LES PLUMES 1 vie • DE LA , • IBERTE

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• ANESTHÉSIE : FAUT-IL AVOIR PEUR?
« En hibernation », pour reprendre l'expression de Laborit. Les neuroleptiques déconnectent les centres nerveux 'qui commandent les
fonctions végétatives. La morphine, à doses
massives, bloque les centres de la douleur. Le
curare coupe la communication ente les nerfs
et les muscles. On peut alors se contenter, pour
endormir le patient, de doses assez légères de
narcotiques. Un pionnier de la nouvelle anesthésie, le professeur Pierre Huguenard, a
même démontré, en 1951, qu'il était possible
de s'en passer complètement. Qu'importe le
degré de vigilance, puisque le. corps n'est plus
en état d'obéir ?
En revanche, il n'est plus capable non plus
de se prendre en charge. C'est donc à l'anesthésiste d'assurer artificiellement le maintien des
grands équilibres, de veiller à cette stabilité du
milieu intérieur dontdépend la vie. On nourrit
les cellules en leur perfusant du glucose. Non
seulement on remplace au fur et à mesure le
sang perdu, mais on augmente systématiquement le volume sanguin, à l'aide de sérum ou de
produits de substitution, pour remplir les vaisseaux dont les parois sont relâchées. On sur-
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LES
PLUMES
DE LA ,
• IBERTE
veille en permanence le débit d'urine, les battements du cœur, le pouls, la tension, prêt à
injecter la drogue qui relancera la machine en
cas de défaillance. Car il n'y a pas de temps à
•perdre. Il suffit que le cerveau se trouve privé
d'oxygène pendant quatre à cinq minutes pour
que les dégâts soient irréversibles. De toutes les
fonctions, la plus menacée est la respiration.
•Alors, plutôt que de travailler sur la corde raide,
on préfère la débrancher. On introduit une
sonde dans la trachée et la ventilation pulmonaire est assurée par une pompe, le respirateur
artificiel.
Plus de réaction, donc plus de choc. Dans
cette espèce de coma préfabriqué, cet au-delà de
la vie où l'anesthésie a installé le patient, le
chirurgien peut tout se permettre. Le problème, ensuite, est de revenir en arrière. Quand
l'organisme, au fur et à mesure'que se dissipe
l'effet des drogues, reprend le commandement
des opérations.
Normalement les poumons sont protégés
par la glotte, qui interdit la pénétration de corps
étrangers dans les voies respiratoires. La fermeture de la glotte est un acte réflexe. Si l'on retire
1t.igegra
vie
LES CHRONIQUES PENTEL-« LE NOUVEL OBSERVATEUR »-EUROPE 1
LISTE DES GAGNANTS
SENIOR
_
PREMIER ET DEUXIEME PRIX
JUNIOR
ARIANE RICHARD
EMMANUEL CIA
DOMINIQUE LETONDOR JEAN-MICHEL MULOT
DU TROISIEME AU CINCIUANTE-SEPTIEME PRIX
•
Frédéric Lorrain, Christophe Menguy,Anne Thiery, Stéphanie
Puschebe ,Anne-Charlotte Fayot, Agathe Lassner, Nicolas
Messager, Bénédicte Sotrta, Céline Bastard,Siew-Eng Kuea,
Benoît Lavabre,ThierryJouvenaux, Karina Desmulliez, Mathilde
Ligier, Sandra Baduel, Annabelle Bonnery, Pierre-François
Moulant Stéphanie Rivière, Sonia Patouille, Valérie Lecre,
Séverine Maveau, Bertrand Parot,Antoine Deudon, Fabien
Gastaldi, Catherine Raymond,ihibaut Duflos, Laurence Gobel,
SophieGatien,Antoine Percevault, Florian Planes, Sophie Lafont,
Anne-Sophie Coulaux, Cécile Baudin, Véronique Minot,
Emmanuelle Maignel, Marie-Edith Bissey, Stéphanie Demangel,
Michel Goxes, David Chaumeix, Elodie Richard, Pierre-Alexis
Majewski, Valérie Erhart, Sandrine Meunier, Elodie Krawczyk,
Sophie Thiery, Gaël Romier, Florent Houde, Solange Oliol, katja
Loneux, Caroline Humez, Florent Guignard, Stéphanie Dalcette,
Frédéric Veye-Charenton, Willy Bescher.
