Paléolithique supérieur et Mésolithique en Méditerranée : cadre

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L’anthropologie 109 (2005) 520–540
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Article original
Paléolithique supérieur et Mésolithique
en Méditerranée : cadre culturel
The Upper Paleolithic and the Mesolithic around
the Mediterranean: cultural framework
Janusz K. Kozlowski
Institut d’Archéologie, Université Jagiellonski, Ul Golebia 11, 31007 Cracovie, Pologne
Disponible sur internet le 10 octobre 2005
Résumé
L’apparition du Paléolithique supérieur autour de la Méditerranée était l’effet du développement
local, surtout dans le Nord-Est de l’Afrique et au Proche-Orient, et des migrations à partir de cette
zone vers l’Europe sud-orientale et centrale. Le Paléolithique supérieur initial apparaît au ProcheOrient pendant la première moitié de l’Interpléniglaciaire comme effet d’une évolution culturelle des
groupes d’Homo sapiens, dont la technologie était fondée sur le concept Levallois qui a évolué vers
les technologies laminaires leptolithiques. Cette évolution est surtout visible dans la zone syropalestinienne où certaines industries de « transition », comme l’Emirien et l’Ahmarien, se sont répandues
vers le sud-est européen et vers le bassin du moyen Danube. Le phénomène de cette diffusion pourrait être identifié avec la migration des premiers Hommes modernes. L’évolution ultérieure, pendant
le Paléolithique supérieur ancien correspondant à la deuxième moitié de l’Interpléniglaciaire, en
particulier l’origine de l’Aurignacien, a été fondée sur le fond culturel local. Pendant toute la période
de l’Interpléniglaciaire, l’Europe reste séparée de l’Afrique qui a continué les traditions locales du
Paléolithique moyen (Middle Stone Age) ou bien a connu les cultures « de transition » spécifiques du
littoral méditerranéen (Dabbien ancien) et de la basse vallée du Nil. Le maximum du Pléniglaciaire
supérieur et la régression marine ont facilité les relations possibles entre le Maghreb et la Péninsule
Ibérique dans les deux sens à travers le détroit de Gibraltar (Atérien/Solutréen, Gravettien/
Ibéromaurusien), bien que ces liens soient encore hypothétiques et demandent des preuves, surtout
chronostratigraphiques. En même temps des liens existent entre le sud-est européen et l’Anatolie
occidentale ; la frontière entre la zone culturelle européenne et celle du Proche-Orient était marquée
par la chaîne de Taurus. Pendant le Tardiglaciaire et le début de l’Holocène, les liens transméditerra-
Adresse e-mail : [email protected] (J.K. Kozlowski).
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doi:10.1016/j.anthro.2005.06.013
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néens ont été coupés par la transgression marine et ce n’est qu’avec l’apparition de la navigation que
ces liens réapparaissent d’abord dans le Paléolithique final du bassin égéen, et seulement au début du
Néolithique autour de la Méditerranée septentrionale et occidentale.
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Abstract
The origin of the Upper Palaeolithic around the Mediterranean was the result of the local evolution, particularly in the Near East and in the Lower Nile basin, and of the migration from this zone to
South-Eastern and Central Europe. The Initial Upper Palaeolithic in the Near East belt was the effect
of local evolution from the industries based on Levallois concept to the industries which developed
leptolithic blade technologies. This evolution is well registered in multi-layer sites in the SyroPalestinian belt (Emirian/Ahmarian), which was the starting point of the diffusion of these “transitional” industries in South-Eastern and Central Europe. This diffusion could be identified with the
migration of first anatomically Modern Humans. The Early Upper Palaeolithic in Europe — dated to
the second half of the Interpleniglacial — was, at least partially, based on these “transitional” industries and manifested by the appearance of the Aurignacian, contrasted with local cultures such as the
Uluzzian in Mediterranean Europe. During whole the Interpleniglacial Europe was separated from
Northern Africa dominated by local evolution of Middle Palaeolithic (Middle Stone Age) cultures
(mostly expressed by the Aterian), and by specific “transitional” industries on the southern Mediterranean coast (Early Dabbian) and in the Lower Nile basin. The Last Glacial Maximum and the corresponding sea level recession opened new possibilities of contacts between the Maghreb and the
Iberian Peninsula in both directions (Aterian-Solutrean and Gravettian-Early Iberomaurusian), which
are still difficult to be proved before new chronostratigraphic correlations are made. At the same time
we register links between south-eastern Europe and western Anatolia; the real border between Near
Eastern and European Mediterranean cultural zones was marked, in the Late Glacial, by the Taurus
chain. During the Late Glacial the cultural separation between Europe and Africa was particularly
marked. Only in the Aegean basin the first sea navigation facilitated contacts which become widespread as late as in the Early Holocene with neolithization trough maritime contacts.
