Philosophie et rationalité (340-103-04) Semaine 6: La Logique et lʼargumentation 1. Lʼimpossibilité et les paradoxes 2. Les principes logiques 3. Le vocabulaire logique 4. Les connecteurs et tables de vérité 5. Les formes dʼinférences 6. Raisonnement et argument 7. Lʼattitude critique 8. Lʼévaluation des arguments 9. Les arguments fallacieux _____________________________________________ 1. Lʼimpossibilité et les paradoxes La logique La logique ne cherche pas à savoir ce qui est vrai ou faux, mais seulement à déterminer dans quelle condition une proposition ou un raisonnement est valide. La logique est donc la science qui définit les possibilités Distinctions Impossibilité logique Impossibilité matérielle Impossibilité biologique Impossibilité historique Objets impossibles Lʼacide universelle Une carte du monde à lʼéchelle 1:1 Philosophie et rationalité (340-103-04) Le couteau atomique Un miroir anti-reflet Un carré rond Les paradoxes Un paradoxe est une proposition qui contient ou semble contenir une contradiction logique, ou un raisonnement qui, bien que sans faille apparente, aboutit à une absurdité, ou encore, une situation qui contredit l'intuition commune. Lʼauto-référence Le paradoxe de Sancho Le paradoxe du barbier Le paradoxe de la puissance divine Les paradoxes temporels Lʼamalgame 2. Les principes logiques Les principes logiques sont des propositions vraies par définition. On ne peut pas imaginer un monde dans lequel ces principes seraient faux. a) Le principe dʼidentité : «Toute chose est égale à elle-même». b) Le principe de non-contradiction : «Il est impossible que le même attribut appartienne et nʼappartienne pas, en même temps au même sujet et sous le même rapport». c) Le principe du tiers exclu : «Une proposition est soit vrai, soit fausse». Philosophie et rationalité (340-103-04) d) Le principe de causalité (ou « de raison suffisante ») : « Toute chose a une cause, toute cause a son effet ». « les mêmes causes, dans les mêmes conditions, produiront les mêmes effets. » e) Le principe de transitivité: « Dans un raisonnement, toutes proportions doivent être conservées ». f) Le principe de double négation : «il y a équivalence entre une double négation et une affirmation.» 3. Vocabulaire logique a) Tautologie : Proposition dont la valeur de vérité est comprise dans la définition des concepts utilisés. b) Proposition : Est un ensemble de concepts organisés de façon logique à lʼaide de connecteurs de manière à pouvoir être vrai ou faux. Peut être simple ou complexe. c) Connecteurs : Ce sont des expressions qui déterminent la forme logique dʼune proposition ou dʼun raisonnement. (tel que : «et», «ou», «...si, et seulement si,...», ainsi que «si... alors», «ne... pas...», «donc...» etc.) d) Quantificateurs : Ce sont des expressions qui déterminent lʼextension logique dʼune proposition, comme «tous…», «quelques…» ou «aucun…». e) Raisonnement : Ensemble de propositions liées par des connecteurs et produisant une inférence logique. f) Inférence : Passage (ou relation) logique entre des propositions. Elle peut être inductive, déductive ou abductive. Philosophie et rationalité (340-103-04) g) Syllogisme : Raisonnement constitué de trois propositions (deux prémisses et une conclusion) produisant une inférence. h) Prémisses : Propositions à partir desquelles on obtient une conclusion par inférence. i) Principe : Proposition générale ayant la forme « Tous A est B », dans tous raisonnement le principe est la proposition la plus générale (conclusion dʼune induction ou prémisse dʼune déduction) 4. Les connecteurs et les tables de vérité Pour chaque connecteur, nous pouvons construire une «table de vérité», qui nous indique sous quelles conditions une proposition (ou un groupe de propositions) sera vraie. La conjonction : «et» p q p et q V V V V F F F V F F F F La disjonction a) inclusive: «ou», «et/ou» p q p et/ou q V V V V F V F V V F F F Philosophie et rationalité (340-103-04) b) exclusive: « soit… soit», «ou» p q V V p ou q F V F V F V V F F F Lʼimplication conditionnelle (matérielle): « si… alors… » p q si p, alors q V V V V F F F V V F F V Lʼimplication biconditionnelle: «… si et seulement si…» p Q p si, et seulement si q V V V V F F F V F F V F Lʼexclusion: «… incompatible à…» p q p incompatible à q V V F V F V F V V F F V Philosophie et rationalité (340-103-04) La double exclusion: «ni… ni…» P q Ni p, ni q V V F V F F F V F F F V Dans les langues naturelles Les termes à valeur de succession temporelle ("puis", "alors", "ensuite", "enfin") Les connecteurs marquant la causalité: "car", "parce que", "puisque", "en effet". Les connecteurs marquant la conséquence: "ainsi" (qui peut aussi introduire un exemple), "donc", "cʼest pourquoi". Les connecteurs dʼopposition: "mais", "cependant", "toutefois", "quand même". Ceux marquant lʼaddition: "et", "de plus", "en outre", dʼailleurs. 