2 - Texte philosophes romains

SIXIÈME SUJET
LE STOÏCISME ROMAIN : SÉNÈQUE, ÉPICTÈTE, MARC AURELE...
Ressembler au promontoire, sur lequel sans cesse se brisent les vagues.
Marc-Aurèle (121-180 ap J-C)
Pensées, IV, 49
Que sont Alexandre, et César, et Pompée,
si on les compare à Diogène, à Héraclite, à Socrate ?
Marc Aurèle
Pensée pour moi-même, Livre VIII
I
LE STOÏCISME DURANT LA PÉRIODE ROMAINE
1 - Le stoïcisme pendant la période romaine
2 - Paradoxalement, le stoïcisme le mieux connu, et donnant son image au stoïcisme
3 - La deuxième génération de philosophes romains
4 - Le temps de l’Empire et de ses évolutions sociologiques
II
LE STOICISME DANS LE MONDE ROMAIN
1 - Le stoïcisme et le monde romain, une rencontre philosophique particulière
2 - Une quadruple déclinaison :
A - Le maintien d’un stoïcisme classique
B - Le stoïcisme moyen, incarné par Panaïtios et Posédonios
C - Le néoacadémisme, représenté par exemple par Cicéron
D - Le stoïcisme “romain”, ou stoïcisme impérial
3 - Un mouvement en deux étapes : romanisation puis latinisation du stoïcisme
4 - Latinisation qui donnera lieu à trois convergences philosophiques
A - Austérité et moralisme romain, vertus romaines et vertus stoïciennes
B - L’esprit de devoir des magistratures républicaines
C - Le principe impérial, hypostase du logos
5 - Un développement spécifique du stoïcisme, un nouveau stoïcisme
6 - Un nouveau stoïcisme, mais dans une continuité orthodoxe
III
LES PRINCIPAUX REPRÉSENTANTS
1 - À propos des principaux représentants
2 - SÉNÈQUE ET LA DIRECTION DE CONSCIENCE
A - Les sources
B - Indications biographiques : Lucius Annaeus Seneca (-4, +65)
C - Son œuvre philosophique : tragédies, satire, lettres, consolation, ethologia, traités...
1 - Les œuvres tragiques, des pièces philosophiques d’inspiration grecque
2 - Les œuvres en prose, les consolations
3 - La correspondance, les lettres : ad familiares, à Pline le jeune
4 - Une satirique ménipée : l’Apocolocynthosis
5 - Les ethologiae : De ira, De clementia, De tranquillitate animi
6 - Les traités sur le genre de vie : De brevitate vitae et le De otio
7 - Les autres traités stoïciens
8 - Les lettres à Lucilius
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D - Les particularités de sa philosophie
1 - Les débats autour de son stoïcisme
2 - Une œuvre pour faire assimiler la philosophie stoïcienne et non pour l’exposer
3 - Des exercices pour obtenir un habitus éthique et une transformation intérieure
4 - Le modèle de la direction spirituelle
5 - Une proposition de religion naturelle
6 - Du sage (perfectus) au sage en marche pour y arriver (proficiens)
E - Son influence
3 - ÉPICTÈTE ET L’ENSEIGNEMENT DU STOÏCISME
A - Les sources : Arrien
B - Indications biographiques (50-130 ?)