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Mots clés : Paléolithique supérieur ; Mésolithique ; Interpléniglaciaire ; Pléniglaciaire supérieur ; Tardiglaciaire
Keywords: Upper Palaeolithic; Mesolithic; Interpleniglacial; LGM; Late Glacial
1. Introduction
Autour de 40 000 ans B.P., un contraste existe entre l’Afrique du Nord et le ProcheOrient, peuplés depuis plus de 120 000 ans par les Hommes modernes, et l’Europe où les
populations néandertaliennes ont existé depuis au moins 160 000 ans. Du point de vue
culturel au Maghreb et dans le bassin du Nil inférieur, le Paléolithique moyen (ou MSA)
était donc l’œuvre exclusivement des Hommes modernes, en revanche sur le littoral syropalestinien et en Anatolie les cultures de cette période ont été dues aussi bien aux Néandertaliens qu’aux Hommes modernes. Par contre en Méditerranée septentrionale, comme dans
toute l’Europe, les sites du Paléolithique moyen, appartenant aux différents faciès moustériens, ont fourni exclusivement des restes néandertaliens, en revanche au début du Paléolithique supérieur les deux populations, néandertaliennes et modernes ont coexisté.
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Il est intéressant de noter que les Hommes modernes en Afrique du Nord et au Levant,
qui ont été les auteurs des industries levallois-moustériennes, moustériennes et atériennes,
n’ont pas produit des manifestations artistiques qui sont attribuées en Europe aux Hommes
modernes et fréquemment considérées comme des éléments de « l’explosion créative »
(Pfeiffer, 1982) ou « révolution leptolithique » (Bar-Yosef, 1992, 1997, 2003).
Les éléments de la « révolution leptolithique » dans le domaine symbolique apparaissent au Proche-Orient seulement dans les cultures « de transition » et dans l’Aurignacien
(Bar-Yosef, 1997), donc – comme en Europe – dans les entités attribuées au Paléolithique
supérieur.
2. Le Paléolithique supérieur initial de la première partie de l’Interpléniglaciaire
(50 000/48 000–38 000 ans B.P.) - Carte 1, Fig. 1
La période entre 48 000–38 000 ans B.P. est cruciale pour le passage entre le Paléolithique moyen et supérieur. Nous observons, le plus tôt au Proche-Orient, une transition technologique et stylistique dans le domaine des outillages lithiques entre le Paléolithique moyen
et le Paléolithique supérieur. Elle est marquée par une longue évolution à partir de l’Emirien, issue du Levallois-Moustérien levantin, autour de 48 000–46 000 ans B.P., vers l’Ahmarien qui a persisté sur le littoral syropalestinien et au Néguev jusqu’à 20 000 ans, représentant la plus importante entité culturelle au Proche-Orient, avant l’Épipaléolithique
postpléniglaciaire (Bar-Yosef et Belfer-Cohen, 1977, 1996 ; Marks, 1976, 1983 ; GoringMoris et Belfer-Cohen, 2003). Les industries de l’Emirien/Ahmarien, caractérisées par une
transition technologique des méthodes Levallois vers les techniques laminaires leptolithiques dans le contexte typologique leptolithique, ont été diffusées vers l’Anatolie (grotte
d’Ucagizli [39/38 Kyr B.P.] et Kanal-Kuhn et al., 1999 ; Kuhn, 2003), les Balkans (par ex.
la couche VI de la grotte Temnata, en Bulgarie, secteur TD-II [50–45 Kyr], suivi du Bachokirien de la couche 4 [43–36 Kyr] – Drobniewicz et al., 2000 ; Kozlowski, 2004), et en
Europe centrale (Bohunicien connu surtout en Moravie [42–38 Kyr B.P.] – Svoboda, 2003,
et éventuellement le Kréméniecien en Volhynie [30 Kyr B.P.?] – Stepanchuk, Cohen, 2000–
2001). Tenant compte de certains décalages chronologiques entre les différentes entités
culturelles de ce complexe, il ne s’agit probablement pas d’une seule diffusion, mais de
plusieurs vagues dans la période comprise entre 48 000 et 38 000 ans B.P.
Malheureusement nous ne connaissons pas avec certitude le type anthropologique responsable de ce complexe culturel, mais il est possible qu’il s’agisse des premiers Hommes
modernes aussi bien au Proche-Orient (voir les restes d’Egberta dans l’Ahmarien de Ksar
Akil) qu’en Europe (Bacho Kiro, couche 11 dans le Bachokirien).
Notons que dans ces entités apparaissent les premiers objets symboliques, comme la
plaquette avec incisions rythmiques de la grotte Temnata couche VI (Crémades, 2000), les
dents percées de la couche 11 de Bacho Kiro (Marshack, 1976) et les nombreuses coquilles
percées connues dans la grotte Ucagizli (Kuhn, 2003 ; Stiner, 2003).
