Inflation

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08/05/2008 |
Inflation
Le mot inflation, dérivé du latin inflatio (gonflement), désigne les phénomènes persistants de dévaluation de
la monnaie et d'augmentation du niveau général des prix. Le terme ne s'applique pas au renchérissement de
courte durée dû à des circonstances particulières (famines, grèves). Les phénomènes inflationnistes ont
toujours existé, mais avant le XIXe s. ils étaient souvent liés à la diminution de la proportion d'or et d'argent
dans l'alliage des monnaies ou à des dévaluations spéculatives (Evaluation monétaire). Les variations du
niveau des prix ont une très grande importance historique car elles comportent la redistribution de la richesse
au détriment des créanciers et des bénéficiaires de rentes mais à l'avantage des débiteurs. L'inflation est
jugée négativement parce qu'elle dérègle les mécanismes régulateurs de l'économie libérale. Dans un
contexte inflationniste, chaque hausse des prix en annonce une autre; au lieu de décourager la demande, elle
finit par la stimuler, amplifiant le phénomène (Conjoncture, Crises économiques). Si les travailleurs disposent
d'un pouvoir contractuel suffisant, ils compensent la hausse du coût de la vie par des augmentations
salariales que les entreprises ont cependant tendance à répercuter sur les prix (spirale prix-salaires).
1 - Moyen Age, époque moderne et XIXe s.
A long terme, toute monnaie se dévalue. Dans le passé, presque toutes les périodes de grande croissance
économique, comme les périodes d'expansion du bas Moyen Age, ont comporté une hausse sensible des prix.
Une période de haute inflation a été celle de la "révolution des prix" (vers 1540-1620), générée par
l'exploitation des mines du Pérou, qui provoqua une forte augmentation de la quantité de métaux précieux
mis en circulation. Le phénomène, qui toucha surtout l'Europe, aboutit en un siècle au doublement des prix. A
l'opposé, certaines périodes de difficulté économique, comme le XIVe s., se sont caractérisées par la tendance
inverse, c'est-à-dire la déflation.
Pendant le Moyen Age et l'époque moderne, l'inflation fut à l'origine de grands changements sociaux en
Suisse. Au bas Moyen Age et au XVIe s., elle pénalisa les nobles qui percevaient des rentes fixes et favorisa les
producteurs et les commerçants. Elle renforça la position des villes, qui achetaient souvent aux nobles
désargentés des droits, des biens fonciers et parfois des seigneuries entières, et favorisa l'émancipation des
communes rurales qui rachetèrent d'anciennes charges. L'inflation qui se développa pendant la longue
période d'expansion économique du XVIIIe s. eut des effets similaires: elle favorisa un certain renouveau social
dans les campagnes et renforça une nouvelle classe rurale de marchands, aubergistes, riches éleveurs. C'est
ainsi que les tendances inflationnistes ont influencé d'une façon non négligeable les luttes politiques de
l'Helvétique et de la Médiation.
La période de l'Helvétique (1798-1803) fut caractérisée par un climat très conflictuel qui eut des
répercussions négatives sur l'économie. Dans ce cas, l'inflation fut causée par les difficultés des producteurs
et des commerçants et provoqua une perte de confiance dans la monnaie. Par la suite, le niveau général des
prix subit une hausse, notamment à partir du milieu du XIXe s., accompagnée d'une nouvelle tendance à
l'expansion. Après la parenthèse de la grande dépression des années 1870-1890, qui se manifesta par une
forte baisse de la valeur des marchandises et en premier lieu des produits agricoles, les prix sur le marché
international subirent une hausse constante jusqu'à la Première Guerre mondiale.
Auteur(e): Sandro Guzzi-Heeb / DW
URL: http://www.hls-dhs-dss.chF13660.php
© 1998-2017 DHS: tous les droits d'auteur de cette publication sont réservés au Dictionnaire historique de la Suisse, Berne. Les textes sur
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2 - Le XXe siècle
Au cours du XXe s., le phénomène s'accentua à nouveau jusqu'à arriver parfois à l'hyperinflation. En Suisse,
les prix furent multipliés par huit entre 1914 et 1990, une augmentation modeste en comparaison des autres
pays européens. Pendant la Première Guerre mondiale, le renchérissement dû au conflit provoqua de graves
tensions sociales qui aboutirent en 1918 à la grève générale. L'une des revendications des grévistes était une
meilleure gestion de l'approvisionnement, qui devait constituer un frein à la hausse des prix. Cette expérience
eut un impact sur la politique suisse: l'on prit conscience de l'importance d'une économie de guerre efficace
pour conjurer une inflation galopante. La perception du phénomène fut aussi modifiée par l'expérience
dramatique de la République de Weimar, où l'hyperinflation de 1920-1923 affaiblit une démocratie déjà
fragile.
