1 Billings est-il un légalisme ? Un nouveau légalisme ? L`application

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Billings est-il un légalisme ?
Un nouveau légalisme ?
L’application des 4 règles de la méthode n’est-elle pas la réintroduction d’un légalisme dans la vie
chrétienne ?
Aurions-nous échappé aux prescriptions des rituels mosaïques pour voir notre sexualité mise sous
la tutelle de 4 nouvelles ordonnances ? D’autant que nous savons que la loi excite le péché en nous
(Ro 7.7-14) !
Dit autrement : la méthode ne nous ramène-t-elle pas à un légalisme qui peut bloquer la vie de
l’Esprit ?
Que peut-on répondre à cette objection ?
La grâce et la loi
La grâce, contrairement au discours d’une théologie existentialiste qui oppose grâce et loi, n’abolit
pas les commandements de Dieu mais nous donne la capacité de nous soumettre à Son
gouvernement.
La justification par la foi, si elle est gratuite pour nous (Ro 4.5 ; 5.1,9), a coûté très cher au Seigneur :
le sang de la Croix.
On ne doit pas opposer la grâce et la loi. La grâce nous donne la capacité d’accomplir la loi, ce que
le péché (la nature du péché ; Paul utilise un singulier quand il parle de la nature du péché, un pluriel
quand il s’agit des actes produits par cette nature) nous interdisait.
Fort bien, me direz-vous. Mais n’échappons-nous pas au régime de la loi parce que nous sommes
crucifiés en Christ ?
Romains 6.3,6,8 déclare :
3 Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés (εβαπτισθημεν / immergés) en Jésus-Christ, nous
avons été baptisés en sa mort?
6 Sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui
8 … nous sommes morts avec Christ
Or la loi ne s’applique que tant que nous sommes vivants (Ro 7.1).
Et nous sommes délivrés de la loi par la crucifixion du Christ (Ro 7.4,6).
Nous ne sommes plus en Adam, mais en Christ.
Nous sommes donc placés dans une nouvelle économie, un nouveau régime, la « loi de l’Esprit de
vie ». (Ro 8.2).
Comment s’articule cette nouvelle loi, celle de l’Esprit de vie, avec la méthode Billings ?
La loi de l’Esprit de vie et l’anthropologie biblique
Il nous faut d’abord dire ce qu’est l’homme.
L’anthropologie biblique est tripartite. L’homme est esprit, âme et corps.
1 Th 5.23 : « … que tout ce qui est en vous, l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé irrépréhensible pour
l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ ».
En faisant travailler le dictionnaire interne de la Bible (the built-in dictionary pour reprendre une
expression anglo-saxonne), nous définissons les concepts de la Bible par la Bible, sans recours aux
sciences profanes.
Dans ce cadre, l’âme (nephesh en hébreu, psyché/ψυχη en grec) comprend l’intelligence, les
sentiments, la volonté. Elle est le siège de la personnalité, du moi et de la conscience de soi.
L’esprit (le souffle, rouah en hébreu, pneuma/πνεῦμα en grec) comprend les facultés de communion
spirituelle avec l’Esprit de Dieu, d’intuition et de conscience immédiate du bien et du mal.
Le concept du cœur dans la Bible doit être reprécisé. Le romantisme et certains courants
philosophiques ont rendu obscur ce que la Bible entend par « cœur ».
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Le cœur est le lieu de rencontre entre l’âme et l’esprit, entre la conscience (esprit) et l’intelligence
(âme). Et la Parole de Dieu joue un rôle clef dans la distinction de la puissance de l’âme de celle de
l’esprit en communion avec l’Esprit de Dieu.
Hé 4.12 : « Car la parole de Dieu est vivante et efficace, et plus pénétrante qu'aucune épée à deux tranchants; elle
atteint jusqu'au fond de l'âme et de l'esprit, des jointures et des moelles, et elle juge des pensées et des intentions du
cœur ».
