MISE AU POINT Ann. Kinésithér., 1985, t. 12, n° 3, pp. 91-96 © Masson, Paris, 1985 Utilisation de la relaxation de pression en rééducation respiratoire D. DELPLANQUE Service de Réanimation, service de chirurgie, Hôpital St-Joseph, 7, rue Pierre-Larousse, F75014 Paris. Introduction 1 Trop, pas assez, et surtout mal utilisé, tel est le cas du relaxateur de pression. Pourtant, sans qu'il devienne l'appareil unique de rééducation respiratoire, il peut rendre de grands services aux kinésithérapeutes. Principe général A Cet appareil appelé relaxateur de pression, permet l'insufflation d'air jusqu'à une pression donnée où l'appareil cesse son action, permettant l'expiration. C'est le patient qui déclenche l'insufflation, réglant ainsi sa fréquence respiratoire. Description de l'appareil Il se compose d'un boîtier présentant les commandes de réglage. Il est relié au patient par l'intermédiaire d'un 1 B 3 Fra. 2. - Au repos la source de gaz n'est pas en communication avec le compartiment B, un équilibre s'établit. 1 : source de gaz comprimé, 2 : tuyau coulissant avec celui de l'arrivée des gaz, 3 : vers le patient. circuit muni d'un nébuliseur. Le boîtier est séparé en deux compartiments par la présence d'une membrane en caoutchouc. Le compartiment A est relié à l'air ambiant, le compartiment B est relié d'une part à une source de gaz (air ou oxygène) sous pression, alimentant l'appareil et d'autre part au patient (fig. 1). 3i A B ,_4 Fra. 1. - Présentation générale de l'appareil, séparé en deux compartiments A et B. 1 : source de gaz, 2 : membrane de caoutchouc, 3 : filtre à air, 4 : vers le patient. Tirés à part: D. DELPLANQUE, à l'adresse ci-dessus. Au repos, la source de gaz n'est pas en communication avec le compartiment B, un équilibre s'établit (fig. 2). Lors de l'inspiration du patient, une dépression se crée, dépression qui, au niveau du compartiment B, entraîne un déplacement de la membrane à l'intérieur de B. Cela met en communication la source de gaz sous pression avec le compartiment B et donc avec le patient. C'est l'insufflation (fig. 3). D'une pression négative on aboutit à une pression positive refoulant la membrane vers A (fig. 4) et interrompant l'entrée des gaz dans le compartiment B. L'appareil se reiaxe permettant l'expiration du sujet (fig. 5). Ce phénomène entraîné par le jeu d'une dépression et d'une surpression se reproduit cycliquement permettant ainsi la respiration en pression positive intermittante (ou IPPB) (fig. 6). 92 Ann. Kinésithér., 1985, t. 12, nO 3 _ ... w---" A B ----, A Fm. 3. - Début de l'inspiration, la dépression créée par le patient FIG. 5. - Temps expiratoire, l'entrée des gaz est interrompue, entraîne un déplacement de la membrane vers le compartiment B. 1 : poumon du patient, 2 : membrane, 3 : communication de la source de gaz sous pression avec le compartiment B et donc avec le patient. le patient expire. l ° d 1 ~ pression cm H20 ----~-.------- - - --.-4 ---~ A B~ -'l 1 J Fm. 6. - Fm. 4. - Fin de l'inspiration où la surpression tend à refouler la membrane vers le compartiment A. Comment régler l'appareil On ne règle que : les pressions d'insufflation (pression positive), les débits, l'effort inspiratoire nécessaire pour déclencher l'appareil (pression négative). Le réglage des pressions est possible grâce à la présence d'aimants à l'intérieur du boîtier. Dans le compartiment B, la membrane possède une plaque de métal, en regard d'un aimant relié à l'extérieur par un bouton, permettant de régler l'écart entre métal et aimant. Plus l'écart est faible, plus l'aimantation est forte et donc il faudra une pression importante pour casser l'aimantation. Et vice-versa. D'où le réglage de l'écart entre aimant et métal, c'est-à-dire de l'aimantation, détermine la pression d'insufflation, à partir de laquelle l'appareil se relaxe (fig. 7 A et 7 B). Dans le compartiment A on retrouve le même dispositif. Un aimant relié à l'extérieur par un bouton, permettant Représentation graphique de la ventilation en IPPB. 1 : insujlation, 2 : expiration, 3 : dépression inspiratoire, 4 : pression de travail. de le rapprocher ou de l'éloigner d'une plaque de métal fixée à la membrane. Là aussi le réglage de l'aimantation permet de déterminer l'effort inspiratoire, c'est-à-dire