e-parl 25.11.2016 14:37 Nationalrat Conseil national Consiglio nazionale Cussegl naziunal 15.310 é Iv.ct. BS. Introduction d'une assurance fédérale contre les séismes Rapport de la Commission de l'environnement, de l'aménagement du territoire et de l'énergie du 18 octobre 2016 Réunie le 18 octobre 2016, la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie du Conseil national a procédé à l’examen préalable de l’initiative visée en titre, déposée le 10 juin 2015 par le canton de Bâle-Ville, et à laquelle le Conseil des Etats n’a pas donné suite le 20 septembre 2016. L’initiative demande la création de bases constitutionnelles visant l’introduction d’une assurance obligatoire contre les séismes à l'échelle nationale. Proposition de la commission La commission propose par 13 voix contre 11 de ne pas donner suite à l’initiative. Une minorité (Buttet, Badran Jacqueline, Girod, Jans, Müller-Altermatt, Nordmann, Nussbaumer, Page, Schmidt Roberto, Semadeni, Vogler) propose de donner suite à l’initiative. Rapporteurs : Schilliger (d), Genecand (f) Pour la commission : Le président Stefan Müller-Altermatt Contenu du rapport 1 Texte et développement 2 État de l'examen préalable 3 Considérations de la commission 101-03/15.310s/UREK--CEATE e-parl 25.11.2016 14:37 1 1.1 Texte et développement Texte Se fondant sur l'article 160 alinéa 1 de la Constitution fédérale, le canton de Bâle-Ville soumet à l'Assemblée fédérale l'initiative suivante: Il convient de créer la base constitutionnelle suivante pour une assurance contre les séismes obligatoire à l'échelle nationale: Art. 74a Assurance contre les séismes Al. 1 La Confédération fixe les principes applicables à la protection de l'être humain face au risque sismique. Leur mise en oeuvre est du ressort des cantons, qui édictent les bases légales nécessaires. Al. 2 Les cantons s'emploient à faire respecter les normes parasismiques dans les nouvelles constructions sises sur leur territoire. Al. 3 Ils s'assurent que tous les biens fonciers sis sur leur territoire sont couverts par l'assurance contre les séismes. Ils peuvent mandater à cet effet les établissements cantonaux d'assurance des bâtiments ou, en l'absence de tels établissements, le secteur privé des assurances. Al. 4 La Confédération légifère sur une assurance à l'échelle nationale contre les séismes pour les ménages privés et les biens mobiliers des entreprises. Ce faisant, elle prend en considération la structure du marché et la compétence des cantons qui comptent sur leur territoire des établissements cantonaux d'assurance-ménage. Al. 5 Elle peut participer au financement de l'assurance contre les séismes et apporter une aide financière supplémentaire en cas de situation exceptionnelle. 1.2 Développement En Suisse, la menace sismique est considérée, en comparaison mondiale, comme étant "moyenne". Des séismes d'intensité moyenne se produisent environ une à deux fois par siècle dans notre pays. Etant donné la rareté du phénomène, la sensibilisation à ce risque est très insuffisante. Bien que l'état des connaissances sur les constructions parasismiques et sur la prévention se soit constamment amélioré, ces connaissances ne sont que peu utilisées malgré des coûts spécifiques faibles. La prévention des séismes est donc négligée et un séisme de forte intensité pourrait causer d'immenses dégâts. Depuis le 1er juillet 2004, les nouvelles normes SIA 260/261 sont en vigueur; toutefois, la majorité des nouvelles constructions n'est soumise à aucune obligation légale s'agissant du respect de ces normes et la police des constructions n'effectue aucun contrôle. La plupart du temps, les normes en question ne sont appliquées que lorsque le maître d'oeuvre l'exige contractuellement; c'est la raison pour laquelle, de nos jours, de nombreuses nouvelles constructions privées ne sont pas suffisamment protégées contre les séismes. Les mesures nécessaires à prendre pour qu'un bâtiment soit conforme aux normes parasismiques ne représentent pourtant qu'un pour cent, au maximum, des coûts de gros oeuvre, si elles sont planifiées dès le début des travaux. Les sociétés de réassurance partent du principe, dans leurs scénarios, qu'un événement de magnitude 5,5-6 (qui se produit une fois tous les cent ans) occasionnerait des dommages atteignant environ 7 milliards de francs (constructions et biens mobiliers), qu'en cas de séisme de magnitude 62 e-parl 25.11.2016 14:37 6,5 (se produisant tous les cinq cents ans), les dommages se