L A R E V U E D U M É D E C I N D E IMAGERIE Radiographies de l’épaule traumatique PAGES 12-14 T E R R A I RÉÉDUCATION La physiothérapie PAGES 29-31 DOSSIER Diagnostic des tendinopathies de la cheville PAGES 15-28 CAS CLINIQUE Un syndrome de loges inhabituel PAGE 33 Marathon de Paris Un marathon de 30 000 coureurs sur un parcours urbain de plus de 42 km, qui nécessite une logistique sans faille et une préparation physique et alimentaire, adaptée, afin que la course reste un “plaisir”, sans devenir un calvaire. BIMESTRIEL - NUMÉRO 43- AVRIL/MAI 2001 - 35 F N P. 4-5 PROFESSION Actualités professionnelles NE PAS METTRE LA CHARRUE AVANT LES BŒUFS P. 7-10 ÉVÉNEMENT MARATHON DE PARIS 25E ÉDITION Pour la 25e édition du marathon de Paris, Médecins du Sport fait le point sur l’organisation de la course, l’alimentation des coureurs et les risques de pathologies auxquels ils s’exposent. A DR DIDIER ROUSSEAU Rédacteur en chef Rhumatologue, Médecins du Sport. P. 12-14 IMAGERIE Radiographies de l’épaule traumatique : des clichés d’actualité < DOSSIER > P.15-28 Diagnostic des tendinopathies de la cheville D.R. ujourd’hui de plus en plus, l’activité sportive est une préoccupation majeure de nos concitoyens. Elle se pratique à tous les niveaux (loisirs, compétitions, professionnels...) et gère des enfants en bas âge, des adolescents en pleine croissance, des adultes, des femmes, des personnes plus âgées... Devant cette multiplicité, la médecine du sport ne représente qu’une facette, sans statut, sans reconnaissance véritable et avec tous les risques que comporte la présence d’un médecin sur le terrain sportif. En revanche, le législateur a été prompt à publier des textes de loi visant à mettre en défaut le médecin de terrain, sans que celui-ci n’ait pu discuter de leur mise en application. Le dernier décret tombé date du 11 janvier dernier. Il porte le numéro 2001-35 et, dans son article 7, exige que chaque sportif mineur accompagne sa demande de licence annuelle d’une autorisation écrite de ses parents, afin de permettre les contrôles du dopage par mode invasif. Si tout médecin du sport est d’accord pour lutter contre le dopage et pour l’autorisation parentale visant le contrôle des mineurs, il ne peut pas être d’accord pour que cette autorisation soit nécessaire à la délivrance de la licence fédérale. Comme on peut le voir, notre tâche se complique, mais il semble aujourd’hui que les mêmes instances qui promulguaient les lois il y a trois ans soient prêtes à les discuter ! Devant une souffrance tendineuse de la cheville, le clinicien doit procéder à un examen clinique minutieux couplé à un bilan d’imagerie, afin de guider au mieux son attitude thérapeutique. P. 29-31 RÉÉDUCATION : FICHES PRATIQUES La physiothérapie : effets thermiques au profit du sportif P. 33 CAS CLINIQUE Un syndrome de loges inhabituel P. 34 ANNONCES CONGRÈS/ABONNEMENT Directeur de la publication : Dr Antoine Lolivier - Rédacteur en chef : Dr Didier Rousseau - Rédacteur en chef adjoint : Odile Mathieu - Secrétaire de rédaction : Isabelle Ampart - Maquette : Christine Lecomte - Alivanh Chanthavong - Production : Gracia Bejjani - Comité de rédaction : Dr Gilles Bruyère Pr François Carré - Pr Pascal Christel - Dr Jean-Marie Coudreuse - Laurence Ducrot - Dr Hervé de Labareyre - Dr Olivier Fichez - Dr Jacques Gueneron - Dr Eric Joussellin - Dr Pascal Lefèvre - Dr Jérôme Lemoine - Dr Philippe Le Van - Dr Dominique Lucas - Dr Patrick Middleton - Dr Paule Nathan - Dr Marie-France Oprendek-Roudey Dr Jacques Parier - Dr Gérard Porte - Dr Jacques Pruvost - Dr Philippe Thelen - Dr Hervé Zakarian. - Service d’abonnement : Ghislaine Chih Photos de couverture : DPPI Cette publication est éditée par Expressions Santé, 15, rue du Louvre, 75001 Paris. Tél. : 01 40 41 14 40. Fax : 01 40 41 14 49. E-mail : mds@expressions-santé.fr N° ISSN : 1279-1334. Imprimeur : Imprimerie de Compiègne, 60205 Compiègne. MÉDECINS DU SPORT 3 N°43-AVRIL/MAI 2001 Sommaire ÉDITO Profession Profession ACTUALITÉS PROFESSIONNELLES ➧ Sports d’impact et densité osseuse Une étude récente parue dans le British Medical Journal, menée sur 5 000 personnes âgées de 45 à 74 ans, semble établir une corrélation entre la densité osseuse et la pratique d’activités physiques, classées selon leur impact. Mesurée par ultrasons, la densité osseuse paraît plus importante ches les sujets pratiquant des sports à “fort impact” (courses de compétition, tennis, football, basket…) ou à impact modéré (arts martiaux, golf, ski…). La pratique de ces sports pourrait notamment, chez les femmes, retarder la perte osseuse de 4 ans. Jakes RW et al. Patterns of physical activity and ultrasound attenuation by heel bone. Br Med J 2001 ; 322 (7279) : 140. ➧ Internet, l’Ordre et le médecin Le Conseil national de l’ordre des médecins publie sur son site Internet le rapport adopté lors de la session de février 2001, concernant les recommandations relatives à la présentation d’une activité professionnelle sur Internet. L’Ordre des médecins a choisi de poser des jalons sur plusieurs points : ● présenter son activité professionnelle sur un site Web ; ● effectuer un acte médical ; ● intervenir en tant qu’expert sur un cas clinique ; ● collaborer à un site dont on n’est pas le promoteur unique ; ● réaliser des études sur Internet. Pour en savoir plus : http://www-conseil-national. medecin.fr Roller : un problème de santé publique ? A lors que la Commission de sécurité des consommateurs (CSC) lance une campagne de prévention face à la multiplication des sports de glisse urbaine,et notamment du roller, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, édité par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité, publie deux études sur le sujet.L’une concernant la pratique du roller et le port du casque.L’autre,sur l’épidémiologie des accidents de roller en France, de 1997 à 1999. ont eu un accident nécessitant une consultation ou une hospitalisation. ● La seconde étude recense les victimes ayant eu recours aux urgences hospitalières après un accident de roller (à partir des données françaises de l’enquête européenne Ehlass étudiant les accidents de la vie courante). Entre 1997 et 1999, 2 075 accidents de roller ont été enregistrés par 7 hôpitaux.Les plus touchés sont les jeunes :moins de 10 ans (16,5 %), 10-14 ans (48,5 %), 15-19 ans (13,3 %), 20-34 ans (14,5 %), plus de 35 ans (7,2 %).Au hit parade des lésions (Fig. 2), la première place revient aux contusions (40 %),surtout crâniennes et des membres inférieurs ;les fractures viennent ensuite (30 %),elles touchent les poignets, les épaules et les membres supérieurs ;la troisième place revient aux luxations (13 %), surtout au niveau des mains, des poignets et des membres supérieurs. Une hospitalisation a été nécessaire dans près de 15 % des cas. ■ La première étude contribue à établir le profil type du pratiquant de roller, afin de mieux cibler les actions de prévention. Une enquête a été réalisée auprès de 1 200 personnes sur 12 mois. Les adeptes du roller sont jeunes - 42 % ont entre 12 et 14 ans ; après 60 ans, ils ne sont plus que 0,3 %... - surtout des femmes (55 %, contre 45 % pour les hommes ; différence qui s’estompe avec l’âge), et vivent majoritairement en milieu urbain. Un peu plus d’un pratiquant sur Figure 1 : le port du casque parmi 10 déclare avoir utilisé un les pratiquants de roller, casque lors de sa dernière n = 1 192 (en %) sortie (davantage les D’après BEH 2001, n°13. hommes que les femmes) (Fig. 1). Les plus prudents dans ce domaine sont les 12-14 ans. Parmi les 15-29 ans, cette mesure est peu fréquente. Chez les adultes de plus de 30 ans, le port du casque est qualifié “d’aléatoire”. Sur la population évaluée, seulement 15 personnes ● Figure 2 : répartition des accidents de roller par localisation et type de lésion (en %). D’après BEH 2001, n° 13. % Mains Doigts Poignet Epaule Bras Avantbras Membre sup. Membre inf. Face Crâne Autre Total Contusion 40,3 34,5 33,5 35,1 42,8 22,7 70,6 61,1 40,4 Fracture 30,1 45,4 58 47,5 15,7 6,3 2,8 17,6 34,3 Luxation entorse 17,3 18,1 4,2 13,1 26,5 0 0 11,5 13,4 Plaie ouverte 8,7 0,2 1,6 2 11,8 70,3 24,8 4,1 9,1 Autre 3,6 1,9 2,7 2,4 3,2 0,8 1,8 5,7 2,8 MÉDECINS DU SPORT 4 N°43-AVRIL/MAI 2001 Tapez www.menarini.fr et découvrez le premier site francophone En direct du ministère “Pratiques sportives 2000” consacré à la médecine du sport L e ministère de la Jeunesse et des Sports a rendu public, le 30 mars dernier,les premiers résultats de l’enquête “Pratiques sportives 2000” menée conjointement avec l’Insep (Institut national du sport et de l’éducation physique). Cette enquête dresse un état des lieux des pratiques sportives, sur l’année 2000,au sein de la population française âgée de 15 à 75 ans. 36 millions de français déclarent pratiquer des activités sportives.Et, sur les 8 millions de sportifs pratiquant le sport en compétition, le pourcentage de femmes représente seulement 24 %. ■ Pour en savoir plus : http://www.jeunesse-sports.gouv.fr/français/stats.htm Mise à jour tous les mois Les différentes mesures de la pratique sportive de la population âgée de 15 à 75 ans. Types de pratiques En milliers de personnes En % des 15 à 75 ans Parmi ces pratiquants Femmes (%) Parmi ces pratiquants De 15 à moins de 30 ans (%) Compétition (club/association) Compétition (1) Club / Association Pratique une APS au moins une fois par semaine (2) Dont déclarations spontanées A pratiqué une APS au moins une fois dans l’année (2) Population des personnes de 15 à 75 ans 5 449 12 24 48 8 289 10 006 26 482 19 23 60 24 40 47 50 38 31 21 046 48 43 34 36 637 83 48 30 44 121 100 51 27 demandez votre code d’accès par e-mail à : [email protected] • Plus de 1 000 pages de documents consacrés à la médecine du sport • Plus de 500 photos classées par localisation anatomique • Des données épidémiologiques sur plus de 7 000 cas • Des articles originaux • Un accès aux moteurs de recherche bibliographiques et des liens vers de nombreux sites internet (Medline, CHU de Rouen, INSEP…) • Une base de données exclusive en médecine du sport • Le calendrier des événements sportifs (1) Le mot compétition recouvre les compétitions officielles, les manifestations sportives avec classements et les rassemblements. (2) La mesure intègre les personnes ayant déclaré une pratique d’APS après relance de l’enquêteur. * APS : activité physique et sportive. Source : enquête MJS/INSEP juillet 2000 Recherche : du tissu adipeux au cartilage C réer des cellules du cartilage à partir du tissus graisseux,c’est possible ! C’est du moins ce que semble démontrer une étude menée par des chercheurs américains qui souhaitent palier aux faibles capacités de réparation des lésions cartilagineuses et aux risques de morbidité locale que la transplantation autologue de chondrocytes implique. Après avoir isolé les cellules indifférentiées du stroma adipeux prélevé par lipoaspiration et les avoir mises en culture sous glucocorticoïdes et hormone de croissance, les chercheurs ont récupéré des cellules d’un phénotype identique aux chondrocytes. Les chercheurs considèrent déjà cette expérience comme une ébauche thérapeutique des lésions de cartilage articulaire dans les suites de traumatismes ou d’accidents de sport. ■ et l’index de tous les articles de Médecins du Sport, référencés depuis sa création. Etude présentée par le Dr F. Guilak, lors du congrès annuel de l’Orthopedic research society, San Francisco. MÉDECINS DU SPORT 5 N°43-AVRIL/MAI 2001 Le 8 avril dernier, près de 30 000 coureurs se sont élancés sur le parcours de la 25e édition du Marathon international de Paris. Cette épreuve constitue la seconde étape du “France running tour Adidas”, s’élevant ainsi à la 3e place sur le plan international, après Londres et New-York. D’un point de vue médical, le dispositif d’encadrement a été à l’échelle de l’épreuve : hors norme. Plusieurs dizaines de spécialistes de la brigade des sapeurs pompiers de Paris, de la Fédération nationale de la protection civile (FNPC) et du Samu de Paris ont été mobilisées. Médecins du Sport vous propose de faire le point sur l’organisation médicale, la préparation et les risques pathologiques auxquels s’exposent les coureurs sur l’une des plus difficiles épreuves sportives de l’année. ■ MÉDECINS DU SPORT 7 N°42-AVRIL/MAI 2001 DPPI DPPI de Paris Evénement : Marathon de Paris Marathon Evénement : Marathon de Paris «C haque marathon est une aventure humaine exceptionnelle et une victoire sur soi-même, raconte Joël Lainé, directeur du Marathon de Paris.Tous les coureurs vivent une expérience difficile à expliquer tant elle est intense et forte. Ils étaient près de 32 000 à s’élancer sur les Champs Elysées l’année dernière et cette année,les coureurs étaient toujours aussi nombreux et passionnés. Mais le marathon, c’est aussi 2 500 ans d’exploit et de souffrance.... La légende des 42,195 km débute en 490 av J.C. L’Athénien Philippides expire après avoir couru cette distance pour rapporter la nouvelle de la victoire de Marathon. Et le plus extraordinaire c’est que deux mille ans après,en 1886,un autre grec,Spiridon Louys, franchit le premier la barre des 3 heures, ouvrant un siècle de records. » Heureusement,les courses d’aujourd’hui, comme le Marathon de Paris sont rythmées par des ravitaillements tous les 5 km (eau minérale,raisins secs,oranges,bananes et citrons à partir du 25e km), des “épongements”tous les 5 km à partir du km 7,5, et les secours sont optimisés. « Le dispositif de secours du Marathon de Paris est placé sous le commandement opérationnel de la brigade des sapeurs pompiers de Paris, explique Emmanuel Hugo, le directeur départemental adjoint de l’urgence et du secourisme à la Croix Rouge.Il a été conçu par nos services en étroite collaboration avec la Brigade de Sapeurs Pompiers de Paris (bureau opérationsBSPP),la Préfecture de Police (service interdépartemental de la protection civile-SIPC), le Samu de Paris,la Fédération nationale de la protection civile (FNPC) et les organisateurs (Athlétisme Organisation) ». POSTES DE SECOURS KILOMÉTRÉS Au niveau des postes de secours, le dispositif est organisé de la manière suivante, précise Emmanuel Hugo : ● au départ : deux ambulances, e ● au 10 kilomètre : une tente de soins et une ambulance, e ● au 20 kilomètre : une tente de soins et deux ambulances, e ● au 25 kilomètre : une tente de soins et deux ambulances, e ● au 30 kilomètre : deux tentes de soins et trois ambulances, e ● au 35 kilomètre : deux tentes de soins et deux ambulances, e ● au 40 kilomètre : une tente de soins et deux ambulances. ● à l’arrivée : un poste médical avancé (Samu de Paris),sept tentes de soins,une unité mobile hospitalière (Samu de Paris) et trois ambulances,ainsi qu’une tente de soins podologiques et kinésithérapie. Toujours à l’arrivée, un poste de