Charte européenne de la chasse et de la biodiversité

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Charte européenne de la chasse
et de la biodiversité
COUNCIL
OF EUROPE
CONSEIL
DE L'EUROPE
CIC Technical Series Publication No. 2
ISBN : 978-963-87791-0-6
Citation :
Brainerd, S. : Charte européenne de la chasse et de la biodiversité. - Document de la Convention de
Berne T-PVS (2007) 7 révisé, Strasbourg, 29 novembre 2007, 28 pp.
Publié par : le CIC – Conseil International de la Chasse et de la Conservation du Gibier sur l’ordre du
Conseil de l’Europe
Adresses :
Conseil de l’Europe
Avenue de l’Europe, F-67075 Strasbourg Cedex, France
Téléphone : +33 (0)3 88 41 20 00
http://www.coe.int
CIC – Conseil International de la Chasse et de la Conservation du Gibier
Bureau Administratif, B.P. 82, H-2092 Budakeszi, Hongrie
Téléphone : +36 23 453 830, Télécopie : +36 23 453 832
E-mail : [email protected], Website : www.cic-wildlife.org
Photos par : Horst Niesters, Eugène Reiter, Kai Wollscheid
Imprimé en Hongrie
CONVENTION RELATIVE À LA CONSERVATION DE LA VIE
SAUVAGE ET DU MILIEU NATUREL DE L’EUROPE
Charte européenne de la chasse
et de la biodiversité
COUNCIL
OF EUROPE
CONSEIL
DE L'EUROPE
En coopération avec :
European Sustainable
Use Specialist Group
Établie par :
M. Scott Brainerd, biologiste, spécialiste de la faune sauvage,
Association norvégienne des chasseurs et des pêcheurs
Adoptée lors de la 27e réunion du Comité permanent de la Convention de Berne à Strasbourg,
les 26-29 novembre 2007
Le texte intégral est également disponible sur le site Internet du Conseil de l’Europe à :
http://www.coe.int/t/dg4/cultureheritage/conventions/Bern/Recommendations/tpvs07frev_2007.pdf
-3-
TABLE DES MATIÈRES
PRÉFACE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1. INTRODUCTION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1 Historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2 Termes et concepts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.3 Champ d’application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.4 Objet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.5 Buts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.6 Objectifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2. CONTEXTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.1 Chasse durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.1.1 Accords internationaux sur l’utilisation durable des ressources biologiques sauvages. . . . 9
2.1.2 Le contexte européen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.1.3 La chasse durable en Europe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.1.4 L’Initiative pour les grands carnivores . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2 Tourisme cynégétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.2.1 Le tourisme cynégétique en Europe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.2.2 La réglementation internationale du commerce d’espèces sauvages . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.2.3 Le tourisme cynégétique durable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.3 Normes applicables aux chasseurs européens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.3.1 Politique européenne en matière de normes applicables aux chasseurs . . . . . . . . . . . . . . 16
2.4 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3. CHARTE EUROPÉENNE DE LA CHASSE ET DE LA BIODIVERSITÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3.1 Principe 1 – Privilégier une gouvernance à plusieurs niveaux afin d’obtenir
un maximum d’avantages pour la conservation de la biodiversité et pour la société . . . . . 17
3.2 Principe 2 – Veiller à ce que la réglementation soit compréhensible et respectée . . . . . . . . 18
3.3 Principe 3 – Veiller à la durabilité écologique des prélèvements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.4 Principe 4 – Maintenir des populations sauvages d’espèces indigènes avec
un réservoir génétique suffisant pour permettre les adaptations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3.5 Principe 5 – Maintenir des environnements susceptibles d’entretenir des populations
saines et solides d’espèces exploitables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.6 Principe 6 – Encourager l’utilisation afin de créer des motivations économiques
en faveur de la conservation de la nature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.7. Principe 7 – Veiller à la bonne utilisation des animaux prélevés et éviter les gaspillages . . 22
3.8 Principe 8 – Renforcer les capacités des parties prenantes locales et les responsabiliser . . . 22
3.9 Principe 9 – Les utilisateurs des ressources sauvages devraient être à la fois
compétents et responsables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.10 Principe 10 – Eviter au maximum les souffrances infligées aux animaux . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.11 Principe 11 – Encourager la coopération entre toutes les parties prenantes dans
la gestion des espèces exploitées, des espèces qui leur sont associées
et de leurs habitats. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.12 Principe 12 – Encourager la société à accepter les utilisations consommatrices
durables comme des outils de sauvegarde de la nature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
4. ANNEXES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
4.1 Annexe 1 – Principes et directives d’Addis-Abeba pour l’utilisation durable
de la diversité biologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
4.2 Annexe 2 – Principes du Malawi pour l’approche par écosystème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
4.3 Annexe 3 – Correspondances entre la Charte sur la
chasse et les PDAA/Principes du Malawi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Préface
-4-
PRÉFACE
La Charte européenne de la chasse et de la biodiversité est le résultat de deux années de travail
effectué par un groupe de travail instauré dans le cadre de la Convention relative à la conservation
de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe (Berne, 1979). La Convention de Berne porte sur
l’utilisation durable ainsi que sur les questions de conservation et, par cette initiative, souligne
l’importance de l’implication et de la surveillance par les chasseurs pour ce qui concerne la
conservation et la gestion durable de la biodiversité en Europe et ailleurs.
Le Comité permanent de la Convention de Berne, qui comprend les Parties contractantes de la
Convention ainsi que des Etats et organismes observateurs, a étudié et adopté le texte de la Charte
lors de sa 27ème réunion qui s’est tenue à Strasbourg du 26 au 29 novembre 2007. La Charte
représente un effort collectif de la part des gouvernements, chasseurs et organisations
environnementales pour étudier et faciliter la chasse durable dans un contexte de conservation de
la biodiversité.
Cette initiative prend son origine dans une Recommandation émise par l’Assemblée parlementaire
du Conseil de l’Europe en 2004 préconisant une charte européenne sur la chasse et la biodiversité
qui servirait de référence pour établir des principes communs et de bonnes pratiques (good
practices) pour la chasse, et en particulier pour le tourisme lié à la chasse. Le Bureau de la
Convention de Berne a accueilli favorablement cette Recommandation et l’idée de développer en
coopération avec les parties concernées une Charte européenne portant sur les aspects de la chasse
et la conservation de la faune sauvage. Dans ce but, un Groupe de travail fut créé en novembre
2005 réunissant des experts et des représentants de la Convention de Berne et des ONG. L’objectif
du Groupe de travail était d’examiner la chasse en tant qu’activité de loisir et de consommation
par rapport à l’utilisation et à la gestion des espèces d’oiseaux et de mammifères terrestres en
Europe, en conformité avec les dispositions de la Convention de Berne.
Je voudrais louer les efforts du Groupe de travail sous la houlette de M. Øystein Størkersen, de
Norvège. Je voudrais également louer le consultant, M. Scott Brainerd, qui a effectué un travail
remarquable pour préparer un projet de texte de haut niveau pour la Charte avec la participation
active de l’Union mondiale pour la nature / la Commission de sauvegarde des espèces – le Groupe
européen des spécialistes de l’utilisation durable (UICN/CSE-ESUSG), la Fédération des associations
de chasse et de conservation de la faune sauvage de l’Union européenne (FACE), le Conseil
international de la chasse et de la conservation du gibier (CIC) et BirdLife International.
La Charte européenne de la chasse et de la biodiversité tient compte des initiatives existantes et des
obligations et principes de la Convention de Berne et de la Convention sur la diversité biologique
(CDB). Elle est fondée sur les principes de développement durable de la CDB tels qu’ils sont présentés
dans les Principes et directives d’Addis-Abeba pour l’utilisation durable de la diversité biologique et les
Principes du Malawi pour l’approche par écosystème. En outre, les parties prenantes de la Convention
de Berne se sont mises d’accord sur le fait d’orienter ce travail sur les questions essentielles non encore
couvertes par d’autres accords existants. Ces questions comprennent la chasse durable, le tourisme
cynégétique et les normes pour les chasseurs européens, y compris celles liées à l’éducation et à la
prise de conscience ainsi que les problèmes liés à la sécurité. La Charte contient 12 principes et 47
directives destinés aux régulateurs et gestionnaires de la biodiversité ainsi que 59 directives pour les
chasseurs et les voyagistes spécialisés dans la chasse.
-5-
Préface
En novembre 2007 le Comité permanent de la Convention de Berne a adopté la Recommandation
nº 128 de la Charte européenne sur la chasse et la biodiversité, en prenant cette charte comme
directive pour les autorités nationales compétentes et les parties prenantes et en recommandant
que les Parties et observateurs appliquent ses principes dans l’élaboration et la mise en œuvre de
leurs politiques de chasse. Le Comité permanent a souligné la nécessité de garantir que la chasse
et le tourisme cynégétique en Europe soient pratiqués d’une manière durable pour éviter les
impacts négatifs sur la biodiversité et contribuer de manière positive à la conservation des espèces
et des milieux.
Au vu de ceci, j’espère que vous considérerez cette charte comme un outil pratique et utile pour
la mise en œuvre d’une chasse durable dans un but de conservation de la nature.
Jón Gunnar Ottósson
Président du Comité permanent de la Convention de Berne
Charte européenne de la chasse
-6-
1. INTRODUCTION
1.1 Historique
La Commission permanente de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a adopté la
Recommandation 1689 (2004)1 « Chasse et équilibre environnemental en Europe » à Varsovie
(Pologne) le 23 novembre 2004. Ce document recommandait notamment que le Comité des Ministres
(CM) du Conseil de l’Europe (CdE) « élabore une charte européenne de la chasse qui constitue un
guide de principes communs et de bonnes pratiques concernant la chasse, notamment au sujet de
l’organisation du tourisme cynégétique sur le continent »2. Le Bureau du Comité permanent de la
Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe (Convention
de Berne) a adopté un avis sur la question à sa réunion du 8 avril 20053. Dans cet avis, le Bureau salue
la Recommandation en déclarant qu’il « considère que la chasse, si elle est convenablement gérée,
peut jouer un rôle dans la préservation et la valorisation de nombreuses zones d’intérêt naturel en
Europe ». Le Bureau s’y félicitait également de « l’idée d’élaborer, en coopération avec l’ensemble des
parties prenantes concernées, une Charte européenne de la chasse qui abordera tous les aspects
pertinents de la chasse et de la conservation de la vie sauvage » . A cet effet, le Bureau a suggéré que
les Délégués pourraient « inviter le Comité permanent (CP) de la Convention de Berne à envisager
l’élaboration, en coopération avec les parties prenantes concernées, d’une Charte européenne de la
chasse qui abordera tous les aspects pertinents de la chasse et de la conservation de la vie sauvage » .
