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Semaine du 14 au 19 avril 2013
1/ DEMISSION DE SALAM FAYYAD
Les médias israéliens ont accueilli avec une certaine inquiétude la démission du Premier
ministre palestinien Salam Fayyad, remise samedi soir au président Abbas, estimant qu’elle
infligerait un coup dur à une économie palestinienne déjà en peine, ainsi qu’aux efforts de
médiation américaine pour la relance du processus de paix.
S’ils n’ont pas été surpris par la démission du chef de l’exécutif palestinien, qu’ils prédisaient
depuis la semaine dernière, les commentateurs israéliens, estiment toutefois que ce
rebondissement « spectaculaire » (Haaretz) sera lourd de conséquence pour Israël et pour le
processus de paix.
Sur la scène internationale, Washington et Paris ont salué le bilan du Premier ministre
sortant et vanté les mérites de celui qui a « contribué à édifier les institutions du futur Etat
Palestinien ».
Les autorités israéliennes se sont quant à elles gardé de tout commentaire quant au départ
du Premier ministre palestinien.
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Dans sa dernière allocution hebdomadaire sur les ondes de la radio publique palestinienne, le
Premier ministre démissionnaire a appelé à la tenue d’élections en Cisjordanie et dans la
Bande de Gaza. Il a par ailleurs indiqué qu’il n’envisageait pas de quitter la politique et qu’il
œuvrerait, en tant que citoyen, à la défense des droits palestiniens.
Dans un communiqué publié jeudi, 12 factions ont exhorté le président de l’Autorité
palestinienne, Mahmoud Abbas, à profiter du « momentum » créé par la démission de
Fayyad pour promouvoir la réconciliation entre Fatah et Hamas et tenir des élections.
Le quotidien Haaretz révélait vendredi qu’une rencontre entre le Premier ministre du Hamas,
Ismail Hanyé et le chef de la branche politique de l’organisation islamiste, Khaled Meshaal
était prévu en fin de semaine au Qatar. Selon le journal, si des « échos positifs parvenaient à
Ramallah », Mahmoud Abbas pourrait suspendre la nomination d’un nouveau Premier
ministre et prendre la direction de l’exécutif en vue de l’organisation d’un scrutin. Si ce n’est
pas le cas, ajoute le quotidien, Abbas formera un gouvernement de technocrates et des
élections législatives se tiendront 90 jours après.
2/ POUR JOHN KERRY, LE TEMPS EST COMPTE POUR REPRENDRE LES
POURPARLERS
Lors d’une intervention à la Chambre des Représentants ce mercredi, le Secrétaire d’Etat
américain John Kerry a réaffirmé son engagement à promouvoir la relance du processus de
paix. « Je serai engagé car je crois que la fenêtre d’opportunité est en train de se refermer »
a-t-il déclaré devant la commission des Affaires Etrangères, ajoutant qu’il restait deux ans au
maximum pour parvenir à un règlement définitif de la situation.
Il a également confié sa volonté de parvenir à surmonter l’impasse dans laquelle se trouvent
les deux parties, à savoir qu’aucune négociation entre Israël et l’Autorité palestinienne n’a eu
lieu depuis quatre ans et demi, et ce après plus de six décennies de conflit. John Kerry a
cependant souligné la détermination de chacune des parties à parvenir à un accord de paix.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait d’ailleurs indiqué au Secrétaire
d’Etat américain durant sa visite en Israël qu’il était possible de parvenir à un règlement
définitif avec les Palestiniens d’ici un an, à condition que Mahmoud Abbas accepte de
reprendre les négociations sans préalables.
Pour la classe politique israélienne, le message adressé aux parties par John Kerry est clair :
l’Administration américaine entend fixer un calendrier précis pour la relance du processus de
paix. Selon des responsables israéliens ayant requis l’anonymat, un échec des négociations
conduirait les Américains à geler leur soutien financier à l’Autorité palestinienne, ce qui
aurait pour conséquence d’affaiblir les services de sécurité palestiniens. Un tel scénario est
redouté à la fois par les Palestiniens et par les Israéliens, dans la mesure où il favoriserait une
recrudescence des troubles et la montée en puissance du Hamas en Cisjordanie.
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Nétanyahou et son ministre de la Défense mettent en garde John Kerry, assis sur le
bord de sa « fenêtre d’opportunité » :
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« Faites attention de ne pas tomber »
Caricature de Biderman - Haaretz
LE RETOUR DE LA CORRUPTION / ELI AVIDAR – MAARIV
C’est précisément la popularité mondiale de Fayyad qui a scellé son sort sur le plan
palestinien. Sa démission pourrait accélérer le déclin économique de l’Autorité
palestinienne.
L’ère de l’édification des institutions étatiques palestiniennes est révolue et laisse place à
une nouvelle ère qui devrait rappeler le règne d’Arafat à la Mouqata’a. Durant tout son
mandat, le Premier ministre palestinien a manqué de charisme et d’une solide base de
soutien dans la rue palestinienne. Son allure grise et son tempérament européen n’ont
jamais facilité son contact avec la foule palestinienne. Le récent différend qui l’opposait au
président Abbas aura eu raison de lui mais le conflit ne date pas d’hier. Mahmoud Abbas n’a
jamais apprécié d’être dans l’ombre de son Premier ministre aux yeux des Américains. Plus
l’étoile Fayyad brillait, plus le raïs perdait de sa pertinence. Le départ de Salam Fayad
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devrait réhabiliter les bonnes vieilles lois tribales qui prévalaient au sein de l’économie
palestinienne sous l’ère Arafat. Les années Fayyad ont fait oublier au Fatah le niveau de
corruption qui avait vu triompher le Hamas aux élections. Sans les garanties de Fayad et
sans sa gestion propre de l’économie palestinienne,
l’Autorité palestinienne pourrait
sombrer et mettre en péril la stabilité relative dont bénéficiaient ces dernières années les
Palestiniens.