commandement regroupe l’ensemble des services (BSPP, Samu de Paris, Préfecture de Police (DOPC), Croix-Rouge, FNPC, Organisateurs). ASSISTANCE SANS FAILLE En cas d’incident sur le parcours de la course,celui-ci est immédiatement signalé au PC,soit par la police et de ses effectifs, déployés sur le parcours,soit par les organisateurs et ses signaleurs disséminés tout au long du parcours,ou encore par simple appel téléphonique au 18, au 112 ou au 15 directement renvoyé sur le PC. L’ambulance la plus proche est alors dirigée vers l’incident et, suivant les cas, la victime transportée vers un poste de secours ou l’hôpital après bilan transmis au PC Samu. En cas de nécessité, une équipe médicale est dirigée sur place en renfort des secouristes. Toutes les équipes de la Croix Rouge française, déployées sur le parcours et à l’arrivée sont dotées de défibrillateurs semi-automatiques permettant de traiter un arrêt cardiaque avec un maximum de chance de survie (c’est une nouveauté MÉDECINS DU SPORT 8 2001,car ce n’est que depuis la fin de l’année 2000 que les secouristes sont habilités à faire usage de cet appareil). Arrêts cardiaques et coups de chaleur « Aucune victime n’est transportée vers l’hôpital sans qu’un bilan n’ait été préalablement communiqué au médecin régulateur du SAMU de Paris présent au PC, remarque Emmanuel Hugo. De façon générale,les équipes d’assistance peuvent être amenées à faire face à un arrêt cardiaque sur le parcours.Bien que très rare, cet incident est le plus redouté des soigneurs. Ces derniers peuvent également traiter de graves coups de chaleur. Nous recommandons souvent aux coureurs de faire attention aux coups de chaleur et aux accidents qui en découlent. Et nous leur conseillons de ne jamais courir avec un coupe-vent,ce qui pourrait empêcher l’évacuation de la chaleur corporelle.Les autres interventions concernent des déshydratations, des problèmes d’hypoglycémie, des traumatismes et des plaies liés à des chutes sur le sol,des tendinites, des ampoules, des échauffements liés au frottement des vêtements sur la peau et, naturellement, des crampes.A titre indicatif, lors de l’édition 2000 Marathon de Paris nous avons effectué 1978 soins sur place, et 17 personnes ont été transportées à l’hôpital. » N°43-AVRIL/MAI 2001 Secours Ravitaillement Epongement Tout au plus, savons-nous utiliser les “armes” de la diététique pour habituer notre corps à l’effort soutenu que réclame la course.A titre d’exemple, rappelons, juste que, sur le plan de la nutrition, les marathoniens ont un besoin en oligoéléments plus important que les autres sportifs.Ils ont notamment fréquemment des carences en magnésium et en fer,dues aux pertes hydriques importantes et aux chocs répétés.De plus,le marathon exige une préparation diététique spécifique (visant à augmenter les réserves de glycogène musculaire et hépatique). Quant à l’entraînement,l’épreuve est une épreuve solitaire. Par conséquent à chacun sa charge de travail et sa répartition. Toutefois, il faut savoir que les deux dernières semaines avant le marathon sont aussi importantes que... les deux à trois mois de préparation qui le précèdent.»■ Propos recueillis par Cyril Hofstein Alimentation : UNE QUESTION D’ÉQUILIBRE Quel que soit le but que se fixent les coureurs, l’alimentation reste un élément incontournable pour le marathonien. Car même si la nutrition et l’hydratation ne permettent pas d’augmenter artificiellement les performances, les erreurs diététiques peuvent retentir sur l’entraînement et la performance lors du marathon, quel que soit le niveau de pratique du coureur. Voici donc quelques conseils pour arriver en bout de course (1). “Passion”, le mot est lâché, lance le Dr Burlat, médecin à Bandol, un des 60 membres du Marathon club médical. Car comment expliquer aux autres mieux qu’en invoquant la passion, les raisons pour lesquelles on court une telle distance ? Car un marathon fait mal, très mal même. Le bien et le mal « On souffre souvent de tendinite, au niveau des chevilles ou du genou,de douleurs musculaires,on risque des fractures de fatigue, des ampoules, des échauffements, des coups de chaleur, sans parler des microtraumatismes induits par les foulées sur le macadam. Et tout cela pourquoi ? Pour le plaisir de courir et d’aller au bout de soi-même. Un marathon est une expérience radicale et un art de vivre. Cette expérience est si profonde et si fascinante que le fait d’être médecin n’empêche pas de prendre des risques physiques pour finir une course.J’irais même plus loin en disant que le fait de bien connaître la pathologie traumatique de la course et la technopathie du marathon,ou des courses d’endurance encore plus longues,ne permet pas d’éviter d’être victime soi-même d’un problème de santé. » ➥ A L’APPROCHE DE LA COMPÉTITION Augmenter les stocks de glycogènes avec un régime hyperglucidique sur les trois derniers jours en arrêtant l’entraînement. ● 80 % de glucides, principalement complexes, dans la ration alimentaire assurent la réplétion maximale des stocks de glycogène de l’organisme avant le marathon. ● Le dernier repas, pris 3 h avant le début de l’épreuve est très digestible et composé de glucides lents. ● Et 15 min. avant le départ l’absorption rapide d’un demi-litre d’eau permet de constituer une réserve hydrique, qui aura quitté l’estomac 30 à 60 min après son absorption. ● ➥ EN COURSE Le marathonien doit faire face à la déshydratation et à la diminution des réserves énergétiques. ● Les pertes hydriques varient de 2,5 à 5 % du poids du corporel. ● La compensation en eau est primordiale, et doit se faire à hauteur de 50 % des pertes estimées. ● L’eau doit être fraîche (10-15 °C), et un mélange iso-osmotique (50 g de glucides par litre) est préférable pour ne pas diminuer la vitesse de vidange gastrique. ● L’absorption doit se faire tous les 5 km, et la quantité moyenne à absorber est d’un litre par heure. e ● Le 30 km correspond à l’épuisement des stocks de glycogènes, à compenser par un liquide modérément chargé en glucides (20 à 80g/l) MÉDECINS DU SPORT (1) D’après E Bouvat. Alimentation et marathon. Médecins du Sport 1996 ; 7 : 28-30. 9 N°43-AVRIL/MAI 2001 D.R. LA PASSION D’ABORD ! ● Augmenter la ration glucidique (jusqu’à 70 %), avec des glucides lents (pâtes, riz), assure la réplétion quotidienne des stocks de glycogènes. ● Abaisser à 15 % la dose de lipides. ● Ne supprimer ni les huiles de tables, pour les acides gras essentiels, ni les viandes rouges, pour les apports en fer. ● Boire au minimum 1,5 l d’eau pure par jour. D.R. ➥ EN PÉRIODE D’ENTRAÎNEMENT Evénement : Marathon de Paris Les “armes” de la diététique Chronomètrage L a traumatologie directement liée à la course à pied sur longue distance est largement dominée par la pathologie de surmenage, microtraumatique, même si toutes les entorses et autres lésions musculaires sont possibles.Tous les coureurs ne sont pas exposés de la même manière. ➜ Dis-moi pourquoi tu cours... Tout d’abord, il existe une énorme différence entre “courir le marathon”,et “courir pour faire un temps sur le marathon”. “Courir le marathon” Dans le premier cas, le coureur fera sa course en fonction de ses qualités physiologiques propres, éventuellement améliorées par un entraînement bien, ou moins bien,conduit et,si sa préparation est insuffisante,terminera dans la souffrance,en particulier musculaire. Ceci étant, suite à cet effort disproportionné mais ponctuel,une récupération satisfaisante s’effectuera pendant les quelques jours suivant la course, dans la grande majorité des cas. Un coureur un peu doué peut descendre jusqu’à 3h30 sans grosse préparation. “Courir pour faire un temps” Pour “faire un temps”,autour de 3h,il faut nécessairement s’entraîner. Pour progresser à l’entraînement, il faut combiner travail en “qualité” (vitesse) et en “quantité” (volume).Il importe de toujours évaluer le kilométrage hebdomadaire d’un coureur, pour se rendre compte de sa charge globale d’entraînement et apprécier les modifications d’une semaine à l’autre pour dépister une éventuelle progression trop rapide.C’est cette charge d’entraînement, précédant la course prévue,qui est à l’origine de la grande majorité des pathologies de surmenage que l’on peut rencontrer. Un seuil de tolérance très variable Par ailleurs, le seuil de tolérance, le point de rupture mécanique d’un individu donné est totalement imprévisible et très variable d’un coureur à l’autre : la seule façon de contourner l’écueil est de mener un entraînement suffisamment progressif pour que l’organisme ait une chance de s’adapter au travail supplémentaire qui lui est imposé et qui est souvent largement supra-physiologique, et pas forcément prévu par le patrimoine génétique. DPPI Evénement : Marathon de Paris Le Marathon, ça use ! ➜ Autant de pathologies que de coureurs La variété des lésions rencontrées chez le coureur à pied est très grande, augmentant avec les charges d’entraînement, y compris chez les simples amateurs. ment par tout marathonien souhaitant parvenir au bout de sa préparation et de sa course. Il lui faut 1 - investir dans des chaussures de qualité, 2 - s’astreindre à réaliser régulièrement des étirements des membres inférieurs 3 - respecter une lente progression dans le volume de son entraînement. Il est toujours très frustrant de “casser”en phase terminale d’entraînement. ■ Le tendon calcanéum surexposé Les deux structures les plus sollicitées sont sans doute le tendon calacanéum (exAchille), véritable organe de propulsion du coureur,et l’os,qui “encaisse”d’autant plus l’onde de choc de chaque foulée que Dr Hervé de Labareyre, Clinique des Lilas, Les Lilas. les muscles qui le protègent sont fatigués. Les tendinopathies calcanéennes sont classiques, LE MARATHON DE PARIS mais de types variés, et praEN QUELQUES CHIFFRES tiquement tous les os porteurs peuvent être le siège Un parcours de 42,195 kilomètres d’une fracture de fatigue. Si le coureur peut avoir une HUMAIN action sur les qualités bio30 000 coureurs 2 000 bénévoles mécaniques d’un tendon, 150 000 spectateurs améliorables par des exercices spécifiques qui vienEN-CAS nent compléter 22 000 assiettes de pâtes la veille du départ l’entraînement (étirements, 9 points de ravitaillement (tous les 5 km) stretching),il n’a aucune pos60 000 bananes et oranges à l’arrivée sibilité active sur l’os qui est 14 250 kg d’oranges sur le parcours adaptable à l’effort par lui400 000 bouteilles d’eau même,à condition qu’on lui 30 000 barres énergétiques en laisse le temps. 30 000 éponges Un élément passif de protection majeur est à mettre SECOURS en avant : la chaussure. Par Pompier : 1 PC - 1 médecin - 1 officier - 8 gradés et la qualité de sa semelle,cellesapeurs ci doit permettre de protéSAMU : 1 PC - 1 UMH - 1 logistique - 1 PMA médecins ger le tendon et d’amortir dont un régulateur les impacts au sol. Trois règles d’or Trois paramètres simples sont à respecter impérative- MÉDECINS DU SPORT 10 INFIRMIERS ET AMBULANCIERS ET PERMANENCIER Croix-Rouge : 1 PC - 9 ambulances - 220 secouristes Protection civile : 1 PC - 6 ambulances - 70 secouristes 100 élèves kinésithérapeutes et podologues N°43-AVRIL/MAI 2001 Des clichés d’actualité Malgré l’arrivée des techniques modernes d’imagerie (scanner et surtout IRM), les clichés simples sont toujours d’actualité. Ils gardent toute leur importance et constituent la première étape indispensable dans le bilan paraclinique d’une épaule douloureuse ou traumatique chez un sportif. V D.R. Imagerie Radiographies de l’épaule oici, en pratique, les incidences de base pour explorer une épaule, après un traumatisme. L’ÉPAULE DE FACE Sur un sujet assis ou debout, en oblique postérieure de 35 à 40° pour enfiler correctement l’interligne gléno-huméral, on inclinera le rayon de façon variable, d’une trentaine de degrés en général, pour enfiler l’espace sous-acromial (Fig. 1). Critères de réussite du cliché Ils résident dans : ● la superposition des rebords glénoïdiens ; ● le bon dégagement de l’espace sousacromial ; ● un cintre omo-huméral bien dessiné. Trois rotations Cette incidence sera réalisée (si la mobilité le permet) avec trois rotations : interne, neutre ou indifférente et enfin, externe. Sur la rotation interne, la tête humérale est ronde, seul le trochin en dedans présente une petite saillie parfaitement bien visible. En rotation externe, les deux tubérosités sont dégagées, en particulier la partie antéro-supérieure du trochiter et le trochin, qui fait cette fois saillie en dehors. Sur la rotation neutre, le trochin n’est pas visible, car superposé à l’ensemble de la tête humérale, on visualise bien la face supérieure du trochiter. solution de continuité sur les différentes rotations). Un cliché d’épaule normal n’élimine pas le diagnostic de fracture du trochiter non déplacée, surtout sur une seule rotation. On complétera le bilan, si nécessaire, à 8 jours, avec différentes rotations. ● L’analyse de la glène,de l’apophyse coracoïde et du cintre acromio-claviculaire, Quels sont les renseignements obtenus ? La position de la tête humérale par rapport à la glène. ● La structure osseuse de la tête. ● La visibilité de l’interligne. ● L’épaisseur de l’espace sous-acromial, qui doit toujours être supérieure à 7 mm, notamment en rotation externe (intérêt dans les ruptures complètes de la coiffe). ● Les contours de la tête humérale (sur le cliché en rotation interne, recherche d’une encoche postérosupérieure (Fig. 2) ; analyse des tubérosités, en particulier du trochiter, à la recherche d’une petite ● 1 Figure 1 : épaule de face : l’inclinaison dépend de la pente de l’acromion MÉDECINS DU SPORT 12 N°43-AVRIL/MAI 2001 RD 20-30° Mots clés Dr Philippe Thelen* Epaule Radiographie 2 Imagerie traumatique 3 45° 45° RD Figure 2 : encoche humérale postéro-supérieure typique d’un épisode d’instabilité antérieur. Figure 3 : vue apicale oblique. même si l’interligne acromio-claviculaire n’est pas visible. VUE APICALE OBLIQUE OU “INCIDENCE DE GARTH” Le patient est toujours en oblique postérieur de 30° à 40° par rapport à la table.Le tube est incliné crânialement au maximum (le patient peut se pencher légèrement en avant,pour faciliter la réussite du cliché) et le bras est placé en rotation interne (Fig.3).La tête humérale apparaît ronde,les portions antéro-inférieure et postéro-supérieure de la glène sont dégagées,l’apophyse coracoïde est projetée en avant et le cintre acromio-claviculaire n’est plus superposé. Que permet ce cliché ? Une vue supérieure de l’épaule. ● Un dégagement du rebord glénoïdien antéro-inférieur fréquemment avulsé dans les instabilités antérieures. ● L’analyse du contour postéro-externe de la tête humérale (intérêt dans les recherches d’encoches post-traumatiques après luxation). Les encoches, même minimes, sont mieux repérées. ● Une bonne visualisation de l’apophyse