01 dossier Bâle transfrontalière Projet 3Land Entretien avec Monica Linder-Guarnaccia L’exemple de Genève réalisations Luca selva architekten pages défis pour 2016 par Stefan Cadosch 142e année / 8 janvier 2016 Bulletin technique de la Suisse romande 01 bâle transfrontalière 6 Bâle, au-delà des frontières Stéphanie Sonnette 14L’IBA au service de la coopération transfrontalière Monica Linder-Guarnaccia, propos recueillis par Stéphanie Sonnette 16 Genève, projet pour une métropole transfrontalière Mounir Ayoub Réalisations 18Luca Selva architekten, situations bâloises attentive 5 24 28 30 Mounir Ayoub ÉDITOrial actualités ici est ailleurs Pages SIA 34 36 38 Concours Agenda [PAS] MAL d’archives Nous identifions assez tôt les nouvelles possibilités et pouvons ainsi offrir à nos membres des solutions orientées vers l’avenir à des conditions attrayantes. Les berges du Rhin au niveau du campus Novartis (© Michael Heinrich, Fotografie für Architekten, München) Caisse de Prévoyance des Associations Techniques SIA UTS FAS FSAI USIC 3000 Berne 14 T 031 380 79 60 www.cpat.ch attentive · indépendante · responsable Paraissent chez le même éditeur : TEC21 1-2/2016 (8.1.16) Basel – Stadt im Dreiländereck Stadtspaziergang in Basel | Ein städtebauliches Portrait TEC21 51-52/2015 (18.12.15) Tessiner Träume Das Ferienhaus, ein zwiespältiger Bautypus | Aktuelle Bauten in Mergoscia, San Nazzaro und Monte ARCHI no 6 (12.2015) L’equilibrio Architetturaingegneria | Due bilancieri in equilibrio | Le forme dell’equilibrio e la statica grafica | Il futuro non è più quello che era e il passato è diventato imprevedibile FASA-03-15.eps The beauty of perfec tion NE 360° App 29 W ARWA-TWINPLUS Un caractère qui est l’expression d’un mode de vie individuel: La nouvelle ligne de robinetterie par Andreas Dimitriadis allie une esthétique unique à une précision hors pair. Disponible en quatre modèles différents, avec goulot arrondi ou anguleux. www.arwa.ch éditorial Tracés 01/2016 « Au-de l à de s f ron t i è r e s , e ns e m bl e – G e m e i ns a m ü b e r G r e n z e n wac h s e n » 1 iches d’une longue expérience en matière de coopération transfrontalière, les villes et les collectivités territoriales de l’agglomération bâloise poursuivent leur cheminement commun et plus particulièrement la stratégie de développement 2020. Dans quatre ans, l’exposition de clôture de l’IBA Basel 2020 présentera au public les projets retenus. D’ici là, l’agglomération de Bâle se sera dotée d’un véritable district trinational, disposé de part et d’autre du Rhin. Financé conjointement par l’Union européenne et la Confédération, ce projet sous-tend bien plus que ce qu’il affirme, à savoir la transformation d’une zone industrielle frontalière en zone mixte d’habitation et d’activités. Il ouvre la voie à une réalité qui concerne deux des trois plus grandes agglomérations suisses : l’exigence de penser la politique de la ville au-delà du strict cadre national. Genève est comme Bâle, son avenir s’écrit en partie en dehors de ses frontières. Si Genève n’a pas su encore se doter des instances planificatrices pour un réel développement transfrontalier, son plus grand chantier d’infrastructure, le CEVA, concerne un axe ferroviaire urbain qui traversera une frontière. Que la stratégie de développement transfrontalier soit une nécessité tant pour Bâle que pour Genève n’est d’aucune garantie. La montée de part et d’autre des frontières de partis populistes, xénophobes et antieuropéens pourrait à termes compromettre le développement transfrontalier. Cette menace rappelle indéniablement que ce type de partenariat ne saurait avoir lieu sans une réelle stratégie de pédagogie autour du concept de métropole transfrontalière. Là réside la deuxième grande différence entre Bâle et Genève : en plus d’instances planificatrices, Bâle semble engagée dans l’élaboration de représentations et d’activités de médiation afin de rendre l’hypothèse de la ville au-delà des frontières désirable. Ce besoin de représentation explique peut-être pourquoi l’IBA, l’organe au cœur de ce chantier, n’est autre qu’une Internationale Bauausstellung, c’est-à-dire un dispositif pour donner envie. Christophe Catsaros 1 Slogan de l’IBA Basel 2020. 5 6 urbanisme Tracés 01/2016 1 Bâle, au-delà des frontières A la confluence de la France et de l’Allemagne, aux confins de la Suisse alémanique, Bâle n’envisage pas son développement sans ses voisins. Le projet 3Land, emblématique d’une coopération transfrontalière qui ne date pas d’hier, pose les jalons d’un vaste espace trinational. Stéphanie Sonnette bâle transfrontalière Tracés 01/2016 7 Bâle 2 3 1 Le bar-restaurant Rostiger Anker, au bord du bassin n°1 du port de Kleinhüningen, près de la frontière franco-allemande (photo Jean-Baptiste Lestra) 2 Bâle au cœur d’un territoire métropolitain trinational. Les limites administratives de la ville se confondent au nord et à l’est avec les frontières française et allemande. (Schéma Jean-Baptiste Lestra) 3 Les installations portuaires de Kleinhüningen et les bâtiments de Rhenus Logistics (photo Jean-Baptiste Lestra) A la terrasse du restaurant Rostiger Anker, logée sur un quai étroit où sont amarrées d’ordinaire des péniches porte-conteneurs, dans le port rhénan de Kleinhüningen, aux confins de Bâle. On arrive là par mégarde, sans avoir franchi les barrières qui habituellement ceignent les grands ports industriels. Le week-end, on se promène entre les voies ferrées, au pied des grues de déchargement des terminaux à conteneurs et des bâtiments à la modernité radicale, symboles de l’histoire industrielle de la ville, comme le grand silo à grains dessiné en 1924 par Hans Bernoulli. Dans les rues du port, les amateurs de voitures en modèles réduits poussent leurs engins à pleine vitesse sur les voies désertées tandis que quelques photographes rôdent en quête de ces paysages industriels, désolés autant que poétiques. En remontant sur le quai haut, on quitte le silence du bord de l’eau pour trouver l’effervescence d’un samedi de shopping transfrontalier entre Suisse et Allemagne. Flux croisés de piétons, bouchons de voitures et de bus, langues et nationalités brassées dans ce secteur décidément étrange où une zone commerciale bordée de petits lotissements jouxte le port industriel. Le télescopage d’ambiances révèle incidemment la singularité exceptionnelle et symbolique de ce lieu : nous sommes au Dreiländereck, le tripoint, l’intersection des trois frontières qui convergent 1 La Suisse, portrait urbain, volume 3 : matériaux, Roger Diener, Jacques Herzog, Marcel Meili, Pierre de Meuron, Christian Schmid, ETH Studio Basel, Institut pour la ville contemporaine, Birhauser, 2006. autour du Rhin, dénominateur commun de l’identité transfrontalière. C’est dans cette proximité que se nouent déjà des liens entre les trois cultures et que se construira demain l’un des plus ambitieux projets urbains transnationaux, 3Land. Coopération « L’idée d’espace métropolitain n’est pas une construction artificielle née du point de vue d’une économie mondiale active au niveau transfrontalier, mais correspond à une réalité intuitive du passé et de la vie quotidienne contemporaine », nous disent Herzog et de Meuron dans leur ouvrage La Suisse, portrait urbain1 . Le territoire possède sa propre cohérence géographique et mentale, au-delà des frontières. C’est là, dans le fossé d’effondrement rhénan, que se confrontent les grandes structures géographiques des Vosges, de la Forêt-Noire et du Jura, une convergence qui en fait historiquement un espace d’échanges. Dès 1963, l’espace métropolitain de Bâle-MulhouseFreiburg, qui regroupe aujourd’hui 2 300 000 habitants, s’est doté d’une structure de planification et de réflexion transfrontalière, l’association Regio Basiliensis. Depuis, plusieurs organes de coopération ont vu le jour, dans ce territoire où plus de 50 000 travailleurs franchissent les frontières quotidiennement. L’Agglomération Trinationale de Bâle (ATB), créée en 2002, a été transformée en 2007 en Eurodistrict Trinational de Bâle 8 urbanisme Tracés 01/2016 4 4 IBA Forum 2011 (© IBA Basel 2020) (ETB) 2 . Cette association a élaboré une « stratégie de développement 2020 », un outil de planification pour « penser le bassin de vie et son fonctionnement en effaçant les frontières », à travers des projets bi ou tri-nationaux. La création de l’IBA 3 Basel par l’ETB en 2010, première IBA internationale, réunissant la France, la Suisse et l’Allemagne, a permis d’accélérer encore la coopération transfrontalière. Pour Frédéric Duvinage, directeur de l’ETB, « le but (de l’IBA) est de créer une fenêtre d’opportunités où tout devrait être possible. Cette fenêtre permet de sortir de la routine des procédures d’aménagement réglementaires et redonne un peu de rêve au politique. Ce processus de concentration du temps met les systèmes politiques et administratifs sous pression et les pousse à développer des projets urbains, paysagers et maintenant culturels, qu’ils n’auraient jamais réalisés sans la présence d’une IBA. »4 A l’issue d’un appel à projets ouvert aux acteurs publics comme privés, l’IBA Basel a présélectionné 44 projets répartis dans les trois pays frontaliers, qu’elle va accompagner et soutenir jusqu’à la labellisation et la réalisation. Ces projets concernent aussi bien des installations artistiques que des plateformes numériques collaboratives, ou de grandes opérations de développement urbain (3Land) et de mise en réseau des espaces naturels. Identité Dans un espace transfrontalier qui forme autour de Bâle une vaste conurbation densément construite, mêlant industries lourdes, habitat et zones naturelles, l’attractivité du territoire nécessite de trouver de nouveaux espaces capables d’accueillir un développement résidentiel et tertiaire ou le redéploiement des installations portuaires et industrielles. La reconversion en cours de plusieurs zones industrielles, historiquement implantées en limites communales ou près des frontières, qui agissaient jusqu’à présent comme des « barrages urbains » 5 , offre un « potentiel de réinvention de la ville »6 et de développement considérable. A Bâle, le campus Novartis, avec ses 51 hectares et 10 000 employés, est emblématique de la reconversion de l’ensemble du secteur industriel bâlois en sièges sociaux et laboratoires de recherche & développement à haute valeur ajoutée, dans les domaines de la chimie, de la pharmacie et des biotechnologies. Des activités valorisantes pour l’image de ces groupes qui s’avèrent 2 L’Eurodistrict Trinational de Bâle (ETB) est la plateforme de coopération transfrontalière de l’agglomération trinationale de Bâle. 250 communes, 900 000 habitants. Du côté suisse : les communes des cantons de Bâle-Ville et de BâleCampagne, le Planungsverband Fricktal Regio (Argovie), les arrondissements de Thierstein (SO Expositions) et Dorneck (SO), le Forum Regio Plus (SO) du Canton de Soleure. Du côté allemand : les communes du Landkreis Lörrach, ainsi que les villes de Wehr et Bad Säckingen. Du côté français : les trois communautés de communes du Pays de Saint Louis. 3 Internationale Bauausstellung. Les Internationales d’Architecture, créées il y a cent ans en Allemagne, ont vocation à mettre en lumière et à accompagner des processus de projets métropolitains en devenir. 4 « L’agglomération trinationale de Bâle – enjeux et perspectives », Frédéric Duvinage SEES / RES > Dossier : Quelles ambitions pour la Genève immobilière ? 