CANCER et ACTIVITE PHYSIQUE Jean Louis Wendling Oncologue médical, Hôpital Privé Toulon-Hyères Médecin coordinateur 3CVarouest et CAMIVAR Jean Louis Wendling Oncologue médical, Hôpital Privé Toulon-Hyères Médecin coordinateur 3CVarouest et CAMIVAR AUCUN LIEN d’INTERET évidemment vu le sujet INTRODUCTION ou CONSTAT INITIAL L’activité physique et plus précisément la pratique d’un sport a toujours été recommandée et reconnue par tous comme alternative pour entretenir sa « santé ». L’impact de l’activité physique sur la qualité de vie lors de la survenue d’un cancer ou après, semble évident. Mais qu’est ce que l’activité physique ? Qu’est-ce que l’Activité Physique (AP) ? L’activité physique correspond à « tout mouvement corporel produit par la contraction des muscles squelettiques et entraînant une augmentation de la dépense d’énergie par rapport à la dépense de repos ». L’AP se mesure via la dépense énergétique en MET - heure. MET-h = Metabolic Equivalent Task during 1 hour dépense d’énergie assis pendant 1 heure = 3,5 ml O2 / Kg / min (métabolisme de base d’une personne ) Marche normale = 3 MET-h < 6 MET-h : marche, escaliers > 6 MET-h : footing, tennis, natation Ex. Population de référence en Europe et USA < 3 MET-h d’activité ludique par semaine. Qu’est-ce que l’AP ? Exemple de correspondance et de mesure de l’AP Niveau du patient au domicile en loisirs Activité très légère Vaisselle 3 « Metabolic Energy Equivalent » 17 Kj Activité faible 3 à 5 « Metabolic Energy Equivalent » 17 à 25 Kj Activité modérée 5 à 7 « Metabolic Energy Equivalent » 25 à 33 Kj en Activité Physique ou Sportive Billard Travail de bureau Bowling … … Marcher à 3 km/h Vélo d'appartement (faible résistance) Peinture Lavage de vitre … Danse de salon Voile … Marche à 5 km/h Vélo à 13 km/h … Jardinage Monter des escaliers … Rollers Ski … Marcher à 7 km/h Vélo à 17 km/h … Si votre patient… peut faire ça … Référence : Heart Foundation of Australia – Guide to Exercise and Activity Levels alors il peut faire ceci… ou cela. 5 Rôle de l’AP dans la prévention du cancer: Diminution du risque de développer un cancer colo-rectal ou du sein. Diminution très probable du risque de développer un cancer de l’endomètre, de la prostate et du poumon. Protection probable mais non encore validé scientifiquement envers K ovaire, rein et pancréas , MECANISME: • L’activité physique, plus qu’un régime diététique, permet d’agir sur les hormones sexuelles et donc sur la prévention de survenue du cancer du sein Étude SHAPE 2 / ASCO 2014 • Probablement également par diminution et/ou régulation de la prise de poids. • Effet de l’AP sur l’insulino-résistance, Insuline, Adipokines: ALPHA STUDY Donc jusqu’à 20% des cancers dus à l’insuffisance de l’AP : Ce qui ferait jusqu’à 10 000 cancers du sein en moins par an en France. 6 Cancer et Activité Physique Rapport d’orientation de l’HAS, avril 2011 : « Favoriser le développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses validées nécessitant une participation active du patient en interaction ou non avec un professionnel spécialisé et faisant l’objet de recommandations de bonnes pratiques dont la validité est reconnue en France » telles que : 1.Les règles hygiéno-diététiques : – régimes diététiques, – activités physiques et sportives, – – modifications des comportements alimentaires, règles d’hygiène ; 2. Les traitements psychologiques : 3. Les techniques de rééducation : Cancer et Activité Physique Des effets bénéfiques avec niveaux de preuves documentés entre Cancers et AP Grade A Grade B Pathogénèse Diabète type 2, Surpoids, Obésité, HTA, Dyslipidémies // AVC, Insuffisance coronarienne, Insuffisance cardiaque, AOMI (Artérite) // Ostéoporose Epilepsie Symptômes Diabète type 2, Surpoids, Obésité, HTA, Dyslipidémies // AOMI, Insuffisance coronarienne, Insuffisance cardiaque // BPCO, Mucoviscidose // Arthrose // Alzheimer, SEP Epilepsie Parkinson Ostéoporose Condition physique Diabète type 2, Surpoids, Obésité, HTA, Dyslipidémies // AVC, AOMI, Insuffisance coronarienne, Insuffisance cardiaque // Insuffisance rénale, hépatique // BPCO, Mucoviscidose, Asthme // Arthrose, Ostéoporose Cancers (sein, colon, prostate, poumon) Grade C Alzheimer, SEP // Arthrose // Cancers (sein, colon, prostate) Grade D BPCO Asthme Mucoviscidose Asthme // Cancers (leucémies avec greffe) Cancers Cancers (leucémies sans greffe) (leucémies avec greffe) AVC // Infection à VIH _ Alzheimer, Parkinson, Epilepsie, SEP // Infection à VIH Qualité de vie Diabète type 2, Surpoids, Obésité, // HTA, AVC, AOMI, Insuffisance coronarienne, Insuffisance cardiaque // Insuffisance rénale , hépatique // Infection à VIH // BPCO, Mucoviscidose // Arthrose // Alzheimer, Parkinson, Epilepsie, SEP Cancers (sein, prostate, colon) // Asthme // Ostéoporose Cancers (leucémies avec ou sans greffe) 8 Référence : Scand J.Med Sci Sports. 2006 Feb;16 Suppl1:3-63. Evidence for prescribing exercise as therapy in chronic disease. Pedersen BK, Saltin B. _ AP et QUALITE de VIE Bénéfice démontré sur : - l’anxiété - la dépression - le sommeil - l’image du corps - le bien être en général Illustration patientes : par les mots des -Exutoire à ma colère devant ce qui m’arrive -Reprise de l ’ initiative dans le contrôle de ma santé -Soulagement ressentie face à la solitude -Je suis moins dépressive -J’ améliore mon image corporelle Cet apport est attesté par plusieurs dizaines d’études. AP et QUALITE de VIE Exemple d’Etude : Cancer du sein portant sur 108 patientes à 3 bras : Exercice aérobic 3 fois / semaine pendant 50 mn. But : Fréq. cardiaque 65- 85% Fréq. Max Théorique. Placébo : étirement 3 fois / semaine pendant 50 mn. But : Fréq. Cardiaque 40% Fréq. Max Théorique. Groupe témoin sans activité physique particulière Analyse par échelle de qualité de vie : Différence significative nette en faveur du groupe aérobic AP et QUALITE de VIE L’AP réduit la douleur: L’ AP permet peu à peu l’augmentation du seuil et la diminution de la durée de la douleur. La pratique d’une AP permet de lutter contre la dépression, souvent induite par le sentiment pénible de la perception douloureuse (amélioration de l’image du corps et de la vie sociale). L’AP permet de réduire les effets secondaires des morphiniques: La pratique d’une activité physique régulière améliore les 3 principaux effets secondaires liés à l’utilisation des morphiniques: l’AP réduit le risque de dépression respiratoire en améliorant les capacités respiratoires. l’AP réduit les troubles digestifs en améliorant le péristaltisme intestinal. l’AP réduit le relâchement des muscles de locomotion en améliorant la condition physique et musculaire générale. Référence : Schmitz KH et al. Controlled physical activity trials in cancer survivors : a systematic review and meta-analysis. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 2005 ; 14(7) : 1588-1595 L’AP permet-elle de réduire la fatigue liée au cancer ? La fatigue en cancérologie est le symptôme le plus fréquent pour 80% des patients. Fréquence des effets secondaires ressentis par les patients (n=379) après chimiothérapie 100 90 80 ❶ Globalement, quel que soit le moment de la prise en charge : - 36% 70 Patients (%) L’AP permet de réduire significativement la fatigue liée au cancer : 60 ❷ Y compris la fatigue pendant les traitements : - 18% 50 40 ❸ Y compris la fatigue à distance des traitements : - 37% 30 20 12 10 0 Fatigue Nausées Référénce : Hofman M, Oncologist. 