coracoïde. ● D’apprécier la situation de la tête humérale par rapport à la glène (luxation postérieure ou subluxation antérieure). Ce cliché, sans mobilisation du bras, donne des renseignements souvent similaires au profil glénoïdien. ● 4 PROFIL DE COIFFE OU PROFIL DE LAMY Le patient est en position debout, cette fois-ci en oblique antérieure de 45° en général, l’épaule à examiner contre la plaque. Le bras est le long du corps, le rayon est en général descendant afin de dégager l’espace sous-acromial (Fig. 4). Critères de réussite du cliché ● Une vue d’omoplate de profil sous la forme d’un Y. ● La glène est donc vue de face. ● Bon dégagement du cintre acromio-claviculaire recouvrant la tête humérale. ● La tête humérale est centrée sur le Y de l’omoplate (l’une des variantes consiste à dégager la diaphyse humérale, pour permettre une analyse isolée de l’écaille de l’omoplate). Quelle utilité ? Ce cliché est particulièrement utile dans : ● les fractures de l’omoplate, en particulier l’écaille, l’apophyse coracoïde et l’acromion ; ● les fractures de l’extrémité supérieure de la tête humérale (présence d’une bascule postérieure ?) ; 45-60° RD RD Figure 4 : profil de coiffe. MÉDECINS DU SPORT 13 N°43-AVRIL/MAI 2001 Imagerie 6 5 Figure 5 : profil de coiffe dégageant le rebord acromial crochu. les luxations acromio-claviculaires ; l’étude de la coiffe des rotateurs (calcification, espace sous-acromial) (Fig. 5). ● ● Les trois incidences que nous venons de décrire représentent les trois clichés de base pour étudier une épaule en radiologie simple. On remarquera qu’ils ne nécessitent aucune mobilisation du membre supérieur. Ils peuvent être réalisés sur une épaule traumatique à un stade aigu. INCIDENCES COMPLÉMENTAIRES Le défilé de clavicule Le patient est en décubitus, la tête tournée du côté opposé à l’épaule traumatique, le rayon est centré au milieu de la clavicule et incliné de 20°,en général vers le haut. Cette inclinaison permet de dégager la clavicule par rapport au thorax. Ce cliché est, bien évidemment, utile dans les traumatismes de la clavicule. Incidences acromio-claviculaires Les clichés sont réalisés là aussi en dosplaque, tout d’abord rayon droit, en général comparatifs, puis avec un rayon ascendant pour bien dégager l’interligne acromio-claviculaire. Ces clichés pourront être complétés par une incidence en rotation interne et en abduction, afin de rechercher une éventuelle réduction d’une subluxation claviculaire (Fig. 6). En effet, dans les stades II (intégrité des ligaments coraco-claviculaires) la subluxation supérieure de la clavicule se réduit en abduction, contrairement au stade III (rupture des ligaments coracoclaviculaires) où la subluxation s’aggrave. On pourra également réaliser, toujours sur ces incidences acromio-claviculaires, des clichés avec poids afin de mettre en évidence une petite subluxation, moins bien visible spontanément. * Radiologue, clinique Nollet, Paris. Figure 6 : luxation acromio-claviculaire. Le profil glénoïdien ou incidence de Bernageau (Fig. 7) Il s’agit d’un cliché en général comparatif. Le patient est placé en oblique antérieur, presque de profil, le bras en élévation maximale, le rayon est descendant. Le cliché réussi permet de dégager les deux tiers antéro-inférieur de la glène qui se superpose à l’apophyse coracoïde. Un profil glénoïdien dépassé permet d’analyser uniquement le tiers inférieur de la glène. L’intérêt de ce cliché réside dans la mise en évidence d’un éculement ou d’une fracture du rebord antéro-inférieur de glène. On peut mettre également en évidence une subluxation antérieure ou postérieure spontanée de la tête humérale. Ce cliché sera réalisé au décours d’un épisode traumatique. Compte tenu de l’élévation maximale du bras, il ne peut être réalisé à la période aiguë. Manœuvre de Leclercq Il s’agit d’un cliché dynamique pour rechercher une rupture de la coiffe, et plus particulièrement du sus-épineux. Cette manœuvre est réalisée sur une épaule de face, ou sur un profil de coiffe. Le patient porte une charge en abduction (30°). On peut le réaliser également 7 Figure 7 : profil glénoïdien. MÉDECINS DU SPORT 14 en abduction contrariée. L’espace sousacromial normal mesure de 9 à 10 mm. Inférieur à 7 mm, il est considéré comme pathologique. Les clichés seront réalisés de façon comparative dans les mêmes conditions. Le pincement sous-acromial est, de toute façon,un signe tardif de rupture de coiffe, en général pour des lésions étendues associant le sus-épineux au sous-épineux. Actuellement, on propose une autre incidence afin d’apprécier l’épaisseur de la coiffe. Il s’agit d’un cliché en position couchée dos-plaque, où l’on recherche, là aussi, un pincement de l’espace sousacromial. Incidence de Bloom et Obata Le patient est debout, en hyperlordose contre une table horizontale.L’épaule examinée est en rétropulsion,le rayon est centré sur la pointe de l’acromion.La cassette est posée sur la table.Les critères de réussite sont une tête humérale dégagée de toute superposition (il s’agit d’une vue pratiquement supérieure de l’interligne gléno-huméral).Cette incidence sans mobilisation du membre supérieur,est intéressante pour mettre en évidence une luxation postérieure.Celle-ci peut être suspectée sur un cliché de face,si l’interligne articulaire est diminué d’épaisseur,ou s’il existe un chevauchement de la tête et de la glène.Actuellement,on lui préfère plus volontiers la vue apicale oblique et le profil de coiffe,qui permettent également de mettre en évidence une subluxation ou une luxation postérieure. CONCLUSION Les radiographies simples restent un préalable indispensable dans l’exploration d’une épaule traumatique.De simples clichés d’épaule de face,en profil de coiffe, voire une vue apicale oblique, apportent de nombreux renseignements, complétant et orientant la clinique. Ces clichés, considérés comme normaux,n’éliminent pas totalement une fracture non déplacée. Si la clinique est évocatrice, on complétera le bilan par de nouvelles incidences spécifiques ou par de nouvelles radiographies de face 3 rotations, une semaine après le traumatisme. ■ Schémas tirés de : Imagerie Médicale. Radiologie conventionnelle sans produit de contraste. Tome 1, 2e édition Editions Médicales Heures de France, 1992. N°43-AVRIL/MAI 2001 < DOSSIER > Diagnostic des tendinopathies de la cheville DR HERVÉ DE LABAREYRE* DR ERIC BOUVAT** DR JEAN LOUIS BRASSEUR*** DR BERNARD ROGER*** Devant une souffrance tendineuse de la cheville, le clinicien doit procéder à un examen clinique minutieux couplé à un bilan d’imagerie, afin de guider au mieux son attitude thérapeutique. Sommaire Introduction Imagerie Diagnostic Le couple RX - L’examen clinique standard ● ● Page 16 A - L’interrogatoire B - L’examen clinique Les différentes lésions Page 18 A - La péritendinopathie ● B - La pathologie osseuse traumatique ● C - La tendinopathie d’insertion ● D - La rupture avec discontinuité ● E - La rupture progressive avec allongement ● F - La rupture partielle ● G - Les syndromes fissuraires ● H - La luxation D.R. ● Mots clés Cheville Tendon Imagerie * CLINIQUE DES LILAS, LES LILAS. ** UNITÉ DE BIOLOGIE ET MÉDECINE DU SPORT, CHU GRENOBLE. *** SERVICE DE RADIOLOGIE CENTRALE, HÔPITAL DE LA PITIÉ-SALPÉTRIÈRE, PARIS. MÉDECINS DU SPORT 15 échographie Page 20 ● A - Intérêt des clichés radiologiques standard ● B - Echographie des pathologies tendineuses ● C - Conclusion La tomodensitométrie et l’IRM ● ● ● Page 25 A - La tomodensitométrie B - L’IRM C - Conclusion Conclusion Page 28 Bibliographie Page 28 N°43-AVRIL/MAI 2001 < DOSSIER > D.R. Diagnostic des tendinopathies de la cheville Introduction Devant une souffrance tendineuse de la cheville, le clinicien doit chercher à répondre à deux questions : quel est le tendon qui souffre et quelle lésion celui-ci présente-t-il ? Si l’on exclut le tendon calcanéen et que l’on ne s’intéresse qu’aux autres tendons de la cheville, l’interrogatoire et l’examen clinique systématisés permettent habituellement de répondre à la première question, mais souvent sans pouvoir obtenir plus qu’une approximation sur le type de lésion en cause. En effet, à partir d’un tableau clinique assez standardisé fait de douleurs, de gonflements et de gêne fonctionnelle plus ou moins marquée, il importe de relever les éléments plus spécifiques qui orientent vers tel ou tel tendon, en s’appuyant sur un testing musculo-tendineux très analytique. Le terme de “tendinopathie” est toujours préféré à celui de “tendinite” en pathologie mécanique, car on ne retrouve pas de cellules inflammatoires en intratendineux, ce qui n’est pas vrai en péritendineux. La découverte de symptômes véritablement inflammatoires, tout comme un contexte biologique rhumatismal, peut faire écarter l’origine microtraumatique de la souffrance tendineuse. Ce n’est que dans un deuxième temps que l’imagerie orientée prend alors toute son importance pour préciser la lésion en cause. Des moyens d’imagerie très performants sont à la disposition du clinicien : la démarche dans la demande de ces examens complémentaires est fonction des habitudes et de l’environnement médical. Diagnostic Dr Hervé de Labareyre* Dr Eric Bouvat** L’examen clinique standard ■A - L’interrogatoire Comme toujours, il s’agit de l’étape primordiale de l’examen clinique. L’accumulation des renseignements fournis par le patient permet souvent de prendre, d’emblée, une meilleure orientation diagnostique. L’interrogatoire permet : • de préciser les modalités d’apparition des symptômes (brutale ou progressive, traumatique ou dans un contexte de surmenage, contexte sportif, modification de matériel…) ; • d’évaluer leur ancienneté ; • d’apprécier le retentissement fonctionnel dans la vie quotidienne au travers d’activités simples ou par l’analyse de gestes techniques sportifs plus complexes. La comparaison des symptômes d’une consultation à l’autre permet de se faire une idée, à la fois précise et objective, de l’évolution favorable, ou non, du problème tendineux présenté par le patient ; • de faut faire préciser quels ont été les traitements préalablement tentés, en les faisant détailler et en appréciant leurs résultats à court et plus long terme. Une éventuelle période de repos doit être quantifiée, et son efficacité doit être évaluée ; • de retrouver la notion d’antécédents “d’entorses” ou de fracture de la cheville ou du pied, est intéressante à préciser, car ces traumatismes peuvent MÉDECINS DU SPORT 16 masquer une lésion tendineuse initiale ou entraîner des lésions secondaires. ■B - L’examen clinique L’inspection La simple inspection, temps initial de l’examen, permet parfois d’apprécier le gonflement en regard de l’un des tendons superficiels de la cheville, donnant une orientation lésionnelle précieuse, du fait de sa topographie (Fig. 1). La morphologie de la cheville et du pied est d’emblée appréciée par un examen statique comparatif : existe-t-il une ● N°43-AVRIL/MAI 2001 < < DOSSIER DOSSIER > > Diagnostic des tendinopathies de la cheville Figure 1 : péritendinopathie du TP gauche. Empâtement péri-malléolaire médial. Tendance à l’avant-pied valgus. tendance au pied plat valgus, au pied creux varus ? existe-t-il un calcanéum en varus ou en valgus ? L’analyse statique de l’empreinte plantaire sur podoscope fait partie de ce temps de l’examen (Fig. 2). Les tests dynamiques Quelques tests dynamiques en charge permettent d’apprécier la fonction de la cheville et du pied. En dehors de la marche simple, il ne faut pas hésiter à demander au patient de marcher sur la pointe des pieds puis sur les talons. L’accroupissement, en demi-pointe ou pied à plat, suivi de la montée sur demipointe et du saut sur place, sont effectués, d’abord en bipodal, puis en monopodal. Il faut noter la qualité du ● Figure 2 : vue podoscopique. Empreinte de pied creux à gauche. geste réalisé, ainsi que le réveil éventuel d’une douleur et sa localisation. Le diagnostic d’une tendinopathie passe par le classique trépied de la douleur réveillée au testing isométrique, à la palpation et lors de l’étirement. En ce qui concerne les tendons longs de la cheville et du pied, il importe de bien connaître les trajets tendineux et les insertions de façon à mobiliser l’ensemble des articulations intéressées (Tab. I). Les tests isométriques Le testing isométrique des tendons longs de la cheville et du pied doit toujours se faire en se basant sur le schéma de Kapandji (Fig. 3) qui cloisonne la cheville en quatre compartiments : celui des fléchisseurs dorsaux et inverseurs, celui Tableau I : trajets et insertions des tendons de la cheville. des fléchisseurs TENDON SITUATION - TRAJET INSERTION dorsaux et éverseurs, celui des fléTA - le plus médial des tendons antérieurs C1 chisseurs plantaires - passe dans un dédoublement du lig. ant. du tarse + base de M1 et inverseurs, et enfin, celui des fléTP - le plus médial des tendons postérieurs tubercule os navicul. - retromalléolaire médial + multiples insertions chisseurs plantaires - passe sous le rétinaculum médial plantaires et éverseurs. Plu- s’étale sous le pied de DD en DH sieurs tendons peuvent se trouver LFH - passe à la face postérieure du talus P II de l’hallux dans le même en dedans de la queue du talus compartiment, et - passe à la face médiale du calcanéus pour tester l’un d’entre eux spéciCF - le plus latéral des tendons postérieurs tubercule de MV - passe entre la face postérieure de la fibula et le LF, fiquement, il faut sous le rétinaculum latéral annuler l’action - passe au-dessus du tubercule des fibulaires, des autres. Ainsi, à la face latérale du calcanéus par exemple, le LF - recouvre le CF en région rétro-fibulaire, face plantaire base MI tibial postérieur sous le rétinaculum latéral doit être testé en - passe au-dessous du tubercule des fibulaires, demandant une à la face latérale du calcanéus flexion plantaire et - fait un coude au niveau de la gouttière du cuboïde - croise la plante du pied de DH en DD une inversion, ● MÉDECINS DU SPORT 17 mais également une flexion dorsale des orteils, qui annule l’action parasite des fléchisseurs plantaires des orteils (Fig. 4, 5 et 6). Le testing peut être sensibilisé en effectuant les manœuves, d’abord en course interne, puis en course externe : la difficulté croissante de l’exercice peut parfois mettre en évidence une lésion mineure. Les tendons les plus distaux du pied doivent donc être testés sans oublier leur action dans la mécanique de la cheville (Fig. 7). La palpation La palpation doit se faire le long de tous les trajets tendineux, si cela est possible. Certains sont facilement accessibles, du fait de leur parcours directement souscutané (tibial antérieur [TA], tibial postérieur [TP], fléchisseurs dorsaux des orteils, court fibulaire [CF]), d’autres sont plus inaccessibles, car plus profonds (fléchisseurs plantaires