5 La Suisse, portrait urbain, volume 3 : matériaux, Roger Diener, Jacques Herzog, Marcel Meili, Pierre de Meuron, Christian Schmid, ETH Studio Basel, Institut pour la ville contemporaine, Birhauser, 2006 6Ibid. TRACÉS en version numérique et papier: deux supports, deux modes d’utilisation Avec TEC21, TRACÉS, Archi et la plateforme commune www.espazium.ch, nous créons un espace de réflexion pour la culture du bâti. Découvrez nos nouveaux abonnements combinés : www.espazium.ch/traces/ sabonner 10 urbanisme Tracés 01/2016 5 aussi plus compatibles avec leur présence au milieu de secteurs très urbanisés. Novartis a ainsi reconverti une partie de son site historique, au nord de Bâle, sur la rive gauche du Rhin, et accueille aujourd’hui « la plus forte densité au monde d’œuvres conçues par des lauréats du Pritzker Prize (…). Des bâtiments signés, dont l’esthétique envoie des signaux forts d’excellence, de modernité et de prestige » 7, que les touristes, moyennant 400 francs, peuvent visiter deux samedis par mois. Frédéric Duvinage estime que la réalisation du campus Novartis a permis de concrétiser l’idée « de faire rentrer la ville dans la zone d’activité portuaire ». Aujourd’hui, qu’il s’agisse de 3Land sur les friches BASF et le port de Kleinhüningen, ou de Dreispitz au Sud, la conquête des espaces industriels par les projets urbains est en marche. 3Land 3Land est l’un de ces 44 projets pré-nominés par l’IBA, et sans doute le plus ambitieux. Sur 430 hectares de part et d’autre du Rhin, entre le pont du Palmrain au nord et le Dreirosenbrücke au sud, il s’étend sur les trois communes de Bâle, Huningue et Weil am Rhein, et devrait accueillir à terme 20 000 nouveaux emplois et habitants. La mutation annoncée du port industriel de 7 Novartis, froide oasis, Flavien Menu, criticat n°15, printemps 2015 Kleinhüningen en rive droite et des friches industrielles de Novartis et BASF en rive gauche ouvre la voie à la reconversion des berges du Rhin en quartiers mixtes de logements et de bureaux, opérant ainsi la continuité avec le centre-ville de Bâle. Côté port, le projet de construction d’un nouveau terminal à conteneurs et d’un troisième bassin sur une ancienne gare de triage, un peu plus à l’est, devrait permettre de relocaliser une partie des installations portuaires et de libérer du foncier en bord de fleuve. C’est entre le quartier de Klybeck et Kleinhüningen que la mutabilité semble la plus forte. La libération des emprises ferroviaires qui desservaient le port laisse entrevoir des opportunités particulièrement favorables au projet urbain. La proximité du centre-ville fait déjà percevoir cette mutation comme une évidence. Le tissu constitué du quartier de Klybeck, l’attrait des berges du Rhin et de la Wiese, le linéaire de quais et leurs multiples orientations, l’ambiance portuaire et l’intérêt de certaines architectures industrielles, sont autant de perches supplémentaires auxquelles l’urbain ne demande qu’à s’accrocher. Enfin, le télescopage des usages et les frottements fonctionnels qui caractérisent les tènements directement frontaliers sont un piment stimulant pour le projet urbain. Dans ce presqu’urbain déjà approprié par des usages pionniers, la moindre opération peut déclencher des mutations multiples pour les trois parties. 11 ETB TEB Aire de développement potentiel Zukünftiges Entwicklungsgebiet Aire de développement potentiel Zukünftiges Entwicklungsgebiet 03 s6 Bu 6 03 s Bu Camping Campingplatz Loisirs et habitat Freizeit und Wohnen Loisirs et habitatFreizeit und Wohnen Halte nautique Bootsanlegeplatz 11 a m 11 Tr a m Tr Kesselhaus Kesselhaus Tram 8 Tram 8 Rhein center Rhein Center ke Zac canal Zac Kanal École internationale Internationale Schule Sta ti Sta o n H u ti o n H n in g u un ig u e /p o n e /B rü c t ke Friedlingen Friedlingen Campus innovant Campus Labor Biotech Novartis Biotech Novartis Nouvelle industrie Neue Industrie Travail, innovation et culture Arbeiten Innovation und Kultur Nou v Neu eau po e B rü nt c ke St a ti Rhenus Logistic o St a ti n W ie se /R Rhenus Logistic on W ie se h in /R h ei St a ti n on K le St a ti o n K in h ü n in g en le in hün Vis-à-vis Urbain in g en Urbanes Vis-à-vis Parc Park Klybeck Klybeck 03 3 us 6 u B us 60 1o er B m1 Tra 11 o d m Tra Parc Plage Strand Park N ou ve lle pa N eu e ss er el Fu ss le gä ng er br üc ke Bassin Portuaire III Hafenbecken III 7 hn -B a uS vea hn n o u r S -B a our o o r p ko rr id rr id C o il it ä ts b Mo Logements et travail Wohnen und Arbeiten Nouvelle industrie Neue Industrie 11 am 1 Tr m 1 a Tr Novartis Campus Novartis Campus Corridor vert Grüner Korridor Tr am 8 / Tr am 17 Tr am 8 / Tr am 17 Parc urbain Urbaner Park Sport et loisirs Sport und Freizeit Parc du Rhin Rhein Park Parc des Eaux Vives Park «Eaux Vives» Na Na vib vi us bu s Bu s Bu 9 s9 Hôtel Hotel Espace Abbatucci Platz Abbatucci Nou v N e u e ll e p as e Fu s s g s e re ll e äng e rb rü c s2 Bu s 2 Bu 04 s6 4 Bu s 6 0 Bu Park bâle transfrontalière Tracés 01/2016 Aire de développement potentiel Zukünftiges Entwicklungsgebiet Aire de développement potentiel Zukünftiges Entwicklungsgebiet Horburg Parc Horburg Park IBA IBA Tram 1 Tram 1 Tram 14 Tram 14 25 En regard du plan guide Une première « vision de développement 3Land » proposée par l’agence MVRDV dans le cadre de l’IBA, a été reprise par l’agence LIN, sous la forme plus aboutie de « concept urbain 3Land », qui sert aujourd’hui de feuille de route aux collectivités engagées. « Nos premières intuitions pour ce projet ont porté sur trois sujets », explique Fabienne Boudon, chef de projet de l’agence LIN. « Celui de l’eau, et pas seulement des berges du Rhin, mais aussi du canal de Huningue et de la Wiese. Celui de la mobilité, autour d’un futur pont sur le Rhin qui deviendra un nœud multimodal avec un schéma de mobilité en X pour créer des échanges très forts entre les trois pays, et celui de la programmation d’équipements transfrontaliers qui incitent à franchir les frontières. » Ces intuitions se sont traduites dans un plan guide et plusieurs scénarios pour une planification flexible qui s’articulent autour de quatre axes : - des paysages et des espaces publics diversifiés : le Rhin devient la colonne vertébrale du projet, ses berges sont rendues aux piétons et cyclistes. Les espaces verts existants sont intégrés dans une trame de nouveaux espaces publics et de voies vertes. Trois grands parcs sont créés : le parc urbain à Huningue, le parc de la Plage / parc de l’île à Bâle et le corridor vert à Weil am Rhein. -la mobilité : un nouveau pont sur le Rhin entre Huningue et Bâle, au niveau de l’embouchure de la 6 5 Les berges du Rhin au niveau du campus Novartis (photo Jean-Baptiste Lestra) 6 Le plan guide (scénario parc) de l’agence LIN architectes-urbanistes pour le projet 3Land (© LIN architectes urbanistes) 7 Le périmètre du projet 3Land, à cheval sur les trois villes de Bâle (CH), Huningue (F) et Weil am Rhein (D) (vue aérienne © Google) Wiese, accueille un corridor multimodal, le développement du réseau de transports en commun transfrontalier est renforcé, et le réseau cyclable étendu, notamment sur les deux rives du Rhin. - une programmation transfrontalière, équilibrée entre les trois pays et flexible, de part et d’autre du Rhin : un « vis-à-vis urbain » entre Huningue et Bâle autour du futur pont, dédié à l’habitat et au tertiaire, un « vis-àvis sur le Rhin » entre Huningue et Weil am Rhein accueille immobilier résidentiel et loisirs, et un campus innovant s’installe au sud d’Huningue, dans le prolongement du campus Novartis. - des quartiers connectés grâce aux nouveaux ponts et espaces publics, au réseau de transport transfrontalier et à une structure urbaine poreuse, composée de petits îlots. Au-delà du concept lui-même, c’est le processus de projet qui est intéressant. Dans un contexte de mutation du tissu industriel, le développement futur du territoire repose pour une large part sur les stratégies des entreprises privées et des gestionnaires du port, relativisant la portée du travail de planification. L’intelligence de la proposition de LIN réside pour Frédéric Duvinage dans le fait de pouvoir « réaliser le projet en plusieurs morceaux jusqu’en 2050. On pose des jalons, c’est ce qui permet au mécano de se mettre en place. Pour garder la flamme, il faut faire des petits bouts tout le temps. Par exemple, la 12 urbanisme Tracés 01/2016 8 piste cyclable qui est en cours de réalisation sur la rive gauche entre Bâle et Huningue », en bordure des friches Novartis et BASF. C’est à coups de projets – réalisables dès aujourd’hui – que s’enclenche la dynamique qui permettra de créer les conditions d’accueil favorables pour de nouvelles opérations immobilières à plus long terme. 3Land s’installe donc progressivement dans le paysage, à travers des interventions pérennes ou temporaires sur les espaces publics et naturels, sur le réseau de transports en commun et modes doux. Ces premiers projets permettent de renforcer les usages transfrontaliers et d’en développer de nouveaux, notamment autour de la culture de l’eau. Ils créent des parcours à travers des zones de friche et font découvrir de nouveaux territoires. A une autre échelle, 3Land propose une vision politique du développement transfrontalier qui s’affranchit temporairement des contraintes juridiques et financières et des questions foncières. Par sa dimension collaborative, la visibilité et la qualité que lui confère son label IBA, le projet stimule les initiatives des collectivités, incite des acteurs qui jusqu’à présent s’étaient tourné le dos à réfléchir autrement et donne envie aux acteurs privés de trouver leur place dans ce processus. Il questionne aussi l’équilibre des forces en présence, la répartition des rôles des différentes collectivités et leur identité au sein d’un espace trinational en devenir. Ainsi, la commune de Huningue, en réaction aux premières visions de développement, a fait valoir qu’elle ne souhaitait pas devenir la zone de loisirs ni le terrain de promenade des Bâlois habitant les futurs quartiers résidentiels denses de la rive droite du Rhin. Le projet de LIN, en proposant un « vis-à-vis urbain », opère une forme de rééquilibrage entre espaces publics et secteurs résidentiels des deux côtés du Rhin. Aujourd’hui, alors que la mission de LIN est arrivée à son terme, chaque commune développe ses propres « parcelles pilotes », avec le soutien de l’IBA jusqu’en 2020. A Huningue, des études sont en cours sur le secteur du centre-ville et les terrains des Voies navigables de France (camping et darse). Weil am Rhein a organisé un référendum sur la transformation du secteur ouest autour du Rheinpark et les quartiers au nord du port qui a permis de faire émerger de possibles affectations temporaires liées aux loisirs. Bâle s’est quant à elle concentrée sur la faisabilité du pont sur le Rhin et les premières opérations le long des berges du campus Novartis. La mise en service du nouveau pont, élément fondateur du projet 3Land, est prévue en 2020. Stéphanie Sonnette, juriste et urbaniste de formation, membre de la rédaction de la revue criticat, est rédactrice spécialisée en aménagement urbain. 8 Enjambant le Rhin, la passerelle des Trois Pays relie le secteur commercial de Weil am Rhein en rive droite et Huningue (photo Jean-Baptiste Lestra). cR Kommunikation NOUS CONSTRUISONS L’AVENIR DE L’ENERGIE Daniel Ladner, architecte SIA L’INDUSTRIE SUISSE DE LA CONSTRUCTION Un engagement de SuisseEnergie et de constructionsuisse En collaboration avec usic nousconstruisonslavenirdelenergie.ch urbanisme 14 Tracés 01/2016 L’IBA au service de la coopération transfrontalière Créée en 2010, l’IBA Basel 2020 stimule les forces sousjacentes d’un territoire aujourd’hui fragmenté pour donner corps à une nouvelle réalité transfrontalière. Monica Linder-Guarnaccia, propos recueillis par Stéphanie Sonnette M onica Linder-Guarnaccia est directrice de l’IBA Basel 2020. Elle revient pour Tracés sur les objectifs qui ont motivé la création de cette structure et sur ses méthodes d’intervention pour accélérer la coopération transfrontalière. Pourquoi une IBA sur ce territoire ? L’IBA Basel a été créée à l’initiative de l’ETB1 pour concrétiser le travail transfrontalier déjà engagé, accompagner les projets trinationaux et garantir leur qualité, dynamiser le processus et offrir une visibilité commune à l’ensemble de l’agglomération. L’IBA est l’instrument flexible qui manquait à ce territoire fragmenté par des frontières territoriales, politiques et culturelles pour mettre en œuvre un développement intégré et durable et coordonner l’action de tous les partenaires. 