World Climate Négocier un accord global sur le climat avec le simulateur de politique climatique C-ROADS CONFIDENTIEL : Briefing pour les prochaines négociations climatiques A: Militants environnementaux à la conférence des Nations unies sur le changement climatique OBJET: Objectifs des négociations Vous participez aux prochaines négociations de l'Onu sur le changement climatique pour plaider pour l'environnement, la justice sociale et les générations futures. Votre objectif est de soutenir le meilleur accord possible qui limiterait, le plus tôt possible, les émissions en gaz à effet de serre (GES). La science la plus sérieuse a montré les réels et très sérieux risques que pose le changement climatique. Il reste peu de temps pour commencer à réduire les émissions globales et empêcher les graves conséquences pour l'humanité et les autres espèces. Comme souvent, les pauvres et les futures générations en souffriront de façons disproportionnées. Heureusement, les habitants de la plupart des pays pensent que le changement climatique est réel et que les activités humaines y contribuent de façon significative. La majorité des peuples soutiennent un accord qui règlerait ce problème. Cependant, beaucoup s'opposent à une augmentation des taxes sur les énergies fossiles. Le changement climatique se range parmi les dernières priorités de la plupart des citoyens, loin derrière la crise économique, le chômage ou la peur du terrorisme et la sécurité. Votre but est de rencontrer les négociateurs et de les convaincre d'agir urgemment. Vous devrez faire face à de nombreuses résistances de toutes parts. De nombreux gouvernements ne veulent pas entraver les industries des énergies fossiles, qui ont une très grande influence politique et sont parmi les entreprises les plus rentables au Monde. Ces mêmes intérêts ont été extrêmement efficaces pour instiller la confusion dans le public en utilisant la stratégie mise en place par l'industrie du tabac : créer le doute sur la science. Ils ont mené une campagne médiatique et de lobbying concertée et planifiée pour suggérer que des désaccords subsistaient entre scientifiques, que nous n'en savions pas suffisamment et que les risques étaient exagérés.1 En partie à cause de ses efforts, le public demeure perplexe sur la réalité du changement climatique et le rôle de l'activité humaine. La récession a contrecarré nos efforts et le haut taux de chômage détourne les esprits des questions environnementales. A l'heure actuelle, nous ne pouvons pas convaincre en arguant de l'importance intrinsèque de l'environnement. Nous devons faire valoir que la réduction des émissions de GES créera des emplois et renforcera l'économie mondiale en stimulant les investissements vers les énergies vertes et l'efficacité énergétique. Lors de votre réunion avec les Etats-Unis et l'Union européenne et les autres représentants des pays développés, mettez l'accent sur les coûts économiques liés à la dépendance au pétrole étranger et les bénéfices des investissements dans l'efficacité énergétique et les emplois verts. Si les pays développés n'agissent pas dès maintenant, pour développer une économie verte, la Chine et l'Inde vont être leader dans le domaine des éoliennes, des panneaux solaires et des voitures électriques. Ainsi, de nouvelles études, dont le rapport bipartite « Risky Business », signé par des secrétaires au Trésor américain des deux bords, montrent que les coûts de l'inaction sont élevés alors que la plupart des régions des Etats-Unis bénéficieraient d'une politique de réductions des émissions. De son côté, le rapport du GIEC (AR5) souligne que le changement climatique frappe d'ores et déjà la planète et que, sans réductions drastiques des émissions, les conséquences n'en seront que beaucoup plus graves. Lors de vos réunions avec la Chine et l'Inde, soulignez le fait qu'ils seront ceux qui vont le plus souffrir du changement climatique, de la montée des océans, des sécheresses et des inondations. Attirez l'attention sur le fait que s'accorder pour limiter leurs émissions de GES permettra l'émergence de l'économie verte et est nécessaire pour que les Etats-Unis et les autres pays développés réduisent leurs émissions. Ce faisant, cela développera de grands marchés pour les éoliennes, les panneaux solaires, les voitures électriques et les technologies vertes que les pays émergents et en voie de développement peuvent produire à moindre coût et ainsi dynamiser leurs économies et leur développement. Vous n'avez que peu de moyens de pression comparé aux lobbies de l'industrie pétrolière et à ceux qui souhaitent le status quo. Utilisez les tactiques qui vous semblent les plus pertinentes. Gardez et défendez vos valeurs morales. De manière appropriée, blâmez et culpabilisez les délégations des pays développés. Organisez des manifestations. Encouragez les pays les plus pauvres à quitter les négociations. Au verso, vous trouverez les données qui vous seront utiles dans vos négociations. Bonne chance ! Le futur dépend de votre succès. Préparé par John Sterman (MIT Sloan School), [email protected], revu par Juliette Rooney-Varga (Umass Lowell CCI), [email protected], déc. 2014. www.climateinteractive.org/worldclimate Révision et traduction : Laurent Richard (Albedo), [email protected] / www.albedoclimat.org E. Conway et N. Oreskes (2012) Marchands de doutes: Ou comment une poignée de scientifiques ont masqué la vérité sur des enjeux de société tels que le tabagisme et le réchauffement climatique. Editions Le Pommier. 1 Le graphique ci-dessous montre les émissions de CO 2, par personne, issues de l'utilisation énergétique (principalement les énergies fossiles) dans le Monde et dans certains pays et régions. Les pourcentages précisés indiquent l'évolution des émissions pour la période 1980-2013. Les émissions en CO 2 par personne, dans l'Union européenne et particulièrement aux Etats-Unis sont bien supérieures à la moyenne mondiale et aux émissions des pays en développement. Par exemple, les émissions par personne aux Etats-Unis sont plus de 2 fois plus élevées qu'en Chine, 9 fois plus qu'en Inde et 16 fois fois plus qu'en Afrique. Cet écart est encore plus important pour les pays les plus pauvres. Par exemple, les émissions par personne aux Etats-Unis sont plus de 275 fois plus élevées que celles du Mali. Les pays développés génèrent plus de la moitié des émissions mondiales de CO2 liées aux énergies fossiles. Avec moins de 5% de la population mondiale, les Etats-Unis, à eux seuls, génèrent 15% des émissions. Emissions de CO2 par personne issues des énergies fossiles (en tonnes) Source : Global Carbon Project Le graphique ci-dessous montre les émissions cumulées de CO 2, issues des énergies fossiles, de 1900 à 2010. La grande majorité de tout le CO2 relâché dans l'atmosphère, pendant cette période, provient des nations développés de la planète (environ 80%). Par conséquent, ces pays sont les premiers responsables du réchauffement observé jusqu'à aujourd'hui. Selon le scénario « Business As Usual » (GIEC RCP8.5), la part des émissions cumulées de nos pays va augmenter jusqu'à la fin de ce siècle. Cependant, les émissions cumulées des pays développés représenteront toujours plus de la moitié du total en 2050, et à peu près 45% en 2100. Comme la durée de vie du CO 2 dans l'atmosphère est d'environ 100 ans, la plus grande partie du réchauffement, de l'élévation du niveau de la mer, ainsi que des autres conséquences du changement climatique auxquelles nous aurons à faire face lors de ce siècle, seront dues aux émissions des pays riches. Emissions cumulées de CO2 liées à l'utilisation des énergies fossiles (GtCO 2) Source: IEA