des orteils, long fibulaire [LF]). L’existence d’une crépitation à la mobilisation active ou passive est un élément d’orientation capital vers une ténosynovite, mais cet élément n’est pas constant. Un épaississement étendu, ou un nodule bien limité, peuvent être retrouvés sur une corde tendineuse. Parfois, c’est l’impossibilité de palper le relief normal du tendon qui mettra sur la piste d’une rupture (Fig. 8). ● Il faut faire mention d’un élément clinique propre au long fléchisseur de l’hallux, particulièrement exposé chez les danseuses classiques. La flexion plantaire forcée ou brusque de la cheville est susceptible de réveiller une douleur par coincement local de ce tendon, comme dans un syndrome du carrefour postérieur classique. L’atteinte tendineuse peut d’ailleurs être la N°43-AVRIL/MAI 2001 Diagnostic des tendinopathies de la cheville < DOSSIER > conséquence d’un conflit avec la queue du talus. L’existence d’un ressaut tendineux à la mobilisation de P2 sur P1 de l’hallux est également très évocatrice d’une rupture partielle avec nodule localisé, ou d’une sténose. Figure 3 : coupe de cheville. D’après Kapandji. Figure 4 : testing du TP. Flexion plantaire + inversion du pied + flexion dorsale des orteils. Figure 5 : testing du TA. Flexion dorsale + inversion du pied + flexion plantaire des orteils. Figure 6 : testing du CF. Eversion pure du pied avec discrète flexion plantaire. Figure 7 : testing du LFH en course externe (flexion dorsale de la cheville + flexion dorsale de l’hallux). Figure 8 : rupture duTP, la corde tendineuse n’est pas palpable. LEH Axe de pronation - supination et d’abduction - adduction LEO TA FT Flex Add Supin Flex Add Pron Ext Add Supin Ext Abd Pron TP CF FCO LF LFH TC Tableau II : nouvelle dénomination des tendons de la cheville ANCIENNE DÉNOMINATION Jambier antérieur Jambier postérieur Long péronier latéral Court péronier latéral Péronier antérieur (inconstant) Extenseur propre du gros orteil Extenseur commun des orteils Long fléchisseur commun des orteils Long fléchisseur propre du gros orteil Tendon d’Achille NOUVELLE DÉNOMINATION ABRÉVIATION Tibial antérieur Tibial postérieur Long fibulaire Court fibulaire Fibulaire terminal Long extenseur de l’hallux Long extenseur des orteils Fléchisseur commun des orteils Long fléchisseur de l’hallux Tendon Calcanéen TA TP LF CF FT LEH LEO FCO LFH TC Les différentes lésions L a liste est relativement longue, et explique la présence de tableaux cliniques variés pour chaque tendon. La difficulté diagnostique est donc réelle, la variété des données de l’imagerie est grande et les solutions thérapeutiques doivent être adaptées à chaque cas. En pratique clinique, tous les tendons ne présentent pas toutes les lésions possibles, bien que cela soit théoriquement imaginable. Le tibial postérieur représente sans doute un modèle d’étude, car c’est le seul tendon qui présente fréquemment l’une ou l’autre des différentes lésions possibles (Fig.9). On peut théoriquement retrouver les lésions suivantes : • la péritendinopathie, terme préféré à celui de ténosynovite, qui a une connotation plus inflammatoire, traduit l’existence de phénomènes de friction du tendon dans sa gaine. Il n’est pas rare que cette manifestation péri-tendineuse soit, en fait, la première manifestation d’une authentique souffrance du tendon lui-même ; MÉDECINS DU SPORT 18 N°43-AVRIL/MAI 2001 < DOSSIER > Diagnostic des tendinopathies de la cheville Figure 9 : les différentes lésions tendineuses. localisations font partie des points critiques à palper pour respecter les critères d’Ottawa en ce qui concerne la demande d’examens radiographiques, dans le cadre de traumatismes de la cheville et du pied. TP Tendinopathie d’insertion Péritendinopathie Rupture partielle Fissuration longitudinale Rupture sans discontinuité allongement Rupture avec discontinuité Arrachement du tubercule naviculaire Pathologie de friction dans la gaine Déformation du pied par allongement du tendon • la pathologie osseuse traumatique de la zone d’insertion (fracture-arrachement). Il faut noter le cas particulier de la possible mobilisation traumatique d’un os naviculaire accessoire par le TP, réalisant une “fracture” de la synchondrose jusquelà parfaitement bien tolérée ; • la tendinopathie d’insertion de l’adulte ou enthésopathie que l’on peut parfois rapprocher d’une apophysite de croissance chez l’enfant (traction excessive du TP sur l’os naviculaire à l’origine d’un os accessoire ou du CF sur la styloïde du 5e métatarsien à l’origine d’une fragmentation temporaire du noyau d’ossification) ; • la rupture traumatique totale avec discontinuité tendineuse ; • la rupture progressive, sans discontinuité tendineuse mais allongement progressif du tendon, par interposition progressive d’un tissu cicatriciel, avec épaississement modéré du calibre du tendon ; • la rupture partielle, sans allongement, créant une zone rétrécie et plus fragile et une zone épaissie, à l’origine de phénomènes de friction bruyants ; • la fissuration ; • la luxation (beaucoup plus rare que les ruptures pour le TP, à l’inverse des fibulaires). Toutes ces entités pathologiques peuvent, en principe, concerner tous les tendons de la cheville, mais l’expérience montre que rares sont ceux qui présentent une aussi grande variété lésionnelle. Certaines ruptures (extenseurs, FCO) ne se rencontrent qu’en cas de traumatisme extrinsèque, avec ou sans plaie cutanée. Une pathologie particulière est à souligner, celle de l’inconstant os péronier, inclus dans le long fibulaire et qui n’a pas son équivalent pour les autres tendons. ■A - La péritendinopathie Elle peut prendre plusieurs aspects. La plus facile à diagnostiquer est la “ténosynovite” crépitante, grâce à la simple palpation. Les “ténosynovites” exsudatives ou sténosantes sont plus souvent rencontrées dans un contexte inflammatoire et les tableaux sont souvent plus bruyants. Un bilan biologique peut être utile dans ce cas, à l’inverse des autres tendinopathies. Il convient néanmoins de se méfier d’une péritendinopathie, premier symptôme d’une tendinopathie vraie, ou déjà contemporaine de celle-ci. L’échographie doit donc également préciser la structure tendineuse quelle que soit l’évidence de l’épanchement. ■B - La pathologie osseuse traumatique Le contexte clinique et la connaissance du site d’insertion du tendon permettent de guider le bilan radiographique et, par là, le diagnostic. Parmi les lésions les plus fréquemment retrouvées, citons le tubercule de l’os naviculaire (TP), la styloïde du 5e métatarsien (court fibulaire), le 1er cunéiforme et la base du premier métatarsien (TA). Soulignons que les deux premières MÉDECINS DU SPORT ■C - La tendinopathie d’insertion La palpation précise de la zone d’insertion, associée à la douleur au testing musculo-tendineux, en particulier en course externe, guideront l’éventuelle demande d’imagerie. ■D - La rupture avec discontinuité Il s’agit de la rupture la plus facile à diagnostiquer. Le testing met en évidence une “non-fonction” musculo-tendineuse complète, à condition de bien isoler le tendon pathologique. Le tendon n’est pas palpable (Fig. 8). Lorsque le tendon joue un rôle dans la statique du pied, son absence entraîne une déformation progressive : la rupture du tibial postérieur s’accompagne d’un pied plat valgus, par non-fonction du TP et traction des fibulaires (Fig. 10), la rupture des deux fibulaires s’accompagne d’un pied creux varus par le mécanisme inverse (Fig. 11). Le siège exact de la rupture ne peut être déterminé que par l’imagerie. Figure 10 : rupture du TP gauche. Pied plat valgus : valgus calcanéen, affaissement de l’arche médial, avant-pied valgus (2 orteils et demi sont visibles à gauche contre seulement 2 à droite). Figure 11 : rupture des deux fibulaires, pied creux varus : varus calcanéen, réhaussement de l’arche médial, avant-pied varus. 19 N°43-AVRIL/MAI 2001 Diagnostic des tendinopathies de la cheville ■E - La rupture progressive avec allongement Le tableau est toujours plus insidieux, car la fonction tendineuse ne se dégrade que progressivement. Le testing n’est pas strictement normal et le tendon peut être palpé en cours d’évolution. Aux phénomènes déficitaires progressifs, s’ajoutent des signes modérés de friction du tendon dans sa gaine (douleurs, gonflement, inflammation locale), du fait de l’épaississement tendineux. Si le diagnostic n’est pas fait à un stade précoce, le tableau finit par être tout à fait superposable à celui d’une rupture avec discontinuité. ■F - La rupture partielle Le tableau clinique est dominé par les signes témoignant de la friction du tendon dans sa gaine, du fait de la présence d’une zone cicatricielle rétractée, appendue en grelot sur le tendon et augmen- < DOSSIER > tant nettement son calibre. Paradoxalement, il peut également s’y associer un tableau trompeur d’allongement tendineux par inhibition fonctionnelle pure du muscle correspondant, à cause de la douleur. Là encore, l’imagerie sophistiquée permet de bien localiser la zone lésionnelle. ■G - Les syndromes fissuraires Le tendon est fissuré longitudinalement en deux ou plusieurs brins. Ce type de lésions survient lorsqu’existent certains facteurs favorisant. Le plus important d’entre eux est sans doute la notion d’antécédent(s) traumatique(s) de la cheville, surtout s’il persiste une laxité. Des facteurs anatomiques entrent également en ligne de compte : on peut citer les notions de proximité osseuse, de coude dans le trajet tendineux, de proximité entre plusieurs tendons, d’instabilité tendineuse... Les TA, TP et le fléchisseur propre de l’hallux sont particulièrement exposés. Aux symptômes traduisant le dysfonctionnement tendineux (ressaut, claquement, instabilité...) s’associent les signes cliniques témoignant d’une pathologie de friction modérée. ■H - La luxation Il s’agit de la survenue d’un trajet tendineux anormal, habituellement par rupture des moyens de contention anatomiques. Ce type de lésion intéresse avant tout les fibulaires et, plus rarement, le TP. Le diagnostic initial est souvent très difficile à établir, car la réduction de la luxation est généralement immédiate et que les phénomènes douloureux, hémorragiques et œdémateux, empêchent de la reproduire. A distance, on peut se trouver face à une instabilité tendineuse récidivante, ou à une luxation chronique, le tendon restant fixé dans une chambre de décollement. Le diagnostic clinique tardif est généralement assez aisé, à condition d’aider le tendon à se luxer lors du testing, s’il n’est pas en permanence en situation anormale.■ Imagerie L a place des différents examens n’est pas identique selon que le bilan est fait dans un contexte traumatique récent, à distance d’un accident, ou encore dans un contexte de souffrance d’apparition progressive chronique. Seul un examen clinique suffisamment précis permet d’orienter utilement le radiologue : dans Dr Jean Louis Brasseur*** certains cas, celui-ci confirmera un diagnostic fortement suspecté, ailleurs il pourra déceler des anomalies peu parlantes cliniquement. Le couple RX-échographie F réquemment utilisées pour le tendon calcanéen, les indications de l’ultrasonographie sont peu connues pour l’étude des autres tendons de la cheville, alors que le couple radiographie + échographie est extrêmement performant. Les avantages de la méthode ultrasonore sont bien connus. Il s’agit d’un examen facilement accessible, peu onéreux et non irradiant, qui bénéficie d’une spé- cificité dynamique réalisant une véritable échoscopie, fort utile pour étudier la mobilité tendineuse. De plus, la topographie superficielle des tendons de la cheville rend possible l’utilisation de sondes de haute fréquence, possédant une excellente résolution spatiale. Les inconvénients ne sont pas négligeables. Il s’agit en premier lieu de la difficulté de réalisation qui implique une connaissance correcte de l’anatomie MÉDECINS DU SPORT 20 sous-jacente et des différents aspects échographiques pathologiques. De plus, le trajet incurvé de certains tendons est source d’artefacts entraînant l’apparition de fausses images hypoéchogènes. Une technique rigoureuse est donc de mise et, en particulier, la présence des malléoles impose l’utilisation d’un matériel d’interposition permettant “d’absorber” leurs reliefs. N°43-AVRIL/MAI 2001 < DOSSIER > Il ne faut, par ailleurs, jamais perdre de vue que l’échographie n’est qu’une technique d’imagerie complémentaire des clichés radiographiques standard, car si les ultrasons montrent les éléments anatomiques que la radiographie ignore, l’échographie ne peut, en revanche, en aucun cas être utilisée isolément, sous peine de méconnaître une lésion (tumorale par exemple) sous-jacente ; la nonobservance de ce principe est malheureusement à l’origine de graves erreurs. Le “couple” radiographie-échographie est donc indispensable. ■A - Intérêt Diagnostic des tendinopathies de la cheville Ce n’est qu’après ce bilan standard que l’on s’oriente vers les investigations permettant de visualiser la structure tendineuse, les clichés radiographiques ne montrant que les contours tendineux. ■B - Echographie des pathologies tendineuses Certaines des différentes pathologies retrouvées au niveau des tendons de la cheville sont tout à fait spécifiques et ne sont pas toujours observées au niveau d’autres articulations. Rupture totale Dans ce cadre des ruptures tendineuses, on évoque toujours en premier lieu les atteintes traumatiques. Mais il faut également mentionner celles qui surviennent en dehors d’un contexte mécanique, en particulier lors des maladies inflammatoires, voire après la prise de fluoro-quinolones, ce qui impose d’intégrer l’analyse ultrasonore dans le contexte clinique. En dehors du tendon d’Achille, la sémiologie échographique des ruptures tendineuses se marque par une perte du parallélisme des bords, une interruption des fibres et un défect, le plus souvent hypoéchogène, voire anéchogène. Le rôle de l’étude échographique est, bien entendu, de préciser le caractère complet de la rupture grâce aux épreuves dynamiques (Fig. 13), mais aussi d’apprécier le degré de rétraction et la qualité des structures tendineuses et ● des clichés radiologiques standard Les clichés radiographiques standard précèdent toute autre investigation et sont indispensables en premier lieu pour vérifier l’aspect de la trame osseuse sousjacente à la zone douloureuse : recherche de foyers infectieux, tumoraux, mais aussi d’algodystrophie, de fissuration... Les différents interlignes articulaires font l’objet d’une attention particulière pour dépister un pincement suspect de correspondre à une atteinte inflammatoire ou infectieuse, mais surtout à une lésion mécanique focale d’hyperutilisation, parfois consécutive à un trouble statique ou à une séquelle traumatique. Les incidences classiques sont réalisées, mais aussi des clichés centrés, légèrement sous-dosés, tangentiellement à la zone douloureuse. Leur but est : • de visualiser d’éventuelles irrégularités de surface osseuse constituant des épines irritatives pour les tendons de voisinage ; • de repérer les calcifications intra-tendineuses ; • de montrer les tuméfactions des parties molles adjacentes orientant vers une région précise ; • et surtout, au niveau des tendons fibulaires et du tibial postérieur, d’éliminer une écaille osseuse para-malléolaire qui signe, de manière formelle, un antécédent de luxation tendineuse (Fig. 12). MÉDECINS DU SPORT musculaires d’amont (rôle du Doppler couleur), afin de quantifier au maximum la lésion. Les ruptures complètes les plus fréquentes se produisent au versant dorsal du tarse, le plus exposé aux traumatismes sportifs, mais aussi à la portion distale du tibial postérieur et au niveau du long fibulaire, en particulier dans le territoire de sa zone de réflexion cuboïdienne. Fissuration Il s’agit de la dissection longitudinale des fibres, et la recherche de cette lésion nécessite une technique tout à fait particulière. C’est en effet la seule situation dans laquelle le tendon doit être étudié détendu, afin d’éviter de collaber les zones fissurées. Celles-ci sont toujours ● Figure 12 : écaille périostée doublant la malléole médiale pathognomonique d’une luxation du tibial postérieur. Figure 13 : rupture complète du tendon tibial antérieur. Des fibres résiduelles sont encore présentes sur cette coupe axiale antérieure et comme pour le tendon calcanéen, le diagnostic de rupture complète ne peut s’effectuer que par l’épreuve dynamique. 