PDC suisse Initiative sur les résidences secondaires Mise en œuvre de l’initiative populaire : nos revendications et exigences concrètes Adopté par la Présidence du PDC suisse le 21 mars 2012 Le PDC accepte la décision du Peuple En tant que parti défendant la cohésion nationale et l’égalité des chances dans les différentes régions du pays, le PDC s’est engagé fortement aux côtés de sa Conseillère fédérale pour combattre l’initiative Weber sur les résidences secondaires. Lors de son Assemblée des délégués en janvier dernier, le PDC Suisse avait rejeté cette initiative à une écrasante majorité. Cette décision fut suivie par toutes ses sections. De justesse, le Peuple en a décidé autrement. Le PDC accepte la décision du Peuple. Cela étant, le PDC suisse est préoccupé par les effets que l’initiative pourrait déployer sur les régions de montagne et le tourisme. Dans ce contexte difficile et passionnel, le PDC suisse a aussitôt déposé une interpellation par la main de sa sous-cheffe de groupe Mme la Conseillère nationale Viola Amherd. De même le Conseiller aux Etats grison Stefan Engler est co-auteur d’une motion déposée aux Conseil des Etats. Au lendemain du vote, l’incertitude s’est emparée des régions de montagne et de nombreuses entreprises. Avec l’annonce d’une entrée en vigueur immédiate, beaucoup se demandent de quoi demain sera fait. La question de la suppression de nombreux emplois se pose très concrètement pour les PME auxquelles nous devons une réponse. En résumé, nous interprétons l’initiative Weber de la manière suivante : à l’avenir la construction de résidences secondaires qui ne seraient pas occupées durant au moins 8 semaines par années serait interdite. Cette interdiction devrait s’appliquer uniquement aux communes qui dépassent un taux de 20% de résidences secondaires. A nos yeux, l’initiative Weber vise la protection du paysage et veut éviter le bétonnage excessif. Il ne s’agit donc pas de détruire des valeurs immobilières, foncières ou patrimoniales, encore moins d’enfreindre les grands principes de notre ordre juridique. Nos positions Suite à l’acceptation par le peuple et les cantons de l'initiative populaire "Pour en finir avec les constructions envahissantes de résidences secondaires", la loi sur l'aménagement du territoire devra être adaptée en fonction du nouvel article constitutionnel. Un certain nombre de questions demeurent toutefois à clarifier. Nos positions et exigences : 1. Clarifier les effets juridiques de l’initiative pour l’année 2012 : La Confédération a recommandé aux Communes de geler le traitement des demandes d’autorisation de construire à partir du 11.03.2012. De nombreux avis contestent cette interprétation comme le Prof. Dr. Alain Griffel dans la NZZ du 19.03.2012 et la Conférence des gouvernements des cantons de montagne. A notre avis les Communes doivent traiter les demandes déposées en 2012, en informant les requérants qu’un risque juridique subsiste. Toutes les autorisations de construire entrées en force en 2012 sont valables ! Si un recours est déposé contre l’une d’elle et qu’aucune autorisation n’est de ce fait entrée en force en 2012, l’autorisation est déclarée nulle à partir du 1.1.2013 au sens de l’initiative. Nous demandons au groupe de travail de clarifier au plus vite les effets juridiques de l’initiative pour l’année 2012. 2. Renforcer la position du groupe de travail chargé de définir la mise en œuvre : Au vu de la situation, nous souhaitons que ce groupe soit présidé par une personnalité de renom de la politique ou du monde académique et non par un/e représentant de l’Administration fédérale (actuellement Office du développement territorial). Nous pensons à d’éminents constitutionnalistes ou à des personnalités reconnues comme Carlo Schmid ou Hansheiri Inderkum. Il importe de veiller à une représentation équitable des opposants, des milieux économiques, de la pratique et des cantons touchés par cette initiative. 3. Clarification rapide : Une définition de la notion de « résidence secondaire » et des exceptions doit être disponible dans un délai de 4 mois. Nous approuvons la volonté du 1 DETEC de mettre en vigueur une Ordonnance pour ce faire au 1.09.2012 tout en réitérant nos intentions mentionnées au point 1. 4. Mise en œuvre non bureaucratique : Le message du Conseil fédéral sur l’initiative parle d’un fonctionnaire en plus pour 1000 résidences secondaires. Imaginez ce que cela représente pour les grandes stations touristiques : une armée de fonctionnaires. Pour éviter cela, nous exigeons une mise en œuvre simple et non bureaucratique de l’initiative. 