Dans le même laps de temps, aux Balkans du Sud, en Italie et en France apparaissent les
autres « cultures de transition » issues du Moustérien local, notamment l’Uluzzien et le
Chatelperronien, étant probablement l’œuvre des néandertaliens (Hublin, 2000 ; Palma di
Cesnola et Messeri, 1967). Les datations radiométriques indiquent que ces « cultures de
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Carte 1. Paléolithique supérieur initial de la première partie de l’Interpléniglaciaire (50 000/48 000–38 000 ans B.P.).
Map 1. Initial Upper Palaeolitic: first half of the Interpleniglacial (50.000/48.000 years B.P.).
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Fig. 1. Tableau stratigraphique du Paléolithique supérieur initial.
Fig. 1. Stratigraphic table of the Initial Upper Palaeolithic.
transition », caractérisées par les armatures laminaires à dos convexe, abattues par une
retouche abrupte, ont été plus récentes que les entités développées sur le fond technologique levalloisien. Pour le Chatelperronien, nous avons les datations C14 comprises entre
38 000 et 33 000 ans B.P., et les datations TL moyen du Moustier qui sont de l’ordre de
42,6 Kyr (Mellars, 1999), ce qui correspond bien à la calibration des dates C14. Pour l’Uluzzien, la plus ancienne date AMS est celle de la couche V de la grotte no 1 à Klisoura en
Argolide (Grèce) et elle est datée de 40 400 ans B.P. (Koumouzelis et al., 2001).
La « leptolithisation » de la Méditerranée septentrionale et de toute l’Europe a été achevée entre 38/36 et 28 Kyr B.P. par l’apparition de l’Aurignacien, civilisation qui présente
tous les traits typiques du Paléolithique supérieur, aussi bien dans les domaines technologiques, économiques que symboliques. L’origine de cette culture était généralement attribuée à une migration des premiers Hommes de Cro-Magnon du Proche-Orient vers l’Europe
(Mellars, 1989 ; Kozlowski, 1993). Dans cette hypothèse classique, deux voies de migration de l’Aurignacien à partir du sud-est européen ont été envisagées : d’une part par la
Méditerranée septentrionale et d’autre part par le Bassin Danubien.
Dans le cas où si nous attribuons aux Hommes modernes les industries laminaires de la
période comprise entre 48 000 et 38 000 ans B.P., qui dérivent de bases technologiques
levalloisiennes et dont la diffusion prédate l’Aurignacien en Europe balkanique et danubienne, il est probable que l’Aurignacien pourrait émerger de ces industries aux Balkans, et
peut-être dans d’autres centres régionaux (moyen Danube). L’exemple d’une telle évolu-
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tion pourrait représenter le Bachokirien, qui a préservé encore quelques caractères technologiques levalloisiens mais, les assemblages plus récents que 38/36 Kyr B.P. (assemblages
B-A de la couche 4 de la grotte Temnata), montrent un nombre croissant des caractères
aurignaciens (Kozlowski, 2004).
Le problème de l’origine de l’Aurignacien devient encore plus compliqué si nous tenons
compte des doutes concernant l’âge du tephra, identifié comme de l’ignimbrite campanienne, répandu à partir de la Méditerranée centrale (Italie centrale) vers les Balkans et
l’Est de l’Europe (jusqu’au bassin du Don). La synchronisation de l’événement volcanique
qui a produit ce tephra avec Heinrichs event 4 (et non 3 comme indiquent les nombreuses
datations radiocarbones) pourrait rapporter l’Aurignacien couvert par ce tephra dans plusieurs sites de l’Italie centrale (Castelcivita et Paglici- Gambassini, 1997 ; Palma di Cesnola, 2001), des Balkans (limite couches 4 et 3 dans la grotte Temnata – Paterne, 1992) et
de Russie (couche IVa’ de Kostenki XIV – Sinitsine, 2002) à une période allant au-delà de
la calibration des datations C14 (Fedele et al., 2003 ; Giaccio et al., 2005 sous presse).
En tout cas, il est actuellement impossible, tenant compte des datations radiométriques,
de défendre l’hypothèse de l’origine levantine de l’Aurignacien. L’apparition de l’Aurignacien au Levant serait plutôt l’effet d’une diffusion dans le sens opposé, de l’Europe vers
le Proche-Orient (Kozlowski, 1993 ; Bar-Yosef, 2000).