21 Figure 14 : fissuration du court fibulaire (court péronier) avec discret épaississement péritendineux. N°43-AVRIL/MAI 2001 < DOSSIER > Diagnostic des tendinopathies de la cheville visualisées sous la forme de clivages hypoéchogènes, s’accompagnant d’une réaction péritendineuse dans le cas où elles communiquent avec le péritendon (Fig. 14). Les différents stades lésionnels ont été décrits par Sobel au niveau du court fibulaire qui, avec le tendon tibial postérieur, sont les plus fréquemment fissurés, en particulier en cas de mobilité accentuée, et dans les suites d’entorses. Dans certains cas graves, principalement en latéral, le tendon peut être divisé en deux portions, dont l’une se subluxe en prémalléolaire. Une étude transversale millimétrique est alors indispensable. Un tendon accessoire doit également être différencié d’un clivage par cette étude transversale. Rupture partielle Alors qu’elle est très rare au niveau du corps du tendon calcanéen, la rupture partielle des tendons de la cheville existe ! Dans le groupe tendineux antérieur, qui est fréquemment le siège de traumatismes directs, une dilacération partielle des fibres est relativement fréquente, bien visualisée lors de la mise en tension du tendon ; l’épreuve dynamique (mobilisation d’un orteil par exemple) est très utile dans ce cas pour déterminer le siège anatomique précis et s’assurer de l’absence de rupture totale (Fig. 15). Une forme particulière de rupture partielle est l’allongement du tendon à la manière d’un “chewing-gum”, qui survient uniquement, à notre connaissance, au niveau du tibial postérieur, principalement en sous-malléolaire. Une nette diminution de la surface tendineuse est notée dans ce cas sur les coupes transversales (Fig. 16). Des ruptures partielles, ● se marquant essentiellement par un épaississement hypoéchogène focal, ont également été décrites au niveau du tendon tibial postérieur. Tendinopathies Deux formes peuvent être distinguées : la tendinopathie globale, entraînant une modification diffuse mais homogène du tendon, et la tendinopathie focale, présentant des lésions localisées. La tendinopathie focale est une microrupture traumatique ou une désorganisation focale de l’architecture des fibres de collagène qui entraîne une dissociation des fibres et une réaction de régénération, se manifestant, en échographie, sous la forme d’un nodule hétérogène, plutôt hypoéchogène, au stade évolutif qui peut devenir hyperéchogène au stade chronique. Si cette réaction cicatricielle ne peut “aboutir”, une image kystique, anéchogène, se forme, et sa survenue constitue un élément diagnostique important, pouvant orienter vers une indication chirurgicale. Ce “nodule” est en fait fusiforme dans le plan longitudinal et n’est arrondi que dans le plan axial. Une hypervascularisation peut s’observer à sa périphérie en Doppler couleur, témoignant de la “réaction” vasculaire de voisinage. Ces vaisseaux “périphériques” accompagnent fréquemment la symptomatologie douloureuse et sont un argument en faveur du caractère évolutif de la lésion. Des zones hypoéchogènes et un aspect hétérogène du tendon sont en effet fréquemment retrouvés chez le sujet âgé et en particulier chez les sportifs vétérans ; ces images nous paraissent alors plutôt correspondre à des zones cicatricielles renfermant de la ● dégénérescence mucoïde, au centre de laquelle une petite image vasculaire peutêtre présente. A un stade chronique, il est indispensable de détecter les calcifications hyperéchogènes interrompant l’onde ultrasonore, car elles contre-indiquent formellement la réalisation de massages transverses profonds, souvent effectués dans les tendinopathies. En dehors des atteintes traumatiques, d’autres étiologies peuvent être à l’origine du développement de zones focales comme les xanthomes et les lésions goutteuses qui sont le plus souvent hyperéchogènes. Elles s’accompagnent d’un épaississement tendineux dont l’importance peut être mesurée pour évaluer l’efficacité thérapeutique. Les lésions consécutives à l’administration de fluoroquinolones prennent différents aspects échographiques. Elles atteignent préférentiellement le tendon d’Achille, mais peuvent se rencontrer dans d’autres localisations. Au stade débutant de la symptomatologie, ce sont plutôt des lésions focales qui sont visualisées mais sans arrêt du traitement, elles peuvent évoluer très rapidement vers la rupture. Un mécanisme de toxicité directe sur la fibre de collagène est incriminé pour expliquer la survenue de ces lésions. La tendinopathie globale résulte d’une désorganisation des fibres de collagène. Elle entraîne, en cas d’atteinte mécanique, une tuméfaction fusiforme hypoéchogène du corps tendineux, avec perte de l’aspect parallèle de ses bords. Les fibres paraissent dissociées par un excès de substance interfibrillaire hypoéchogène. Des vaisseaux sont souvent visualisés en Doppler Puissance et certains d’entre eux pénètrent parfois à Figure 15 : rupture partielle post-traumatique du tendon tibial antérieur. La coupe est pratiquement similaire à celle de la rupture complète (Cf. Fig 13). MÉDECINS DU SPORT 22 N°43-AVRIL/MAI 2001 Figure 16 : importante diminution de la surface du tendon tibial postérieur sur cette coupe axiale médiale. Cet aspect évoque une rupture-allongement de type “chewing-gum”. < DOSSIER > l’intérieur du tendon, en particulier durant la période la plus douloureuse. Cet aspect de tendinopathie fusiforme est également souvent observé au stade cicatriciel, après une carrière sportive et chez les patients plus âgés. Le tendon est alors asymptomatique, discrètement hétérogène. Plus aucune vascularisation n’est mise en évidence à ce stade en Doppler Couleur. Au niveau du court fibulaire, on observe également dans ces cas, une modification de forme du tendon, venant “s’étaler” sur la malléole. Cette déformation constitue le stade I de la classification de Sobel, et peut ensuite évoluer vers une fissuration tendineuse, comme décrit cidessus (Fig. 17). Luxation et subluxation Intéressant essentiellement le tibial postérieur et les tendons fibulaires, la détection de cette pathologie se fonde parfois sur la découverte d’une écaille para-malléolaire (en échographie ou en radiographie standard), sur la position anormale du tendon en para ou prémalléolaire et l’épaississement hypoéchogène du rétinaculum ayant été décollé (Fig. 18). Comme les tendons sont, le plus souvent, revenus en place lors de l’examen, c’est l’épreuve dynamique qui fait alors le diagnostic, en montrant l’importance de la mobilisation tendineuse et le décollement du rétinaculum (Fig. 19). En avant, les décollements du rétinaculum antérieur, plaquant les tendons ● extenseurs contre le tibia pour les empêcher de “prendre la corde”, peuvent être rencontrés et c’est parfois leur épaississement qui est l’élément attirant l’attention, faisant rechercher une mobilité accentuée des tendons lors de la contraction comparative. Enthésopathie La pathologie de l’enthèse tendineuse correspond à une entité tout à fait spécifique, se manifestant à l’échographie par un élargissement hypoéchogène au stade aigu, hétérogène, avec calcifications d’insertion au stade chronique. Les atteintes distales du court fibulaire à la base du 5e métatarsien peuvent s’observer, mais c’est surtout l’enthésopathie distale du tendon tibial antérieur à son attache sur le premier cunéiforme et la base du premier métatarsien qui doit être recherchée de manière systématique lors d’une douleur du versant médial du tarse. Ce sont les coupes transversales comparatives qui sont les plus utiles pour ce diagnostic. De même, il existe des atteintes du tibial postérieur au niveau de l’enthèse sur l’os naviculaire, en particulier en cas de valgus de l’arrière pied (Fig. 20). Ces enthésopathies distales du tendon tibial postérieur se marquent par une hypertrophie hypoéchogène, le diamètre tendineux à l’insertion variant de 2 à 12 mm chez le sujet asymptomatique, avec une valeur moyenne de 6,2 mm. Il faut également différencier les enthésopathies des ruptures vraies, survenant à l’attache tendineuse, en sachant que toutes les formes intermédiaires sont possibles (désinsertions partielles plus ou moins importantes). La valeur seuil de 12 mm d’épaisseur est, en général, retenue comme pathologique à ce niveau. ● Péritendinopathie Consécutive à des phénomènes de surcharge mécanique, de friction, ou à un traumatisme direct, cette atteinte se marque par un liseré hypoéchogène péritendineux pouvant devenir franchement anéchogène si une composante liquidienne (hématique par exemple en post-traumatique) est présente. L’aspect échographique de cette ● Figure 17 : tendinopathie du court fibulaire au niveau rétro-malléolaire. Le tendon est aplati, déformé, ses contours sont discrètement irréguliers, mais aucune fissuration n’est décelée à ce stade. Diagnostic des tendinopathies de la cheville MÉDECINS DU SPORT 23 Figure 18 : séquelle de luxation du tendon tibial postérieur. Le tendon est revenu en place, mais il existe un épaississement hypoéchogène du rétinaculum, ainsi qu’une écaille paramalléolaire, témoignant de l’antécédent de luxation. Figure 19 : luxation du tendon tibial postérieur qui vient s’étaler sur la malléole médiale et soulève le rétinaculum lors de cette épreuve dynamique d’inversion contrariée. Figure 20 : enthésopathie. Epaississement hypoéchogène de l’attache du tibial postérieur sur l’os naviculaire. péritendinopathie varie en fonction de la présence ou de l’absence d’un revêtement synovial au sein de la gaine. On doit donc distinguer les péri (ou para) tendinopathies du tendon calcanéen, des ténosynovites, survenant au niveau des autres tendons entourés d’une gaine synoviale, pouvant sécréter du liquide, mais aussi s’épaissir et présenter une hyperhémie réactionnelle (Fig. 21). En revanche, au niveau de tous les tendons (avec ou sans synoviale), les atteintes N°43-AVRIL/MAI 2001 < < DOSSIER DOSSIER > > Diagnostic des tendinopathies de la cheville Figure 21 : majoration de la vascularisation de la gaine des fibulaires en Doppler Couleur. Figure 22 : péritendinopathie d’un tendon extenseur par conflit avec le versant antérieur du tarse. 1 2 péritendineuses comportent des cellules inflammatoires à l’histologie et ce diagnostic est donc important pour orienter la thérapeutique. Pouvant constituer le premier signe échographique d’une hyperutilisation tendineuse, ces atteintes s’observent en antérieur au passage sous le ligament annulaire ou par conflit avec la chaussure (lésion du patineur). On les retrouve également en médial et en latéral, en particulier en cas de mobilisation anormale du tendon (suite d’entorse par exemple) ou en présence d’une irrégularité osseuse du tarse (Fig. 22), de la malléole, voire du calcanéus, mais aussi en postérieur dans la gaine du fléchisseur de l’hallux lors de syndrome du carrefour postérieur. Celui-ci peut résulter d’un conflit osseux (en particulier avec l’os trigone, la malléole tibiale postérieure et le versant supérieur du calcanéus), ou survenir en cas de distension d’un élément capsulosynovial ou tendineux. La ténosynovite du fléchisseur de l’hallux peut donc être la cause de ce syndrome, mais en est, le plus souvent, la conséquence. Elle est recherchée sur une coupe sagittale postérieure, médialement par rapport au tendon calcanéen (Fig. 23). On remarque également, chez certains patients, que le corps musculaire charnu descend trop bas sur le tendon. Cette variation morphologique est susceptible d’entraîner un conflit avec la gaine ten- dineuse, source de péritendinopathie, en particulier après un entraînement sportif ayant hypertrophié la composante musculaire. Une atteinte similaire peut également s’observer en antérieur, en conflit avec le rétinaculum. Les formations expansives au départ de la gaine tendineuse rentrent également dans ce cadre. On y observe essentiellement des images kystiques anéchogènes (Fig. 24) mais des lésions “charnues”, hypoéchogènes, peuvent également être retrouvées. Elles correspondent alors, en première hypothèse, à des tumeurs à cellules géantes. Au stade chronique, l’atteinte des gaines tendineuses peut être à l’origine d’un épaississement hétérogène, mais à ce stade c’est surtout un déficit de mobilité du tendon qui est recherché par l’épreuve dynamique, montrant un coulissement saccadé du tendon dans sa gaine, voire des zones d’adhérences. Aspect postopératoire Après intervention, en particulier lorsque le tendon a été peigné, on observe une hypertrophie et une hétérogénéicité qui constituent l’aspect postopératoire normal. Seule la présence de zones anéchogènes intra-tendineuses persistant ● plus de 6 mois après l’opération doit être considérée comme pathologique, ainsi que les images d’amincissement focal ou de déhiscence. Ces remaniements doivent être connus, car les cicatrices ne sont pas toujours visibles, en particulier lors de chirurgie percutanée. Le Doppler Couleur et le Doppler Pulsé semblent fort utiles dans ces cas, pour déterminer le stade de cicatrisation, mais ces techniques n’ont pas encore été validées à ce jour dans ce type d’indication. ■C - Conclusion L’échographie des lésions tendineuses de la cheville est un examen difficile nécessitant bien sûr une connaissance parfaite de l’anatomie, mais aussi un matériel extrêmement performant, associant une sonde haut de gamme et un dispositif d’interposition satisfaisant. Par sa diffusion, sa spécificité dynamique et son faible coût, cette technique constitue donc un élément important du diagnostic précis d’une atteinte tendineuse et, en complément des clichés standard, elle réalise un bilan global, dont la pertinence est souvent sous-estimée. Elle est, dans l’immense majorité des cas, nécessaire mais aussi suffisante pour confirmer le diagnostic clinique et quantifier l’importance des lésions permettant une orientation thérapeutique précise. Figure 23 : péritendinopathie. Distension liquidienne de la gaine du fléchisseur propre de l’hallux (long fléchisseur du gros orteil). Figure 24 : kyste anéchogène (liquidien), développé au départ de la gaine du tendon extenseur. 