22 VALEUR MÉDICALE AJOUTÉE Services des Grands Brûlés Centre de traitement des brûlés, Hôpital Saint-Louis Quand la TéléBiologie® sauve des vies Le Centre de traitement des brûlés (CTB) de l’hôpital Saint-Louis, à Paris, est un des plus importants centres d’Europe. Ses équipements de pointe en font un service extrêmement moderne dans le monde, pour la prise en charge des patients brûlés. Rencontre avec le Docteur Benyamina (photo), praticien hospitalier anesthésisteréanimateur. Ce dernier nous raconte le quotidien du service. Comment prenez-vous en charge les grands brûlés ? La prise en charge des grands brûlés est, dans un premier temps, réanimatoire, et parfois chirurgicale dans le cas des incisions de décharge, puis réanimatoire et chirurgicale. Nous devons pallier les défaillances cardiovasculaires, respiratoires et parfois neurologiques à cause des produits toxiques, tels que le monoxyde de carbone et le cyanure, présents dans la fumée. Simultanément, nous traitons la douleur et luttons contre les infections qui constituent la première cause de mortalité lors du séjour en réanimation. La perte de la peau due aux lésions cutanées est à l’origine d’un exsudat, le patient perd alors son eau et ses électrolytes très rapidement. Il est en hypotension et présente un état de choc extrêmement important. Nous rétablissons sa pression artérielle par le biais d’une perfusion d’eau et d’électrolytes en quantité massive, grâce à des cathéters. L'inhalation de fumée d’incendie par le patient est à l’origine d’une destruction de la muqueuse et d’une brûlure respiratoire, il peut donc avoir des difficultés à respirer et être placé sous assistance respiratoire. Comment surveillez-vous l’état des grands brûlés ? L’analyse des gaz du sang nous donne les éléments hémodynamiques nécessaires à la réanimation du grand brûlé, comme la pCO2 gap 1 et la saturation veineuse en oxygène ou SvO2. La meilleure façon de surveiller la ventilation artificielle et l’intoxication au CO est d’analyser les gaz du sang artériel avec le cobas b 123. Nous pouvons ainsi optimiser la ventilation. Il faut savoir que la perfusion d'une grande quantité d’eau, pour restaurer la [1] Mesure de la différence de pression partielle de CO2 entre l’artère et la veine, pour vérifier si les patients présentent des problèmes volémiques. 10 000 BIO - N° 94 - JUIN 2015 MAG_10MBIO_94_TELEBIO_24P_BAT4_FINAL_29052015.indd 22 29/05/2015 17:02 23 CARTE D'IDENTITÉ CENTRE DE TRAITEMENT DES BRÛLÉS (CTB), HÔPITAL SAINT-LOUIS, PARIS — Création : juin 2012 — 3 unités : 2 unités de réanimation, 6 et 4 lits et 1 unité de soins continus, 4 lits. — Une salle de déchocage équipée pour la réanimation, la ventilation, les analyses — 15 chambres individuelles dont 6 équipées pour la réanimation, les soins chirurgicaux et le monitorage sans avoir à déplacer le patient, 4 équipées de la même façon dont la chirurgie est effectuée en blocs opératoires et 5 chambres de soins continus — 15 lits d’hospitalisation et cinq pour les consultations et le suivi — 2 blocs opératoires — 18 lecteurs de glycémie et 1 cobas b 123 connectés au laboratoire via le cobas® IT 1000 Les équipements de pointe du Centre de traitement des brûlés (CTB), Hôpital Saint-Louis, Paris pression artérielle, fait passer de l’eau dans le milieu interstitiel, ce qui entraîne une augmentation de la quantité d'eau pulmonaire extravasculaire qui aggrave l’état respiratoire : nous sommes donc obligés d’analyser les gaz du sang en permanence. Un monitorage est mis en place afin d'évaluer la perte d’eau et donc la volémie. Comment évaluez-vous l’intoxication au cyanure ? Nous l’évaluons grâce au dosage du lactate par le cobas b 123. Une hyperlactatémie signe une intoxication au cyanure, en dehors d’un état de choc. En état de choc, si le lactate n’augmente pas, c’est un bon pronostic, cela signifie que la respiration cellulaire a lieu correctement. Comment gérez-vous la dialyse chez ces patients? Ces patients subissent de nombreuses opérations chirurgicales. La dialyse à l’héparine serait donc une mauvaise solution et nous utilisons une technique de dialyse au citrate. Le citrate est un antagoniste du calcium, élément majeur de la coagulation. On injecte du citrate dans l'appareil de dialyse mais, lorsque le sang est réinjecté au patient, il faut lui rendre son calcium. Pour cela, nous mesurons en permanence (toutes les dix minutes au cours des premières 24 heures) le calcium sortant et entrant, grâce au cobas b 123, afin d'adapter les doses à injecter. Quelle est l’importance du suivi de la glycémie ? Les grands brûlés sont alimentés en entérale continue, avec des apports caloriques très élevés et présentent des dysglycémies fréquentes. Pour cette raison, ils nécessitent une surveillance très stricte de la glycémie. Toutes les chambres et tous les blocs opératoires sont équipés d’un lecteur Accu-Chek® Inform II. Quels sont les avantages de la biologie délocalisée ? Elle nous permet de réagir très rapidement afin de traiter des patients en situation critique et dont l'état est particulièrement instable. Nous pouvons faire toutes les analyses dans la minute et obtenir des résultats extrêmement fiables, qui s'affichent instantanément sur l’écran dans la chambre des patients. Pour un service comme le nôtre, son apport est inestimable. Sans elle, je ferais moins de prélèvements, donc je resterais dans le flou pendant plusieurs heures. Ce serait ingérable d'envoyer les analyses au laboratoire aussi souvent que nécessaire. La biologie délocalisée réduit la charge de travail de l’infirmier et de l’aide soignant, qui peuvent se concentrer sur le patient. Cela nous permet de mieux prendre en charge les patients et de diminuer leur mortalité. • LE MAGAZINE D’INFORMATION BIOMÉDICALE DE ROCHE DIAGNOSTICS FRANCE MAG_10MBIO_94_TELEBIO_24P_BAT4_FINAL_29052015.indd 23 29/05/2015 17:02