1 Projet IBA, 24 Stops. Un chemin avec 24 panneaux informatifs qui relie la Fondation Beyeler à Riehen au Campus Vitra à Weil am Rhein et resserre les liens dans la région. Douze d’entre eux ont été inaugurés en automne 2015. Comment se déroule le processus de labellisation des projets ? En 2011, nous avons lancé un appel à projets public 1 qui a duré cinq mois et permis aux acteurs privés comme publics des trois pays de soumettre leurs propositions. Nous étions à la recherche d’idées innovantes dans les domaines de l’urbanisme, du paysage, des infrastructures et de la culture, susceptibles de révéler les potentialités de l’espace transfrontalier et de porter des projets exemplaires pour son développement et sa croissance. Notre slogan, « Au-delà des frontières, ensemble », était au cœur de cette démarche. C’est la première fois dans l’histoire de l’IBA que nous avons conduit une consultation aussi large 1 L’Eurodistrict Trinational de Bâle. Tracés 01/2016 qui a ouvert à un vaste panel d’acteurs la possibilité d’agir sur le devenir de l’agglomération. La résonance de l’appel à projets a été très importante : nous avons reçu plus de 130 propositions, dont 44 ont été pré-qualifiées par le comité scientifique de l’IBA, selon plusieurs critères dont le plus important est la dimension transfrontalière. L’objectif est en effet de fabriquer des liens entre les territoires et entre les gens ou d’esquisser des lieux qui pourraient servir à cette communauté et rayonner sur l’ensemble de la région. Ces 44 projets ont été présentés lors du Forum IBA en novembre 2011 à Bâle. Le comité politique, composé de quatre représentants par pays et qui est l’organe suprême de l’IBA, a confirmé ce choix. Quels sont les champs et les modes d’intervention de l’IBA Basel ? L’IBA accompagne les projets par étapes, depuis le processus de qualification jusqu’à l’obtention du label. Elle soutient le développement des projets par différents moyens d’action : le lancement d’études, le conseil, les événements, conférences, expositions, les concours d’idées, la communication, la recherche de financement ou encore la mise en réseau des partenaires. A notre initiative, des groupes de projet thématiques sont créés pour tisser des liens entre les porteurs de projet et faire émerger de nouvelles idées. Par exemple, les groupes de projet « paysage » permettent de planifier le développement des vallées ou des grandes entités bâle transfrontalière paysagères de manière cohérente. Même chose pour les groupes de projet « gare active », qui explorent l’idée d’un échange entre les porteurs de projets transnationaux. De ces échanges naissent des conventions partenariales. Dans le cas du projet 3Land, comment avez-vous ­travaillé ? Ce projet est exemplaire d’un processus qui permet une coopération trinationale riche, dépassant les intérêts particuliers. Nous avons organisé plusieurs ateliers d’experts et des coopérations avec un réseau d’universités et lancé en parallèle un processus de participation trinational pour la présentation du concept spatial 3Land élaboré par le bureau LIN. Les premiers résultats seront rendus publics à la fin de l’année. Dans le domaine de la communication, l’IBA Basel soutient fortement les porteurs de projets et génère une visibilité sur la scène internationale. Le projet 3Land a par exemple été présenté lors de la Conférence des parties sur les changements climatiques (COP21) à Paris. Que devient l’IBA Basel après 2020 ? Les IBA ont une durée de vie limitée à dix ans, c’est l’une de leurs particularités. Nous sommes donc dans une sorte de course contre la montre. Les IBA permettent de créer un réseau de travail entre des acteurs aussi bien privés que publics qui seront capables de porter le projet au-delà de 2020. L’exposition est le point de départ de ce travail coopératif à venir. 15 urbanisme 16 Tracés 01/2016 Genève, projet pour une métropole transfrontalière Focus sur un contre-projet alternatif, progressiste et par-delà les frontières. Mounir Ayoub L e long de la rue de Genève, d’un côté et de l’autre de la douane de Moillesulaz, entre la Suisse et la France, un paysage parsemé de maisons individuelles, de supermarchés, de boutiques d’alimentation exotiques, un rond-point maintes fois décoré, des ralentisseurs routiers et un flux incessant de voitures qui devient un cauchemar pour les automobilistes aux heures de pointe. C’est le paysage ni accueillant ni repoussant, mais ordinaire, de la Genève transfrontalière. C’est dans ces territoires que le groupe de recherche et de projets sur la ville Genève 500 mètres de ville en plus pratique depuis plus de vingt ans le safari urbain comme premier instrument pour un projet territorial critique. En 2013, il publie Genève, projet pour une métropole transfrontalière, un livre consacré en grande partie à leur second outil d’action, le contre-projet. Le livre présente en détail leur proposition, ses précédents, son ancrage politique et théorique et enfin ses composantes. Au-delà, le livre se lit aussi bien comme un regard critique et sans concession sur la prééminence des enjeux marchands dans la fabrication de la métropole contemporaine. sociaux et culturels. A partir de ce positionnement théorique manifeste, ils distinguent d’emblée deux territoires au sein de la métropole genevoise. L’ancienne Genève, confinée dans ses « murailles vertes », est formée par la ville médiévale, les quartiers du 19e siècle et les ensembles des années 1960. En se densifiant à l’intérieur de ses limites, objets d’une protection rigoriste, elle se développe d’une façon intensive intra-muros. La nouvelle Genève est celle de la dispersion extensive des fonctions et de l’habitat de plus en plus éloigné du centre. C’est celle des zones d’activités, du pavillonnaire, des centres commerciaux : les « tiers-espaces » par-delà les frontières. Les deux dynamiques spatiales concomitantes produisent invariablement un déséquilibre entre le centre et les périphéries. Face à ce qu’ils dénoncent comme « un déni territorial », les auteurs du contre-projet proposent d’inverser le regard de la périphérie vers le centre. Ils se positionnent ainsi à l’intérieur d’une échelle de territoire qui efface les frontières nationales et n’admet que celles géographiques. Pour eux, le territoire de la métropole transfrontalière s’étend de la chaîne du Jura jusqu’au Salève et aux Voirons. Le contre-projet Genève, projet pour une métropole transfrontalière est d’abord un contre-projet aux planifications officielles de ces dernières années. Pour les auteurs, le Plan directeur cantonal de 2011 ou encore le Projet d’agglomération franco-valdo-genevois de 2012 sont des projections urbaines guidées par le modèle du « libre marché territorial » dominant depuis au moins trente ans. En se situant d’emblée dans la lignée des sociologues de la ville des années 1970, notamment Henri Lefebvre plusieurs fois évoqué dans le livre, les auteurs du contre-projet envisagent le territoire comme un espace spatialement déterminé et véhiculant des rapports de forces économiques, Un projet de résistance La seconde partie du livre détaille précisément les cinq composantes qui structurent le projet : résistance, cité linéaire, réseaux ferroviaires et routiers, parcs urbains articulés par le lac, les rivières et les montagnes et enfin le rééquilibrage des fonctions et des densités. La première composante est certainement la plus explicite de ce contre-projet. Elle se retrouve en réalité dans les quatre autres. Le contre-projet conteste la ségrégation sociale qu’implique le développement urbain concentrique et oppose des formes d’implantations tangentielles : en constatant que le développement des zones urbaines diffuses s’organise, dans le cadre de la morphologie du Tracés 01/2016 bâle transfrontalière 17 1 bassin genevois entouré de montagnes, selon un axe principal nord-est sud-ouest, ils proposent des cités linéaires structurées dans une maille urbaine qui reprend cette orientation géographique. Il s’agit encore de résistance au réseau de transport actuel lorsque le contre-projet propose un maillage de transport territorial qui diffuse les flux au lieu de les concentrer vers la ville centre. Il est aussi question de justice territoriale lorsque le projet propose d’équilibrer l’urbanisation des rives gauche et droite du lac. Les auteurs du contre-projet parlent enfin d’égalité lorsqu’ils demandent le rééquilibrage transfrontalier entre emplois et logements. On entrevoit les grimaces des acteurs politiques du développement territorial lorsque les auteurs du projet pour une métropole transfrontalière ont l’opportunité de présenter leur proposition. Mais un fait d’armes leur donne raison : la nouvelle gare centrale de la Praille. L’exiguïté de l’emplacement actuel de la gare Cornavin hypothèque les opportunités de son extension. Et à Genève, l’idée d’une autre gare métropolitaine sur un autre site, plus précisément dans le PAV, n’est plus taboue. Les auteurs du contre-projet l’avait proposée, il y a déjà plus de vingt ans. Pour ceux qui croient que le territoire est une valeur marchande, Genève, projet pour une métropole transfrontalière n’est certainement pas un projet réaliste. Mais il est un contre-projet pour le réel. Il nous rappelle à la valeur d’usage du territoire. La montée transfrontalière des votes étriqués et identitaires dans les urnes se traduit très concrètement, en matière de politique de la ville, par le rétrécissement du droit à la ville pour tous. Le contreprojet demeure une arme de résistance. Retrouvez l’entretien réalisé avec Louis Cornut et Raymond Schaffert, membres de Genève 500 mètres de ville en plus sur www.espazium.ch. 2 1 Projet de métropole transfrontalière, tiré de Genève, projet pour une métropole transfrontalière, groupe Genève 500 mètres de ville en plus, éditions L’Age d’Homme, Lausanne, 2013 / € 15 (www.geneve500m.com) 2 Esquisse d’une nouvelle gare métropolitaine 3 Projet de métropole transfrontalière, 3 perspective 1 Luca Selva architekten, situations bâloises A Bâle, extraordinaire laboratoire de l’avant-garde architecturale depuis les années 1980, la dernière décennie est marquée par l’intense production du bureau Luca Selva Architekten. Au milieu du parfois troublant vacarme bâlois empreint de désirs de performances et d’exploits formels, le travail de l’architecte bâlois est intimement relié aux conditions urbaines de sa ville. Mounir Ayoub Luca Selva Architekten Tracés 01/2016 19 2 3 L orsqu’on lui demande quel bâtiment il conseille de visiter à Bâle, Luca Selva recommande en premier lieu l’immeuble de bureau Steinentorberg réalisé par Diener & Diener en 1990, situé dans le même îlot que le bureau de l’architecte, dans le quartier de la gare (fig. 2). Le bâtiment d’angle longe sur son plus petit côté une rue fortement en pente et traversée par une ligne de tramway. Parallèlement à sa grande façade, un imposant pont routier dessine un nouveau sol de référence aligné au niveau haut du soubassement de l’immeuble. Le bâtiment appartient si intimement à son contexte urbain qu’il est impossible de prédire qui de lui ou de l’infrastructure routière précède dans le temps. L’attachement de Luca Selva à sa ville est ensuite plus explicite lorsqu’il recommande de découvrir Am Viadukt, un immeuble