PREVENTION DES MALADIES A TRANSMISSION VECTORIELLE (EUROPE) I- Généralités II- Moustiques III – Phlébotomes IV- Tiques V-Conclusion GENERALITES Définitions : Vecteur biologique : animal (en général arthropode) permettant la transmission (dissémination) « active » d’un agent pathogène d’un individu à un autre. Le vecteur est indispensable pour la pérennité du cycle parasitaire C’est au sein du vecteur biologique que vont s’effectuer certaines transformations de l’agent pathogène pour lui donner un caractère infestant Le vecteur biologique peut soit être Hôte Intermédiaire, soit Hôte définitif Si l’agent pathogène est transmis de façon verticale (à la descendance) le vecteur fait aussi office de réservoir A ne pas confondre avec vecteur mécanique: simple transporteur de pathogènes sur les pattes ou les pièces buccales Arthropodes vecteurs : insectes ou tiques Insectes : 4-6 millions d’espèces présentes dans tous les biotopes à l’exception des zones arctiques caractérisés par un exosquelette segmentation tête-thorax-abdomen 3 paires de pattes articulées 1 paire d’antennes Tête Thorax avec ou sans ailes importance médicale : vecteurs ou réservoirs de nombreuses maladies virales (dengue, chikungunya, fièvre jaune...), parasitaires (paludisme, leishmaniose...) ou bactériennes (peste, typhus...) responsables d’envenimations importance économique : ravageurs de culture (sauterelles, pucerons) mais aussi comme pollinisateurs (abeilles) Acariens et Tiques : 50 000 espèces répertoriées diversité probablement supérieure à 1 million d’espèces présents dans tous les biotopes caractérisé par un corps globuleux 4 paires de patte à l’état adulte et un rostre importance médicale : vecteurs ou réservoirs de nombreuses maladies virales (encéphalite à tique, fièvre du Colorado, fièvre hémorragique de Crimée-Congo...) bactériennes (fièvre des Rocheuses, maladie de Lyme, Tularémie...) parasitaires (essentiellement risque vétérinaire) responsables d’envenimations (paralysie ascendante à tique) importance économique : ravageurs de cultures Arthropodes vecteurs Circonstances de la contamination : nombreux insectes sont hématophages inoculation d’agents pathogènes au cours du repas sanguin sur l’hôte essentiel du risque se situe en zone tropicale (paludisme, leishmaniose, trypanosomiase, fièvre jaune, dengue……..) existence d’un risque en Europe soit à cause de zones d’endémies (maladie de Lyme, Tularémie….) Soit à cause de l’importation ou d’extension de l’aire de répartition de vecteurs MOUSTIQUES Moustiques : insectes diptères (2 ailes) 3500 espèces décrites. femelle obligatoirement hématophage avec comportement variable selon les espèces (endophile/exophile et endophage/exophage) larves ont un cycle de vie obligatoirement aquatique. adultes peuvent vivre dans de nombreux biotopes. distribution est mondiale sauf zones strictement arctiques et désertiques sèches 3 genres majoritairement importants d’un point de vue médical : Anopheles Aedes Culex Moustiques : Anopheles : 80 espèces responsables de transmission de pathogènes Chacune avec un besoin écologique particulier pour ses gites larvaires A. gambiae : eau claire sans végétation A. arabiensis : environnements secs, savanes A. funestus : marais A. merus : eaux saumâtres des zones côtières (y compris eau salée des mangroves) Moustiques : Aedes : 30aine d’espèces responsables de transmission de pathogènes Chacune avec un besoin écologique particulier pour ses gites larvaires A. aegypti : très anthropophile (moustique urbain ou péri-urbain) A. albopictus : similaire à celui d’Aedes aegypti A. polyniensensis : péri-urbain et forestier A. cantator : eau saumâtre des zones cotières, marais A. vexans : milieux temporairement inondables (prairies ou friches inondables) Moustiques : Culex : 30aine d’espèces responsables de transmission de pathogènes Chacune avec un besoin écologique particulier pour ses gites larvaires C. pipiens : eaux stagnantes, fossés intra-forestier y compris eaux pollués avec une forte adaptation urbaine C. modestus : canaux d’irrigation, marais faiblement salins, rizières C. quinquefascius :eaux stagnantes riches en matière organique C. nigripalpus : eaux de rétentions, fossés récemment inondés, eaux riches en matière