Rapport d’étude – Niveaux Typologiques Théoriques en Corrèze ~2~ 1 L’ETUDE “NTT” 1.1 FONDEMENTS ET MISE EN PLACE DU PROJET 1.1.1 CARACTERISER L’ETAT DES MILIEU EST UNE NECESSITE: La nécessité de disposer de milieux aquatiques qui puissent être qualifiés de « bonne qualité » est apparu depuis plusieurs années, notamment avec l’émergence de la LOI EAU (1992), puis avec l’avènement de la Directive Cadre Européenne sur l’Eau (2000) et de ses conséquences (LEMA, 2006). Cette dernière donne comme principe l’idée d’aboutir à un « bon état des eaux », étant entendu que ce bon état sera le meilleur garant de la possibilité pour les usagers, pour les citoyens, et pour la faune aquatique, d’un grand nombre d’usages. Ainsi, la mise en place de suivis de la qualité des eaux et des milieux aquatiques, utilisant des indicateurs pertinents s’est progressivement mise en place. Parmi ces indicateurs, les poissons occupent une place de choix. En effet, leur durée de vie, leur place dans le réseau trophique, leurs capacités de déplacement fait d’eux de très bons intégrateurs des conditions passées et présentes régnant au sein des systèmes. 1.1.2 CONFRONTER UNE REFERENCE A L’EXISTANT…INTRODUCTION A LA BIOTYPOLOGIE La mise en place d’inventaires piscicoles sur différents sites permet de disposer d’un état des lieux des peuplements en place… mais comme le rappellent (J. VERNEAUX & LEYNAUD 1976), « l’application pratique des méthodes biologiques, se heurte, malgré leur grand intérêt à l’apparente diversité extrême des milieux aquatiques et à l’absence de référence représentant leur état ‘normal’ et permettant d’évaluer objectivement le degré de dégradation dû à la pollution ». La mise en place d’une typologie des eaux courantes basées sur une analyse cohérente de l’évolution des paramètres physiques et chimiques de l’eau, et sur l’évolution qualitative et quantitative des peuplements (piscicole, macrobenthique) a permis de définir des types écologiques (ou biotypes) se succédant le long du gradient amont-aval des cours d’eau (J. VERNEAUX 1973). Cette typologie est également appelée biotypologie. Maison de l’Eau et de la Pêche de la Corrèze Place de l’Eglise- BP 22 [email protected] – http://www.mep19.fr 19160 Neuvic Rapport d’étude – Niveaux Typologiques Théoriques en Corrèze ~3~ Ces biotypes correspondent ainsi à des unités homogènes de conditions mésologiques. Or, en vertu du principe de causalité1, on peut associer à chaque biotype un peuplement donné, caractérisé par la présence de certaines espèces dont l’abondance est propre à chaque biotype. Il paraît ainsi évident qu’une densité X de truite commune n’a pas la même signification si elle se trouve à 1km des sources ou à 30 km (correspondant à des gabarits de cours d’eau différents). 1.1.3 DETERMINER LES NIVEAUX TYPOLOGIQUES THEORIQUES : L’idée du projet est donc de déterminer, sur un certain nombre de sites donnés dans le département de la Corrèze, ces types écologiques (les niveaux typologiques théoriques). Même si l’idée d’un continuum d’espèces apparaît aujourd’hui comme une évidence (J. VERNEAUX et al. 2003, J. VERNEAUX et al. 2004), il est possible de regrouper l’évolution des peuplements (groupements sociaux-écologiques) d’un cours d’eau type en 10 catégories définissant 10 niveaux typologiques (notés de B0 à B9).Dans sa recherche de caractérisation mésologique des biotypes, (J. VERNEAUX 1976a; J. VERNEAUX 1976b; J. VERNEAUX 1977b; J. VERNEAUX 1977a) a identifié 3 composantes fondamentales régissant la répartition qualitative et quantitative de la faune. Ces trois composantes sont les suivantes : thermique, trophique, morphodynamique. Chacune d’elle joue une part différente dans l’explication de la répartition des espèces le long du gradient amont-aval des cours d’eau. 1 ce principe peut être édicté ainsi : « à des conditions mésologiques équivalentes correspondent des peuplements équivalents ». Il sert de base à toutes les méthodes de bioindication. Maison de l’Eau et de la Pêche de la Corrèze Place de l’Eglise- BP 22 [email protected] – http://www.mep19.fr 19160 Neuvic Rapport d’étude – Niveaux Typologiques Théoriques en Corrèze ~4~ 1.1.4 QUELQUES MOTS SUR LE FACTEUR THERMIQUE : Nous notons dans la formule citée ci-dessus que le facteur thermique joue un rôle prépondérant dans la détermination du niveau typologique (45%). Il est de fait que la température est LE paramètre qui conditionne le plus la répartition des espèces aquatiques (faune, flore) dans les écosystèmes d’eau douce (J. VERNEAUX 1973 ; LEYNAUD 1985 ; ROSSI & HARI 2004). C’est la raison pour laquelle la température se trouve à l’origine de la majorité des typologies des eaux courantes, de HUET (1949) à (J. VERNEAUX et al. 2004) en passant par (VANNOTE et al. 1980 ; HUET 1949 ; WASSON 1989) La température joue également un rôle fondamental dans l’activité, dans l’état physiologique et dans le comportement (reproduction, nutrition, etc.) de la grande majorité des espèces dulcicoles qui sont poïkilothermes2. Ainsi, au-delà de l’analyse typologique requérant la définition des contraintes thermiques estivales (les 30 jours consécutifs les plus chauds), la connaissance du régime thermique des cours d’eau constitue donc un des éléments fondamentaux de la compréhension du fonctionnement des écosystèmes aquatiques. 1.1.5 INTERET(S) DE CETTE DEMARCHE : Nous ne reprendrons pas ici l’ensemble des avantages qui résident dans la mise en place de cette démarche rigoureuse et cohérente. Comme le rappelle Verneaux (1973), l’intérêt majeur de cette démarche est de « reconstituer la composition normale des peuplements électifs des différents types de milieu, et d’apprécier, par comparaison, l’état général du site d’après la nature et le nombre d’espèces recensées ». 2 se dit de toutes les espèces « a sang froid » Maison de l’Eau et de la Pêche de la Corrèze Place de l’Eglise- BP 22 [email protected] – http://www.mep19.fr 19160 Neuvic