Toute la période présentée sur la Carte 1 en Afrique du Nord est caractérisée par la
continuation de la présence des différents faciès d’industries moustériennes et celles de
MSA Nubien, Levallois-moustériennes ou atériennes. Seulement dans la basse vallée du
Nil apparaissent les prémices de transition vers le Paléolithique supérieur laminaire (Nazlet Safaga, Taramsa I – Van Peer, 1998). Néanmoins, dans l’état actuel de nos connaissances, ces industries de la basse vallée du Nil ne montrent pas de liens avec les industries de
« transition » du Levant (Vermeersch, 2001).
3. Le Paléolithique supérieur ancien de la deuxième moitié de l’Interpléniglaciaire
(38 000–28 000 ans B.P.) – Carte 2, Fig. 2
La période comprise entre 38 000 et 28 000 ans était caractérisée dans la basse vallée du
Nil par le remplacement du Levallois-Moustérien par les cultures laminaires du Paléolithique supérieur. Ces cultures dans leur forme déjà bien développée, sans éléments technologiques Levallois (ou nubiens), sont connues dans l’Egypte moyenne. Le site de Nazlet
Khater 4, daté d’environ 33 000 ans (Vermeersch et al., 1982, 1984) représente cette transition vers les technologies laminaires dans un contexte très particulier des mines et d’ateliers de transformation du silex dont l’extension couvre environ 800 m2. Les puits d’extraction du silex et surtout les galeries souterraines, ainsi que les premiers outils spécialisés
pour l’extraction du silex, sont probablement les plus anciens dans le monde.
Une évolution indépendante de la basse vallée du Nil a eu lieu sur le littoral de Cyrénaïque, marquée par l’apparition des industries laminaires avec des outils avec des retouches
abruptes, dans les couches datées de 38 000 à 32 000 ans B.P, dans la grotte Haua Fteah
(Mc Burney, 1967). La présence des lames à dos convexe donne à cette industrie un caractère très particulier, surtout que les armatures à retouches abruptes n’apparaissent en Afrique du Nord que beaucoup plus tard (après 20 000 ans B.P.). Les assemblages des niveaux
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Carte 2. Paléolithique supérieur ancien de la deuxième moitié de l’Interpléniglaciaire (38 000–28 000 ans B.P.).
Map 2. Early Upper Palaeolithic: second half of the Interpleniglacial (38.000–28.000 years B.P.).
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Fig. 2. Tableau stratigraphique du Paléolithique supérieur ancien.
Fig. 2. Stratigraphic table of the Early Upper Palaeolithic.
XX–XXI de Haua Fteah, attribués à la phase ancienne du Dabbien, contiennent aussi des
lames à chamfrain qui peuvent indiquer des liens avec les « industries de transition » du
Proche-Orient. Rappelons que les armatures à retouches abruptes sont connues dès l’Ahmarien.
Le Maghreb pendant cette période était le domaine exclusif de l’Atérien, une culture
développée sur la base du Moustérien, et généralement attribuée au Paléolithique moyen
(Wengler, 1986, 1997 ; Debenath, 1992).
L’Europe entre 36 000 et 28 000 ans était dominée par l’Aurignacien qui contraste avec
les différentes industries de transition. En Méditerranée centrale, ces industries de transition ont été représentées seulement par l’Uluzzien, qui précède dans les séquences de l’Italie le Proto-Aurignacien. Dans la Péninsule Ibérique où ce Proto-Aurignacien est précoce
(voir Carte 1), on trouve, jusqu’à 28 000 ans B.P., encore des traces de l’industrie moustérienne accompagnées de restes des derniers Néandertaliens (Zafarraya en Andalousie,
Hublin, 2000, Caldeirao couche K et quelques autres sites au Portugal – Carbonell et al.,
2000). Nous observons donc la coexistence des populations différentes — néandertaliennes et modernes — manifestée par la contemporanéité des cultures du Paléolithique moyen
et supérieur dans certaines régions, en même temps que la persistance des néandertaliens
dans des zones-refuges (Andalousie, Portugal, Croatie). Néanmoins cette hypothèse est
remise en cause par certains chercheurs qui doutent de la fiabilité des dates C14 obtenues à
partir des ossements ; il en résulte l’approchement des dernières dates pour les industries
du Paléolithique moyen ibérique (> 38 300 ans B.P.) et les premières dates pour l’Aurignacien du littoral ibérique, correspondant à l’oscillation froide du stade GS 11, qui a provoqué un regroupement des populations dans les refuges ibériques (Jöris et al., 2003).
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4. La phase moyenne du Paléolithique supérieur (fin de l’Interpléniglaciaire/début
du Pléniglaciaire supérieur – 28 000–20 000/18 000 ans B.P.) – Carte 3, Fig. 3
La période entre 28 000 et 20 000 ans a connu des changements paléogéographiques
importants, qui ont conduit au Pléniglaciaire supérieur à la transgression de l’inlandsis en
Europe et à la régression marine importante dans la Méditerranée. En même temps les
conditions arides se sont installées en Afrique du Nord, ce qui a conduit à une réduction de
l’espace habité (Sanchez Goni et al., 2002 ; Schild et al., 1992).
