Département fédéral de Justice et Police 3003 Berne Genève, le 25 février 2004 Réponse à la procédure de consultation sur la protection contre la violence dans la famille et le couple Mesdames, Messieurs, Pro Mente Sana est une association de défense des intérêts des patients psychiques et de promotion de la santé mentale. A ce titre, elle se préoccupe des conséquences que peut avoir la législation proposée sur des personnes souffrant de troubles psychiques. Le projet de loi tient suffisamment compte des cas où c’est la victime qui souffre de troubles psychiques puisqu’il institue des centres d’information et de prévention qui seront à même de la guider dans les démarches à entreprendre. En revanche le projet de loi ne tient nullement compte du fait que l’auteur peut souffrir de troubles psychiques qui le rendent violent ou incapable de discernement. De tels troubles peuvent également le rendre dangereux pour d’autres personnes que sa famille, sans qu’il soit dans une situation qui justifierait une privation de liberté à des fins d’assistance au sens des articles 397 a et suivants CC. Ces troubles peuvent aussi le mettre dans une situation de détresse grave s’il est privé brutalement de son foyer dans un moment de crise. Pro Mente Sana, dans ses fonctions d’aide et de conseils aux personnes proches de patients psychiques, a déjà eu à faire à des parents soucieux d’éloigner leurs enfants majeurs et violents du domicile qu’ils n’ont pas réussi à quitter, et au sein duquel ils adoptent un comportement inadéquat qui peut aller jusqu’à des menaces sérieuses de violences physiques contres les auteurs de leurs jours. Ces situations pourraient parfaitement tomber sous le coup de la nouvelle 40, rue des Vollandes | 1207 Genève | tél. 022 718 78 40 | fax 022 718 78 49 | courriel [email protected] www.promentesana.org | conseil juridique 022 718 78 41 | conseil psychosocial 022 718 78 42 disposition fédérale pour la protection des parents menacés. On sent bien qu’au souci légitime de protection des parents dans une situation de péril répond symétriquement un besoin aussi vif d’assistance à la personne malade. La simple mise à la porte remplit le premier but mais au détriment d’une personne qui ne serait pas apte à en tirer les leçons et risquerait de redoubler de violence sous le coup de ce qu’elle peut percevoir comme une mesure arbitrairement disciplinaire, injuste et en contradiction violente avec des besoins profonds mais ineffables en termes discursifs. La capacité de discernement ou la capacité pénale de l’auteur de violences n’est, à juste titre, pas retenu comme un critère d’application des mesures d’éloignement, puisque le but de la législation est de protéger la victime sans s’interroger sur les mobiles ou motifs justificatifs de l’auteur. Néanmoins, il faut tenir compte dans cette situation du fait que la détresse se situe parfois aussi du côté de l’auteur et que la mesure d’éloignement brute peut entraîner des conséquences lourdes sans être le moins du monde éducatives pour l’auteur. A cet égard, on doit relever que certains législateurs ont eu le souci d’atténuer, à l’égard de l’auteur, la rigueur d’une mesure d’éloignement coercitive. Ainsi, le projet lucernois de loi sur les violences domestiques prévoit-il que l’agresseur expulsé peut emporter avec lui ses effets personnels, mais doit rendre les clés du domicile et qu’il doit en principe être informé sur les offres de conseils et de thérapies. Le droit allemand atténue les conséquences de l’interdiction d’accès au domicile par l’auteur de violences si cela causerait un préjudice particulièrement important à l’auteur. Pro Mente Sana est d’avis qu’une forme de médiation doit être possible, lorsque l’auteur souffre de troubles psychiques. Il doit exister un appui psychosocial lorsque la personne à éloigner du domicile souffre de troubles psychiques qui peuvent engendrer la violence chez les autres et qu’elle pourrait ainsi se retrouver dans une situation de vulnérabilité menaçante pour elle. Nous proposons dès lors qu’un alinéa 6 soit ajouté à la disposition proposée afin de garantir qu’un soutien psychosocial soit proposé d’office à l’auteur de violences domestiques souffrant d’un trouble psychique. art 28b al 6. Les centres d’information aident l’auteur en souffrance psychique à trouver un lieu d’hébergement adéquat. Ils l’orientent d’office sur les offres de conseils et de thérapie. En vous remerciant de l’attention que vous voudrez bien prêter à la présente, nous vous prions de recevoir, Mesdames, Messieurs, l’assurance de nos meilleurs sentiments. Pour Pro Mente Sana : Shirin HATAM Juriste pms | page 2/2