HISTOIRE DES ARTS (œuvre n°2/5 en histoire

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HISTOIRE DES ARTS (œuvre n°2/5 en histoire-géographie)
Serge PROKOFIEV (1891-1953) : « Roméo et Juliette » (1935)
1. Présentation de l’auteur
Serge (en russe Sergeï) Prokofiev est né le
23 avril 1891 à Sontsovka (Russie) et
grandit dans une famille aisée. Sa mère
pianiste se rend compte rapidement des
dons exceptionnels de son fils et décide de
lui faire suivre, à l’âge de 10 ans, des cours
de musique puis l’inscrit ensuite à 13 ans au
conservatoire de Saint-Pétersbourg, alors
capitale de l’Empire Russe). Il apparaît
rapidement comme un musicien et
compositeur brillant. Il compose son 1er
opéra « Sur une île déserte » en 1904.
Lors de la Révolution Bolchévique en
1917, Prokofiev se réfugie dans la région du
Caucase et dés 1918, il part en exil, effrayé
par la censure mise en place par Lénine qui
a pris le pouvoir en Russie.
De 1918 à 1932, en exil aux États-Unis et en France (il passe de nombreuses années à
Paris), Prokofiev devient un grand compositeur renommé. Il fréquente à Paris beaucoup
d’artistes comme Picasso et Matisse, ce dernier fait même de lui son portrait.
Toutefois, son pays lui manque et il retourne en URSS en 1927 alors que Lénine est mort
depuis 1924 et que Staline s’impose peu à peu comme le maître absolu de l’URSS.
Prokofiev fait une tournée triomphale dans tout le pays. Il compose alors une grande
œuvre, le ballet Roméo et Juliette en 1935.
En 1936, il se réinstalle à Moscou sous l’œil bienveillant du Parti Communiste et de
Staline qui veulent se servir de sa notoriété pour leur propagande. Cette même année, il
compose une symphonie pour enfants Pierre et le loup qui lui donne une gloire
internationale. Mais Staline met en place pour l’art le « réalisme soviétique ». Cette ligne
du Parti ne convient pas du tout à Prokofiev car il est trop libre et imaginatif et ne peut
donc pas se plier à ce courant. En 1938, il participe cependant aux films de propagande
d’Eisenstein en composant la musique de Alexandre Nevski et Ivan le Terrible. En 1945, il
compose une Marche pour la victoire pour laquelle il reçoit une décoration. A partir de ce
moment-là, sa santé décline. Il est frappé par plusieurs crises cardiaques et sa 1ère épouse,
Lina, mère de ses deux enfants, est envoyée au Goulag. Il meurt le 5 mars 1953 à
Moscou, le même jour que Staline…
2. Histoire de l’œuvre
Prokofiev signe alors un contrat avec le
Bolchoï à Moscou pour la représentation
du ballet, mais là encore les choses se
passent mal. Une fois la partition achevée,
à l’été 1935, les danseurs déclarent même
le ballet indansable, notamment à cause
de la complexité rythmique et de
passages jugés inaudibles. Prokofiev
retravaille alors sa partition en 1936 pour en tirer deux suites pour orchestre
symphonique en sept mouvements, ainsi qu’une transcription pour piano. Une
troisième suite sera écrite en 1946. Le ballet n’est interprété qu’en 1938 à Brno
(Tchécoslovaquie), où il est très bien accueilli, puis il suit une « première » russe en 1940
au Kirov (chorégraphie de Léonide Lavrovski), et au Bolchoï en 1946. Une version du
ballet est faite pour le ballet de l’Opéra de Paris le 19 octobre 1984 avec le danseur
Patrick Dupont. Depuis, le ballet de l’Opéra de Paris danse très souvent cette production.
3. Mouvement artistique
Cette œuvre est un exemple important de la musique russe du 20ème siècle. C’est une
des œuvres les plus appréciées et célèbres de Serge Prokofiev en raison de la haute
inspiration mélodique, de la grande variété rythmique et du caractère mémorable des
thèmes principaux dont la célèbre « Danse des chevaliers » et ses différentes
variations. La vie de Prokofiev ressemble en fait beaucoup à son art, c’est un homme libre
qui hait certaines règles de la musique, et qui fait de lui très souvent un solitaire. On le
compare souvent au compositeur allemand Richard Strauss (1864-1949), auteur de Ainsi
parlait Zarathoustra (1896), qui lui aussi s’opposait à la rigidité de son époque. Ceci dit,
Prokofiev est vu comme un des plus grands compositeurs russes contemporains, digne
héritier de ses illustres prédécesseurs comme Modeste Moussorgski (1839-1881) et qui a
su approfondir l’âme russe.
4. Scène principale du ballet : « la danse des chevaliers », à écouter et visionner
La Danse des chevaliers correspond à la scène 4 du bal des Capulet juste avant la
rencontre de Roméo et Juliette. L’air tout entier est une incarnation musicale de la double
menace qui pèse sur Roméo et Juliette : celle des chevaliers qui les empêchent de se
rejoindre, celle de la mort qui avance vers eux. Le thème menaçant, est assuré à la fois
par les cordes, les trombones et les timbales. Remarquez aussi que les trombones et
les gros cuivres jouent de façon sonnante et lourde à la fois. Les timbales frappent un
temps sur deux, donnant une sensation de pesanteur tragique, de drame inéluctable
avançant vers les deux amants. Les violons jouent la voix principale. Ecoutez comme
ils font « crisser » leurs cordes dans l’aigüe de façon stridente et stressante.
5. Reprise du thème
Le thème de la Danse des chevaliers a été souvent
repris, notamment dans une mémorable publicité
datant de 1990 pour le parfum pour homme Égoïste
de Chanel où plusieurs femmes d’un hôtel hurlent
« égoiste ! » en claquant leurs volets. A cette
occasion, une reconstitution de l’hôtel Negresco
de Nice avait été effectuée.
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