En Europe méditerranéenne, c’est la période du développement du Gravettien, autre
culture paneuropéenne après l’Aurignacien (Roebroeks et al., 2000). Les mécanismes qui
ont conduit à l’origine de cette unité paneuropéenne du Gravettien ont été fondés aussi bien
sur le développement multirégional (un centre gravettien indépendant de l’Europe moyenne
apparaît probablement dans le bassin de l’Adriatique – Kozlowski, 1996), que sur les migrations de l’Europe moyenne vers les refuges gravettiens de Ligurie, d’Italie et aux Balkans.
Le premier phénomène — développement multirégional — est documenté par l’apparition précoce des industries gravettiennes en Italie centrale et méridionale (Palma di Cesnola, 1993) qui peuvent dériver du fond local, en Italie du Nord représenté par les industries protoaurignaciennes, qui ont développé certains types d’armatures formées par des
retouches abruptes (Broglio, 1996). On peut éventuellement attribuer une origine thyrrénienne au faciès à burins de Noailles, l’une des plus importantes variétés du Gravettien
francocantabrique (Djindjian et al., 1999 ; Kozlowski et Otte, 1997).
Le deuxième phénomène — migrations vers les refuges méditerranéens — est documenté par l’apparition des influences gravettiennes centre-européennes dans le Sud-Est de
la France (Onoratini, 1978) et aux Balkans (Kozlowski, 1999), marqué par certains types
d’outils et d’armes (comme les pointes à cran), certains types de structures d’habitat et
peut-être par des stratégies de chasse au mammouth et des modes d’utilisation de l’ivoire.
Probablement à cause de la sécheresse du climat, les centres leptolithiques au ProcheOrient et dans le nord-est de l’Afrique sont devenus territorialement plus limités, le nombre
de sites plus restreint, et leur distribution limitée à la zone à végétation méditerranéenne et
à certaines oasis. Dans le Maghreb, l’Atérien a continué son développement, surtout dans
la zone littorale.
Autour de 20 000/18 000 ans B.P., pendant la transgression maximale du Pléniglaciaire
supérieur (stade de Brandenburg-Leszno), le niveau marin devient plus bas (environ –120 m
sous le niveau actuel). Nous pouvons constater deux conséquences importantes dans le
domaine de la distribution de l’habitat, notamment dans l’implantation des sites littoraux
au-dessous du niveau actuel de la mer (donc l’inaccessibilité de ces sites pour les recherches, sauf rares exceptions, comme la grotte Cosquer) et l’apparition des isthmes entre les
continents et les îles. Certains détroits comme Gibraltar sont devenus plus étroits, et les
liens entre le Maghreb et le sud de l’Espagne ont été facilités par l’émergence d’îles sur le
détroit de Gibraltar (Bouzouggar et al., 2002).
C’est dans cette période que nous observons les premières interactions entre les populations du Paléolithique supérieur du Maghreb et du Sud-Ouest de l’Europe. L’Atérien a
disparu autour de 20 000 ans (Debenath, 1992, 2000) et dans la même période le Solutréen
apparaît dans le sud-est de l’Espagne (Barandiaran et al., 1998) et au Portugal (Zilhao,
1990), plus ancien que le Solutréen francocantabrique. Puisque la technologie bifaciale,
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Carte 3. Phase moyenne du Paléolithique supérieur (fin de l’Interpléniglaciaire/Pléniglaciaire supérieur – 28 000–20 000/18 000 ans B.P.
Map 3. Middle Upper Palaeolithic: end of the Interpleniglacial – Last Glacial Maximum (28.000–20.000/18.000 years B.P.).
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Fig. 3. Tableau stratigraphique du Paléolithique supérieur moyen.
Fig. 3. Stratigraphic table of the Middle Upper Palaeolithic.
bien connue dans l’Atérien (surtout autour de Tanger, Tetouan et Melila – Bouzouggar et
al., 2002 ; Mikdad et Eiwanger, 2000), apparaît dans le Solutréen, qui a été précédé en
Péninsule Ibérique seulement par les cultures qui n’ont pas connu cette technologie, certains auteurs ont lié l’origine du Solutréen avec une influence venant du Maghreb (Pericot,
1952 ; Kozlowski, 1961 ; Otte, 1997). Un autre argument en faveur de cette hypothèse est
l’utilisation des supports Levallois, technique bien connue dans l’Atérien, pour confectionner les pointes foliacées ibériques.