de logements réalisé par l’architecte bâlois Rudolf Linder en 1915 (fig. 3). L’impressionnant bâtiment se pose au pied du zoo de Bâle et déroule fièrement sa façade le long du viaduc routier voisin et face aux infrastructures ferroviaires de l’autre côté du parc. La présence de l’immeuble dans son site dégage une rare impression d’inhérence d’une architecture envers sa ville. Les deux immeubles visités sont des réponses précises aux données changeantes des sites qui les abritent. C’est cette « exactitude » que recherche Luca 4 1Exposition Luca Selva Architekten Acht Fenster, Architektur Galerie Berlin (© Luca Selva Architekten, photo Yohan Zerdoun, impression sur verre Thomas Woodtli) 2 Vue depuis le viaduc routier, Diener & Diener Arch., Bürohaus Steinentorberg, Bâle, 1988-90 (© Diener & Diener Architekten) 3 Plan de niveau, Rudolf Linder Arch., immeuble d’habitation Am Viadukt, Bâle, 1911-15 4 Plan de niveau, Rudolf Linder Arch., Ahornstrasse 1-8, Bâle, 1904-08, démoli Selva dans ses réalisations : le rêve d’immanence d’un bâtiment avec ses conditions urbaines. Typologie spécifique1 Dans le Gellertpark, un quartier dominé par des villas bourgeoises et enclavé au cœur de la métropole bâloise, un surprenant bâtiment de logement se niche à l’intérieur d’un jardin planté de grands feuillus (fig. 6 et 7) : quatre dalles en béton blanc soutenues par de fins poteaux périphériques semblent émerger des feuillages (fig. 5). La géométrie irrégulière des plateaux résulte du dessin du périmètre légal constructible dont sont soustraites les emprises circulaires des houppiers des arbres préservés. En contraste à cette géométrie irrégulière, à l’intérieur, deux murs porteurs parallèles contiennent le hall commun et l’escalier distributif des appartements. Si le plan de l’immeuble est à l’évidence une déduction exacte des données du règlement et du site, sa géométrie rappelle fortement un immeuble de logement bâlois réalisé en 1908 dans la Ahornstrasse par Rudolf Linder (fig. 4). Dans le projet au 1 SpecificTypolgies est le titre d’une exposition de Luca Selva Architekten qui s’est tenue dans le Palazzo Bembo, lors de la Biennale d’architecture de Venise de 2014. L’exposition s’inscrivait dans le thème général proposé pour la biennale par son curateur Rem Koolhaas, Fundamentals. réalisations 20 Tracés 01/2016 Situation 1:3000 6 5 0 1 5m Gellertpark, la forme architecturale peut s’expliquer par un raisonnement déductif des données particulières du site, mais aussi d’une façon plus référentielle. Les deux compréhensions du projet se complètent. L’exacte réponse voulue par l’architecte aux données spécifiques du site se superpose à un référencement architectural plus discret, mais tout autant tiré de sa ville. Membranes résonnantes La résonance entre l’architecture de Luca Selva Architekten et sa ville est encore plus explicite dans le projet de home multigénérationnel réalisé dans le quartier de Binningen sur un terrain en situation de promontoire dominant l’agglomération bâloise (fig. 10 et 11). L’Architektur Galerie Berlin a récemment exposé une série de photographies prises à partir des fenêtres du bâtiment1 (fig. 1). L’exposition met l’accent sur le 2 Eight Windows est une exposition qui s’est tenue à l’Architektur Galerie de Berlin entre le 30.10 et le 12.12.2015. L’exposition présentait cinq images du photographe Yohan Zerdou prises dans le home multigénérationnel réalisé par Luca Selva Architekten en 2013. 7 5 6 7 8 9 10 11 Vue depuis le jardin (photo Yohan Zerdoun) Plan de situation Plan de rez-de-chaussée Vue depuis le parc (photo Ruedi Walti) Vue intérieure (photo Ruedi Walti) Plan de situation Plan de rez-de-chaussée dispositif architectural du projet consistant en une disposition précise des ouvertures en fonction des vues vers les paysages de la ville et du parc environnant (fig. 8). Sur le vitrage, le reflet des espaces intérieurs se superpose aux vues vers l’extérieur. Dans l’exposition berlinoise, cet effet de surimpression des paysages intérieurs et extérieurs est à son comble grâce au support vitré sur lequel sont imprimées les images : en plus du double paysage de Binningen, l’espace de la galerie se reflète sur le verre. La fine membrane vitrée concentre les multiples relations de l’architecture avec son milieu. De la même façon, Luca Selva Architekten envisage les enveloppes de ses bâtiments comme une membrane réflexive qui concentre en elle les données du projet. Dans le projet de Binningen, c’est dans le vitrage des fenêtres que transparaissent ces résonances. Pour l’immeuble de logement réalisé sur la Hegenheimerstrasse, c’est toute la peau du bâtiment qui réagit comme une membrane résonnante. Dans le quartier de Kannenfeld situé à quelques encablures de la frontière française, un immeuble en forme de T se pose au centre d’une cour entourée d’immeubles de différentes époques Luca Selva Architekten Tracés 01/2016 21 Erdgeschoss 1:333 Erdgeschoss 1:333 N 8 9 0 1 10m (fig. 13 et 14). Dans cet ancien résidu urbain utilisé pour la maintenance des rues de Bâle, un volume en béton clair s’implante face au fragment d’une construction datant du 19e siècle. En réponse au mur pignon et aveugle, les ouvertures sont placées au nu intérieur de l’enveloppe, accentuant ainsi l’effet d’une masse solide et pérenne. La forme en T est complétée par un volume entièrement recouvert d’une résille en cuivre avec les fenêtres fixées en léger débord du nu extérieur. Par contraste avec le premier, la peau de celui-ci apparaît foncée, tendre et changeante (fig. 12). Le volume s’imprègne de la disparité architecturale de l’intérieur de l’îlot. A Kannenfeld, le dispositif urbain des cours ouvertes dessine la morphologie du quartier et dans l’une de ces cours, ancien délaissé urbain, la peau du bâtiment fonctionne comme une membrane sensible qui concentre les particularités du lieu qui l’abrite. Situations précises C’est en ces termes que Luca Selva décrit son processus de conception : « Nous recherchons le particulier dans le projet et nous essayons d’être le plus exact possible par N 5 10 rapport aux données du site et à toutes les conditions qui forment le projet. » Cette exactitude conceptuelle doublée d’une sensibilité précise pour sa ville se traduit d’une autre façon dans le projet Densa-Park (fig. 15 à 17). Les deux immeubles de logement se situent à Kleinhüningen, un quartier voisin de la frontière allemande enserré entre le Rhin et la Wiese. Dans un environnement urbain où se dispersent sans ordre apparent des immeubles de logement, des bureaux et un centre commercial réalisé par Diener & Diener, les deux barres en brique apparente sont librement disposées à l’intérieur d’un îlot ouvert. La première forme un front bâti sur l’unique rue qui dessert l’îlot et la seconde se déploie en direction de la rivière. Plutôt que de rechercher un ordonnancement du site, les barres se plient librement sans vouloir à tout prix reconstituer une unité urbaine d’ensemble. Le choix de l’implantation des deux bâtiments dévoile l’intérêt de la dispersion urbaine environnante. Depuis l’intérieur de l’îlot, des vues obliques s’ouvrent indifféremment vers la Wiese ou 0 immeubles 50m revêtus de briques et l’équipeencore vers les ment commercial voisin. 0 1 5 10m 11 22 réalisations Tracés 01/2016 Situation 1:3000 Erdgeschoss 1:500 13 12 15m L’inhérence des projets de l’architecte bâlois dans leur milieu urbain résulte des dispositifs architecturaux qu’il met en place de la manière « la plus exacte possible » en réponse aux données spécifiques à chaque projet. Cette relation intime qu’entretient l’architecture avec sa ville ne peut pas être rapprochée de la notion de « Stimmung », terme qu’auraient volontiers employé ses collègues bâlois. Luca Selva se positionne dans une perspective moins encline aux retours historiques et postures hérités de l’enseignement postmoderne popularisés à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich depuis les années 1970 3 . Il oppose l’idée de « Genaue ». Pour chacun de ses projets, cette quête d’exactitude propose une architecture qui répond précisément aux complexités des situations urbaines d’une métropole contemporaine, en l’occurrence Bâle. Les données réglementaires d’un terrain dans le quartier de Gellertpark dessinent littéralement la géométrie du bâtiment. A Binningen, le projet de home multigénérationnel fonctionne comme un dispositif photographique qui se projette vers les paysages extérieurs et les superpose avec les reflets des espaces intérieurs sur une fine membrane vitrée. Les particularités d’une cour urbaine délaissée dans le quartier de 3 A l’Epfz, suite au passage entre 1972 et 1975 de Aldo Rossi en tant qu’enseignant invité, les professeurs Miroslav Sik et Fabio Reinhart notamment ont enseigné et diffusé l’architecture analogue. Une grande partie des architectes zurichois et bâlois sont passé par cet enseignement. Au début des années 1990, Luca Selva était étudiant, diplômé et ensuite assistant du professeur Dolf Schnebli. 14 Luca Selva Architekten Tracés 01/2016 23 Situation 1:5000 15 16 150m Kannenfeld caractérisent précisément la peau du bâtiment qui s’y insère. Enfin, l’hétérogène disparité d’une frange urbaine à Kleinhüningen est prolongée – et même par moment accentuée – par la disposition libre des deux barres de logements. Ensemble, les réalisations de Luca Selva Architekten fonctionnent comme un révélateur de la complexité de la métropole bâloise, oscillant constamment entre la permanence des empreintes urbaines et architecturales de la ville et les données changeantes de chaque situation de projet. 25m 12 13 14 15 Vue depuis de la cour (photo Ruedi Walti) Plan de situation Plan de rez-de-chaussée Vue depuis l’intérieur de l’îlot (photo Ruedi Walti) 16 Plan de situation 17 Plan de rez-de-chaussée 17 actualités 24 Tracés 01/2016 Chandigarh – Le devenir indien d’une ville moderne Cinquante ans après Le Corbusier 1 2 3 L’exposition sur Chandigarh, qui se tient parallèlement à celle consacrée à l’AUA, à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris, invite à se replonger dans le plus abouti des projets urbains corbuséens : l’édification de la capitale administrative du Penjab. D’une fraîcheur inattendue, l’exposition réalisée avec le concours de la Fondation Le Corbusier observe l’évolution de cette ville moderne conçue pour 150 000 habitants et qui en compte aujourd’hui 1 200 000. Pensée sur le mode de plusieurs déambulations urbaines qui se croisent et se chevauchent, la présentation établit la compatibilité entre un projet moderne et la réalité indienne. Loin de toute dénonciation des manquements dans la préservation patrimoniale de l’ensemble, le propos qui se dessine au fil des périples filmés souligne l’adaptabilité et l’ouverture de la trame corbuséenne. Cartographie quasi exhaustive Les très beaux plans, maquettes et élévations d’origine font face à des projections de la ville saisies dans son quotidien. Des prises de vue du nord au sud et de l’est à l’ouest qui restituent admirablement la vitalité de cette métropole. Huit grands écrans s’activent pour donner à voir le paysage urbain de Chandigarh. Chacun de ces parcours thématiques est repérable sur une carte livrée à l’entrée. Inspiré de la cartographie Google, ce dispositif de maillage filmique permet d’aller au-delà d’une simple évocation d’atmosphères, pour tenter une lecture spatiale exhaustive de la ville. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’objectif n’est pas loin d’être atteint. Il faut par contre y passer plusieurs jours pour voir intégralement l’ensemble des parcours documentaires. A ce travail de déambulation non commenté s’ajoute toute une série d’entretiens avec des spécialistes, qui évaluent la pertinence du dessein corbuséen à l’aune des spécificités du modèle urbain indien. Sujet à une géographie sociologique encore déterminée par des questions de castes, le modèle urbain indien est assez différent de ceux européens ou même asiatiques. A la différence de la ville européenne définie par un centre, ou de la ville japonaise étalée et polycentrique, la ville indienne fonctionne sur un modèle de centralités mobiles qui évoluent au fil des saisons ou des heures. A cela s’ajoute un développement qui ne va pas nécessairement 4 du centre à la périphérie, mais peut aussi aller de la périphérie vers le centre. Globalement, le propos tenu par l’exposition tend vers un éloge de l'appropriation avec une réelle volonté de mettre en avant l’adaptabilité du projet corbuséen à l’évolution des besoins de ses habitants. En quittant l’exposition, on ne peut qu’applaudir la fondation pour son ouverture d’esprit, notamment dans sa façon de renoncer à une lecture patrimoniale, pour contribuer à une exposition qui élève l’impureté au rang des qualités fondamentales de l’urbanisme. On ne peut que lui souhaiter de parvenir un jour à appliquer cette même ouverture à l’ensemble de l’œuvre corbuséenne et de quitter la posture de gardien du temple à laquelle elle s’est assignée. Christophe Catsaros Chandigarh : 50 ans après Le Corbusier Jusqu’au 29 février 2016 Cité de l’architecture & du patrimoine, Paris 1 Penjab University (© Chandigarh College of Architecture) 2, 4Secteur 17 (© Christian Barani) 3 Palais de l’Assemblée (© Christian Barani © FLC/Adagp, Paris, 2015) CONSTRUIRE LA COMPLEXITÉ au jour le jour Brunnen Pontresina Castione Chur Poschiavo Domdidier Rivera Fribourg Schwyz Genève St. Moritz toscano.ch Lausanne Winterthur Lugano Zuoz Mesocco Zürich actualités 26 Tracés 01/2016 Le bâti, matériau filmique Fri Art présente jusqu’au 21 février la première exposition entièrement consacrée au cinéma expérimental en Suisse < Vue de l’exposition Film Implosion ! Experiments in Swiss Cinema and Moving Images, Fri Art, centre d’art de Fribourg, 2015. A droite, les films de HHK Schoenherr (photo Max Reitmeier) « A 2500 mètres d’altitude, dans le val des Dix, un millier d’hommes dresse un mur de béton aussi haut que la tour Eiffel : le barrage de la Grande-Dixence. » C’est sur cette épigraphe que s’ouvre Opération béton1 , le tout premier film de Jean-Luc Godard, réalisé en 1954 et qui a pour objet de documenter les travaux de construction colossaux du plus haut barrage poids du monde (285 mètres de haut). Après l’écrit, c’est la voix off – procédé immédiatement cher à Godard – qui prend le relais pour décrire, à l’aide d’un vocabulaire quasi belliqueux, ce chantier monstrueux et valoriser le travail des hommes. Ainsi, nous dit Godard, alors manœuvre sur le chantier, les équipes se succèdent « sans trêve pour mener victorieusement ce combat prodigieux ». Opération béton est projeté dans le cadre de Film Implosion ! Experiments in Swiss Cinema and Moving Images2 qui se tient jusqu’au 21 1 Le film Opération béton de Jean-Luc Godard est visible sur YouTube (www.youtube.com/watch?v=Cliz6BA8Arw). Mais il est projeté dans une qualité autrement supérieure à Fri Art, dans le cadre de l’exposition Film Implosion ! Experiments in Swiss Cinema and Moving Images. 2 www.fri-art.ch 3 Play 20, de Hans Helmut Klaus Schoenherr, réalisé dans les années 1960, est visible sur le site Medienarchiv der Künste (http://medienarchiv.zhdk.ch/entries/d97da67a-79df-482db955-e04bc78b8118). 4 www.veronique-goel.net/fugue.htm 5 www.veronique-goel.net/pobleno.htm février à Fri Art. Le centre d’art de Fribourg présente ici la première exposition entièrement consacrée au cinéma expérimental en Suisse, à travers la projection de quelque 70 œuvres vidéo et de cinéma en format original ou en transfert digital réalisées dès les années 1960. Parmi les expérimentations à même la pellicule, les films engagés, les documentaires et les films de fiction, on s’aperçoit que le bâti et l’urbain sont incontestablement un matériau à fabriquer du cinéma. Au rez-dechaussée, dans une scénographie de boîte noire, plusieurs films de HHK Schoenherr sont projetés sur un même pan de mur, la plupart mettant en scène sa fille, à travers les ans et dans des gestes du quotidien – elle boit un jus d’orange, joue du piano, se maquille – aux côtés d’un documentaire muet témoignant de la démolition d’un quartier berlinois 3 . Un peu plus loin, un série de films de Véronique Goël4 , formant une sculpture monolithique de neuf moniteurs, montre, par des plans fixes, des travellings ou des panoramiques, des territoires urbains – Londres, Berlin, Genève ou encore Téhéran – et les rencontres fugaces qui s’y produisent. Dans un autre de ses films 5 , également projeté à Fri Art, elle documente l’évolution d’un quartier industriel de Barcelone, continuellement démoli et reconstruit, à l’exception d’une poignée de bâtiments classés. Au premier étage, dans une scénographie épurée qui se distingue de celle du rez, on tombe d’emblée sur un film de Tony Morgan, projeté dans une petite salle avec lavabo peinturé, étagères et échelles – visiblement utilisée au quotidien par les collaborateurs du centre d’art –, qui se concentre sur les gestes de deux ouvriers travaillant sur un toit. Au même étage, une œuvre d’André Lehmann permet au spectateur d’admirer une portion de New York à partir d’un point de vue aujourd’hui disparu : la West Side Highway, un axe routier désaffecté dès les années 1970, puis démantelé en 1989. Avec cette exposition foisonnante, Fri Art présente un pan jusqu’ici inexploré de l’histoire de l’art suisse et parvient à témoigner de la diversité et de la qualité du cinéma expérimental helvétique. Pauline Rappaz Film Implosion ! Experiments in Swiss Cinema and Moving Images Projection de quelque 70 œuvres réalisées depuis les années 1960, présentées sous forme d’installations, séances ou (multi)projections Jusqu’au 21 février Fri Art, centre d’art de Fribourg www.fri-art.ch Retrouvez plus d’images de l’exposition sur www.espazium.ch. 28 Tracés 01/2016 Lascaux 6 Eugène ne sait plus où donner de la tête Combien de grottes de Lascaux existe-il aujourd’hui dans le monde ? Cette chronique est celle d’un décompte surréaliste. 1re grotte. En 1940, tandis que la bataille d’Angleterre fait rage dans le ciel britannique, quatre adolescents suivent leur chien Robot qui a pénétré dans un trou de la taille d’un ballon de foot, en Dordogne. Quel trou ! Des fresques vieilles de deux cents siècles dorment dans le silence des ténèbres. Malgré l’Occupation, les gens affluent pour déambuler dans ces 250 mètres de boyaux. Pas idiots, les inventeurs de la grotte vendent des billets d’entrée pour deux francs. La situation devient vite ingérable, si bien que le joyau de l’art paléolithique est fermé. Dès le début, Lascaux est une affaire de gestion du flux des visiteurs. En 1948, la grotte est rouverte après des aménagements massifs consentis par le comte de La Rochefoucauld, propriétaire de la grotte. Construction d’une route, d’une porte d’entrée monumentale, électrification, escaliers et abaissement du sol sont au programme. 2e grotte. En 1963, tandis que le nombre de visiteurs a franchi le cap du million, André Malraux (qui s’y connaît en pillage d’œuvres d’art) ordonne la fermeture du site. La société propriétaire de Lascaux, fondée par la famille de La Rochefoucauld, se lance dans la réalisation d’une réplique d’une partie représentative de la grotte (le Diverticule axial et la Salle des taureaux), avec une autorisation d’exploitation de trente ans. Lascaux II est mis en chantier à 300 mètres de la grotte originale. Trop coûteux, le projet est en partie financé par la vente de l’original à l’Etat, en 1972. La prouesse technique est unique pour l’époque. Une double coque en béton dont l’intérieur reproduit fidèlement la grotte originale est réalisée à partir des relevés de l’Institut géographique national. Sur une armature métallique sont posées plusieurs couches de grillage à mailles suffisamment fines pour retenir le béton projeté. La paroi est reconstituée par un procédé de fibrociment. Quant à la reproduction des œuvres, elle est confiée à Monique Peytral, artiste fresquiste originaire de Marseille. Le fac-similé ouvre en 1983 et accueille 300 000 visiteurs par année. 3e grotte. Passé l’an 2000, le fac-similé menace de tomber en ruine, à son tour ! Comme il s’agit d’un monument hors du commun, on décide de le préserver… au même titre que l’original. Le conseil régional de Dordogne voit les choses en grand. Rénovation de Lascaux II et mise en chantier de Lascaux III, une exposition itinérante présentant des parties de la grotte différentes de Lascaux II. Renaud Sanson, ancien machiniste de cinéma, développe une nouvelle technique : relevé au laser de l’intérieur de la grotte et développement d’un procédé de reproduction des parois nommé le « voile de pierre ». Il devient possible de copier des portions de parois à l’identique ! Autre avantage : la légèreté. Les voiles de pierre prennent la mer (à condition de ne pas dépasser la taille d’un container maritime standard). Depuis 2013, Lascaux a surgi à Chicago, Houston, Montréal. La grotte est en ce moment à Palexpo, Genève. Puis repartira pour la Corée du Sud et le Japon. Il est révélateur que le catalogue de l’exposition ne présente que des photographies prises dans Lascaux II. Les trois cents peintures de Monique Peytral sont enfin reconnues à leur juste valeur. 4e grotte. En 2016, la Dordogne inaugurera son vaisseau amiral : Lascaux IV. Encore un fac-similé ? Oui mais, cette fois, il reproduira l’intégralité de la grotte, toujours en recourant au voile de pierre. C’est le bureau norvégien Snøetta qui a imaginé ce Centre international d’art pariétal. Un complexe de 11 000 m2 pour un budget de 60 millions d’euros. L’humanité en général et la Dordogne en particulier doivent beaucoup à la curiosité du chien Robot ! 5e grotte. Parallèlement à Lascaux IV, un travail de numérisation des parois est mené à bien. Lascaux accède à l’éternité immatérielle. D’ailleurs, ce clone numérique est présenté en projection 3D dans l’exposition itinérante. Dans une salle de cinéma, le spectateur découvre la grotte comme personne ne l’avait encore jamais vue : on peut zoomer sur un renne, s’élever jusqu’au plafond pour retrouver le point de vue de l’artiste paléolithique, juché sur son échafaudage. 