analyse AFOM - Programme Med

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Le 30 août 2013
Diagnostic territorial et analyse AFOM du
programme de coopération territoriale MED
Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur
Rapport final
www.technopolis-group.com
Table des matières
Introduction
1
1. Caractéristiques générales du territoire MED
3
1.1 Caractéristiques naturelles, physiques et géographiques
3
1.2 Données démographiques
3
1.3 Principales caractéristiques économiques de l’espace MED
6
2. Diagnostic et analyse AFOM du territoire MED au regard de l’objectif européen
« Croissance intelligente »
9
2.1 Indicateurs-clés de la croissance intelligente sur le territoire MED
9
2.2 Matrice AFOM de l’objectif « Croissance intelligente » de l’espace MED
21
2.3 Conclusions pour l’objectif « Croissance intelligente » du territoire MED
24
3. Diagnostic et analyse AFOM du territoire MED au regard de l’objectif européen
« Croissance durable»
30
3.1 Indicateurs-clés de la croissance durable sur le territoire MED
31
3.2 Matrice AFOM de l’objectif « Croissance durable»
44
3.3 Conclusions pour l’objectif « Croissance durable» du territoire MED
47
4. Diagnostic et analyse AFOM du territoire MED au regard de l’objectif européen
« Croissance inclusive »
53
4.1 Indicateurs-clés de la croissance inclusive sur le territoire MED
54
4.2 Matrice AFOM de l’objectif « Croissance inclusive»
61
4.3 Conclusions pour l’objectif « Croissance inclusive» du territoire MED
63
5. Gouvernance au sein de l’espace MED : macrorégions et OT11
65
6. Enjeux transversaux de l’espace MED
68
6.1 Focus « Economie agro-méditerranéenne »
68
6.2 Focus « Economie bleue »
71
6.3 Traitement de ces focus spécifiques dans la programmation
74
7. Scénarii de stratégie pour le programme MED 2014-2020
75
Annexe A Liste des personnes sollicitées pour la mission
76
Table des tableaux et illustrations
Carte 1
Densité de population de l’espace MED (Eurostat/GISCO, 2010) .................. 4
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
i
Carte 2
2012)
Typologie des espaces urbains et ruraux de l’espace MED (Espon Terrevi
4
Carte 3
Croissance de la population de l’espace MED (Eurostat/GISCO, 2010) ......... 5
Carte 4 PIB par habitant (en standard de pouvoir d’achat) en 2009 (source :
Eurostat/ GISCO) ................................................................................................................ 6
Carte 5 Nombres de nuitées (résidents et non-résidents) en hôtels en 2009 (Source :
Eurostat) 8
Carte 6
Dépenses de R&D exprimées en part du PIB (Source : Eurostat, 2011) ........ 10
Carte 7 Classement des régions MED par niveau d’innovation (Regional innovation
scoreboard 2012) ................................................................................................................11
Carte 8 Modèles territoriaux d’innovation de l’espace MED (Source : projet Espon
KIT, 2012) .......................................................................................................................... 12
Carte 9
Accès des ménages à Internet en haut débit (Source : Eurostat GISCO 2010)
16
Carte 10 Développement d’une utilisation régulière d’Internet de 2008 à 2010 (en
changement annuel moyen du pourcentage de personnes ayant utilisé Internet ;
Source : Eurostat GISCO 2010) ........................................................................................ 17
Carte 11
Corridors prioritaires pour l’électricité dans l’UE .........................................32
Carte 12 Capacité d’adaptation au changement climatique (Source : ESPON
CLIMATE project) pour l’espace MED ............................................................................36
Carte 13
Risques naturels dans l’espace MED ............................................................ 37
Carte 14
Empreinte écologique/PIB et déficit écologique (2009) ............................. 38
Carte 15
Distribution des sites Natura 2000 dans l’Europe à 27, 2011 ......................39
Carte 16
Aires marines protégées en Méditerranée .................................................... 41
Carte 17 Accessibilité multimodale (ESPON, Terrevi 2006 ; classement des régions
par rapport à la moyenne européenne de l’index d’accessibilité) ..................................43
Carte 18
Taux d’emploi en 2010 au sein de la zone MED ........................................... 54
Carte 19
2010
Variation du taux de chômage des personnes âgées de 15 à 74 ans de 2007 à
55
Carte 20
Taux de chômage de longue durée (en part du chômage total) .................. 56
Carte 21 Jeunes ayant quitté prématurément l’éducation et la formation (% de la
population des 18-24 ans) ................................................................................................ 57
Carte 22
(2010)
Personnes âgées de 30 à 34 ans ayant un niveau d’enseignement supérieur
58
Carte 23
Nombre de médecins pour 100 000 habitants (Source : Gisco 2009) ....... 60
Carte 24
Nombre de lits d’hôpitaux pour 100 000 habitants (Gisco 2009) ............. 60
Carte 25
Part de l’agriculture dans l’économie, en part de la valeur ajoutée totale
(Source : Eurostat/Gisco 2009) ...................................................................................... 68
Tableau 1
Répartition par classe d’âge de la population (source : Eurostat 2012,
traitement Technopolis-ITD) ............................................................................................. 5
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
ii
Tableau 2 Taux de succès des entreprises dans leurs demandes de crédits bancaires
(Eurostat 2011) ................................................................................................................. 20
Tableau 3
Traduction des enjeux de croissance intelligente en termes d’objectifs
thématiques et priorités d’investissement ...................................................................... 28
Tableau 4
Electricité provenant de sources d'énergies renouvelables, 2011 (en
tonnes Equivalent Pétrole ; données Eurostat 2011) ...................................................... 31
Tableau 5 Traduction des enjeux de croissance durable en termes d’objectifs
thématiques et priorités d’investissement ...................................................................... 50
Tableau 6
mobilité
Mobilité individuelle exprimée en part de la population ayant effectué une
56
Tableau 7 Traduction
en
termes
d’objectifs
thématiques
et
priorités
d’investissements .............................................................................................................. 73
Tableau 8
Graphique 1
Scénarii de stratégie pour le programme MED 2014-2020....................... 75
Taux de pénétration en haut et très haut débit Internet (Janvier 2012)
16
Graphique 2
Ventilation des entreprises par taille (en nombre de salariés) dans les
économies nationales (2008, 2007 pour la Grèce et la France ; OCDE, Panorama de
l’entrepreneuriat 2012) ..................................................................................................... 18
Graphique 3 Valeur ajoutée des entreprises par classe de taille – en nombre de
salariés (2008 ou dernière année disponible ; source : OCDE Panorama de
l’entrepreneuriat 2012 ...................................................................................................... 18
Graphique 4
Dépendance énergétique des pays de l’espace MED en 2011 ................32
Graphique 5
Eco innovation Scoreboard 2012 ............................................................34
Graphique 6
Taux de recyclage des déchets d’emballage (en%,source Eurostat 2011)
35
Graphique 7 Exposition de la population urbaine à la pollution de l’air par l’ozone
(microgrammes par mètre cube jour) ..............................................................................39
Graphique 8
Transport de marchandises par route 2011 (en milliers de tonnes) .....42
Graphique 9
Production de vin (en milliers d’hectolitres ; source : rapport
statistique 2013 de l’Organisation internationale de la vigne et du vin)........................70
Encadré 1
Les Aires Spécialement Protégées d’Importance Méditerranéenne ......... 40
Encadré 2
Exemples de sites protégés au sein de l’espace MED ............................... 40
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
iii
Introduction
L’autorité de gestion du programme de coopération transnationale MED 2014-2020 a
confié au cabinet Technopolis-ITD la réalisation du diagnostic et de l’analyse
AFOM (atouts, faiblesses, opportunités, menaces) du territoire du
programme.
Ce document est la version finale du rapport.
Le diagnostic du territoire est présenté selon les trois objectifs de croissance que
l’Union Européenne s’est fixée dans le cadre de la Stratégie Europe 2020 et
présente ainsi les forces et les faiblesses du territoire MED au regard des enjeux de
croissance intelligente, de croissance durable et de croissance inclusive.
Le diagnostic porte sur l’ensemble des régions NUTS2 du programme MED20072013, ainsi que sur ces nouveaux entrants (Midi-Pyrénées, Val d’Aoste et Lisbonne –
adhésion validée lors de la Task Force du 12/07/2013) à Marseille.
Cette analyse a été réalisée sur la base :

D’un travail d’analyse statistique, à partir pour l’essentiel des données
Eurostat, cette base permettant d’avoir des données fiables, homogènes, et
comparables pour les différents pays européens, actualisées et parfois présentées
au regard des objectifs de la stratégie Europe 2020. D’autres outils issus
d’Eurostat comme GISCO pour la cartographie ou ESPON (projets TERREVI ou
KIT) pour des analyses sectorielles ont également été utilisés.
Pour une majorité d’indicateurs, les données sont déclinées au niveau NUTS2 et
permettent d’avoir une perception fine du territoire MED ; pour d’autres en
revanche (notamment pour la croissance durable), les indicateurs sont renseignés
au niveau national et introduisent un biais dans l’analyse pour certains pays
comme la France, l’Espagne et le Portugal où seule une partie du territoire
national est partie au programme.
Seule une minorité d’indicateurs sont également disponibles pour la Croatie qui
rejoint l’Union Européenne le 1er juillet 2013. Nous les avons intégrés quand ils
étaient disponibles.

D’une recherche documentaire complémentaire, afin d’illustrer le
diagnostic statistique et apporter dans la mesure du possible, des éléments
d’analyse qualitative ou actualisés. Les données du STC relatives aux projets
(enseignements, besoins, pistes d’action) ont également été intégrées.

D’une série d’entretiens téléphoniques avec les partenaires de la Task
Force en charge de l’écriture du prochain programme. Ces entretiens ont eu pour
but d’affiner dans la mesure du possible les éléments du diagnostic, de souligner
les enjeux auxquels est confronté le territoire MED, afin de les mettre en
perspective avec les objectifs thématiques que le programme devra sélectionner 1.

D’échanges avec la Task Force, réunie le 12 juillet 2013 à Marseille, suite à la
présentation de la version initiale du rapport.
1 Cependant, les entretiens ont été peu nombreux et n’ont pas permis de répondre pleinement aux attentes.
Sur 16 entretiens sollicités, seuls 6 ont pu être menés.
Il convient de souligner en avant-propos la forte hétérogénéité d’un territoire aussi
vaste que l’espace MED.
Ce rapport comprend :

Une présentation générale de l’espace MED (données naturelles, géographiques,
économique) ;

Analyse du territoire au regard des enjeux de croissance intelligente ;

Analyse du territoire au regard des enjeux de croissance durable ;

Analyse du territoire au regard des enjeux de croissance inclusive ;
Pour chacun de ces trois objectifs, nous présentons les indicateurs-clés du
territoire, établissons une matrice AFOM et présentons des conclusions au regard
de la définition de la stratégie du programme : les données fondamentales du
territoire, les enseignements de la programmation 2007-2013, la prise en compte
de la spécificité de la dimension transnationale nous permet de souligner des
enjeux importants pour le territoire et de les traduire en termes de priorités
d’investissement.

Deux focus spécifiques sur la croissance bleue et le modèle d’économie
méditerranéenne qui peuvent répondre aux trois objectifs de croissance de
l’Union Européenne ;

Le traitement spécifique des macrorégions en lien avec l’objectif thématique n°11
sur l’un des éléments de la gouvernance des programmes transnationaux.
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
2
1. Caractéristiques générales du territoire MED
1.1 Caractéristiques naturelles, physiques et géographiques
Le territoire du programme MED est vaste, il s’étend de l’Océan Atlantique avec
les régions portugaises du programme (Algarve et Alentejo) aux confins orientaux de
la Méditerranée avec Chypre. Il compte aujourd’hui 10 pays, la Croatie rejoignant le
programme suite à son adhésion officielle à l’UE le 1 er juillet 2013. La superficie des
régions éligibles du programme est d’environ 860 000 km2, soit environ 20% de la
superficie de l’Union Européenne.
Le territoire se caractérise par des données naturelles, physiques et
géographiques extrêmement diversifiées : il se compose d’un littoral maritime
de plus de 15 000 kilomètres, de plaines cultivables et fertiles, berceau de l’agriculture
méditerranéenne caractérisée par les vignes, les plantations d’oliviers, la culture des
agrumes, etc., par des espaces de hautes montagnes (Alpes, Pyrénées, Pindos, etc.). Il
se caractérise également par la cohabitation de grands espaces nationaux (l’intégralité
du territoire italien est éligible au programme) et de petits espaces insulaires, qu’il
s’agisse d’Etats comme Malte ou Chypre ou de régions (Baléares, Corse, Crète, etc.).
La diversité de la géographie explique en partie les difficultés d’accès et de
communication de, vers et entre les régions du programme (cf. 3.1.7, accessibilité du
territoire), alors même que la Méditerranée est historiquement un espace de
circulation entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique.
La cohabitation de ces différents éléments engendre tant des atouts que des défis pour
le développement de l’espace : le climat, le littoral et la montagne sont des éléments
forts d’attractivité (tant résidentielle que touristique), ce sont des zones riches en
biodiversité et en potentiel agricole mais ces espaces sont également plus sensibles au
changement climatique et nécessitent une prise en compte importante des enjeux de
protection de l’environnement.
Le territoire peut être ainsi caractérisé par trois grands indicateurs spécifiques à
l’espace méditerranéen :

l’originalité de son climat et de sa végétation,

la valeur de sa biodiversité et de ses paysages,

la fragilité de ses territoires face aux contraintes du milieu (sécheresse,
érosion hydrique, inondation, salinisation, relief escarpé).
1.2 Données démographiques
On compte aujourd’hui dans les régions éligibles au programme MED plus de 122
millions d’habitants, soit près d’un quart de la population européenne (24,3%
de la population UE27)2.
La densité de population de l’espace MED est ainsi nettement supérieure à la
moyenne européenne (142 habitants par km2 pour MED contre 116,3 au niveau
européen3). Ce chiffre masque de grandes disparités, les densités de population
varient de 1 318 hab./km2 à Malte4 à 23,9 hab./Km2 pour la région d’Alentejo au
Portugal5.
2 Eurostat, population au 1er janvier 2012
3 Eurostat, population au 1er janvier 2012
4 Eurostat, densité de population au 1er janvier 2011
5 Eurostat, densité de population au 1er janvier 2011
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
3
Carte 1 Densité de population de l’espace MED (Eurostat/GISCO, 2010)
Par ailleurs, l’espace MED compte quelques aires métropolitaines de premier
ordre (Barcelone, Lisbonne, Marseille, Toulouse, Milan, Rome, Naples, Athènes,
etc.). L’espace est également marqué par un certain nombre de pôles urbains situé sur
le littoral méditerranéen (Valence, Montpellier, Gênes, etc.). Le territoire compte
également un certain nombre de territoires ruraux et/ou isolés (notamment en
Grèce).
Carte 2 Typologie des espaces urbains et ruraux de l’espace MED (Espon Terrevi
2012)
Par ailleurs, l’espace MED se caractérise par une très forte attractivité de son
territoire. Si la population des régions du programme est aujourd’hui de 122 millions
d’habitants, elle était de 110 millions au début du programme MED 2007-2013.
L’accroissement de la population dans la zone (sans compter l’intégration de la
Croatie) est fort : il est de 6,3%, contre 1,6% pour l’ensemble de la population de
l’Union Européenne dans le même temps. Celui repose en partie sur l’attractivité des
conditions de vie (climat, géographie, culture, etc.) et des régions comme la côte Est de
l’Espagne, la côte Nord-ouest de l’Italie ou la côte Sud en France attirent tous les ans
un nombre important de jeunes actifs ou de retraités. La Corse et le LanguedocRoussillon comptent par exemple parmi les régions françaises et européennes ayant le
taux de croissance annuel de la population le plus élevé (+1,3% en LanguedocDiagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
4
Roussillon, +1,5% en Corse)6. Il faut noter toutefois que pour certaines régions du
programme, en Grèce ou dans le Sud du Portugal, le taux de croissance de la
population est négatif. La tendance pourrait d’ailleurs s’accentuer compte-tenu de la
crise et de ses conséquences en termes d’emploi.
L’attractivité du territoire MED est également celle de l’immigration, intra- ou extracommunautaire. La carte des migrations recoupe d’ailleurs dans ses grandes
tendances la carte de la croissance de la population dans l’espace MED (cf. Carte 3).
Carte 3 Croissance de la population de l’espace MED (Eurostat/GISCO, 2010)
Par ailleurs, l’espace MED se caractérise par une population jeune moins
nombreuse (15% de la population MED a moins de 15 ans contre 15,6% à l’échelle
européenne) et une population âgée plus nombreuse qu’à l’échelle
européenne (19,2% de la population MED a plus de 65 ans contre 17,8% à l’échelle
européenne). La tendance au vieillissement de la population est la même pour l’espace
MED qu’à l’échelle européenne, la part des personnes de plus de 65 ans augmentant
d’environ 1% entre 2007 et 2012.
Tableau 1
Répartition par classe d’âge de la population (source : Eurostat 2012,
traitement Technopolis-ITD)
Espace MED
UE 27
2007
2012
variation
2007
2012
variation
Part de la population
de moins de 15 ans
15,0
15,0
-0,0
15,8
15,6
-0,2
Part de la population
âgée de 15 à 64 ans
66,8
65,8
-1,0
67,3
66,6
-0,7
Part de la population
de plus de 65 ans
18,2
19,2
1,0
16,9
17,8
0,9
6 INSEE, population au 1er janvier 2010
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
5
1.3 Principales caractéristiques économiques de l’espace MED
En 2010, le PIB par habitant moyen de l’espace MED était inférieur de 12%
au PIB par habitant moyen de l’Union Européenne (21 776€ pour MED contre
24 500€ au niveau européen)7.
De grandes disparités existent toutefois au sein du territoire : 34 régions
NUTS2 ont un PIB moyen par habitant inférieur à la moyenne européenne (les régions
les plus pauvres étant les régions croates) et 18 régions NUTS2 ont un PIB par habitat
supérieur à la moyenne8,.
Carte 4 PIB par habitant (en standard de pouvoir d’achat) en 2009 (source : Eurostat/
GISCO)
Cependant, cette carte ne reflète pas les conséquences de la crise économique
de 2007 et dans son sillage, des crises de la dette des Etats européens
depuis 2010 (Grèce, Portugal, Chypre, et dans une moindre mesure Espagne, Italie
et France). Si pendant longtemps, les taux de croissance des pays méditerranéens ont
dépassé la moyenne des pays européens9, les récentes années ont été marquées par un
sévère repli des économies :

En Italie, le dernier trimestre 2012 a été marqué par une contraction du
PIB de 0,9% (il s’agit du 6ème trimestre consécutif de recul du PIB pour
l’économie italienne) ;

Au Portugal, le PIB a chuté de 3,2% sur l’ensemble de l’année 2012, soit la
plus grave récession depuis 1975 ;

En Grèce, le PIB a chuté de 5,7% en 2012 et 2012 est la cinquième année
de récession économique10.
Dans le huitième rapport d’étape sur la cohésion économique, sociale et territoriale, la
Commission s’est penchée sur la dimension régionale et urbaine de la crise 11 et
rappelle en introduction « la période de programmation de la politique de cohésion
qui débutera en 2014 s'ouvrira au lendemain de la pire récession du demi-siècle
7 Source : Eurostat, données 2010, traitement Technopolis 2013
8 Les régions les plus riches étant les régions du Nord de l’Italie (Trentin, Emilie-Romagne, Lombardie,
Vallée d’Aoste, Haut-Adige), Rhône-Alpes, PACA, Catalogne et Attique.
9 Cf. PO MED 2007-2013, p.10
10 Sources: OCDE, 2013
11 Rapport de la Commission au Parlement Européen et au Conseil, huitième rapport d’étape sur la cohésion
économique, sociale et territoriale – la dimension régionale et urbaine de la crise, COM(2013) 463 final,
26/06/2013 http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2013:0463:FIN:FR:PDF
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
6
écoulé. La crise a inversé le processus de convergence du PIB régional par habitant et
du chômage au sein de l'Union européenne ». Au niveau européen, la récession a été
amorcée au deuxième trimestre 2008 pour durer pendant cinq trimestres consécutifs.
Entre 2007 et 2011, c’est dans les trois États baltes, en Irlande, en Grèce et en Espagne
que l'impact général de la crise sur le PIB et sur l'emploi aura été le plus marqué. Si les
économies baltes et irlandaises ont renoué avec la croissance en 2010 et 2011,
« l'Espagne et la Grèce n'ont pas retrouvé une trajectoire de croissance régulière. La
croissance a redémarré en Espagne en 2011 mais le PIB s'y est tassé en 2012. En Grèce,
les taux provisoires de croissance du PIB indiquent une poursuite, voire un
renforcement de la récession. Le PIB a reculé de près de 7 % en 2011 et 2012 et
pourrait n'augmenter à nouveau qu'en 2014 ». Par ailleurs, Chypre a dû faire face, en
2012, à une crise financière qui a entraîné une forte baisse du PIB et de l'emploi ».
Les conséquences de la crise sur le chômage sont importantes : « au niveau de l’UE, les
taux de chômage sont passés de 7 % à 10 % entre 2008 et 2012. Mais dans les États
membres les plus durement touchés, les taux de chômage ont doublé ou même triplé
(hausse de 17 points en Espagne). Dans les États membres les plus durement touchés
pour le chômage issu de la crise, les taux de chômage allaient de 12 % à Chypre à 25 %
en Espagne.
Les risques de pauvreté et d’exclusion ont également très fortement augmenté : ils
« ont été les plus élevés dans les six États membres les plus durement touchés, mais
elles ont également été considérables en Italie et en Bulgarie. En Espagne, les
répercussions de la crise n'ont commencé à se faire sentir qu'en 2009. Depuis, le pays
a perdu près de 8 % de son revenu disponible et se retrouve aux niveaux atteints en
2005. En Grèce, le revenu disponible a commencé à décliner lentement en 2007. En
2009 et 2010, il a enregistré une chute très brutale. C'est pourquoi en 2011, le revenu
disponible était dans ce pays bien en dessous du niveau atteint en 2005 ».
Les prévisions de la Commission Européenne pour 2013 et 2014 envisagent le repli du
PIB dans l’Union et dans la zone euro 12.
Par ailleurs, l’économie des régions de l’espace MED est marquée par trois traits
spécifiques qui la distinguent d’autres espaces de coopération :

La place de l’agriculture dans l’économie et les spécificités de
l’agriculture méditerranéenne (autour de quelques produits : olive,
vin, agrumes, liège, etc., dans de petites exploitations essentiellement.
Voir Focus « Economie agro-méditerranéenne ») ;

Le rôle prédominant des petites (et moyennes) entreprises, tous
secteurs d’activités confondus et la structuration de l’économie autour de
ce tissu (Voir Compétitivité des entreprises, notamment des PME).