C - Son oeuvre philosophique : les Entretiens et le Manuel
1 - Les Entretiens, les notes d’Arrien sur des discussions d’après cours
2 - Le Manuel d’Épictète, l’Encheiridion, une anthologie d’Arrien
D - Les particularités de sa philosophie
1 - Un stoïcien fidèle à l’ancienne stoa
2 - Le bonheur dépend uniquement de son attitude morale :
prohairetis, prohairesis et dihairesis
3 - Les trois lieux où doit se manifester la rectitude de la raison
4 - Nos maux proviennent de représentations (phantasia) erronées
5 - La recherche de la représentation juste (kataleptikai phantasiai)
6 - Les parties de la philosophie selon Épictète : mathesis, melete et askesis
7 - L’enseignement du stoïcisme selon Épictète
E - L'influence d'Épictète
4 - MARC AURÈLE ET L’EXAMEN DE CONSCIENCE
A - Les sources
B - Indications biographiques (121-180)
C - Le temps du règne : 161-180
D - Son oeuvre philosophique : sa vie, la réforme athénienne et Les Pensées
1 - Ses maîtres : Apollonius de Chalcédoine, Sextus de Chéronée, Fronton
2 - Son intérêt pour la philosophie à partir de 146
3 - L’auteur d’un seul livre : A lui-même
4 - La rédaction, au cours de ses campagnes
5 - Un ouvrage écrit en grec
6 - La composition en 12 livres
7 - Un livre de travail philosophique, un exercice philosophique stoïcien
8 - Le quotidien d’une démarche philosophique au cœur de l’action
9 - Le rappel constant du sens fondamental de la vie pour les stoïciens
10 - Un modèle d’exercices philosophiques stoïciens
11 - Un effort constant pour se libérer des préjugés et de l’égoïsme
E - Les particularités de sa philosophie
1 - Un philosophe praticien, un anti-Épictète
2 - Un philosophe devenu empereur, et non un empereur philosophisant
3 - L’illustration des thèses stoïciennes sur la pratique stoïcienne
4 - En philosophe stoïcien, sa philosophie politique est celle du devoir
5 - Une conscience morale en action
6 - La recherche des principes stoïciens de la vie philosophique
F - Son influence
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IV
LES PARTICULARITÉS DU STOÏCISME IMPÉRIAL, OU NOUVEAU STOÏCISME
1 - L’inversion sociale du stoïcisme romain : son orientation aristocratique
2 - Un stoïcisme avec des orientations sceptiques et, étonnamment, cyniques !
3 - L’accroissement de l’universalisme et du cosmopolitisme, de la conscience de l’universel
4 - Le centrage sur la vie morale et pratique
5 - La mise en avant de l’indépendance, si ce n’est étrangeté de l’âme au corps
6 - La mise en avant de la réflexion morale et de l’examen de conscience
7 - Une philosophie du devoir, le devoir social et politique comme garant du bonheur stoïcien
8 - Le devoir de propager la doctrine
9 - La convergence du logos et de la fonction impériale
10 - De ce fait, la politisation anti-despotique du stoïcisme impérial
11 - Le renouvellement de l’opposition stoïcisme-épicurisme dans le cadre romain
V
SON APPORT À LA PHILOSOPHIE
1 - Le dernier acte du stoïcisme, la disparition du stoïcisme comme école de philosophie
2 - Mais une influence majeure sur la philosophie et pensée occidentale
3 - L’influence du stoïcisme moral sur le christianisme
4 - La redécouverte du stoïcisme à la Renaissance, l’émergence d’un néostoïcisme
ORA ET LABORA
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Document 1 : Autres stoïciens mineurs de cette époque.
1 - Apollonios de Tyr (1er siècle AJC)
2 - Caton d'Utique (95 av. J.-C. et mort en 46 av. J-C)
3 - Porcie, une femme philosophe ?
4 - Athenodoros Cananites (1er siècke)
5 - Thraséas (Premier siècle ap J-C)
6 - Musonius Rufus, le maître d’Épictète
7 - Arrien, Flavius Arrianus, disciple d’Épictète (105-180 ?)
Document 2 : Deux bustes de Sénèque, à gauche lors de son sommet politique, et à droite à la fin de sa vie
vers 65.
Document 3 : Oeuvres de Sénèque regroupées par genre.
- Les pièces tragiques
- Hercule furieux (Hercules furens)
- Les Troyennes (Troades)
- Les Phéniciennes (Phoenissae)
- Médée (Medea)
- Phèdre (Phaedra)
- Œdipe (Oedipus)
- Agamemnon
- Thyeste (Thyestes)
- Hercule sur l'Œta (Hercules Oetaeus)
- Les consolations
- Consolation à Marcia, Ad Marciam de consolatione, vers 41
- Consolation à ma mère Helvia, Ad Helviam matrem de consolatione, vers 41
- Consolation à Polybe, Ad Polybium de consolatione, vers 43
- La correspondance, les lettres
- Ad familiares
- à Pline le jeune
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- Une satirique ménipée
- l’Apocolocynthosis
- Les ethologiae
- De la colère, De Ira, entre 41 et 49
- De la clémence, De clémentia, vers 56
- De la tranquilité de l’âme, De tranquillitate animi, entre 47 et 62
- Les traités sur le genre de vie
- Sur la brièveté de la vie, De brevitate vitae, entre 49 et 55
- Sur l'oisiveté, De otio, entre 62 et 65
- Les autres traités stoïciens
- Sur la constance du sage, De constantia sapientis, entre 47 et 62
- Sur les bienfaits, De beneficiis, entre 61 et 63
- Sur la vie heureuse, De vita beata, vers 58
- Les lettres à Lucilius
- Senecae ad Lucilium epistolae morales
- De providentia
- Naturales Quaestiones
Document 4 : Textes de Sénèque à propos de la vertu, seule base du bonheur pour les stoïciens, et
exposant sa condamnation de l'épicurisme.