la dépression inspiratoire du patient pour déclencher l'insufflation. Tout ceci peut être visualié par la présence d'un manomètre sur la face antérieure de l'appareil, permettant de lire les différentes pressions. Le réglage des débits, c'est-à-dire de la vitesse de l'insufflation est permis grâce à un modulateur de flux (qui est un venturi) qui diminue ou augmente le débit du flux gazeux pénétrant dans l'arbre aérien. Réglage effectué manuellement par un bouton situé sur l'appareil. En résumé, nous pouvons régler: - l'effort inspiratoire fournit par le patient pour déclencher l'appareil ; la vitesse à laquelle le flux est délivré au patient; - les pressions de travail. En fait, c'est quand la pression intra-buccale, c'est-àdire la pression à l'intérieur du thorax, devient égal ou supérieur à la pression affichée que l'insufflation cesse. On comprendra aisément que l'augmentation des Ann. Kinésithér., 1985, t. 12, na 3 93 ----?> 6 5__ ~~. y~ 4-/ FIG. 8. - Le nébuliseur. 1 : arrivée des gaz, 2 : boule, 3 : tuyau vertical plongeant dans l'eàu, présentant un orifice à sa partie inférieure, 4 : eau, 5 : courant d'air venant de la machine, 6 : vers le patient. A _B a FIG. 7a. - Dispositif permettant le réglage des pressions de travail. 1 : plaque de métal, 2 : aimant, 3 : curseur. à son extrémité supérieure les gouttes sont projetées violemment, par un flux gazeux, sur une boule, ceci entraînant une fragmentation des molécules d'eau. On obtient de fines particules qui passent dans l'air qui insuffle les poumons du "patient. Ainsi se trouve réalisée une bonne humidification des gaz insufflés. Cette humidification a pour avantage d'être faite par un appareil qui utilise les pressions. Donc on peut penser qu'elle se fasse assez loin dans l'arbre bronchique . .Enfin la présence d'un frein contrôler l'expiration. Il en existe deux types : b FIG. 7b. - Agrandissement de la fig. 7a. Le réglage de l'écart entre l'aimant et le métal, c'est-à-dire de l'aimantation, détermine la pression d'insuflation. 1 :plaque de métal, 2 : aimant, 3 : curseur permettant de régler la distance entre aimant et métal. résistances bronchiques ou pariétales, que la non-coopération du sujet (qui met la langue devant l'embout ou qui souffle avant la fin de l'insufflation entraîne brutalement une augmentation des pressions, aboutissant à un arrêt de l'insufflation. Ceci sans que l'appareil ait délivré une' quantité d'air suffisante à la ventilation alvéolaire. Cet appareil ne permet donc pas une ventilation au long cours d'une façon fiable. Ce boîtier est relié au sujet par l'intermédiaire d'un circuit. Ce circuit est muni d'un frein expiratoire et d'un nébuliseur; pièce importante de cet appareil. expiratoire permet de 1. L'un se présentant comme un bouchon ayant plusieurs orifices expiratoires de diamètres différents. Permettant une résistance au flux expiratoire variable. Ceci entraîne une certaine pression positive téléexpiratoire, mais qui revient toujours à zéro. En fait l'expiration est freinée et dure plus longtemps, entraînant une participation plus active du sujet. L'inconvénient majeur réside dans le fait que si le patient tousse, l'air ne peut s'échapper très rapidement par cet orifice et l'on obtient des surpressions intrathoraxiques importantes. Il faut y faire attention. 2. L'autre, ne permettant pas de réglage, permet un écoulement du flux expiratoire doux et progressif avec une résistance relativement faible. Elle est composée d'une membrane en 'caoutchouc, laissant s'échapper l'air facilement en cas de surpression. La résistance expiratoire obtenue permet de conserver les bronches ouvertes et donc de rééquilibrer les pressions endobronchiques et intrathoraxiques. La présence d'une valve expiratoire est indispensable, permettant l'expiration et fermant le circuit expiratoire lors de l'insufflation. Le nébuliseur Sa forme est celle décrite à la figure 8. Il utilise l'effet Venturi, c'est-à-dire l'air qui est appelé par un courant d'air. Lors d'une insufflation, le liquide contenu dans le fond du nébuliseur est aspiré dans le tuyau vertical. Arrivées Application du relaxateur de pression Les variations de pressions et de débits engendrés par cet appareil, ainsi que ses 94 Ann. Kinésithér., 