5, Les formes dʼinférences a) La déduction La déduction est le lien dʼinférence qui permet le passage du général au particulier À partir dʼun principe général comme première prémisse et dʼune proposition particulière comme seconde prémisse, nous inférons (déduisons) une conclusion particulière. Exemple : P1 :Tous les hommes sont mortels P2 :Or, Socrate est un homme C : Donc, Socrate est mortel. Philosophie et rationalité (340-103-04) b) Lʼinduction Lʼinduction consiste, quant à elle, à inférer une proposition générale (un principe) à partir de prémisses particulières. Exemple : Socrate est mortel, Platon est mortel, Aristote est mortel... Or, Socrate, Platon, Aristote... sont des hommes Donc, les hommes sont mortels Problème de lʼinduction : Un seul exemplaire dʼhomme non-mortel (ce qui nʼest pas évident à trouver!) suffirait à invalider la conclusion. Il sʼagit donc dʼune forme de raisonnement faillible. c) Lʼabduction (ou « inférence à la meilleure explication ») Lʼabduction est un mode dʼinférence qui permet de passer du particulier au particulier. Pour ce faire nous nʼavons pas à faire une induction suivie dʼune déduction; nous pouvons, à partir dʼun certain nombre de faits particuliers conclure à dʼautre faits particuliers. Lʼabduction est un raisonnement hypothétique et faillible Exemple : Pythagore arrive de dehors, Pythagore porte un imperméable, Pythagore a les cheveux mouillés, de la boue sur ses bottes,... (La meilleure explication est…) Il pleut dehors. Lʼabduction est la forme de raisonnement qui est probablement la plus utilisée dans la vie de tous les jours. Cʼest aussi celle quʼutilisent les détectives et les médecins. En effet, lʼabduction procède dʼun certain nombre dʼ«indices» à partir desquels on infère la «meilleure explication» possible des faits en présence. Cette forme de raisonnement nʼest toutefois pas très forte dʼun point de vue logique (cʼest une forme de raisonnement faillible comme lʼinduction). Il sʼagit en fait dʼune évaluation des probabilités... Philosophie et rationalité (340-103-04) 6. Raisonnement et argument Un argument est toujours le produit dʼun raisonnement Pour évaluer un argument nous devons identifier les prémisses du raisonnement Il manque toujours au moins une prémisse... Exemple: «Les fantômes existent car personne nʼa prouvé quʼils nʼexistent pas!» Conclusion: «Les fantômes existent» Argument: «Personne nʼa prouvé que les fantômes nʼexistent pas» Prémisse manquante: Si personne nʼa pas prouver quʼune chose nʼexiste pas alors elle existe... Vocabulaire Croyance = conclusion Argument = raison de croire = prémisse Justifier = donner des raisons (arguments) 7. Attitude critique Attitude de détachement nécessaire à lʼévaluation rationnelle de nos propres raisons de croire. Attitude critique envers les arguments: 1. Être prêt à reconnaître la force dʼun argument en faveur dʼun conclusion que lʼon nʼaccepte pas et la faiblesse dans un argument qui soutient une conclusion qui nous plaît. • Cʼest une question de volonté et dʼhonnêteté intellectuelle. • Il est à noter que de mauvais arguments ne veulent pas dire nécessairement quʼune position nʼest pas valable, mais seulement quʼelle est mal défendue. Philosophie et rationalité (340-103-04) 2. Être prêt à changer dʼavis face à de bonnes raisons. • Il faut garder lʼesprit ouvert et être prêt à abandonner notre propre position si nécessaire. • Il faut être capable dʼévaluer ses propres croyances comme si elles étaient celles dʼun autre. 3. Ce concentrer sur la validité et la solidité des arguments, pas sur le fait dʼêtre en accord ou pas avec eux. • La question nʼest pas de savoir si lʼon est dʼaccord ou pas, mais si lʼon devrait être dʼaccord. • Dans certains cas nous sommes très attachés à une conclusion; il ne faut toutefois pas oublier que la question nʼest pas de trouver qui a tord, mais de déterminer quelles sont les bonnes raisons que nous avons de croire quelque chose. • Il ne faut pas prendre les choses trop personnelles. Une argumentation concerne les raisons de croire pas les personnes. 8. Lʼévaluation dʼun argument a) identifier la conclusion ... donc... ... nous pouvons conclure que... ... alors... .... cela montre que... ... ainsi... ... cʼest pourquoi... ... en conséquence... b) Identification des prémisses ... parce que... ... dʼautant plus que... ... étant donné que... ... en supposant que... ... alors que... c) Voir ce que lʼargument présuppose (Les prémisses cachés). Philosophie et rationalité (340-103-04) d) Évaluer: La validité du raisonnement: Est-ce que la conclusion découle des prémisses? La vérité des prémisses: Si elles sont discutables, alors lʼargument peut être contesté... La force de lʼargument : est-il suffisant pour soutenir cette conclusion? Réfutation dʼun argument a) Directe: Remettre en cause une ou des prémisses par un contre-exemple. Montrer que lʼargument découle dʼun raisonnement invalide ou manque de force (est insuffisant)... Montrer que lʼargument est fallacieux (que cʼest une exagération). b) Indirecte: Montrer, par un contre-exemple, que lʼargument a des conséquences qui ne correspondent pas à la réalité. Montrer que la conclusion de lʼargument mène à une absurdité ou entre en conflit avec des connaissances déjà admises. 9. Les arguments fallacieux (Les sophismes) 1. Généralisation hâtive (sur-généralisation) 2. Appel à lʼautorité 3. Appel à lʼignorance Philosophie et rationalité (340-103-04) 4. Appel à la majorité c) Appel aux pratiques communes d) Appel aux opinions communes 5. Appel à la tradition et appel à la nouveauté 6. La double-faute (Deux maux font un bien) 7. Fausse causalité a) Pente glissante b) Pensée magique 8. Argument AD HOMINEM (attaque sur la personne 9. Sophismes émotionnels c) Appel à la pitié d) Appel à la peur e) Appel à la loyauté f) Appel aux préjugés