Tout ce que la constitution de l'univers nous astreint à souffrir, endurons-le en faisant
preuve de grandeur d'âme. Nous sommes engagés à supporter ce qui est propre à notre
condition de mortels, et à ne point nous laisser troubler par ce qu'il n'est pas en notre
pouvoir d'éviter. Nous sommes nés dans un royaume : obéir à la divinité, voilà la liberté.
Donc, c'est sur la vertu que s'édifie le véritable bonheur. Cette vertu, que te conseillera-telle ? De ne pas tenir pour un bien ou pour un mal ce qui ne sera pas un effet de ta vertu
ou de ta corruption. Ensuite, que ni les assauts du mal ni les conséquences du bien ne
puissent te faire changer, afin que, dans la mesure où cela est permis, tu imites la
divinité. Que te promet-elle en récompense de cette entreprise ? D'immenses privilèges,
égaux à ceux des dieux : rien ne te contraindra, rien ne te manquera. Tu seras libre, à
l'abri, préservé.
Tu ne tenteras rien en vain, tu ne seras entravé par rien. Tout cédera devant tes avis, rien
ne te sera contraire, ni ne se produira contre tes vœux et ta volonté. Comment ? La vertu
suffit pour vivre heureux ? Eh ! comment ne suffirait-elle pas, parfaite et divine comme
elle est, comment ne serait-elle pas plus que suffisante ? Qu'est-ce qui peut manquer à
l'homme qui s'est placé hors de tous les désirs ? De quelle ressource extérieure peut
avoir besoin celui qui a réuni en lui tous ses biens ?
Sénèque
La vie heureuse
La vertu est chose qui s'apprend. Le plaisir est bas, futile, sa valeur est nulle, il nous est
commun avec les bêtes brutes, il attire les insectes et les êtres les plus méprisables. La
gloire est illusoire et inconstante, changeante comme le vent. La pauvreté n'est un mal
que si l'on se débat contre elle. La mort n'est pas un mal...
Sénèque
Lettres à Lucilius, lettre 123
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Document 5 : Après celle de Socrate, la mort de Sénèque est devenue un nouveau symbole des martyrs de
la philosophie. Elle est devenue un classique de la vertu morale des philosophes romains.
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Document 6 : Exemples de textes d’Epictète.
1. Il y a des choses qui dépendent de nous et d’autres qui ne dépendent pas de nous. Ce
qui dépend de nous, c’est la croyance, la tendance, le désir, le refus, bref tout ce sur quoi
nous pouvons avoir une action. Ce qui ne dépend pas de nous, c’est la santé, la
richesse, l’opinion des autres, les honneurs, bref tout ce qui ne vient pas de notre action.
2. Ce qui dépend de nous est, par sa nature même, soumis à notre libre volonté ; nul ne
peut nous empêcher de le faire ni nous entraver dans notre action. Ce qui ne dépend pas
de nous est sans force propre, esclave d’autrui, une volonté étrangère peut nous en
priver.
3. Souviens-toi donc de ceci : si tu crois soumis à ta volonté ce qui est, par nature,
esclave d’autrui, si tu crois que dépende de toi ce qui dépend d’un autre, tu te sentiras
entravé, tu gémiras, tu auras l’âme inquiète, tu t’en prendras aux dieux et aux hommes.
Mais si tu penses que seul dépend de toi ce qui dépend de toi, que dépend d’autrui ce
qui réellement dépend d’autrui, tu ne te sentiras jamais contraint à agir, jamais entravé
dans ton action, tu ne t’en prendras à personne, tu n’accuseras personne, tu ne feras
aucun acte qui ne soit volontaire ; nul ne pourra te léser, nul ne sera ton ennemi, car
aucun malheur ne pourra t’atteindre.
Épictète
Manuel
trad. R. Létoquart, Éd. Hatier, 1988
Souviens-toi de ceci : tu joues, dans une pièce, le rôle que choisit le metteur en scène ;
un rôle court ou long, selon qu’il l’a voulu court ou long ; veut-il que tu joues un
mendiant ? tu dois jouer ce rôle parfaitement, et de même si c’est un rôle de boiteux, un
rôle d’homme politique ou de simple particulier. Car ton travail à toi, c’est de jouer le rôle
qui t’est confié, mais de choisir ce rôle, c’est le travail d’un autre.