6 e grotte. Il existe une dernière grotte. La plus belle et poétique de toutes. Elle se cache au fond de la mémoire de Monique Peytral. L’artiste raconte que, pour mieux se mettre à la place des chamans qui ont peint Lascaux, elle a patiemment mémorisé chaque cheval et chaque auroch. De cette façon, les courbes, les crinières et les taches colorées venaient « de l’intérieur de son être ». Aujourd’hui, Monique Peytral est âgée de 88 ans. Mais la grotte est toujours dans sa mémoire. Eugène Lascaux – chef d’œuvre de la préhistoire Halle 7 de Palexpo, jusqu’au 17 janvier 2016 urbanisme 30 Tracés 01/2016 Pages d’information de la sia - Société suisse des ingénieurs et des architectes Réflexions de Stefan Cadosch au seuil de la nouvelle année L’année écoulée a été mouvementée. Or, si l’on considère entre autres la nouvelle composition du Conseil national, celles et ceux qui œuvrent au renouvellement énergétique et territorial de notre pays auront sans doute à affronter de nouveaux vents contraires. La SIA et ses membres vont ainsi devoir relayer leurs valeurs avec encore plus de fermeté dans le débat politique. Friedrich Dürrenmatt a dit un jour que, face à des catastrophes imminentes, l’humanité se comportait comme un homme sautant d’un vingtième étage et s’exclamant à la hauteur du dixième : « Eh bien, il n’est encore rien arrivé ! » Non que je veuille assimiler la situation actuelle à une catastrophe, loin de là. Mais nous sommes effectivement face à un certain nombre de défis qui appellent des réponses très urgentes. Je pense notamment à notre fringale énergétique persistante, à la progression du réchauffement climatique, à la poursuite de notre étalement urbain dévoreur de sols et aux coûts d’infrastructure qui en découlent. Des défis aujourd’hui amplifiés par les f lux croissants de personnes qui fuient des lieux sans espoir, pour d’autres qui en offrent un peu plus – et qui arrivent également chez nous. Des gens qui ont aussi besoin d’un toit au-dessus de leur tête, de maisons, de logements et, au-delà, des infrastructures de transport et d’approvisionnement qui vont avec. Or, en ce qui me concerne, je ne peux me défendre de l’impression que nous tardons un peu trop à empoigner ces défis. Revers cinglant pour la taxe sur l’énergie Le 8 mars dernier, le peuple suisse a balayé l’initiative en faveur d’une taxe sur l’énergie avec 92 % de votes négatifs. Cela correspond au plus fort taux de rejet de l’histoire des scrutins populaires suisses. En raison d’un couplage compliqué avec la taxe sur la valeur ajoutée, la proposition n’a certes pas su me convaincre non plus, mais ses défenseurs n’en poursuivaient pas moins l’objectif majeur de forcer la substitution des énergies fossiles par des solutions renouvelables. En septembre, le Conseil des Etats supprimait la déductibilité fiscale des sommes investies dans la rénovation énergétique des bâtiments. Une décision fatale quand on songe que les quelque 2,5 millions d’objets qui constituent le parc immobilier suisse engloutissent des ressources équivalant à 37 % de l’élec- tricité et à 49 % des agents fossiles consommés dans le pays. Cela place le patrimoine bâti parmi les principaux émetteurs de CO 2 en Suisse. Lorsqu’on prend conscience de ces données, ainsi que de l’extrême lenteur avec laquelle avance le renouvellement énergétique de ce patrimoine, on réalise que le maintien d’une incitation financière aurait été dans le bon sens pour accélérer le processus. Actuellement, le taux de rénovation annuel concerne en effet tout juste 0,9 % des bâtiments, alors qu’il devrait s’élever à au moins 2 % pour correspondre à la stratégie énergétique définie par le Conseil fédéral à l’horizon 2050. Beznau I, le plus vieux réacteur nucléaire au monde De même, le Conseil des Etats ne veut apparemment pas de la sortie du nucléaire, également envisagée par le Conseil fédéral dans le cadre de la «Stratégie énergétique 2050». Durant la session d’automne, il s’est ainsi prononcé contre la limitation de la durée de vie de nos six centrales nucléaires. Y compris pour Beznau I, en dépit du fait que ce réacteur bâti en 1969 est entre-temps le plus vieux au monde ! Réacteur qui, de surcroît, se trouve aujourd’hui à l’arrêt en raison des défauts découverts dans le matériau constituant la cuve. Tout cela ne semble pourtant pas inquiéter le Conseil des Etats – ou, pour paraphraser une formule américaine : « On fait campagne en poésie, mais on gouverne en prose ». Au niveau de la Chambre haute en tous cas, la boutade se vérifie en Suisse aussi. Cela démontre une fois de plus que la durabilité est un bien immatériel, émanant de la société et des individus mêmes qui la composent. Un bien dont la valeur et l’appréciation reposent sur un consensus qui doit sans cesse être renouvelé. Ou, en d’autres termes, que l’aménagement durable de notre cadre de vie implique d’abord et avant tout de travailler sur les valeurs auxquelles les gens adhèrent, soit de faire œuvre sociale et culturelle. Dans ce contexte, nous devons – entendez la SIA et ses membres doivent – non seulement élaborer et fournir des solutions d’ingénierie, d’architecture et d’urbanisme exemplaires, mais encore convaincre les gens que concevoir durablement le futur est l’affaire de tous. Et même, que la mission est aussi belle que passionnante. Ingénieurs et architectes occupent une position unique à l’interface entre les besoins et aspirations d’un maître de l’ouvrage particulier et leurs devoirs envers le cadre collectif. Nous sommes donc tenus d’annoncer la couleur et d’assumer nos responsabilités. Stefan Cadosch, président de la SIA (Photo : Manu Friedrich) C’est d’autant plus vrai qu’en renouvelant le Conseil national en octobre, le souverain a ouvert la voie à des vents contraires encore plus incisifs en ce qui concerne la transformation durable de la Suisse. Quant à la nouvelle composition de la Chambre haute, elle ne laisse en tous cas pas augurer de meilleures dispositions à cet égard. Dans ce sens, c’est avec davantage de fermeté encore que la SIA et ses membres devront relayer leurs convictions et leur savoir-faire dans le débat public et politique. Que toutes celles et ceux qui nous emboîteront le pas et qui l’ont déjà fait au cours des dernières années trouvent ici l’expression de mes plus chaleureux remerciements. Stefan Cadosch, président de la SIA Consultations La SIA met en consultation les projets des trois cahiers techniques suivants : - prSIA 2014 CAO / DAO-Échange de données – structure et codification des calques - prSIA 2039 Mobilité – Consommation énergétique des bâtiments en fonction de leur localisation - prSIA 2040 La voie SIA vers l’efficacité énergétique Les projets sont disponibles sur notre site internet www.sia.ch/consultations. Si vous souhaitez prendre position, veuillez utiliser le formulaire électronique qui peut être téléchargé sur ce site. Nous ne pouvons malheureusement pas prendre en considération les prises de position nous parvenant sous une autre forme. (SIA) Tracés 01/2016 COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE 4/2015 DE LA ZN Lors de sa dernière séance de l’année 2015, le 17 novembre, la commission centrale des normes (ZN) a prolongé de trois ans la validité de onze cahiers techniques, approuvé la publication d’un nouveau cahier technique et donné son feu vert à cinq projets. Lors de sa séance du 17 novembre, la commission centrale des normes (ZN) a prolongé la validité des cahiers techniques suivants jusqu’à fin 2018: – SIA 2015:2012 Catalogue des modèles de représentation des objets du cadastre des conduites de distribution et d’assainissement – SIA 2016:2012 Modèles de données des objets du cadastre des conduites de distribution et d’assainissement – SIA 2017:2000 Valeur de conservation des ouvrages – SIA 2022:2003 Traitement de surface des constructions en acier – SIA 2025:2012 Termes en physique, énergie et technique du bâtiment – SIA 2026:2006 Utilisation rationnelle de l’eau potable dans les bâtiments – SIA 2031:2009 Certificat énergétique des bâtiments – SIA 2032:2009 L’énergie grise des bâtiments – SIA 2035:2009 Échanges de données CAO – Aspects stratégiques – SIA 2036:2009 Échanges de données CAO – Aspects organisationnels – SIA 2045:2012 Géoservices Les cahiers techniques SIA 2026 et SIA 2031 sont déjà en révision et pourront être remplacés plus tôt en fonction de l’avancement des travaux. L’imprimatur a été donné au nouveau cahier technique SIA 2052 Béton fibré ultra-performant (BFUP) – Matériaux, dimensionnement et exécution. Le document s’applique au dimensionnement et à l’exécution de structures porteuses mettant en œuvre du BFUP. Deux types d’application y sont mis en avant : – les structures porteuses et éléments en BFUP, BFUP armé et BFUP précontraint, – les solutions mixtes BFUP-béton dans les constructions neuves, ainsi que pour la remise en état et le renforcement d’ouvrages en béton existants. L’approbation de la publication peut faire l’objet d’un recours auprès du Comité de la SIA jusqu’au 11 janvier 2016. Les projets de révision acceptés concernent les normes SIA 197/2:2004 Projets de tunnels – Tunnels routiers, SIA 271:2007 L’étanchéité des bâtiments et SIA 329:2012 Façades rideaux, ainsi que la norme SN 506512:2010 Code des coûts de construction Génie civil (eCCC-GC). bâle transfrontalière pages sia La requête correspondante émane du Centre suisse pour la rationalisation de la construction (CRB) et le projet est piloté par celui-ci. Le démarrage des travaux pour le cahier technique SIA 2059 Bases pour l’élaboration des projets et actions sur les ouvrages temporaires a également obtenu le feu vert. Enfin, la ZN a lancé un projet de cahier technique sous le titre provisoire de « Dangers naturels » en approuvant la composition de la commission et l’établissement d’un calendrier et d’un budget. Ce cahier technique est destiné à servir de vade-mecum à tous les acteurs impliqués dans la construction d’ouvrages tenant compte des dangers naturels et dans la prévention des risques qui en découlent. Soit avant tout les architectes, les ingénieurs, les pouvoirs publics et les exécutants. Le Dr Manuel Alvarez, Thomas P. Lang et le prof. Dr Andreas Luible ont été élus nouveaux membres de la commission sectorielle des normes de structures porteuses KTN et Mathias Haupenthal a été désigné nouveau membre de la commission des normes informatiques KIN. Giuseppe Martino, responsable du département Normes de la SIA; [email protected] COMPTE-RENDU DE LA SÉANCE 4/2015 DE LA ZO La révision du règlement SIA 106 Règlement concernant les prestations et les honoraires des géologues a démarré. La commission SIA 142/143 va quant à elle traiter les étudestest comme une variante des mandats d’étude parallèles. Le 19 novembre 2015, la commission centrale des règlements (ZO) s’est réunie pour sa dernière séance annuelle. Elle a commencé par approuver à l’unanimité la requête de révision du règlement SIA 106 Règlement concernant les prestations et les honoraires des géologues. Dans le cadre de ce projet, la ZO attache une grande importance à ce que la coordination avec les ingénieurs civils et les ingénieurs forestiers soit assurée. Parallèlement au lancement du projet, elle a nommé la nouvelle commission. Un renouvellement qui a notamment permis d’étoffer la représentation des maîtres de l’ouvrage ainsi que de la Suisse latine. La ZO se réjouit de cette évolution qui répond à l’un de ces objectifs centraux, soit la représentation de l’ensemble des acteurs concernés au sein des commissions. Avec les règlements SIA 142 Règlement sur les concours d’architecture et d’ingénierie, SIA 143 Règlement des mandats d’étude parallèles d’architecture et d’ingénierie et SIA 144 Appels d’offre de prestations d’ingénierie et d’architec- 31 ture, la SIA met à disposition des règlements adaptés aux différentes procédures de passation de marchés. Ainsi, les études-test sont en principe déjà couvertes par le règlement SIA 143, sous la forme du mandat d’études parallèles sans mandat de poursuite. Dans la pratique toutefois, il s’avère régulièrement que des indications complémentaires sont nécessaires pour l’application et la mise en œuvre adéquate des règles établies. C’est pourquoi la commission SIA 142/143 a été chargée d’examiner des projets correspondants, déjà existants, pour une réglementation plus détaillée et de présenter des solutions. Le troisième point principal à l’ordre du jour a porté sur la délimitation entre normes techniques et normes contractuelles – en l’occurrence les règlements concernant les prestations et les honoraires (RPH). Les RPH contiennent notamment des descriptifs de prestations énumérant les prestations fondamentales à fournir et règlent les attributions et les responsabilités des divers acteurs impliqués. Pour les usagers, il importe que ces aspects contractuels soient clairement réglés à un endroit précis. La ZO attache en effet une importance primordiale à mettre à disposition une collection de normes exemptes de contradictions, formulées avec clarté et concision. Elle a donc pris une série de décisions afin de pouvoir, avec des partenaires internes et externes, épurer encore davantage de chevauchements au