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Les Instituts Danone participent à une étude
européenne sur l’obésité infantile
Face au nombre croissant d’Européens obèses, un programme de recherche sur
5 ans a été lancé : EU Childhood Obesity Programme in Infancy.
Son objectif est d’évaluer l’influence de la part protéique dans l’alimentation
infantile sur la prévalence de l’obésité.
Pour ce faire, 2 groupes de 600 nourrissons recevront 2 formules lactées, l’une à
basse teneur en protéines et l’autre à haute teneur protéique, ces valeurs restant
dans les marges de la législation européenne. Les deux régimes restent isocaloriques
par volume ingéré. Un groupe de 150 nourrissons allaités sert de groupe témoin.
Cinq pays participent au recrutement néonatal (Allemagne, Espagne, Italie,
Pologne et Belgique) et deux autres (France et Royaume-Uni) au volet biologique
et logistique du projet.
Des mesures anthropométriques et de dépenses énergétiques sont prévues
sur 2 ans, puis un suivi ultérieur (jusqu’à 5 ans) est programmé. Les habitudes
alimentaires, le développement psychomoteur et comportemental seront renseignés à intervalles réguliers au moyen de questionnaires.
L’étude devrait permettre de tester l’hypothèse initiale, mais aussi documenter
les habitudes et comportements infantiles dans 5 régions différentes de
l’Union Européenne. Ce projet bénéficie d’un soutien de la Direction Générale
de la Recherche de l’Union Européenne et les premiers résultats sont attendus
à la fin de 2005.
Pour plus d’informations : www.danoneinstitute.org
Créé en 1991, l’Institut Danone rassemble des scientifiques, des médecins et des
personnalités du monde de la nutrition.
Il a pour mission :
- d’encourager la recherche dans le domaine de la Nutrition ;
- d’informer et de former les professionnels de santé sur tous les sujets liés
à l’alimentation ;
- de participer, par des actions d’éducation et d’information, à l’amélioration
de l’alimentation de l’ensemble de la population.
L’Institut Danone est une association régie par la loi de juillet 1901.
Ses publications ne contiennent aucune information à caractère commercial.
126, rue Jules Guesde - 92302 Levallois-Perret - Tél. : 01 40 87 22 00 - Fax. : 01 40 87 23 61
e-mail : [email protected]
w w w. i n s t i t u t d a n o n e . o r g
-67JANVIER
2003
OBJECTIF NUTRITION
OBJECTIF NUTRITION
les nouvelles de l’Institut Danone
L'intestin,
un prodige d’adaptation
et de coopération
Pr. Daniel RIGAUD
CHU Le Bocage, Dijon
La révolution dans l'assiette :
40 ans de progrès sanitaires
et diététiques
Une étude INSEE* confirme que les
Français ont modifié sensiblement leur
alimentation au cours des quarante
dernières années. L'urbanisation et l'industrie agro-alimentaire ont largement
contribué à ce changement probablement influencé également par les
médias, les médecins et les campagnes d'éducation sanitaire.
Entre 1960 et 2001, le panier de la
ménagère s'est allégé en aliments traditionnels. La ration de pain a diminué
de plus de moitié, celle des sucres bruts
a chuté des 2/3, les graisses ajoutées et
la viande rouge ont décliné de 40%.
Les Français achètent quinze fois plus
de yaourts et de desserts; la consommation de poisson et produits de la
mer préparés ainsi que celle des
volailles a progressé de 40%. L'achat
des produits dits “santé-forme” (aliments
pour enfants et diététiques, soupes et
potages, céréales, eaux et jus de fruits
et de légumes) a été multiplié par trois.
A contrario, alors que leurs bienfaits
pour la santé sont reconnus, l'achat de
légumes frais n'a que très faiblement
augmenté (20%), conséquence du
manque de temps pour la préparation.
Dès les années 80, les ménages, sensibilisés à l'effet délétère sur la santé
d'une consommation excédentaire de
certaines graisses, ont modifié leurs
habitudes : la margarine devient le
substitut partiel du beurre ; elle repré-
sente 13% des dépenses de graisses
ajoutées en 1995 contre 7% en 1979.
Les “peurs alimentaires” engendrées
par les “crises” de la dioxine, de la salmonellose, de la listériose et bien sûr
de la vache folle, ont eu des effets
spectaculaires : la consommation de
bœuf a chu de moitié, celle des plats
cuisinés et conserves ne progresse
quasiment plus depuis 1990.