Après la disparition de l'Union latine (1926), la Suisse devint indépendante sur le plan monétaire. Depuis lors
la Banque nationale suisse (BNS), fondée en 1905 et active dès 1907, joua un rôle central dans le contrôle de
l'inflation grâce aux instruments de politique monétaire. Dans l'entre-deux-guerres le problème ne se posa
pas, car les tendances déflationnistes prévalurent, notamment lors de la crise économique mondiale. Ce n'est
qu'au cours de la Deuxième Guerre mondiale que les prix recommençèrent à monter; l'inflation fut cependant
contrôlée grâce à différentes mesures prises par le gouvernement et par le Service de surveillance des prix,
créé en 1931.
Dès la première moitié des années 1960, l'inflation engendrée par la surchauffe conjoncturelle redevint un
problème. C'est pour cette raison qu'en 1964 le Conseil fédéral fit adopter deux arrêtés pour lutter contre le
renchérissement. Ils furent suivis en 1971-1972 par un autre paquet de mesures et la désignation d'un
responsable de la surveillance des prix (1973). L'inflation atteignit néanmoins des niveaux préoccupants.
L'indice des prix à la consommation, égal à 251,6 en 1960 (il était de 100 en 1914), passa à 349,3 en 1970 et
à 505,7 en 1975; le taux annuel d'inflation monta jusqu'à 10%. Après la réévaluation du franc de 7% en 1971,
on abandonna en 1973 le système des changes fixes et on laissa flotter librement la monnaie nationale (Taux
de change flottant): la Banque nationale acquit une plus grande autonomie et put contrôler de façon plus
efficace la masse monétaire. Si, d'un côté, la BNS réussit ainsi à mieux gérer l'inflation, de l'autre, le
renforcement du franc qui en fut la conséquence mit en difficulté l'industrie d'exportation. On discuta aussi de
l'introduction, dans la Constitution fédérale, d'un article conjoncturel devant permettre à la Confédération
d'assurer une évolution conjoncturelle équilibrée et d'avoir des moyens d'intervention sur l'inflation. Après
avoir été repoussé une première fois en 1975, l'article fut accepté en votation populaire en 1978, quand le
niveau des prix s'était déjà stabilisé. Depuis lors, malgré une nouvelle hausse entre la fin des années 1980 et
le début des années 1990, l'inflation n'a plus constitué un problème prioritaire et c'est plutôt le phénomène
du chômage qui est devenu préoccupant.
Références bibliographiques
Bibliographie
– H. Hauser, Recherches et doc. sur l'hist. des prix en France de 1500 à 1800, 1936
– M.J. Elsas, Umriss einer Geschichte der Preise und Löhne in Deutschland vom ausgehenden Mittelalter bis
zum Beginn des neunzehnten Jahrhunderts, 2 vol., 1936-1949
– A.-M. Piuz, «Les sources genevoises de l'hist. des prix (XVIIe-XVIIIe s.)», in Cah. d'hist., 12, 1967, 133-142
– A. Dubois, «Une crise monétaire du XVIIe siècle: la Suisse pendant les années 1620-1623», in Etudes de
lettres, 1973, no 6, 39-54
– H. Kleinewefers, Inflation und Inflationsbekämpfung in der Schweiz, 1976
– T. Hässler, K. Weber, Théorie et hist. de l'inflation, 1981 (all. 1979)
– R. Gaettens, Geschichte der Inflationen, 1982
– M. von Tscharner-Aue, Die Wirtschaftsführung des Basler Spitals bis zum Jahre 1500, 1983
– F. Morenzoni, «Contribution à l'hist. des prix des céréales et des fèves en Valais à la fin du Moyen Age
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d'après les comptes de châtellenie (vers 1270-1450)», in RSH, 45, 1995, 175-204
– Stat. hist.
– D. Schmutz, Geld-Preise-Löhne, 2001
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