Expertise vétérinaire en santé des bouvillons d’abattage Septembre 2004 Volume 2 No 4 Geneviève Côté, dmv, M.Sc. Coordonnatrice du projet, FPBQ SITE INTERNET En juin 2004, le projet d'expertise vétérinaire faisait son entrée sur le Web par l'inauguration de son site Internet www.santedesbouvillons.qc.ca. Sous les onglets Maladies, Vaccins et médicaments, Régie et prévention, Biosécurité, Documentation, Trucs et astuces et Liens utiles, vous trouverez de nombreuses informations sur la santé des bouvillons en parc de semi-finition et d'engraissement. Les nouveaux documents déposés sur le site sont mis bien en évidence à la droite de l'écran et les documents relatifs à la participation au projet se trouvent sous l'onglet Documentation. Vous avez eu un diagnostic de listériose dans votre troupeau et vous voulez en savoir plus ? Un petit CLIC sur Maladies et vous pouvez consulter les symptômes de la maladie en question et les moyens de la prévenir ou de la contrôler. Expertise vétérinaire en santé des bouvillons d’abattage Rédaction par Geneviève Côté, dmv, M.Sc., mise en page par Marie Chantal Bessette Mis en place en janvier 2004, ce projet est un complément aux autopsies effectuées dans les laboratoires de pathologie animale du Québec. Les objectifs sont de dresser un portrait sur la santé des bouvillons en parc, de transmettre l’information à tous les producteurs de bouvillons et de proposer des pistes de solutions en fonction des résultats obtenus. Des données portant sur la mortalité, sur les animaux malades, sur les traitements et sur les protocoles de traitements des animaux à l’entrée sont recueillies sur 11 sites d’engraissement (10 de finition et 1 de semi-finition), qui possèdent au total plus de 22 000 places d’engraissement. Des échantillons sont aussi prélevés pour la détection de maladies ou de phénomènes de résistance aux antibiotiques. Présentement, nous accusons un retard dans la collecte des données mais l’implantation d'un nouveau projet demande toujours un certain ajustement. Les résultats et constats vous seront communiqués dès qu’ils seront disponibles. DÉTECTION DES BOUVILLONS IMMUNOTOLÉRANTS DANS LES PARCS Ce projet a démarré au début de l’été. Les producteurs participant au projet des fermes sentinelles doivent prélever un bout de peau sur l’oreille de tous les bovins qui meurent sur la ferme, sur les animaux vivants qui accusent des retards de croissance importants et qui ont « l’air malade » à leur entrée au parc et sur les cas chroniques (communément appelés les traîneux). Cet échantillon est ensuite envoyé à Saskatoon où un test pour détecter les animaux immunotolérants à la diarrhée virale bovine est effectué. Les résultats sont présentés sur le site Internet du projet sous l'onglet Maladies puis à Statistiques diverses sur les maladies. Ces résultats seront mis à jour mensuellement. Par ce projet, nous visons à évaluer le nombre de bouvillons immunotolérants dans les parcs mais aussi à remonter au troupeau d’origine afin de sensibiliser les producteurs de veaux à cette problématique. De juin à août 2004, 14 bouvillons ont été testés et aucun n’était immunotolérant. BILAN DES RÉSULTATS DES AUTOPSIES ER EFFECTUÉES DU 1 JANVIER AU 30 AVRIL 2004 Du 1er janvier au 30 avril 2004, 37 bouvillons (29 entiers et 8 seulement les tissus) provenant de 19 entreprises ont été soumis pour autopsie aux différents laboratoires de pathologie animale du Québec. Les laboratoires situés à Saint-Hyacinthe et à l’Assomption ont pratiqué la grande majorité de ces autopsies (19 à SaintHyacinthe, 15 à l’Assomption et 3 à SainteFoy). Pour la même période en 2003, 38 bouvillons avaient été soumis pour autopsie. En février 2004, on observe une nette baisse des soumissions par rapport à 2003, ce qui ne veut pas dire qu’il y ait eu moins de problèmes en février 2004 puisque le nombre de soumissions est trop faible pour être représentatif de la situation réelle. Les données récoltées sur les fermes sentinelles devraient nous permettre d’avoir un portrait plus juste de la mortalité et de la morbidité (nombre d’animaux malades) dans les parcs. 