Jean-François Michaud, Manuel Sajus, Alain Gerber, Laurent Horion, Geneviève Manquie , Simone Salgas, Ecole publique Albert Dumoruet, Joseph Fourage, Cristel Dargent,Jean-Claude Charra,
Thierry Caille, Serge Freyoier, Guy Rouvillain, Robert Bertrand,
Jean-Pierre Royol, yann Montrelay,Alain Lebreton, Marcelle
Khanolker, Guy Delplace, Jean Cabot, Charles Bottarelli, Vincent ' Colin, Gisèle Pampighione, Géraldine Cuzin, Jean-Claude Picard, Patricia Vornetti, Louis Burlon, Alain Gerber, Alain Mollaret, Roger Christian,Véronique Moudart, Pierre Lauberty, Pascal Demai, •
Pierre Heuline, Bernard Peurien-Helary, Ginette Petit, Dominique Braun, Daniel Kamelgam, Denis Garcher, Pierre Calmette,
Christian Lemarcis,Jeanine Despierre, Didier Ctuella-Guyot, Catherine Martinez, Marie-Claude Lambert, Bernard Combes, Didier Ossin, Jean Brua,Arnaud Houguet, Michel Magnères, Paul Le, Jean-Noël Chevillard, Joël Dupas, Michel Sansier, Danielle •
Labit.
DU CINQUANTE-HUITIEME AU CENT CINQUANTIEME PRIX
André Mulot, René Verard, Aline Allue, Colette Chaboissier, Francis Darricau, Carole Chevreux, Caroline Moiroux,LucThuilliez, Philippe Robert,Valérie Manguerra, Gérard Lahitte, Martine
• Thevel, Maurice Boussuges, Myriam Delas, Béatrice Audren, Olivier Cordova, Marie-Claude Remy, Patrick Erard, Silvaine Arabo, Pierre-Denis Villeneuve,André Suret, Philippe Mahenc,
Jean-Pierre Mathe, Marie-Christine Tessier, Pierre Vavasseur, Nicolas Lebecque,Anne-Marie Pagel, Emmanuel Giudicelli,
Patricia Ripai, Caroline Suzor, Damien Corpetti, Cbristophe Jacot,
Frédéric Launay, Mohamed Elmoussi, Francis Boulanger, Hayette
Hamrouni,Jean-Luc Grandne, Limayem Meddeb,Marie-Annick Goulais, Géraldine Conejero, Danielle Bourdin-Terret, Dominique Billault, Leszek Frackowiak, Isabelle Garcin, Frédéric Lecey, Georges Charmet,ArletteJail, Lionel Marcolini, Hervé Roussel-Dessartre, Bertrand Lemoine, Michèle Dabe, Paul Pamart,
• Eric Santonnat, Gérard Charut, Philippe Sansot, Cécile Barre, Sylvie Arditi, Olivier Domerg,Alain Voline, Caroline Rodot, Olivier • Naudin, Nicolas Le Crenn, Patrick Arduise, Ivan Desrue,V. Debrys, Sylvie Le Ray, Jacques-Guy Joseph, J.-J. Briard, Charles
Szlakmann,Jean Fourtier, Jean-Paul Bouzigues, Simone Ligenza,
Laurent Lichiere, Francis Massot, Alain Eichenbaum, Adel Elzaim, Michelle Bourjea,Thérèse Copeau, Eurydice Chabant, Pierre Bady, Thibault Germain,Alain Pradelle, Bibliothèque de l'I.U.T.-Jacques Erre, Franck Bougly, Jean-Noël Schneider, Jean-Claude Poignant, Nathalie Nambot, Lucien Pennec, Madeleine VVillemain, Marc Jouan, Roger Mandat, Agathe Desombre.