5. Prendre les initiants au mot : Nombre de promesses ont été faites par les initiants tout au long des débats, notamment par Mme la Conseillère nationale Silva Semadeni et Mme Vera Weber. Ces deux personnalités-phares de la campagne ont été écartées du groupe de travail, et les promesses sont déjà relativisées par Franz Weber. Nous avons documenté toutes les promesses et pensons notamment aux exceptions pour les régions économiquement faibles, à la revente sans restrictions des résidences secondaires, à la transformation des résidences principales en résidences secondaires en cas d’héritage, à l’exemption des lits chauds (résidences de tourisme, hôtels et appart-hôtels, appartements ou chalets mis en location pendant une partie de l’année, résidences d’étudiants, résidences des collaborateurs des entreprises). Un privé qui met en location sa résidence au moins 8 semaines par an réparties sur les 4 saisons (inscription à l’Office du tourisme, dans une agence de locations reconnue ou auprès d’une structure hôtelière) doit être exclu du champ d’application de l’initiative sachant que le propriétaire l’occupe le reste du temps pour des semaines de vacances ou des week-ends. Cette solution simple permettrait de rouvrir les volets dans l’intérêt de tous. 6. Exclure l’architecture vernaculaire du champ d’application : Les rustici, mayens, mazots, bâtiments d’alpage et toute autre construction ancienne, témoin de l’architecture vernaculaire ayant servi à l’habitation sont exclus du champ d’application de la « Lex Weber ». Cette promesse a également été faite par les défenseurs de l’initiative avant la votation. 7. Démolir et reconstruire ce qui est vieux, laid et mal isolé : Nous demandons que la démolition d’un bâtiment suivie d’une reconstruction ne soit pas soumise à l’initiative. Cela permet la rénovation d’ancien bâtiments vétustes pour répondre aux exigences environnementales et touristiques (par exemple construction de résidences de tourisme) et de rendre nos stations plus esthétiques. 8. Développer une stratégie de qualité pour le tourisme suisse : C’est d’abord l’affaire des acteurs du tourisme : développement de la qualité, de la formation, de l’accueil, de l’image, augmentation du nombre de Suisses actifs dans le secteur pour améliorer nos prestations et viser l’authenticité, etc. 9. Priorité à la rénovation, l’esthétique, la densification, aux lits chauds et aux économies d’énergie : De nombreux objets immobiliers sont régulièrement vides, laids et mal isolés. Ils ont souvent été construits dans les années 60 ou 70. Ils doivent être assainis ou rasés puis reconstruits. Nous misons sur des incitations pour y parvenir. Certains instruments existent déjà (assainissement énergétique), d’autres devront encore être élaborés. Cette optique revalorisera l’activité touristique et l’attractivité de nos stations. Elle permettra de réduire quelque peu les pertes d’emplois dans le secteur de la construction. Enfin, une forme de densification des centres des stations est à entreprendre, dans la mesure où il ne s’agit pas de centre historique à protéger (suppression de l’indice d’utilisation du sol). Cette nécessité découle aussi de la pression au dézonage des surfaces constructibles (mesure introduite dans le cadre révision de la Loi sur l’aménagement du territoire). 10. Création de meilleures conditions-cadre pour l’hôtellerie : L’hôtellerie de montagne est confrontée à d’importantes difficultés. Il n’est pas acceptable que les régions concurrentes (Autriche, Tyrol du Sud, France ou Italie) disposent de soutiens étatiques 2 importants. Les distorsions de concurrence de cet ordre sont choquantes. Tant que nos concurrents n’y renoncent pas, nous estimons que ces aides doivent être introduites afin de lutter à armes égales. Nous imaginons aussi des instruments d’aménagement du territoire comme la création de zones uniquement dévolues à l’hôtellerie et la mise à disposition pour 100 ans avec un droit de superficie. 11. Développer les résidences de tourisme (resorts) : Nous soutenons la création d’un Fonds d’investissement reconnu par la Finma pour l’investissement dans des résidences de tourisme à la montagne. Ils permettent de construire à moindre coût, de viser un rendement financier satisfaisant et de se positionner sur le marché international des grands tour-opérateurs afin de doper les taux d’occupation. 12. Examiner des compensations financières : L’activité économique liée aux résidences secondaires est estimée à 9 milliards de francs par an. Elle se réparti en trois tiers : la construction, l’entretien et la consommation. On peut donc estimer l’impact économique de l’initiative Weber à 3 milliards de francs liés à la construction. Si la majorité du Peuple et des cantons estiment que les régions de montagne doivent renoncer à une activité économique vitale pour elles de manière à protéger le paysage, le manque à gagner doit être compensé. 3