Cette hypothèse se fonde sur les datations autour de 24/23 Kyr pour les niveaux les plus
récents de séquences atériennes au Maroc (Temara, el Harhoura, Chaperon Rouge –
Bouzouggar et al., 2002). Néanmoins ces datations sont parfois contradictoires et demandent une vérification. Si ces datations tardives sont réfutées, il y aura une lacune dans
l’habitat au Maghreb entre la fin de l’Atérien et l’Ibéromaurusien.
Il y a aussi certains indices d’influences inverses, puisque l’Ibéromaurusien du Maghreb
qui apparaît vers 21 000–20 000 ans B.P., et dont la phase ancienne avait été caractérisée
par les pointes à dos rectiligne abattu par retouches abruptes (Aumassip, 1997), ne trouve
pas de racines dans les cultures nord-africaines précédentes. L’hypothèse la plus courante
que l’Ibéromaurusien dérive des industries du littoral de Cyrénaïque (comme l’Oranien de
l’est – Kobusiewicz, 1997) n’est pas confirmée par les datations de la séquence de la grotte
Haua Fteah, où la couche XII se situerait seulement autour de 12 000 ans B.P. Il serait plus
réaliste de chercher l’origine de l’Ibéromaurusien dans les cultures de la basse vallée du
Nil, surtout dans le Fakhurien et Kubbaniyen dont les débuts sont contemporains à l’Ibéromaurisien du Maghreb (Wendorf et Schild, 1989). Néanmoins la morphologie des pointes à dos dans ces entités nilotiques est différente. Les pièces à dos de l’Ibéromaurusien
ancien (Kozlowski, 2004) évoquent en effet beaucoup plus que celles du Gravettien européen, connu aussi au Levant espagnol (Cortes Sanchez et Simon Vallejo, 1997 ; Miralles,
1982). Une hypothèse alternative sur l’origine de l’Ibéromaurusien a été lancée récemment
par Debenath (2003), qui a proposé une migration transméditerranéenne par l’isthme siculotunisien à partir de la Sicile. Le point faible de cette hypothèse est l’absence du Gravettien en Sicile ; les centres les plus proches du Gravettien, précédant 21 000 ans B.P., se
trouvent dans le bassin adriatique.
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5. Le Paléolithique supérieur récent de la période du retrait de l’inlandsis
du Pléniglaciaire supérieur et du Tardiglaciaire (20 000/18 000–10 000 ans B.P.) –
Cartes 4 et 5
L’image des civilisations méditerranéennes de la période entre 20 000 et 15 000 ans
B.P. est incomplète, à cause de la ligne de rivage de cette période, actuellement inaccessible. Tenant compte de la détérioration des conditions climatiques en Europe au Pléniglaciaire et de la sécheresse du climat au Proche-Orient et en Afrique du Nord pendant cette
période, les refuges du littoral méditerranéen, partiellement inaccessibles pour la prospection archéologique, ont joué sans doute un rôle important pour l’habitat humain.
La Méditerranée septentrionale a été dominée par les différents groupes épigravettiens
connus depuis le Levant espagnol, la Ligurie, l’Italie, les Balkans, jusqu’en Anatolie sudoccidentale (Koumouzelis et al., 2004). Les sites les plus orientaux que nous pouvons attribuer à l’Épigravettien sont connus dans la baie d’Antalya. Certains présentent une longue
séquence (18 000–10 000 ans B.P.) comme dans la grotte d’Öküzini (Yalcinkaya et al.,
2002), qui avait enregistré un rythme d’évolution technomorphologique semblable à l’Épigravettien balkanique, mais différent de l’Épipaléolithique du littoral syropalestinien. Les
manifestations artistiques d’Öküzini montrent également des liens avec l’Épigravettien italique (Marshack, 1997).
La recolonisation des territoires inaccessibles entre 20 000 et 15 000 ans avait commencé en Europe à la fin des temps glaciaires. Nous observons d’abord le mouvement vers
le nord à partir des refuges méditerranéens occupés par les groupes épigravettiens en Italie
et aux Balkans. Un mouvement dans la direction opposée est marqué dans l’Occident où
autour de 14 000 ans, les groupes magdaléniens ont migré vers le Levant espagnol (ce qui
est attesté au Magdalénien initial, par ex. à Parpallo et à Castell Sa Sala aux alentours de
Valence – Aura, 1995 ; Villaverde et Martinez Valle, 1995).