Chez les plus de 65 ans, l'achat plus
important de fruits et de légumes
frais, de viande blanche et de poisson
peut laisser penser qu'ils sont les plus
soucieux de leur hygiène alimentaire
même s'ils sont toujours les plus
friands de produits bruts tels que
sucre, huile et beurre.
On serait tenté de féliciter les Français
devenus “mangeurs éclairés” (moins de
sucres bruts, moins de graisses ajoutées)
si la courbe d'évolution des produits
“gras-sucrés”, confiseries, pâtisseries, et
des boissons sucrées n'obligeait à
nuancer ce satisfecit. Leur part dans les
achats alimentaires a presque doublé !
Une progression calquée sur celle tout
aussi alarmante de la prévalence du
diabète de type 2 et de l'obésité observée en France et dans l'ensemble
des pays industrialisés !
OBJECTIF NUTRITION
OBJECTIF NUTRITION
tribune
dossier
L'intestin,
un prodige d’adaptation
et de coopération
P r. D a n i e l R I G A U D
C H U Le Bocage, Dijon
Interface entre le milieu extérieur et
l’organisme proprement dit, l'intestin
remplit deux missions opposées :
laisser passer les nutriments et
repousser les toxiques. La flore intestinale est fort
utile pour compléter la digestion de certains
nutriments et renforcer l’efficacité du système
de défense intestinal spécifique et non spécifique.
La flore et le système immunitaire intestinal
entretiennent entre eux des interactions dont
la résultante est un équilibre subtil entre infection
et hypersensibilité digestives, véritable prodige
de coopération et d’adaptation.
Dr Martine PELLAE
Hôpital Bichat, AP-HP, Paris
* étude disponible sur www.insee.fr
2
3
OBJECTIF NUTRITION
d o s s i e r
L’intestin, un prodige d’adaptation et de coopération
À l’interface entre le milieu extérieur et l’organisme proprement
dit, l'intestin est une frontière à
l’intérieur du corps. Il remplit, de
ce fait, deux missions opposées :
laisser passer les nutriments et
repousser ce qui est toxique.
Chaque jour, des milliards de
molécules passent au travers de la
muqueuse intestinale. Certaines
proviennent de l’extérieur (500 g
de nutriments par jour). D'autres
émanent des sécrétions exocrines
digestives que l’intestin
Focus
récupère. Il s’agit surtout
de protéines, de quelques
Probiotiques :
lipides et de sels minémicro-organismes vivants qui,
raux. Certaines enfin sont
ingérés en quantité suffisante,
exsudées au travers de
ont des effets bénéfiques sur
l’épithélium intestinal :
la santé, au delà des effets
protéines et sels minéraux
nutritionnels traditionnels.
plasmatiques notamment.
Prébiotiques :
Pour repousser ce qui est
substances alimentaires, génétoxique, reconnaître les
substances potentielleralement non digestibles, dont
ment nocives et barrer le
la présence dans la lumière
passage aux polluants
intestinale stimule la croissance
comme métaux lourds,
sélective d’une flore considérée
toxines
bactériennes,
comme bénéfique.
bactéries pathogènes et
Synbiotique :
virus… l’intestin, au fil des
solution possédant à la fois un
millénaires, a bâti un syseffet pré et pro-biotique.
tème fonctionnel complexe s'appuyant sur un
Xénobiotique :
chaînon clé : la flore
substance étrangère à
intestinale.
l’organisme.
4
Les structures
●
La flore intestinale
La flore est dérivée de l'alimentation.
La nourriture et la salive ingérées ne
sont pas stériles. Certains aliments
contiennent même des micro-organismes vivants. Chaque jour, des
milliers de bactéries de familles très
diverses pénètrent dans l’intestin.
Celui-ci doit donc se défendre et
protéger l’organisme de l’invasion.
La sécrétion acide gastrique détruit
la plupart des bactéries et toxines
qui ont pénétré. La prolifération
bactérienne est ensuite freinée
par les sels biliaires et les enzymes
protéolytiques pancréatiques.
La densité de la flore intestinale
augmente d’amont vers l’aval : peu
nombreuses à la sortie de l’estomac,
les populations de bactéries et
de levures augmentent considérablement dans l’iléon et le colon.
La densité des populations est
maximale dans le colon transverse
et gauche (109 à 1011 bactéries/ml).