La place du tourisme, son potentiel de développement toujours fort et
la nécessité d’un développement durable de ce secteur et (en lien
notamment avec les problématiques d’une « croissance bleue »).
L’espace MED bénéficie de la combinaison de nombreux facteurs d’attractivité
(climat, littoral, relief, patrimoine culturel, etc.) qui font de l’espace MED la
zone la plus touristique d’Europe et l’une des plus grande zone
touristique au monde. Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme 13, les
pays d’Europe du Sud et de la Méditerranée accueillent 18 ,5% des touristes
mondiaux. Sur la période 2005-2012, cette donnée a connu une hausse
constante (+2,9%) et supérieure à la croissance di nombre de touristes
accueillis en Europe (2,5%). Cela représente 15,9% des revenus mondiaux
issus du tourisme. Par ailleurs, la France, l’Espagne et l’Italie compte parmi les
12 Site Internet de la Commission Européenne, actualités, économie, finances et fiscalité, page consultée le
16/05/2013 : http://ec.europa.eu/news/economy/130503_fr.htm
13 UNWTO Tourism highlights 2013 : http://www.e-unwto.org/content/hq4538/fulltext.pdf
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
7
six premières destinations touristiques au monde (en nombre de tourisme et
en revenus provenant du tourisme).
Les pays de l’espace MED ont consolidé en 2012 (2%) les performances des
années passées (+8% en 2011). La Croatie, le Portugal et l’Espagne ont connu
un taux de croissance de 4% (supérieur à la moyenne de la sous-région).
Carte 5 Nombres de nuitées (résidents et non-résidents) en hôtels en 2009
(Source : Eurostat)
Les prévisions de long terme de l’Organisation (à l’horizon 2030) envisagent
une hausse constante du secteur du tourisme au rythme de 3,3% par an à
l’échelle mondiale. Si les premiers bénéficiaires de cette croissance devraient
être les pays d’Asie et les économies émergentes, la place de l’Europe, et
notamment de l’Europe méditerranéenne devrait rester
importante (le nombre de touristes passant de 169 millions en 2010
à 264 en 2030).
Le secteur du tourisme est ainsi porteur de grands enjeux en termes de
croissance économique et d’emploi (les emplois du secteur sont très
faiblement délocalisables) et nécessite la mise en place de stratégies de
développement des infrastructures, des sites et des hébergements, de
communication, d’innovation dans les services. Il est essentiel également de
renforcer les approches durables du développement du secteur (aménagement
territorial, gestion durable des côtes, de la biodiversité, de la ressource en eau
par exemple).
La culture est également un enjeu important de l’espace MED : si
elle est fortement liée au secteur du tourisme (attractivité du patrimoine
historique et dynamismes des manifestations et activités de création: festivals,
expositions, etc.), elle s’adresse en premier chef aux habitants de l’espace
MED. Elle est également un enjeu important en termes d’emplois. A titre
d’exemple, il est prévu que « Marseille Provence 2013 », ville européenne de la
culture 2013 (60 chantiers de rénovation, réhabilitation et construction et 400
manifestations culturelles prévus) génère un milliard d’euros de recettes
(annonce du président de MP2013 faite en octobre 2012) 14 . Il est difficile
d’estimer le nombre d’emplois et le nombre d’emplois pérennes créés par une
telle manifestation (26 000 selon certains professionnels) 15; la maison de
l’emploi de Marseille et la CCI ont à ce sujet organisé des forums spéciaux
pour l’emploi MP2013 afin de mettre en relation des demandeurs d’emploi er
les entreprises de sic secteurs d’activités (sécurité, propreté, transport, accueil,
hôtellerie-restauration-tourisme, arts et spectacle).
14 Source : journal Les Echos, 25 février 2012
15 Source : ibid.
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
8
2. Diagnostic et analyse AFOM du territoire MED au regard de
l’objectif européen « Croissance intelligente »
« Une croissance intelligente signifie renforcer le rôle de la connaissance et de
l’innovation comme moteur de notre future croissance. Cela requiert une
amélioration de la qualité de notre éducation, le renforcement de la performance de
notre recherche, la promotion du transfert d’innovation et de connaissances à
travers l’Union, l’utilisation pleine et entière des technologies de l’information et de la
communication et cela nécessite de transformer les idées innovantes en nouveaux
produits et services afin de créer de la croissance, des emplois de qualité et de faire
face aux défis sociétaux européens et mondiaux. Pour réussir, il conviendra de
s’appuyer également sur l’entreprenariat et le monde de la finance ainsi que sur les
besoins des utilisateurs et les opportunités du marché ». C’est ainsi que la
Commission Européenne présente dans sa Stratégie Europe 2020 les objectifs et les
enjeux de la croissance intelligente16.
L’objectif de la Stratégie Europe 2020 consacré à la croissance intelligente (sur les
cinq grands objectifs définis) vise à ce que 3% du PIB soit alloués à la R&D.
En termes de croissance intelligente, les performances du territoire MED sont à
ce jour, globalement en deçà des objectifs européens. Le schéma ci-dessous
est extrait du rapport ESPON TERREVI 17 sur le programme MED de novembre 2012.
Il positionne le territoire MED au regard des objectifs de croissance intelligente. Les
trois indicateurs sont au rouge : les dépenses de R&D (exprimées en part du PIB), la
part de l’emploi dans les services à haut niveau de savoir et la part des ménages qui
utilisent régulièrement Internet sont en deçà de la valeur médiane de la zone UE27+4.
Par ailleurs, les disparités au sein du territoire sont élevées pour les dépenses de R&D
et moyennes pour les deux autres indicateurs.
Figure 1
Positionnement de l’espace MED par rapport aux indicateurs
européens de l’objectif Croissance intelligente (source : ESPON TERREVI 2012)
Les éléments ci-dessous permettent d’étayer le constat posé dans le rapport ESPON
TERREVI et dans la mesure du possible, d’apporter une vision contrastée au sein du
territoire MED18.
2.1 Indicateurs-clés de la croissance intelligente sur le territoire MED
2.1.1 Recherche, développement et innovation
L’espace MED se caractérise par une forte hétérogénéité de son potentiel de
recherche et d’innovation. Néanmoins, il compte également certains domaines de
16 Communication de la Commission, Europe 2020, Une stratégie pour une croissance intelligente, durable
et inclusive (03/03/2010)
17 Le projet ESPON TERREVI (Territorial Evidence Packs for Structural Funds Programmes) a pour but de
fournir aux autorités responsables des fonds structurels les informations leur permettant de mieux piloter
et mettre en œuvre les programmes. L’un des éléments du projet porte sur la rédaction de notes factuelles
sur les différents programmes.
18 Cette analyse repose sur l’utilisation des bases de données Eurostat, disponibles en ligne et dont certains
des indicateurs sont déclinés au niveau des NUTS2, niveau d’analyse pertinent pour l’appréhension de
l’espace MED.
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
9
spécialisation communs à plusieurs régions qui sont autant de fondements pour
l’articulation d’une stratégie transnationale de soutien à l’innovation (exemples de
l’agriculture et de l’agrotransformation, du tourisme, de la construction, du
secteur maritime, etc.)
Dans la lignée de la stratégie de Lisbonne, la Stratégie Europe 2020 s’est fixée comme
objectif de consacrer en 2020 au moins 3% du PIB aux dépenses de R&D19. Si la
moyenne européenne est à ce jour 20 de 2,03% du PIB, les Etats participants au
programme MED ont des dépenses de R&D bien inférieures à cet objectif : 0,48% à
Chypre, 0,6% en Grèce, 0,73% à Malte, 0,75% en Croatie, 1,25% en Italie, 1,33% en
Espagne, 1,5% au Portugal, 2,25% en France et 2,47% en Slovénie21.
A l’échelle des NUTS2 éligibles au programme MED, la moyenne est de 0,93% 22. 22
régions NUTS sur les 54 du programme ont un taux de dépenses égal ou supérieur à
cette moyenne, 31 sont en deçà.
De très fortes disparités existent entre certaines régions, leaders sur la scène
internationale et les régions plus rurales ou plus isolées du territoire : les régions
Rhône-Alpes, le Trentin, la Slovénie Occidentale, le Languedoc-Roussillon et MidiPyrénées allouent en moyenne une part plus grande de leur PIB à des dépenses de
R&D que la moyenne européenne.
Carte 6 Dépenses de R&D exprimées en part du PIB (Source : Eurostat, 2011)
Il est important de souligner également que même si ces chiffres restent faibles à
l’échelle européenne, la tendance est sensiblement à la hausse depuis 2003,
date à laquelle la part moyenne du PIB allouée à des dépenses de R&D dans l’espace
MED était de 0,78%.
La part du personnel de R&D et des chercheurs dans la population active
est un autre indicateur pertinent de la performance des régions en matière de
recherche et d’innovation. Si la moyenne européenne est de 1,53 personne travaillant
dans la R&D pour 100 actifs, elle est de 1,16 à l’échelle du programme MED. 12 régions
NUTS2 se situent au-dessus de cet objectif. On citera notamment la Catalogne, le
Trentin, le Latium, les régions Ouest de la Slovénie ou de la Croatie. Pour les seuls
chercheurs, si la moyenne européenne est de 0,97%, la moyenne de l’espace MED
est de 0,61 (Source : Eurostat, données 2009).
19 A ce jour, seuls le Danemark, la Suède et la Finlande ont atteint ou dépassé cet objectif. Certains pays
comme l’Allemagne ont choisi de dépasser cet objectif et de se fixer un objectif de 10% du PIB alloués aux
dépenses de R&D.
20 Données 2006 pour la Grèce ; données 2011 pour l’UE et les autres Etats cités
21 Source : Eurostat
22 Source : Eurostat
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 10
Le nombre de dépôts de brevets est également un indicateur important de la
capacité d’innovation des régions. On comptait en 2009 pour l’espace MED 6 418
demandes de brevets déposées auprès de l’Office Européen des Brevets (soit 12% des
54 720 demandes déposées au niveau européen). Ces demandes ramenées à la
population indiquent le retard de l’espace MED par rapport aux autres régions : on
compte en moyenne 39 brevets pour un million d’habitants dans l’espace MED contre
109 au niveau européen et 86 brevets pour un million d’actifs dans l’espace MED
contre 228 au niveau européen.
Les disparités régionales déjà évoquées se retrouvent pour cet indicateur : si le FrioulVénétie Julienne, le Haut- Adige, la Lombardie, l’Emilie-Romagne et Rhône-Alpes
sont au-dessus de la moyenne européenne (avec même 215 brevets pour 1M habitants
pour Rhône-Alpes), les autres régions sont très en deçà.
Par ailleurs, alors que la tendance du nombre de demandes de brevets déposées a
longtemps été à la hausse, les années 2008 et 2009 ont connu un léger recul.
La compilation des différents indicateurs traitant de l’innovation 23 a permis à la
Commission Européenne de dresser la carte ci-dessous dans le cadre de l’exercice
Regional Innovation Scoreboard 2012 : celle-ci fait apparaître une typologie des
régions de l’espace MED en termes d’innovation entre des régions leader, des régions
follower, des régions moderate et des régions modest. Pour le territoire MED, seule
une région (Rhône-Alpes) fait partie des régions leader, les autres se répartissent dans
les trois autres catégories.
Carte 7 Classement des régions MED par niveau d’innovation (Regional innovation
scoreboard 2012)
Pour affiner cette typologie, le projet ESPON KIT (Knowledge, innovation and
Territory) s’est attaché à caractériser l’innovation dans les régions : les régions de
l’espace MED sont ainsi qualifiées de « smart and creative diversification areas »
(zones de diversification intelligente et créative) et de « smart technological
application areas » (zones d’application technologique intelligente 24).
23 L’étude Regional Innovation Scoreboard 2012 repose sur 12 indicateurs pour lesquels des données sont
disponibles au niveau régional (part des 25-64 ans ayant un diplôme de l’enseignement supérieur, part des
dépenses de R&D publiques et privées dans le PIB, part de l’innovation dans les résultats des PME, part
des PME dotées de cellule interne de R&D, etc.)
http://ec.europa.eu/enterprise/policies/innovation/files/ris-2012_en.pdf
24 Les autres types de régions sont des régions d’imitation (imitative innovation area), des régions de
sciences appliquées ou des régions scientifiques de l’Europe.
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
11
Carte 8 Modèles territoriaux d’innovation de l’espace MED (Source : projet Espon
KIT, 2012)
Une lecture transversale des différentes stratégies régionales d’innovation met en
évidence à la fois les priorités sectorielles des politiques d’innovation et les
enjeux et problématiques de l’innovation sur les territoires. Afin d’identifier
les principaux enjeux et les secteurs d’innovation les plus représentatifs de l’espace
MED, nous avons confronté les données de deux outils de suivi des politiques
d’innovation de la Commission Européenne, à savoir the European Cluster
Observatory (Observatoire des Clusters en Europe) et Regional Innovation Monitor
(suivi des stratégies régionales de soutien à l’innovation en Europe). Afin de traduire
la diversité des régions du programme, nous avons construit un échantillon traduisant
à la fois le poids des Etats dans le programme MED (tous les Etats sont pris en
considération) et le niveau d’innovation des régions établi par le Regional Innovation
Scoreboard de la Commission Européenne (régions très innovantes, innovantes et peu
innovantes)25.
Il ressort de l’analyse des différentes stratégies régionales d’innovation et autres
documents politique26, qu’en termes d’enjeux et problématiques d’innovation
les régions de l’espace MED ciblent essentiellement :

le renforcement du lien entre la recherche et le monde économique,

le développement des clusters et des logiques de coopération

le renforcement des structures (publiques et/ou privées) de recherche par un
soutien aux infrastructures de recherche et aux projets

la sensibilisation et le renforcement des capacités des acteurs économiques afin
qu’ils développent, en interne, leur potentiel d’innovation (notamment au sein
des PME)

le financement de l’innovation, aux différentes étapes de la mise en œuvre d’un
projet innovant, pour la création d’entreprises innovantes ou le développement
de projets innovants au sein d’entreprises existantes
25 Les territoires sélectionnés (données disponibles pour l’essentiel au niveau NUTS2) sont : Chypre, Malte,
Grèce occidentale, Péloponnèse, Crète, Macédoine centrale, Algarve, Corse, Languedoc-Roussillon, RhôneAlpes, Gibraltar, Slovénie, Valence, Catalogne, Aragon, Andalousie, Abruzzes, Latium, Piémont, Sicile,
Toscane.
26 Source : Regional Innovation Monitor :
http://ec.europa.eu/enterprise/policies/innovation/policy/regional-innovation/monitor/
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 12

la concentration des ressources des différents acteurs sur un nombre limité de
priorités dans une stratégie de spécialisation intelligente

le développement de dispositifs de soutien à l’exportation des résultats
d’innovation

l’intégration de l’innovation sociale et de l’éco-innovation au champ de
l’innovation

l’amélioration de la gouvernance de l’innovation et le renforcement du
dialogique entre les partenaires
La problématique centrale est de développer et renforcer le lien entre centres de
recherche et les entreprises, de rapprocher les thématiques de recherche des
priorités et des besoins des entreprises, de permettre aux entreprises de mieux
s’emparer des résultats de la recherche. Les manques que l’on constate encore
aujourd’hui vient en partie du décalage entre les compétences de recherche
disponibles sur le territoire et les secteurs économiques actifs, de la difficulté pour les
plus petites entreprises de se structurer pour entamer des démarches d’innovation, ou
pour tout simplement accéder à l’information ou à des équipements technologiques.
Si ce lien entre centres de recherche et entreprises fonctionnent bien dans certains
secteurs de spécialisation de l’économie, il est peu encore être développé à l’échelle de
l’espace MED, afin d’offrir un soutien plus grand aux entreprises du territoire et leur
permettre de s’intégrer encore davantage dans une logique d’innovation.
L’analyse transversale des différentes stratégies régionales d’innovation et autres
documents politiques 27 permet également de mettre en évidence les principaux
champs sectoriels de l’innovation de l’espace MED :

Produits agricoles et industrie agroalimentaire (Algarve, Midi-Pyrénées,
PACA, Languedoc-Roussillon, Catalogne, Andalousie, Latium, etc.)

Construction et éco-construction (Andalousie, Valence, Calabre, Chypre,
etc.)

Chimie et plastiques (PACA, Rhône-Alpes, Malte, Grèce occidentale,
Catalogne, Latium, Slovénie occidentale, etc.)

Transports (Rhône-Alpes, Latium, Midi-Pyrénées, Chypre, Val d’Aoste,
Péloponnèse, Attique, etc.)

Secteur maritime (Abruzzes, Chypre, Malte, etc.)

Matériaux (Piémont, Lombardie, Rhône-Alpes, Slovénie Occidentale, etc.)

Tourisme et hébergement (Catalogne, Chypre, Crète, etc.)

Pharmacie (Lisbonne, PACA, Latium, Slovénie occidentale, etc. )

TIC (Piémont, Lisbonne, Slovénie occidentale, Catalogne, Latium,
Gibraltar, etc.)

Biotechnologies (Languedoc-Roussillon, Lisbonne, Algarve, Valence,
Aragon, etc.)

Energie (PACA, Val d’Aoste, Corse, Languedoc-Roussillon, Slovénie
occidentale)
Ces secteurs d’innovation sont généralement portés par des réseaux de structures
d’innovation, des centres de recherche publics et/ou privés, des clusters innovants (de
27 Source : Regional Innovation Monitor (lecture transversale des documents régionaux stratégiques relatifs
à l’innovation), corroboré par l’Observatoire Européen des Clusters (importance des principaux clusters
européens en termes d’emplois et classés par secteur)
http://www.clusterobservatory.eu/index.html
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 13
types pôles de compétitivité en France ou districts technologiques en Italie), des
entreprises innovantes, des grappes d’entreprises, des incubateurs, des structures de
valorisation et de transfert de technologie, etc.
Il faut souligner d’ailleurs que ces structures sont souvent déjà engagées dans des
stratégies de coopération régionale et internationale : en France, l’évaluation nationale
des pôles de compétitivité en 2012 avait souligné l’internationalisation croissante des
pôles français entre 2008 et 2011. Les districts italiens sont engagés de la même façon
depuis le milieu des années 2000 par des accords de coopération avec leurs
homologues européens28..
Avec la crise, le soutien à l’innovation revêt une importance nouvelle pour nombre de
pays et de régions de l’espace MED. En Espagne par exemple, la Stratégie pour la
Science, la technologie et l’innovation de février 2013 s’inscrit dans la lignée du
programme Horizon 2020 et cible l'excellence scientifique, la primauté industrielle,
les défis sociétaux. Elle met également l’accent sur les ressources humaines où la
question de la "fuite des cerveaux" (accentuée avec la crise) est régulièrement évoquée
par la communauté scientifique29.
Par ailleurs, il est important de ne pas limiter l’innovation aux seuls secteurs
technologiques et scientifiques : l’innovation est également sociale et
environnementale (éco-innovation).
Les objectifs de l’innovation sociale sont ainsi rappelés dans la préface du Guide de
l’innovation sociale édité par la Commission Européenne 30: « nous devons porter un
regard neuf sur les politiques sociales, sanitaires et de l’emploi, mais également sur
l’éducation, la formation et le développement des compétences, l’aide aux entreprises,
la politique industrielle, le développement urbain, etc., pour garantir une croissance
durable sur le plan écologique et social, des emplois et une bonne qualité de vie en
Europe ». L’innovation sociale est un élément important de la stratégie Europe 2020
et de la politique de cohésion de l’UE. Dans le cadre stratégique commun des
prochains fonds européens, elle est entre autres envisagée au travers des objectifs
thématiques 1, 8, 9 et 10. Elle est même directement ciblée par la deuxième priorité
d’investissement de l’OT1 « promotion des investissements R&I par les entreprises, du
développement de produits et de services, …de l'innovation sociale et des applications
de services publics, …».
En Italie par exemple, les coopératives sociales ont historiquement un grand rôle dans
l’organisation économique et sociale. En septembre 2011, on recensait en Italie plus de
11 000 coopératives sociales et consortia, soit 350 000 membres (auxquels s’ajoutent
30 000 personnes défavorisées employées dans ces coopératives). Elles ont d’ailleurs
connu une croissance de 57,7% au cours des six dernières années 31. En France, le
secteur de l’économie sociale et solidaire est considéré comme un vecteur de
croissance à long terme, en lien notamment avec le vieillissement de la population.
Des initiatives en région essaiment pour soutenir les innovations dans le domaine, on
peut citer par exemple l’Incubateur régional Alter’Incub en Languedoc Roussillon,
premier incubateur dédié aux entreprises innovantes du domaine, ou les Clubs
d’investisseur en économie solidaire (CIGALES).
28 Note de l’ambassade de France en Italie sur les clusters italiens
http://www.ambafrance-it.org/IMG/pdf/LES_CLUSTERS_ITALIENS.pdf
29Estrategia espanola de ciencia y tecnologia y de innovacion 203-2020
http://www.mineco.gob.es/stfls/mineco/prensa/ficheros/noticias/2012/130201_ESTRATEGIA.pdf?bcsi_s
can_1fe59ba8c561fa18=1
30 http://ec.europa.eu/regional_policy/sources/docgener/presenta/social_innovation/social_innovation_2
013.pdf
31 La capacité d’innovation et d’exploration des nouveaux secteurs coopératifs : le cas italien, Enzo Pezzini,
Confederazione Cooperative Italiane
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 14
En Grèce en revanche, le mouvement de l’économie sociale et solidaire est encore
faible. Pour pallier ces faiblesses et sous l’impulsion de l’Union Européenne, le
Parlement a voté en 2011 une loi-cadre pour le développement de l’économie et
l’innovation sociales : celle-ci doit venir dans le contexte de crise économique donner
aux coopératives un rôle plus grand dans l’économie locale32.
L’éco-innovation est aujourd’hui définie par l’Observatoire des éco-innovations
comme une innovation qui contribue à faire diminuer l’utilisation des ressources
naturelles et les émissions de substances polluantes. Elle correspond à un changement
dans la conception de l’éco-innovation qui ne concerne plus les seules industries
environnementales mais est intégrée de façon transversale à l’ensemble des activités
économiques.
Des initiatives intéressantes ont d’ores et déjà été menées dans le cadre du programme
MED sur ce thème de l’éco-innovation : elles se fondent tant sur les besoins
environnementaux du territoire (cf. constats de vulnérabilité environnementale
présentés sous l’objectif de croissance durable) et sur le potentiel de recherche et
d’innovation de l’espace (cf. Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Celles-ci
seront d’ailleurs capitalisées dans le cadre du projet ECO-SCP-MED approuvé en
mars 2013 : ce projet, coordonné par l’Institut technologique d’Andalousie a pour but
d’assurer la durabilité de la chaine logistique des principaux produits et services de
l’espace MED, en renforçant l’éco-innovation et la compétitivité via la coopération
transnationale.
2.1.2 Technologies de l’information et de la communication
La dernière période a été marquée par des efforts importants en termes
d’infrastructures et de connexion des territoires au haut et haut très haut débit.
Une marge de progrès importante existe encore pour d’une part compléter le
niveau des équipements (notamment sur les dernières technologies) et d’autre
part veiller à la dissémination de l’utilisation des technologies d l’information et
de la communication par les citoyens, les administrations, les entreprises.
La dimension territoriale de la société de l’information et de la communication couvre
non seulement les conditions essentielles de la participation des ménages, des citoyens
et des entreprises à la société de l’information et de la communication (équipements
informatiques, connexions Internet, accès en haut débit et très haut débit, etc.) mais
aussi les compétences nécessaires à la participation de la société de l’information
(compétences variables en fonction de l’âge, du niveau d’études, du niveau de revenus,
etc.) et les types d’activités en ligne (achats, liens avec le service public, etc.).
Il est important de voir en préalable qu’à l’échelle internationale, l’Europe est en
retard par rapport aux autres pays les plus riches, du fait notamment de la
fragmentation des marchés, le manque d’interopérabilité, une confiance toujours
limitée dans la sûreté des réseaux et les services en ligne, un manque de compétences
des utilisateurs, etc. Aucun des pays de l’espace MED ne figure parmi les 20 pays les
plus connectés.
A l’échelle des pays du programmes, on constate qu’au sein de l’Europe, les régions de
l’espace MED ont des taux de pénétration de l’Internet, en débit traditionnel et haut
débit : si Malte et la France se situent au-dessus de la moyenne européenne pour le
débit traditionnel et le Portugal au-dessus de cette moyenne pour le haut débit, les
autres pays de l’espace MED sont en deçà des moyennes européennes.
32 http://www.essenregion.org/site/L-ESS-grecque-n-est-plus-tout-a?id_mot=6
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 15
Graphique 1
Taux de pénétration en haut et très haut débit Internet (Janvier 2012)
Source : Digital agenda scoreboard 2012
A l’échelle des régions du programme (et pour les données disponibles pour ce niveau
infra-étatiques), le premier indicateur de la société de l’information est l’accès des
ménages au haut débit : en 2009, à l’exception de la Catalogne et des régions
françaises, moins de 50% de la population des régions avaient accès à
Internet en haut débit (cf. carte ci-dessous). La carte de l’utilisation régulière
d’Internet par les ménages et notamment celle d’utilisation des services marchands en
ligne ou la carte du e-gouvernement (utilisation de l’administration en ligne par les
citoyens) sont d’ailleurs sensiblement les mêmes.
Carte 9 Accès des ménages à Internet en haut débit (Source : Eurostat GISCO 2010)
Par ailleurs, dans certaines régions (Sud de l’Italie, Grèce, Portugal, Chypre)
en 2009, plus de 45% de la population n’avait jamais utilisé Internet.
Corrélativement, les compétences informatiques des ménages sont faibles pour
l’espace MED, notamment pour la Grèce, l’Italie et dans le Sud de l’Espagne où elles se
situent en deçà des moyennes européennes33.
Il faut noter toutefois qu’au cours des dernières années, une évolution des
technologies et des usages a eu lieu. Les réseaux à haut débit se développent en
33 Eurostat Gisco 2010
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 16
même temps que la pratique des ménages. On constate en effet que sur la
période 2008-2010, le nombre de personnes ayant utilisé Internet a cru de façon
importante dans les régions MED (sans pour autant rattraper leur retard par rapport
aux autres ménages européens). Ce processus de convergence des régions les moins
connectées peut être une opportunité pour, à l’échelle d’un programme de coopération
transnationale, réduire à moyen terme la fracture numérique entre les territoires.
Carte 10
Développement d’une utilisation régulière d’Internet de 2008 à 2010
(en changement annuel moyen du pourcentage de personnes ayant utilisé Internet ;
Source : Eurostat GISCO 2010)
En termes d’administration en ligne, qui reflète d’une part l’offre de services des
administrations locales ou nationales et d’autre part l’utilisation faite pas les
citoyens 34 , l’espace MED est également en deçà des pratiques européennes : la
Slovénie est le premier pays de l’Espace MED avec 40% des particuliers de 16 à 74 ans
qui utilisent Internet pour ses contacts avec l’administration, puis la France (36%),
l’Espagne (32%), Malte (28%), le Portugal (23%), Chypre (22%), l’Italie (17%), la
Croatie (16%) et la Grèce (13%).
2.1.3 Compétitivité des entreprises, notamment des PME
Le tissu économique de l’espace MED est très largement structuré autour de ses
nombreuses PME dont le poids dans l’économie est bien supérieur à celui des
autres économies européennes. La question de la compétitivité des entreprises est
donc avant tout celle des PME.
Cette compétitivité des entreprises sur l’ensemble de la zone est fortement
hétérogène, bien que certains éléments communs la caractérise ; elle repose
notamment sur une clusterisation importante des entreprises (à l’exemple de
l’Italie notamment) et une forte dynamique de création d’entreprises ; elle est
limitée par des éléments communs (notamment, un difficile accès au
financement).
La crise économique et financière a souligné la nécessité pour l’économie européenne
d’être davantage compétitive et dans le même temps plus durable en achevant la
transition vers une économie à faible émission de carbone et à gestion efficace des
ressources. Dans le cadre du nouveau modèle de croissance de la Stratégie Europe
2020, une nouvelle approche des politiques industrielles est promue et repose entre
autres sur l’initiative phare «Une politique industrielle à l'ère de la mondialisation»,
qui vise à améliorer l’environnement des entreprises, en particulier des PME, et à
soutenir le développement d'une assise industrielle forte et durable, à même
d'affronter la concurrence mondiale. Dans cette perspective, il est donc essentiel
d’accroitre la productivité de l’industrie manufacturière et des services associés et en
particulier de soutenir le potentiel de création de richesses et d’emplois des PME qui à
34 Données Eurostat 2010
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 17
l’échelle européenne représentent 67% des emplois secteur privé et 58% du PIB 35.
Pour l’espace MED, cette question est d’autant plus cruciale que les PME
ont une place prépondérante dans l’économie. En Espagne, on comptait en
2009 2,7 millions de PME, soit 11,1 millions de salariés. En Italie, on comptait 3,9
millions de PME, soit 12,6 millions de salariés 36 . Les graphiques ci-dessous
présentent la place des PME dans les économies nationales : ils font très nettement
apparaître la part importante des TPE (moins de 9 salariés) dans les pays MED, ainsi
que leur contribution à la création de richesses (en Grèce et en Italie, environ 70% de
la valeur ajoutée provient des PME, entreprises de moins de 250 salariés).
Graphique 2
Ventilation des entreprises par taille (en nombre de salariés) dans les
économies nationales (2008, 2007 pour la Grèce et la France ; OCDE, Panorama de
l’entrepreneuriat 2012)
Graphique 3
Valeur ajoutée des entreprises par classe de taille – en nombre de
salariés (2008 ou dernière année disponible ; source : OCDE Panorama de
l’entrepreneuriat 2012
Ces PME sont majoritairement des entreprises dont le capital et la gouvernance sont
de nature familiale, dans une logique de parentèle élargie. Présentes dans des secteurs
de moyenne et basse technologies (agroalimentaire, machine outils, matériel de
bureau, optique, métallurgie, etc.), elles emploient une main d’œuvre nombreuse,
moins formée. Leur activité de R&D est avant tout celle d’une innovation
incrémentale, moins d’innovation de rupture37.
Il convient par ailleurs de souligner la forte « clusterisation » de ces PME dans
certains des pays/régions du programme, et notamment de l’Italie : le
système économique des PME italiennes est en effet historiquement organisé autour
35 European Commission (2010): An Integrated Industrial Policy for the Globalisation Era Putting
Competitiveness and Sustainability at Centre Stage. Communication SEC(2010) 1272, SEC(2010) 1276.
36 Source : Eurostat 2009
37 Les PME : définition, rôle économique et politiques publiques, Nadine Levratto (2009)
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 18
des districts industriels, regroupements d’entreprises par secteur dans des zones
géographiques délimitées entamés déjà au début du XXème siècle et dont les
avantages en termes de mutualisation et réduction des coups notamment ont été
avérés et s’est développé avec la création depuis 2002 des districts technologiques.
La compétitivité des entreprises à laquelle s’attache l’objectif de
croissance intelligente est une donnée complexe qui résulte de la combinaison de
différents facteurs, dont la productivité de l’entreprise n’est pas le seul déterminant
(les perspectives de long terme ou aspects sociétaux peuvent également être pris à
prendre en compte). La Commission a d’ailleurs créé un «Index de la compétitivité
régionale », indicateur composite qui traduit la complexité de cette donnée et repose
sur trois piliers : fondamentaux, efficacité et innovation 38 . Cette étude tend à
relativiser en partie la prédominance d’une banane européenne par rapport à la
périphérie et met en évidence un schéma plus polycentrique et la forte compétitivité de
régions de la périphérie.
Pour les régions du programme MED, les trois piliers « fondamentaux», « efficacité »
et « innovation » se recoupent dans leurs grandes lignes et mettent en évidence une
typologie des régions du programme MED en termes de compétitivité des
entreprises. On trouve dans un « groupe de tête » avec des résultats au-dessus des
moyennes européennes, la Catalogne, PACA, Rhône-Alpes, la Lombardie, le Latium, la
Slovénie occidentale et parmi les régions les moins compétitives, la Corse, la
Sardaigne, Chypre et la majorité des régions grecques (les autres régions du
programme se trouvant dans une zone intermédiaire, souvent en deçà des moyennes
européennes). Les trois cartes ne sont toutefois identiques et soulignent les spécificités
des différentes régions :