En même temps, au Proche-Orient et en Afrique du Nord, se sont largement répandus les
groupes caractérisés par les armatures lithiques à retouches abruptes, généralement attribués dans ces régions déjà à l’Épipaléolithique (Vandermeersch, 1995). Les groupes épipaléolithiques sont aussi bien connus au Proche-Orient (le Kebarien entre 19 000 et
14 000 ans B.P. — limité à la zone de végétation méditerranéenne — Bar-Yosef, 1987)
qu’au nord-est de l’Afrique. Ce dernier territoire a fourni les nombreux groupes locaux
dans la basse vallée du Nil entre 20 000 et 14 000 ans, surtout en Haute Egypte. Certains de
ces groupes (Wendorf et Schild, 1976) ont conservé les éléments du substrat technologique
levalloisien ou nubien (Halfien), d’autres ont utilisé une technologie laminaire leptolithique (Fakhurien, Kubbaniyen), ou encore des technologies mixtes (Idfouanen). Toutes ces
entités ont été séparées par le Sahara, toujours inhabité, des sites ibéromaurusiens du littoral méditerranéen du Maghreb (Aumassip, 1997 ; Vermeersch, 1992).
Avec une humidité plus importante au Tardiglaciaire, certaines entités épipaléolithiques,
surtout au Proche-Orient, ont pu élargir leurs aires de répartition sur les zones semidésertiques et dans les oasis. Le Kebarien dans sa phase aux armatures géométriques entre
15 000 et 14 000 ans B.P. avait augmenté son extension vers le nord jusqu’à la vallée de
l’Euphrate et vers le Sud jusqu’au Sinaï. Le Mouchabien dans la même période a atteint le
Delta du Nil. Cette extension des petits groupes mobiles sur des terrains semi-désertiques
(non-peuplés au Pléniglaciaire) avait néanmoins un caractère saisonnier, hivernal (BarYosef, 1987).
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J.K. Kozlowski / L’anthropologie 109 (2005) 520–540
Carte 4. Le Paléolithique supérieur récent de la période de la retraite de l’Inlandsis du Pléniglaciaire supérieur (20 000/18 000–14 000/12 000 ans B.P.).
Map 4. Late Upper Palaeolithic: the glacial recession (20.000/18.000–14.000/12.000 years B.P.).
J.K. Kozlowski / L’anthropologie 109 (2005) 520–540
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Carte 5. Le Paléolithique final de la période tardiglaciaire (14 000/12 000–10 000 ans B.P.).
Map 5. Final Upper Palaeolithic: the Late Glacial (14.000/12.000–10.000 years B.P.).
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J.K. Kozlowski / L’anthropologie 109 (2005) 520–540
6. Transition Tardiglaciaire/Holocène : fin du Paléolithique et le problème
du Mésolithique – Carte 6
La fin du Pléistocène, avec la dernière période de détérioration climatique (Dryas III), a
connu l’intensification et l’élargissement de l’éventail des ressources exploitées : en dehors
de la chasse, l’exploitation des ressources aquatiques et végétales a commencé à jouer un
rôle considérable. Ces changements dans l’économie de subsistance ont conduit au ProcheOrient, dans les conditions de l’évolution des systèmes sociaux et symboliques, à l’apparition des éléments de l’économie productrice du Néolithique précéramique (Bar-Yosef et
Belfer-Cohen, 1992 ; Cauvin, 1997 ; Aurenche et Kozlowski, 1999).
Les autres adaptations apparaissent en Europe méditerranéenne postglaciaire. Il n’y a
aucune raison de ne pas les appeler mésolithiques, comme en Europe moyenne. Ces adaptations fondées sur l’économie prédatrice, en dehors de l’élargissement de l’éventail des
ressources alimentaires exploitées, surtout marines, sont caractérisées par des mouvements
saisonniers entre la zone littorale et l’intérieur du pays. Ces mouvements permettaient
d’exploiter les différentes zones écologiques selon leur altitude en relation aux saisons.
Un autre phénomène intéressant pour le Mésolithique méditerranéen est le développement de la navigation maritime, dont les prémices ont été déjà connues au Paléolithique
final (voir l’apparition de l’obsidienne de l’île de Melos, jamais liée au continent au Pléistocène, dans la phase VI de la grotte de Franchthi en Argolide, datée de 10 260–10 880 ans
B.P. – Perlès, 1979, 1988, 1995). Grâce à la navigation, les populations mésolithiques de la
Méditerranée septentrionale ont pu non seulement pratiquer la pêche en pleine mer, mais
aussi peupler, il y a environ 9 000–8 500 ans B.P., certaines îles inhabitées jusqu’au début
de l’Holocène, comme Kythnos dans les Cyclades (Sampson et al., 2002), Gioura dans les
Sporades du Nord (Sampson et al., 2001) et peut-être Ikaria au nord de Dodecanese. Également à cette période, nous pouvons rattacher l’apparition des groupes mésolithiques en
Corse (entre 8500–8200 ans B.P.), en Sardaigne (Corbeddu – 9100 ans B.P.) et peut-être à
Majorque (6600 ans B.P.).
La Méditerranée septentrionale pendant le Mésolithique ancien est subdivisée en trois
zones culturelles distinctes :
• les complexes microlaminaires du Levant espagnol issus du fond magdalénien,
• le Sauveterrien en France méridionale, en Italie et dans la partie nord-occidentale des
Balkans,
• et les industries de tradition épigravettienne dans les Balkans du Nord et dans le basin
égéen.