100 LE NOUVEL OBSERVATEUR /NOTRE ÉPOQUE
•
Laurence Huertas, Anne-Sophie Valo, Anabella Lourenco, Laetitia
Burgherr, Delphine Steinbrunn, Claire Françoise, Emmanuel
Marchand, Richard Katell, Sandra Weiss,Tristan Boucher, Virginie
Lemesle, Alexandra Drupt, Sébastien Marcon,Alexandra Pinelli,
Karine Mariée, Mélanie Montaubin , Emmanuel Chion, Chrystelle
Calixte, Céline Grenesche, Céline Aubry, Corinne Charroin, Hélène
Meli, Benoît Dessauvages, Vincent Canal, Cynthia Forato, Alexis
Cation, Boris Ascrizzi, Candice Defranoux, Sophie Seytre, Bons
Roignot, Guénaëlle Caillet,Anne Quentric, Catherine Bochu, Boris
Roignot, Marie-Cécile Grégoire, Stéphanie Lamaison, Gérald
Bourgeois, Magali Manchon, Laurence Bruski, Ingrid Muller,
Laurent Denni, Christelle Gault, David Gicquel, François Lemaire,
Dominique Naude, Christelle Valente, Caroline Sirodat,Genéviève
Perrot, Laurence Bregoli, Stéphanie Fraix, Sandrine Bureau,
Sabrina Vallée, François Bonnot, Audrey Rousse, Frédérique
Schillo, Olivier Schneider, Laure Abihssira, Stéphanie Agrelli, Can
Hong Hanh Tran, David Di Santantonio, Christel Piat, Olivia
Guffroy,Amaud Dusseaux, Julien Jobard, Virginie Buet, Tisiane
Michel, Christelle Dalissier, Alexandra Savigny, Emmanuelle
Christen, Delphine Maugain, Céline Morin, Myriam Groseil, Clara
Villar, Delphine Ribaud°, Quentin lanoe,Viannette Le Dauphin,
Claudel-Jean Berthet, Raphaël Girard-Claudon , Céline Morin,
Lambert lwan,Arnaud Levy-Soussan, Stéphanie Virlouvet,
Stéphane Lizana, Salima Djaafer,Josée Murat,Zoubir Eddam,
Géraldine de Yumelle, Catherine Behague, Cécile Raynal, Lucie
Latte, Carine Porvincial, Guillaume Litvinoff, Cédric Barbier,
Sébastien Garraud.
la sonde du respirateur avant que le réflexe ne
soit rétabli, les poumons peuvent être inondés,
par les liquides gastriques, par le sang, et le
patient court le risque d'être asphyxié.
Le cas des obèses est particulièrement délicat. En effet, les graisses absorbent une fraction
Désormais toutes
les cliniques
doivent être équipées
d'une salle
de réanimation où
les patients
sont surveillés
en permanence
importante de beaucoup d'anesthésiques, notamment des narcotiques, et ne les relâchent
ensuite que très lentement. Trois .jours après
une opération banale, on détecte encore, à
l'électroencéphalogramme, des ondes de coma
barbiturique dans le cerveau de malades endormis au pentothal.
Certains sujets peuvent être réveillés rapidement. Mais après une intervention grave, il
faut souvent maintenir le malade sous anesthésie pendant un, deux ou même trois jours. Car
la souffrance aussi est une agression et elle
serait telle qu'elle suffirait à le mettre en état de
choc.
C'est pourquoi on distingue le simple réveil
anesthésique, quand l'opéré recommence à
respirer seul, du réveil médico-légal, qui correspond au moment où l'on est sûr qu'll a
évacué suffisamment de produits toxiques
pour ne plus courir aucun risque. Entre-temps,
il doit être maintenu dans une salle dite « de
réveil » et surveillé en permanence par l'anesthésiste avec autant de soin que pendant l'opération.
Du moins en théorie. Car un des malheurs de
l'anesthésie, en France, est la distance qu'il
peut y avoir entre la théorie et la pratique.
« En toute justice, il faudrait élever un
monument à Albertine Sarrazin », déclare le
docteur Gérard Chapus secrétaire général du
sthésiologistes-RéaSyndicat national des Ane
nimateurs français. Le 10 juillet 1967, la romancière devait subir l'ablation d'un rein. Elle
meurt sur la table d'opération, d'un arrêt du
coeur. Elle était fragile, minée par la tuberculose, mal remise d'une précédente opération.
Mais, de nos jours, ce ne sont plus des excuses.
L'anesthésiste dispose d'une gamme très large
de produits, qui lui permettent de faire face à
toutes les situations. Il peut ajuster sa stratégie
à la durée et à la gravité d'une intervention, à
l'âge et 'à l'état du malade, tenir compte des
susceptibilités individuelles. A condition de
connaître son métier. L'anesthésie d'Albertine
Sarrazin avait été conduite en dépit du bon sens,
ainsi que devait le révéler l'enquête.
Après six ans de procédure, les juges de la
cour d'appel de Toulouse ont donc finalement
—
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