Pour les fondamentaux de la compétitivité (institutions, stabilité
macroéconomique, infrastructures, santé et enseignement), la Catalogne,
le Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes et PACA se situent au-dessus de la
moyenne européenne. Les autres régions sont en deçà de cette moyenne et
la Sardaigne et les régions grecques ont en la matière les « scores » les
plus bas.

Pour les données relatives à l’efficacité de la compétitivité (enseignement
supérieur et formation, efficacité du marché du travail), la Catalogne,
PACA, Rhône-Alpes, l’Emilie-Romagne, la Lombardie, la Vénétie, le
Latium, la Slovénie Orientale et la Slovénie Occidentale se situent audessus de la moyenne européenne. Les autres régions et notamment la
Corse, la Sardaigne, le Basilicate, le Molise et la majorité des régions
grecques se situent en deçà de la moyenne européenne.

Pour les facteurs ayant trait à l’innovation (performances technologiques,
sophistication de l’économie, innovation), la Catalogne, le LanguedocRoussillon, PACA, la Lombardie, le Latium, la Slovénie occidentale et
surtout Rhône-Alpes se situent au-dessus de la moyenne européenne. Les
autres sont en deçà et notamment la Calabre et les régions grecques (sauf
la Macédoine).
Par ailleurs, dans le contexte de crise économique auquel sont confrontées les régions
de l’espace MED, la question du besoin de financement et de l’accès au
financement des entreprises est un élément fort de leur compétitivité.
38http://ec.europa.eu/enterprise/policies/industrial-competitiveness/competitiveness-
analysis/seminars/files/bbs_annoni_dijkstra_paper_en.pdf
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 19
Une étude Eurostat de 2011 s’est penchée sur la question du taux de succès des
entreprises dans leurs demandes de crédits bancaires avant et après la crise 39 : pour
l’ensemble des pays européens (avec quelques exceptions toutefois : Allemagne,
Finlande, Suède), le taux de refus a fortement augmenté entre 2007 et 2010. Pour les
pays de l’espace MED, et notamment la Grèce, l’Espagne, l’Italie et Chypre, le taux
d’acceptation est inférieur à 80%.
Tableau 2
Taux de succès des entreprises dans leurs demandes de crédits
bancaires (Eurostat 2011)
Avis
favorable
Grèce
Espagne
France
Italie
Chypre
Malte
87,6
87,3
94,4
86,6
93,2
94,3
2007
Avis
partiellement
favorable
11,7
9,7
3,6
12,2
6,8
5,7
Avis
défavorable
Avis
favorable
0,7
3,0
2,0
1,2
0,0
0,0
59,6
59,1
83,3
78,4
76,7
91,3
2010
Avis
partiellement
favorable
29,6
27,8
0,7
16,7
19,1
6,5
Avis
défavorable
10,8
13,2
7,0
4,9
4,2
2,2
Un dernier élément à prendre en compte est la dynamique d’entreprenariat et de
création d’entreprise : cette dernière est légèrement plus faible pour l’espace MED
qu’à l’échelle européenne : elle est de 9,2% pour MED contre 10,3%, pour l’UE, avec le
taux le plus fort enregistré en Bulgarie (17,4% 40). Par ailleurs, ce taux varie fortement
d’un pays MED à l’autre41 : en 2009 à Chypre, le taux de création d’entreprise 42 était
de 3%, en Espagne et en Italie de 7,2%, alors qu’il était au Portugal et en Slovénie de
11,3% et en France de 15,4%.
Le Global Entrepreneurship Monitor (GEM) 43 est une initiative de la London
Business School qui mène des études spécifiques sur l’entreprenariat à travers le
monde. Les indicateurs portent sur la volonté de la population à créer et gérer une
entreprise. L’un de ces indicateurs (TEA, Total Early Stage Entrepreneurial Activity)
est le pourcentage de la population âgée de 18 à 64 ans qui est actuellement impliquée
dans la création d’une entreprise ou qui est actuellement à la tête d’une entreprise
récemment créée. En 2010, ce sont en France (ensemble du pays) et en Grèce que ces
chiffres étaient les plus élevés (5,8% pour la France et 5,5% pour la Grèce, contre 4,4%
pour le Portugal, 4,3% pour l’Espagne et 2,4% pour l’Italie).
Il faut rappeler toutefois qu’il y a différentes explications à l’entreprenariat : celui-ci
peut être motivé par la nécessité ou par l’opportunité. Il s’agit dans le premier cas de
créer son entreprise car c’est la seule opportunité de trouver un emploi ; il s’agit dans
le second cas, d’une réelle opportunité d’affaires (pour être indépendant, gagner plus,
etc.). Si le second traduit davantage l’idée de précarité, le second est un indicateur de
l’entreprenariat comme accélérateur de la croissance économique.
La Grèce, l’Espagne, l’Italie et le Portugal se trouvent dans le premier cas de figure ; en
France, la perspective de créer une entreprise pour l’opportunité qu’on y voit est plus
forte. Par ailleurs l’environnement règlementaire influe également fortement les
comportements.
39 http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index.php/Access_to_finance_statistics
40 Données Eurostat 2012
41 Les données ne sont pas disponibles au niveau des NUTS2 (Données Eurostat 2012)
42 Nombre d’entreprises créées dans l’année par rapport au nombre d’entreprises existantes
43 http://www.gemconsortium.org
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 20
2.2 Matrice AFOM de l’objectif « Croissance intelligente » de l’espace MED
Objectifs
thématiques
1) renforcer la
recherche, le
développement
technologique et
l'innovation
Atouts
Faiblesses
 Une forte attractivité du
territoire
 La faiblesse de l’investissement
dans la R&D
 Des régions motrices en termes
de recherche et développement
à l’échelle européenne, voire
mondiale (Rhône-Alpes,
Trentin, Catalogne, Lombardie,
Latium, PACA, Slovénie, etc.)
 Une faible proportion de
personnel dédié à la R&D dans
la population active
 Des secteurs de compétences
forts autour de certains
secteurs portés par le cadre
naturel, la compétence des
structures de recherche et la
spécialisation des entreprises :
agriculture et agro-alimentaire,
chimie, matériaux, maritime,
etc.
 Un modèle d’innovation basée
sur la diversification et/ou
l’application (et non sur
l’innovation de rupture)
 Un nombre de dépôt de brevets
encore faible
Opportunités
 Un investissement croissant
dans la R&D depuis quelques
années
 Une hausse légère (sauf 2008 et
2009) du nombre de demande
de brevets déposés
 Des secteurs de spécialisation
de la R&D sur l’agroalimentaire,
la construction et l’écoconstruction, la chimie et les
plastiques, le maritime, le
tourisme, etc.
Menaces
 Une économie fortement
touchée par la crise économique
et les crises de la dette depuis
2010, entrainant une récession
importante
 La concurrence croissante des
pays du Sud et de l’Est de la
méditerranée (portée par des
innovations dans
l’agroalimentaire par exemple)
 Un réseau d’acteurs de
l’innovation important et
diversifié (cluster, grappes
d’entreprises, centre de
transferts technologiques, etc.)
 Une forte tradition d’innovation
sociale, notamment en Italie
autour du modèle des
coopératives
 Des acteurs de l’innovation
déjà engagés dans des stratégies
de coopération
régionale/internationale
 Un potentiel important en
termes d’innovation sociale et
d’éco-innovation
2) améliorer
l’accessibilité aux
technologies de
 Une couverture renforcée en
haut débit
 Une utilisation croissante des
 Un accès encore limité au haut
débit sur l’ensemble du
territoire
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
 Le développement du très haut
débit
 Des secteurs de spécialisation
 De fortes inégalités entre les
régions et un retard certain par
rapport à l’utilisation des TIC
21
l’information et de
la communication
(TIC), leur
utilisation et leur
qualité
3) améliorer la
compétitivité des
PME
TIC par les particuliers, les
entreprises et les citoyens
 Des compétences informatiques
des particuliers plus faibles que
dans les autres pays européens
 Une utilisation encore faible
des services d’administration en
ligne
 Une forte attractivité du
territoire, essentielle pour le
secteur du tourisme
 Des régions de forte
compétitivité des entreprises au
sein de l’espace MED :
Catalogne, PACA, Rhône-Alpes,
Piémont, Lombardie, Latium,
Slovénie occidentale, etc.
 Les politiques publiques de
soutien aux entreprises portent
leurs fruits (pour l’innovation et
la compétitivité des entreprises
essentiellement, notamment
quand elles sont ciblées).
 L’influence d’activités
traditionnelles sur le profil
économique et des PME actives
dans des secteurs de basse et
moyenne technologie
 Une innovation essentiellement
incrémentale et de faible valeur
ajoutée dans les PME qui
représente l’essentiel du tissu
économique MED
de la R&D sur les TIC (exemple
du cluster Torno Wireles dans
le Piémont, du cluster TIC de
Lombardie, -de Telecom Valley
à Sophia-Antipolis)
 Des taux de création
d’entreprises élevés dans
certaines régions MED
(Portugal, Slovénie, France)
 La forte clusterisation des PME
de l’espace MED, à l’exemple de
l’Italie dans la lignée des
« districts industriels »
 Malgré une tendance à la
clusterisation des PME, la
majorité d’entre elles reste
isolées et peu intégrées dans
des réseaux.
 Des besoins formulés en termes
de mise en réseau des
entreprises : entre entreprises
(notamment des grandes
entreprises avec des plus
petites), avec des centres de
recherche et d’innovation (au
sein de l’UE, mais également au
sein de l’ensemble de l’espace
MED)
 De fortes disparités régionales
et des régions de faible
compétitivité (Corse, Sardaigne,
Chypre, etc.)
 Des besoins formulés sur
l’internationalisation des
actions des entreprises,
notamment des PME.
 Un accès parfois limité au crédit
bancaire
 Des besoins formulés en termes
de compétences (plutôt qu’en
termes de connaissances) pour
les entreprises
 Une faible productivité des
entreprises
 Les entreprises ont une faible
connaissance des enjeux de
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
 Une forte récession dans la
majorité des régions MED qui
impacte le développement des
entreprises : des faiblesses
structurelles du tissu
économique renforcées par la
crise économique
 Des difficultés d’accès au
financement des entreprises
renforcées avec la crise
22
propriété intellectuelle.

 La question de la responsabilité
sociale des entreprises est
encore très récente pour les
entreprises de l’espace MED
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
23
2.3 Conclusions pour l’objectif « Croissance intelligente » du territoire MED
2.3.1 Enseignements de la mise en œuvre du PO 2007-2013 en matière de croissance
intelligente
L’objectif croissance intelligente de la Stratégie Europe 2020 est aujourd’hui traduit
dans le PO MED 2007-2013 par :

L’axe prioritaire 1 : renforcement des capacités d’innovations :

Objectif 1.1 : Diffusion des technologies innovantes et des savoir-faire

Objectif 1.2 : Renforcement des coopérations stratégiques entre acteurs du
développement économique et autorités publiques

L’axe prioritaire 3, l’objectif 3.2 : Soutien à l’utilisation des technologies de
l’information pour une meilleure accessibilité et coopération territoriale
A ce jour, la programmation sur l’axe 1 indique que 60 projets ont été approuvés sur
la base des appels à projets classiques (pour un budget total FEDER de plus de
65M€). Ces projets consistent par exemple en la constitution de partenariats et de
réseaux, faisant le lien entre entreprises et centres de recherche et ayant vocation à
faciliter les transferts de technologies ainsi, que la diffusion de pratiques innovantes
et de savoir-faire. Nombre de ces projets portent sur la réalisation d’études et la
définition d’outils, de cartographies, de plateformes d’échanges et de méthodes ; les
résultats concrets restent par conséquent difficiles à appréhender. On estime
toutefois à plus de 500 le nombre de partenaires impliqués et à plus de 2000 le
nombre d’entreprises impliquées dans des actions transnationales.
Pour l’objectif 3.2 de l’axe 3, on compte aujourd’hui trois projets approuvés. Le
programme a par exemple permis de soutenir des actions collectives permettant un
usage plus efficace des TIC par la population, les administrations et les opérateurs
économiques. Cependant, le nombre de projets soumis sur cet objectif, et ce malgré
des appels à projets spécifiques, reste en deçà des attentes : le nombre limité des
acteurs dans le secteur, qui se retrouvent d’ailleurs sur différents projets est une
explication.
2.3.2 Spécificités et valeur ajoutée de la coopération transnationale, conditions de
mise en œuvre des projets
Pour l’objectif de croissance intelligente comme pour les autres objectifs de croissance
de l’Union, la définition de la stratégie et la sélection d’objectifs thématiques doit
prendre en compte différents paramètres :

La spécificité de la dimension transnationale : la Commission rappelle que la
coopération territoriale européenne est un « mécanisme… pour échanger les
bonnes pratiques et apprendre à diffuser le savoir-faire (pour améliorer la
compétitivité, par exemple) ; grâce à la coopération, la solution à un problème
donné peut gagner en efficacité par la réalisation d’économies d’échelle et
l’obtention d’une masse critique (la création de groupements pour favoriser la
recherche et l’innovation est un bon exemple de cela); la coordination des
politiques sectorielles, des actions et des investissements à l’échelle
transfrontalière et transnationale peut permettre d’améliorer la gouvernance ».
Elle rappelle également la nature spécifique des actions de coopération
territoriale (et notamment transnationale) qui sont essentiellement des actions
immatérielles, des projets d’échanges d’expériences, d’échanges de bonnes
pratiques, de politiques publiques. Dans le même temps toutefois, la Commission
indique que les programmes de coopération, dont les programmes
transnationaux, doivent apporter des solutions concrètes à un problème donné et
rassembler une masse critique de partenaire pour mieux y répondre. Le
programme MED pourrait pour 2014-2020 d’ailleurs développer une nouvelle
approche quant à la typologie des projets afin de permettre une « montée en
gamme » des projets et dépasser les projets d’échanges en proposant trois types
différents de projets et une structuration par étape des projets :

Les projets stratégiques en trois phases (possibles mais non nécessaires) : 1)
études et analyses, 2) expérimentation, 3) capitalisation ;

Les projets réseau institutionnel/lobbying/dissémination, en deux phases, la
phase d’expérimentation n’étant pas jugée nécessaire ;

Les microprojets, en deux phases : 1) définition des plans d’actions plus
identification et sélection des PME et 2) activités pilotes, tests.

La capacité financière du programme à répondre aux enjeux du territoire. Les
crédits consacrés à la coopération transnationale ne permettent pas de financer
des investissements lourds. S’il est incontestable que les transports par exemple,
le développement d’infrastructures portuaires durables, constituent des enjeux
importants pour la zone, l’intervention du programme MED ne peut concerner
majoritairement que des approches favorisant la coordination, des études de
faisabilité en amont de grands projets d’infrastructures ou l’échange de bonnes
pratiques.

La valeur ajoutée de l’intervention du programme MED par rapport à d’autres
programmes de financement (FEDER, FSE, FEAMP avant tout). Il convient de
s’interroger sur la bonne échelle d’intervention et d’appliquer le principe de
subsidiarité.
La question de la recherche et développement et de l’innovation sera largement
abordée et financée par les programmes opérationnels régionaux qui doivent répondre
au même objectif de croissance intelligente. L’enjeu pour le programme MED n’est
donc pas tant le financement de l’innovation par de nouveaux dispositifs, que la mise
en réseau des acteurs dans une double logique d’expérimentations de nouvelle
solutions innovantes à une échelle territoriale critique et d’échange de bonnes
pratiques, avec comme objectif leur intégration dans les politiques régionales. Il peut
être intéressant notamment de s’assurer que les résultats obtenus dans les régions les
plus avancées du programme puissent trouver des retombées ou des mises en
application sur les autres régions du programme.
2.3.3 Principaux enjeux du programme MED 2014-2020 en termes de croissance
intelligente et traduction
d’investissements
en
termes
d’objectifs
thématiques
et
priorités
Les données mobilisées précédemment indiquent globalement que la région est encore
souvent loin des objectifs que s’est fixée l’Union Européenne dans le cadre de la
Stratégie Europe 2020. L’économie de l’espace MED pâtit de la faiblesse des
investissements en R&D, d’un modèle d’innovation basé sur la diversification et
l’adaptation davantage que sur la création, d’un manque de compétitivité de ses
entreprises, d’un accès moins développé que dans les autres pays européens aux
technologies de l’information et de la communication. La crise économique qui a
touché l’Europe et tout particulièrement l’espace MED avec la crise des dettes
souveraines est venue aggraver des faiblesses structurelles de l’économie et dans le
même temps souligner la nécessité de soutenir la compétitivité des entreprises, par
d’une part le renforcement du lien recherche-développement-innovation à destination
des entreprises et d’autre part le renforcement de la compétitivité des PME.
Le renforcement du lien recherche-développement-innovation à
destination des entreprises est une priorité pour l’espace MED. En effet, l’espace
MED est extrêmement hétérogène en termes de potentiel de RDI, mais plusieurs
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 25
problématiques communes émergent des stratégies régionales d’innovation 44 et
justifient une approche transnationale : l’espace MED compte quelques grands pôles
de recherche et d’innovation mais le tissu économique éprouve une grande difficulté à
s’emparer des résultats de la recherche pour les convertir en nouveaux produits, en
nouveaux procédés ou services.
En assurant la connexion entre les clusters régionaux, il est possible d’atteindre une
masse critique de compétences et de financement de RDI, une fertilisation croisée des
idées et des initiatives des entreprises. De plus, les acteurs publics appuient fortement,
et depuis des années, les logiques de concentration d’entreprises et de collaboration
entreprises/recherche/formation via des politiques de soutien aux pôles de
compétitivité en France et aux clusters de façon générale. Ces derniers peuvent fournir
un point d’appui aux projets de coopération transnationale.
Un programme transnational pourrait donc offrir une échelle d’intervention
pertinente pour le développement de relations inter-pôles et inter-clusters.
Dans une logique de « spécialisation intelligente » des territoires, logique que pousse
la Commission européenne dans le cadre des programmes opérationnels régionaux, il
est nécessaire de mieux focaliser les interventions sur des secteurs et filières
d’innovation communs à l’espace MED, qui constituent des éléments forts
d’identité et de développement du territoire : on citera à titre d’exemple le modèle
agricole et agro-alimentaire méditerranéen ou la croissance bleue (cf. focus
spécifiques).
L’objectif thématique n°1 « renforcer la recherche, le développement
technologique et l’innovation » répond à ces enjeux avec notamment la priorité
d’investissement 1b « Promotion des investissement d’innovation et de recherche, et le
développement des liens et des synergies entre les entreprises, les centres de R&D et
d’enseignement supérieur, en particulier pour le développement de produits et
services, le transfert de technologies, l’innovation sociale et les applications de
services publics, le soutien à la demande, la création de réseaux, de clusters,
d’innovation ouverte à travers une spécialisation intelligente soutenant la recherche
technologie et appliquée, les lignes pilotes, actions de validation précoce des produits,
des capacités de fabrication avancée et de la première production dans le domaine des
technologies génériques essentielles, et de la diffusion de technologies à des fins
générales », et notamment :