Les Délégués ont examiné la question à leur 909e réunion, l’ont portée à l’attention de leurs
gouvernements et du CP pour information et commentaires éventuels, et ont invité le Groupe de
rapporteurs sur l’éducation, la culture, le sport, la jeunesse et l’environnement (GR-C) à préparer une
réponse4. Le CM a ensuite indiqué à l’APCE que le Bureau de la Convention de Berne était favorable
à l’élaboration d’une telle Charte, en collaboration avec les parties concernées, afin d’y aborder tous
les aspects pertinents de la chasse et de la conservation de la vie sauvage. Le Bureau a décidé d’inscrire
ce projet à l’ordre du jour de la réunion suivante du CP et, sous réserve de son accord, au programme
d’activités pour 2006. Suite à cette recommandation, le CP a constitué un Groupe de travail réunissant
des experts concernés et des représentants d’organisations non gouvernementales et des
gouvernements d’Etats membres, chargés d’entreprendre l’élaboration de la Charte européenne de
la chasse et de la biodiversité en novembre 2005. La Charte est l’aboutissement d’un processus qui a
supposé une participation active du GT sur la base des projets soumis par des consultants recrutés pour
les préparer. Ce processus a bénéficié de l’aide du Groupe européen de spécialistes de l’utilisation
durable de l’Union mondiale pour la nature/Commission de sauvegarde des espèces - (UICN/CSEESUSG), la Fédération des Associations de chasse et de conservation de la faune sauvage de l’Union
européenne (FACE) et le Conseil international de la chasse et de la conservation du gibier (CIC).
1.2 Termes et concepts
Gibier : toutes les espèces sauvages d’oiseaux et de mammifères terrestres pour lesquelles la chasse
est autorisée par la loi dans les pays qui ont signé la Convention relative à la conservation de la vie
sauvage et du milieu naturel de l’Europe (Berne, 1979).
Gestion de la vie sauvage : application de connaissances scientifiques et locales à la bonne gestion des
populations animales sauvages (y compris de gibier) et de leurs habitats d’une manière qui soit
bénéfique pour l’environnement et la société.
Voyagistes spécialisés dans la chasse : agents ou agences proposant, directement ou indirectement des
services (guides, équipement, hébergement, occasions de chasser) aux touristes de chasse.
1
http://assembly.coe.int/Documents/AdoptedText/ta04/EREC1689.htm
Paragraphe 6.i.
http://www.coe.int/t/e/cultural_coopération/environment/nature_and_biological_diversity/nature_protection/sc25_tpvs03erev.pdf?L=E
4
https://wcd.coe.int/ViewDoc.jsp?Ref=CM/AS(2005)Rec1689&Sector=secCM&Language=lanEnglish&Ver=final
2
3
-7-
Charte européenne de la chasse
Chasse : la poursuite et/ou la prise d’espèces de gibier sauvage par toutes les méthodes autorisées par
la loi dans les pays signataires. Cette activité peut être motivée par la consommation (utilisation de
la viande, de la peau, de la fourrure et/ou pour des trophées), les loisirs et/ou la gestion des
populations de gibier.
D’un point de vue socio-économique, il existe deux grandes sous-catégories de chasse qui ne
s’excluent pas nécessairement : la « chasse locale » et le « tourisme cynégétique »5 :
Chasse locale : la chasse locale est pratiquée par des chasseurs dans le pays où ils résident, et le plus
souvent dans la région où ils habitent et où ils ont le droit de chasser. La plupart des chasseurs locaux
ont des liens socioculturels très forts avec leur territoire de chasse, ce qui les motive par conséquent
fortement à mettre en oeuvre leur connaissance des conditions et traditions locales en faveur de la
conservation et de la gestion des espèces locales de gibier et de leurs habitats. L’accent est
généralement mis sur des aspects de la chasse tels que la détente physique, la consommation, les
traditions et la gestion. Les chasseurs locaux détiennent parfois de droits exclusifs sur leur territoire
de chasse, ou paient un droit raisonnable pour y obtenir l’accès grâce à un permis ou à une licence.
Ils ne font normalement pas appel aux services de voyagistes spécialisés dans la chasse. La plupart des
chasseurs appartiennent à cette catégorie, même si nombre d’entre eux s’adonnent au tourisme
cynégétique à un moment ou à un autre de leur vie.
Tourisme cynégétique : le tourisme cynégétique est pratiqué par des chasseurs qui parcourent parfois
des distances considérables à partir de leur domicile et/ou de leur propre territoire de chasse, souvent
pour se rendre à l’étranger, afin d’y chasser. Certains connaissent bien leur destination et l’espèce
chassée. L’on note toutefois, du point de vue socioculturel, que plus une destination est exotique et mal
connue, plus les chasseurs se heurtent à des barrières. De plus, les motivations de tels touristes pour la
chasse peuvent davantage se focaliser sur l’aventure et sur les souvenirs (tels que les trophées) que celles
des chasseurs qui ont des liens forts avec cette destination cynégétique. Cela peut les inciter à payer
d’importantes sommes d’argent à des intermédiaires (les « voyagistes spécialisés dans la chasse ») qui
organisent et facilitent leurs expériences cynégétiques.
Chasse durable : l’utilisation des espèces de gibier et de leurs habitats d’une manière et à un rythme
qui n’entraînent pas l‘appauvrissement à long terme de la diversité biologique ni ne préviennent sa
restauration. Une telle utilisation préserve ainsi le potentiel de la biodiversité pour satisfaire les
besoins et les aspirations des générations présentes et futures, et permet à la chasse proprement dite
de rester une activité sociale, économique et culturelle acceptée (repose sur la définition de
l’expression « utilisation durable » donnée à l’Article 2 de la Convention sur la diversité biologique
(CDB)). Quand la chasse est ainsi organisée d’une manière durable, elle peut apporter une
contribution positive à la sauvegarde des populations de la faune sauvage et de leurs habitats, tout
en générant des bienfaits pour la société.
Organes de réglementation : les autorités gouvernementales de tous les niveaux chargés de formuler,
de mettre en oeuvre ou de faire appliquer les lois et mesures de gestion des domaines de la
sauvegarde de la nature et de la chasse.
Gestionnaires : les agents privés ou les fonctionnaires, y compris les propriétaires fonciers,
responsables de la gestion pratique des espèces sauvages et de leurs habitats.
Parties prenantes : tous ceux qui ont un intérêt ou un rôle dans la conservation et l’utilisation durable
du gibier, des habitats et de la diversité biologique. Ce sont par exemple les chasseurs, les propriétaires
fonciers, les gestionnaires, les défenseurs de l’environnement, les organes de réglementation, les
chercheurs et toutes les autres personnes intéressées par la sauvegarde et l’utilisation de la diversité
biologique.
5
Cf. la terminologie comparable utilisée par Leader-Williams, N., Sharp, R. & Wollscheid, K. (sous presse) dans : Recreational Hunting,
Conservation
and
Rural
Livelihoods
:
Science
and
Practice.
The
Zoological
Society
of
London.
(http://www.uicn.org/themes/ssc/susg/docs/workshopsummary.pdf)
Charte européenne de la chasse
-8-
Diversité biologique6: la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris les écosystèmes
terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ;
cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes (Article
2 de la CDB).
Ecosystème7 : le complexe dynamique formé de communautés de plantes, d’animaux et de microorganismes et de leur environnement non vivant qui, par leur interaction, forment une unité
fonctionnelle.
Voie de migration8 : Les systèmes biologiques de voies de migration qui lient directement des sites et
des écosystèmes dans les différents pays et continents.
1.3 Champ d’application
La présente Charte aborde la chasse comme une forme d’utilisation et/ou de gestion des espèces
d’oiseaux et de mammifères terrestres en Europe orientée sur la consommation et sur les loisirs, dans
le respect des dispositions de la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu
naturel de l’Europe (Berne, 1979).
1.4 Objet
La principale mission de la Convention de Berne est la sauvegarde de la vie sauvage et du milieu
naturel. Les chasseurs peuvent contribuer à la réalisation de cette mission en régulant les populations
de gibier et en prenant soin de leurs habitats, en soutenant le suivi et la recherche et en sensibilisant
le public aux problèmes de conservation de la nature. Les chasseurs et la chasse peuvent jouer un
rôle important dans la conservation de la diversité biologique. Cette Charte énonce à l’intention des
chasseurs, des voyagistes spécialisés dans la chasse, des organes de réglementation et des
gestionnaires une liste de lignes directrices non contraignantes assorties de principes communs et de
bonnes pratiques pour une chasse durable (y compris le tourisme cynégétique) en Europe. Ces
principes et lignes directrices visent également à aider les Etats européens à remplir leurs
engagements dans le domaine de la conservation de la nature dans l’utilisation des éléments de la
biodiversité tels qu’ils sont présentés dans la CDB et développés dans les Principes et directives d’AddisAbeba pour l’utilisation durable de la diversité biologique9 (cf. annexe 1) et les Principes du Malawi
pour l’approche par écosystème10 (cf. annexe 2). Si les principes et lignes directrices de la présente
Charte concernent spécifiquement la chasse, ils sont conçus pour une application plus générale à
toutes les utilisations de la diversité biologique assimilables à de la consommation.
1.5 Buts
La présente Charte préconise des principes et des lignes directrices visant à garantir que la chasse et
le tourisme cynégétique soient pratiqués d’une manière durable en Europe, en évitant les retombées
négatives sur la diversité biologique et en apportant une contribution positive à la sauvegarde des
espèces et des habitats ainsi qu’aux besoins de la société.
6
Inspiré de l’Article 2 de la CDB.
Définition inspirée de l’Article de la CDB.
Cf. See Boere, G.C. & Stroud D.A. 2006. The Flyway concept : what it is and what it isn’t. pp. 40-47 in Boere, G.C., Galbraith, C.A. &
Stroud, D.A. (eds). Waterbirds around the world. Edinburgh, The Stationary Office.
9
http://www.biodiv.org/doc/publications/addis-gdl-en.pdf
10
http://www.biodiv.org/doc/meetings/cop/cop-04/information/cop-04-inf-09-en.pdf
7
8
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Charte européenne de la chasse
1.6 Objectifs
1.6.1 Chasse durable
La Charte :
• énonce une liste de principes et de lignes directrices non contraignants pour l’utilisation durable de
la chasse (pratiquée avec des armes à feu, à l’arc ou à l’aide pièges, de chiens ou de rapaces) pour
faciliter la conservation de la diversité biologique et le développement rural ;
• encourage l’implication des chasseurs dans la surveillance, la gestion et les efforts de recherche
orientés sur la bonne intendance et la sauvegarde de la vie sauvage et de ses habitats ;
• stimule la coopération entre les chasseurs et les autres parties intéressées dans la conservation de
la nature et dans la gestion de la biodiversité.
1.6.2 Tourisme cynégétique
La Charte :
• s’efforce d’assurer que le tourisme cynégétique est durable ;
• promeut les formes de tourisme cynégétique offrant aux communautés locales des incitations socioéconomiques à sauvegarder et à gérer la vie sauvage et ses habitats, ainsi que la diversité biologique
en général ;
• formule des recommandations à l’intention des voyagistes spécialisés dans la chasse et des chasseurs
qui recourent à leurs services.
1.6.3 Normes pour les chasseurs européens
La Charte :
• préconise des mesures améliorant les compétences et la sécurité des chasseurs ;
• encourage l’éducation, la sensibilisation et les mesures d’information des chasseurs ;
• promeut les meilleures pratiques en matière de chasse.
2. CONTEXTE
Ce chapitre présente le cadre de traités internationaux, de politiques européennes, d‘instruments
juridiques et d’autres initiatives sur lequel se fondent les principes et lignes directrices de la présente
Charte.
2.1 Chasse durable
2.1.1 Accords internationaux sur l’utilisation durable des ressources biologiques sauvages
Les travaux menés en Europe dans le domaine du développement durable doivent être replacés dans
un contexte mondial. Une définition du développement durable a été donnée en 1987 par la
Conférence de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement. Elle a été adoptée
dans le cadre de l’Agenda 2111 par la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le
développement (CNUED) à Rio de Janeiro, Brésil, qui a également lancé la CDB. Les objectifs de la CDB
sont la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique et le partage juste et équitable
des avantages résultant de l’utilisation des ressources génétiques. L’utilisation durable des éléments
constitutifs de la diversité biologique est évoquée par 13 des 19 articles du dispositif du traité.