L’origine de Sauveterrien est complexe : en France, il serait issu du fond
azilien/épimagdalénien, mais en Italie du Nord le « courrant interculturel » occidental (avec
lequel est lié la propagation des éléments technologiques et stylistiques sauveterriens) s’était
superposé au fond local épigravettien (Broglio, 1996). L’influence du « courrant occidental » n’a pas atteint le Sud des Balkans, où nous observons au début de l’Holocène une
continuation de l’Épigravettien, mais représente un nombre plus restreint de sites qu’en
Occident (Perlès, 1995). Il est intéressant de souligner une certaine isolation de ce territoire
et l’adaptation aux conditions littorales qui s’était manifestée par les modifications des
industries lithiques, notamment la diminution de la composante microlithique (armatures
des armes de projectile) liée avec une moindre importance à la chasse, et l’augmentation du
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Carte 6. Le Mésolithique de l’Holocène ancien.
Map 6. Early Holocene Mesolithic.
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rôle de la technique à éclat. Les éclats modifiés par différents types de retouches ont servi
dans les activités liées à la cueillette végétale et maritime. L’utilisation des matières premières locales est aussi un signe de l’isolation des groupes épigravettiens aux Balkans
(Koumouzelis et al., 2003 et 2004).
Également le Mésolithique récent en Méditerranée septentrionale a connu une forte
influence du « courant interculturel » d’origine occidentale. Ce courant s’était manifesté
dans l’apparition des industries à trapèzes, comme le Castelnovien en Ligurie, en Italie et
dans le basin Adriatique, fondé sur la technologie laminaire (Montbani). Le Sud des Balkans et le basin égéen ont subi seulement une faible influence de ce courant, en conservant la
technologie à éclat et une faible composante microlithique.
Nous observons en Afrique du Nord au début de l’Holocène une continuation des traditions épipaléolithiques : en Basse Egypte c’est le Qarunien qui apparaît dans la dépression
de Fayoum entre 9000 et 7000 ans B.P. (Wendorf et Schild, 1976 ; Ginter et Kozlowski,
1989). Plus à l’ouest, en Libye, c’est le Libyco-Capsien, daté entre 10 000 et 8000 ans B.P.,
qui a fourni quelques galets peints. Cette entité présente une continuation avec le Capsien
au Maghreb, connu de la période entre 8000 et 5000 ans B.P. qui était caractérisé aussi bien
par l’économie de cueillette des mollusques (les sites capsiens ont fourni les accumulations
des mollusques – fameuses escargotières), que par la chasse aux gibiers typiques des forêts
méditerranéennes avec les pins d’Alep et les chênaies. Le Capsien avait continué du point
de vue technologique les traditions ibéromaurusiennes, étant l’œuvre, des Hommes méchtoïdes, comme l’Ibéromaurusien. Les conceptions d’une origine européenne du Capsien et
des liens avec le Périgordien occidental sont aussi erronées que celle de l’origine centreafricaine de cette culture, sans doute d’origine maghrébine locale. Cette originalité concerne
aussi l’art — en particulier les œufs d’autruche avec des décorations géométriques — et
des nombreux objets de parure.
7. Conclusions
L’histoire des peuples chasseurs–cueilleurs de la Méditerranée pendant le Paléolithique
supérieur et le Mésolithique confirme une forte influence du milieu naturel qui a déterminé
les étapes principales des adaptations humaines. Il s’agit surtout des changements à partir
des milieux interpléniglaciaires vers ceux du Pléniglaciaire supérieur et des environnements tardiglaciaires vers les conditions interglaciaires de l’Holocène.
Dans les conditions interpléniglaciaires, les migrations des premiers Hommes modernes
ont eu lieu à partir du Proche-Orient vers le Sud-Est de l’Europe, en revanche la récession
marine maximale du Pléniglaciaire a facilité les contacts possibles entre le Maghreb et le
Sud-Ouest européen, ainsi que l’élargissement des territoires de l’Épigravettien jusqu’au
Sud-Ouest de l’Anatolie.
Si le dernier refroidissement de la fin des temps glaciaires, sensible aussi au ProcheOrient, avait contribué à la sédentarité qui était à l’origine de l’économie productrice dans
le « Croissant fertile », le réchauffement du début de l’Holocène avait favorisé les adaptations mésolithiques et les contacts transméditerranéens maritimes qui ont formé une base
pour la migration des premiers agriculteurs et des bergers du Proche-Orient vers l’Europe.
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Annexe A. Carte 1–6 (version couleur)
Les cartes en version couleur peuvent être visualisées au doi:10.1016/
j.anthro.2005.06.013.
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