1985, t. 12, nO 3 ment musculaire, on a une importante perturbation du rapport ventilation-perfusion. Les gaz insufflés sont souvent secs et froids. Il y a une augmentation de la sécrétion de mucus due aux irritants que sont l'intubation et les gaz anesthésiques. Tout ceci participe à la formation de l'atélecL'ENCOMBREMENT BRONCHIQUE tasie postopératoire. Vu l'ensemble de ces symptômes, le relaxateur de pression va permettre outre d'humidifier les Ce problème auquel est confronté beaucoup sécrétions bronchiques de façon efficace (afin de kinésithérapeutes n'est pas toujours facile à qu'elles deviennent plus facilement mobilisarésoudre. Il dépend aussi du type de malade que bles), outre son rôle de vecteur médicamenteux, l'on doit soigner. de mobiliser de grands volumes d'air. Mobilisant les sécrétions bronchiques, il joue sur les propriétés rhéologiques du crachat, en abaissant Les malades opérés sa viscosité. C'est un véritable « ramonage» des voies aériennes permettant une désobstruction Ce problème est d'autant plus difficilelorsque bronchiolaire et facilitant grandement l'expecle malade est opéré et qu'il est de surcroît toration. Les variations importantes de débit et de insuffisant respiratoire. Le Bird trouve alors ici une place privilégiée. En effet, on s'adresse à des pression, permet la réouverture de certains personnes qui présentent un ensemble de symp- territoires pulmonaires, obstrués par des crachats. Tel est le cas des atélectasies. Tout ceci tômes ne facilitant pas l'expectoration: - La douleur, toujours présente après une est mis en évidence par une augmentation de intervention, gêne les mouvements respiratoires, l'expectoration qui suit la séance. Des variations importantes de débits entraîinhibe la toux et les effets d'expectoration. - Une cinétique respiratoire perturbée, que ce nent souvent la toux. Si elle est productive, soit une chirurgie thoracique ou abdominale comme c'est souvent le cas, cela ne peut être que bénéfique, sinon on risque de fatiguer le (surtout abdominale). malade. - Une perturbation des volumes mobilisés. Il est bien évident que les autres techniques Perturbation d'autant plus importante si l'on s'adresse à des insuffisants respiratoires. Surtout de kinésithérapie respiratoire permettant ou chez les sujets restrictifs (présentant déjà une facilitant l'expectoration doivent obligatoirediminution de leur capacité vitale). Les sujets ment accompagner les séances. Seule, la relaxaobstructifs ont aussi beaucoup de problèmes car tion de pression peut ne pas être efficace. Les positions dites «de drainage» sont leur débit expiratoire chute énormément. souvent utilisées, permettant une action plus Ces perturbations sont souvent dues à la localisée de la relaxation de pression. douleur, à la peur, à l'inhibition neuromus.Le ,réglage du «Bird »est fonction d'un culaire des muscles re~piratoires. Ce fait est important car pour se désencombrer, il faut certain nombre de paramètres. Sachant que la mobiliser de grands v.olumes d'air; _moteur limite de la pression maximale d'insufflation joue sur l'amplitude respiratoire et que le débit joue principal du désencombrement bronchique. - Les effets de l'anesthésie. Durant le temps sur la durée de l'inspiration. Cela permet de opératoire, la physiologie respiratoire est s'adapter à chaque patient. Les personnes présentant une compliance perturbée. Les cils vibratils ne battent quasiment plus. faible et des résistances pariétales élevées peuL'action anti-infectieuse des globules blancs vent justifier de pressions élevées (+ 30, + 40 cm H20) afin de mobiliser une amplitude est réduite. De part la position du malade et du relâche- ventilatoire suffisante pour intervenir sur des possibilités d'humidification des voies aériennes et son rôle possible de vecteur médicamenteux lui confère une certaine efficacité, lorsque les indications sont bien posées. Ann. Kinésithér., 1985, t. 12, n° 3 zones hypoventilées ou atélectasiées. La vitesse d'insufflation doit être adaptée de façon à ce que la durée de l'inspiration ne soit pas trop longue, sinon on risque de fatiguer le patient. Les personnes présentant une compliance élevée justifient de pressions plus faibles (+ 15, + 20 cm H20) et de débits permettant le remplissage