En 1995, l’UICN a élaboré une Initiative pour l’utilisation durable visant à améliorer la compréhension
de l’utilisation durable et sa contribution à la conservation de la nature. Elle a été suivie d’une
Déclaration de principes, adoptée à son 2e Congrès mondial de la nature, en 2000, qui déclare
notamment : « L’utilisation des ressources biologiques sauvages, à condition qu’elle soit durable, est
un instrument important au service de la conservation de la nature, parce que les avantages
11
http://www.un.org/esa/sustdev/documents/agenda21/index.htm
Charte européenne de la chasse
- 10 -
économiques et sociaux qui en découlent incitent les utilisateurs à conserver ces ressources » . Toujours
en 2000, la CDB a lancé un processus d’élaboration de principes pour l’utilisation durable reposant sur
des ateliers régionaux organisés au Mozambique, au Vietnam et en Equateur, et s’inspirant de
documents de travail d’un l’atelier de l’UICN qui s’est tenu à White Oak, Floride, en 2001. Enfin, après
un atelier de synthèse organisé à Addis-Abeba, en Ethiopie, la 7e Conférence des Parties à la CDB
(COP) a adopté, en 2004, les 14 Principes et directives d’Addis-Abeba pour l’utilisation durable de la
diversité biologique (PDAA)12, étant entendu qu’ils devaient être envisagés dans le contexte des
Principes de l’approche par écosystème (voir ci-dessous). Les PDAA ont également été formellement
reconnus en 2004 par la CITES (la Convention sur le commerce international des espèces de faune et
de flore sauvages menacées d’extinction13), à sa 13e COP, et adoptés en 2005 par la 3e Réunion des
Parties à l’Accord sur la Conservation des oiseaux d’eaux migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA).
Les PDAA sont fondés sur l’hypothèse qu’il est possible d’utiliser la diversité biologique de telle
manière que les processus écologiques, les espèces et la variabilité génétique soient maintenus audessus des seuils nécessaires à leur viabilité à long terme, et qu‘il incombe à tous les gestionnaires et
utilisateurs de ressources de veiller à ce que leur exploitation ne dépasse pas ces capacités. Les PDAA
soulignent le rôle déterminant du maintien et/ou du rétablissement de la diversité biologique dans
les écosystèmes pour assurer la durabilité à long terme des services écologiques dont dépendent à la
fois la biodiversité et les personnes. Les PDAA encouragent les utilisateurs et les responsables de la
gestion de tous les niveaux géographiques et institutionnels à adapter avec pragmatisme ces principes
et directives trans-sectorielles en s’adaptant au mieux aux circonstances locales.
Dans le cadre d’un processus antérieur, un atelier sur l’approche par écosystème, organisé au Malawi
ne 1998, a dégagé douze principes applicables à la gestion de la diversité biologique au niveau des
écosystèmes, en s’efforçant de trouver un équilibre satisfaisant entre la sauvegarde de la nature et
le développement. Ces « Principes du Malawi »14 ont également été adoptés à la 5e COP à la CDB en
2000 (décision V/6)15. Ils préconisent une gestion intégrée des ressources terrestres, aquatiques et
vivantes pour encourager leur conservation et leur utilisation durable de façon équitable, tout en
reconnaissant que les êtres humains et leurs diverses cultures font partie intégrante des écosystèmes.
Pour résumer, les principes d’Addis-Abeba et du Malawi recommandent :
1. une gouvernance solidaire et intégrée à tous les niveaux, avec des règles harmonisées qui favorisent
les bienfaits de la conservation de la nature pour la société et préviennent les effets pervers ;
2. la prévention d’impacts négatifs au sein des écosystèmes ou entre ceux-ci et d‘une vision à court
terme, surtout quand l’on est confronté à des changements inévitables ;
3. une gestion transparente et adaptée parallèlement à une politique constante conciliant l’utilisation
et la protection, fondée sur des travaux scientifiques interdisciplinaires, le suivi et des retours
d’information en temps utile ;
4. l’encouragement par des mesures incitatives économiques et culturelles et le partage des bienfaits
(et des coûts), surtout au niveau local, tout en évitant les gaspillages ;
5. la décentralisation de la gestion vers un niveau bio-économique approprié, notamment pour
renforcer les capacités des populations locales et les responsabiliser, mais aussi tirer parti de leurs
connaissances ;
6. l’éducation, la sensibilisation et l’inclusion des gestionnaires, des utilisateurs des ressources et de
la société en général.
Ces principes généraux couvrent les 12 principes du Malawi (M) et les 14 d’Addis-Abeba (A), et les
regroupent par domaines sociaux, écologiques et économiques ciblés : 1) socioculturel [M1,4,5,
A1,3,8], 2) écologique [M3,5,8,9, A5], 3) socio-écologique [M10-12, A4,6], 4) économique [M1,4, A1013], 5) bio-socio-économique [M2,7,11, A2,7,9] et 6) socioculturel [M12, A14]. Ces 6 recommandations, qui
12
http://www.biodiv.org/doc/publications/addis-gdl-fr.pdf
http://www.cites.org/
http://www.cbd.int/doc/publications/ea-text-en.pdf (cf. également l’annexe 2).
15
http://www.cbd.int/decisions/default.asp?lg=0&dec=V/6
13
14
- 11 -
Charte européenne de la chasse
renferment l’essence de l’approche par écosystème et les Principes et directives d’Addis-Abeba pour
l’utilisation durable, offrent un fondement pour la conservation de la biodiversité dans le cadre de
la chasse et d’autres utilisations des ressources sauvages (cf. annexe 3).
2.1.2 Le contexte européen
La Convention de Berne a été signée en Suisse en 1979, et est entrée en vigueur le 1er juin 1982. Elle
vise à préserver la flore et la faune sauvages sur le territoire des Etats et insiste sur la nécessité de
coopérer pour la conservation de la nature, au-delà des frontières nationales, des habitats et des
espèces (y compris migratrices), en particulier celles qui sont menacées d’extinction ou vulnérables et
leurs habitats. Ses 45 Parties contractantes se sont engagées à promulguer des lois appropriées et à
prendre des mesures administratives en faveur de la sauvegarde des espèces indigènes de faune et
de flore et de leurs habitats. La Convention de Berne est le principal traité international régissant ce
domaine en Europe, et fournit les bases de la présente Charte.
Dans l’Union européenne, deux textes qui concernent directement la sauvegarde des espèces sauvages
et de leurs habitats ont un rapport direct avec la chasse en Europe. Ce sont la Directive 79/409/CEE du
2 avril 1979 sur la conservation des oiseaux sauvages16 (ci-après la « Directive oiseaux ») et la Directive
92/43/CEE du 21 mai 1992 sur la conservation de l’habitat naturel de la faune et de la flore sauvages17
(ci-après la « Directive habitats » ou « Directive FFH »). Ces deux directives reconnaissent le rôle de la
chasse durable tout en fixant des limites relatives aux espèces dont la chasse est autorisée.
2.1.3 La chasse durable en Europe
La chasse est une des plus anciennes formes de consommation des ressources naturelles renouvelables,
et a toujours fait partie intégrante des cultures et traditions des sociétés rurales d’Europe. Notre
continent compte aujourd’hui plus de 7 millions de chasseurs18. Leurs principales motivations sont les
loisirs, la consommation et/ou les aspects sociaux, et l’importance de ces éléments varie d’une région
à l’autre19. L’on estime que la chasse permet d’assurer plus de 120 000 emplois en Europe20. Assortie
d’une gestion durable, elle peut contribuer à préserver la diversité biologique, les modes de vie ruraux
et les économies locales. A ce titre, la chasse peut être un puissant moteur pour la conservation de la
nature grâce à l’utilisation de la biodiversité au sens de la CDB.
La chasse non durable peut avoir un impact considérable sur la diversité biologique, et est donc
inacceptable ; les pouvoirs publics doivent par conséquent prendre des mesures visant à garantir que
la chasse en Europe reste soutenable des points de vue écologique, socioculturel et économique.
Dans sa Recommandation 1689 (2004), l’APCE a souligné la nécessité de garantir que la chasse reste
durable en Europe. L’Assemblée s’inquiétait notamment « des changements effectués ces dernières
années dans les pays de l’Europe centrale et orientale, en ce qui concerne la libéralisation de la
chasse » . La Recommandation poursuivait en disant que « s’il est géré d’une manière professionnelle
et scientifiquement fondée, le tourisme cynégétique engendré par cette libéralisation peut s’avérer
un facteur de développement des régions rurales et de montagne. Il peut aussi contribuer
significativement au tourisme rural, à l’écotourisme, à la création d’emplois et à la préservation des
traditions locales »21.
La chasse peut également être envisagée comme une forme de développement durable, ce qui
correspond à un des objectifs généraux du Traité de l’Union européenne. L’objectif général de la
Stratégie de l’UE en faveur du développement durable, tel qu’il a été réaffirmé en 200622, est « de
recenser et de renforcer des actions permettant à l’UE d’améliorer de manière continue la qualité de
la vie des générations présentes et futures, en créant des communautés durables, capables de gérer
16
http://ec.europa.eu/environment/nature/nature_conservation/eu_nature_legislation/birds_directive/index_en.htm
http://ec.europa.eu/environment/nature/nature_conservation/eu_nature_legislation/habitats_directive/index_en.htm
http://www.face-europe.org/fs-hunting.htm
19
http://www.face-europe.org/huntingineurope/Pinet%20Study/Pinet_study_EN.pdf
20
http://assembly.coe.int/Documents/AdoptedText/ta04/EREC1689.htm
21
http://assembly.coe.int/Documents/AdoptedText/ta04/FREC1689.htm
22
http://register.consilium.europa.eu/pdf/fr/06/st10/st10117.fr06.pdf
17
18
Charte européenne de la chasse
- 12 -
et d’utiliser les ressources de manière efficace et d‘exploiter le potentiel d’innovation écologique et
sociale de l’économie, en garantissant la prospérité, la protection de l’environnement et la cohésion
sociale » . Même si la chasse a le potentiel de bénéficier des services des écosystèmes d’une manière
moins intensive et plus diversifiée que l’agriculture23, il faut veiller à ce que toutes les formes de
chasse, qu’elles soient pratiquées par les populations locales ou par des touristes, soient durables des
points de vue écologique, économique et socioculturel.
En 2001, la Commission européenne (CE) a lancé son initiative pour une chasse durable (ICD) dans le
cadre de la « Directive oiseaux » dans le but de développer la coopération entre les principales
organisations concernées par la conservation de la nature et l’utilisation raisonnée et durable des
oiseaux sauvages d’Europe. Dix mesures, poursuivant deux objectifs, y sont suggérées. Les objectifs
sont 1) l’amélioration de l’interprétation juridique et technique des dispositions de la « Directive
oiseaux » qui concernent la chasse et 2) l’élaboration d’un programme de mesures scientifiques, de
sauvegarde et de formation/sensibilisation. Il s’agit notamment de préparer des plans de gestion pour
les espèces de gibier dont le statut de conservation est défavorable, ainsi qu’une « Charte de la chasse
durable » dans le cadre de la « Directive oiseaux ». Le succès de cette initiative a nécessité
l’engagement de plusieurs intervenants majeurs, y compris la CE, les Etats membres, BirdLife
International et la FACE. Les principaux forums de dialogue sur la mise en oeuvre de la Directive
« oiseaux » sont le Comité ORNIS et son Groupe de travail scientifique (GTS), aux travaux desquels
BirdLife International et la FACE participent en qualité d’observateurs.