organique Moustiques : Cycle de vie Le moustique pond ses œufs : soit à la surface de l’eau, soit sur des végétaux aquatiques flottants (Culex, Anopheles) soit à l’interface entre l’eau et l’air voire sur un support exposé à l’air mais dans des zones inondables (Aedes) Moustiques : Importance médicale piqûre passe en général inaperçue mais déclenche une réaction inflammatoire et un prurit bénin. (nuisance) risque de spoliation de sang dans les zones hyper-infestées (surtout Aedes) en zone sub-arctique au printemps/à l’été (jusqu’à 12,5 millions d’individus par Ha) transmission de maladies infectieuses virales et parasitaires Moustiques : Importance médicale en Europe Anopheles : vecteur unique du - Paludisme Environ 450 000 décès en 2015, 90% en Afrique - En Europe : Paludisme des aéroports : (75 cas depuis 1977 en Europe, 25 en France) Grave car diagnostic difficile (pas de notion de voyage) - Paludisme autochtone à P. vivax en Grèce (60-70 cas en 2012) En augmentation Moustiques : Importance médicale en Europe Aedes : vecteur de la - Dengue (y compris la forme hémorragique) maladie virale 1/3 population mondiale en zone d’endémie 100 millions de cas par an Mortalité 15 à 25 000 annuels - Transmission sporadique en Italie, Croatie (2010-11) Epidémie à Madère en 2012-2013 Vecteurs : A. aegyptii et A. albopictus cas autochtones en France de le Var (2014-2015) et le Gard (2015) Moustiques : Importance médicale en Europe Aedes : vecteur secondaire d’encéphalites virale - Virus West Nile - Encéphalite équine de l’Est (USA cote Est) Encéphalite de St Louis Fièvre de la vallée de Murray Encéphalite de Californie Maladie de la Ross River Maladie de la forêt de Barmah ……….. - Cas sporadiques de West Nile en Italie, Grèce, Monténégro (42 cas en 2013) En France épidémies en 1962, 1975 à 1980 et 2003 (Sud, Camargue, Corse) dont certains mortels Moustiques : Importance médicale en Europe Culex : vecteur principal - Encéphalites virales - Virus West Nile - Encéphalite japonaise - Encéphalite équine de l’Est Encéphalite de St Louis Fièvre de la vallée de Murray Maladie de la Ross River Maladie de la forêt de Barmah Moustiques : Lutte et Prophylaxie - Lutte collective Lutte anti vectorielle par pulvérisation d’insecticides à effets rémanents Lutte anti-larvaire chimique - Prophylaxie Individuelle Rappel : certains moustiques (Culex, Aedes) ont une activité diurne Porter des vêtements longs et couvrants Utiliser des répulsifs (à base de DEET, IR3535 ou d’icaridine) - - <30% de DEET suffit en zone tempérée A renouveler toutes les 6-8 heures (plus si sudation ou baignade) Éviter les produits à base d’huile essentielles et autres gadgets (bracelets, raquettes etc) à l’efficacité douteuse ou émettant des produits de combustion toxiques (tortillons en intérieur …) Utiliser des insecticides en intérieur adaptés (diffuseurs) Rappel : les insecticides sont toxiques - Utiliser la climatisation - Consulter si symptômes inhabituels après piqûre PHLEBOTOMES Phlébotomes (« sand fly ») : Diptères plus petits que les moustiques (2 à 3 mm) Environ 700 espèces dont 70 d’importance médicale Distribution : cosmopolite préférentielle en zone chaude (tropicale, sub-tropicale et méditerranéenne) préférentielle à basse/moyenne altitude (<1000 m) larves se développent essentiellement dans des arbres creux, souches, murets, terriers. également les zones de repos préférentiels des adultes Phlébotomes Importance médicale en Europe femelles hématophages activité crépusculaire et nocturne rares espèces (rares) peuvent piquer en journée si habitat dérangé ou si temps est couvert l’activité préférentielle lors des périodes chaudes et humides et par temps calme (pas ou peu de vent) piqûre douloureuse malgré la taille (ne passe pas inaperçue) formation d’un papule persistant Risque de transmission de Leishmaniose cutanée Risque de transmission de fièvres à phlébotomes Phlébotomes Importance médicale en Europe Leishmaniose cutanée provoquée par protozoaires du genre Leishmania endémique dans le sud de l’Europe et Balkans une centaine de cas annuels en France (surtout enfants) en progression Phlébotomes Importance médicale en Europe Fièvre à phlébotome maladie virale endémique dans le sud de l’Europe et Balkans fièvre