du poumon facilement et sans fatigue. La fatigue est à prendre en considération. Quand elle apparaît, il est préférable de diminuer le temps d'insufflation (en augmentant le débit) et baisser un peu la pression. L'augmentation du débit ne doit pas entraîner une toux qui deviendrait fatiguante, surtout si elle n'est pas productive. En fait, le réglage du relaxateur de pression est très empirique, et c'est en observant le patient que l'on règle ces paramètres. En fonction de sa tolérance, sa facilité, sa difficulté ou de sa fatigue, on augmentera ou diminuera débit et preSSIOn. Une fois passé le cap aigu, le malade devra être progressivement sevré de l'appareil, ainsi il retrouvera les moyens classiques de désencombrement. Cela va de pair avec un retour vers la vie dite. normale. Chez certains opérés de l'abdomen, on peut observer une hypoventilation des bases (pouvant aboutir à une atélectasie) justifiant du relaxateur de pression. Les résultats sont immédiatement visibles à la radio. Tout ce travail sera facilité par une préparation préopératoire afin que le patient apprenne ce qu'est cet appareil, comment il fonctionne et les bénéfices qu'il pourra en tirer. Cela permet aussi de le préparer à l'intervention. Les malades non opérés Ces patients présentant un encombrement bronchique, peuvent justifier de la relaxation de pression. Néanmoins, si leur âge, l'intensité de leur maladie et leur endurance le permettent, mieux vaux obtenir au moyen d'exercices plus physiologiques cette hyperventilation (obtenue avec le relaxateur). En effet, il est souhaitable de conserver et d'entretenir le plus longtemps possible la musculature respiratoire. 95 LE RELAXATEUR DE PRESSION EST AUSSI UN AÉROSOL Il peut être considéré comme un des meilleurs aérosols. En effet, certains patients qui ne peuvent adapter leur respiration à des aérosols simples, pour en obtenir l'efficacité maximum, peuvent utiliser le relaxateur de pression. Pour faciliter l'expectoration, on peut tout simplement utiliser l'eau. Mais cet aérosol est· très efficacelorsqu'on administre des bronchodilatateurs chez des personnes présentant un bronchospasme. CHEZ L'INSUFFISANT RESPIRATOIRE Cela permet d'aider à diminuer ou à contrôler une Pa CO2 instable ou augmentée. Pratiquer dix minutes toutes les demi-heures, elle peut retarder une ventilation artificielle, permettant une ventilation plus uniforme de tout le poumon. Cette technique doit être associée à la ventilation abdomino-diaphragmatique afin d'être le plus efficace possible. L'utilisation à domicile permet au patient ayant compris le maniement de cet appareil, de compléter très efficacement la kinésithérapie respiratoire effectuée régulièrement dans la journée. LIMITES ET CONTRE-INDICATIONS Dans certains cas, la non-compréhension ou la non-coopération du sujet peut entraîner des limites d'utilisation. Dans le cas où apparaît la fatigue, il est préférable de diminuer les seances si l'on ne veut pas obtenir l~s effets inverses. Les coritre-indication.ssont représentées par: - L'emphysème bulleux, ou les images bulleuses sous-corticales prêtes à se rompre. - Les anté~édents de pneumothorax spontané. - Les épisodes de décompensation aiguë avec perturbation des gaz du sang. Ces appareils ne permettant pas de contrôler la ventilationminute et l'oxygénothérapie. 96 Ann. Kinésithér., 1985, t. 12, n° 3 Références On ne doit pas considérer le relaxateur de pression comme moyen unique, il faut l'intégrer aux autres techniques de kinésithérapie respiratoire. 1. LARGET L. - « Rééducation fonctionnelle des cardiaques». Encycl. méd.-chir., 26505 AIO Vol. 4. 2. DIZIAIN A.M., PLAS-BoUREY M. - Rééducation respiratoire, Paris, Masson, 1978. 3. BRIAL P. - « Ventilation assistée et ventilation dirigée chez les insuffisants respiratoires chroniques ». Ann. kinésith., 1980, 7. J , PROMO PLASTIQUES Département FOURNITURES D. SCHAFFNER ORTHOPÉDIQUES VELCRO - VERPLEX ET PARAMÉDICALES - POL YSAR - ORFIT et toutes matières plastiques et accessoires permettant la réalisation aisée d'appareils ou d'immobilisations légères Documentation complète et échantillons PROMOPLASTIQUES, sur demande à : Département D. Schaffner, Tél. : (1) 371.71.80 15, cité Voltaire, 75011 Paris + 1 f • ~ '-- Conclusion ----