Plusieurs initiatives ont vu le jour dans le sillage de l’ICD. Ainsi, la CE a publié en août 2004 des lignes
directrices non contraignantes dérivées de la « Directive oiseaux »24. Ce guide interprète et explique
les dispositions de la Directive et de la jurisprudence de la Cour de justice des Communautés
européennes, développe la position de la CE sur l’instauration de saisons de chasse pour les loisirs et
traite d’autres questions pertinentes du domaine de la chasse. Les précisions juridiques concernent
principalement les espèces chassables énumérées à l’annexe II de la directive ainsi que les dispositions
pertinentes de ses articles, ainsi que les motifs pour lesquels les Etats membres peuvent accorder des
dérogations. Le guide n’aborde pas seulement les dispositions légales mais couvre aussi les dimensions
scientifiques et techniques qui se trouvent dans la « Directive oiseaux » et qui sont pertinentes pour
la conservation des oiseaux sauvages.
En octobre de la même année, un accord bilatéral entre la FACE et BirdLife International a été signé
en présence du Commissaire européen à l’Environnement25. Cet accord souligne le clair engagement des
deux organisations en faveur de la « Directive oiseaux » et leur reconnaissance de la chasse durable
tout en relevant des domaines de coopération future. Le dialogue entre BirdLife et la FACE est devenu
un élément déterminant des travaux en faveur de la chasse durable aux oiseaux en Europe. Dans ce
cadre, les deux organisations encouragent le dialogue et la mise en oeuvre de l’accord au plan national
(ainsi, un accord équivalent a été signé entre les deux organisations en Bulgarie). Les deux organisations
coopèrent également en faveur de l’abandon progressif de la grenaille de plomb dans les zones
humides, à la promotion du réseau Natura 2000 et dans la lutte contre la chasse illicite. L’UE prépare une
série de plans de gestion d’espèces de gibier dont le statut de conservation est défavorable ; les sept
premiers devaient être approuvés par le Comité ORNIS en octobre 2006 et en 200726.
Une autre ICD, le programme ARTEMIS de Collecte de données sur les tableaux de chasse, a été lancée
en juin 2006 à Athènes. L’objectif premier de la banque de données ARTEMIS est de centraliser et
d’analyser, d’une manière coordonnée et cohérente, les informations sur les tableaux de chasse déjà
collectées dans de nombreux pays d’Europe.
23
Kenward, R. E., & Garcia-Cidad, V. 2005. Innovative approaches to sustainable use of biodiversity and landscape in the farmed
countryside. Pp. 565-589 dans l’ouvrage UNEP High-Level Pan-European Conference on Agriculture and Biodiversity, Conseil de
l’Europe, Strasbourg, France.
24
Guide sur la chasse en application de la directive 79/409/CEE du Conseil concernant la conservation des oiseaux sauvages
25
http://ec.europa.eu/environment/nature/nature_conservation/focus_wild_birds/sustainable_hunting/pdf/agreement_
translation_fr.pdf
26
http://ec.europa.eu/environment/nature/nature_conservation/focus_wild_birds/species_birds_directive/index_en.htm
- 13 -
Charte européenne de la chasse
L’Agence fédérale de l’environnement de l’Autriche a mise en place des Lignes directrices pour une
chasse durable27 dès 2001. Elles ont ensuite servi de base aux projets de Lignes directrices pour une
chasse durable en Europe28 formulées par le Groupe de travail sur les ressources en espèces sauvages
(WISPER) de l’UICN-SSC en septembre 2006. Ces lignes directrices WISPER visent à faire appliquer, au
niveau régional européen, les principes internationaux sur l’utilisation durable des ressources
biologiques sauvages. Elles concernent la chasse récréative d’oiseaux et de mammifères (pratiquée à
l’aide d’armes à feu, d’arcs, de chiens de chasse ou d’oiseaux de proie), mais sont également
applicables dans d’autres contextes, y compris la chasse de subsistance ou les prélèvements
commerciaux.
Les propriétaires fonciers forment également un important groupe de parties prenantes dans la
gestion de la chasse et la conservation de la diversité biologique. L’Organisation européenne de la
propriété rurale (ELO) est une des organisations responsables de la « Pilot Wildlife Estates Initiative »
(initiative des territoires pilotes « vie sauvage » – PWEI29). La PWEI vise à mettre en oeuvre dans le
cadre d’une politique de développement durable 1) des principes simples de bonne gestion et de
conservation des territoires « vie sauvage » partout en Europe qui pourront être adaptés en fonction
des différentes méthodes de chasse des diverses régions de l’UE, et 2) un réseau de territoires bien
gérés et modèles. Cette initiative élabore sur la notion d’identification de territoires modèles, qui
seront étudiés afin de déterminer les critères et les indicateurs sur la base des quels un « label »
pourra être créé.
2.1.4 L’Initiative pour les grands carnivores
La chasse durable est également reconnue comme un outil important et nécessaire pour la
sauvegarde et la gestion des grands carnivores en Europe. En 2002, le Groupe de pilotage de
l’Initiative pour les grands carnivores en Europe (LCIE) a présenté au Comité permanent son Avis sur
l’utilisation de la chasse et de l’abattage dans la gestion des populations de grands carnivores (TPVS/Inf (2002) 28)30. La LCIE a également été l’instigatrice de Plans d’action élaborés dans le cadre de
la Convention de Berne pour cinq espèces de grands carnivores. La LCIE considère que la chasse des
grands carnivores est acceptable sous certaines conditions, et qu’elle peut être favorable ou
compatible à leur conservation.
La condition primordiale sur laquelle la LCIE insiste à la fois dans son Avis et dans ses plans d’action
spécifiques est l’existence d’un plan de gestion exhaustif pour chacune des espèces. Pour que la chasse
ait un caractère durable, elle peut uniquement être pratiquée si la population d’une espèce est
suffisamment nombreuse pour être viable et si son organisation sociale est dûment prise en compte.
Les plans de gestion doivent énoncer des objectifs de taille minimale des populations et comporter
un plan de suivi de ces objectifs par la collecte active de données biologiques.
La LCIE préconise une gestion transfrontalière des populations en recourant notamment à la
différenciation géographique (zonage) quand elle est possible. La gestion modulée suivant les zones
géographiques repose sur une utilisation des outils de gestion variant d’une zone à l’autre, ce qui
permet d’offrir aux espèces un niveau de protection plus élevé ou plus faible dans chacune des unités
de gestion sur la base de certains critères (objectifs globaux de population, intensité des conflits avec
les habitants du secteur, etc.). Les extrêmes sont la protection totale des grands carnivores dans
certaines zones, et leur exclusion totale dans d’autres. Mais souvent, l’approche est plus nuancée, les
diverses zones de gestion faisant l’objet de différents objectifs de population et régimes de gestion.
La chasse peut, dans un tel contexte, intervenir comme outil de régulation démographique par
rapport à des objectifs de gestion préétablis.
27
www.biodiv.at/chm/jagd (anglais)
www.iucn.org/themes/ssc/susg/docs/WISPERguidelines210906_1.pdf (anglais)
http://www.elo.org/assets/documents/files/Sustainable_Hunting.pdf (anglais)
30
http://www.lcie.org/Docs/LCIE%20IUCN/COE%20LCIE%20position%20statement%20on%20LC%20hunting%202002.pdf
28
29
Charte européenne de la chasse
- 14 -
La LCIE insiste également sur le fait que les méthodes de chasse doivent être conformes aux lois
internationales, nationales ou régionales et que la mise à mort ne doit pas comporter des souffrances
évitables. Elle souligne en outre la nécessité de prévoir une formation spécifique pour les personnes
chassant les grands carnivores. En Norvège, un groupe consultatif de parties intéressées et de
chercheurs a présenté un rapport qui a pesé sur les prises de décisions politiques relatives aux grands
carnivores dans ce pays31. Il fait écho à plusieurs principes énoncés par la LCIE, et insiste sur l’importance
d’impliquer les chasseurs locaux dans la gestion des populations de grands carnivores du pays.
2.2 Tourisme cynégétique
En Europe, la chasse est pratiquée non seulement par des chasseurs locaux, mais aussi par des
personnes qui se rendent à l’étranger. Les touristes chasseurs sont généralement disposés à payer
davantage pour cette expérience que les chasseurs locaux, et nombre d’entre eux recourent aux
services d’un voyagiste spécialisé dans la chasse (guide ou pourvoyeur). Quoi qu’il en soit, cette activité
doit être envisagée comme une forme de tourisme vert, et s’inscrit par conséquent dans le cadre plus
large du marché du tourisme. D’après l’Organisation mondiale du tourisme de l’ONU, le touriste est
une personne « qui se rend dans un pays autre que celui où elle a son lieu de résidence habituelle,
dont le motif principal de voyage est une visite ou un séjour touristique d’une durée non supérieure
à un an et qui n’exerce pas d’activité rémunérée dans le pays visité »32. Dans son programme sur la
diversité biologique et le développement du tourisme, la CDB note qu’à certains égards le tourisme
cynégétique, s’il est bien réglementé, peut être comparable à l’écotourisme. Sur le plan des besoins
en réglementation, la CDB suggère d’élaborer des normes dans le cadre d’une approche de la
question affinée en fonction des régions33.
Le tourisme cynégétique est envisageable comme un sous-ensemble de la chasse et du tourisme. Ses
retombées économiques peuvent être considérables dans les zones rurales, en complément des atouts
écologiques et socioculturels, comme le reconnaît la Résolution 882 (1987) de l’APCE « relative à
l’importance de la chasse pour les régions rurales de l’Europe » 34. Le CIC fait observer qu’étant donné
qu’il s’agit d’une forme de tourisme35, ce type de chasse est influencé par plusieurs facteurs du marché.
Même si la chasse peut être la motivation première d’une excursion touristique, d’autres éléments
entrent en ligne de compte, y compris les transports et la mobilité sur place, la nourriture et le
logement, les services et les biens, et les autres activités qui peuvent être pratiquées dans la
destination choisie36.
2.2.1 Le tourisme cynégétique en Europe
D’après un rapport publié en 2002 par TRAFFIC sur « Trophy Hunting and Conservation in Eurasia »37,
de 20 à 30% des chasseurs européens (tant de l’UE que de la Norvège et de la Suisse) sont susceptibles
de quitter leur pays pour aller chasser à un moment ou à un autre. Cela représente environ 1,3 millions
chasseurs européens dont en une année donnée, une proportion variable partirait chasser à
l’étranger. L’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, les pays du Benelux, l’Italie et l’Espagne sont les
principaux pays demandeurs. Les destinations les plus populaires pour le tourisme cynégétique sont
la Hongrie, la Pologne et d’autres pays d’Europe orientale. La Scandinavie est également une
destination attrayante pour les chasseurs d’autres parties d’Europe, et de nombreux Scandinaves
chassent eux aussi à l’étranger. TRAFFIC estime qu’environ 1/3 du total de l’argent dépensé par les
touristes de chasse européens (40 - 50 millions EUR par an), reste dans les pays de destination.