4 3 MÉDECINS DU SPORT 24 N°43-AVRIL/MAI 2001 < DOSSIER > Diagnostic des tendinopathies de la cheville La tomodensitométrie et l’IRM ■A - La Technique L’examen TDM d’une cheville traumatique ou microtraumatique doit impérativement se dérouler selon une technique rigoureuse et minutieuse. Le patient est confortablement installé, de façon à ne pas bouger durant l’examen. Chaque fois que cela est possible, l’étude est comparative, en s’assurant d’un positionnement symétrique parfait. Deux plans de coupe sont fondamentaux : le plan frontal, perpendiculaire à la plante du pied, et le plan transversal, parallèle à la plante du pied. La 3e série de coupes sagittales est parfois utile, mais elle nécessite une certaine souplesse de la part du patient, et n’est pas systématique. Avec la technique d’acquisition hélicoïdale, il est possible de reconstruire dans tous les plans de l’espace. Le plan frontal est surtout utile dans l’analyse des éléments osseux et articulaires : la pince bi-malléolaire, l’articulation soustalienne, le talus et le calcanéus. Le plan transversal voit son intérêt dans l’analyse des tendons. Ces deux plans de coupes sont complémentaires, toujours associés. La recherche d’une définition spatiale optimum impose la réalisation de coupes fines de 1 à 2 mm d’épaisseur, d’un filtre dur et d’une matrice élevée 512 x 512. Les documents sont restitués avec étude en fenêtre osseuse et parties molles. L’analyse des lésions des tendons ne nécessite ni injection intraveineuse, ni injection intra-articulaire. En revanche, la ténoscanographie avec opacification préalable de la gaine du tendon, est utilisée par certains pour mettre en évidence de petites fissurations ou des lésions dégénératives (tibial postérieur ou fibulaires). Elle est de moins en moins utilisée compte tenu des performances des autres techniques. ● Sémiologie L’analyse TDM des lésions traumatiques des tendons et des gaines s’appuie sur des signes directs et des signes indirects. Parmi les signes directs, on retrouve : • le calibre du tendon : il est augmenté ou diminué, à l’extrême non visible sur une certaine longueur du trajet ; • la densité du tendon et surtout du péritendon : hypodensité péritendineuse intra-synoviale de type liquidien ou hyperdensité calcique ; • les rapports ostéo-tendineux : position ectopique du tendon dans une poche de décollement. Parmi les signes indirects, on retrouve : • des petits arrachements osseux ; • des remaniements dégénératifs de l’articulation sous-talienne. • dans les ruptures avec avulsions osseuses, la mise en évidence de l’arrachement osseux fait le diagnostic ; • dans les lésions d’insertion, une tuméfaction de densité hydrique est visualisée, bien visible par opposition au côté opposé. Les principales pathologies des tendons de la cheville et de leurs gaines étudiées en tomodensitométrie sont classiquement : la tendinopathie inflammatoire, dégénérative ou traumatique, la luxation (intermittente ou permanente) et la ténosynovite. Pour une lésion donnée, les éléments sémiologiques TDM caractéristiques sont les mêmes, quel que soit le tendon atteint. Concernant les ténosynovites, elles se traduisent dans la forme exsudative par un épaississement réactionnel de la gaine et un épanchement liquidien. L’aspect du tendon est le plus souvent normal, parfois épaissi mais toujours de densité habituelle. Un autre aspect est la forme sténosante, le plus souvent secondaire à un traumatisme osseux, avec constitution d’un cal osseux et d’une fibrose péritendineuse hyperdense. ● tomodensitométrie Bernard Roger*** Concernant les tendinopathies : • dans l’atteinte inflammatoire, le tendon est épaissi, parfois hypodense mais il reste continu et homogène ; • dans les lésions dégénératives, il est épaissi et plutôt hyperéchogène avec, parfois, un épanchement distendant la gaine ; • dans les ruptures en plein corps vues précocement, l’hyperdensité du tendon est remplacée par un tissu séro-hématique non organisé ; • dans les lésions traumatiques vues tardivement, le tendon peut être aminci, à l’extrême non visible, avec un comblement cicatriciel de la zone ; ailleurs, un épaississement localisé peut être retrouvé ; MÉDECINS DU SPORT 25 Concernant les luxations, l’hyperdensité du tendon se projette en position anatomique anormale, modifiant les rapports ostéo-tendineux habituels (intérêt des coupes comparatives), alors que son aspect est, par ailleurs, normal. La présence d’une écaille osseuse (rare) correspondant à une avulsion malléolaire est un excellent signe indirect pour affirmer l’épisode de luxation, surtout si le tendon est de nouveau en position normale. Résultats Ce qui différencie ces lésions, c’est leur fréquence selon la localisation. Les péroniers latéraux sont surtout le siège de luxation antérieure avec une classification lésionnelle en 4 stades décrite par Oden. Cette analyse topographique (surtout si elle est comparative) est facilement réalisée par la TDM qui montre la position ectopique du tendon, par ailleurs de densité et d’épaisseur normales (Fig. 25), ainsi que l’éventuelle avulsion osseuse postéroexterne de la malléole. Dans certains cas, la luxation est intermittente et il faut savoir “la piéger” en effectuant avant ● N°43-AVRIL/MAI 2001 < DOSSIER > Diagnostic des tendinopathies de la cheville l’examen TDM les manœuvres déclenchant la luxation. Les lésions du jambier postérieur sont dominées par les tendinopathies (dégénératives) et les ruptures chroniques (Fig. 26), avec des stades lésionnels bien quantifiés, correspondant pour chacun à une attitude thérapeutique spécifique. Les autres tendons, beaucoup moins fréquemment atteints, sont surtout le siège de ténosynovite et de tendinite. Les indications L’examen TDM a une place essentielle pour montrer certaines lésions des tendons de la cheville et de leur gaine en cas de doute diagnostique ou pour en faire le bilan. Dans les lésions aiguës, l’examen clinique est parfois difficile (douleur, œdème…) alors que l’examen TDM, réalisé rapidement après l’apparition des signes cliniques, donne des renseignements précis sur le siège et la nature de la lésion. Dans les atteintes chroniques, si certaines lésions posent peu de problème diagnostique (luxation à répétition et rupture complète), d’autres sont plus difficiles à étiqueter, tout particulièrement les ténosynovites inflammatoires et les ruptures partielles ou progressives. C’est dans ces cas que l’étude TDM se révèle la plus utile pour faire le diagnostic et le bilan. Enfin, dans les formes trompeuses, la TDM fait la part entre les lésions tendineuses et capsulo-ligamentaires. En pratique, venant en complément de l’examen clinique, la TDM est irremplaçable pour montrer les petites lésions osseuses causes ou conséquences de certaines pathologies. Les pathologies tendineuses peuvent être bien appréciées, mais les limites de l’examen viendraient ● plutôt de ses difficultés à analyser certaines lésions partielles fissuraires (résolution spatiale) laissant alors une place au ténoscanner, et de sa résolution de densité insuffisante pour différencier des éléments de contraste proches comme l’œdème, l’inflammation, le tendon et la gaine. ■B - L’IRM Technique La même rigueur dans l’installation du patient, que pour la tomodensitométrie, doit précéder la réalisation de l’examen IRM. Les chevilles et les pieds sont bien immobilisés. Le patient confortablement installé pour ne pas bouger est en décubitus dorsal, genou en extension et cheville à 90° de flexion. Cette mise en tension modérée de l’ensemble de l’appareil musculo-tendineux de la cheville supprime certaines images pièges. L’étude est comparative ou maintenant plus volontiers unilatérale si l’antenne de surface le permet. ● La souplesse de la programmation de l’orientation des coupes en IRM rend possible l’analyse des tendons péri-articulaires de la cheville dans tous les plans de l’espace, sans contrainte pour le patient. Mais les deux plans principaux décrits pour l’examen TDM restent fondamentaux en IRM : le plan axial-transverse parallèle à la plante du pied, et le plan frontal perpendiculaire au précédent. Le plan sagittal semble d’un apport plus limité pour préciser les lésions tendineuses mais il reste systématique complétant le bilan des éléments osseux et articulaires tibio-talien, sous-talien et médio-tarsien, sièges fréquents de pathologies dégénératives associées. Les coupes sont habituellement au mieux de 3 mm, voire de 5 mm. Cette épaisseur relativement importante n’est pas une contrainte majeure, car en IRM il existe entre les différents tissus un grand contraste spontané et la sémiologie IRM repose avant tout sur des anomalies de signal (définition de signal) et moins sur des anomalies morphologiques (définition spatiale), comme en TDM. Les séquences en 3D (FISP [Siemens] ou SPGR [GE]) permettent en routine des coupes de 1mm et surtout des reconstructions dans l’axe du tendon. L’étude anatomique et l’analyse sémiologique des lésions s’appuient sur la variation du signal des différents éléments, entre les acquisitions pondérées en T1 et en T2, quel que soit le principe des séquences utilisées (écho de spin -ES, écho de gradient - EG…). Une 3e acquisition pondérée en T1 avec injection intraveineuse d’un agent de contraste paramagnétique (T1 IV) nous semble, à partir de notre expérience, d’un apport important en pathologie tendineuse pour différencier certains éléments de sémiologie. Il faut signaler un artefact fréquent sur les tendons du cou de pied. Cet artefact, appelé “phénomène de l’angle magique”, est présent lorsque l’axe du tendon fait un angle de 55° avec le champ magnétique principal et se traduit par un hypersignal relatif du tendon pour des temps d’écho inférieurs à 20 ms (soit pour des séquences plutôt T1 ou densité de protons). Il disparaît en T2. Sémiologie En pondération T1, le tendon normal est très nettement en hyposignal, de forme ovalaire ou arrondie, de contours et d’épaisseur réguliers. Il existe spontanément un contraste entre le tendon, ● Figure 25 : coupe tomodensitométrique. Luxation des tendons fibulaires gauches avec rupture du rétinaculum. 5 6 MÉDECINS DU SPORT 26 Figure 26 : coupe tomodensitométrique. Rupture du tendon du tibial postérieur gauche. La lésion se traduit par un épaississement fibreux et cicatriciel de densité plus ou moins hétérogène avec un effacement de la graisse péritendineuse (net par rapport au côté droit). N°43-AVRIL/MAI 2001 < DOSSIER > Figure 27 : coupe IRM axiale T1. Anatomie normale avec, en hyposignal, les différentes structures tendineuses ; en isosignal, les masses musculaires ; en hypersignal, les interfaces graisseux, ainsi que la médullaire du tibia et du péroné. 7 qui est bien individualisé, les muscles, de signal intermédiaire et la graisse souscutanée en hypersignal (Fig. 27). En revanche, le tendon ayant le même signal que la corticale osseuse, ses contours sont moins bien délimités lorsque ces deux éléments sont au contact l’un de l’autre, notamment dans les régions péri-malléolaires. Sur les séquences pondérées T2 (ES ou EG) le tendon normal est encore en hyposignal conservant le même aspect que sur la séquence pondérée T1. Ce qui différencie par contre ces deux séquences, c’est le signal des muscles et du tissu graisseux sous-cutané. La recherche et l’analyse des lésions des tendons en IRM s’appuient essentiellement sur la mise en évidence des signes directs que sont : • le repérage des éléments tendineux et l’appréciation des modifications de leur calibre ; • l’étude du signal des tendons sur les différentes séquences, et les variations constatées ; • l’existence de rapports anormaux entre les éléments ostéo-tendineux, avec une position ectopique des tendons. La pathologie des gaines se traduit, dans sa forme exsudative, par des anomalies morphologiques et de signal : épaississement péritendineux au sein de la gaine qui est distendue mais bien limitée, alors que par ailleurs le tendon a un aspect normal ; modification du signal de l’épaississement et éventuellement de la paroi de la gaine, sans variation du signal tendineux. Les lésions des tendons et de leur gaine retentissent sur le tissu graisseux souscutané et les interfaces avec un effacement de l’hypersignal graisseux en T1 remplacé par le signal intermédiaire de l’œdème et de l’inflammation. En revanche, des petites lésions osseuses corticales parfois associées sont plus difficiles à mettre en évidence lorsqu’elles n’ont pas de retentissement sous-chondral. Résultats La classification des lésions est la même que celle déjà décrite dans le chapitre “Tomodensitométrie”. Les éléments sémiologiques de base sont les mêmes que ceux de la TDM et seuls vont changer en IRM la terminologie et l’intérêt tout particulier que nous portons à l’utilisation de la ● Figure 28 : a - Coupe IRM Axiale T1. b - Coupe IRM axiale T2. Aspect pathologique de la région du tendon du tibial postérieur droit. Le tendon lui-même est normal avec un aspect superposable au côté controlatéral, mais il existe autour du tendon et dans la gaine des anomalies de signal en hyposignal T1 et en hypersignal T2. 