UN PAS VERS LA FIN DE L’AUTORITE PALESTINIENNE / BARAK RAVID – HAARETZ
La démission de Fayyad est un événement spectaculaire dont les répercussions ne
s’arrêteront pas à la zone A mais atteindront Israël, les efforts américains de relance du
processus de paix et la politique des pays européens à l’égard des Palestiniens. Fayyad était
le symbole de l’intégrité, de la guerre contre la corruption. Son projet, qui consistait à
construire les institutions palestiniennes « du bas vers le haut », suscitait un formidable
soutien dans le monde.
Sa démission est un signe supplémentaire de la désintégration interne de l’Autorité
palestinienne et de la crise politique dans laquelle elle se débat. Pour subsister, Abou Mazen
fait régner en Cisjordanie une semi-dictature, sur le modèle de Moubarak. Bloggeurs et
journalistes sont jetés en prison. Manifestations et critiques sont sévèrement réprimées. Le
gouvernement ne fonctionne pas et son dirigeant continue à se promener dans le monde
entier.
La démission de Fayyad remettra en question l’aide internationale à l’Autorité palestinienne.
Israël aussi hésitera à promouvoir des mesures économiques en Cisjordanie. La crise
économique ne fera donc que s’aggraver et de là à une conflagration armée, il n’y a pas loin.
Cette démission est également un sérieux coup porté aux efforts américains de relance des
négociations.
Israël a toujours été ambivalent à l’égard de Fayyad : d’un côté, il le considérait comme un
partenaire fiable pour ce qui est de la coordination sécuritaire et économique, mais de
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l’autre, il voyait en lui une menace en raison de son succès dans la mise en place des
institutions de l’Etat. Israël n’est pas la cause de sa démission mais la politique de
Nétanyahou n’a certainement pas aidé Fayyad à rester en poste.
DEPART DE FAYYAD : MAUVAIS POUR LES PALESTINIENS, MAUVAIS POUR ISRAËL / DOV WEISSGLASS – YEDIOT
AHARONOT
Comme ministre des Finances puis Premier ministre palestinien, Salam Fayyad a
révolutionné le mode de vie de ses compatriotes ainsi que les relations avec Israël. Les forces
de l’ordre palestiniennes ont été réorganisées : la « génération de l’Intifada » a été
remplacée par des personnes dignes, formées à exercer leurs fonctions ; les clans armés qui
dominaient les rues en ont été chassées et la criminalité a été éliminée ; le terrorisme antiisraélien en provenance de Cisjordanie s’est quasiment arrêté ; une réforme fondamentale
du service public et de la gestion du trésor a été mise en oeuvre ; les monopoles
« familiaux » qui contrôlaient l’import et le commerce ont été démantelés. Pour tout cela, et
à plus d’une reprise, Fayyad a failli payer de sa propre vie.
Fayyad avait raison. Et il a réussi : la sécurité, le calme, la stabilité et la disparition du
terrorisme et de la criminalité ont ressuscité l’économie palestinienne. Le commerce avec
Israël a été restauré, les investissements étrangers ont commencé à affluer, le tourisme a
repris, il y a eu un élan de construction et de développement, et les transports sont devenus
plus efficaces. Fayyad a acquis la confiance de la communauté internationale et,
contrairement au passé, les nations du monde n’ont pas hésité à lui confier des centaines de
millions de dollars pour le développement de l’Autorité palestinienne.
Toutefois, il faut bien l’admettre : s’il est un fonctionnaire courageux et droit, il n’est pas un
homme politique. Il est peu probable qu’il eut réussi sans le soutien diplomatique, public et
politique de Mahmoud Abbas. A l’instar de Fayyad, le président de l’Autorité palestinienne
s’oppose vivement à tout acte terroriste ou violent dans la lutte contre Israël.
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Le départ de Fayyad de la vie publique palestinienne est mauvais pour l’Autorité
palestinienne comme il l’est pour Israël. Sans lui, et prochainement sans doute sans Abbas,
l’Autorité palestinienne serait différente. L’acharnement d’Israël à prétendre qu’il n’existe pas
d’interlocuteur côté palestinien risque d’être très bientôt une prophétie qui se réalise.
ISRAËL S’INCLINE DEVANT SES SOLDATS MORTS AU COMBAT
Dimanche, Israël a rendu hommage aux 23.085 soldats et personnels de sécurité morts dans
l'exercice de leurs fonctions et aux victimes d'attentats, à l’occasion du Yom Ha-Zikaron, la
Journée nationale du Souvenir.
Les Israéliens se sont figés au son des sirènes qui ont retenti à deux reprises, dimanche soir
et lundi matin.
Au terme de cette journée de deuil national, les Israéliens ont ensuite laissé exploser leur
joie pour célébrer le 65ème anniversaire de la création de l’Etat d’Israël.
A l’occasion de cette date anniversaire, le quotidien à grand tirage, Yédiot Aharonoth,
publiait dimanche des statistiques sur la population israélienne.
Celle-ci compte un peu plus de 8 millions d’habitants, dont un peu plus de 6 millions de Juifs
(75,3 %) et 1.66 millions d’Arabes (20.7)
« Nous avons une dette envers eux »
Un matricule militaire donne forme au drapeau israélien : le passage
du deuil à la joie rappelle chaque année aux Israéliens le prix de leur
indépendance.
Caricature de Shlomo Cohen – Israel Hayom
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