Le type de micro-organismes présents au sein de la lumière intestinale et au contact de la muqueuse
évolue principalement en fonction
du site et de l'alimentation. Plus on
s’éloigne de la bouche et plus
l’oxygène manque : les micro-organismes fonctionnent alors plutôt
en anaérobiose. Plus l’alimentation
au sein de la lumière colique chez
l’adulte à des concentrations élevées
(109 à 1011 bactéries/ml) . C’est la
flore dominante.
La flore endogène sous-dominante
(106 à 108 bactéries/ml) est constituée de bactéries dont certaines
sont pathogènes (diarrhée aiguë)
lorsqu’elles se multiplient dans des
situations pathologiques.
Les bactéries de la flore de passage
(104 à 106 bactéries/ml) ne s’implantent pas. Potentiellement pathogènes, les germes qui la composent
(Citrobacter, Klebsiella, Proteus,
Pseudomonas, Staphylocoques)
sont empêchés d’exprimer cette
toxicité du fait de la présence de
la flore dominante.
est riche en glucides complexes,
peu ou pas digestibles par les amylases salivaires et pancréatiques, plus
la flore glucido-consommatrice se
développe. Ainsi, des nouveau-nés
nourris au sein n’ont pas la même
flore que ceux nourris par une préparation lactée maternisée ; et chez
l'adulte, une alimentation riche en
fibres favorise la prolifération de
certaines populations.
Il existe deux types de flores : la flore
endogène résidente, dominante et
sous-dominante, et la flore de passage qui transite seulement par le
tube digestif.
Le colon contient de 300 à 400
espèces microbiennes différentes.
Dix à vingt d’entre elles cohabitent
S C HÉMA D’U N E PLAQU E DE P EYE R
Macrophage
Cellule sécrétrice d'IgA
Lymphocytes T et B
ÉPITHÉLIUM INTESTINAL
Mastocyte
Cellule sécrétrice de mucus
VILLOSITÉ
Cellule épithéliale
Lymphocyte intraépithélial
LAMINA PROPRIA
PLAQUE DE PEYER
MUQUEUSE INTESTINALE
Schéma 1 - D’après Danone newsletter n°9
5
OBJECTIF NUTRITION
d o s s i e r
●
L’intestin, un prodige d’adaptation et de coopération
La muqueuse intestinale
Elle se caractérise par un grand
nombre de cellules et un renouvellement rapide. L’intestin grêle
est organisé anatomiquement pour
multiplier la surface utile : ainsi
la muqueuse a une superficie de
250 m2 et compte près de 300
millions d’entérocytes qui sont
entièrement renouvelés en quatre
à six jours chez l’homme.
La muqueuse comporte, côté
lumière, une couche d’entérocytes
(ou de colocytes) et quelques
cellules à mucus. En dessous, un
milieu interstitiel hydrique parsemé
de vaisseaux et de cellules immunitaires (“infiltrat inflammatoire”).
La musculaire muqueuse, entre
muqueuse et sous-muqueuse, permet le plissement de la muqueuse.
●
Le système de défense intestinal
Le système immunitaire, appelé
GALT (pour “Gut Associated
Lymphoid Tissue”), est organisé en
citadelles et en milices de patrouille.
L’intestin est l’un des organes les plus
riches en cellules lymphocytaires.
De place en place, on trouve des
citadelles : les follicules lymphoïdes
et les plaques de Peyer, contenant,
bien séparés, des lymphocytes
T et B. Là où siègent ces plaques,
la muqueuse est “amincie”
(cf. schéma 1). Tout se passe comme
si l’intestin “privilégiait” l’entrée
passive de ces substances, pour
6
pouvoir mieux les connaître et en
rendre compte. Partant ou arrivant
à ces plaques de Peyer, des lymphocytes (surtout les T) parcourent
la muqueuse (lamina propria) puis
rejoignent les ganglions lymphatiques mésentériques et la circulation générale. Ils reviendront
ensuite, matures, au tube digestif : ils
ont alors la mémoire des antigènes
qui se sont fixés à leurs récepteurs,
des capacités de prolifération et de
sécrétion de cytokines et d’IgA
sécrétoires. Ces navettes ont pour
but de mettre en phase les deux
systèmes, général et intestinal.
