1 Intervention au Sénat le jeudi 22 novembre 2012 Qu’en sera-t-il après 2015, après les objectifs du Millénaire « pour le Développement » ? Le cinquième objectif du Millénaire pour le Développement avait pour but d’améliorer la santé maternelle et de diminuer la mortalité des femmes de ¾ ainsi que la mortalité infantile de 2/3 entre 1990 et 2015… C’est malheureusement l’objectif le moins avancé ! Aujourd’hui, encore, plus de 10 millions de femmes dans le monde continuent à souffrir complications au cours de leur accouchement ou pendant leur grossesse. de Alors, quelle leçon devons-nous en tirer ? Le cadre était ambitieux ! Était-il trop ambitieux ? La question fondamentale à se poser n’est-elle pas : - Faut-il être ambitieux avec des objectifs forts … mais que l’on sait ne jamais pouvoir atteindre ? Ou ? Faut-il être ambitieux mais avec des objectifs réalistes dont on va pouvoir contrôler l’exécution, le bon fonctionnement ? Les objectifs du Millénaire pour le développement ne doivent pas et ne peuvent pas être une « grand’messe » pour les états membres de l’ONU, qui la main sur le cœur, savent qu’ils se fixent des objectifs… difficilement accessibles ! 15 ans plus tard le constat reste accablant, car : 1. Plus de 350.000 femmes meurent chaque année des complications de leur grossesse ou de leur accouchement. 2. En Afrique sub-saharienne, une femme sur 30 risque de connaître des complications contre une femme sur 5.600 dans les pays développés. 3. Aujourd’hui toujours, chaque année 1 million d’enfants deviennent orphelins de mère. Vous me posez la question difficile : qu’en sera-t-il après 2015 ? Personne n’est devin, moi non plus ! Mais nous sommes tous déjà convaincus que les objectifs ne seront, malheureusement, pas atteints, loin de là – même si des progrès notoires ont déjà pu être engrangés dans plusieurs pays. En 2015, nous serons, espérons-le, en train de sortir du tunnel des difficultés et de la rigueur. Mais, la société aura profondément changé et souffert de l’austérité. A cela s’ajouteront de nouvelles problématiques et de nouveaux défis qui seront venus s’ajouter à ceux sur lesquels nous travaillons déjà. 2 Alors, est-ce une raison pour être frileux ou, pire, abandonner les objectifs ? Evidemment non ! Notre obligation n’est pas seulement morale, elle est et doit rester citoyenne et rester surtout intacte à l’égard de ces femmes, de ces sœurs, beaucoup moins chanceuses que nous. Que devront être les objectifs après 2015 ? J’ai quelques idées : 1. Ils devront très certainement s’appuyer davantage sur les Gouvernements locaux qu’il nous appartiendra de convaincre. 2. Ils devront préparer les populations des pays en conflit à la paix plutôt qu’à la guerre. 3. Ils devront prévoir une meilleure organisation/coordination des aides des différents Pays donateurs et des Organisations internationales pour être plus performants. 4. Ils devront être : Ciblés mais surtout stratégiques, Réalistes mais surtout contraignants, Généreux mais surtout efficaces. En un mot : nous avons l’obligation d’être réalistes, concrets et devons nous fixer des objectifs tenables avec évaluation/correction/adaptation des actions à poursuivre. Il ne s’agit pas seulement de se donner bonne conscience ; il s’agit surtout d’apporter un peu d’humanité à tant de femmes, de mères, d’enfants en souffrance !