31
http://www.nina.no/archive/nina/PppBasePdf/temahefte/2003/25_eng.pdf (anglais)
http://www.unwto.org/index_f.php
Wollscheid, K. 2005. Multilateral environmental agreements and the future of hunting. In: M.M.R. Freeman, R.J. Hudson and L.Foote
(editors), Conservation Hunting: People and Wildlife in Canada’s North. Canadian Circumpolar Institute Press, Occasional Publication
56, Edmonton, pp. 57-64.
34
http://assembly.coe.int/Documents/AdoptedText/ta87/FRES882.htm
35
http://www.cic-wildlife.org/uploads/media/Strasdas_Tourismus_in_der_Technisch_in_Technicat_Co-operation_1999_eng.pdf (anglais)
36
Sharp, R. & Wollscheid, K. (sous presse) Recreational Hunting –an Overview: what it consists of and who does it. In: Recreational
Hunting, Conservation and Rural Livelihoods: Science and Practice, UICN.
37
Hofer,D. (2002) The Lion’s Share of the Hunt. Trophy Hunting and Conservation-A review of the legal Eurasian tourist hunting market
and trophy trade under CITES. TRAFFIC Europe. http://www.traffic.org/content/546.pdf (anglais)
32
33
- 15 -
Charte européenne de la chasse
2.2.2 La réglementation internationale du commerce d’espèces sauvages
Comme les touristes chasseurs transportent leurs souvenirs de chasse pour les ramener chez eux, cette
activité est directement surveillée et réglementée par le droit international. La CITES est née du besoin
de garantir que le commerce international de spécimens de faune et de flore sauvages soit dûment
réglementé et qu’il ne menace pas leur survie. Lancée en 1973, quand des représentants de 80 pays
se sont réunis à Washington D.C., USA, elle compte aujourd’hui plus de 170 Etats signataires et
s’applique à quelques 30 000 espèces de faune et de flore dans le monde. Les Etats signataires (Parties)
s’engagent juridiquement à mettre en oeuvre le cadre de la CITES en y adaptant leurs lois et
réglementations nationales.
Les annexes I, II et III de la CITES offrent aux espèces inscrites sur ses listes divers niveaux ou types de
protection contre la surexploitation. L’annexe I interdit le commerce international des espèces les
plus menacées, limitant leur importation aux objectifs non commerciaux, notamment pour la
recherche scientifique. L’annexe II énumère les espèces qui ne sont pas actuellement menacées
d’extinction mais qui pourraient le devenir sans un contrôle strict. Elle énumère également des
« espèces semblables », c’est-à-dire celles dont les spécimens commercialisés ressemblent à ceux
d’espèces inscrites pour des raisons de conservation. L’Annexe III est la liste des espèces inscrites à la
demande d’une Partie qui en réglemente déjà le commerce et qui a besoin de la coopération des
autres Parties pour en empêcher l’exploitation illégale ou non durable.
Le Règlement relatif à la protection des espèces de faune et de flore sauvages par le contrôle de leur
commerce (n° 338/9738) transpose directement les dispositions de la CITES dans l’UE. Ce Règlement est, à
maints égards, plus strict que la CITES39, son annexe A interdisant par exemple les transactions
commerciales d’espèces qui ne figurent pas sur les listes de la CITES (notamment plusieurs grands carnivores
importants pour les chasseurs40 et tous les rapaces). L’UE ajoute également une annexe D où figurent les
espèces dont l’importance du volume des importations communautaires justifie une surveillance.
2.2.3 Le tourisme cynégétique durable
Le CIC a lancé un programme mondial visant à élaborer des principes et à définir des indicateurs pour
un tourisme de chasse durable (TCD) conformes aux critères internationaux existants de durabilité41.
Le TCD défend l’idée que le tourisme cynégétique durable « contribue à la sauvegarde de la vie
sauvage et de ses habitats, profite aux économies locales et assure l’avenir de la chasse ». Le TCD, qui
s’appuie sur un maximum de parties intéressées, vise à proposer une série de principes, lignes
directrices et critères pratiques qui transposent les PDAA afin de répondre aux besoins du secteur du
tourisme cynégétique aux niveaux régional, national et international. Les premières régions choisies
pour tester l’applicabilité des principes et élaborer des critères et des indicateurs sont l’Afrique du Sud,
l’Asie centrale et la Scandinavie.
La Conférence ministérielle « Un environnement pour l’Europe », qui s’est tenue à Lucerne en 1993,
demandait au Conseil de l’Europe de promouvoir un tourisme écologiquement viable. En septembre
1994, le Comité des Ministres a adopté la Recommandation n° R (94) relative à une politique générale
de développement d’un tourisme durable et respectueux de l’environnement42. Ce texte reprend les
principes de durabilité énoncés en 1992 par la Déclaration de Rio sur l’environnement et le
développement43 et formule à l’intention des autorités chargées de la gestion des principes visant à
garantir la durabilité du tourisme en Europe. En 2003, la CE s’est penchée sur les orientations
nécessaires à la durabilité du tourisme en Europe44, ce qui a mené à la constitution du Groupe de
38
Cf. http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l11023.htm
Theile, S., Steiner, A. and Kecse-Nagy, K. (2004). Expanding borders: New challenges for wildlife trade controls in the European Union.
TRAFFIC Europe, Bruxelles, Belgique.
40
Kecse-Nagy, K., Papp, D. Knapp, A., von Meibom, S. (2006). Wildlife trade in Central and Eastern Europe. A review of CITES
implementation in 15 countries.Rapport TRAFFIC Europe, Budapest, Hongrie
41
http://www.cic-wildlife.org/index.php?id=176 (anglais)
42
http://wcd.coe.int/com.instranet.InstraServlet?Command=com.instranet.CmdBlobGet&DocId=513092&SecMode=1&
Admin=0&Usage=4&InstranetImage=43335
43
http://www.un.org/french/events/rio92/aconf15126vol1f.htm #
44
COM(2003) 716
39
Charte européenne de la chasse
- 16 -
travail sur le tourisme durable (TSG) en 2004. En février 2007, le TSG a produit un rapport définissant
un plan d’action visant à garantir la durabilité du tourisme en Europe45.
Bien administré, le tourisme cynégétique peut inciter les communautés locales à sauvegarder la vie
sauvage et ses habitats. Mal pratiqué, ce tourisme cynégétique peut à l’inverse avoir un impact négatif
sur la faune sauvage, à la fois directement et indirectement, surtout s’il y a peu de soutien aux
communautés locales ou peu d’avantages directs pour ces dernières46. Dans certains cas, des conflits
directs peuvent éclater entre les chasseurs locaux et ceux qui viennent de l’extérieur. Il importe donc
que le tourisme cynégétique, qui est une forme particulière de chasse et de tourisme, soit organisé
de manière durable des points de vue écologique, économique et social. Le rapport de TRAFFIC
formule des recommandations spécifiques pour l’intégration du tourisme cynégétique aux initiatives
eurasiennes de conservation de la nature. Il insiste sur une approche au cas par cas afin d’évaluer les
critères susceptibles d’optimiser les bienfaits pour la sauvegarde et de garantir la durabilité. Il suggère
également des pistes à explorer pour la promotion efficace d’une chasse orientée sur la sauvegarde
de la nature. Il encourage le dialogue entre les différents intervenants du tourisme cynégétique afin
de promouvoir les questions de conservation de la nature. Il suggère en outre qu’un processus de
certification pourrait, à long terme, constituer un instrument efficace de réduction des pratiques
inacceptables en promouvant les voyagistes spécialisés dans la chasse les plus qualifiés.
2.3 Normes applicables aux chasseurs européens
Si l’on veut que la chasse apporte une contribution positive à la conservation de la diversité
biologique, il faut que la société la perçoive comme durable à tous points de vue - écologique,
économique et socioculturel. Les normes applicables aux chasseurs d’Europe doivent refléter les
exigences en la matière de la société en général à tous les niveaux – local, régional, national et
international. Ces normes doivent aussi prendre en compte le besoin spécifique de durabilité
socioculturelle, qui implique que les chasseurs doivent donner à la société l’impression de personnes
compétentes et consciencieuses. Les chasseurs compétents doivent démontrer qu’ils font un usage
approprié de leurs instruments, sans risque pour la sécurité du public, et qu’ils prélèvent du gibier dans
le respect des règles d’éthique. Ils doivent par ailleurs connaître et respecter les lois et règlements
relatifs au gibier et les droits et obligations des autres intervenants du monde rural. Un chasseur
compétent possède également une connaissance de base de la biologie des espèces de gibier et peut
les identifier, et sait par ailleurs comment mettre à mort ses prises efficacement et avec le moins
possible de stress et de souffrances. En bons gestionnaires des ressources en vie sauvage, les chasseurs
devraient également connaître les principes et techniques de base de la gestion du gibier et des
habitats. Un chasseur scrupuleux est conscient des impacts que la chasse peut avoir sur la vie sauvage,
et s’efforce de chasser d’une manière durable des points de vue biologique et social. De même, les
chasseurs devraient reconnaître leur devoir de prendre soin de la faune sauvage et de ses habitats et,
si possible, s’associer aux efforts d’autres parties intéressées par la sauvegarde de la nature. Les
chasseurs devraient également collaborer afin d’améliorer les méthodes permettant d‘éviter autant
que possible les souffrances inutiles aux animaux. Il est également vital que les chasseurs et les autres
parties intéressées par la sauvegarde de la nature intensifient le dialogue sur leurs activités afin
d’établir un respect et une compréhension mutuels.
2.3.1 Politique européenne en matière de normes applicables aux chasseurs
Le Comité des Ministres a déjà abordé le thème de la compétence et du comportement des chasseurs
il y a plus de vingt ans dans sa Recommandation n° R (85) 1747. Ce document reconnaissait
l’importance de la chasse en tant qu’outil dans la gestion de la faune sauvage, « à condition de
respecter les besoins écologiques des espèces et les équilibres biologiques ». Il constatait également
que certains comportements et méthodes peuvent avoir des répercussions néfastes, et soulignait
45
46
47
http://ec.europa.eu/enterprise/services/tourism/doc/tsg/TSG_Final_Report.pdf
http://www.traffic.org/content/546.pdf
http://wcd.coe.int/com.instranet.InstraServlet?Command=com.instranet.CmdBlobGet&DocId=687338&SecMode=1&Admin
Usage=4&InstranetImage=45260
=0&
- 17 -
Charte européenne de la chasse
l’importance de former les chasseurs pour « leur faire prendre toujours plus conscience de leurs
responsabilités envers le patrimoine naturel ». La recommandation demandait aux Etats membres
d’envisager de subordonner la délivrance du permis de chasser à la réussite d’un examen visant à
vérifier leurs compétences, et suggérait d’élaborer un syllabus en vue de cet examen. Elle
recommandait aussi aux Etats membres de collaborer avec les organismes concernés en faveur de
l’éducation et de la formation des chasseurs, et de préparer un code de bonne conduite du chasseur
reposant sur une série de recommandations.
Les pays d’Europe proposent généralement l’une ou l’autre forme de programme d’éducation et de
formation des chasseurs, souvent dans le cadre d’une collaboration entre les pouvoirs publics et les
organisations de chasseurs aux niveaux national ou régional. Les exigences varient d’un pays à l’autre
et peuvent être très strictes. A l’inverse, certains pays, dont quelques Etats membres de l’UE,
n’imposent aucune formation ou examen formels. Il serait utile de préparer une synthèse pour
l’Europe afin de mieux comprendre dans quelle mesure les chasseurs sont soumis à des normes
formelles de compétences et de conduite dans chacun des pays, et de déterminer quels résultats
concrets ont ainsi été obtenus.