20 bouvillons soumis LES FERMES SENTINELLES Nombre de bouvillons soumis dans les laboratoires de pathologie animale en 2003 et 2004 dans le cadre du projet d'expertise vétérinaire 15 10 5 0 Janvier 2003 2004 Février Mars Avril Mois 2 Expertise vétérinaire en santé des bouvillons d’abattage Rédaction par Geneviève Côté, dmv, M.Sc., mise en page par Marie Chantal Bessette De janvier à avril 2004, les problèmes respiratoires dominent et représentent 62 % (23/37 cas) des causes de mortalité dans les parcs d’engraissement (Figure 1). Cependant, dans 39 % des cas, il a été difficile, voire même impossible, d’identifier le virus ou la bactérie responsable des dommages car les lésions étaient trop avancées ou l’animal avait été traité plusieurs fois. Cette constatation vient appuyer les recommandations de bien choisir les sujets ou les parties d’organes à soumettre à l’autopsie. Les résultats sont beaucoup plus intéressants sur des animaux envoyés en début de problèmes. Figure 1. Principaux systèmes atteints chez les 37 bouvillons autopsiés dans le cadre du projet d’expertise du 1er janvier au 30 avril 2004 Système locomoteur 3% Aucun diagnostic* 5% Système sanguin (septicémie) 8% encore là, le nombre de bouvillons soumis n’est pas suffisant pour tirer des conclusions. Le virus de la diarrhée virale bovine, qui est soupçonné de favoriser les infections à M. bovis, n’a été retrouvé dans aucun de ces cas. Un projet de recherche est présentement en cours à l’Université de Guelph en Ontario sur le syndrome de pneumonie et d’arthrite chronique causé par des mycoplasmes. L’objectif de ce projet est de déterminer les facteurs de risque associés à ce syndrome. Les chercheurs tenteront d’évaluer si, entres autres, les traitements à l’arrivée, l'utilisation de sous-produits dans la ration, l'utilisation d’anti-biotiques dans la ration et l'homogénéité des lots peuvent avoir une répercussion sur l’incidence de ce type d’infection. Dès que les résultats seront publiés, ils seront insérés sur notre site Internet (Source : 23e Congrès mondial de buiatrie- Québec, juillet 2004). Histophilus somni (anciennement Haemo-philus somnus) a, quant à lui, été retrouvé dans 17 % (4/23 Système nerveux cas) des cas. Les isolats étaient 8% sensibles à la majorité des antibioSystème tiques mais résistants à la tétrarespiratoire cycline. Comparativement à l’an Système 62 % Système passé, nous observons moins de cas cardiaque respiratoire et 8% de pasteurellose due à Mannhemia articulaire haemolytica (3/23 cas). Le virus 5% respiratoire syncytial a été diagnos* Aucun diagnostic: souvent dû à la pourriture de la carcasse ou à un tiqué dans 4 cas de pneumonie. Il mauvais choix de pièces de tissus. faut mentionner que cette année, 22 % des bouvillons soumis souffraient d’infections secondaires à Actinomyces pyogenes. Cette bactérie ne cause Pour cette première partie de 2004, Mycopas de lésions à elle seule mais vient souvent plasma bovis a été le pathogène le plus aggraver une infection en causant des abcès et fréquemment responsable de lésions aux beaucoup de dommages aux poumons. De plus, poumons. En effet, 48 % (11/23 cas) des cas les antibiotiques agissent difficilement contre d’infections aux poumons étaient dues en partie cette bactérie puisqu’elle est souvent localisée à à M. bovis, la plupart du temps accompagné de l’intérieur d’abcès, ce qui peut expliquer parfois d’autres bactéries ou virus. Ce nombre est pourquoi l’animal ne répond pas au traitement. relativement plus élevé que l’an dernier mais 3 Expertise vétérinaire en santé des bouvillons d’abattage Préparé par Geneviève Côté, dmv, M.Sc., mise en page par Marie Chantal Bessette Parmi les autres diagnostics d’intérêt, il faut mentionner un cas de listériose, un cas de charbon symptomatique ou « black leg », deux cas de thrombose de la veine cave caudale consécutive à un ou des abcès au foie, et deux cas d’abcès au cerveau causés par la bactérie Actynomyces pyogenes. STATISTIQUES SUR LES CAUSES CONDAMNATION À L’ABATTOIR Période : Janvier à juin 2004 Abattoirs : Better Beef limited Les Abattoirs Z. Billette inc. Nombre d’animaux abattus : 56 518 Nombre de carcasses condamnées : 29 (0,05 %) Principales causes de condamnation DE Depuis août 2004, les causes de condamnation des carcasses de bouvillons à l’abattoir sont compilées et les résultats sont affichés sur le site Internet du projet sous l'onglet Maladies puis à Statistiques diverses sur les maladies. Un glossaire accompagne ces statistiques