De ce point de vue, la philosophie hégélienne a introduit une confusion en assimilant l’esprit à
l’intelligence. On discerne également la confusion introduite par Nietzsche avec les forces
apolliniennes et dionysiaques dans lesquelles Freud a trouvé sa topique.
Quant à la chair elle peut désigner plusieurs réalités dans la Bible. Si elle peut décrire les parties
molles du corps, Paul l’emploie comme l’association de l’âme et du corps opposée aux injonctions
de notre esprit renouvelé.
Dans quelle dynamique sommes-nous alors placés ?
Celle du renouvellement de notre intelligence/νοος (Ro 12.2 ; Ep 4.23) et du rétablissement de
notre esprit comme centre de direction de notre vie.
1 Co2.14,15 :
14 L'homme psychique / ψυχικος n'accueille pas ce qui est de l'Esprit de Dieu : c'est folie pour lui et il ne
peut le connaître, car c'est spirituellement qu'on en juge.
15 L'homme spirituel / πνευματικος, au contraire, juge de tout, et lui-même n'est jugé par personne.
La loi de l’Esprit de vie est donc conforme à l’intégration de l’ordre du corps dans une réalité
psycho-spirituelle où l’âme exprime devant son Créateur la dimension unitive ou procréative de la
sexualité conjugale.
La sexualité s’inscrit donc dans une nouvelle loi, celle de l’Esprit de vie, qui prend sa source dans
notre esprit régénéré par l’Esprit, pour que « tout ce qui est en vous, l'esprit, l'âme et le corps, soit conservé
irrépréhensible … » (1 Th 5.23).
La loi de l’Esprit de vie nous permet d’exercer nos facultés renouvelées : notre esprit vivifié et notre
conscience éclairée dans l’exercice de ses intuitions, notre pensée renouvelée et son travail discursif,
nos émotions purifiées ouvrent une nouvelle dynamique et tracent un chemin (Jn 14.6).
Christ en nous et nous en Christ
Il y a dans la méthode Billings comme dans la vie chrétienne une dimension objective et une
dimension subjective.
Notre position en Christ, position objective, doit se traduire subjectivement.
Notre attitude par rapport à la méthode Billings n’échappe pas à ce double positionnement.
Le péché peut se manifester dans le rejet et une incompréhension de la méthode objective comme
dans une difficulté subjective à se l’approprier, même si nous sommes rationnellement et
éthiquement convaincus de sa pertinence.
Notre identité en Christ prend alors tout son sens car nous savons alors que nous sommes morts
au péché, que notre vieil homme a été crucifié et que le péché ne dominera pas sur nous.
L’apôtre nous décrit les étapes de ce passage de la réalité objective à la réalité subjective dans son
épître aux Romains : 1 - savoir, 2 - se considérer comme, 3 - se donner … se consacrer, 4 - marcher.
Ro 6.6,9,11,13 :
6 Sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui …
9 Sachant que Christ …
11 Et vous de même, considérez que vous êtes morts au péché et vivants à Dieu dans le Christ Jésus.
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13 Et ne livrez point vos membres au péché, pour servir d'instruments d'iniquité; mais donnez-vous à Dieu,
comme étant devenus vivants, de morts que vous étiez, et consacrez vos membres à Dieu, pour être des
instruments de justice.
Ro 8.1,2
1 Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, qui marchent, non selon la
chair, mais selon l'esprit;
2 Parce que la loi de l'esprit de vie qui est en Jésus-Christ, m'a affranchi de la loi du péché et de la mort.
Ep 5.8
8 Car vous étiez autrefois ténèbres, mais à présent vous êtes lumière dans le Seigneur; marchez donc comme des
enfants de lumière.
Dans ce sens, la grâce ne nous soustrait pas au commandement de Dieu, mais nous rend capables
objectivement et subjectivement d’obéir à la norme de Dieu dans l’ordre de la sexualité.
Franck Jullié, le 29/10/2013
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