2007 Dépression Douleur 12 Existe t-il des contre-indications? Il n'y a pas de contre-indication à la prescription d’une activité physique adaptée chez les patients atteints d'un cancer. Il est néanmoins recommandé de ne pas faire d’activité physique le jour même d’une chimiothérapie intraveineuse ou si l’un des critères suivants est présents : réaction cutanée sévère à la radiothérapie, plaquettes <50000/mm3, globules blancs<3000/mm3, taux d’hémoglobine<10g/dl , température corporelle > 38,5°C, nausées, vomissements, diarrhée depuis 24h avec déshydratation, dyspnée sévère, douleur aigüe, vertiges, conscience altérée. Par ailleurs l’indice de Karnofsky doit être supérieur à 60%. Contre-indications en cas de méta-osseuses lytiques : sports de contact On peut préférer dans ce cas des sports en décharge Contre-indications SI FEV <40% VEMS/CV < 70% 13 Référence : American College of Sports Medicine. ACSM’s Guidelines for Exercise testing and prescription, 8th edition, Baltimore Lippincott Williams & Wilkins ; 2010 : 228232. Indice de Karnofsky. L’AP permet-elle d’améliorer la survie ? Association activité physique après soins et taux de rechute des cancers du sein 1 0,9 0,8 0,7 0,6 AP 0 0,5 AP 0,4 0,3 0,2 0,1 0 NHS WHEL CWLS HEAL WHI LACE 14 L’AP permet-elle d’améliorer la survie ? Méta analyse : AP et survie après cancer du sein 1 0,8 p <0,0001 p<0,0001 0,6 0,4 0,66 Sans AP 0,59 AP 0,2 0 Mortalité Globale Référence : E Ibrahim, A Al-Homaidh (2010) Med Oncol Apr 22 Mortalité Spécifique 15 L’AP permet-elle d’améliorer la survie ? Impact sur la survie des cancers du colon ÉTUDE NBRE SEUIL RR IC p REF CALGB 832 18 MET H 0,51 0,26-0,97 0,01 JCO 2006 NHS 573 18 MET H 0,39 0,18-0,82 0,008 JCO 2006 _ Arch Int Med 2009 Heath Prof 668 27 MET H 0,47 0,24-0,92 16 L’AP permet-elle d’améliorer la survie ? 1 0,9 0,8 0,7 0,6 Résumé: AP 0,5 Pas AP 0,4 0,3 0,2 0,1 0 Sein Colôn Prostate Glioblastome • Bénéfice survie à 5 et à 10 ans = 4% et 6% • Bénéfice en survies globale et spécifique • Bénéfice quelle que soit l’activité physique initiale • Association AP et survie en multivariable incluant âge, stade TNM, lieu de résidence, alcool, tabac, BMI, statut hormonal... • Effet seuil et courbe Met-H/ sem et impact survie 17 Quelle prise en charge ? L’exemple de la CAMI – Sport et Cancer, association loi 1901 Le Concept : Un lieu d’accueil pour tous les patients Sur le territoire national Solidaire Quelle que soit leur pathologie Quel que soit le moment du parcours de soins Quels que soient les effets secondaires Des professionnels formés Titulaires du Diplôme Universitaire Sport et Cancer, Paris XIII Bilan initial, suivi d’évolution Utilisation complète et rationnelle du corps Pratique pédagogique innovante Garant d’une sécurité maximale Quelle prise en charge ? L’exemple de la CAMI – Sport et Cancer, association loi 1901 Lille Harfleur L’appartenance au réseau alliée à la formation universitaire garantit le professionnalisme, l’efficacité, l’homogénéité et la cohérence de l’encadrement de la pratique sportive en cancérologie dans tous les centres CAMI Sport et Cancer. Versailles Rambouillet Maurepas Paris 15e* Paris 16e Paris 14e Neuilly/Seine Existante Caen Lisieux Bobigny* Montfermeil Fin 2012 Périgueux St Astier Albertville Grenoble Villejuif* Gap * Centre Intra-hospitalier : Bobigny – CHU Avicenne, Montfermeil – GHI le Raincy-Montfermeil, Paris 15e – Hôpital Européen Pompidou, Villejuif – Institut Gustave Roussy, Avignon – Centre Hospitalier TOULON Rodez Avignon* EN PRATIQUE DANS LE VAR OUEST! OU GRANDE AIRE TOULONNAISE Soit plus de 650000 habitants (1% de la population française). 4000 nouveaux cas de cancer par an. Des établissements de santé :publics, militaire, privés et EPIC Sur le Var Ouest constitution d’un 3C inter-établissements sous forme d’association loi 1901 avec : 1 médecin PH à temps partiel 1 secrétaire 1 qualiticienne Lancement de l’opération Sport et Cancer Décision du bureau du 3C Var ouest du 5 décembre 2011 : Faire du projet « Sport et Cancer » dans le cadre de la mesure 40 du plan Cancer l’axe prioritaire de l’année 2012-2013 avec une mise en place effective en septembre-octobre 2012. Formation d’un Educateur sportif au « DU » Sport et Cancer Educateur Médico-Sportif Création d’une association « Sport et Cancer - CAMI Var » en octobre 2012 Adhésion au réseau national CAMI Parrainage par Jérôme GALLION Nombre d’adhérents actuellement: >100 MERCI à Maéva, Soaad, Isabelle et Karin pour leur investissement à 200% dans cette belle aventure