Les lymphocytes B intestinaux
fabriquent une IgA particulière, l’IgA
sécrétoire. Cette IgAs a un rôle clé
dans la lutte contre les bactéries et
levures invasives tout autant que
dans la “tolérance immunitaire” visà-vis de la flore dominante.
L’intestin possède aussi des défenses
non spécifiques : le flux intestinal
(30 min pour parcourir les 4 m
de l’intestin grêle) ; le mucus de
surface ; la desquamation entérocytaire (60 millions par jour) ; les
polynucléaires…
ments ; elle collabore aux processus de défense contre l’invasion
microbienne : c’est l’effet de barrière, exercé par certains microorganismes, dont les probiotiques
(encadré 1). Enfin, la flore élabore
des produits dérivés qui ont un rôle
métabolique bénéfique (acides
gras volatils et métabolisme du
cholestérol ; acide folique).
●
La muqueuse intestinale
Elle offre de remarquables capacités
de digestion-absorption, mais aussi
d’adaptation grâce à son renouvellement ultrarapide. Au sommet des
villosités se fait toute l’absorption
“active” (transports actifs énergie
(ATP-dépendants) ; à la base, l’absorption “passive”, notamment celle
des grosses molécules (anticorps,
grosses protéines “antigéniques”).
C’est là que sont installées les
plaques de Peyer.
Deux systèmes laissent passer de
grosses molécules et renseignent
ainsi le système immunitaire : le
transfert protégé de molécules via
●
La flore intestinale
Elle a d’innombrables fonctions
(Tableau 1). Trois sont majeures : la
flore participe aux phénomènes de
digestion-absorption des nutri-
●
Le système immunitaire
La flore, chez le nouveau-né, donne
le signal du développement et de la
maturation du système immunitaire.
Son fonctionnement optimal se
situe entre infections et allergies.
Insuffisant, il ne s’oppose pas assez
efficacement à la pénétration des
micro-organismes et de leurs toxines ; excessif, il induit des réactions
d’hypersensibilité : soit réactions
allergiques (allergies digestives), soit
intolérances digestives (maladie
cœliaque), soit emballement du
système immunitaire (maladie de
Crohn, entérocolites auto-immunes,
colites collagènes et colites microscopiques, entérite à éosinophiles).
COM M E NT LA FLOR E DOM I NANTE S’O PPOS E
À L’I M PLANTATION DE BAC TÉR I E S E N TR AN S IT
Les fonctions
●
les entérocytes et le transfert des
molécules entre deux entérocytes.
●
●
sécrétion des bactériocines (substances “antibiotiques” bloquant la
croissance des bactéries ou les détruisant),
production d’acides gras volatils (qui inhibent la croissance cellulaire)
et/ou occupation des récepteurs d’accroche qui permettent à une
bactérie d’adhérer à la muqueuse,
inhibition de la production ou des effets de toxines bactériennes.
Encadré 1
7
L’intestin, un prodige d’adaptation et de coopération
LE S DI FFÉR E NTS RÔLE S ET E FFETS
DE LA FLOR E I NTE STI NALE
FONCTIONS ET EFFETS
SITE PRÉFÉRENTIEL
Modification du contenu
- Alcalinisation du contenu luminal
- Abaissement du potentiel d’oxydo-réduction
Modification des fonctions coliques
- Augmentation de l’absorption hydro-sodée
- Stimulation de la motricité intestinale
Digestion - absorption des nutriments
- Hydrolyse des amidons complexes
et des fibres alimentaires
- Hydrolyse des protéines peu digestibles
- Hydrolyse des lipides
Grêle, colon
Colon
Colon droit
Colon droit et
transverse
Colon gauche
Colon gauche
Production
- Acides gras volatils : ac. acétique, butyrique,
propionique
- Gaz : CO2, H2, méthane, ammoniaque
- Acide folique et vitamine K
Colon droit et gauche
Grêle et colon droit
Transformations
- Déconjugaison des sels biliaires
- Déshydroxylation des sels biliaires
Grêle et colon droit
Grêle et colon droit
Actions sur les xénobiotiques
Glycosides cardiotoniques, imipramides,
certains antibiotiques
Colon droit
Colon
Tableau 1
Un équilibre à préserver
et optimiser
Les exemples ne manquent pas,
qui prouvent l’intérêt et parfois
la fragilité de cet ensemble fonctionnel “flore-muqueuse-système
immunitaire”. Il est possible de
moduler la flore pour optimiser le
système de défense.