afin de vous aider à mieux saisir le « jargon vétérinaire ». Ce glossaire sera mis à jour régulièrement. Bientôt, les condamnations partielles les plus intéressantes y seront ajoutées (ex.: condamnations de foies pour abcès). RAPPORT ET GLOSSAIRE SUR LES CONDAMNATIONS TOTALES À L’ABATTOIR POUR LES BOUVILLONS D’ABATTAGE Lorsque les bouvillons d'abattage sont abattus, les carcasses sont inspectées par des médecins vétérinaires expérimentés oeuvrant soit pour l'Agence canadienne d'inspection des aliments (abattoirs sous inspection fédérale) ou pour le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (abattoirs sous inspection provinciale). Ces professionnels inspectent les carcasses afin d'y déceler des maladies ou des conditions anormales. Si une maladie ou une condition spéciale est décelée, la carcasse entière, une partie de la carcasse ou quelques livres de viande peuvent être condamnées. Le glossaire en annexe présente les différentes conditions de la carcasse et les condamnations les plus fréquemment décelées. Causes de condamnation Nombre de carcasses condamnées Abcès 1 Arthrite 1 Lymphadénopathie, hépatomégalie 1 Néphrite 1 Néphrite aiguë, congestion sévère de la carcasse 1 Néphrite, lymphadénopathie 2 Néphrite, lymphadénopathie, abcès multiples 1 Néphrite, péritonite 1 Péritonite 5 Péritonite, abcès au foie 1 Péritonite, cellulite 1 Péritonite, cirrhose 1 Péritonite, septicémie 1 Pneumonie, abcès 2 Pneumonie et/ou pleurésie 3 Pneumonie, septicémie 1 Résidus d’antibiotiques 2 Rupture du système urinaire 1 Septicémie 1 Stéatose 1 Total 29 4 Expertise vétérinaire en santé des bouvillons d’abattage Préparé par Geneviève Côté, dmv, M.Sc., mise en page par Marie Chantal Bessette Expertise vétérinaire en santé des bouvillons d’abattage GLOSSAIRE DES CAUSES DE CONDAMNATION EN ABATTOIR * Abcès : L’abcès est un amas de pus séparé du tissu environnant par une capsule. Il se forme suite à une contamination par une bactérie lors d’une injection par exemple. Si un abcès est localisé et qu’il n’est pas associé à d’autres problèmes, seule la partie affectée est condamnée. La carcasse peut être condamnée au complet s’il y a présence de plusieurs abcès disséminés à plusieurs endroits dans la carcasse. Abcès au foie : Se forme suite à des dommages causés à la paroi du rumen (ruminiteinflammation du rumen) principalement par l’acidose (baisse du pH du rumen) et rarement par la présence de corps étrangers (ex. : clous, broches). L’acidose est associée à un changement brusque de l’alimentation vers une ration très riche en énergie (grains ou concentrés) ou à d’autres changements dans l’alimentation tels qu’un horaire d’alimentation irrégulier où des bouvillons qui ont été affamés vont se « gaver », une ration peu appétissante, un manque de fourrage dans la ration ou de la compétition à la mangeoire. La paroi du rumen ainsi endommagée devient fragile à l’invasion de bactéries et la plus fréquemment impliquée est Fusobacterium necrophorum. Pour en savoir plus, consultez la rubrique Maladies sur le site www.santedesbouvillons.qc.ca Arthrite : Inflammation d’une ou de plusieurs articulations (polyarthrite). C’est une condition qui apparaît la plupart du temps suite à une infection. Si une ou deux articulations sont affectées et qu’il n’y a pas d’autres signes de maladie ailleurs, seules les parties affectées sont condamnées. Par contre, s’il s’agit d’une polyarthrite ou s’il y a des signes de septicémie ou si l’animal est très maigre car il était dans l’incapacité de s’alimenter et que les graisses sont atrophiées, généralement la carcasse est condamnée au complet. Cirrhose : C’est le nom donné à la phase terminale d’une maladie du foie qui peut être causée au départ par un empoisonnement (plante, cuivre, arsenic, etc.), par des toxines de bactéries, par des parasites, etc. Le foie est dur, de forme irrégulière et pâle. Si le foie ne peut plus jouer son rôle et que des signes de maladies sont présents ailleurs (ex.: jaunisse) la carcasse est condamnée au complet. Autrement, seul le foie est condamné. Congestion : Accumulation de sang dans les vaisseaux sanguins d’un organe ou d’une partie du corps, entraînant une augmentation de son volume et une altération de ses fonctions. Elle est généralement d’origine virale, septicémique ou