chiffreraient à environ 40 milliards de francs et qu'un événement de magnitude supérieure à 6,5 (se produisant tous les mille ans) coûterait environ 60 milliards de francs (45 milliards de francs pour les constructions et 15 pour les biens mobiliers). A cela s'ajoutent les pertes humaines, que l'on ne peut pas chiffrer, causées par ce type de catastrophe. Dans ce contexte, il est indispensable de garantir une prévention contre les séismes à l'échelle nationale, qui prenne en considération les risques encourus, ainsi qu'une couverture appropriée des dégâts liés aux séismes. La haute surveillance de la prévention des séismes doit être confiée à la Confédération, afin d'assurer dans toute la Suisse un degré équilibré de protection, établi selon des critères unifiés. Seule la Confédération est en mesure de coordonner cette tâche d'envergure nationale et de développer efficacement les stratégies nécessaires. Quant aux cantons, ils doivent être chargés de prendre les dispositions nécessaires dans le domaine de la construction sur leur territoire. La Confédération devra en outre veiller à ce qu'une couverture d'assurance appropriée pour les bâtiments, les ménages privés et les biens mobiliers des entreprises soit offerte à l'échelle du pays en cas de séisme. Elle doit pouvoir charger les cantons ainsi que le secteur privé des assurances d'offrir une telle couverture; ceux-ci devraient s'associer notamment pour les questions de réassurance. 2 État de l'examen préalable Le 20 septembre 2016, le Conseil des Etats a procédé à l’examen de l’initiative citée en titre. Jugeant qu’une modification de la Constitution n’était pas la solution adaptée pour répondre au risque d’origine sismique, il a décidé, par 23 voix contre 18 et une abstention, de ne pas donner suite à l’initiative cantonale de Bâle-Ville. 3 Considérations de la commission Une consultation de la CdC effectuée dans le cadre de l’examen préalable de la CEATE-E a révélé que 16 cantons sont en faveur d’une solution obligatoire à l’échelle nationale, contre 6 qui rejettent complètement cette idée. La solution alternative, que serait la mise en place d’un concordat intercantonal, est soutenue par 17 cantons, alors que 7 cantons s’y opposent. Ces solutions avaient déjà été analysées par le Conseil fédéral dans le cadre de la motion Fournier 11.3511, adoptée par le Parlement le 14 mars 2012. Suite à son analyse, le Conseil fédéral estima qu’au vue des divergences intercantonales, un concordat impliquant tous les cantons serait improbable et rappella que la mise en place d’une couverture obligatoire au niveau national exigerait une modification de la Constitution. Il proposa donc de classer cette motion (14.054) et laissa tout en demandant au Parlement de se prononcer sur la solution optimale. Lors de sa séance du 17 octobre 2016, la CEATE-N a discuté de la nature inéluctable des évènements sismiques et des conséquences qu’un tel évènement pourrait avoir pour la Suisse. Elle s’oppose cependant à la création d’une nouvelle compétence fédérale visant à mettre en place une assurance obligatoire contre les tremblements de terre. Elle estime que cette question a déjà été examinée récemment par le Parlement (14.456 Iv.pa. Leutenegger Oberholzer. Assurance contre le risque sismique. Création d'une base constitutionnelle) et juge qu’aucun élément nouveau ne justifie de revenir sur cette décision. Elle rappelle ainsi que des assurances cantonales ou privées permettent aujourd’hui déjà de couvrir les bâtiments contre le risque de tremblements de terre. Elle estime également que les frais causés par un évènement de forte magnitude ne peuvent que partiellement être couverts par les systèmes proposés et souligne que seul un engagement 3 e-parl 25.11.2016 14:37 exceptionnel de l’Etat permettra de faire face aux dommages créés par un tremblement majeur. Elle propose donc par 13 voix contre 11 de ne pas donner suite à l’initiative du canton de Bâle-Ville. Une minorité soutient, elle, l’introduction d’une nouvelle compétence fédérale. Elle estime que la solution du concordat est peu probable et, dans le but de répartir de manière solidaire les coûts liés à la prise en charge des dégâts causés par un séisme d’envergure, elle plaide pour une responsabilité commune à tous les cantons. Selon elle, seule une modification des bases constitutionnelles constitue une solution qui permettrait de couvrir le risque encouru et estime que le peuple devrait s’exprimer sur le sujet. 4