8
Un nourrisson allaité 6 mois par le
lait de mère sera moins sujet aux
allergies (digestive et extra-digestive)
pendant son allaitement et durant
les 2 ou 3 ans qui suivent qu’un
nourrisson allaité artificiellement.
Ceci pourrait être lié au fait que
l’exposition répétée à un environnement bactérien donné influence
la flore et donc le système immunitaire : les phénomènes allergiques
sont ainsi moins fréquents les 2 à 3
premières années.
Un traitement antibiotique, s’il altère
profondément la flore dominante,
peut aboutir à la prolifération d’une
souche de la flore sous-dominante
(Pseudomonas, Klebsiella oxytoca…),
ou bien à une infection digestive
grave (salmonellose, E Coli entéropathogène), à une candidose, à la
mutation de certaines souches
(Clostridium difficile sécréteur de
toxines, responsable de rectocolite
pseudo-membraneuse).
La diarrhée des antibiotiques banale,
bénigne, n’est en général pas liée à
la prolifération de souches pathogènes, mais aux modifications
métaboliques en rapport avec
l’altération de la flore dominante.
Par exemple, la réduction notable
de la digestion des glucides complexes par la flore aboutit à la persistance dans la lumière de glucides
osmotiques, qui induisent une
diarrhée par hypersécrétion hydroélectrolytique.
L’administration d’une forte population de certaines souches bactériennes (Bifidobacteria, Lactobacillus),
qui pourtant ne sont qu’en transit,
s’oppose aux effets nocifs des antibiotiques (à large spectre notamment). Ces probiotiques peuvent
agir directement ou s’appuyer sur
l’action de substances, les prébiotiques, qu’ils transforment.
L’effet des probiotiques serait
particulièrement utile dans certaines populations à fort risque
d’infections intestinales, comme
l’enfant et le sujet âgé.
Cependant, ce qui est vrai pour
une souche de probiotique ne
l’est pas obligatoirement pour
une autre : les résultats d’une
étude prouvant un effet bénéfique de telle souche de lactobacille d’un yaourt donné ne
sont pas extrapolables. Il y a enfin,
comme toujours en nutrition, un
“effet dose” : ce qui est vrai pour
tel lactobacille à telle dose ne le
sera pas pour une dose moitié
moindre, ou pour un autre lactobacille. L’idée selon laquelle “un
peu c’est toujours mieux que rien”
n’est pas une idée juste en science.
Enfin, ce qui est prouvé dans
certaines sous-populations n’est
pas toujours applicable à d’autres.
Les perturbations de la flore et l’intérêt des probiotiques s’inscrivent
surtout au sein de populations à
risque : enfant, sujet âgé ou fragilisé.
Bibliographie
OBJECTIF NUTRITION
d o s s i e r
Hagiage Muriel. La flore
intestinale. De l’équilibre
au déséquilibre. Ed.
Vigot (Paris)1994 : 120 p.
Corthier G, Raibaud P.
Écologie intestinale et
flore. In “Les diarrhées
aiguës infectieuses”, ed.
Rambaud JC, Rampal P.
In “Progrès en hépato-gastroentérologie” ; Doin Ed
1993 : 1-8.
Pr. Daniel RIGAUD
CHU Le Bocage, Dijon
9
OBJECTIF NUTRITION
revue de presse
revue de presse
Allaitement et atopie chez l’enfant
et le jeune adulte : surprise à long terme !
Long term relation between breastfeeding and development of atopy
and asthma in children and young
adults: a longitudinal study. Sears M.R.
et al, Lancet 2002, 360: 901-907
L’allaitement maternel est réputé protéger les enfants de l’asthme et autres
manifestations atopiques. L’examen
des travaux à l’origine de cette assertion révèle des biais méthodologiques
indéniables. De plus, certains travaux
récents ont plutôt conclu à un
accroissement du risque atopique
chez les enfants allaités.
Cette étude néo-zélandaise a suivi
prospectivement plus de 1000
enfants nés entre avril 1972 et 1973,
de l’âge de 3 ans à l’âge de 26 ans.
L’allaitement d’une part, l’atopie respiratoire et cutanée d’autre part, furent
évalués par des équipes indépendantes et selon des critères très stricts.