toxique. Hépatomégalie : Augmentation de la grosseur du foie souvent conséquente à un autre problème comme un problème cardiaque. Seul le foie est condamné sauf si des signes de d’autres affections sont présents ailleurs. Dans ce cas, la carcasse est condamnée au complet. Lymphadénopathie/lymphadénite : Lymphadénopathie est le terme général des différentes affections aux nœuds lymphatiques (petits organes impliqués dans le système de défense de l’animal et présents dans plusieurs 1 Expertise vétérinaire en santé des bouvillons d’abattage Rédaction par Geneviève Côté, dmv, M.Sc., mise en page par Marie Chantal Bessette parties du corps; appelés aussi ganglions). La lymphadénite désigne une inflammation des nœuds. Les nœuds lymphatiques peuvent être affectés lors de certains cancers ou de problèmes infectieux. Si l’inflammation est locale, les régions drainées par ces nœuds sont condamnées. Si la condition est retrouvée dans différents endroits du corps, toute la carcasse est condamnée. Néphrite : Inflammation des reins. La carcasse peut être condamnée partiellement ou totalement, dépendamment si la lésion est aiguë ou chronique et s’il y a présence de changements généralisés dans le reste du corps. Cette lésion est généralement consécutive à une infection par une bactérie présente dans la vessie ou dans le sang. Pneumonie/pleurésie : Infection des poumons. La pleurésie est l’inflammation de la membrane qui enveloppe les poumons. Les causes sont multiples et la plupart du temps d’origine bactérienne ou virale. La carcasse peut être condamnée au complet si la pneumonie est aiguë et extensive ou si elle est accompagnée de lésions généralisées. Sinon, seuls les poumons sont condamnés. Péritonite : Inflammation de la membrane qui tapisse les parois intérieures et les organes de l’abdomen. Cette lésion peut provenir du système digestif, par exemple lorsqu’un ulcère sévère de la caillette se rupture et permet au contenu de la caillette de se déverser dans la cavité abdominale ou lors de la perforation d’un des estomacs par une broche ou un clou que le bouvillon a avalé. Elle peut également être d’origine sanguine. La carcasse est condamnée au complet lorsque la péritonite est aiguë ou est associée à des changements généralisés dans tout le corps de l’animal. Résidus d’antibiotiques : Présence de résidus d’antibiotiques. Tous les animaux considérés suspects sont testés pour détecter la présence de résidus d’antibiotiques. La carcasse et tous ses organes sont condamnés si les muscles sont testés positifs. Si le foie ou les reins sont positifs mais les muscles négatifs, seuls les organes sont condamnés. La présence de résidus d’antibiotiques a un impact important sur la santé publique. Ces résidus peuvent induire des réactions allergiques lorsque la viande est consommée par des personnes hypersensibles. De plus, une exposition prolongée aux antibiotiques peut entraîner des résistances et diminuer l’efficacité de ces médicaments. Pour ces raisons, il est essentiel que le producteur respecte la période de retrait du médicament et prenne en considération qu’un animal très malade prend plus de temps à éliminer ces substances. Septicémie : C’est un empoisonnement du sang par une bactérie ou ses toxines. La bactérie ou ses toxines attaquent ensuite différents organes par le sang. Les animaux atteints de cette maladie sont condamnés au complet. Un animal en septicémie peut présenter les signes cliniques suivants : 1. L’animal a l’air moche, « ne file pas » ; 2. Changements de sa température. Peut être élevée au début des symptômes mais après peut chuter sous la normale; 3. Difficulté à respirer et respiration rapide; 4. Tremblements; 5. Congestion et petits points rouges (pétéchies) dans les yeux, la bouche et la muqueuse vaginale. Stéatose des muscles : Remplacement du tissu musculaire par du gras. Condition rencontrée occasionnellement chez les bovins, les moutons et les porcs à l’abattoir. Il n’y a pas de signes cliniques chez l’animal vivant et la cause n’est pas connue. La carcasse est condamnée au complet. * Merci aux Drs : Jean-Marc Dupras, René Patenaude et Lucie Gagnon pour leur participation à ce glossaire. 2 Expertise vétérinaire en santé des bouvillons d’abattage Préparé par Geneviève Côté, dmv, M.Sc., mise en page par Marie Chantal Bessette