Les actions de soutien à la création d’entreprises innovantes ;

Les actions d’échanges et de développement de services d’accès au financement
des entreprises innovantes (dans le domaine par exemple du pré-amorçage, de
l’amorçage pour les fonds propres des jeunes entreprises innovantes du
territoire ; de la formation des entrepreneurs à la levée de fonds, etc.) ;

Les actions de diffusion des TIC pour le développement de nouveaux services
marchands et services publics ;

Les opérations et projets de démonstrateurs facilitant la mise sur le marché des
innovations par les PME du territoire ;

Les actions de coopération inter-clusters et le développement de programmes
d’actions conjoints en faveur du développement de nouvelles offres de services à
leurs entreprises (internationalisation, accès au financement, accès à des offres de
formation, développement de l’usage des TIC, etc.) ;

Les programmes de R&D collaboratives transnationales impliquant les centres de
recherche, centres de transfert, acteurs de la formation et secteur privé sur des
domaines clés (agriculture et agro-alimentaire, chimie, matériaux, etc.).
44 Voir la plateforme de suivi des stratégies régionales d’innovation – www.rim-europa.eu (DG Entreprise,
Commission européenne).
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 26

Les actions de développement d’outils communs ou conjoints de valorisation des
résultats de la recherche ;

Les actions de renforcement des moyens de maturation technologique et de
transfert de technologie dans les établissements d’enseignement supérieur et de
recherche ;

Les actions de mise en place de plate-forme technologique mutualisée ou en
réseau offrant l’accès à des équipements scientifiques pour les PME de l’espace
MED ;

Les projets démonstrateurs associant recherche, collectivités, entreprises pour le
test à grande échelle de nouveaux services ou nouveaux produits (par exemple
dans le domaine de la mobilité urbaine, de la gestion de l’eau, de l’efficacité
énergétique des bâtiments, de l’usage des TIC, etc.).
La priorité d’investissement 1a consacrée au « développement d'infrastructures de
recherche et d'innovation (R&I) » est moins pertinente à l’échelle du programme
MED dans la mesure où ces actions sont généralement prises en compte dans les
programmes opérationnels régionaux (voire dans le cadre du PCRD pour les grands
équipements) et requièrent des investissements financiers hors de portée d’un
programme de coopération transnationale.
Notons de plus que compte-tenu des caractéristiques du tissu économique de l’espace
MED, le soutien à l’innovation ne doit pas se limiter au soutien à
l’innovation technologique, mais comprendre également l’innovation non
technologique (innovation organisationnelle, marketing, sociale, éco-innovation,
etc.)
La coopération transnationale peut également être un moyen de développer
l’innovation sociale et l’éco-innovation au sein du territoire MED. La dimension
transnationale est en effet une échelle d’action pertinente pour ce type d’actions et
l’intégration de pratiques éco-innovantes par exemple dans les activités économiques
traditionnelles (exemples des symbioses industrielles, du développement des cycles de
vie des produits, etc.).
Par ailleurs, l’objectif de croissance intelligente de l’espace MED passe par
la prise en compte également de l’enjeu des PME et leur compétitivité, en
particulier dans les filières économiques clés de l’espace MED (agro-alimentaire,
tourisme, construction, etc.). Cet objectif d’accompagnement des entreprises, est
essentiel, tant au regard du poids économique des PME dans les pays que de la
vulnérabilité de ces mêmes entreprises.
La traduction de ces enjeux passe par la sélection de l’objectif thématique n°3
« améliorer la compétitivité des entreprises » et ses deux priorités d’investissement :
priorité d’investissement 3a « Promotion de l'esprit d'entreprise, en particulier en
facilitant l'exploitation économique des nouvelles idées et en stimulant la création de
nouvelles entreprises et priorité d’investissement 3b « Développement de nouveaux
modèles d'activité à l'intention des PME, en particulier en vue de favoriser leur
internationalisation », avec par exemple :

des actions dans le domaine de l'accès au financement des entreprises (hors
innovation), par exemple mise en réseau des business angels, développement de
formations à la levée de fonds pour les PME, développement de formations aux
instruments d’ingénierie financière pour les autorités de gestion des fonds
européens et autres acteurs publics, etc. ;

la mise en réseau des pépinières et incubateurs d'entreprises, et le développement
de méthodologies/process communs d'accompagnement des entreprises en
création et des jeunes entreprises ;

des actions d’échange sur l’accompagnement des entreprises dans l’amélioration
de leur performance ;
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 27

des actions d'échange et projets pilotes dans le domaine de la reprise/transmission
des entreprises ;

des projets de coopération pour l’organisation de conventions d’affaires entre
PME de la zone.
Notons toutefois que nombre des enjeux de la compétitivité des entreprises peuvent
également être abordés sous l’angle de l’objectif n°1, dès lors que les entreprises
s’inscrivent dans une logique d’innovation.
Par ailleurs, la Commission a renouvelé pour 2014-2020 la possibilité offerte aux
régions dans les PO FEDER, y compris les PO FEDER-CTE, de mettre en place des
outils d’ingénierie financière (dispositifs JEREMIE, JESSICA, etc.) et a
souligné la pertinence de tels outils. Ces dispositifs pourraient, dans un contexte de
crise qui a impacté la capacité du système bancaire à assurer le financement des
entreprises, soutenir les PME en leur facilitant l’accès au financement (accès à une
offre de prêts, de garantie et de capital-risque).
Si elle semble riche en opportunités, la création d’un outil d’ingénierie financière
paraît peu adaptée à la dimension transnationale du programme MED : les outils
d’ingénierie financière relèvent en effet de montages administratifs et financiers
complexes, peu adaptés à l’échelle transnationale. On peut surtout s’interroger sur la
valeur ajoutée d’une intervention transnationale dans le secteur. A l’échelle du
programme, la question pourrait être abordée sous l’angle d’une comparaison entre les
dispositifs et les résultats des différents outils créées par les territoires de l’espace
MED (nombre d’entre eux ont par exemple mis en place des dispositifs JEREMIE
(Grèce, Languedoc-Roussillon, Campanie, Chypre, Sicile, Malte)45. Une étude ad hoc
pourrait également être menée par le programme pour vérifier la pertinence, les
possibilités de mise en œuvre et la valeur ajoutée d’un outil d’ingénierie financière
transnational.
Par ailleurs, le soutien aux TIC prévu par l’objectif thématique n°2 répond
certes aux besoins de l’espace MED mais les succès relatifs des expériences menées au
cours de la programmation 2007-2013 interrogent la pertinence d’une intervention de
dimension transnationale. Le développement des usages liés aux technologies de
l’information et de la communication, qui reste un enjeu important pour les territoires
l’espace MED peut être intégré de manière transversale aux différents objectifs
thématiques qui seront sélectionnés, les TIC devenant un outil, et non une finalité de
projets des autres objectifs thématiques.
Tableau 3
Traduction des enjeux de croissance intelligente en termes d’objectifs
thématiques et priorités d’investissement
Enjeux identifiés
pour l’espace MED
Renforcement du
lien recherchedéveloppement
technologiqueinnovation à
destination des
entreprises
Traduction en
termes d’objectifs
thématiques…
OT1/ Renforcer la
recherche, le
développement
technologique et
l'innovation
… et de priorités d’investissement
PI1b/ Promotion des investissement
d’innovation et de recherche, et le
développement des liens et des synergies
entre les entreprises, les centres de R&D
et d’enseignement supérieur, en
particulier pour le développement de
produits et services, le transfert de
technologies, l’innovation sociale et les
applications de services publics, le soutien
à la demande, la création de réseaux, de
clusters, d’innovation ouverte à travers
une spécialisation intelligente soutenant
45 http://www.eif.org/img/jeremie-funding-agreements.gif
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 28
la recherche technologie et appliquée, les
lignes pilotes, actions de validation
précoce des produits, des capacités de
fabrication avancée et de la première
production dans le domaine des
technologies génériques essentielles, et de
la diffusion de technologies à des fins
générales
Renforcement du
tissu économique
par
l’accompagnement
des PME
OT3/ Améliorer la
compétitivité des
entreprises
PI3a/ Promotion de l'esprit d'entreprise,
en particulier en facilitant l'exploitation
économique des nouvelles idées et en
stimulant la création de nouvelles
entreprises et priorité d’investissement
PI3b/ Développement de nouveaux
modèles d'activité à l'intention des PME,
en particulier en vue de favoriser leur
internationalisation
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 29
3. Diagnostic et analyse AFOM du territoire MED au regard de
l’objectif européen « Croissance durable»
Le développement durable est traditionnellement défini comme « un développement
qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations
futures à répondre aux leurs ». Il s’agit ainsi de faire en sorte que la croissance
d’aujourd’hui ne mette pas en danger les possibilités de croissance des générations
futures.
Les objectifs de l’Union Européenne en matière de croissance durable sont les
suivants :

réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20 % par rapport aux niveaux
de 1990, d'ici 2020. L'Union est prête à pousser cette réduction à 30 % si d'autres
pays développés prennent des engagements du même ordre et si les pays en
développement consentent des efforts à la mesure de leurs moyens, dans le cadre
d'un vaste accord mondial;

faire passer la part des sources d’énergie renouvelables dans notre consommation
finale d’énergie à 20 %;

accroître de 20 % notre efficacité énergétique.
Dans sa stratégie Europe 2020, la Commission Européenne présente les enjeux de la
croissance durable de la façon suivante : « Pour parvenir à une croissance durable, il
convient de construire une économie durable, compétitive et efficace dans l’utilisation
des ressources en s’appuyant sur le rôle moteur de l’Europe dans la course au
développement de nouveaux processus et de nouvelles technologies, y compris des
technologies vertes, en accélérant la mise en place de réseaux intelligents utilisant les
TIC, en exploitant des réseaux à l’échelle de l’UE et en renforçant les avantages
compétitifs de nos entreprises, notamment dans la fabrication et au sein des PME,
ainsi qu’en assistant correctement les consommateurs dans la valorisation de
l’efficacité des ressources. Une telle approche aidera l’UE à prospérer dans un monde
pauvre en carbone disposant de ressources limitées tout en évitant la dégradation de
l’environnement, la diminution de la biodiversité et une exploitation non durable des
ressources. Cela soutiendra également la cohésion économique, sociale et
territoriale »46.
De façon générale, au regard des principaux indicateurs relatifs au
développement durable (utilisation des énergies renouvelables,
concentration en ozone, le degré de vulnérabilité au changement
climatique), les pays de la zone MED se situent souvent en dessous de la
moyenne européenne (UE27). Cependant, le territoire de l’espace MED est
extrêmement hétérogène. Par conséquent, il est important de prendre en compte
la dimension territoriale de la croissance durable lorsqu’on analyse la situation de la
zone MED et que l’on définit des actions prioritaires dans le cadre de cet objectif.
Le schéma ci-dessous est extrait du rapport ESPON TERREVI sur le programme MED
de novembre 2012.
Pour la croissance durable (comme pour la croissance intelligente), les
trois indicateurs sont au rouge, indiquant les faibles performances du
territoire par rapport aux objectifs communautaires. Pour le territoire MED,
le potentiel des énergies éoliennes est en deçà de la valeur médiane de la zone
UE27+4, alors que la concentration en ozone et la vulnérabilité aux changements
46 Communication SEC(2010) 1272, SEC(2010) 1276.
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 30
climatiques sont plus fortes dans l’espace MED que dans la zone UE27+4. Par ailleurs,
les disparités au sein de l’espace MED sur ces trois indicateurs sont élevées.
Figure 2
Positionnement de l’espace MED par rapport aux indicateurs
européens de l’objectif Croissance durable (source : ESPON TERREVI 2012)
3.1 Indicateurs-clés de la croissance durable sur le territoire MED
Les éléments ci-dessous permettent d’étayer le constat posé dans le rapport ESPON
TERREVI et dans la mesure du possible, d’apporter une vision contrastée au sein du
territoire MED.
3.1.1 Production d’énergies renouvelables, distribution d’énergie et efficacité
énergétique
La production d’énergie à partir de sources d’énergie renouvelable dans l’espace
MED, bien que très disparate selon les régions, est non négligeable mais reste
sous-exploités. Par ailleurs, le niveau de dépendance énergétique reste
relativement élevé ; les transports, les ménages et l’industrie sont les plus gros
consommateurs d’énergie.
La production d’énergie à partir de sources d’énergie renouvelable dans
l’espace, bien que très disparate entre les régions MED, est non
négligeable. Des pays comme l’Italie, le Portugal, l’Espagne, la Slovénie sont très audessus de la moyenne européenne. La moyenne de l’électricité provenant de sources
d’énergie renouvelable (biomasse, hydraulique, géothermie éolienne et solaire) est de
20,4% de la production totale d’électricité dans l’Europe à 27 ; elle est de 43,6% au
Portugal, 30,1% en Espagne, 26,2% en Slovénie, 23 ,6% en Italie. 47.
Les principales sources d’énergies renouvelables dans les pays de l’espace MED sont
en 2011, la biomasse et l’énergie hydraulique (voir Tableau 4). Depuis 2007, les
énergies solaires et éoliennes ont continué à progresser mais représentent encore une
faible part de la production totale d’énergie. Cependant les pays de l’espace MED
représentent près de 50% de la production solaire européenne (en tonne équivalent
pétrole), et 40% de la production éolienne.
Tableau 4
Electricité provenant de sources d'énergies renouvelables, 2011 (en
tonnes Equivalent Pétrole ; données Eurostat 2011)
Pays
Energie
solaire
Biomasse/
déchets
renouvelables
Géothermie
Energie
hydraulique
Energie
éolienne
UE 27
Grèce
6062
235
108248
1085
6204
26
26374
345
15393
285
Espagne
France
1348
240
6118
12624
17
83
2631
3854
3649
1052
Italie
Chypre
1069
64
6997
21
5015
1
3940
0
847
10
92
14
3088
554
202
36
992
306
788
0
/
3062
/
30487
/
5380
/
12068
/
6631
Portugal
Slovénie
Malte
Total MED
47 Elle tombe à 12,9% pour la Grèce, 12,8% pour la France, et 6,8% pour Chypre. Données Eurostat 2011
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 31
La dépendance énergétique 48 montre le degré jusqu’auquel l’économie d’un pays
dépend des importations pour faire face à ses besoins énergétiques. L’Union
Européenne à 27 dépend à plus de 50% des importations pour faire face à ses besoins
en énergie. A l’exception de la Slovénie et de la France dont le degré de
dépendance énergétique se situe en dessous de la moyenne européenne, le
niveau de dépendance énergétique des pays de l’espace MED varie de 59% (Italie) à
100% (Malte).
Graphique 4
Dépendance énergétique des pays de l’espace MED en 2011
Source : Données Eurostat 2011
En termes d’intensité énergétique49, en 2010, la France, la Grèce, l’Espagne et l’Italie
affichaient les meilleurs résultats de l’espace MED alors que le Portugal, Malte, Chypre
et la Slovénie dépassent la moyenne de l’Union Européenne à 27 50.
L’Europe s’engage à réduire son emprunte carbone dans l’ensemble du
secteur de l’énergie ce qui devrait encore accroitre le rôle de l’électricité en
comparaison des autres énergies. Il s’agit de produire des sources d’énergie
renouvelables et assurer tout à la fois la sécurité constante des approvisionnements,
particulièrement en gaz, dans un contexte de dépendance croissante aux importations
de sources d’énergie fossiles51.
C’est pourquoi, la Commission Européenne souhaite développer un réseau
énergétique européen intégré apte à relever les défis actuels et futurs. Cette stratégie se
fonde sur 8 corridors prioritaires à développer d’ici à 2020. Il faudra investir près de
mille milliards d’euros dans notre système énergétique d’ici à 2020, afin de respecter
les objectifs en matière de politique énergétique et de climat. Près de la moitié de cette
somme sera nécessaire pour les réseaux, notamment de distribution et de transport
d’électricité et de gaz, pour le stockage, ainsi que pour les réseaux intelligents. Les
réseaux de transport d’énergie nécessiteront à eux seuls quelque 200 milliards d’euros
d’investissements.
La zone MED est concernée par plusieurs couloirs prioritaires dans le secteur de
l’électricité, notamment : i) les interconnexions en Europe du Sud-ouest pour
acheminer l'énergie d'origine éolienne, solaire ou hydroélectrique vers le reste du
continent ; et ii) les connexions en Europe centrale et orientale, ainsi qu'en Europe du
sud-est afin de renforcer le réseau régional.
Carte 11
Corridors prioritaires pour l’électricité dans l’UE
48 L'indicateur de dépendance énergétique est le ratio entre les importations nettes et la somme de la
consommation intérieure brute d'énergie et les réservoirs.
49 L’intensité énergétique représente le ratio entre la consommation intérieur brute d’énergie et le PIB. Elle
mesure la consommation d’énergie d’une économie et son efficacité énergétique générale.
50 Données Eurostat 2010.
51 http://ec.europa.eu/energy/publications/doc/2011_energy_infrastructure_fr.pdf
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 32
Source : Infrastructures énergétiques, Priorités pour 2020 et au-delà – Schéma
Directeur pour un réseau énergétique intégré, Direction Générale de l’Energie, 2011.
L'efficacité énergétique est au cœur de la Stratégie «Europe 2020», et est un
élément central de la transition vers une économie décarbonée. L'efficacité
énergétique est l'un des moyens les plus rentables pour renforcer la sécurité de
l'approvisionnement énergétique et diminuer les émissions de gaz à effet de serre et
autres polluants. L'Union Européenne s’est fixée un objectif pour 2020, qui consiste à
réduire sa consommation d'énergie primaire de 20 % par rapport aux prévisions 52. La
Commission a proposé plusieurs mesures visant à accroître l'efficacité à tous les stades
de la chaîne énergétique: la production, la transformation, la distribution et la
consommation finale. Les mesures sont axées sur le transport public et les secteurs du
bâtiment, où le potentiel d'économies est le plus important 53.
A l’échelle de l’Union Européenne, le transport est le secteur qui a connu la
croissance la plus rapide depuis 1990, et il est à présent le plus gros consommateur
d’énergie finale (33%). Les deuxième et troisième plus gros consommateurs d’énergie
sont les ménages et l’industrie.
L’efficacité des ressources implique une utilisation limitée des ressources naturelles
(métaux, minéraux, combustibles, eau, terre, bois, sols fertiles, air pur et biodiversité)
52 Commission Européenne (2011) : Plan 2011 pour l’efficacité énergétique, Communication COM (2011)
109 final, Bruxelles, le 8.3.2011
53 http://ec.europa.eu/energy/efficiency/index_fr.htm
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 33
Accroître l’efficacité des ressources est également importante pour le développement
territorial car cela peut offrir des opportunités économiques majeures, améliorer la
productivité, réduire les coûts et encourager la compétitivité, et donc assurer la
croissance et l’emploi (par exemple, en développant le secteur des « technologies
vertes » ou en ouvrant de nouveaux marchés à l’exportation). Les sujets et secteurs à
prendre en considération sont variés, allant du développement de nouveaux produits
et services à la mise en place de nouvelles façons de réduire les apports en ressources
ou minimiser le gaspillage pour améliorer la gestion des stocks, ainsi qu’un
changement de modèle de consommation ou une optimisation des procédés de
production, de la gestion, des méthodes commerciales, et une amélioration de la
logistique.
Selon les données de l’ « Eco-Innovation Scoreboard », à l’exception de l’Espagne, les
pays de l’espace MED se situent en dessous de la moyenne de l’Union Européenne en
termes de performance dans le domaine de l’éco-innovation54.
Graphique 5
Eco innovation Scoreboard 2012
Source : Eco innovation observatory
3.1.2 Gestion des déchets
Si la production de déchets ménagers ne cesse de croitre et si le taux de recyclage
des déchets de l’espace MED reste encore inférieur à la moyenne européenne, on
assiste à une prise en compte croissante de ces enjeux et à la mise en place de
filières de traitement avec des méthodes plus propres.
Les déchets représentent l’une des pressions les plus fortes sur l’environnement et la
quantité de déchets produits ne cesse de s’accroître. Les déchets présentent plusieurs
types de risques pour l'environnement et la santé : pollution des nappes phréatiques et
des eaux de surface, contamination du sol et dégradation des écosystèmes naturels,
émissions gazeuses (dioxines par exemple) et de poussières, contribution au
réchauffement climatique via les émissions de gaz à effet de serre des décharges
(méthane) et des installations d'incinération, nuisances olfactives et dégradation des
paysages55.
Dans les pays de l’espace MED, les déchets générés par les ménages entre 2004 et
2010 n’ont cessé de croître alors que leur niveau restait globalement stable pour
l’Union Européenne à 27. Seuls l’Espagne connaît une légère baisse et Malte une
stabilité de la production de déchets générés par les ménages au cours de cette
période. En 2010, des pays tels que l’Italie, la France et l’Espagne se situaient audessus de la moyenne de l’Union Européenne à 27. La directive européenne
54 L’éco-innovation
se définit comme l’ensemble des innovations (techniques, conceptuelles,
méthodologiques) qui contribuent directement ou indirectement à une amélioration de l’état de
l’environnement.
55 Plan Bleu, Suivi de la Stratégie méditerranéenne de développement durable, principaux indicateurs,
actualisation 2013
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 34
concernant la mise en décharge des déchets, prévoit des exigences techniques strictes
applicables aux déchets et aux décharges, de manière à prévenir et à réduire autant
que possible les effets négatifs de la mise en décharge de déchets sur l'environnement.
La mise en œuvre de la directive sur la mise en décharge reste très insatisfaisante et
des efforts considérables doivent être faits pour l’améliorer. Dix années après
l’adoption de la directive, tous les États membres n’ont pas encore déclaré avoir
transposé et mis en œuvre l’ensemble de ses dispositions. Seuls neuf États membres
déclaraient avoir atteint les objectifs fixés pour 2006 en matière de détournement et
de traitement des déchets municipaux. En 2009, treize procédures pour nonconformité et onze procédures pour mauvaise application étaient en cours à l’encontre
des États membres.
De façon générale, les pays de la zone MED œuvrent à l’évolution des filières de
traitement vers des méthodes plus propres mais aussi plus soucieuses des économies
de ressources. Ce passage au recyclage et à la valorisation des déchets comporte un
surcoût. Par exemple, en France, les dépenses pour la collecte et le traitement de
déchets sur la période 1995-2006, exprimées en part du PIB, ont progressé de 0,55 % à
0,73 % du PIB. Ramené à la tonne de déchet, le coût a évolué de 249 à 340 €/tonne.
En Italie le coût par tonne en 2005 était de 217€56.
Concernant le recyclage des déchets d’emballage, la grande majorité des pays de
l’espace MED ont des taux de recyclage 57 inférieur à la moyenne de l’Union
Européenne à 27, notamment Malte dont le taux n’atteint que 28,5%. A l’exception de
l’Italie, dont le taux de recyclage d’emballage se situe au-dessus de la moyenne de
l’Union Européenne à 27 (63,3%), tous les autres pays de l’espace MED ont des taux se
situant entre 50% (Chypre) et 61,9% (Espagne). Cependant, bien que globalement
inférieurs à la moyenne européenne, les taux de recyclage des déchets d’emballage
n’ont cessé d’augmenter depuis 2005 dans tous les pays de l’espace MED.
Une autre dimension du problème des déchets et de leurs effets
transfrontaliers est constituée par les macro-déchets retrouvés en mer et
sur le littoral. L’activité humaine et un développement économique croissant dans
les pays méditerranéens ont conduit à un fort impact environnemental, visible
notamment par l’importante dégradation des zones côtières et marines. Tout autour
du bassin méditerranéen se trouve une large gamme d’activités industrielles, allant de
l'exploitation minière aux produits manufacturés, créant un certain nombre de «points
critiques de pollution», où les rejets et les émissions de contaminants provenant des
complexes industriels et des grands ports commerciaux impliquent d’importantes
menaces environnementales.58
Graphique 6
Taux de recyclage des déchets d’emballage (en%,source Eurostat 2011)
3.1.3 Les émissions de gaz à effets de serre
56 Plan Bleu, ibid.
57 Le taux de recyclage correspond quantité totale de déchets d'emballages recyclés divisée par la quantité
totale de déchets d'emballages produits.
58 Plan Bleu, ibid.
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 35
Si l’indice de gaz à effet de serre dans la zone MED reste encore élevé par rapport à
la moyenne européenne, on constate une baisse générale des volumes d’émissions
de ces gaz.
Les émissions de gaz à effets de serre dans l’Union Européenne à 27 ont baissé de
15,4% entre 1990 et 2010. Toutefois, les émissions ont subi une augmentation de 2,4%
entre 2009 et 2010 principalement due à la reprise économique ayant fait suite à la
récession de 200959. Au sein de l’Europe des 15, la plus grande part du déclin des
émissions de CO2 provient entre autres du déclin des industries manufacturières et
des industries de la construction ainsi que de la production d’électricité. Cependant les
émissions de CO2 provenant du secteur des transports continuent de progresser.
En 2010, les pays de l’espace MED avaient tous un indice d’émission de gaz à effet de
serre bien supérieur à la moyenne de l’UE à 27 60 .. Les pays ayant les niveaux
d’émissions de gaz à effet de serre les plus élevés sont : Chypre, Malte, l’Espagne et le
Portugal.
Au sein de l’Europe des 27, le volume des émissions a été réduit de 7 points entre 2005
et 2010. A l’exception de Malte dont le niveau d’émission a stagné (voire augmenté en
2007-2008) tous les pays de la zone MED ont connu une baisse de leur niveau
d’émission de gaz à effet de serre de 2005 à 2010, les plus conséquentes étant
attribuées à l’Espagne et au Portugal.
3.1.4 Adaptation au changement climatique, gestion et prévention des risques
L’espace MED est très fortement vulnérable au changement climatique et les
capacités d’adaptation varient fortement d’une région à une autre. L’espace est
également relativement vulnérable aux catastrophes naturelles et les enjeux de
prévention des risques sont très importants.
De façon générale, les pays de la zone MED sont plus vulnérables au changement
climatique que la moyenne des pays européens. Il existe cependant de fortes disparités
en termes de capacité d’adaptation. Ainsi, les régions italiennes et grecques sont
dotées d’une capacité d’adaptation relativement plus faible. En revanche, les régions
françaises parties prenantes de l’espace MED appartiennent aux régions bénéficiant
d’une forte/ou moyenne capacité d’adaptation au changement climatique.
Carte 12
Capacité d’adaptation au changement climatique (Source : ESPON
CLIMATE project) pour l’espace MED
La Méditerranée est une des régions les plus vulnérables au changement climatique.
59 http://www.eea.europa.eu/
60 Cet indicateur montre les tendances relatives aux émissions anthropiques totales des gaz à effet de serre
contenus dans le «panier de Kyoto». Il présente les émissions annuelles totales par rapport à l’année de
référence du protocole de Kyoto (1990). Les émissions agrégées de gaz à effet de serre sont exprimées en
unités d’équivalents CO2.
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 36
Les pays méditerranéens sont, de façon générale, confrontés à d’importants problèmes
de stress hydrique, de désertification, de pertes de biodiversité et
d’évènements climatiques extrêmes tels qu’inondations et sécheresses. Le
changement climatique se traduira très probablement par une aggravation de ces
problèmes.
L’eau est au cœur des principaux impacts du changement climatique sur
l’environnement naturel, se traduisant notamment par une modification rapide du
cycle de l’eau liée à la hausse de l’évaporation et de la diminution des précipitations61.
La gestion de l’eau est un enjeu d’importance dans l’espace MED car les ressources y
sont limitées tandis que les activités humaines contribuent à augmenter la
consommation d’eau et influent sur sa qualité (eaux usées domestiques, production
industrielle, culture agricole et élevage). La pollution des lacs, des rivières et des
nappes phréatiques et évidemment des eaux de mer est préoccupante. La vulnérabilité
de l’espace MED face aux catastrophes naturelles est tout particulièrement liée aux
activités agricoles et industrielles, l’importante urbanisation dans les zones côtières,
les transports et le tourisme intensif. Parmi les risques naturels les plus importants
pour l’espace MED figurent les sécheresses et les incendies. Les tremblements de
terres, notamment en Italie et en Grèce ainsi que les inondations particulièrement en
Italie, France et Slovénie font également partis des risques non négligeables.
Carte 13
Risques naturels dans l’espace MED
Source : EM-DAT, the OFDA/CRED International Disaster Database, 2009.
3.1.5 Protection de l’environnement et biodiversité
Si l’espace MED est riche de ressources naturelles nombreuses et diversifiées,
qu’elles soient terrestres ou marines, si les sites protégés sont nombreux, ce
patrimoine est sous la pression constante des activités humaines : tourisme,
agriculture, industrie, urbanisation croissante, etc.
Les ressources naturelles sont d’une grande diversité au sein des pays
méditerranéens : zones de forêt, terres agricoles, zones de montagnes, rivières, lagons,
deltas, espaces humides, etc.
61 Le Plan Bleu
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 37
Ces ressources naturelles sont d’importants atouts pour les pays de la zone MED
(agriculture et tourisme en particulier) mais constituent également des fragilités pour
les régions méditerranéennes.
S’il existe des différences significatives entre les pays de l’espace MED concernant
l’état de l’environnement et l’importance des problèmes environnementaux
rencontrés, les défis communs restent la gestion des zones côtières, des
ressources en eau, des sols ainsi que des zones protégées.
Dans les zones urbaines de l’espace MED, la dimension environnementale prend
également toute son importance, de nombreuses problématiques environnementales
se concentrant dans les villes.
La plupart des villes de l’espace MED sont confrontés notamment à des problèmes
environnementaux liés à :