8 a Diagnostic des tendinopathies de la cheville séquence T1 IV, dès qu’il s’agit de caractériser très précisément les lésions. L’élément sémiologique prédominant dans la recherche d’une lésion traumatique et micro-traumatique des tendons et des gaines est la modification pathologique du signal entre les séquences et notamment l’apparition d’un hypersignal sur la séquence T2 par rapport à la séquence T1 (Fig. 28 a et b). Cependant, la comparaison des séquences T1 et T2 (notamment les séquences EG) très sensibles dans la mise en évidence de ces régions pathologiques, est peu spécifique dans l’analyse de l’hypersignal T2 pathologique qui correspond soit à un épanchement ou une collection liquidienne, soit à un tissu inflammatoire. C’est tout l’intérêt de la séquence T1 IV que de caractériser l’hypersignal T2 non spécifique, en différenciant la composante liquidienne de la composante inflammatoire. En se “fixant” sur tout ce qui est richement vascularisé, l’agent de contraste paramagnétique entraîne un rehaussement très net du signal de la région pathologique par rapport à la séquence T1, traduisant l’existence d’un tissu inflammatoire vascularisé (Fig. 29). Après injection, l’absence de modification de signal des anomalies morphologiques mises en évidence sur la séquence T1 et/ou de signal sur la séquence T2 est alors en faveur d’une collection liquidienne, ce d’autant plus que les limites de cette formation Figure 29 : coupe IRM axiale T1 après injection IV de produit de contraste (même patient que Fig. 28). Par comparaison avec la séquence axiale T1 sans injection (Fig. 28 a), persistance d’une zone centrale en hyposignal, alors qu’en périphérie existe un fin liseré en hypersignal. Il s’agit donc d’une lame liquidienne collectée dans la gaine du tendon avec une composante inflammatoire aux dépens de la paroi. 8 b MÉDECINS DU SPORT 27 N°43-AVRIL/MAI 2001 9 Diagnostic des tendinopathies de la cheville sont nettes, arrondie ou ovalaire, avec parfois une paroi de signal rehaussé, que l’hyposignal reste très nettement marqué et homogène, et qu’il existe des signes de refoulement en périphérie. De même, l’absence de prise de contraste du tendon confirme son intégrité, alors que des petites anomalies de signal correspondent à des fissurations. Enfin, un tissu cicatriciel non inflammatoire et donc peu vascularisé ne présentera pratiquement pas de modification de signal sur la séquence T1 IV pouvant en théorie en imposer pour un épanchement liquidien. Toutefois, ses limites sont beaucoup moins nettes et régulières (sans paroi organisée), son hyposi- < DOSSIER > gnal est moins homogène avec des signes d’adhérences périphériques. La mise en évidence des signes directs fait aussi le diagnostic de lésions telles que la luxation et la subluxation, avec une situation ectopique de l’hyposignal du tendon, ou de rupture avec la disparition de l’hyposignal sur une longueur plus ou moins importante selon le degré de rétraction des moignons. Pour les autres pathologies, dégénératives chroniques et inflammatoires, c’est l’étude et l’analyse des variations du signal dans les différentes séquences (T1, T2 et T1 IV) qui est l’élément essentiel du diagnostic appréciant également la nature et l’importance des tissus cicatriciels et inflammatoires, composant la lésion. ■C- conclusion Les deux techniques mettent en évidence, avec la même efficacité, le siège de la lésion et font le diagnostic d’ensemble ; la TDM permet une meilleure analyse de la composante osseuse éventuelle, alors que l’IRM donne une meilleure caractérisation et une plus grande précision dans la différenciation des tissus pathologiques, grâce à la confrontation des variations du signal sur les séquences T1, T2 et T1 IV. ■ Conclusion De nombreux tendons, de nombreuses lésions possibles, les conditions sont réunies pour rendre la tâche du clinicien difficile. Un examen clinique systématisé, analysant avec finesse chaque tendon, permet d’obtenir une orientation diagnostique, parfois une certitude. De cet examen, vont découler les bilans d’imagerie adaptés qui guideront l’attitude thérapeutique. Le bilan radiologique standard et échographique s’impose en première ligne par sa complémentarité et son faible coût. Si un bilan topographique plus précis et plus complet est nécessaire, ou si une discordance persiste entre la clinique et le résultat de ces examens, on dispose avec la TDM et l’IRM de moyens d’imagerie performants pour répondre aux questions du clinicien. BIBLIOGRAPHIE 1 - Brasseur JL. Echographie du pied et tions et ruptures du jambier postérieur. de la cheville. In : Le Pied. Chevrot A. J Traumatol Sport 1994 ; 11 : 20-25. Paris : Masson 1997. 8 - Labareyre H (de). Lésions tendineuses 2 - Brasseur JL, Daubinet G, Chapenoire E. de la cheville et du pied - diversité lésionLes atteintes tendineuses des péroniers nelle et difficultés diagnostiques. In : latéraux. In : Monographies d’imagerie Pied et cheville - imagerie et clinique, ostéo-articulaire : mollet-cheville- pied. Getroa Opus XVIII. Montpellier : Roger B, Thelen P. Montpellier : Sau- Sauramps Médical 1991 ; 167-74. ramps Médical 1999. 9 - Lecluse J (de). Les tendinopathies du 3 - Brasseur JL, Tardieu M. Echographie du sportif. J Traumatol Sport 1996 ; 4 bis : 2-8. système locomoteur. Paris : Masson 1999. 10 - Lopez P, Baixas P, Cyteval C. Les ten4 - Chapenoire E, Labareyre H (de), Roger B. dons de la cheville et du pied. In Pied et Les tendinopathies du tibial postérieur cheville - imagerie et clinique, Getroa et des fléchisseurs. In : Monographies Opus XVIII. Montpellier : Sauramps d’imagerie ostéo-articulaire : mollet, che- Médical 1991 ; 175-81. ville et pied. Roger B, Thelen P. Mont- 11 - Morvan G, Busson J, Wybier M. pellier : Sauramps Médical 1999 ; 129-44. Tomodensitométrie du pied et de la d’imagerie en pathologie sportive. Collection des Abrégés. Paris : Masson 1998. 14 - Roger B, Lazennec JY, Laval-Jeantet M. Atlas IRM des articulations des membres. Paris : Masson 1989. 15 - Rosenberg ZS, Cheung Y, Jahss MH et al. Rupture of posterior tibial tendon : CT and MR imaging with surgical correlation. Radiology 1988 ; 169 : 229-35. 16 - Sobel M. Longitudinal spliting of the peroneus brevis tendon. Foot and Ankle 1992 ; 12 : 165-70. 17 - Sobel M, Geppert MJ, Olson EJ et al. The dynamics of peroneus brevis tendon splits: a proposed mecanism, technique of diagnosis, and classification of injury. Foot and Ankle 1992 ; 13 : 413-22. 5 - Chevrot A. Imagerie clinique du pied. cheville. Paris : Masson 1991. Paris : Masson 1998. 12 - Oden R. Tendon injuries about the 18 - Tavernier T, Bonnin M, Bouysset M. 6 - Kapandji IA. Physiologie articulaire, ankle resulting front skiing. Clin Ortho Syndrome fissuraire du court péronier 1987 ; 216 : 63-69. fascicule 2. Paris : Maloine 1980. latéral. Mise en évidence et classification 7 - Labareyre H (de), Saillant G. Luxa- 13 - Roger B, Brasseur JL. Itinéraire en IRM. J Radiol 1997 ; 78 : 353-58. MÉDECINS DU SPORT 28 N°43-AVRIL/MAI 2001 Effets thermiques au profit du sportif L a cryothérapie est un élément clé de la lutte contre les phénomènes inflammatoires. La chaleur (sèche ou humide) est davantage réservée aux douleurs chroniques. Selon le degré de pénétration souhaitée, l’étendue de la surface et la nature du tissu à traiter,on aura recours aux ondes courtes, au radar ou encore aux Infrarouges. Les applications de boues chaudes s’adressent plus spécialement au traitement des rhumatismes chroniques dégénératifs.Les ultrasons associent à l’effet thermique un effet de micro-massage, particulièrement utile dans la lutte contre les phénomènes de fibrose.Plus récente,la thérapie par ondes de choc constitue le traitement électif et très prometteur des tendinopathies.Quant aux courants,sous leur forme périodique, basse fréquence, ils représentent un traitement d’appoint,selon la modalité d’application, de toutes les formes de douleurs. Figure 1 : traitement par infrarouges. INFRAROUGES Principe D.R. En milieu sportif, les agents physiques constituent un adjuvant utile à la kinésithérapie. Laurent Savalli* Rééducation La physiothérapie Mots clés Rééducation Physiothérapie Les infrarouges (IR) sont des ondes électromagnétiques situées en dessous du rouge du spectre visible. Elles se caractérisent,sur le plan thérapeutique,par leur effet thermique et leur très faible pénétration (entre 1 et 2 mm). L’échauffement superficiel induit une vasodilatation artériolocapillaire, avec des effets antalgiques, une action réflexe en profondeur, associés à des effets bénéfiques neuro-végétatifs et viscéraux. Indications Les IR sont principalement indiqués dans les douleurs abarticulaires et les douleurs rachidiennes. Contre-indications Il faut veiller au risque de brûlure par surdosage,ou conséquence d’un trouble de la sensibilité.Les IR sont contre-indiqués dans les états inflammatoires aigus et les sepsis.Il ne faut pas irradier les yeux,en raison du risque de cataracte,et limiter la surface de la zone irradiée. ONDES COURTES Principe Figure 2 : traitement par ondes courtes. Le radar est une onde électromagnétique (N = 2 750 MHz, L = 11 cm) qui s’utilise en thérapeutique pour son effet thermique. La pénétration limitée du radar permet un échauffement musculaire ne dépassant pas une profondeur de 5 cm,voire moins,en cas de tissus graisseux épais. Il peut s’utiliser de manière continue ou pulsée. Les ondes courtes (OC) sont des courants de haute fréquence (N = 26 MHz, L = 11 m) utilisés en thérapeutique, principalement pour leurs effets thermiques. On distingue les OC produites par méthode capacitive,permettant l’échauffement de tissus peu hydratés comme les zones péri-articulaires et articulaires, des OC produites par méthode inductive,entraînant l’échauffement de tissus riches en eau,à savoir le muscle. La technique capacitive s’utilise en application transversale, longitudinale, ou coplanaire, les électrodes étant à distance de la peau.L’énergie thermique se concentre sur l’électrode la plus proche de la peau, sur la plus petite, sur les saillies osseuses. La technique inductive requiert l’usage d’un câble enroulé autour du membre à traiter, ou une électrode dite “pancake”. Indications Indications Le radar est indiqué dans le traitement des contractures musculaires superficielles. La méthode capacitive s’adresse au traitement des pathologies articulaires (arthrose,arthrofibrose...) ou péri-articulaires (tendinopathies),lorsque l’effet recherché est l’échauffement en profondeur. La méthode inductive s’adresse plus particulièrement au traitement des déchirures musculaires après disparition du risque de saignement,ou à distance de la blessure, en cas de douleurs résiduelles. Elle augmente la vascularisation locale. D.R. RADAR OU MICRO-ONDES Principe Contre-indications Un risque existe, principalement pour les testicules et pour l’œil. Le port de lentilles de contact constitue un risque supplémentaire, puisque les ondes radar peuvent provoquer l’inclusion de la lentille dans la cornée.Il faut également être très prudent si le patient est porteur d’un pace-maker, en raison du risque d’interférence. Contre-indications Il faut prendre garde au risque d’arc électrique et d’étincelle lors de l’application,en cas de transpiration. L’existence de matériel métallique (ostéosynthèse, prothèse, mais aussi stérilet) constitue une contre-indication. Les OC sont contre-indiquées en cas de grossesse,ainsi qu’en cas de processus inflammatoire évolutif. MÉDECINS DU SPORT 29 N°43-AVRIL/MAI 2001 Principe D.R. Leur fréquence varie entre 1 et 1000 Hz. On distingue les courants périodiques polarisés de ceux qui ne le sont pas, c’est-à-dire dont la résultante est nulle.Les premiers tombent en désuétude par rapport aux seconds, qui, dépourvus d’effets polaires, sont mieux tolérés. ONDES DE CHOC Les courants périodiques non polarisés sont le plus souvent utilisés sous la forme de TENS (neuro-stimulation transcutanée) pour le traitement de douleurs aiguës ou, plus souvent, chroniques. Il s’agit de stimulateurs de petite taille qui peuvent se porter à la ceinture,le patient pouvant lui-même déclencher le fonctionnement du TENS et contrôler les paramètres de stimulation. Il faut retenir deux modalités de stimulation : ● le mode “gate control” agit selon le mécanisme du portillon et privilégie la voie rapide il se caractérise par des fréquences variant de 50 à 100 Hz avec des intensités modérées à type de fourmillements,sans que la sensation soit désagréable ;la stimulation s’effectue dans le territoire douloureux,durant 30 min environ ;l’effet est immédiat, mais n’est pas durable ; ● le mode “endorphinique” provoque la sécrétion d’endorphines ; la fréquence de stimulation varie de 1 à 5 Hz,avec des intensités suffisamment importantes pour provoquer une contraction musculaire ; la stimulation peut se faire à distance du territoire douloureux,à l’aide d’électrodes de grande surface, durant 40 min ; l’effet antalgique est retardé et rémanent. Principe Un nouveau concept est venu compléter, depuis le début des années 90,l ‘arsenal thérapeutique du traitement des tendinopathies chroniques. Il s’agit de l’utilisation d’ondes de choc extracorporelles, dont l’efficacité a été prouvée par des études récentes, à la fois sur la diminution de la douleur, mais aussi sur l’amélioration des capacités fonctionnelles, en particulier chez le sportif. Le mécanisme d’action est mal connu, mais pourrait s’apparenter à celui des US, en particulier par la production d’un effet de cavitation à l’arrière de l’onde de choc. Par ailleurs, l’augmentation de la circulation locale pourrait expliquer la lyse des calcifications péri-articulaires décrite, dans la littérature,au niveau de l’épaule et participerait aux phénomènes de réparation du tissu tendineux.L’effet antalgique rapide, obtenu au décours de la séance d’ondes de choc, pourrait provenir de la libération d’endorphines, conformément au principe d’analgésie par hyperstimulation. Indications Le mode “gate control” est indiqué pour le traitement de douleurs périphériques par excès de nociception. On peut également l’utiliser pour le traitement de douleurs par désafférentation, lorsque la destruction des grosses fibres n’est que partielle. L’indication privilégiée du mode endorphinique réside principalement dans le traitement des douleurs sévères par désafférentation, comme les neuropathies périphériques, les fibroses épidurales, ou encore les douleurs de membre fantôme chez l’amputé… Il est parfois utile d’essayer successivement les deux modes de stimulation et de garder celui qui s’avère le plus efficace. A l’origine, la mise en œuvre d’un tel traitement par ondes de choc était rédhibitoire car soumise à l’utilisation d’appareils de lithotritie très coûteux et encombrants. Le thérapeute dispose désormais d’une technologie plus accessible, dont la production d’ondes de choc est basée sur l’impact répété d’une bille métallique propulsée sous l’effet d’un compresseur. On préconise habituellement 3 à 5 séances,au rythme d’une séance par semaine de 2000 percussions, réalisées selon une fréquence de 4 Hz. Contre-indications D.R. Rééducation Figure 4 : traitement par ondes de choc. COURANTS ANTALGIQUES PÉRIODIQUES DE BASSE FRÉQUENCE Dans la mesure où les courants à résultante nulle sont dépourvus d’effet polaire,il n’existe pas de contre-indication particulière. Indications Les ondes de choc sont utilisées efficacement, dans le traitement des tendinopathies chroniques (rotuliennes,épicondyliennes,scapulo-humérales,d’Achille), ainsi que dans les douleurs ligamentaires séquellaires. Elles sont également indiquées dans le traitement des aponévrosites plantaires,ainsi que dans le traitement des périostites. Figure 3 : traitement par courants antalgiques périodiques de basse fréquence. Contre-indications Les ondes de choc sont contre-indiquées sur tout processus inflammatoire aigu.Il faut être prudent en cas de lésion tendineuse dégénérative avancée. * CERS, Capbreton MÉDECINS DU SPORT 30 N°43-AVRIL/MAI 2001 ULTRASONS CRYOTHÉRAPIE Principe Le froid est,avec la chaleur,le plus vieil agent physique connu pour son effet antiinflammatoire et antalgique.Pour être efficace,l’application de froid doit être suffisamment prolongée afin de provoquer un abaissement significatif de la température au niveau des tissus profonds.Le temps d’application ne doit pas,a contrario,être excessif,au risque de provoquer une réaction inflammatoire réflexe superficielle,parfois source de douleur.Il dépend,en fait,de la localisation du site à traiter,soit par exemple 20 à 30’pour le genou,moins longtemps pour les petites articulations comme le poignet et le coude. La vessie de glace est l’agent le plus utilisé. Il importe d’isoler la peau d’un linge humide pour éviter le risque de brûlure.Les bombes aérosols cryogéniques sont utiles sur le terrain. Les “cryocuff”, constitués d’un manchon et d’une glacière reliés par un tuyau, permettent un refroidissement modéré et prolongé d’une articulation avec une bonne tolérance. Indications La cryothérapie possède de nombreuses indications chaque fois qu’un effet antiinflammatoire ou antalgique est recherché, en post-traumatique, en orthopédie et en pathologie rhumatismale.Le froid est récemment redevenu à la mode,sous la forme de bandeau cryogénique, pour traiter les crises migraineuses. Contre-indications Il n’existe pas de contre-indication absolue à la cryothérapie. On prendra garde au risque de brûlure cutanée et de gelure, en cas d’exposition prolongée ou intense au froid.Les incidents surviennent surtout avec les bombes aérosols cryogéniques lorsqu’elles sont utilisées trop près de la peau. Les contre-indications classiques sont limitées à certaines affections vasospastiques avec hypersensibilité au froid (attention à l’angor induit par le froid). Il faut savoir qu’il existe une susceptibilité individuelle, chez certains rhumatisants inflammatoires chroniques qui peuvent, parfois, répondre plus favorablement à la chaleur qu’au froid. La production d’ultrasons (US) se fonde sur le principe de “piezoélectricité”, selon lequel un cristal soumis à un champ électrique Figure 5 : traitement par ultrasons. périodique se déforme sous l’influence du champ électrique, et produit des ondes mécaniques avec une périodicité identique à celle du courant électrique. Les US sont à l’origine d’effets thermiques, de cavitation et de micromassage. La pénétration tissulaire des US est inversement proportionnelle à la fréquence (de 1 à 3 MHz) et proportionnelle à la taille de la tête émettrice (0,5 à 5 cm). Elle ne dépasse pas 5 cm de profondeur.La forme pulsée permet de réduire la quantité d’énergie. Il est nécessaire d’utiliser un milieu coupleur (eau, gel aqueux) à l’interface entre la tête et la peau, pour permettre la transmission des US. D.R. Principe Indications Les US sont utilisés en thérapeutique pour leurs effets antalgiques, fibrolytiques,sympatholitiques et cicatrisants.On les utilise pour le traitement des tendinopathies, des entorses superficielles en aiguë,ou pour le traitement des douleurs ligamentaires résiduelles. Les US sont également intéressants pour le traitement des déchirures musculaires, lorsque le risque de saignement est écarté. Ils sont encore utilisés pour leurs effets fibrolytiques dans le traitement des cicatrices chéloïdes,et en péri-lésionnel pour favoriser la cicatrisation des ulcères ou escarres. Contre-indications L’application d’US est contre-indiquée sur les épiphyses fertiles, sur les lésions infectieuses ou tumorales, lorsque du matériel métallique est présent immédiatement sous la peau.Attention au risque d’embole de matériel athéromateux, lorsque l’application d’US se fait à proximité des gros axes vasculaires. IONISATIONS Principe Il s’agit d’une application des propriétés du courant galvanique qui permet,sous l’effet d’un champ électrique,la pénétration de substances pharmacologiques ionisées (sels de calcium, anti-inflammatoires non stéroïdiens…) à travers la barrière cutanée. De nombreux autres effets physico-chimiques sont induits par le courant galvanique, comme un effet thermique, ou des effets polaires susceptibles de moduler l’excitabilité des fibres sensitives. Sur le plan thérapeutique, les ionisations sont utiles pour leurs effets antalgique, trophique et anti-inflammatoire. Indications Les ionisations ont de larges indications,notamment dans le traitement des tendinites ou des ténosynovites,ainsi que des entorses aiguës ou au stade de douleur chronique. On peut également les utiliser dans les affections rhumatismales comme l’arthrose, les algodystrophies, etc. Contre-indications Le risque principal est celui de brûlure cutanée, parfois profonde, accru par l’utilisation d’appareils ne fonctionnant pas à intensité constante. Il faudra être particulièrement prudent en cas de troubles de la sensibilité qui diminuent la sensation de brûlure. La présence de pièces métalliques constitue une contre-indication dans la mesure où elles sont susceptibles de subir un phénomène d’électrolyse. La grossesse, les cardiopathies sévères, l’épilepsie, constituent des contre-indications classiques. MÉDECINS DU SPORT 31 N°43-AVRIL/MAI 2001 Un cas de syndrome de loges inhabituel, qui rappelle que cette pathologie peut être lourde de conséquences, et souligne l’intérêt de la mesure des pressions, dans l’aide au diagnostic et à l’orientation thérapeutique. C ette jeune femme de vingt-cinq ans ne présente pas de caractéristique sportive particulière, mais ce cas rare de syndrome de loges nous a paru intéressant à présenter,dans le cadre d’une revue de médecine du sport. En effet, le sport est le principal pourvoyeur de ces syndromes musculaires. PARADIS ARTIFICIELS Dans une phase de spleen, aspirant à des sensations artificielles,elle se concocte un cocktail à base d’alcool et de différents neuroleptiques,aboutissant à un état d’inconscience dont elle ne se relève qu’après vingt heures, restée inanimée sur le membre inférieur,ce qui a alors provoqué une ischémie musculaire par compression directe. Habitant en Suisse,elle décide néanmoins, le soir même,de venir passer ses vacances sur la Côte d’Azur. ENFER D’UN SYNDROME DE LOGES AIGU L’état de sa cuisse (Fig.1 et 2) étant incompatible avec la plage et le sable chaud,nous la retrouvons sur son lit d’hôpital avec un diagnostic quasi évident de syndrome de loges aigu.Le bilan biologique montre une augmentation des CPK et des LDH. La fonction rénale reste parfaitement conservée durant le bilan tri-quotidien. MESURES D’URGENCE ET SUIVI ATTENTIF Nous effectuons, en urgence, une prise de pression des loges antérieures et postérieures qui se situent respectivement, au repos, à 22 et 25 mm de mercure (Fig.3). La scintigraphie au Thallium 201 n’objective pas d’hypoperfusion mais plutôt une hyperperfusion au temps tardif, de la cuisse gauche (Fig. 4). La conservation de la fonction rénale et des arguments de rhabdomyolyse d’importance moyenne nous amènent à préconiser un traitement médical sans recourir à une aponévrotomie. Le suivi neurologique, très attentif, dans le territoire du crural et du sciatique ne montre aucune évolution défavorable, de même que le suivi biologique de la fonction rénale. 2 Dr Bertrand Marion* Dr Olivier Fichez** Les pouls restent bien perçus et l’évolution s’effectue favorablement en dix jours, au terme desquels elle est autorisée à rentrer en Suisse. FAIT DU HASARD Fait du hasard, cette observation rare de syndrome de loges aigu de cuisse intervient dix jours après la publication de JY Nordin dans la Revue de Chirurgie Orthopédique (1). Dans cette étude, les auteurs font valoir trois cas similaires ayant, pour eux, débouché sur la nécessité de décompression chirurgicale,compte tenu des perturbations de la fonction rénale. RARE, MAIS GRAVE Même s’il est peu fréquent,ce syndrome doit néanmoins être connu, étant donné l’évolution potentielle défavorable pouvant aller jusqu’au décès et qui repose sur : ● les perturbations de la fonction rénale inhérentes à la rhabdomyolyse, ● les déficits neurologiques inhérents à l’ischémie. La mesure des pressions des loges constitue une aide importante au diagnostic et à l’orientation thérapeutique qui nous a,en l’occurrence, permis d’argumenter pour un traitement médical. ■ (1) JY Nordin et al. Syndrome de loge aiguë de cuisse à propos de 3 cas chez 2 patients. Rev Chir Ortho 2000 ; 86 : 407-13. 4 D.R. 1 D.R. 3 D.R. Figure 1 et 2 : asymétrie majeure clinique des deux cuisses. Figure 3 : prise de pression de loge. Appareil Strycker®. Figure 4 : asymétrie de fixation sur la scintigraphie au thallium 201 (hyperperfusion au temps tardif). * Centre hospitalier, Fréjus-St Raphaël. D.R. ** Centre de rééducation, rhumatologie et traumatologie du sport, St Raphaël. MÉDECINS DU SPORT 33 N°43-AVRIL/MAI 2001 Cas clinique Un syndrome de loges inhabituel Mots clés Cuisse Syndrome de loges Pression Congrès 19 -26 mai 2001 Albufeira (Portugal) ■ Formation médicale continue ● Quelles solutions actuelles pour les lésions cartilagineuses ● Œil et traumatismes ● Tendinopathies du poignet ● Apnée du sommeil et ronchopathies ● Lésions musculaires ● Protocole de prise en charge lors d’une rupture de la coiffe des rotateurs ● Chirurgie plastique de la face et du cou ● Problèmes posés par la prise en charge de polytraumatisés dans un centre de rééducation fonctionnelle ● Encéphalopathie spongiforme bovine : actualités ● Intérêt du défibrillateur semi-automatique dans la prévention des morts subites sur les terrains de sport ■ Ateliers pratiques programmé du genou, du rachis et cas cliniques ● Approche psychologique du tennisman en compétition ● Défibrillateur semi-automatique ● Table ronde en traumatologie sportive ● Examen ■ Renseignements Association médicale française de tennis (AFMT) U L L E ■ Renseignements Commission médicale régionale Dr Olivier Coste Tél. : 04 99 23 15 54 E-mail : [email protected] 6e RENCONTRES MÉDICALES ET 3e SYMPOSIUM EUROPÉEN DE TRIATHLON ■ Epreuve sportive Tournoi de tennis homologué par la FFT B Nouvelles méthodes d’évaluation en triathlon par la médecine et la physiologie ● Dr Alain Seynaeve Tél. : 04 94 03 21 44 Port : 06 60 54 40 60 28e SEMAINE MÉDICO-SPORTIVE DE L’AMFT T 2-3 juin 2001 Balaruc Les Bains 22e JEUX MONDIAUX DE LA MÉDECINE ■ Epreuve sportive Triathlon des professions de santé ■ Formation médicale continue ● Métabolisme des minéraux et éléments traces lors d’un triathlon ● Effets combinés d’une supplémentation antioxydante et d’un entraînement physique intense chez des triathlètes sur la régulation des systèmes antioxydants ● Fatigue métabolique dans les sports d’endurance ● Composition corporelle, masse osseuse et suivi nutritionnel ● Evolution de la composition corporelle au cours d’une saison ● Etude longitudinale sur l’utilisation des substrats énergétiques ● Variations des puissances maximales aérobie et anaérobie alactique au cours de la saison ● Etude épidémiologique des accidents de compétition en triathlon ● Responsabilité médicale du médecin encadrant une compétition ● Vitesses critiques et vitesses maximales d’états stables en triathlon I N D 8 numéros par an : Prix au numéro : 35 F Abonnement : 250 F * Etudiant : 180 F * (joindre photocopie de la carte d’étudiant) ’ A B O 23-30 juin 2001 Evian ■ Epreuves sportives Vingt-quatre disciplines proposées pour évaluer son endurance ■ Thèmes ● Lésions musculaires des membres inférieurs Pathologie du poignet et de la main Séquelles des entorses de chevilles ● Hydratation des sportifs ● Place du thermalisme en milieu sportif ● Place de la diététique en milieu sportif ● ● ■ Ateliers pratiques ● Evaluation et traitement de l’épaule douloureuse ● Préparation sportive et thermalisme ● Informatique ■ Renseignements CSO Tél. : 04 91 16 53 14 Fax : 04 91 17 60 59 e-mail : [email protected] Site Internet : http://www.medigames.com N N E M E N T *+ 80 F par avion pour les DOM-TOM et la CEE + 150 F par avion pour l’étranger autre que la CEE ❏ Pr ❏ Dr ❏ Mr ❏ Mme Nom : ...................................................................................................... Prénom : ...................................................... Spécialité ❏ Rhumatologue ❏ Rééducateur fonctionnel ❏ Autre .............................................................................................................. ❏ Médecin du sport ❏ Étudiant ❏ Médecin généraliste Année : ...................................... Adresse d’expédition : ............................................................................................................................................................................................................ ....................................................................................................................................................................................................................................................... ....................................................................................................................................................................................................................................................... Adresse et lieux d’exercice : .................................................................................................................................................................................................. ....................................................................................................................................................................................................................................................... Règlement Tél. : _ _ . _ _ . _ _ . _ _ . _ _ ; Fax : _ _ . _ _ . _ _ . _ _ . _ _ ❏ Chèque à l’ordre d’Expressions Santé ❏ Carte bancaire N° Expire le ......................................... Signature obligatoire : Suggestions d’articles / commentaires : ................................................................................................................................................... MDS 43 ❏ Je désire recevoir une facture justificative (déductible frais professionnels) Retourner ce bulletin accompagné d’un chèque à l’ordre d’Expressions Santé 15, rue Louvre - 75001 Paris - Tél. : 01 40 41 14 40 - Fax : 01 40 41 14 49. Un reçu vous sera envoyé.