cours de l’année à venir. Michel Kaeppeli dirige le département Règlements de la SIA; [email protected] RAPPEL La SIA est intéressée à connaître votre opinion concernant les règlements SIA 142 Règlement sur les concours d’architecture et d’ingénierie et SIA 143 Règlement des mandats d’étude parallèles d’architecture et d’ingénierie. Merci de nous faire part de vos expériences et de vos éventuelles propositions d’amélioration à l’adresse Internet suivante www.sia.ch/enquete-142-143 32 Marche des affaires : stabilisation de la branche des études pour la construction au quatrième trimestre 2015 L’économie suisse semble en légère rémission. Selon le centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ (KOF), un glissement horizontal détermine l’évolution actuelle de la branche des études. Les architectes sont pour l’heure plus optimistes que les ingénieurs. S’appuyant sur les dernières recherches et analyses, divers experts immobiliers ont récemment annoncé avec soulagement que la longue phase d’ascension annuelle des prix était terminée. On ne peut toutefois pas encore parler de situation détendue. A maints endroits, y compris en périphérie, les prix de l’immobilier demeurent toujours très élevés. Le contexte reste déterminé par la situation actuelle sur le marché des capitaux et du crédit : à défaut d’alternatives de placement, d’importantes sommes continuent à se déverser sur le marché immobilier – ce que semblent confirmer les demandes de permis de construire déposées au troisième trimestre (Batimag : +14 % sur l’année, +12 % sur le trimestre). En dépit d’une légère remontée des taux hypothécaires, la persistance des taux bas n’écarte en rien les risques conjoncturels que cela implique. La stabilité financière de la Suisse demeure sous la loupe Que faut-il concrètement en retenir ? Lors de la réunion prospective du KOF, en octobre 2015, le vice-président de la Banque nationale suisse, Fritz Zurbrügg, a notamment évoqué trois types de risques susceptibles de continuer à menacer la stabilité financière. 1. Sur le marché immobilier, l’attention se focalise toujours davantage sur l’évolution des prix des objets dits de rendement locatif. La chasse à des rendements corrects pour des capitaux en mal d‘investissements pourrait, même à court terme, continuer à alimenter la demande et à pousser ainsi les prix vers le haut. 2. Dans un environnement de taux bas, l’érosion de leurs marges met les banques sous pression. Cherchant à compenser la baisse L’enquête du centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ (KOF) pour la branche des études résulte d’un sondage auquel des bureaux d’architecture et d’ingénierie suisses participent volontairement. Les questionnaires portent sur l’évaluation de leurs activités récentes, actuelles et à venir. Si vous souhaitez y participer, vous pouvez répondre au questionnaire à l’adresse http://survey.kof.ethz.ch. et tester l’enquête en ligne sans aucun engagement. Infos complémentaires : www.kof.ethz.ch urbanisme pages sia des recettes, elles prennent donc de plus gros risques face aux potentiels retournements des taux. Dans l’éventualité d’une soudaine remontée de ces derniers, elles subiraient, le cas échéant, des pertes économiques majeures. C’est une des raisons de l’obligation faite aux grands établissements bancaires de disposer de suffisamment de fonds propres pour renforcer leur résistance. 3. La recherche de rendements fait que l’octroi d’hypothèques s’avère également de plus en plus attractif pour des acteurs non bancaires, tels que les assureurs et les caisses de retraite. La concurrence qui en résulte pourrait encore restreindre la marge de manœuvre déjà étriquée des banques en cas de hausse des taux hypothécaires et, en fin de compte, obérer la nécessaire augmentation de leurs fonds propres. Fritz Zurbrügg salue dès lors comme une bonne nouvelle la légère baisse de la dynamique sur le marché hypothécaire et immobilier, même s’il faut se garder de toute satisfaction prématurée. Situation confortable pour la branche des études En comparaison d’autres secteurs économiques, la marche des affaires des architectes et des ingénieurs les place au-dessus de la mêlée. Globalement, l’enquête trimestrielle du KOF indique une stabilisation dans la branche des études. Les architectes tablent sur une augmentation de la demande de prestations, tandis que les perspectives des bureaux d’ingénieurs sont plus brouillées. Un cinquième des bureaux interrogés s’attend à une baisse tendancielle. Et dans leur ensemble, les bureaux d’étude ne sont guère optimistes quant à l’évolution de la valeur globale des constructions. Ils sont en effet de plus en plus nombreux à rapporter des valeurs en baisse, notamment dans la commande publique qui semble freinée. Architectes en forme Les bureaux d’architecture anticipent quelques améliorations dans les six prochains mois – avec des attentes positives pour la demande, le niveau de l’emploi et les revenus. Cela étant, la part des sondés qui tablent sur une hausse des commandes s’est réduite de cinq points de pourcentage à quelque 20 % en un semestre. Contrairement aux bureaux d’ingénieurs, les cabinets d’architectes sont plus nombreux à anticiper des investissements en hausse dans la construction de logements. Ingénieurs prudents Bien que l’évaluation de la marche de leurs affaires soit en hausse pour la première fois depuis 2013, les attentes des ingénieurs pour le semestre prochain ne reflètent pas d’éclair- Tracés 01/2016 cie. Leurs réserves de mandats continuent à diminuer. David Fässler, responsable SIA-Service, avocat, MBA ; [email protected] Questions et réponses concernant la norme SIA 181 En raison des différentes demandes formulées au cours des dernières années, la commission SIA 181 Protection contre le bruit dans le bâtiment a remanié la liste des questions et réponses (version 2012) concernant l’application de la norme SIA 181:2006. Le document est disponible sur www.sia.ch/correctif. La liste d’origine émanait d’un atelier public sur la norme, organisé à l’Empa. A l’occasion de cette révision, la commission a précisé les questions existantes, mais aussi ajouté de nouvelles questions ainsi que les réponses associées. Elle a totalement supprimé certaines questions, qui ne remplissaient pas les exigences d’une liste simple et concise. L’énumération selon des groupes thématiques a été conservée. Les changements les plus importants concernent la question de l’évaluation des bruits des fenêtres coulissantes à levage ainsi que la réponse à une demande relative aux mesurages du bruit générés par l’utilisateur pour remplacer la méthode de mesurage au moyen du marteau basculant Empa. sia online Samuel Rütti, président de la commission SIA 181 ; [email protected] form Processus Global du BIM 18 janvier 2016, 9h00 – 17h30 Code BIM06-16, informations et inscription : www.sia.ch/ form/bim06-16 La rénovation énergétique aujourd’hui 8, 15, 22 mars 2016, 3 jours, 9h00 – 17h30 Code GEF01-16, informations et inscription : www.sia.ch/ form/GEF01-16 La norme SIA 118 dans la pratique 10 et 11 mars 2016, 2 jours, Lausanne, 9h00 – 17h30 Code AB90-16, informations et inscription : www.sia.ch/ form/ab90-16 Le nouveau règlement RPH SIA 103 (2014) 15 mars 2016, Lausanne, 14h00 – 17h00 LHO27-16, informations et inscription : www.sia.ch/form/ lho27-16 Techniques de communication pour mieux présenter vos projets 17 mars 2015, Genève 13h30 – 17h30 Code TC03-16, informations et inscription : www.sia.ch/ form/TC03-16 Wir suchen per sofort oder nach Vereinbarung eine/n Concours d’architecture Berne, Logements à Brünnen, lot 5 ARCHITEKTEN/IN FH/ETH ZEICHNER/IN EFZ BAULEITER/IN Sie haben Interesse, bei verschiedenen spannenden Bauaufgaben von der Gestaltung und Projektierung bis zur Ausführung mitzuwirken, sind selbstständiges Arbeiten gewohnt und haben als Architekt/in, Zeichner/in beste CAD-Erfahrung (ArchiCad). Als Bauleiter/in verfügen Sie über die nötige Routine, auch bei komplexen Bauvorhaben von der Kostenermittlung über die Submissionierung bis zur Realisation mitzuwirken und sind mit den üblichen Computerprogrammen (DELTAproject) vertraut. Ver-fügen Sie idealerweise auch über sehr gute Französischkenntnisse, dann möchten wir Sie gerne kennen lernen. Wir bieten einen vielseitigen Arbeitsplatz in einem jungen Team von 20 Mitarbeitern, gute Infrastrukturen und anspruchsvolle sowie nicht alltägliche Bauvorhaben, welche Sie von der Planung bis zur Realisation begleiten können. Haben wir Ihr Interesse geweckt? Dann freuen wir uns auf Ihre Bewerbung. LZ&A Architekten ETH-SIA AG Av. Beauregard 3 1700 Freiburg E-Mail : [email protected] / Tel. 026 347 51 51 www.LZA.ch Organisateur Bernasconi Liegenschaften AG, Olten Schwab Architektur und Liegenschaften AG, Olten Accompagnement du concours Nüesch Development AG Sihlfeldstrasse 10, 8003 Zürich Objet, volume Construction de logements à Brünnen, Berne lot 5, 9584 m2 SBP logements de prix modéré Procédure Ouverte, concours de projet Critères d’aptitude Architectes ayant • Siège social et/ou résidence en Suisse • Diplôme d’une école polytechnique/université/haute école spécialisée ou inscrit au Registre REG A ou B Architectes étrangers en Suisse: titulaires d’un diplôme équivalent de leur pays. Membres du jury professionel Ueli Marbach, Zürich (président) Zita Cotti, Zürich Beatrice Friedli, Bern Claude Rykart, Bern Mark Werren, Bern Rolf Mettauer, Olten (remplaçant) Devenez forgeur de destinées Planche de Prix CHF 150 000 + TVA Dès un franc par jour, vous donnez un coup de pouce au destin d’enfants en détresse. tdh.ch/chaquejourcompte Délais Programme et documents à partir du 8 janvier 2016: www.baufeld5.ch Inscription jusqu’au 29 janvier 2016 (cachet de poste) à Nüesch Development AG Sihlfeldstrasse 10, 8003 Zürich MASTIFIX Epoxy à haute résistance RÉSULTATS SUR PLUS DE 25 ANS D’EXPÉRIENCE PROCÉDÉ DE FABRICATION CONTRÔLÉ ET SUIVI PAR NOTRE ASSURANCE QUALITÉ RENOANTIC SA RTE DE BLONAY 128, 1814 LA TOUR-DE-PEILZ T +41 21 944 02 54 - F +41 21 944 02 16 [email protected] - WWW.RENOANTIC.CH concours 34 Tracés 01/2016 Date reddition Sujet Organisateur et renseignements Procédure 15.01.2016 (inscription) 02.09.2016 (plans) 08.09.2016 (maquette) FIV – Grands Esserts – secteur Ferme Serafin Architectes Associés SA Rue de Genève 122 CH – 1226 Thônex [email protected] Concours de projets Procédure sélective 05.02.2016 (plans) 17.02.2016 (maquette) Concours collège En Brit pour l’agrandissement du site scolaire Meno architectes Sàrl Rue de la Paix 7 CH – 1020 Renens Concours de projets Procédure ouverte 19.02.2016 Château de La Tour-de-Peilz et musée du jeu Ville de La Tour-de-Peilz Service domaines & bâtiments A l’attention de M. Yves Roulet Grand-Rue 46 CH – 1814 La Tour-de-Peilz domaines.batiments@ la-tour-de peilz.ch Concours de projets Procédure ouverte 19.02.2016 (plans) 04.03.2016 (maquette) EMS Fondation Champ-Fleuri à Glion, construction d’un nouveau bâtiment d’accueil Alain Wolff Architectes Rue des Bosquets 18 CH – 1800 Vevey Concours de projets Procédure ouverte 18.03.2016 (plans) 01.04.2016 (maquette) EMS La Cigale à Lausanne PLAREL SA architectes et urbanistes associés Boulevard de Grancy 19a CH – 1006 Lausanne [email protected] Concours de projets Procédure ouverte 04.04.2016 (plans) 18.04.2016 (maquette) Lausanne – Concours immeubles de logements au Désert Etablissement d’assurance contre l’incendie et les éléments naturels du Canton de Vaud Avenue du Général-Guisan 56 CH – 1009 Pully [email protected] Concours de projets Procédure ouverte 08.04.2016 (plans) 15.04.2016 (maquette) Nouveau Transformation du stade Pierre-de-Coubertin à Vidy Lausanne PLAREL SA Architectes et urbanistes associés Boulevard de Grancy 19a CH – 1006 Lausanne [email protected] Concours de projets Procédure