La pollution (qualité de l’air, nuisances sonores, émissions de gaz à effet
de serre, etc.) due à la circulation, la congestion routière, le chauffage
urbain,

La faible qualité de l’environnement bâti dans certaines zones,

L’étalement urbain,

La présence de friches industrielles,

La production de déchets et d’eaux usées.
Au sein des pays de l’espace MED, l’impact des activités humaines sur
l’environnement est relativement important. L’empreinte écologique est utilisée pour
estimer le niveau de consommation des ressources disponibles lié aux activités
humaines62. Tous les pays de l’espace MED enregistreraient un déficit écologique en
200963, c’est-à-dire que le capital environnemental de la région est dépensé plus vite
qu’il ne se renouvelle. Par exemple, entre 1995 et 2009, l’Empreinte Ecologique par
tête a diminué à Malte, en Italie, en Grèce et en Slovénie.
Carte 14
Empreinte écologique/PIB et déficit écologique (2009)
Source : Global Footprint Network , World Bank
La pollution de l’air constitue un problème de santé publique dans les zones
densément peuplées ainsi qu’un problème environnemental majeur contribuant entre
autres au réchauffement climatique, pluies acides et à la détérioration de la couche
d’ozone.
62 Cet indicateur permet de calculer le Déficit ou la Réserve écologique d’une région. L’indicateur mesure la
quantité d’espace biologiquement productif dont une personne, une population ou une activité a besoin
pour produire toutes les ressources consommées et pour absorber tous les déchets produits, compte-tenu
des technologies disponibles et des pratiques de gestion mise en œuvre.
63 Plan Bleu, Suivi de la Stratégie méditerranéenne de développement durable, principaux indicateurs,
actualisation 2013 (Mai 2013).
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 38
Graphique 7
Exposition de la population urbaine à la pollution de l’air par l’ozone
(microgrammes par mètre cube jour)
Source : Données Eurostat 2010 (pas de données disponibles pour Malte et Chypre)
Les émissions les plus polluantes sont les émissions d’oxyde d’azote (NOx), les
émissions de composés organiques volatils non méthaniques (COVNM), les émissions
d’ammoniac (NK3) et les émissions d’oxyde de soufre (SOx). Les pays de la zone MED
et notamment la France, l’Espagne et l’Italie font partie des pays européens dont les
volumes d’émissions d’oxyde d’azote, de composés volatils non méthaniques et
d’ammoniac sont les plus importants (données Eurostat 2010).
La biodiversité, en tant que diversité naturelle des organismes vivants, s’apprécie
en considérant la diversité des écosystèmes, des espèces, des populations et gènes
dans l’espace que l’organisation et la répartition des écosystèmes aux échelles
biogéographiques.
Plus de 21% du territoire de l’Union Européenne a un statut protégé selon l’Agence
Européenne pour l’Environnement (AEE). Cependant, seulement 4% des mers
contrôlées par les pays de l’Union Européenne sont incluses dans le réseau de zones
protégées Natura 200064.
Natura 2000 est un réseau européen de sites, représentatifs de cette diversité, où la
préservation des habitats et des espèces naturelles de l’Union européenne est assurée.
Carte 15
Distribution des sites Natura 2000 dans l’Europe à 27, 2011
Source : Base de données Natura 2000, Décembre 2011
Fin 2009, le réseau Natura 2000 européen affichait 22 419 sites d’importance
communautaire-SIC (dont 1391 en domaine marin) répartis au sein des 27 Etats
membres, recouvrant environ 585 000 km2 du territoire terrestre (soit 13.6% de la
superficie terrestre totale des états membres) et près de 132 000 km2 en milieu marin.
64 AEE, Agence Européenne de l’Environnement.
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 39
Par ailleurs, la mer Méditerranée doit faire face à des problèmes de suroccupation, de pollution, de surexploitation, d'érosion, de destruction et
d'agressions diverses. Une réponse a été apportée au niveau régional par la mise
en place d'aires marines protégées, en 1982, puis par le protocole relatif aux aires
spécialement protégées et à la diversité biologique en Méditerranée en 1995 65 . A
travers le Protocole relatif aux Aires Spécialement Protégées et à la Diversité
Biologique en Méditerranée (Protocole ASP/DB), la Convention de Barcelone a établi
la liste des Aires Spécialement Protégées d’Importance Méditerranéenne (ASPIM) en
vue de promouvoir la coopération en matière de gestion et de conservation des aires
naturelles et de protection des espèces menacées et de leurs habitats. La conservation
du patrimoine naturel est ainsi l’objectif fondamental qui caractérise les ASPIM.
Encadré 1
Les Aires Spécialement Protégées d’Importance Méditerranéenne
La liste des ASPIM inclut des sites :

qui présentent une importance pour la conservation des éléments constitutifs de
la diversité biologique en Méditerranée ;

qui renferment des écosystèmes spécifiques à la région méditerranéenne ou des
habitats d’espèces menacées d’extinction ;

qui présentent un intérêt particulier sur les plans scientifique, esthétique, culturel
ou éducatif.
Encadré 2
Exemples de sites protégés au sein de l’espace MED






















Parc National de Port-Cros (PACA)
Parc national des Pyrénées (Midi-Pyrénées)
Parc National Grand Paradis – Parco Nazionale Gran Paradiso (Val d’Aoste)
Réserve Naturelle des Bouches de Bonifacio (Corse)
Archipel des Embiez – Six Fours (PACA)
Aire Marine Protégée de Portofino (Ligurie)
Aire Marine Protégée de Miramare (Ligurie)
Aire Marine de Plemmirio (Sicile)
Aire Marine Protégée Tavolara – Punta Coda Cavallo (Sardaigne)
Aire Marine Protégée de Capo Caccia-Isola Piana (Sardaigne)
Aire Marine Protégée de Capo Carbonara (Sardaigne)
Aire Marine Protégée de Penisola del Sinis – Isola di Mal di Ventre (Sardaigne)
Ile d’Alboran (Andlousie)
Parc naturel de Cabo de Gata-Nijar (Andalousie)
Le fond marin du Levant d’Almeria (Andalousie)
Les Falaises de Maro-Cerro Gordo (Andalousie)
Parc Naturel de Cap de Creus (Catalogne)
Les Iles MEDes (Calalogne)
Mar Menor/ côte orientale de la region de Murcie
Sanctuaire Pelagos (PACA, Ligure)
Lara Toxeftra (Chypre)
Zone Marine Rdum Majjjiesa et Ra sir-Raheb (Malte)

Zone Marine Dwejra, Gozo (Malte)
65 Plan Bleu
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 40
Carte 16
Aires marines protégées en Méditerranée
Source : Statut des Aires Marines Protégées en Mer Méditerranée – UICN, WWF, MEDPAN2009
3.1.6 Transport durable et suppression des obstacles dans les infrastructures de
réseaux essentiels
La route occupe un rôle essentiel dans les transports de l’espace MED (cf. taux
d’équipement en véhicule individuel au dessus de la moyenne européenne ou part
du transport routier dans le fret). Le transport maritime est également un pilier
de l’activité économique de l’espace de coopération, avec notamment la présence
des deux des trois premiers armements mondiaux (MSC et CMA-CGM) et
l’industrie d’armement en Grèce.
Un système de transport efficace est un élément fondamental au bon fonctionnement
du marché intérieur, à la mobilité des biens et des personnes ainsi qu’à la cohésion
économique, sociale, et territoriale au sein de l’Union Européenne. Le secteur des
transports intègre de nombreux enjeux : économique et industriels (construction
automobile, navale, industrie du pétrole, commerce), d’aménagement du territoire
(infrastructures),
sociaux
(mobilité
des
personnes)
mais
également
environnementaux. Si les transports sont une condition importante pour la
compétitivité de l’espace MED, le développement d’infrastructures de transport
efficace est nécessaire pour minimiser leurs effets sur l’environnement.
En 2011, le secteur des transports est de loin le premier consommateur final d’énergie
au sein des pays de l’espace MED et une des sources de pollution et d’émissions de
CO2 la plus importante.. Le transport routier reste le mode de transport prédominant
dans l’Union Européenne. Dans les pays méditerranéens, les réseaux routiers sont
généralement de bonne qualité et le réseau régional est relativement bien développé.
Néanmoins, la densité d’autoroutes (km d’autoroute pour 100 km2) est plus faible que
la moyenne européenne, ce qui implique notamment des difficultés de connexion estouest.
Globalement, l’espace MED, se caractérise par un manque d’accessibilité des zones
côtières vers l’intérieur des terres ainsi que la forte densité du trafic dans les corridors
principaux et dans les zones les plus urbanisées, avec notamment un taux
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 41
d’équipement de la population en véhicule individuel au dessus de la moyenne
européenne66.
Dans l’Europe des 27 comme dans l’espace MED, le volume du transport de fret 67
transport de marchandises n’a cessé d’augmenter entre 2000 et 2007 puis a subi une
diminution à partir de 2008, notamment en raison de la crise économique. Comme
pour l’ensemble des pays de l’Union Européenne (27), la répartition modale du
transport de fret reste dominée par le transport routier 68 (et en particulier en France,
Espagne et Italie).
Graphique 8
Transport de marchandises par route 2011 (en milliers de tonnes)
Source : Eurostat 2011 (pas de données pour Malte)
Le transport maritime est extrêmement important dans la mer Méditerranée et
représente un pilier du commerce international et un pilier d’activité économique de
l’espace de coopération, avec notamment la présence des deux des trois premiers
armements mondiaux (MSC et CMA-CGM) et l’industrie d’armement en Grèce. En
2011, le transport maritime de marchandises au sein de l’espace MED atteint 39 % (en
milliers de tonnes de marchandises) du total des échanges.
3.1.7 Accessibilité
Le degré d’accessibilité est extrêmement variable au sein de l’espace Med : si les
zones urbaines bénéficient d’une bonne accessibilité, la connexion entre les zones
côtières et l’intérieur des terres et notamment les espaces ruraux est plus difficile
Par ailleurs, l’accessibilité multimodale reste encore à développer
Le développement des infrastructures de transports a accru l’accessibilité générale des
régions et villes européennes. Le développement économique des régions est
intimement lié à leur accessibilité. En général, les régions à forte accessibilité
réussissent en général mieux sur le plan de l’économie et de la compétitivité.
Le degré d’accessibilité est très variable au sein de la zone MED, en fonction des
territoires considérés. Les grandes métropoles sont généralement très accessibles. En
revanche, les zones en dehors des métropoles sont moins accessibles, et les îles et
zones côtières en Grèce et à Chypre présentent des valeurs d’accessibilité parmi les
plus basses d’Europe.
L’espace MED comprend des zones urbaines parmi les plus importantes d’Europe. De
plus, il existe au sein de l’espace MED un large éventail de pôles urbains secondaires
67 Volume du transport de fret par rapport au PIB
68 Données Eurostat 2011, Répartition modale du transport de fret.
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 42
en croissance sur le long de la côte méditerranéenne 69 . Ces zones ont de façon
générale un niveau d’accessibilité correct. Le niveau élevé d’urbanisation le long des
côtes représente un défi les régions couvertes par le programme, en particulier en
termes d’environnement.
On compte seulement un petit nombre de zones rurales, en particulier des zones
isolées moins accessibles, qui sont très majoritairement situées à l’intérieur, ce qui est
le cas de la Grèce qui a une proportion élevée de zones rurales
L’accessibilité peut se mesurer par le nombre de destinations que l’on peut rallier en
30 minutes. Le transport multimodal est une combinaison de différents modes de
transport (par exemple les transports routier et ferroviaire). La carte suivante montre
le score d’accessibilité du transport multimodal, routier et ferroviaire au niveau NUTS
3 (Nomenclature des Unités Territoriales Statistiques).
Carte 17
Accessibilité multimodale (ESPON, Terrevi 2006 ; classement des
régions par rapport à la moyenne européenne de l’index d’accessibilité)
L’accessibilité multimodale l’espace MED est globalement faible, à l’exception d’un axe
Barcelone-Rome. La connexion entre les systèmes maritimes, routiers et
ferroviaires n’est pas encore optimale.
69 ESPON Factsheet, MedMEDiterranean (MEDMED),ESPON Project TERREVI, November 2012
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 43
3.2 Matrice AFOM de l’objectif « Croissance durable»
Priorités
d’investissement
européennes
(4)
soutenir la
transition vers une
économie à faibles
émissions de CO2 dans
l’ensemble des secteurs
Atouts
 Des conditions climatiques et
des ressources naturelles
favorables à la production
d’énergie renouvelable (solaire,
éolien en particulier)
 Une prise de conscience établie
de la nécessité d’une transition
vers une économie à faibles
émissions de CO2
Faiblesses
 Des concentrations en ozone
plus fortes au sein de l’espace
MED que dans l’UE à 27
 L’indice d’émission de gaz à
effet de serre de l’espace MED
supérieur à la moyenne
européenne
 Des énergies renouvelables
insuffisamment développées :
bien qu’elles n’aient cessé
d’augmenter ces dernières
années. Les énergies solaires et
éoliennes ne représentent
encore qu’une faible part de la
production totale d’énergie
Opportunités
 Un potentiel de développement
pour les énergies renouvelables
encore sous-exploité (énergie
solaire notamment)
Menaces
 Coûts plus élevés de la
production d’énergie à faible
émission de carbone
 Des efforts menés pour baisser
les émissions de gaz à effet de
serre (et une baisse notable des
émissions de 2005 à 2010) bien
que des efforts soient encore à
faire pour respecter les
objectifs européens.
 Un degré de dépendance
énergétique relativement élevé
 Une faible efficacité
énergétique par rapport à la
moyenne européenne
(5) favoriser
l’adaptation aux
changements
climatiques, la
prévention et la gestion
des risques
 Existence d’un cadre européen
ainsi que de politiques
nationales avec des objectifs
fixés en termes de réduction
des émissions de CO2
 Des pays plus vulnérables au
changement climatique que la
moyenne des pays européens
 Des pays de l’espace MED
comptant parmi les principaux
 Engagement renforcé en faveur
du développement durable
 Risques élevés de catastrophes
naturelles (inondations,
sécheresses, etc.)
 Augmentation du risque de
catastrophes naturelles due au
pollueurs et émetteurs de gaz à
effet de serre en Europe
changement climatique
 Coûts importants du traitement
des dommages causés par les
catastrophes naturelles
 Un espace MED vulnérable aux
risques naturels : en particulier
aux sécheresses, incendies et
inondations
(6)
protéger
l’environnement et
encourager l’utilisation
durable des ressources
 Un patrimoine
environnemental extrêmement
riche : l’espace MED concentre
sur ses territoires des
ressources naturelles très
diverses : zones de montages,
terres agricoles, forêts, rivières,
espaces humides, mer
méditerranée
 Existence de nombreuses zones
protégées : sites Natura 2000,
Aires Spécialement Protégées
d’Importance Méditerranéenne
 Dégradation des zones fragiles
notamment des zones côtières,
des espaces naturels et
pollutions des zones maritimes
(côtes, espaces naturels, etc.…)
due à une utilisation intensive
des sols et usages inadapté des
ressources naturelles
 Pollution de l’air et des
ressources en eau due à la
concentration des populations
dans les espaces urbains
 La production de déchets par
les ménages n’a cessé de croitre
et le taux de recyclage des
déchets reste inférieur à la
moyenne européenne
 Développement de mesures de
protection de l’environnement
(zones protégées, etc.)
 Un important potentiel pour
l’usage des énergies
renouvelables
 La zone MED est concernée par
plusieurs des couloirs
prioritaires européens dans le
secteur de l’électricité.
 Mise en place de politiques
d’évolution des filières de
traitement des déchets vers des
méthodes plus propres
 Pollution de l’environnement
due à une augmentation de la
demande touristique, à
l’utilisation des fertilisants et
aux déchets urbains
 La mer Méditerranée recèle un
un potentiel de développement
significatif mais sont également
une source importante de
pollutions et de risques.
 Qualité de l’air qui continue à
se détériorer
 Raréfaction des ressources en
eau
 Etalement urbain
accroissement
 Acceptabilité du surcoût des
méthodes de recyclage et de
valorisation des déchets
(7) encourager le
transport durable et
supprimer les obstacles
dans les infrastructures
de réseaux essentielles
 Bonne qualité générale des
réseaux de transports dans
l’espace MED
 Accessibilité globalement
satisfaisante des grandes
 Eclatement géographique et
isolement de nombreux
territoires, notamment
insulaires
 Développement urbain mal
contrôlé en particulier dans les
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
 Situation des régions
méditerranéennes et des îles
comme nœuds d’échanges pour
le tourisme et le commerce vers
l’Asie
 Promotion des systèmes de
 Les transports sont une source
majeure de pollution
 Manque de coordination des
systèmes de communication
européenne
45
métropoles
 Un bon niveau
d’infrastructures routières
 Un réseau important de villes
portuaires avec de bons
équipements pour les flux de
passagers et de marchandises
 Un positionnement
géographique stratégique entre
l’est et l’ouest, l’Europe et
l’Afrique (Gibraltar, Suez, Mer
noire)
 Un niveau satisfaisant
d’équipements aéroportuaires
zones côtières
 L’espace MED reste dépendant
du transport routier :
prédominance des routes sur le
rail et sur le transport
maritime.
 Prégnance du véhicule
individuel comme mode de
déplacement, en particulier
dans les zones urbaines et périurbaines
transport multimodaux
 Renforcement des réseaux
ferroviaires existants (grande
vitesse)
 Concurrence des centres
urbains du nord de l’Europe et
de l’Europe centrale
 Potentiel de développement des
autoroutes de la mer
 La densité du réseau ferroviaire
est moins élevée que dans
l’Europe du Nord
 L’accessibilité multimodale est
assez faible
 Les connections restent
insuffisantes entre les espaces
côtiers et l’intérieur des terres
 Congestion des axes routiers
dans les espaces frontaliers
 Développement insuffisant du
cabotage maritime et des
transports maritimes de courte
distance
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
46
3.3 Conclusions pour l’objectif « Croissance durable» du territoire MED
3.3.1 Enseignements du PO 2007-2013 en matière de croissance durable
L’Axe prioritaire n°2 du Programme MED 2007-2013 était centré sur les questions
liées à la « protection de l’environnement et la promotion d’un développement
territorial durable ». Cet axe comprenait quatre objectifs, à savoir : i) protection et
valorisation des ressources naturelles et du patrimoine ; ii) promotion des énergies
renouvelables et amélioration de l’efficacité énergétique ; iii) prévention des risques
maritimes et renforcement de la sécurité maritime ; iv) prévention et lutte contre les
risques naturels.
Pour la période 2007-2013, 48 projets ont été approuvés dans le cadre de l’axe
prioritaire n°2 (31 projets classiques, 4 projets stratégiques, 10 projets ciblés, 3 projets
de capitalisation), rassemblant 509 partenaires, pour un montant total de FEDER de
72,9M€70.
L’objectif 2.1. « protection et la valorisation des ressources naturelles et du
patrimoine » a été de loin l’objectif le plus populaire du programme 2007-2013, bien
que la qualité des propositions n’ait pas toujours répondu aux attentes.
L’objectif 2.2. « Promotion des énergies renouvelables et amélioration de l’efficacité
énergétique » et l’objectif 2.3 « Prévention des risques maritimes et renforcement de la
sécurité maritime » ont reçu une offre intéressante par le biais d’appels à projets
Stratégiques, et malgré leur nombre limité, ces projets sont aptes à apporter une
contribution importante aux résultats du programme. L’objectif 2.4 « Prévention et
lutte contre les risques naturels » n’a reçu qu’une réponse de faible qualité de la part
des acteurs du projet.
L’objectif visant à soutenir la transition vers une économie à faible émission de
carbone dans tous les secteurs et le thème de l’efficacité énergétique ont fortement été
mis en valeur dans le programme 2007-2013. Alors que les appels à projets « bottom
up » ouverts n’ont pas apporté d’offres de qualité suffisante pour ce thème, les appels à
projets stratégiques ont, quant à eux, fourni une grande visibilité aux principaux
projets. Les appels à projets ciblés ont également attiré des propositions pertinentes
de la part d’un grand nombre de structures n’ayant jamais participé auparavant au
programme MED.
Bien que le programme en cours (2007-2013) comporte un objectif de lutte contre les
risques naturels, c’est celui qui a reçu le moins de propositions (avec celui sur
l’accessibilité aux TIC). Seuls quelques projets ont été financés dans ce domaine. Pour
faire face aux priorités et recevoir des offres pertinentes, la présence d’acteurs clés au
niveau de l’Etat aurait été nécessaire. Ils sont actuellement absents du programme en
cours, ainsi que des projets stratégiques.
3.3.2 Spécificités et valeur ajoutée de la coopération transnationale
Les questionnements relatifs à la spécificité de la dimension transnationale, à la
capacité financière du programme et à la valeur ajoutée du programme valent pour la
croissance durable comme pour la croissance intelligente (cf. 2.3.2).
Plus spécifiquement, pour les enjeux environnementaux de l’espace MED, la valeur
ajoutée de l’intervention du programme MED ne peut passer que par le biais d’actions
principalement immatérielles, d’échanges d’expériences, de bonnes pratiques, de
politiques publiques. En effet, les fonds alloués aux programmes de coopération
territoriale ne permettent d’envisager le financement de gros projets d’investissements
d’infrastructures. En matière énergétique par exemple, la valeur ajoutée du
programme MED peut se situer sur des actions ciblant tant les acteurs privés que les
70 http://www.programmeMED.eu/le-programme/sujets/environnement.html
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 47
acteurs publics pour le soutien à des échanges d’expériences sur la mise en place de
politiques publiques en faveur de la maîtrise de l’énergie, des projets
d’expérimentation et d’actions pilotes de transfert de bonnes pratiques, le
développement de cursus de formation, etc.
Les questions environnementales de façon générale et des thématiques telles que
l’adaptation au changement climatique, la prévention et la gestion des risques sont
également tout à fait pertinentes dans la mesure où la capacité d’adaptation au
changement climatique de l’espace MED est relativement faible et qu’elle est très
inférieure à la moyenne de l’UE dans certaines parties méridionales de la zone. Le
thème lui-même présente ainsi un degré élevé de pertinence pour la zone couverte par
le programme. Cependant, cette priorité exige des fonds qui sont probablement hors
de portée du Programme Européen de Coopération Transnationale. De même, les
thématiques relatives aux transports durables et infrastructures de réseau semblent
peu adaptées aux projets de taille moyenne développés dans le programme MED et
l’éventail des actions possibles semble se limiter à des études de faisabilité et à la mise
en réseau des acteurs clés.
3.3.3 Principaux enjeux du programme MED 2014-2020 en termes de croissance
durable
Les orientations stratégiques de l’Union Européenne insistent sur la mise en place
d’une croissance durable et respectueuse de l’environnement. Cette problématique
revêt une dimension particulièrement importante au sein des territoires de l’espace
MED dans la mesure où ils sont soumis à des contraintes environnementales
généralement plus fortes que les autres régions européennes : ressources naturelles et
patrimoine très importants mais fragiles, pression sur les espaces sensibles, recours
insuffisant aux énergies alternatives, conséquences du changement climatique,
menaces chroniques sur l’approvisionnement en eau, pollutions terrestres et
maritimes, niveau élevé des risques naturels, etc.
La gestion des risques est un des premiers enjeux partagés par presque tous les
territoires de l’espace MED. La zone connaît en effet une importante vulnérabilité aux
risques naturels. Il s’avère essentiel de conserver dans les régions méditerranéennes
un niveau élevé de prévention et de lutte contre les risques naturels dans la mesure où
ils sont sensiblement plus fréquents que dans les autres régions européennes. Cette
prévention peut notamment passer par des efforts de concertation (observation,
intervention, etc.), une évolution des techniques et des normes entre les régions et les
Etats membres concernés. Dans le cadre du programme de coopération transnationale
il est possible d’envisager un partage de la gestion de risques communs par la
mutualisation des outils de mesure d’impacts environnementaux par exemple.
La gestion intégrée des villes méditerranéennes constitue également un enjeu
important pour les territoires de l’espace MED et notamment la gestion des
problématiques d’efficacité énergétique et de développement durable (transports
urbains et interconnexions, gestion des déchets). On estime qu’en 2030, 75% de la
population méditerranéenne vivra en ville. Dans ces domaines, l’intervention d’un
programme de coopération transnationale concerne avant tout des approches
favorisant la coordination ou l’échange de bonnes pratiques. Les projets menés dans le
cadre de MED 2007-2013 sont à ce titre riches en enseignement : ils soulignent les
besoins et possibles projets sur le développement durable d’un modèle urbain
méditerranéen (dans le cadre de la charte de Malaga sur les modèles urbains
durables), le développement des liens urbain/rural ou de projets agri-urbains dans
une logique de développement territorial intégré, etc. Par ailleurs, cet enjeu de gestion
intégrée des villes a été souligné par certaines des parties dans les travaux de
concertation qu’ils ont menés dans le cadre de la préparation de la programmation
2014-2020 (régions italiennes et régions françaises du programme).
Par ailleurs, une différenciation pourrait être faite entre les enjeux relevant de la
mitigation du changement climatique et l’adaptation au changement
climatique : quand la mitigation s’inscrit dans une perspective de longue durée et
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 48
vise à agir avant tout sur les déterminants de long terme du changement climatique
(réduction des émissions de gaz à effet de serre, gestion durable de l’eau), l’adaptation
est une action de plus court terme, ciblant avant tout les effets directs et/ou les
conséquences (construction de digues par exemple). Les objectifs thématiques 4 et 6
ciblent donc de façon prioritaire la mitigation quand l’objectif 5 cible l’adaptation. Ces
deux types d’action, loin d’être contradictoires sont complémentaires et les éléments
de diagnostic de l’espace MED soulignent les besoins du territoire sur l’ensemble de la
thématique environnementale.
Compte-tenu des caractéristiques du programme MED (dimension maritime de
l’espace de coopération, faiblesses des moyens disponibles au regard des enjeux), ainsi
que de l’opportunité et de la pertinence de positionner le PO sur des thématiques de
niche où sa valeur ajoutée serait plus grande, quatre enjeux revêtent une importance
particulière et pourraient être des zones de spécialisation pertinente pour la
dimension « croissance durable » de l’espace MED :