Épictète
Manuel
trad. R. Létoquart, Éd. Hatier, 1988
Ne te dis jamais philosophe, ne parle pas abondamment, devant les profanes, des
principes de la philosophie ; mais agis selon ces principes. Par exemple, dans un
banquet, ne dis pas comment il faut manger, mais mangue comme il faut. Souviens-toi en
effet que Socrate était à ce point dépouillé de pédantisme que, si des gens venaient à lui
et qu’il les présente à des philosophes, il les conduisait lui-même ; tant il acceptait d’être
dédaigné.
Et si, dans une réunion de profanes, la conversation tombe sur quelque principe
philosophique, garde le silence tant que tu le peux ; car le risque est grand que tu ne
recraches trop vite ce que tu n’as pas digéré. Alors si quelqu’un te dit que tu es un
ignorant et que tu n’en es pas meurtri, sache que tu commences à être philosophe. Car
ce n’est pas en donnant de l’herbe aux bergers que les brebis montrent qu’elles ont bien
mangé, mais en digérant leur nourriture au-dedans et en fournissant au-dehors de la
laine et du lait. Toi non plus donc, ne montre pas aux gens les principes de la philosophie,
mais digère-les et montre les oeuvres qu’ils produisent.
Épictète
Manuel
trad. R. Létoquart, Éd. Hatier, 1988
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Document 7 : Représentations de Marc Aurèle.
Buste de l'empereur Marc Aurele, 3ème siècle, trouvé à Ephèse.
Bas relief représentant un triomphe de Marc Aurèle, accompagné d’une victoire
ailée provenant d'un arc de triomphe à Rome pour commémorer ses victoires.
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POUR APPROFONDIR CE SUJET, NOUS VOUS CONSEILLONS
- Les cours et conférences sans nom d’auteurs sont d’Éric Lowen -
Livres sur le stoïcisme impérial
- Le haut-empire romain en occident, d’Auguste aux Sévères, Patrick Le Roux, Seuil, 1998
- La citadelle intérieure, introduction aux pensées de Marc-Aurèle, Fayard, 1997
- La conception stoïcienne de la causalité, Jean-Jacques Duhot, Vrin, 1989
- L’empire romain, Jean-Marie Engel, PUF, 1981
- La morale stoïcienne, Geneviève Rodis-Lewis, PUF, 1970
- Le stoïcisme et son influence, Alain Bridoux, Vrin, 1966
- Les Stoïciens : Diogène Laërce, Plutarque, Cicéron, Sénèque, Épictète, Marc Aurèle, P.-M. Schuhl et É.
Bréhier éd., coll. La Pléiade, Gallimard, 1962
- Les Stoïciens, Collectif, PUF, 1957
Livres sur Sénèque
- Entretiens, Lettres à Lucilius, P. Veyne éd., coll. Bouquins, Robert Laffont, 1993
- Œuvres, éditions et traduction par R. Waltz, F. Préchac, A. Bougery, Les Belles Lettres, 1929-1972
- Sénèque ou la Conscience de l'Empire, Pierre Grimal, Les Belles Lettres, 1978
- Sénèque. Sa vie, son œuvre, sa philosophie, Pierre Grimal, 1948
Livres sur Epictète
- Manuel d'Épictète, par Arrien, introd., trad. et notes P. Hadot, coll. Le Livre de poche-Classiques de
philosophie, L.G.F., 2000
- Premières Leçons sur le «Manuel» d'Épictète, comprenant le texte intégral du «Manuel» dans une
traduction nouvelle, J.-B. GOURINAT, PUF, 1998
- Le Problème du néoplatonisme alexandrin, Hiéroclès et Simplicius, I. HADOT, Études augustiniennes,
Paris, 1978
- Épictète ou le secret de la liberté, Joseph Moreau, Seghers, 1964
- Manuel, trad. et notes J. Pépin, Les Stoïciens, P.-M. Schuhl dir., Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard,
1962
Livres sur Marc Aurèle
- Marc-Aurèle et l'empire romain, Thomas Roussot, Éd. L'Harmattan, 2005
- La Citadelle intérieure : introduction aux Pensées de Marc Aurèle, Pierre Hadot, Fayard, 1997
- Marc Aurèle, Pierre Grimal, Fayard, 1991
- Exercices spirituels et philosophie antique, Pierre Hadot, Études augustiniennes, 1981
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