu afin qu’il exauce la prière de ceux qui
veulent être polygames», lance-t-il. A ces mots, des femmes, choquées, se lèvent et quittent les lieux. «Je n’ai pas à perdre mon
temps ici à écouter des bêtises, s’insurge l’une d’elles. Qu’est-ce que ces enfants qui n’ont même pas l’âge de mes enfants savent de
l’islam ?» Dépité de les voir partir, le garçon les prend à partie en s’adressant à la foule : «Ce sont ces femmes qui foulent aux pieds
les principes de l’islam. Elles ne veulent pas entendre ce qui est écrit dans le livre saint». Le jeune prédicateur se tourne ensuite vers
les hommes : «Ne suivez pas vos femmes, elles vous induiront en erreur. Soyez responsables de vos foyers et ne laissez pas vos filles
dans la liberté totale».
Les imams tirent les ficelles
Mme E., assistante sociale et musulmane, est consternée par tant d’intolérance. Elle s’indigne de voir ces jeunes qui, «avec la
complicité de leurs maîtres et de certaines autorités publiques, se font passer pour des exégètes du Coran et organisent des
campagnes de désinformation». «Cette nouvelle façon de prêcher les valeurs islamiques est dangereuse pour les enfants, estime-telle, car ils seront marqués toute leur vie».
A N’Djamena, de nombreux adolescents sont ainsi au service de maîtres religieux. Les plus intégristes des prédicateurs
musulmans ont en effet dressé les enfants à prêcher à leur place. Cela attire le monde et leur permet de faire passer des messages
trop controversés pour qu’ils les diffusent eux-mêmes, comme les appels au soutien à la résistance irakienne et à la solidarité avec le
peuple palestinien. Ils échappent ainsi aux réactions des musulmans modérés et des chrétiens.
Depuis bientôt deux ans que ces pratiques ont commencé dans la capitale tchadienne, personne, ni les parents des enfants ni
l’administration, n’a osé les dénoncer officiellement. En privé, certains responsables de la direction des Affaires religieuses et
coutumières du Ministère de l’Administration et du Territoire déplorent ce comportement mais s’avouent impuissants. «Ni notre
direction, ni le Conseil supérieur des affaires islamiques ne peuvent leur interdire d’utiliser les enfants pour diffuser des messages
d’intolérance, dit l’un d’eux, qui tient à l’anonymat, car chaque marabout bénéficie de la protection des responsable de ce pays».
Un Etat officiellement laïque
Officiellement, le Tchad est un état laïque qui compte 51 % de musulmans et 35 % de chrétiens. Mais les sphères politiques et
religieuses y sont très imbriquées. La puissante Union des Cadres musulmans du Tchad (UCMT), dont les membres se retrouvent
dans toutes les confréries du pays, compte dans ses rangs les plus hautes personnalités politiques ; ce qui lui permet de peser sur
toutes les grandes décisions. Le régime est d’autant moins libre de s’opposer aux imams que plusieurs d’entre eux avaient appelé, en
2001, à voter pour l’actuel président, Idriss Déby.
Extrait du site internet de DEI Belgique francophone www.dei-belgique.be
Quant au soutien des marabouts aux partisans de Saddam Hussein, il est dans le droit fil de la diplomatie tchadienne. En 2000, le
Mouvement patriotique du Salut (MPS), le parti d’Idriss Déby, et le Baas irakien s’étaient rapprochés face à l’isolement international du
dictateur de Bagdad. Ils avaient exprimé «leur indignation face à la persistance de l’embargo et décidé d’harmoniser leurs positions sur
les questions internationales puis affirmé leur soutien à la lutte du peuple palestinien pour retrouver ses droits légitimes». Le parti Baas
avait demandé au MPS de «sensibiliser les partis politiques dans le but de soutenir le peuple irakien dans l’épreuve à laquelle il fait
face depuis dix ans». Un message qui reste d’actualité pour certains marabouts tapis dans l’ombre des enfants prédicateurs.
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