La gestion intégrée des zones côtières : les espaces côtiers, du fait de la
pression foncière, de la densité urbaine et de la présence de la Méditerranée
nécessitent un effort particulier de gestion coordonnée comme le stipulent
spécifiquement les autorités européennes. De surcroît, la Mer Méditerranée
représente une spécificité transnationale importante et ayant de nombreuses
implications environnementales. La prévention des risques maritimes et le
renforcement de la sécurité maritime reste un enjeu de taille pour le
programme MED (ex : élaboration de stratégies transnationales intégrées,
mise en place de dispositifs de prévention et d’intervention concertés entre les
régions et les Etats).

La protection de l’environnement et la gestion des ressources :
d’une façon globale, la question environnementale nécessite des initiatives
coordonnées à l’échelle transnationale pour réduire en amont les sources de
pollution. L’espace MED s’appuie sur un patrimoine environnemental
important. La plupart des régions partagent des enjeux communs autour de
l’eau, de la biodiversité, de la gestion du patrimoine naturel dans son
ensemble et avant tout de la Mer Méditerranée. La mise en place de stratégies
concertées de protection de l’environnement, pour harmoniser les pratiques
environnementales, et mieux valoriser le patrimoine naturel est un des enjeux
d’importance de l’espace MED. Toutefois, cette priorité thématique est
relativement large et englobe des enjeux très divers (déchets, eau, biodiversité,
énergies, environnement urbain, etc.) nécessitant un travail de ciblage
préalable. Sur la base des problématiques spécifiques de l’espace MED et de la
revue des projets de la thématique menée par le STC, deux thématiques sont à
souligner :

La gestion durable de la ressource en eau : des besoins spécifiques
ont été identifiés en termes d’optimisation des réseaux et notamment
réduction des fuites, de solutions spécifiques pour la gestion de l’eau en
milieu insulaire, pour le dessalement de l’eau de mer, etc. Par ailleurs, le
STC a recensé des perspectives de projets sur le traitement de l’eau à
l’ozone, l’utilisation d’eaux usées récupérées pour l’irrigation, sur la
création d’une instance des iles de la méditerranée pour porter en
commun la question de la gestion de la ressource en eau en milieu
insulaire devant les instances internationales, etc.

La gestion des déchets, et notamment des déchets maritimes
(déchets littoraux, macrodéchets flottants, semi-immergés et déposés ou
déchets microplastiques). Un travail important avait déjà été mené par le
précèdent PO sur la question des déchets agricoles : il avait mis en
évidence d’une part la nécessité de renforcer la sensibilisation des
professions agricoles aux enjeux de la gestion des déchets et de développer
un plan de gestion des déchets de l’agriculture dans les pays où il n’existe
pas (en se basant potentiellement sur les expériences déjà menées dans la
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 49
zone) et d’autre part, la possibilité de mener des projets autour de la
définition d’un plan stratégique de gestion des déchets agricoles (basé sur
des systèmes d’information géographique et d’aide à la décision), d’un
schéma commun de traçabilité des déchets agricoles, etc.

Le développement des énergies renouvelables fait également
partie des problématiques et enjeux communs aux régions de l’espace
MED. L’enjeu de la maîtrise de la consommation d’énergie n’est pas
spécifique à l’espace MED mais les implications environnementales en
font un enjeu de taille. De plus, l’espace MED a un fort potentiel pour
augmenter sa production d’énergies renouvelables (solaire et éolien) et
développer des technologies nouvelles dans le champ des énergies
marines (énergie marémotrice, énergie hydrolienne, énergie
houlomotrice, éolien off shore, biomasse marine) auxquels s’ajoute
l’énergie solaire captée au-dessus de la mer.
Tableau 5
Traduction des enjeux de croissance durable en termes d’objectifs
thématiques et priorités d’investissement
Enjeux identifiés
pour l’espace
MED
Traduction en
termes d’objectifs
thématiques…
… et de priorités d’investissement
Protection du
patrimoine
environnemental
OT6
protéger
l’environnement
et
encourager
l’utilisation durable
des ressources
PI6a/ réponse aux besoins importants en
matière d'investissement dans le secteur des
déchets, de manière à satisfaire aux exigences
de l'acquis environnemental;
PI6b/ réponse aux besoins importants en
matière d'investissement dans le secteur de
l'eau, de manière à satisfaire aux exigences de
l'acquis environnemental;
PI6c/ protection, promotion et
développement du patrimoine culturel;
PI6d/ protection de la biodiversité, protection
des sols et promotion des services liés aux
écosystèmes, y compris NATURA 200015 et
les infrastructures vertes
Espaces côtiers
OT6
protéger
l’environnement
et
encourager
l’utilisation durable
des ressources
PI6a/ Réponse aux besoins importants en
matière d'investissement dans le secteur des
déchets, de manière à satisfaire aux exigences
de l'acquis environnemental;
PI6b / réponse aux besoins importants en
matière d'investissement dans le secteur de
l'eau, de manière à satisfaire aux exigences de
l'acquis environnemental;
PI6c/ protection, promotion et
développement du patrimoine culturel;
PI6d/ protection de la biodiversité, protection
des sols et promotion des services liés aux
écosystèmes, y compris NATURA 200015 et
les infrastructures vertes
Maîtrise de la
consommation
d’énergie et
production par la
promotion de la
maîtrise de
l’énergie et
OT4
Soutenir
la
transition vers une
économie à faibles
émissions de CO2
dans l’ensemble des
secteurs
PI4a/ promotion de la production et de la
distribution
de
sources
d'énergie
renouvelables;
PI4b/ promotion de l'efficacité énergétique et
de l'utilisation des énergies renouvelables
dans les PME;
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 50
l’utilisation des
énergies
renouvelables
PI4c/ promotion de l'efficacité énergétique et
de l'utilisation des énergies renouvelables
dans les infrastructures publiques et dans le
secteur du logement;
PI4d/ développement de systèmes de
distribution basse tension intelligents;
Gestion des
risques
Maîtrise de la
consommation
d’énergie et
production par la
promotion de la
maîtrise de
l’énergie et
l’utilisation des
énergies
renouvelables
OT
5
favoriser
l’adaptation
aux
changements
climatiques,
la
prévention
et
la
gestion des risques
PI5a/ soutien des investissements consacrés
à l'adaptation aux changements climatiques;
OT4
Soutenir
la
transition vers une
économie à faibles
émissions de CO2
dans l’ensemble des
secteurs
PI4a/ promotion de la production et de la
distribution
de
sources
d'énergie
renouvelables;
PI5b/
promotion
des
investissements
destinés à prendre en compte des risques
spécifiques, garantie d'une résilience aux
catastrophes et développement de systèmes
de gestion des situations de catastrophe;
PI4b/ promotion de l'efficacité énergétique et
de l'utilisation des énergies renouvelables
dans les PME;
PI4c/ promotion de l'efficacité énergétique et
de l'utilisation des énergies renouvelables
dans les infrastructures publiques et dans le
secteur du logement;
PI4d/ développement de systèmes
distribution basse tension intelligents;
Gestion intégrée
des villes
méditerranéennes
OT6
protéger
l’environnement
et
encourager
l’utilisation durable
des ressources
de
PI6a/ réponse aux besoins importants en
matière d'investissement dans le secteur des
déchets, de manière à satisfaire aux exigences
de l'acquis environnemental;
PI6b/ réponse aux besoins importants en
matière d'investissement dans le secteur de
l'eau, de manière à satisfaire aux exigences de
l'acquis environnemental;
PI6c/ protection, promotion et
développement du patrimoine culturel;
OT4/ Soutenir la
transition vers une
économie à faibles
émissions de CO2
dans l’ensemble des
secteurs
PI6e/ actions visant à l'amélioration de
l'environnement urbain, notamment par la
réhabilitation des friches industrielles et la
réduction de la pollution atmosphérique;
PI4e/ promotion des stratégies de
développement à faibles émissions de carbone
pour les zones urbaines;
Pour la très grande majorité des enjeux de la Stratégie Europe 2020, mais peut-être
davantage pour ceux relevant de la croissance durable, il est important d’envisager les
différentes thématiques sous l’angle territorial et certaines de ces spécificités : zones
côtières, zones rurales, zones de montagne. Parmi ces spécificités, l’insularité
est surement la plus importante, elle recoupe les préoccupations de nombre des
partenaires du programme et peut offrir des perspectives de projets pour un
programme de coopération transnationale, comme l’illustre la question de la
production d’énergies renouvelables : les îles sont en effet souvent en matière
énergétiques, des petits systèmes isolés, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas ou de façon
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 51
limitée connectés au réseau électrique continental 71 . La production doit donc être
locale, ce qui engendre un coût de production très élevé. La directive européenne sur le
marché intérieur de l’électricité a d’ailleurs pris en compte les particularités des «
petits systèmes isolés » en prévoyant des dérogations aux chapitres relatifs à
l’exploitation du réseau de transport, l’exploitation du réseau de distribution, la
dissociation comptable et la transparence de la comptabilité ainsi que l’organisation de
l’accès au réseau. Des actions intéressantes sont menées en termes de maitrise de la
consommation énergétique, de développement de solutions techniques adaptées aux
énergies intermittentes ou d’expérimentation de « smart grids » et peuvent être
développées dans un contexte transnational.
71 A titre d’exemple, la Corse est reliée à deux réseaux (SACOI : Sardaigne-Corse-Italie et SRACO :
Sardaigne-Corse) et ces réseaux représentent 30% du mix énergétique corse (Source EDF 2012). Une
étude de faisabilité est en cours sur les interconnections électriques entre Israel, Chypre et l’Attique (via la
Crète). .
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 52
4. Diagnostic et analyse AFOM du territoire MED au regard de
l’objectif européen « Croissance inclusive »
« Une croissance inclusive sous-entend de favoriser l’autonomie des citoyens grâce à
un taux d’emploi élevé, d’investir dans les compétences, de lutter contre la pauvreté,
de moderniser les marchés du travail et les systèmes de formation et de protection
sociale pour aider tout un chacun à anticiper et à gérer les changements, et de
renforcer la cohésion sociale. Il est également crucial de veiller à ce que les fruits de
la croissance économique profitent à toutes les régions de l’Union, y compris à ses
régions ultrapériphériques, afin de renforcer la cohésion territoriale. Il faut garantir
à tous un accès et des perspectives tout au long de la vie. Pour relever les défis du
vieillissement de la population et d’une concurrence mondiale toujours plus dure,
l’Europe doit exploiter pleinement son potentiel de main-d’œuvre. Des mesures
favorisant l’égalité entre les hommes et les femmes seront nécessaires pour améliorer
la participation au marché du travail et, ainsi, alimenter la croissance et la cohésion
sociale ». C’est ainsi que la Commission Européenne présente dans sa Stratégie
Europe 2020 les objectifs et les enjeux de la croissance inclusive 72.
La stratégie Europe 2020 entend ainsi par « croissance inclusive », une économie à
fort taux d’emploi favorisant la cohésion économique, sociale et territoriale, qui
consiste à :
 Augmenter le taux d'emploi en Europe — des emplois plus nombreux et de
meilleure qualité, surtout pour les femmes, les jeunes et les travailleurs âgés ;

Aider les personnes de tout âge à anticiper et à gérer le changement
en investissant dans les compétences et la formation ;

Moderniser les marchés du travail et les systèmes de protection sociale ;

Veiller à ce que toute l'UE récolte les fruits de la croissance.
Le schéma ci-dessous est extrait du rapport ESPON TERREVI sur le programme MED
de novembre 2012. Il positionne le territoire MED au regard des indicateurs liés aux
objectifs de croissance intelligente, durable et inclusive de l’Union Européenne.
Figure 3
Positionnement de l’espace MED par rapport aux indicateurs
européens de l’objectif Croissance durable (source : ESPON TERREVI 2012)
Pour la croissance inclusive deux des trois indicateurs sont au rouge, un
est jaune, indiquant globalement les faibles performances du territoire
par rapport aux objectifs communautaires. Pour le territoire MED, le chômage
de longue durée et la part de la population en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale
sont supérieurs aux médianes européennes ; la part de la population active diplômée
du secondaire ou du supérieur est inférieure à la médiane européenne. Pour le
deuxième indicateur toutefois, l’écart à la médiane est plus faible (et explique le feu
jaune). Par ailleurs, les disparités au sein de l’espace MED pour le chômage et le risque
d’exclusion sont élevées ; elles le sont moins pour le niveau d’études.
72 Communication de la Commission, Europe 2020, Une stratégie pour une croissance intelligente, durable
et inclusive (03/03/2010)
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 53
4.1 Indicateurs-clés de la croissance inclusive sur le territoire MED
4.1.1 Emploi et mobilité de la main d’œuvre
L’objectif que s’est fixé l’Europe en matière d’emploi est « d’assurer un taux
d’emploi de 75% parmi les hommes et les femmes de 20 à 64 ans d’ici
2020, en favorisant l’emploi des femmes, des jeunes, des travailleurs plus âgés, des
personnes peu qualifiées et des immigrés légaux».
A ce jour pour l’espace MED, aucune région n’a atteint cet objectif. De surcroît, la
crise économique actuelle ne permet pas de faire des prévisions
optimistes quant à l’atteinte de cet objectif.
De plus, les situations au sein de l’espace MED sont extrêmement disparates : en 2012,
les taux d’emploi variaient de 71,8% dans la région Rhône-Alpes et en Emilie Romagne
à 44,9% en Sicile et 43,7% en Campanie.
A l’échelle du programme MED73, on compte ainsi :

35% des régions avec un taux d’emploi proche de l’objectif européen
(supérieur à 65%)

50% des régions avec un taux d’emploi situé entre 50% et 64,9%

15% des régions se situent au-dessous de la barre des 50% : les taux de ces
régions comptent d’ailleurs parmi les plus bas d’Europe.
Carte 18
Taux d’emploi en 2010 au sein de la zone MED
Source : ESPON Factsheet, MEDiterranean (MED, ESPON Project TERREVI,
Novembre 2012
De même, au sein de l’espace MED, le taux d’emploi des femmes se situe le plus
souvent en dessous de la moyenne de l’Union Européenne à 27 qui est aujourd’hui de
58,5%. Un tiers des régions a un taux d’emploi des femmes supérieur à la moyenne
européenne, notamment (Rhône-Alpes, la Slovénie occidentale, l’Algarve, PACA, la
Lombardie, etc.). En revanche, certaines régions de l’espace MED ont des taux
d’emploi féminins extrêmement faibles : 31,1% en Sicile et 30% en Campanie74.
4.1.2 Chômage
Dans l’ensemble, le taux de chômage des régions de l’espace MED est plus
élevé que la moyenne européenne qui se situe aujourd’hui à 10,7%.
73 Pour les 48 régions pour lesquelles des données régionales sont disponibles (Eurostat 2012)
74 Données Eurostat 2012.
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 54
Certaines régions MED ont même dépassé en 2012 le seuil de 25% 75 de taux de
chômage : ceci est notamment le cas des régions grecques de l’Attique (25,3%), de
Grèce occidentale (25,5%), de macédoine centrale (26 %), des régions espagnoles de
Valence (27,7%), Murcie (27,9%), d’Andalousie (34,6%) et de Ceuta (38,5 %).
Les régions MED ayant des taux de chômage plus bas que la moyenne européenne
sont l’Ombrie (9,8%), le Piémont (9,2%), les Marches (9,1%), Rhône-Alpes (8,4%),
Corse (8,3%), la Ligurie (8,1%), la Toscane (7,8%), la Slovénie occidentale (7,6%), la
Lombardie (7,5%), l’Emilie Romagne (7,1%), Frioul-Vénétie Julienne (6,8%), Vénétie
(6,8 %) et enfin Malte (6,4%).
Il est important également de souligner que ce taux de chômage déjà élevé pour
l’espace MED a subi une forte augmentation depuis 2007. La carte cidessous fait notamment apparaître cette forte hausse du taux de chômage pour
l’ensemble des régions espagnols, pour le Portugal, l’Italie et la Grèce (mais ne tient
pas compte des effets de la crise)
Carte 19
2007 à 2010
Variation du taux de chômage des personnes âgées de 15 à 74 ans de
Source : Eurostat GISCO 2012
Le taux de chômage des jeunes est également une donnée essentielle du territoire
MED. En 2012, le taux de chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans dans l'UE27
s’établissait à 22,9 % en moyenne et dans près des trois quarts des régions de l'UE-27,
le taux de chômage des jeunes était au moins le double du taux de chômage total. Pour
l’espace MED, seule la Corse a un taux de chômage des jeunes inférieur à 10% . Pour
l’ensemble des autres régions, ce taux est supérieur à 15% (PACA, Rhône-Alpes,
régions du Nord de l’Italie), voire supérieur à 30% (ensemble des régions espagnoles,
Sud de l’Italie, etc.). Ce taux atteint même 72,5% pour la Macédoine occidentale et
70 ,6% à Ceuta. La question du chômage des jeunes a pris récemment une telle
importance que la Commission Européenne a décidé en juin 2013 d’allouer une
enveloppe de 8 milliards d’euros pour l’emploi des jeunes (pour une durée de deux ans
et pour les régions dans lesquels le chômage des jeunes actifs dépasse 25%) 76.
La part du chômage de longue durée (exprimé en part du chômage total)77 était de
44,6 % en moyenne dans l'UE27 en 2012 et différait fortement selon les régions.
75 Données Eurostat 2012
76 Communication de la Commission COM(2013) 447 final, 19/06/2013 « Œuvrer ensemble pour les jeunes
européennes – un appel à l’action contre le chômage des jeunes »
http://ec.europa.eu/social/main.jsp?langId=fr&catId=1036
77 Le chômage de longue durée correspond au pourcentage des chômeurs étant sans emploi depuis 12 mois
ou plus.
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 55
Pour les régions de l’espace MED, ce taux de chômage de longue durée est
particulièrement fort dans le Sud de l’Italie (65% en Campanie) et en Grèce (68% dans
le Péloponnèse ; il est plus faible à Chypre (30%), en dans le Nord de l’Italie (Province
de Bolzano : 25% et Trentin : 27%), en Espagne (Baléares : 39%, Murcie et Aragon :
41%) et en Rhône Alpes (33%).
Carte 20
Taux de chômage de longue durée (en part du chômage total)
Source : Eurostat GISCO 2012
4.1.3 Mobilité de la main d’œuvre
La liberté de circulation (et notamment la mobilité de la main d’œuvre) est l’un des
fondements de la construction européenne. Elle est ainsi favorisée par une politique
d’intégration communautaire de plus ou moins long terme (France et Italie parmi les
membres fondateurs, adhésion de la Slovénie à l’UE en 2004 et de la Croatie à partir
du 1er juillet 2013).
La mobilité de la main d’œuvre est une donnée complexe et peut correspondre à
différents enjeux. Dans une étude parue en 2008 78 , il apparaît ainsi que dans
l’ensemble, et par rapport à la moyenne européenne, les pays du Sud de l’Europe ont
une main d’œuvre moins mobile:

En termes de mobilité régionale, seule la France a une mobilité plus forte que la
moyenne européenne

En termes de mobilité nationales, les pays de l’espace MED, la France et Chypre
ont une mobilité plus forte que la moyenne européenne

En termes de mobilité au sein de l’UE, Chypre, la Grèce, l’Espagne et le Portugal
ont une mobilité plus forte que la moyenne de l’UE

En termes de mobilité hors de l’UE, Chypre, l’Espagne et la France ont des
mobilités plus fortes que la moyenne de l’UE
Tableau 6
une mobilité
Mobilité individuelle exprimée en part de la population ayant effectué
Mobilité régionale
Mobilité nationale
Mobilité UE
Mobilité hors UE
CY
47.8
17.2
8.1
2.9
EL
34.7
16.4
4.4
1.5
78 European Commission, DG Employment, Social Affairs and Equal Opportunities (2008): Geographic
mobility in the European Union: Optimising its economic and social benefits. Final Report.
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 56
ES
46.6
9.9
4.5
3.0
FR
58.2
28.8
2.6
3.3
IT
43.8
7.9
1.6
0.1
MT
27.6
6.2
2.7
2.4
PT
41.7
8.6
4.2
2.0
SI
38.2
9.6
1.6
1.4
EU25
51.0
16.8
3.8
2.7
Source : DG Employment, Social Affairs and Equal Opportunities (2008)
Ces éléments sont à rapprocher des données relatives au taux de chômage et
traduisent sûrement davantage les mobilités des travailleurs en recherche d’emploi
que l’intégration des économies de ces pays.
4.1.4 Education
L’objectif de l’Union Européenne en matière d’éducation à l’horizon 2020 est de
relever le degré d’instruction :

En abaissant le taux de décrochage scolaire à moins de 10% ;

En portant à 40% au moins le nombre de personnes entre 30 et 34 ans
obtenant un diplôme de l’enseignement supérieur (ou une qualification
équivalente).
A ce jour dans l’espace MED, seules les régions slovènes ont atteint l’objectif relatif
au décrochage scolaire et se situent en deçà de la barre des 10%. La région RhôneAlpes, les régions du centre de l’Italie et de l’Est de la Grèce, ainsi que Chypre ont en la
matière également des résultats satisfaisants avec des taux allant de 10 à 15% des
jeunes de 18 à 24 ans ayant quitté prématurément les système d’éducation et de
formation. Le Languedoc-Roussillon, PACA, les régions du Nord de l’Italie et de
l’Ouest de la Grèce se situent dans une fourchette allant de 15 à 20% ; l’Ouest et le Sud
de l’Espagne, la Sardaigne et la Sicile et la Crète ont un taux de décrochage scolaire
supérieur à 20%.
Carte 21
Jeunes ayant quitté prématurément l’éducation et la formation (% de
la population des 18-24 ans)
Source : Eurostat GISCO 2012
Pour l’objectif relatif aux diplômés de l’enseignement supérieur, seules la région
Rhône-Alpes et Chypre ont atteint l’objectif européen des 40%. Les autres régions sont
en deçà de cet objectif : dans les régions du Sud de l’Italie, en Sardaigne et en Sicile, la
part de la population des 30-34 ans diplômée de l’enseignement supérieur est même
inférieure à 20%.
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 57
Pour les diplômes obtenus à l’étranger, la situation diffère grandement d’un pays à
l’autre : à titre d’exemple, les étudiants chypriotes à l’étranger représentent 85% de la
population étudiante totale de Chypre (Eurostat, données 2009) ; ce taux est de 10%
pour Malte mais varie de 0,90 à 1,36 pour l’Italie, la France, le Portugal et l’Espagne
(les données ne sont pas disponibles pour la Grèce).
Par ailleurs, en termes d’enseignement supérieur, les universités de l’espace MED
dans l’ensemble ne comptent pas parmi les meilleures universités européennes. Selon
le classement Times Higher Education 2012-201379, la première université de l’Espace
MED (ENS Lyon) se classe au 170ème rang des universités mondiales (quand la
meilleure université européenne, Oxford, est deuxième de ce même classement).
Viennent ensuite les universités de Grenoble, Barcelone, Milan, Trieste, Bologne,
Montpellier, Trente, Turin, Crète.
Carte 22
Personnes âgées de 30 à 34 ans ayant un niveau d’enseignement
supérieur (2010)
Source : Eurostat GISCO
De façon plus générale, en regardant les systèmes d’éducation dans leur ensemble, on
constate que les dépenses d’éducation (exprimées en part du PIB) sont en
France, à Chypre, à Malte, au Portugal, en Slovénie supérieures à la moyenne
européenne (5,48% du PIB). Dans certains pays, elles tendent même à augmenter
traduisant le souci des pouvoirs publics de renforcer ce secteur essentiel du
développement économique et du développement humain et permettant dans une
certaine mesure de rattraper leur retard par rapport aux autres pays européens : alors
que les dépenses d’éducation (en part du PIB) ont augmenté de 8,8% en Europe de
2001 à 2010, elles ont augmenté de 32% à Chypre, de 57% à Mate et de 17% en
Espagne80.
De plus, dans l’espace MED comme dans la quasi-totalité des pays européens, dans un
souci d’égalité des chances, l’accès à l’éducation et à l’enseignement supérieur reste
gratuit.
4.1.5 Développement des compétences et formation tout au long de la vie
Les politiques en matière d’éducation et de formation sont liées à la fois aux
problématiques d’innovation et d’entreprise et aux politiques d’emploi et d’inclusion
sociale. Les ambitions européennes sont à ce titre de favoriser de façon générale le
développement des compétences, l’éducation et la formation tout au long de la vie
(notamment par le développement des infrastructures d’éducation et de formation.
Deux exemples peuvent illustrer ce propos :
79
http://www.timeshighereducation.co.uk/world-university-rankings/2012-13/worldranking/region/europe
80 Eurostat 2013
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 58

En termes d’accès des enfants aux niveaux primaire et pré-primaire, le Portugal,
l’Espagne, la France et la majorité des régions italiennes se situent dans les
standards européens avec plus de 95% des enfants de 4 ans inscrits à l’école. Ce
taux est plus bas pour la Grèce, Chypre ou la Slovénie où il s’établit à 85%
(données Eurostat 2011)).

En termes de formation permanente par exemple, l’espace MED se situe dans la
moyenne des pays européens : seuls les pays scandinaves, la Finlande, les PaysBas et le Royaume-Uni semblent offrir un dispositif plus satisfaisant (données
Eurostat 2010).
Des pays comme la Slovénie (avec 15,9% de la population de 25 à 64 participant à des
actions de formation tout au long de la vie), le Portugal (11%), l’Espagne (10,8%) se
situent d’ailleurs au-dessus de la moyenne européenne qui s’établit à 8,9% 81.
4.1.6 Pauvreté et exclusion sociale
« La pauvreté devra être réduite en s'attachant à ce qu'au moins 20 millions de
personnes cessent d'être confrontées au risque de pauvreté ou d'exclusion », tel est
l’objectif que se fixe la Stratégie Europe 2020 au titre de la pauvreté et de l’inclusion
sociale. Cet objectif général est ensuite décliné en trois sous-objectifs :

Personnes vivant dans un ménage à très faible intensité de travail ;

Personnes à risque de pauvreté après transferts sociaux ;

Personnes en situation de privation matérielle sévère.
Pour l’espace MED en 2011, 26,6% de la population se trouve en risque de
pauvreté ou d’exclusion sociale, les régions les plus protégées étant l’Aragon, les
régions slovènes, les régions françaises, la Catalogne et Malte, les régions les plus à
risque étant les régions de Ceuta et Melilla, l’Andalousie et la Murcie. Les évolutions
entre 2004 et 2011 sont également disparates : si en Crète ou à Ceuta, ce taux a baissé
de près de 25% sur la période, il a fortement augmenté aux Baléares ou en Catalogne.
A l’échelle de l’espace MED, ce taux a très sensiblement baissé (passant de 27,1% en
2004 à 26,5% en 2011).
Par ailleurs, pour les sous-indicateurs, on constate à l’échelle des Etats 82 :

Pour la part des personnes vivant dans un ménage à très faible intensité de
travail, si la moyenne européenne est à 10%, la moitié des Etats MED ont un taux
supérieur à cette moyenne (Croatie, Espagne, Grèce, Italie), l’autre moitié se
situant en deçà (France, Malte, Slovénie, Portugal et Chypre, Chypre détenant
d’ailleurs en la matière le meilleur résultat à l’échelle de l’Union Européenne).

Pour la part des personnes en risque de pauvreté après transferts sociaux, la
moyenne européenne étant de 17% en 2011, la Slovénie, la France, Chypre et
Malte se situent en deçà de cette moyenne quand les autres Etats (Espagne,
Grèce, Croatie, Italie et Portugal) sont au-dessus.

Pour la part des personnes en situation de privation matérielle sévère, avec une
moyenne européenne à 9,8% en 2011, l’Espagne, la France, la Slovénie, Malte et le
Portugal se situent en-deçà de cette moyenne quand Chypre, l’Italie, la Croatie et
la Grèce sont au-dessus. En Grèce, en 2011, plus de 15% de la population était
dans cette situation.
Pour l’ensemble de ces données et la majorité des régions, la tendance est compte-tenu
de la crise économique à la hausse.
Néanmoins, d’aucuns ont souligné la force d’un modèle familial méditerranéen jouant
un rôle d’amortisseur social en temps de crise : la solidarité intergénérationnelle
81 http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index.php/Lifelong_learning_statistics
82 Données non disponibles au niveau des NUTS2
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 59
essentiellement descendante (des parents vers les enfants) permet de compenser la
perte d’un emploi. On estime par exemple qu’en France, les transferts financiers ont
quasiment doublé au cours des dernières années pour représenter aujourd’hui
l’équivalent de 4% du PIB83.
4.1.7 Santé
La croissance inclusive couvre également les questions sanitaires et sociales
(notamment sous l’angle des infrastructures).
Pour l’espace MED, deux éléments importants méritent d’être soulignés : alors que le
nombre de médecins (en exercice) est élevé, et ce sur l’ensemble du territoire (à
l’exception de l’Alentejo au Portugal), le nombre de lits d’hôpitaux pour 100 000
habitants est faible, voire très faible (à l’exception des régions françaises du
programme).
Carte 23
Nombre de médecins pour 100 000 habitants (Source : Gisco 2009)
Carte 24
Nombre de lits d’hôpitaux pour 100 000 habitants (Gisco 2009)
83 La famille, ultime amortisseur social, journal Le Monde, 11/06/2013
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 60
4.2 Matrice AFOM de l’objectif « Croissance inclusive»
Priorités
d’investissement
européennes
(8)
favoriser
l'emploi et la mobilité
de la main-d'œuvre
Atouts

L’attractivité des universités
de l’espace MED (Barcelone,
Milan, Rome, Aix-Marseille,
etc.)

La grande mobilité de
certains étudiants dans la
réalisation de leur cursus
(Grèce, Chypre notamment,
Italie et Espagne dans une
moindre mesure)
Faiblesses

Un faible taux d’emploi (avec
de fortes disparités entre les
territoires avec des régions
proches de l’objectif européen
de 75% et d’autres avec un
taux d’emploi inférieur à
50%)

Un faible taux d’emploi des
femmes (avec de fortes
disparités entre des régions
situées au-dessus de la
moyenne européenne et
d’autres avec un taux
d’emploi des femmes
inférieur à 33%)

Un taux de chômage, un taux
de chômage des jeunes et un
taux de chômage de longue
durée élevés (et bien
supérieur à la moyenne
européenne)
Opportunités

La mobilité des travailleurs
au sein des Etats, voire de
l’espace MED
(9) promouvoir
l'inclusion sociale et
lutter contre la
pauvreté

Une forte solidarité
intergénérationnelle
descendante, agissant comme
un important amortisseur
social de la crise

Une part importante de la
population se trouvant dans
une situation de risque de
pauvreté et d’exclusion
sociale

Le rôle important de
l’économie sociale et solidaire
dans certains pays comme
l’Italie et le potentiel de
l’innovation sociale
(10)
investir
dans les
compétences,

Une offre de formation
complète, de qualité et

Un niveau de décrochage
scolaire encore élevé par

La baisse progressive du
niveau de décrochage scolaire
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED
Menaces

Un taux de chômage élevé
ayant subi une forte hausse
au cours des dernières années
et des taux parfois supérieur à
25%

La fuite des ressources
humaines, notamment des
jeunes, diplômés ou non, vers
les autres pays européens ou
vers les pays émergents
(Amérique Latine
notamment)

Des conséquences sociales et
humaines de la crise
alarmantes (niveau de
pauvreté et d’extrême
pauvreté)
61
l’éducation et la
formation tout au
long de la vie, par le
développement des
infrastructures
d'éducation et de
formation
gratuite dans l’ensemble des
régions de l’espace MED

rapport à la moyenne
européenne
Une offre de formation
professionnelle dans la
moyenne des pays européens
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED

Des dépenses d’éducation en
hausse dans la grande
majorité des régions MED
62
4.3 Conclusions pour l’objectif « Croissance inclusive» du territoire MED
4.3.1 Enseignements du PO 2007-2013 en matière de croissance inclusive
Le programme MED n’a pas à ce jour d’expérience en matière de croissance inclusive,
les problématiques envisagées sous cet objectif ne faisaient pas partie des précédents
axes d’intervention du programme MED.
4.3.2 Spécificités et valeur ajoutée de la coopération transnationale, conditions de
mise en œuvre des projets
Les questions liées à l’emploi, à la mobilité de la main d’œuvre ou à l’inclusion sociale
et lutte contre la pauvreté sont abordées par d’autres fonds (le FSE en particulier, mais
également les PO FEDER régionaux, voire le FEADER) et d’autres programmes
européens. Ils nécessitent le plus souvent des réponses locales au plus près des
bénéficiaires finaux. Les programmes transfrontaliers de l’espace MED interviennent
également sur ces thématiques :

En matière de création de pépinières d’entreprises (objectif thématique n°8,
sous priorité 8a), les fonds régionaux FEDER, FEADER et FSE sont déjà
largement mobilisés et la plus-value d’échanges d’expériences à l’échelle
transnationale n’est pas évidente.

Dans le domaine des infrastructures sanitaires et sociales (objectif thématique
n°9, priorité d’investissement 9a), outre qu’il s’agit d’interventions sur les
infrastructures, ces actions semblent plus pertinentes à l’échelle locale,
régionale ou dans un cadre transfrontalier.
Par ailleurs, la multiplicité des acteurs du champ de la cohésion sociale, leur diversité
et la taille des opérateurs sont également soulignées comme rendant plus complexe la
mise en œuvre de projets de coopération transnationale (capacité financière des
porteurs de projet, ingénierie technique du montage et de la gestion de projets), et
portant le risque d’atomisation de la stratégie du programme autour de petits projets.
S’agissant de la formation (objectif thématique n°10), le règlement CTE cible les
interventions sur le financement d’infrastructures qui sont par ailleurs financées par
les PO FEDER régionaux. Hors infrastructures, les questions liées à la formation et à
la mobilité font l’objet également de programmes européens qui visent à organiser la
mobilité européenne des apprenants, et à constituer des offres de formation
cohérentes et conjointes à l’échelle transnationale. Il s’agit par exemple des
programmes Leonardo, Erasmus, Grundvig, ou Eramus Mundus, ou, dans le champ de
la recherche, des actions Marie-Curie du 7ème PCRD.
4.3.3 Principaux enjeux du programme MED 2014-2020 en termes de croissance
inclusive
Les enjeux d’une croissance inclusive sont forts dans l’espace MED ; ils se posent
particulièrement à deux niveaux :

Le marché de l’emploi et notamment l’anticipation des mutations de
l’emploi (avec notamment le vieillissement de la population). Ces changements de
fond appellent à une anticipation fine des mutations pour pouvoir développer, en
amont des pénuries de main d’œuvre, des filières et formations spécifiques (ex :
aide à la personne, etc.) et adaptées aux territoires.

La formation

Développer la formation tout au long de la vie : cet enjeu n’est pas spécifique à
l’espace MED et renvoie aux taux de chômage élevés dans la zone (chômage
général, chômage de longue durée et chômage des jeunes), à la nécessaire
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 63
adaptation de la main d’œuvre à différentes missions tout au long de la vie dans un
contexte de flexibilité accrue du travail et d’accroissement de la demande de
profils multi-compétences.

Lutter contre le décrochage scolaire, fortement lié aux risques d’exclusion sociale
et de précarité et qui reste encore fort à l’échelle du programme MED
Néanmoins, et ce malgré l’importance des enjeux sociaux, importance renforcée avec
la crise économique actuelle, du fait de la faible expérience de MED sur ces questions,
mais surtout de la prise en compte de ces enjeux par d’autres outils de financements
européens et de la faible valeur ajoutée d’une approche transnationale pour ces
questions, la sélection de ces objectifs thématiques dans le cadre du programme MED
semble moins prioritaires.
Notons toutefois que certains des enjeux de la croissance inclusive peuvent être
abordés sous d’autres objectifs thématiques. L’objectif thématique 1 sur l’innovation
peut en effet être appliqués aux questions d’innovation sociale ; le développement des
modèle « triple hélice » de coopération entre les mondes de la recherche, de
l’entreprise et de la formation font le lien avec les questions de renforcement de
capacités des individus et de l’emploi.
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 64
5. Gouvernance au sein de l’espace MED : macrorégions et OT11
Les macrorégions sont issues de la « Stratégie de l'Union européenne pour la région de
la mer Baltique et le rôle des macrorégions dans la future politique de cohésion »
adoptée en 2009. La macrorégion Danube84 a été créée en 2011 et d’autres projets de
macrorégion sont actuellement en cours de d’étude et/ou de finalisation, la
macrorégion Adriatique en particulier qui concerne directement l’espace MED.
Une macrorégion vise à regrouper un ensemble cohérent de territoires dont la
vocation est de coopérer pour mieux résoudre les problèmes économiques et
environnementaux qui s'y posent. Pour la Baltique par exemple, la stratégie vise à
coordonner les fortes coopérations sectorielles déjà en vigueur et à les structurer
autour de quatre piliers : environnement, prospérité, accessibilité et sécurité. L’accent
avait été mis par la Commission, dès la création des macrorégions, sur le fait qu’il n’y
aurait ni de nouveaux fonds, ni de nouvelle législation, ni de nouvelles institutions.
Dans le cadre de la stratégie Europe 2020, la dimension territoriale de la politique de
cohésion de l’UE et aux autres politiques de l’UE a pris un rôle plus grand. La
proposition de règlement FEDER-CTE 85 prévoit d’ailleurs expressément que « la
coopération transnationale peut soutenir l’élaboration et l’application de stratégies
macrorégionales et de programmes de bassin maritime (y compris aux frontières
extérieures de l’UE) ». L’article 6 fait des macrorégions une priorité d’investissement
pour la coopération transnationale dans le cadre de l’objectif thématique n°11 portant
sur le renforcement des capacités institutionnelles et l’efficacité de l’administration
publique. Les macrorégions ouvrent ainsi des perspectives nouvelles aux projets de
coopération territoriale et peuvent permettre de conforter l’articulation entre les
programmes régionaux, en vue de l’atteinte des objectifs de la Stratégie Europe 2020.
Elles peuvent également accompagner les grandes stratégies européennes (réseaux
transeuropéens de transport ou politique maritime intégrée par exemple).
Cette notion englobe également les principes suivants 86 :

« Intégration — les objectifs devraient être intégrés dans les cadres d’action
existants (de l'UE, régionaux, nationaux, locaux, de préadhésion), dans les
programmes en vigueur (de l'UE, spécifiques au pays, de coopération
territoriale, sectoriels), et dans les instruments financiers actuels,

coordination — politiques, stratégies et ressources de financement devraient
éviter de cloisonner les politiques sectorielles, les acteurs ou les différents
niveaux de gouvernement,

coopération — les États devraient coopérer, tout comme les différents secteurs,
à travers toutes les régions, insufflant aux idées de développement régional un
nouvel «état d'esprit» qui soit tourné vers l'extérieur, plutôt que l'intérieur,

gouvernance à plusieurs niveaux — les décideurs politiques des différents
échelons doivent collaborer plus efficacement, sans ajouter de nouveaux
niveaux au processus décisionnel,
84 Communication concernant la stratégie de l’Union européenne pour la région de la mer Baltique,
COM(2009) 248 du 10.6.2009 et communication intitulée «Stratégie de l’Union européenne pour la
région du Danube», Bruxelles, 8.12.2010, COM(2010) 715.
85 Proposition de règlement du parlement européen et du conseil portant dispositions particulières relatives
à la contribution du Fonds européen de développement régional à l’objectif «Coopération territoriale
européenne», COM(2011) 611 final/2
86 Rapport de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au comité économique et social européen
et au comité des régions concernant la valeur ajoutée des stratégies macrorégionales (COM(2013) 468
final), 27/06/2013
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 65

partenariat — l'Union européenne et les pays tiers peuvent travailler ensemble
sur la base des intérêts et du respect mutuels ».
Les expériences menées dans la Baltique et sur le Danube ont permis de mettre en
évidence sept points sur lesquels les macrorégions ont une valeur ajoutée 87 :

Résultats concernant les projets, les actions, les décisions, les réseaux :
concrétisation de nouveaux projets ou impulsion nouvelles pour des projets
transnationaux existants ;

Amélioration de l'élaboration des politiques par la canalisation des approches
nationales et régionales et la mise en cohérence à l’échelle de la macrorégion ;

Meilleur rapport coût-efficacité par la création de synergies entre les projets et
la recherche de financements extérieurs ;

Davantage d'intégration et de coordination, tant entre les Etats qu’au sein
mêmes des Etats et entre les problématiques à l’œuvre sur un même territoire ;

Lutte contre les inégalités régionales et promotion de la cohésion territoriale par
i) la mise en évidence des disparités économiques, sociales et territoriales et ii)
la mise en place de solutions concrètes ;

Promotion de la gouvernance à plusieurs niveaux par la coordination des
niveaux nationaux, régionaux et locaux en matière de planification ou de
financement ;

Coopération accrue avec les pays limitrophes, qu’il s’agisse de pays candidats à
l’adhésion (Serbie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, etc.) ou non (Norvège,
Russie, Moldavie, etc.).
La question des macrorégions revêt une importance particulière pour le programme
MED avec d’une part, la création d’ici fin 2014 d’une nouvelle stratégie macrorégionale pour la région adriatique et ionienne (décision du Conseil européen de
décembre 2012), cette décision étant intervenue juste après le lancement de la
«Stratégie maritime pour la mer Adriatique et la mer Ionienne » (novembre 2012) et
d’autre part, la perspective de création d’autres macrorégions dans l’espace.
La macrorégion Adriatique/Ionienne regroupe la Grèce, l’Albanie, la Bosnie–
Herzégovine, le Monténégro, la Serbie, la Croatie, la Slovénie et l’Italie. Il est prévu
que cette macrorégion s’appuie sur les quatre piliers que sont88 :

La « maximisation du potentiel de l’économie bleue (conditions à l’innovation et
à la compétitivité, transport maritime, tourisme maritime et côtier, aquaculture)

L’amélioration sanitaire de l’environnement marin (gestion des déchets,
biodiversité, etc.)

Un espace maritime plus sûr (trafic des personnes et des marchandises,
notamment pétrole et gaz, salubrité des navires, plan de gestion des accidents et
des risques, etc.)