ouverte Cette rubrique est destinée à informer nos lecteurs des concours organisés selon le réglement SIA 142 ou UIA. Les informations qu’elle contient ne font pas foi sur le plan juridique. Pour tout renseignement, prière de consulter les sites www.konkurado.ch et www.sia.ch/142i. Les résultats des concours importants sont présentés sur www.espazium.ch. La nouvelle adresse pour votre publicité. Unbenannt-1 1 Pour les informations et les réservations: Téléphon 044 928 56 11 · [email protected] · www.zs-werbeag.ch 09.09.15 11:22 agenda 36 Tracés 01/2016 Jusqu’au 10.01 Jusqu’au 17.01 Jusqu’au 31.01 25.02 / 18:00 EXPOSITION À la recherche de 0,10 – Kasimir Malevitch et l’avant-garde russe Fondation Beyeler, Bâle www.fondationbeyeler.ch EXPOSITION ARTISTES ET ARCHITECTURE. DIMENSIONS VARIABLES Pavillon de l’Arsenal, Paris art.pavillon-arsenal.com EXPOSITION Europalia Turquie : archétypes L’architecture en Turquie à travers les siècles Centre international pour la ville, l’architecture et le paysage, Bruxelles www.civa.be Conférence David Chipperfield. Revisiting Modernism Vitra Design Museum, Weil am Rhein www.design-museum.de 22.01 12.01 / 18:00 Conférence FHV Architectes, Lausanne Cycle « la face cachée du Léman. Identités architecturales lémaniques contemporaines » HEIA-FR, Fribourg www.heia-fr.ch 14.01 / 11:15-12:45 Manifestation Denkraum für Baukultur Bâle : Un projet urbain entre Trois pays Swissbau, Bâle www.espazium.ch manifestation 16e Nuit des Musées bâlois www.museumsnacht.ch Jusqu’au 23.01 EXPOSITION Carte blanche à Mathieu Pernot, la ville révélée L’exposition se décline selon cinq grands ensembles : la figure de l’individu, le groupe, la ville en transformation, le port et l’horizon Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Aix-en-Provence www.archives13.fr 04.02 / 09:00-16:30 journée d’étude vlp-aspan Développer vers l’intérieur : une chance plus qu’une contrainte - Valoriser les atouts des communes Aula Magna du Château, Yverdonles-Bains www.vlp-aspan.ch Conversion Project: Neues Museum Berlin, David Chipperfield Architects, 1997–2009 (© Ute Zscharnt pour David Chipperfield Architects) 25.02 / 18:30 Jusqu’au 14.02 Exposition The World of Charles and Ray Eames Barbican Centre, art gallery, Londres www.barbican.org.uk Conférence HAN TÜMERTEKIN Architecte, Turquie Pavillon Sicli, Genève www.ma-ge.ch Jusqu’au 24.01 Jusqu’au 29.02 14.01 / 18:30 Conférence Thomas Ruff en conversation avec Jacques Herzog Architecte Herzog & de Meuron, Bâle Schaulager, Bâle www.schaulager.org EXPOSITION Le Corbusier, le jeu du dessin Musée Picasso, Antibes www.antibes-juanlespins.com Jusqu’au 14.02 EXPOSITION Bernard Zehrfuss, architecte de la spirale du temps Musée gallo-romain, Lyon www.musees-gallo-romains.com Exposition La méthode Piano Renzo Piano Building Workshop Cité de l’architecture & du patrimoine, Paris www.citechaillot.fr 10.03 / 18:30 20.02 / 10:00-17:00 14.01 / 18:00 séminaire Penser le milieu. Renaturer la culture, reculturer la nature Avec Augustin Berque, géographe, philosophe, spécialiste de la ­pensée japonaise Couvent de La Tourette, Evreux www.couventdelatourette.fr Conférence Lacaton & Vassal – Living Space with a Future Architectes, Paris Vitra Design Museum, Weil am Rhein www.design-museum.de 16-17.01 Visite Visite de la ville italienne de Turin Groupement professionnel des architectes www.gpa-so.ch 28.01 / 18:30 Jusqu’au 21.02 Conférence Bureau A Architectes, Suisse et Portugal Pavillon Sicli, Genève www.ma-ge.ch Exposition Tomi Ungerer. Ce n’est pas que pour les enfants Villa Bernasconi, Grand-Lancy villabernasconi.ch Conférence Philippe Ramette Artiste, France Pavillon Sicli, Genève www.ma-ge.ch 24.03 / 20:00 Conférence Günther Vogt Vogt Landscape Architects, Zurich Centre culturel suisse, Paris www.cssparis.com RENDEZVOUS DE LA MATIÈRE 3e édition Un rendez-vous professionnel consacré aux matériaux pour l’architecture, le design et l’aménagement intérieur Partenaires mardi 22 et mercredi 23 mars 2016 de 10h à 19h www.rendezvousdelamatiere.com S True Living of Art & Design Bookstorming 49, boulevard de la Villette, 75010 Paris Métro Colonel Fabien ou Belleville La « planification » des urbanistes professionnels, tels que formés dans les universités qui leur ont inculqué autant de « bonnes pratiques », s’impose partout. Elle imprime la matrice sans laquelle interviennent les architectes « projeteurs ». Sur le terrain, il se dégage l’impression persistante d’un énorme fossé entre l’éducation dispensée, souvent excellente, différenciée, voire sophistiquée du point de vue théorique, et l’action de celles et ceux qui en ont bénéficié, dès lors qu’ils exercent des mandats ou occupent des emplois. Ce questionnement « laïque » fait écho à son pendant « professionnel » qui consiste à affirmer que les formations ne correspondent pas aux pratiques courantes de la profession et à revendiquer davantage de « réalisme » et de « pragmatisme » dans les cursus préparant à l’urbanisme et à l’architecture. L’observateur tente d’identifier le « trou noir » dans lequel disparaissent connaissances et formations dès lors que leurs titulaires diplômés ont reçu un emploi ou un mandat. Une observation empirique devrait considérer le spectre le plus large possible des causes. Certaines sont connues depuis longtemps et tiennent principalement aux « conditions de l’optimisation de la rente foncière », soit, trivialement : comment gagner un maximum d’argent par mètre carré de sol. Je voudrais concentrer mon attention sur un facteur spécifique, endogène de la pratique de l’architecte, soit la notion de « projet » et la focalisation extrême qui s’ensuit sur l’objet architectural décontextualisé. L’origine en est la Renaissance italienne au cours de laquelle l’espace pictural est devenu objectif et fondé sur les mathématiques et s’est confondu avec l’espace architectural. On fit tant et si bien que les clients de l’architecte eux-mêmes ont été portés à concentrer leur attention sur l’image de la chose et sur le point de vue. C’est une entrée du Guide bleu pour la ville de Pienza qui, incidemment, m’en a livré la clef. Selon cette source, Pie II Piccolomini, qui fit bâtir la ville, son palais et sa cathédrale, aurait visité cette dernière au moment de son achèvement. Ayant trouvé la cathédrale conçue par Rosselin, parfaite en toute chose et se souvenant que lui-même, le client, était le souverain pontife, il fulmina une bulle menaçant d’excommunication quiconque y ajouterait ou en retrancherait quoi que ce soit. Ce faisant, il consacrait à la fois l’autorité du couple client et architecte et le caractère figé de l’œuvre considérée de leur « point de vue ». La manifestation de cette extraordinaire concentration de pouvoir lui conférant un statut mythique. L’architecture néo-classique européenne a perpétué aux 18e et 19e siècles cette attitude, consacrant et figeant comme une chose intangible et finie l’œuvre architecturale. A partir du 19e siècle, les théoriciens de la conservation des monuments se sont employés à confirmer ce caractère et ils ont contribué à le perpétuer, faisant de ces œuvres des sortes d’objets « dérivés », livrés à un véritable culte. De manière paradoxale si l’on considère ses objectifs fondamentaux de réforme de l’habitat et de la ville, l’architecture moderne, par un recours massif à la photographie, va accentuer ce phénomène. Les retoucheurs des photographes d’architecture vont mettre à distance les représentations de l’architecture moderne, supprimer les indices de vie quotidienne, les oiseaux et même les nuages, pas assez « modernes » à leurs yeux pour accréditer une architecture de l’objet et de l’image. Singulièrement, l’image l’emportera sur l’intention réformatrice et sur la substance, à l’initiative de gens qui , comme l’américain Philip Johnson, ont réduit le mouvement moderne à un « style » pour mieux l’embrigader à leurs propres fins. Tous ces éléments, qu’ils soient prosaïques et suivent la pente des conditions dominantes ou qu’ils soient plus élaborés idéologiquement et soulignent la prééminence du projet et du projeteur, expliquent en partie le conformisme et le suivisme des architectes et des planificateurs urbains dans leur pratique. Très rares sont celles et ceux qui s’écartent de ce courant dominant, qui privilégient une approche délicate, sensible, axée sur la création d’un environnement urbain capable de générer de la vie, pas seulement du chiffre d’affaires. L’exception possède pourtant, avec Christopher Alexander notamment, ses fondements théoriques. Ils sont même enseignés dans les écoles. Dans de nombreux pays et singulièrement dans ceux du Sud, elle a aussi ses praticiens reconnus. L’architecture en Suisse, véritable « médiapathe », tributaire de son image forte et addicte au chiffre d’affaires généré par la visibilité et le spectacle, ne s’en soucie que très minoritairement. A quand l’overdose ? Pierre Frey, historien de l’art Maison Colnaghi, Paul Artaria & Hans Schmidt architectes, Riehen 1927 Toute reproduction du texte et des illustrations n’est autorisée qu’avec l’accord de la rédaction et l’indication de la source. Une chronique de Pierre Frey Paraîssent chez le même éditeur TEC21, Staffelstrasse 12, cp 1267, 8021 Zurich, www.espazium.ch ARCHI, Via Cantonale 15, 6900 Lugano, www.espazium.ch. TRACÉS, Archi et TEC21 sont les organes officiels de la SIA. Abonnements www.espazium.ch/traces/sabonner Vente numéros isolés Fr. 12.– (port en sus), Stämpfli Publikationen AG, tél. 031 300 62 54 En librairie Lausanne : La Fontaine (EPFL) ; Genève : Archigraphy ; Paris : Librairie Archibooks Changement d’adresse pour membres SIA SIA-SG, Selnaustrasse 16, cp 1884, 8027 Zurich, tél. 044 283 15 15, fax 044 283 15 16, [email protected] Tirage REMP Tirage diffusé : 3690 dont 102 gratuits (ISSN 0251-0979) Qu’as-tu appris à l’école ? Rédaction et édition Rédacteur en chef : Christophe Catsaros, mas. phil. Paris X | Rédacteur en chef adjoint : Cedric van der Poel, lic. phil. UNINE, MAS urbanisme UNIL | Rédacteurs : Mounir Ayoub, architecte | Philippe Morel, lic. ès sciences UNINE | Jacques Perret, dr ing. civil dipl. EPFL | Pauline Rappaz, bac. ès lettres et mas. journalisme UNIGE, journaliste RP Tous les rédacteurs peuvent être atteints par email : prénom.nom de [email protected] Mise en page / Graphisme : Valérie Bovay, bachelor of arts HES-SO en communication visuelle Rédaction des pages SIA : Frank Jäger, rédacteur, [email protected] Conseil éditorial Eugen Brühwiler, dr ing. civil, prof. EPFL ; Lorette Coen, essayiste, journaliste, Le Temps ; Elena Cogato Lanza, arch, prof. EPFL ; Daniel de Roulet, romancier ; Blaise Fleury, ing. civil dipl. EPFL ; Eric Frei, architecte ; Christophe Guignard, architecte EPF, prof. ECAL ; Cyril Veillon, directeur d’Archizoom ; Pierre Veya, rédacteur en chef adjoint en charge de l’économie Le Matin Dimanche. Maquette Atelier Poisson www.atelierpoisson.ch | Lettrines et illustrations Bruno Souêtre www.brunosouetre.net Adaptation de la maquette Valérie Bovay Impression Stämpfli Publikationen AG, cp 8326, 3001 Berne, www.staempfli.com [PAS] MAL d’archives TRAcés Bulletin technique de la Suisse romande Revue fondée en 1875, paraît tous les quinze jours. Rédaction Rue de Bassenges 4, 1024 Ecublens, tél. 021 693 20 98, CCP 80-6110-6, www.espazium.ch Editeur espazium – Les éditions de la culture du bâti, Staffelstrasse 12, 8045 Zurich, tél. 044 380 21 55, [email protected] Martin Heller, président ; Katharina Schober, directrice ; Hedi Knöpfel, assistante de direction Régie des annonces Zürichsee Werbe AG, Seestrasse 86, 8712 Stäfa, tél. 044 928 56 11 | Régie des annonces en Suisse romande : Inédit P ­ ublications SA, Avenue Edouard Dapples 7, 1006 Lausanne. 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