Ecole doctorale francophone en sciences sociales Université de Bucarest Cours d'anthropologie (12-14 janvier 2009) Prof. Pierre Bidart Université de Bordeaux2 Ce cours introductif abordera trois points relevant de trois domaines distincts: la méthodologie, les questionnements théoriques sur l'anthropologie contemporaine et l'anthropologie de l'anthropologie à travers l'analyse de traditions académiques différentes de l'Europe de l'Ouest. 1. Enquête ethnographique et échelle d'analyse L'anthropologie s'est distinguée, dès ses origines, en se fondant sur «la méthode ethnographique», c'est-à-dire sur l'enquête, ce rapport spécifique au terrain qui connaît aujourd'hui une faveur prononcée au sein de l'ensemble des sciences sociales. Cette méthode qui comporte des exigences pose la question de l'échelle d'analyse qui, dans ce cadre, s'incarne dans l'analyse micro-sociale. L'invitation de Geertz à pratiquer l'observation dense prend ici tout son sens. 2. Mutations sociales et mutations anthropologiques Les événements qui caractérisent et structurent le monde contemporain de manière contrastée - globalisation et «glocalisation», déclin de religions et nouvelles dynamiques religieuses, déritualisation et invention de nouveaux rituels, affirmation de l'individu et et création de nouveaux liens sociaux, etc. - obligent l'anthropologie, comme et en même temps que les autres sciences sociales, à s'interroger sur son rapport au monde contemporain, sur le principe construction de nouveaux objets d'étude, sur la pertinence de corpus conceptuels hérités (ainsi en est-il des concepts de tradition et de modernité, de communauté et de société). 3. Regards sur trois traditions académiques de l'Europe de l'Ouest: France, Espagne et Allemagne. Chaque pays dispose d'une tradition académique spécifique dont la connaissance apparaît aujourd'hui nécessaire au moment d'engager une réflexion dialogique au niveau européen. Nous aborderons ainsi les cas de la France, de l'Espagne et de l'Allemagne. En ce qui concerne, par exemple, la France, la «grande» anthropologie française n'a pas été élaborée à partir de l'anthropologie de la France pour des raisons historiques liées au «grand partage» entre la sociologie et l'ethnologie. La présence des empires coloniaux, si déterminante habituellement dans la formation des anthropologies nationales, n'a pas été appréciée partout de la même manière (voir le cas de l'Espagne). Bibliographie jointe ultérieurement