Par ailleurs, plusieurs organisations nationales de chasseurs (telles que la Fédération nationale des
chasseurs en France48, l’Organisation centrale des chasseurs en Finlande49 et le Congrès nordique des
chasseurs50) ont adopté des codes ou règles d’éthique comparables à celles de la Recommandation n°
R (85) 17 du Comité des Ministres. Ces règles de conduite visent à promouvoir une éthique de la
chasse pour parvenir à une forme d’autorégulation qui irait au-delà des textes de loi. Elles insistent
beaucoup sur la responsabilité des chasseurs vis-à-vis de la faune sauvage et de la nature et des autres
utilisateurs des campagnes, et encouragent une participation active à la gestion et à la conservation
des populations et de leurs habitats. Elles visent également à sensibiliser aux obligations et aux
responsabilités des chasseurs envers les autres membres de la société, et à souligner la nécessité de
respecter des normes d’éthique élevées afin de gagner le respect de ceux qui ne chassent pas. De tels
codes d’éthique constituent en réalité des lignes directrices qui doivent permettre à la chasse de
devenir durable en étant acceptée par la société en général.
2.4 Conclusions
Les politiques et règles mondiales et européennes existantes couvrent de nombreux aspects essentiels
et pertinents pour la chasse en Europe. L’utilisation durable est internationalement reconnue comme
un important outil de gestion et de sauvegarde de la diversité biologique. Il convient donc que la
chasse soit durable des points de vue écologique, économique et socioculturel afin d’assurer sa
viabilité à long terme. Le chapitre suivant énonce des principes et des lignes directrices pour une
chasse durable par la gestion et la conservation de la biodiversité. Il s’agit de suggestions qui n’ont
pas la prétention d’être normatives.
3. CHARTE EUROPEENNE DE LA CHASSE ET DE LA BIODIVERSITÉ
3.1 Principe 1 : Privilégier une gouvernance à plusieurs niveaux afin d’obtenir un
maximum d’avantages pour la conservation de la nature et pour la société
3.1.1 Justification :
Les décisions humaines qui modifient l’utilisation des sols et affectent les espèces sont influencées par
la réglementation et les mesures incitatives financières à plusieurs niveaux, tout comme par des
facteurs culturels et sociaux. Les politiques qui affectent ces facteurs doivent être décidées au niveau
géographique le mieux adapté et rester souples afin de pouvoir prendre en compte les différentes
48
49
50
Charte des Chasseurs de France, La Fédération nationale des chasseurs (2002)
http://onet.tehonetti.fi/riista3/onet/data/attachments/jag0604_Eettiset.pdf
Code d’éthique (adopté en 1972 par le Congrès nordique des chasseurs)
Charte européenne de la chasse
- 18 -
conditions biologiques, économiques et sociales et de permettre une gestion adaptative.
L’uniformisation croissante de la culture et des marchés engendre des défis particuliers pour la
réglementation qui cherche à orienter les utilisations locales des terres et de la vie sauvage afin de
préserver la diversité des conditions écologiques.
3.1.2 Lignes directrices :
La conservation de la nature s’améliorera si
3.1.2.1 Les organes de réglementation et les gestionnaires :
a) prennent en compte le statut de conservation de la faune et de la flore au niveaux appropriés
(international, national, régional et local) ;
b) encouragent l‘élaboration de politiques et de structures permettant d’atténuer les conflits, de
créer des synergies entre les intérêts de la chasse et des autres domaines de la conservation de la
nature, de récompenser les bonnes pratiques (par exemple par des subventions ou des privilèges)
et de légiférer contre les mauvaises pratiques ;
c) veillent à ce que les politiques et les structures prennent en compte les exigences culturelles (telles
que les utilisations multiples) et les conditions écologiques locales ainsi que les politiques des
niveaux supérieurs ;
d) analysent quelles incitations réglementaires ou autres sont nuisibles à la conservation de la
biodiversité et les éliminent, les neutralisent ou les assortissent de mesures compensatoires ;
- et si 3.1.2.2 Les chasseurs et les voyagistes spécialisés dans la chasse :
a) aident les autorités à tous les niveaux à concevoir et à promouvoir des mesures incitatives pour
sauvegarder la diversité biologique à travers une utilisation durable ;
b) s’efforcent, à tous les niveaux, d’obtenir un maximum de retombées positives de la chasse sur la
conservation de la nature.
3.2 Principe 2 : Veiller à ce que la réglementation soit compréhensible et respectée
3.2.1 Justification :
La réglementation est importante et nécessaire mais elle peut engendrer des coûts tant pour la
conservation de la nature que pour les parties intéressées. Ces coûts sont aussi faibles que possible si
l’on associe une administration minimale à un maximum de motivation pour appliquer ces textes. Il
convient donc que l’application soit facile et que le non respect puisse être détecté de manière fiable.
Les règles inadéquates (y compris celles qui sont incompréhensibles ou inapplicables) peuvent induire
des conséquences négatives (telles que les mises à mort illicites) si leur non respect est simple et
rentable, ou si leur justification n’est pas comprise.
3.2.2 Lignes directrices :
La conservation de la nature s’améliorera si
3.2.2.1 Les organes de réglementation et les gestionnaires :
a) formulent des règles simples, flexibles et logiques répondant à des principes biologiques, des
politiques (inter)nationales, un contexte socio-économique et des préoccupations et attentes
raisonnables des parties intéressées ;
b) n’imposent sur les méthodes et les moyens que des restrictions justifiables du point de vue de la
conservation de la nature et facilement compréhensibles par les parties intéressées ;
c) adoptent des processus normatifs transparents laissant une place à une participation active des
chasseurs et d’autres parties intéressées ;
- 19 -
Charte européenne de la chasse
d) privilégient les méthodes d’application de la loi permettant de se conformer aux règles au prix
d’un effort minime ;
e) créent des textes réglementaires adaptables aux besoins locaux des administrations et des forces
de l’ordre ;
- et si 3.2.2.2 Les chasseurs et les voyagistes spécialisés dans la chasse :
a) aident à élaborer et à faire accepter une réglementation efficace ;
b) se conforment à toutes les règles et dispositions relatives à la chasse, aux mesures de sauvegarde
(y compris les zones protégées) et à la propriété privée, et encouragent à les respecter ;
c) optent pour l’autorégulation chaque fois que c’est possible ;
d) aident à prévenir et à signaler le braconnage.
3.3 Principe 3 : Veiller à la durabilité écologique des prélèvements
3.3.1 Justification :
Il est important de garantir le caractère durable de tout prélèvement dans des populations sauvages.
Le statut de conservation des espèces doit être maintenu à des niveaux suffisamment solides pour
supporter les prélèvements. Dans certains cas, une chasse limitée et durable dans de petites
populations permet de soutenir les efforts de sauvegarde consentis en leur faveur. L’utilisation durable
implique une réglementation fondée sur un recours actif à des données scientifiques fiables et à des
connaissances locales.
3.3.2 Lignes directrices :
La conservation de la nature s’améliorera si
3.3.2.1 Les organes de réglementation et les gestionnaires :
a) mettent en oeuvre des stratégies flexibles de gestion visant à garantir le caractère soutenable des
prélèvements et à maintenir les populations à des niveaux optimaux des points de vue de la
capacité de charge et des objectifs écologiques et socio-économiques ;
b) s’assurent que les plans et/ou mesures de gestion aient des objectifs clairs qui tiennent compte du
comportement, de l’écologie (y compris la prédation et les impacts saisonniers) et du statut de
conservation à long terme des espèces de faune sauvage. Ces plans et/ou mesures devraient
également prendre en compte les retombées possibles des stratégies de prélèvement et d’autres
mesures sur les écosystèmes, sur les populations des espèces et sur la société. Il convient que les
plans et/ou mesures de gestion comportent des dispositions garantissant leur bonne mise en
oeuvre, leur suivi et leur mise à jour ;
c) cherchent à eviter de limiter et d’atténuer les impacts négatifs sur les espèces et/ou les habitats
quand cela s’avère possible, et optimalisent la gestion des éléments des écosystèmes en faveur de
la diversité biologique et de la société ;
d) garantissent la prise en compte dans les plans de gestion des prélèvements effectués par les
chasseurs locaux et par les touristes chasseurs ;
e) coopèrent avec les chasseurs au développement et à l’application de méthodes permettant un suivi
et une gestion simples et efficaces des populations, des habitats et des services des écosystèmes ;
f) coopèrent, le cas échéant, avec les pouvoirs administratifs des entités voisines et des voies de
migration afin d’assurer la bonne gestion et la sauvegarde des populations transfrontalières ;
g) élaborent et mettent en place des systèmes normalisés de collecte de données destinées à une
gestion adaptative des populations à toutes les échelles appropriées ;
h) reconnaissent que les changements naturels ou induits par l’homme sont inévitables ;
- et si -
Charte européenne de la chasse
- 20 -
3.3.2.2 Les chasseurs et les voyagistes spécialisés dans la chasse :
a) contribuent à la surveillance des populations et à la recherche ;
b) oeuvrent à l’intégration de leurs activités dans la gestion adaptative des populations et des habitats
des espèces de gibier ciblées ;
c) comprennent et reconnaissent le rôle biologique et l’impact des prédateurs indigènes sur les
espèces de gibier et les prennent en compte dans leur participation à leur conservation et à leur
gestion ;
d) veillent au maintien des populations des espèces de gibier ciblées à des niveaux optimaux par
rapport à leurs habitats, aux communautés de leur espèce, et aux cibles pour la restauration de la
biodiversité ;
e) veillent à ce que les prélèvements soient durables du point de vue démographique et ne nuisent
pas aux services des écosystèmes.
3.4 Principe 4 : Maintenir des populations sauvages d’espèces indigènes avec un
réservoir génétique suffisant pour permettre les adaptations
3.4.1 Justification :
Les espèces indigènes et leurs habitats peuvent, tout comme les moyens d’existence qu’en retirent les
populations humaines, pâtir soit de l’introduction d’espèces exotiques envahissantes, soit d’une
sélection par l’homme de caractéristiques pouvant compromettre la viabilité à long terme de leurs
populations.
3.4.2 Lignes directrices :
La conservation de la nature s’améliorera si
3.4.2.1 Les organes de réglementation et les gestionnaires :
a) prennent des mesures dissuasives contre le lâcher de nouvelles espèces exotiques potentiellement
envahissantes et/ou nuisibles pour la faune ou la flore indigènes ;
b) impliquent les chasseurs dans les programmes d’élimination des espèces exotiques envahissantes ;
c) facilitent la réimplantation d’espèces initialement indigènes de faune et de flore, conformément
aux lignes directrices de l’UICN51 et définissent des plans de gestion clairs définissant leur
rétablissement ;
d) intègrent des considérations génétiques dans leurs plans de gestion ;
e) recherchent les coopérations transfrontalières en vue de garantir la capacité d’adaptation
génétique des populations ;
f) étudient les caractéristiques génétiques des populations d’espèces dont la situation est
particulièrement préoccupante ;
- et si 3.4.2.2 Les chasseurs et les voyagistes spécialisés dans la chasse :
a) acceptent le retour, par une recolonisation naturelle, d’espèces de faune sauvages anciennement
indigènes dans région, en tenant compte du contexte socio-économique ;
b) favorisent le repeuplement, à partir de sources appropriées, mais uniquement afin d’introduire, ou
de réintroduire, des espèces dans le respect des lignes directrices de l’UICN ;
c) évitent la sélection exclusive de spécimens sur la base de caractères du phénotype ou de
comportement non représentatifs de la population d’une espèce sauvage, et qui sont donc
potentiellement néfastes ;
d) soutiennent les chercheurs et les gestionnaires dans la surveillance des caractéristiques génétiques
des populations.