élevée (39-40°C) associée à de violentes céphalées + douleurs musculaires et articulaires fièvre chute à T +3j rémission après période d’asthénie Phlébotomes : Prophylaxie - Prophylaxie Individuelle uniquement Porter des vêtements longs et couvrants - Utiliser des répulsifs (à base de DEET, IR3535 ou d’icaridine) lors période d’activité des phlébotomes 30% de DEET suffit en zone tempérée A renouveler toutes les 6-8 heures (plus si sudation ou baignade) Éviter les produits à base d’huile essentielles et autres gadgets (bracelets, raquettes etc) à l’efficacité douteuse - - Consulter si symptômes inhabituels après piqûre (plaie qui ne cicatrise pas par exemple) TIQUES Tiques : Tiques « dures » et tiques « molles » Tiques dures : changent souvent d’hôtes (les + fréquentes chez l’homme) Tiques molles : changent rarement d’hôtes (fixation accidentelle chez l’homme) Distribution : partout ou végétation est dense et haute forêts tempérées ou tropicales, savanes, plaines à herbe haute... Circonstance de la piqûre : nécessité d’un repas sanguin selon le cycle de développement et le cycle (1,2 ou 3 hôtes) de la tique activité maximale au printemps/automne en zone tempérée toute l’année en zone tropicale Clinique de la piqûre : extrêmement discrète tique s’attache à son hôte repas sanguin peut durer plusieurs jours jusqu’a gorgement repas sanguin passe inaperçu chez l’hôte (pas de douleur, pas de prurit) c’est à l’occasion de ce repas sanguin que la tique peut libérer des agents pathogènes, des toxines ou déclencher des réactions anaphylactoides Tiques Importance médicale en Europe Tiques « molles » Risques : Réactions allergiques (jusqu’au choc anaphylactoide) Transmission d’agents pathogènes essentiellement viraux (« type » mononucléose infectieuse) ou bactériens (Borrelia) transmission par salive lors du repas sanguin de l’émission du liquide coxal par écrasement de la tique fièvres récurrentes à tiques (Borrelia) : forte morbidité Transmissions enregistrées pour l’instant essentiellement dans le sud de l’Europe (Portugal, Espagne, Balkans) Quelques cas sporadiques en France Tiques Importance médicale en Europe Tiques dures Transmission d’agents pathogènes essentiellement viraux ou bactériens (qques parasites) au cours du repas sanguin quelques exemples maladies bactériennes maladie de Lyme (Borrelia burgdoferi) : grave Tularémie (Francisella tularensis) : mortelle (>5%) Anaplasmose humaine (Anaplasma sp.) : mortelle (7-10%) Tiques Importance médicale en Europe Tiques dures Transmission d’agents pathogènes maladies virales Encéphalite européenne à tiques présente dans l’Est de la France, endémique en Europe Centrale, Pays Baltes, Finlande, Russie, Balkans, Allemagne 1-2% de mortalité 10-20% de séquelles neurologiques Fièvre hémorragique de Crimée-Congo présente en Grèce et ex-Yougoslavie mortalité 10-40% +/- 10 arboviroses transmises par tiques en Europe Tiques Importance médicale en Europe Tiques dures Transmission d’agents pathogènes Tiques Importance médicale en Europe Tiques dures Transmission d’agents pathogènes maladies parasitaires Babésiose parasite intra-érythrocytaire (Babesia divergens) rare (30aine de cas en France sur les 30 dernières années) uniquement patients splénectomisés potentiellement mortelle (50%) par insuffisance rénale liée à l’hémolyse massive Tiques Importance médicale en Europe Tiques dures Prophylaxie individuelle uniquement Lors de promenades en forêt ou zones à hautes herbes (zones de présence préférentielles) Surtout en automne et printemps (période d’activité préférentielle) Porter des pantalons longs et vêtements couvrants clairs Chaussures de marches hautes (ou guêtres) Eventuellement utiliser un répulsif sur la peau et les vêtements Vérifier en retour de promenade systématiquement la présence de tiques (surtout aux plis du corps, aine, aisselles, derrière les oreilles …) Retirer la tique le plus rapidement possible (transmission agents pathogènes tardives, en générale post 24-48h) Soit avec un tire-tic, soit avec un corps gras (asphyxie) Ne jamais utiliser un corps pétrolé (éther, benzine, essence à briquet …) Désinfecter le site de morsure Consulter en cas de symptômes inhabituels en indiquant l’historique « morsure de tique » MERCI