Des activités halieutiques durables et responsables (dans le cadre de la politique
commune de la pêche)
La macrorégion Adriatique/Ionienne revêt également des enjeux importants au regard
87 Ibid.
Rapport du Parlement européen sur l’évolution des stratégies macrorégionales de l’UE : pratiques
actuelles et perspectives d’avenir, notamment en Méditerranée (2011/2179(INI))
88 Communication de la Commission « Une stratégie maritime pour la mer Adriatique et la mer Ionienne »,
COM(2012) 713 final, le 30/11/2012 :
xhttp://ec.europa.eu/maritimeaffairs/policy/sea_basins/adriatic_ionian/documents/com_2012_713_fr.pd
f
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 66
de la politique de voisinage et notamment de l’intégration des Balkans occidentaux à
l’Union européenne.
La question de l’articulation entre le programme de coopération transnationale MED
et ses différentes macrorégions (existante ou à venir) se pose ainsi à plusieurs
niveaux : comment coordonner et articuler les stratégies du PO MED et des
macrorégions ? Comment soutenir les projets et les initiatives et les projets de la
macrorégion Adriatique/ionienne ? Comment soutenir l’émergence d’autres
macrorégions pour équilibrer le territoire ? Comment, à terme, coordonner les
stratégies des différentes macrorégions au sein du même espace MED ?
Si les macrorégions peuvent apporter à l’espace MED des espaces de gouvernance
locale pertinents, permettant de réfléchir en termes de sous-ensembles dans un espace
très vaste, le programme MED pourra apporter aux projets une certaine expérience de
la coopération transnationale et le financement de projets sur des objectifs communs.
A ce stade, le programme MED et les stratégies macrorégionales étant en parallèle en
cours de définition, il est trop tôt pour définir les zones et les conditions
d’articulations. Il est néanmoins nécessaire pour le programme d’ouvrir les
perspectives et de se donner la possibilité d’intégrer la dimension macro-régionale le
moment venu.
La traduction en termes d’objectif thématique passe par la sélection de l’OT11 qui
vise à renforcer les capacités institutionnelles et l’efficacité des administrations
publiques grâce au renforcement de la capacité institutionnelle et de l'efficacité des
administrations et des services publics concernés par la mise en œuvre du FEDER, et
au soutien d'actions, dans les domaines de la capacité institutionnelle et de l'efficacité
de l'administration publique, bénéficiant de l'aide du FSE.
La sélection de cet objectif thématique pourrait permettre également de renforcer la
coordination de trois programmes de coopération territoriale européenne intervenant
sur des zones connexes (programmes MED, IEVP et prochain programme South-East
Gateway).
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 67
6. Enjeux transversaux de l’espace MED
Nombre d’enjeux s’inscrivent avec la même importance sur les différents objectifs de
croissance de l’Union Européenne.
Le modèle d’économie agro-méditerranéenne et la croissance bleue nous semble
particulièrement représentatifs tant de la spécificité méditerranéenne qui justifierait
une approche transnationale, que la diversité des enjeux sous-jacents qui fonde une
prise en compte transversale par le programme.
Nous les présentons de façon détaillée ci-dessous et explicitons en quoi ils s’inscrivent
tour à tour sur des enjeux de croissance intelligente, de croissance durable et de
croissance inclusive et des objectifs thématiques qui y sont liés.
6.1 Focus « Economie agro-méditerranéenne »
6.1.1 Principaux enjeux de l’économie agro-méditerranéenne
L’agriculture occupe une place de premier ordre dans l’économie des pays de l’espace
MED : en Grèce, en Calabre, dans l’Algarve et l’Alentejo, en Croatie, la part de
l’agriculture est supérieure à 3,5% de la richesse produite. Elle est également forte
pour les autres régions italiennes ou l’Espagne.
Carte 25
Part de l’agriculture dans l’économie, en part de la valeur ajoutée
totale (Source : Eurostat/Gisco 2009)
L’économie méditerranéenne, et notamment l’agriculture et l’agroalimentaire
méditerranéennes, reposent sur un socle commun aux pays de l’espace MED liée avant
tout au climat et à la géologie. Trois productions sont emblématiques de cette
économie, de ses avantages comparatifs mais également des défis auxquels elle est
confrontée : l’olive, le vin et les agrumes.
Le marché de l’olive et de l’huile d’olive tout d’abord est un marché
extrêmement porteur et riche en perspectives pour l’espace MED89 :

75 % de la production mondiale d'olive provient de l'Union Européenne et avant
tout d’Espagne, d’Italie et de Grèce. L’Espagne à elle seule produit la moitié de
l’huile d’olive mondiale ; pour la troisième année consécutive, la récolte 2011-2012
a été abondante (record historique de production de 1,6 million de tonnes en
Espagne, 400 000t en Italie et 300 000t. en Grèce). La production européenne a
connu une hausse de 9% au cours des trois dernières années et atteint aujourd’hui
2,4 millions de tonnes.
89 Olive oil trading trends in the European Union, The International Olive Council, Market newsletter,
Marche 2013
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 68

La consommation est également en forte hausse : elle a atteint 3,1 millions de
tonnes en 2011. La consommation locale dans les pays producteurs est une
constante forte. Cependant, c’est une nouvelle demande qui tire le marché : la
demande des pays émergents a augmenté à un rythme de 13% depuis 2007. Les
importations chinoises par exemple sont passées de 2 000 tonnes en 2003 à 45
000 en 2012. Ce taux de croissance à deux chiffres devrait d’ailleurs selon les
spécialistes de négoce de matière premières se confirmer dans les cinq prochaines
années.

L’industrie oléicole reste néanmoins fragile et se trouve confrontés à différents
défis90 :


Le secteur est vulnérable aux aléas du climat (manque de précipitations
chroniques), à un relief accidenté (caractérisé par des pentes abruptes et un
fort morcellement), ainsi que la longue histoire de l’intervention humaine
(dans les écosystèmes naturels) qui entrainent des taux d’érosion plus
alarmants que dans d’autres régions du continent.

La compétitivité-prix est faible et la rentabilité du secteur tend à baisser.

Le produit souffre d’un manque de visibilité et d’un déséquilibre au sein d’une
filière où des produits de qualités différentes sont commercialisés sous les
mêmes appellations (défaut de classification visible entre les différents
produits).

Les pays d’Europe méditerranéenne doivent faire face à la concurrence
d’autres producteurs, notamment des pays du Sud de la Méditerranée.
Les enjeux en termes d’amélioration de la qualité, à tous les stades de la filière, de
recherche d’une appellation d’origine contrôlée, d’intégration régionale autour
d’une filière oléicole durable, constituent quelques voies de progrès, dans un
marché mondial en plein développement et peuvent offrir des pistes intéressantes
pour la coopération territoriale européenne. Les problématiques se posent tant en
termes de croissance intelligente (recherche, innovation et transfert de
technologie, soutien à la compétitivité des PME et à leur internationalisation) que
de croissance durable (efficacité énergétique des PME, gestion de la ressource en
eau, gestion des déchets, protection d’un patrimoine naturel et culturel). C’est
également un enjeu de croissance inclusive : pour l’Espagne, on estime à 32
millions le nombre de jours de travail créés par le secteur91.
Un projet visant à mettre en réseau les producteurs et les centres de recherche et
de transfert de technologie, afin d’améliorer la compétitivité du secteur et la
protection de l’environnement, a d’ailleurs été soutenu dans le cadre du
programme MED 2007-2013d’un programme de coopération transnationale
européenne92.
Les projets menés dans MED 2007-2013 en termes d’agroalimentaire permettent
d’ailleurs de souligner :

Des besoins en termes de renforcement des capacités et de la structuration
des acteurs économiques, de renforcement du lien entre les activités
touristiques, les questions environnementales et l’agriculture, de
renforcement des liens entre les différents secteurs de l’agro-alimentaire.

Des actions possibles dans le développement de la consommation locale de
produits
agricoles
et
agro-alimentaires,
l’organisation
de
90 Les défis de la mondialisation pour l’oléiculture méditerranéenne, Yvette Lazzeri, Centre d’Etudes et de
Recherches Internationales et Communautaires (Université de Marseille), Conférence au CCF de Tlemcen,
novembre 2009
91 Source : Agence nationale espagnole pour l’huile d’olive
92 http://www.oilca.eu/fr/index.htm
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 69
l’approvisionnement et du marketing des produits locaux, tirer parti de la
reconnaissance par l’UNESCO de la « diète méditerranéenne », valoriser le
potentiel de formes de tourisme alternatif en lien avec l’agriculture, la
culture et la protection de l’environnement, etc.
Pour le secteur de la vigne et du vin, les principaux constats et enjeux de la filières
recoupent ceux de la filière olive :

Le vin est un secteur essentiel de l’économie des pays de l’espace MED : la
France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Grèce font partie des plus
gros producteurs de vin au monde (en volume, et ce malgré la concurrence
de pays-continents : Etats-Unis, Chine, Australie, etc.)
Graphique 9
Production de vin (en milliers d’hectolitres ; source : rapport
statistique 2013 de l’Organisation internationale de la vigne et du vin)

Le secteur se trouve confronté à des enjeux globaux, identiques aux
différents pays de l’espace MED, qui peuvent justifier une approche
commune dans le cadre de la coopération transnationale : le secteur
vitivinicole est stratégique à la fois en termes de production et de contribution à la
balance commerciale du pays mais aussi en termes d’emplois, de dynamisme et
d’animation du tissu rural dans plusieurs régions. Néanmoins, dans certains
bassins viticoles, ce secteur doit faire face à une crise majeure qui résulte de
déterminants notamment économiques et environnementaux. Les exigences à
satisfaire pour assurer la durabilité des systèmes de production (satisfaction
quantitative et qualitative des demandes s’exprimant sur les marchés,
compétitivité et durabilité économiques et commerciales, attractivité des métiers
liés à la viticulture, préservation de l’environnement, de la qualité des milieux et
des sols ) sont plus nombreuses, plus contraignantes et de nature plus diverse que
celles formulées au cours des décennies précédentes. Pour s’adapter à ce nouvel
environnement, à un monde en perpétuel changement, la recherche et l’innovation
apparaissent comme des éléments déterminants et stratégiques.

Les innovations dans un secteur souvent jugé « traditionnel » sont déjà
très nombreuses, tant en termes de produits (le marché japonais demande
des vins plus légers que les producteurs ont su développer, le marché du vin bio se
développe, etc.), que de techniques ou d’outils de production (le pôle de
compétitivité français Qualiméditerranée par exemple a développé un projet
Vinnotec sur le développement des TIC pour répondre aux nouveaux enjeux de la
filière viti-vinicole : caractérisation de l’état de la vigne, du raison, des
fermentation avec de nouveaux capteurs et aide à l’optimisation de l’itinéraire de
production associé (avec des systèmes d’aide à la décision
Dernier exemples, la filière des agrumes est confrontée à
problématiques également très proches de celles secteurs de l’olive et du vin :
des
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 70

La Méditerranée est le producteur historique d’agrumes dans le monde : en 20112012, la production de la Méditerranée dans son ensemble représente 38% de la
production mondiale (20,6Mt.). L’Espagne et l’Italie sont devant l’Egypte les
premiers producteurs93.

La production mondiale est encore absorbée à 60% par le marché européen, mais
de nouveaux marchés se développent rapidement (Europe de l’Est et Russie
notamment, Chine).

Le secteur est touché par une crise de l’innovation et la concurrence de
producteurs comme Israël qui développe des produits répondant de plus en plus
aux envies des consommateurs.

Des perspectives importantes existent pour renforcer la compétitivité du secteur,
notamment en termes d’innovation sur les produits et sur la problématique des
transports.
La question de l’innovation peut, comme pour l’olive ou le vin, être un secteur de
coopération pertinent pour un programme de coopération transnationale.
6.1.2 Traduction en termes d’objectifs thématiques et priorités d’investissements
Enjeux identifiés pour
l’espace MED
Traduction en
termes
d’objectifs
thématiques…
… et de priorités d’investissement
Le renforcement de la
compétitivité du
secteur (notamment
par la hausse de la
productivité,
l’innovation sur la
qualité, la
transformation ou la
visibilité des produits
OT1/ renforcer la
recherche, le
développement
technologique et
l'innovation
Ensemble des priorités d’investissements
des deux OT
La protection d’un
secteur vulnérable aux
aléas climatiques,
inscrit dans des
écosystème fragiles,
qui entraine une forte
érosion des sols
OT6/ protéger
l’environnement et
encourager
l’utilisation durable
des ressources
PI6a/ Réponse aux besoins importants en
matière d'investissement dans le secteur
des déchets, de manière à satisfaire aux
exigences de l'acquis environnemental;
L’inscription dans une
démarche de
production et de
développement
durable de la filière
OT4/ soutenir la
transition vers une
économie à faibles
émissions de CO2
dans l’ensemble des
secteurs
PI4b/ Promotion de l'efficacité
énergétique et de l'utilisation des énergies
renouvelables dans les PME;
OT3/ améliorer la
compétitivité des
PME
PI6b/ Réponse aux besoins importants en
matière d'investissement dans le secteur
de l'eau, de manière à satisfaire aux
exigences de l'acquis environnemental;
6.2 Focus « Economie bleue »
6.2.1 Principaux enjeux de la croissance bleue
L’économie bleue vise à développer une économie durable de la mer et du
littoral ; elle comprend notamment :
93 Données FAO 2012
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 71

La protection et la valorisation durable des ressources (potentiel des énergies
marines, préservation des ressources minérales profondes, protection de la
biodiversité) ;

La mise en place de politiques de pêche, d’aquaculture et agriculture durables
(gestion durable de la ressource halieutique notamment) ;

La mutation des activités industrielles et de transports (développement du
transport maritime comme solution de report modal par rapport à la route,
dimension sociale du transport maritime international) ;

La gestion et le développement durable des ports ;

La prise en compte des enjeux du développement durable dans les secteurs du
tourisme, de la plaisance et des loisirs nautiques.
La croissance bleue s’inscrit par ailleurs dans le cadre plus vaste de la politique
maritime intégrée de l’Union Européenne 94 initiée en 2007 qui, pour
répondre à ces enjeux de croissance bleue, met l’accent sur le nécessaire renforcement
de la gouvernance du secteur et la coordination des acteurs, ainsi que la définition de
stratégies par bassins maritimes (Méditerranée, Atlantique, Baltique, etc.) : il s’agit de
coordonner, et non de remplacer, les différentes politiques relatives aux secteurs
maritimes spécifiques (environnement, recherche, transport, énergie, entreprise,
politique régionale).
En 2012, la Commission a précisé sa conception de l’économie bleue à travers
l’indentification de cinq domaines prioritaires 95 : énergie bleue, aquaculture, tourisme
maritime, tourisme côtier et tourisme de croisière, ressources minérales marines,
biotechnologie bleue.
Pour la Méditerranée spécifiquement, on estime que le potentiel de la croissance
bleue est de 500 à 600 milliards d’euros 96 : c’est en effet par la Méditerranée
(dans son ensemble) que transitent 30% du commerce mondial par mer (en volume), à
destination ou en provenance de plus de 450 ports et terminaux situés sur ses rives, et
25 % du transport maritime mondial du pétrole. Plus de 150 millions de personnes
vivent sur son littoral, un chiffre qui est multiplié par deux durant la saison
touristique. La moitié de la flotte de pêche de l’UE y est active (une activité
essentiellement artisanale et composée de navires de petite dimension) ; s’y ajoute une
activité croissante de production aquacole marine.
Les pistes de travail sur l’économie bleue sont importantes à l’échelle de
l’espace MED : les acteurs et la coordination internationale dans le secteur sont
d’ores et déjà nombreux (BEI, FEMIP, OMI, etc.) ; l’Organisation maritime
internationale en Méditerranée travaille par exemple sur d’une part l'éducation, la
formation et la diffusion d'informations et, d'autre part, sur le suivi et le contrôle, afin
de veiller à ce que les politiques et les pratiques soient respectées et mises en œuvre de
manière efficace. Les financements sont également présents : entre fin 2002 et 2012,
la BEI a par exemple fourni plus de 13 milliards d’euros de financements à aux pays
méditerranéens et mobilisé environ 35 milliards d’euros de capitaux supplémentaires
en collaboration avec des institutions financières internationales, des agences
bilatérales et le secteur privé.
6.2.2 Traduction en termes d’objectifs thématiques et priorités d’investissements
Pour un programme de coopération transnationale comme MED, les actions doivent
s’inscrire et s’articuler dans un cadre très vaste. En termes de projets pour l’espace
MED, compte-tenu des acteurs et des moyens en présence, il peut s’agir sur les
94 http://ec.europa.eu/maritimeaffairs/policy/index_fr.htm
95 http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2012:0494:FIN:FR:PDF
96 Estimation présentée lors du congrès de la FEMIP (facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de
partenariat) sur l’économie bleue en Méditerranée, Athènes, mars 2013
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 72
différents objectifs thématiques de l’Union Européenne, d’initiatives-pilotes,
de projets d’amorce, d’initiatives resserrées, menées autour d’un petit nombre de
partenaires sur une zone ciblée de la Méditerranée pouvant potentiellement mener à
par la suite à des projets de plus grande ampleur.
Les projets menés sur la période 2007-2013 donnent de premières pistes d’analyse :

Dans le cas du tourisme par exemple, les projets menés sur MED 2007-2013
ont souligné l’impact environnemental des actions touristiques et la nécessité
de réfléchir à des voies de développement touristique durable ;

Pour la sécurité du transport maritime, les partenaires soulignent la nécessité
de créer un partenariat méditerranéen sur les échanges de données pour en
assurer la qualité et l’utilisation.

Pour les ports, bien que la question soit difficilement abordable par un
programme transnational compte-tenu de la diversité de acteurs en charge de
la gestion portuaire dans l’espace MED, les besoins et les potentialités d’action
portent entre autres sur l’exploitation des TIC pour gérer les problèmes de
congestion, la création de solutions coordonnées entre producteurs et
exportateurs (cargo clustering), le renforcement de la standardisation des
procédures et normes administratives, ainsi que des containers, afin de gagner
en temps et en efficience, une meilleure coordination entre les ports, les
terminaux maritime et le transport terrestre, etc.
Le potentiel des projets de la croissance bleue devrait d’ailleurs être exploré plus en
détails par le programme sur la fin de l’exercice 2007-2013 avec l’utilisation des
reliquats et des retours de fonds FEDER. Les nouveaux projets qui devraient être
lancés au début 2014 pourraient donner des pistes intéressantes méritant d’être
développés dans le cadre de la prochaine programmation.
Tableau 7
Traduction
d’investissements
en
termes
d’objectifs
thématiques
et
priorités
Enjeux identifiés pour
l’espace MED
Traduction
en
termes d’objectifs
thématiques…
… et de priorités d’investissement
La protection et la
valorisation durable
des ressources
(potentiel des
énergies marines,
préservation des
ressources minérales
profondes, protection
de la biodiversité)
OT6/ protéger
l’environnement et
encourager
l’utilisation durable
des ressources
Ensemble des priorités d’investissement
La
mutation
des
activités industrielles
et
de
transports
(développement
du
transport
maritime
comme solution de
report
modal
par
rapport à la route,
dimension sociale du
transport
maritime
international)
OT7/ encourager le
transport durable et
supprimer
les
obstacles dans les
infrastructures
de
réseaux essentielles:
PI7c/ élaboration de systèmes de
transport respectueux de
l'environnement et à faibles émissions
de carbone et promotion d'une mobilité
urbaine durable;
La prise en compte
OT1/ renforcer la
PI1b/ promotion des investissements
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 73
des
enjeux
du
développement
durable
dans
les
secteurs du tourisme,
de la plaisance et des
loisirs nautiques
recherche, le
développement
technologique et
l'innovation
OT3/ améliorer la
compétitivité des PME
R&I
par
les
entreprises,
du
développement de produits et de
services, des transferts de technologie,
de
l'innovation
sociale
et
des
applications de services publics, de la
stimulation de la demande, des réseaux,
des regroupements et de l'innovation
ouverte par la spécialisation intelligente;
PI3a/ promotion de l'esprit d'entreprise,
en particulier en facilitant l'exploitation
économique des nouvelles idées et en
stimulant la création de nouvelles
entreprises;
PI3b/ développement de nouveaux
modèles d'activité à l'intention des PME,
en particulier en vue de favoriser leur
internationalisation
6.3 Traitement de ces focus spécifiques dans la programmation
Nous avons choisi d’aborder de façon spécifique ces deux éléments essentiels que sont
l’économie agro-méditerranéenne et la croissance bleue, dans la mesure où ils sont des
éléments essentiels d’un diagnostic territorial de l’espace MED : ils sont des
déterminants fondamentaux de l’espace méditerranéen, de son identité, de son
potentiel de développement économique et social. Par ailleurs, ils peuvent s’inscrire
réellement dans une logique transversale au programme : l’agriculture
méditerranéenne est aujourd’hui tant un enjeu d’innovation qu’une question de
gestion raisonnée de la ressource en eau.
Si cette hypothèse de travail est jugée pertinente, différentes modalités d’application
sont envisageables : il est possible par exemple pour l’ensemble des objectifs
thématiques sélectionnés, d’accorder un rôle spécifique à ces deux focus (par des
appels à projets spécifiques, un montant de l’enveloppe de programmation fléché, des
outils d’animation et d’accompagnement spécifique).
Dans une logique de
spécialisation intelligente de l’espace MED, il pourrait être envisagé par exemple de
cibler prioritairement les interventions de l’objectif thématique n°1 sur ces questions
de croissance bleue ou modèle agricole et agro-alimentaire méditerranéen.
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 74
7. Scénarii de stratégie pour le programme MED 2014-2020
Sur la base des éléments présentés dans ce rapport et des échanges avec la Task Force
lors de sa réunion du 12 juillet à Marseille, nous proposons les scénarii suivants pour
la stratégie du programme MED 2014-2020.
Ils sont établis sur la base de la proposition de règlement du parlement européen et du
conseil portant dispositions particulières relatives à la contribution du Fonds
Européens de développement régional à l’objectif « Coopération territoriale
européenne »97 dont l’articule 5 sur la concentration thématique demande à ce que les
programmes de coopération transnationale sélectionne quatre objectifs thématiques.
Le règlement pourrait évoluer vers plus de souplesse et demander à ce que 80% des
PO soient fléchés sur 4 OT, les 20% restant étant sortis de l’exigence de concentration
thématique.
La matrice ci-dessous est bâtie autour d’une stratégie fondamentale qui
s’articule autour des OT n°1, 4, 6 et 11 (soit 4 OT).
Selon les priorités du partenariat, deux variations peuvent être apportées :

En orientant davantage le programme sur la croissance intelligente et
ajoutant l’OT n°3 sur la compétitivité des entreprises

En orientant d’avantage le programme sur la croissance durable et ajoutant
l’OT n°5 sur l’adaptation aux changements climatiques et la gestion des risques.
Tableau 8
Scénarii de stratégie pour le programme MED 2014-2020
Stratégie
fondamentale
Dominante
Croissance
Intelligente
Dominante
Croissance
Durable
1) renforcer la recherche, le développement technologique et
l'innovation
(4) soutenir la transition vers une économie à faibles émissions
de CO2 dans l’ensemble des secteurs
(6) protéger l’environnement et encourager l’utilisation durable
des ressources
(11) renforcer les capacités institutionnelles et l’efficacité des
administrations publiques grâce au renforcement de la capacité
institutionnelle et de l'efficacité des administrations et des
services publics concernés par la mise en œuvre du FEDER, et
au soutien d'actions, dans les domaines de la capacité
institutionnelle et de l'efficacité de l'administration publique,
bénéficiant de l'aide du FSE
2) améliorer l’accessibilité aux technologies de l’information et
de la communication (TIC), leur utilisation et leur qualité
3) améliorer la compétitivité des PME
(5) favoriser l’adaptation aux changements climatiques, la
prévention et la gestion des risques:
(7) encourager le transport durable et supprimer les obstacles
dans les infrastructures de réseaux essentielles
(8) favoriser l'emploi et la mobilité de la main-d'œuvre
(9) promouvoir l'inclusion sociale et lutter contre la pauvreté
(10) investir dans les compétences, l’éducation et la formation
tout au long de la vie, par le développement des infrastructures
d'éducation et de formation
97 COM (2011) 611 final/2 en date du 14/03/2012
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 75
Annexe A Liste des personnes sollicitées pour la mission
Pays
Nom
Prénom
coordonnées
Entret
ien
réalisé
ALBANIE
RAKAJ
Greta
[email protected]
X
BOSNIE
HERZEGOVINE
BOJANIC
Nada
[email protected]
CHYPRE
CONSTANTIN
OU
Constanti
a
[email protected]
CHYPRE
KASTANOU
Litsa
[email protected]
CROATIE
TOMASEVIC
Daniela
[email protected]
ESPAGNE
URIARTE
Marian
[email protected]
FRANCE
ARPIN-PONT
Thierry
[email protected]
FRANCE
POLLET
Géraldin
e
gpollet@regionpaca,fr
GRECE
EMMANUEL
George
[email protected]
GRECE
KATSIYIANNI
Eleni
[email protected]
ITALIE
RUSCA
Rossella
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ITALIE
TOZZI
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MINTOFF
Celia
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MALTE
HOLLIER
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SEKULOVIC
Ratka
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Portugal
ROCHA
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X
SLOVENIE
KOBE
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Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 76
Diagnostic territorial et analyse AFOM du programme de coopération territoriale MED 77
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