51
Lignes directrices relatives aux réintroductions de la CSE de l’UICN :
http://www.iucn.org/themes/ssc/publications/policy/reintf.htm
- 21 -
Charte européenne de la chasse
3.5 Principe 5 : Maintenir des environnements susceptibles d’entretenir des
populations saines et solides d’espèces exploitables
3.5.1 Justification :
Les espèces sauvages sont vulnérables aux polluants et aux autres impacts de l’homme sur leurs
populations et sur leurs habitats. Tous ceux qui aiment la vie sauvage ou en profitent ont donc intérêt
à collaborer afin de réduire ou d’atténuer les retombées de la détérioration de l’environnement. Il
est nécessaire de contrôler en permanence la condition des animaux exploités et de leurs habitats.
3.5.2 Lignes directrices :
La conservation de la nature s’améliorera si
3.5.2.1 Les organes de réglementation et les gestionnaires :
a) conçoivent des systèmes convenus d’un commun accord pour inciter les chasseurs à soutenir la
conservation des habitats et des paysages ainsi que les espèces de faune qui y sont associées ;
b) élaborent et mettent en oeuvre des systèmes normalisés de suivi de la santé et de la condition des
gibiers, de leurs populations, de leurs habitats et de leurs écosystèmes ;
c) prennent en compte les impacts négatifs éventuels de la chasse sur d’autres services des
écosystèmes, les limitent et les atténuent ;
- et si 3.5.2.2 Les chasseurs et les voyagistes spécialisés dans la chasse :
a) contribuent activement à la conservation et à la restauration écologique des habitats aux niveaux
appropriés lorsque c’est réalisable ;
b) se mobilisent pour veiller à ce que leurs activités n’aient pas de retombées négatives sur les
environnements et habitats locaux ;
c) n’utilisent que des éléments de la flore indigène dans la restauration écologique des habitats.
3.6 Principe 6 : Encourager l’utilisation afin de créer des motivations économiques en
faveur de la conservation de la nature
3.6.1 Justification :
Les parties concernées peuvent être encouragées à sauvegarder des espèces de faune sauvage et
leurs habitats si elles reconnaissent leur valeur économique potentielle.
3.6.2 Lignes directrices :
La conservation de la nature s’améliorera si
3.6.2.1 Les organes de réglementation et les gestionnaires :
a) comprennent que les fournisseurs de possibilités d’exploitation attendent un dédommagement
équitable pour les services et les opportunités qu’ils apportent ;
b) encouragent les modèles d’exploitation susceptibles d’apporter des bienfaits socio-économiques
aux parties prenantes et communautés locales ;
c) définissent des droits ou taxes officiels raisonnables, qui n‘entravent pas la participation locale ;
d) fournissent aux parties prenantes et communautés locales des incitations à maintenir ou à
améliorer la diversité des espèces et des habitats ;
- si -
Charte européenne de la chasse
- 22 -
3.6.2.2 Les chasseurs :
a) sont disposés à contribuer raisonnablement en faveur des accès et des possibilités de chasse, ainsi
qu’à la conservation et à la gestion du gibier et de ses habitats ;
b) acceptent des structures de contribution et de gestion propices à définir pour l’accès des chasseurs
locaux et extérieurs un équilibre équitable et approprié ;
- et si 3.6.2.3 Les voyagistes spécialisés dans la chasse :
a) reconnaissent et acceptent que leurs activités devraient profiter aux économies et parties prenantes
locales et dès lors soutenir les efforts de conservation de la nature ;
b) acceptent que leur accès puisse être limité et/ou être soumis à des droits plus élevés que ceux payés
par les chasseurs locaux.
3.7 Principe 7 : Veiller à la bonne utilisation des animaux prélevés et éviter les
gaspillages
3.7.1 Justification :
L’utilisation du plein potentiel d’une ressource renouvelable produit un maximum d’incitations
économiques pour les populations locales, traduit un respect de l’environnement et limite, dans
certains cas, les pollutions organiques.
3.7.2 Lignes directrices :
La conservation de la nature s’améliorera si
3.7.2.1 Les organes de réglementation et les gestionnaires :
a) encouragent de bonnes méthodes de manipulation et de traitement des animaux sauvages
prélevés ;
b) veillent à ce que les produits issus du gibier satisfassent aux normes sanitaires et d’hygiène avant
d’être autorisés à la vente et/ou à la consommation commerciale ;
- et si 3.7.2.2 les chasseurs et les voyagistes spécialisés dans la chasse :
a) traitent la viande d’une manière appropriée afin d’éviter le gaspillage et la contamination ;
b) utilisent autant que possible les fourrures et les peaux ;
c) veillent, quand elle est possible et souhaitable, aux autres utilisations des animaux prélevés ;
d) respectent les règles d’hygiène afin de garantir la qualité de la viande et d’éviter les risques pour
la santé des consommateurs ;
e) veillent à ce que les produits du gibier qu’ils n’utilisent pas soient mis à la disposition des
populations locales.
3.8 Principe 8 : Renforcer les capacités des parties prenantes locales et les
responsabiliser
3.8.1 Justification :
Si elle peut compter sur de bonnes connaissances et un suivi, la gestion au niveau local est celle qui
présente la meilleure capacité d’adaptation. Elle renforce également les capacités des parties
prenantes et les rend directement responsables de répondre aux exigences des bénéficiaires et de la
sauvegarde des ressources. La gestion locale doit s’harmoniser avec les objectifs définis aux échelons
supérieurs.
- 23 -
Charte européenne de la chasse
3.8.2 Lignes directrices :
La conservation de la nature s’améliorera si
3.8.2.1 Les organes de réglementation et les gestionnaires :
a) le cas échéant, promeuvent et facilitent la gestion décentralisée des espèces dont les populations
sont saines et stables, voire en augmentation aux niveaux local ou régional ;
b) facilitent le renforcement des capacités et la prise de responsabilités des parties prenantes locales,
et en particulier des chasseurs, dans ce processus décentralisé ;
c) encouragent les modèles garantissant le partage équitable des bienfaits entre les groupes
d’utilisateurs ;
- et si 3.8.2.2 Les chasseurs :
a) connaissent l’écologie de la faune sauvage et les pratiques de conservation de la nature ;
b) reconnaissent leur rôle de bons gestionnaires des ressources et participent activement à la gestion
pratique et aux mesures de conservation de la nature ;
c) communiquent avec d’autres parties intéressées et avec les collectivités locales dans la recherche des
meilleures solutions ;
- et si 3.8.2.3 les voyagistes spécialisés dans la chasse :
a) reconnaissent les cultures, les traditions et les besoins des populations locales (y compris les
chasseurs) ;
b) collaborent étroitement avec les chasseurs et les gestionnaires locaux, et avec d’autres parties
prenantes pour garantir l’intégration des activités et prévenir les conflits.
3.9 Principe 9 : Les utilisateurs des ressources sauvages devraient être à la fois
compétents et responsables
3.9.1 Justification :
Afin que les pratiques soient durables des points de vue écologique et social, il est recommandé que
les utilisateurs des ressources sauvages soient responsables et compétents dans les méthodes, le
matériel et les espèces qu’ils utilisent.
3.9.2 Lignes directrices :
La conservation de la nature s’améliorera si
3.9.2.1 Les organes de réglementation et les gestionnaires :
a) encouragent et facilitent des programmes d’éducation et de formation des chasseurs ;
b) coopèrent avec les organisations qui coordonnent les chasseurs afin de s‘engager avec tous les
participants y compris pour le recrutement de personnes des deux sexes, de tout âge et de tous les
milieux ;
- et si 3.9.2.2 Les chasseurs :
a) sont compétents pour assurer une manipulation sûre et conforme aux règles de l’art des
instruments et accessoires légalement autorisés pour la chasse ;
b) possèdent une connaissance suffisante en matière d’identification, d’habitudes et d’écologie des
espèces de gibier ainsi que des espèces non chassables ;
Charte européenne de la chasse
- 24 -
c) suivent régulièrement des formations afin d’entretenir ou d’améliorer leurs compétences ;
d) connaissent les lois et règlements qui régissent l’exercice de la chasse et la conservation de la vie
sauvage en vigueur dans les lieux où ils chassent ;
e) enseignent aux nouveaux chasseurs les compétences et les connaissances nécessaires pour être
compétents et responsables ;
- et si 3.9.2.3 Les voyagistes spécialisés dans la chasse :
a) fournissent à leurs clients les informations et les connaissances nécessaires à une chasse durable et
responsable.
3.10 Principe 10 : Eviter au maximum les souffrances infligées aux animaux
3.10.1 Justification :
Afin que les méthodes soient socialement durables, les souffrances infligées aux animaux doivent
être aussi limitées que possible.
3.10.2 Lignes directrices :
La conservation de la nature s’améliorera si
3.10.2.1 Les organes de réglementation et les gestionnaires :
a) adoptent des normes, des réglementations et des mesures incitatives en faveur de méthodes et de
matériels permettant d’éviter autant que possible la souffrance des animaux ;
b) communiquent avec les chasseurs sur la nécessité de traiter avec respect les animaux chassés ;
c) reconnaissent et encouragent les bonnes pratiques ;
- et si 3.10.2.2 Les chasseurs et les voyagistes spécialisés dans la chasse :
a) respectent les gibiers et s’efforcent de réduire ou d’éliminer autant que possible les souffrances
évitables ;
b) étudient la physiologie animale et les méthodes les plus efficaces pour mettre à mort le gibier sans
le faire souffrir ;
c) encouragent les mesures visant à améliorer les compétences dans l’utilisation des techniques et
accessoires de chasse ;
d) s’efforcent de poursuivre et d’achever efficacement le gibier blessé ;
e) proscrivent les méthodes de capture qui provoquent un stress ou une douleur intenses et/ou ne sont
pas sélectives ou provoquent des captures massives ;
f) veillent à ne pas déranger les espèces d’une façon qui pourrait avoir un impact important et néfaste.
3.11 Principe 11 : Encourager la coopération entre toutes les parties prenantes dans la
gestion des espèces exploitées, des espèces qui leur sont associées et de leurs
habitats
3.11.1 Justification :
Toutes les parties prenantes, y compris les autorités, les administrations, les propriétaires fonciers, les
chasseurs, les autres utilisateurs des ressources et les défenseurs de la nature, peuvent apporter une
contribution positive à la bonne gestion de la biodiversité par la coopération. La coopération permet
à l’utilisation durable de favoriser les synergies dans le cadre des efforts de protection de la nature,
tandis que les conflits engendrent le gaspillage des ressources humaines.
- 25 -
Charte européenne de la chasse
3.11.2 Lignes directrices :
La conservation de la nature s’améliorera si
3.11.2.1 Les organes de réglementation et les gestionnaires :
a) créent des structures officielles réunissant les intérêts de toutes les parties prenantes ;
b) favorisent l’information du public sur les questions de sauvegarde de la nature et sur les avantages
économiques et/ou culturels qui peuvent être retirés de prélèvements responsables et durables ;
c) cherchent des occasions de promouvoir la coopération entre les différents intérêts et prennent des
mesures incitatives en ce sens ;
d) mettent en oeuvre toutes les mesures possibles pour éviter et résoudre les conflits ;
- et 3.11.2.2 Les chasseurs et les voyagistes spécialisés dans la chasse :
a) cherchent les occasions de contribuer au bien-être des populations humaines et de la faune sauvage
(y compris les espèces non chassées) et de leurs habitats ;
b) s’efforcent activement de parvenir à des alliances avec les autres parties prenantes locales.