Parmi les 1037 enfants suivis, 504
avaient été allaités et 533 ne l’avaient
pas été. Entre 13 et 21 ans, les enfants
allaités étaient le plus souvent aller-
giques aux chats, aux acariens et aux
pollens (risque relatif = 1,94). Entre 9
et 26 ans, les enfants allaités étaient
plus souvent asthmatiques (risque
relatif = 1,83). Cette différence n’était
pas due aux antécédents maternels
d’asthme, ni au tabagisme parental.
Il semble donc que l’allaitement ne
protége pas à long terme de l’asthme
et des allergies, mais les favorise.
Le mécanisme invoqué serait une
diminution de l’exposition de l’enfant
aux bactéries et toxines en raison de
la protection assurée par le transfert
passif des immunoglobulines maternelles par le lait : selon l’hypothèse
“hygiéniste” actuelle, cette moindre
stimulation antigénique bactérienne
déséquilibrerait le système immunitaire en faveur de réactions de type
allergique.
D’après cette théorie, l’allaitement ne
peut pas à la fois protéger des infections et des allergies. Continuons
donc à le préconiser pour protéger
le nouveau-né des infections et lui
assurer une nutrition optimale !
Obésité et dépression à l’adolescence
A prospective study of the role of
depression in the development and
persistence of adolescent obesity.
Goodman E., Whitaker R.C.; Pediatrics,
2002;109: 497-504
L’obésité est, chez l’adulte, génératrice
de dépression. La dépression pendant
l’enfance et l’adolescence augmente
le risque d’obésité à l’âge adulte (voir
revue de presse ON 59). Mais existe-il
une relation causale entre dépression
et obésité ? C’est ce qu’a cherché à
déterminer cette étude menée aux
USA sur plus de 900 adolescents,
suivis pendant un an.
À l’entrée dans l’étude, 9,7% des
adolescents étaient obèses ; l’obésité
n’était pas associée à la dépression.
Après un an, l’obésité était plus
fréquente chez les adolescents
initialement déprimés : 12,4% chez
les déprimés contre 9,4% chez les
non-déprimés (p=0,048). Chez les
non-obèses, la dépression doublait
le risque d’obésité à un an. Chez les
déprimés initialement obèses, l’obé-
sité s’aggravait à un an. À l’inverse,
l’obésité initiale ne favorisait pas la
dépression ultérieure.
Cette étude démontre une relation
entre dépression et obésité à l’adolescence, relation indépendante
d’autres facteurs comme un faible
niveau d’activité physique, une obésité chez les parents ou un bas niveau
socioculturel. Obésité et dépression
peuvent partager certains mécanismes neurophysiologiques, notamment sérotoninergiques ; ceci ne
concernerait qu’un sous-groupe assez
restreint de déprimés. Les auteurs
recherchent plutôt les causes de
cette relation dans l’environnement ;
ainsi la diminution du niveau d’activité physique, l’accroissement de
l’isolement social et des inégalités
socio-économiques pourraient rendre compte du développement
concomitant de l’obésité et de la
dépression. C’est sur ces facteurs que
devraient porter, avant tout, les efforts
de prévention pendant l’enfance et
l’adolescence.
Objectif Nutrition, La Lettre de l’Institut Danone.
Directeur de la publication : Pr Daniel Rigaud, CHU Le Bocage, Dijon. Rédacteur en chef :
Dr Jean-Laurent Le Quintrec, Hôpital Ste Périne, AP/HP, Paris. Rédactrice en chef-adjointe :
Sandrine Piredda, Danone France, Paris. Secrétaire de rédaction : Amandine de Francqueville,
Danone France, Paris. Comité de rédaction : Pr Jean Adrian, CNAM, Paris ; Dr Brigitte Boucher,
Paris ; Pr Pierre Bourlioux, Faculté de Pharmacie, Paris ; Pr Jean Navarro, Hôpital Robert Debré,
AP/HP, Paris ; Dr Martine Pellae, Hôpital Bichat, AP/HP, Paris ; Pr Philippe Vague, Hôpital de la
Timone, Marseille.
Conception-réalisation : Shanghaï - 28 rue de Solférino - 92100 Boulogne. Direction artistique :
Chantal Villevaudet. Chef d’édition : Jean-Charles Fauque. Illustration de couverture :
David Hall/Getty Image. Mise en pages : Stéphane Gouriou. Photogravure /Impression :
Diamant Graphic. Dépôt légal : 1e trimestre 2003. Nº ISSN : 1166357 X.
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