3.12 Principe 12 : Encourager la société à accepter les utilisations consommatrices
durables comme des outils de sauvegarde de la nature
3.12.1 Justification :
Etant donné l’aspiration commune des chasseurs et d’autres défenseurs de la nature pour qu’il y ait
des populations saines de faune sauvage, et prenant en compte les grandes menaces rencontrées
par la biodiversité en Europe du fait des changements d’utilisation du territoire et d’autres facteurs
anthropogéniques, il est essentiel que toutes les parties prenantes travaillent ensemble pour éduquer
le public sur l’importance de la conservation de la nature. Pour s’assurer l’acceptation par la société,
il importe que tous les utilisateurs de la vie sauvage attirent l’attention du public sur les retombées
positives de l’utilisation durable sur la conservation de la diversité biologique. Il est en outre essentiel
que toutes les parties prenantes collaborent en vue d’éduquer le public sur d’importants problèmes
de conservation de la nature.
3.12.2 Lignes directrices :
La conservation de la nature s’améliorera si
3.12.2.1 Les organes de réglementation et les gestionnaires :
a) définissent un cadre garantissant l’acceptation durable, par la société, des bienfaits pour la
conservation de la nature résultant de l’exploitation d’espèces de faune sauvages ;
b) veillent au maintien des populations d’espèces de gibier à des niveaux compatibles avec les intérêts
d’autres secteurs socio-économiques (ex : agriculture, sylviculture, etc.) ;
c) préservent les valeurs culturelles, historiques et esthétiques legitimes liées à la vie sauvage et à la chasse.
- et 3.12.2.2 Les chasseurs et les voyagistes spécialisés dans la chasse :
a) sont attentifs aux intérêts et cultures locaux et les respectent ;
b) s’efforcent d’être les ambassadeurs de la chasse grâce à un comportement et à des pratiques
appropriés ;
c) respectent la propriété privée et les restrictions locales, y compris les mesures de conservation ;
d) dispensent aux autres parties intéressées une éducation et une information sur les bienfaits de la
chasse durable et de la conservation de la nature ;
e) comprennent la nécessité d’impliquer les communautés locales dans toutes les activités de chasse,
y compris les opérations de tourisme cynégétique.
Charte européenne de la chasse
- 26 -
4. ANNEXES
4.1 Annexe 1. Principes et directives d’Addis-Abeba pour l’utilisation durable de la
diversité biologique52
L’utilisation durable des éléments constitutifs de la diversité biologique sera favorisée par la mise en
oeuvre des principes pratiques et directives opérationnelles ci-après :
Principe
pratique 1
Les politiques, lois et institutions voulues sont présentes à tous les paliers d’administration et
des liens efficaces existent entre ces différents échelons.
Principe
pratique 2
Reconnaissant l’utilité d’établir un cadre réglementaire conforme aux lois internationales (1) et
nationales, les utilisateurs locaux de la diversité biologique sont suffisamment habilités et
soutenus en droit pour être tenus responsables et comptables de l’utilisation qu’ils font des
ressources en question.
Principe
pratique 3
Les politiques, lois et règlements internationaux et nationaux qui introduisent des distorsions
dans les marchés, qui contribuent à la dégradation des habitats ou qui génèrent autrement
des effets pervers préjudiciables à la conservation de la nature et à l’utilisation durable de la
diversité biologique sont identifiés et éliminés ou modifiés.
Principe
pratique 4
La gestion évolutive mise en place repose sur :
1. la science et les connaissances traditionnelles et locales ;
2. un processus itératif, rapide et transparent de transmission des informations fournies par la
surveillance de l’utilisation, des impacts environnementaux et socio-économiques et de l’état
des ressources utilisées
3. l’ajustement de la gestion en fonction des informations tirées rapidement des activités de
surveillance.
Principe
pratique 5
Les buts et les modalités de la gestion visant l’utilisation durable préviennent ou réduisent les
effets néfastes sur les services, la structure et les fonctions des écosystèmes ainsi que sur les
éléments qui les composent.
Principe
pratique 6
La recherche interdisciplinaire portant sur tous les aspects de l’utilisation et de la conservation
de la diversité biologique est favorisée et soutenue.
Principe
pratique 7
L’échelle spatio-temporelle de la gestion est compatible avec l’échelle écologique et socioéconomique de l’utilisation et de ses impacts.
Principe
pratique 8
Des accords visant la coopération internationale facilitent la prise de décision et la
coordination des actions entre les pays
Principe
pratique 9
Une approche interdisciplinaire et participative est privilégiée aux niveaux voulus de la gestion
et de l’administration de l’utilisation.
Principe
pratique 10
Les politiques internationales et nationales tiennent compte :
1. des avantages actuels et potentiels de l’utilisation de la diversité biologique ;
2. de la valeur intrinsèque et des qualités non économiques de la diversité biologique ;
3. des mécanismes du marché qui influent sur la valeur et l’utilisation.
Principe
pratique 11
Les utilisateurs des éléments de la diversité biologique s’efforcent de limiter les prélèvements
inutiles et les impacts sur l’environnement et optimisent les bienfaits de l’utilisation.
Principe
pratique 12
Les besoins des communautés autochtones et locales qui tirent leur subsistance de la diversité
biologique et qui sont touchées par son utilisation et sa conservation, ainsi que leur
contribution à cette conservation, sont reconnus par une répartition équitable des avantages
qui en découlent.
Principe
pratique 13
Le coût de la gestion et de la conservation de la diversité biologique est internalisé dans la
gestion et est reflété dans la répartition des avantages issus de l’utilisation.
Principe
pratique 14
Des campagnes d’éducation et de sensibilisation portant sur la conservation et l’utilisation
durable sont en place et des méthodes plus efficaces de communication sont établies entre et
au sein des parties prenantes et des gestionnaires.
52
http://www.biodiv.org/programmes/socio-eco/use/addis-principles.asp#1
- 27 -
Charte européenne de la chasse
4.2 Annexe 2. Principes du Malawi pour l’approche par écosystème53
1. Les objectifs de gestion des terres, des eaux et des ressources vivantes sont un choix de société.
2. La gestion devrait être décentralisée et ramenée le plus près possible de la base.
3. Les gestionnaires d’écosystèmes devraient considérer les effets (réels ou potentiels) de leurs activités
sur les écosystèmes adjacents ou autres.
4. Compte tenu des avantages potentiels de la gestion, il convient de comprendre l’écosystème dans
un contexte économique. Tout programme de gestion d’écosystème devrait:
(a) réduire les distorsions du marché qui ont des effets néfastes sur la diversité biologique ;
(b) harmoniser les mesures d’incitation pour favoriser la conservation de la nature et l’utilisation
durable de la diversité biologique ;
(c) intégrer dans la mesure du possible les coûts et les avantages à l’intérieur de l’écosystème géré.
5. Conserver la structure et la dynamique de l’écosystème, pour préserver les services qu’il assure,
devrait être un objectif prioritaire de l’approche systémique.
6. La gestion des écosystèmes doit se faire à l’intérieur des limites de leur dynamique.
7. L’approche par écosystème ne devrait être appliquée que selon les échelles spatiales et temporelles
appropriées.
8. Compte tenu des échelles temporelles et des décalages variables qui caractérisent les processus
écologiques, la gestion des écosystèmes doit se fixer des objectifs à long terme.
9. La gestion doit admettre que le changement est inévitable.
10. L’approche par écosystème devrait rechercher l’équilibre approprié entre la conservation et
l’utilisation de la diversité biologique.
11. L’approche par écosystème devrait considérer toutes les formes d’information pertinentes, y
compris l’information scientifique et autochtone, de même que les connaissances, les innovations
et les pratiques locales.
12. L’approche par écosystème devrait impliquer tous les secteurs sociaux et toutes les disciplines
scientifiques concernés.
53
http://svs-unepibmdb.net/french/?q=node/1102&PHPSESSID=6a4a567d2d9d04ad5c1eff96eb3f3afb
Charte européenne de la chasse
- 28 -
4.3 Annexe 3. Correspondances entre la Charte sur la chasse et les PDAA/Principes du Malawi
Trois piliers de la Addis Ababa / Malawi
durabilité
Gouvernance solidaire et
intégrée à tous les niveaux, avec
des règles harmonisées qui
favorisent les bienfaits de la
conservation pour la société et
Socioculturel
préviennent les effets pervers.
Ecologique
Economique
Socioculturel,
écologique,
économique
Socioculturel
Prévention d’impacts négatifs au
sein des écosystèmes ou entre
ceux-ci, et d’une vision à court
terme, surtout quand l’on est
confronté à des changements inévitables. Gestion transparente et
adaptée parallèlement à une politique constante conciliant l’utilisation et la protection, fondée
sur des travaux scientifiques interdisciplinaires, le suivi et des retours
d’information en temps utile.
Encouragement par des mesures
incitatives économiques et
culturelles et partage des
bienfaits (et des coûts), surtout
au niveau local, tout en évitant
les gaspillages.
Décentralisation de la gestion vers
un niveau bio-économique approprié, notamment pour renforcer les capacités des utilisateurs
locaux, les évaluer et accéder à
leurs connaissances.
Education, sensibilisation et
inclusion des gestionnaires, des
utilisateurs des ressources et de
la société en général.
Domaine
Numéro Principes de cette Charte
PDAA/
MALAWI MAP
(A1,A3,
M2,M4)
Général
1
Privilégier une gouvernance à
plusieurs niveaux afin d’obtenir un maximum d’avantages
pour la conservation de la
nature et pour la société.
Réglementaire
2
Veiller à ce que la
réglementation soit
compréhensible et respectée.
(A1,A8,A13, M10)
Démographique
3
Veiller à la durabilité
écologique des prélèvements
(A4,A6,A9,
M7-12)
Maintenir des populations
sauvages d’espèces indigènes
avec un réservoir génétique
suffisant pour permettre les
adaptations
Maintenir des
environnements susceptibles
d’entretenir des populations
saines et solides d’espèces
exploitables.
Encourager l’utilisation afin
de créer des motivations
économiques en faveur de la
conservation de la nature
(A4,A6,A9,
M7-12)
(A5,A9,
M11-12)
Génétique
4
Services des
écosystèmes
5
Incitations
économiques
6
Eviter les
gaspillages
7
Veiller à la bonne utilisation
des animaux prélevés et éviter
les gaspillages.
(A11)
Gestion locale
8
Renforcer les capacités des
parties prenantes locales et les
responsabiliser.
(A2,A4,A9-10,
A12-13, M2,M4,
M7, M11-12)
Conduite et
compétences
des exploitants
9
Bien-être animal
10
Confiance
horizontale
11
Acceptation par
la société
12
Les utilisateurs des ressources
sauvages devraient être à la
fois compétents et
responsables
Eviter au maximum les
souffrances infligées aux
animaux.
Encourager la coopération
entre toutes les parties
prenantes dans la gestion des
espèces exploitées, des
espèces qui leur sont associées
et de leurs habitats.
Encourager la société à
accepter les utilisations
consommatrices durables
comme des outils de
sauvegarde de la nature.
(A4,M10)
(A11)
(A14,M1, M12)
(A2,A9,A14,
M1,M12)
(A12, M14)
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