Situation économique et financière des Pays-Bas

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Situation économique et
financière des Pays-Bas
juin 2011
© DG Trésor
Après la contraction historique du PIB en 2009 (-3,9%), l’économie néerlandaise a profité à plein de la
forte reprise du commerce mondial pour entamer une reprise solide (1,8%) qui devrait se poursuivre cette
année et l’année prochaine. Les Pays-Bas s’engagent ainsi sur un sentier de croissance relativement
modéré, en ligne avec le reste de la zone euro, mais restent très dépendants de la conjoncture extérieure.
Le tassement des échanges mondiaux, qui restent le véritable moteur de la croissance néerlandaise, la
faiblesse relative de la demande intérieure et le maintien de certains risques importants ne doivent pas
occulter les fondamentaux sains de l’économie néerlandaise : un marché de l’emploi efficient, des finances
publiques largement sous contrôle, des entreprises compétitives…
Evolutions du PIB
Une reprise solide mais relativement modérée à court terme
Les dernières prévisions économiques (CPB) revoient légèrement à la hausse d’un quart de
point les prévisions de croissance pour 2011 et 2012, à respectivement +2% et +1,75%, en
raison d’un bon premier trimestre et d’une évolution plus favorable qu’anticipée du commerce
mondial. A ce rythme, les Pays-Bas retrouveraient début 2012 leur niveau de PIB pré-crise. La
grande récession aura ainsi coûté quatre années de croissance à l’économie néerlandaise.
Source : CBS, CPB et Eurostat
Contributions à la croissance du PIB (en %)
3
2
1
0
-1
2009
-2
-3
-4
2010
2011
Exportations
Demande publique
Investissement
Inv. Immobilier
Consommation
Croissance
-5
Source : CPB
Prévisions de croissance
2011
CPB (mars)
1,75
FMI (mai)
1,5
CE (mai)
1,9
OCDE (mai)
2,3
DNB (juin)
2,2
CPB (juin)
2
2012
1,5
1,5
1,7
1,9
1,7
1,75
2013
2,1
-
2012
2011
2010
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
Croissance du PIB (en %)
5
4
3
2
1
0
-1
Zone euro
-2
Pays-Bas
-3
-4
-5
Après un solide quatrième trimestre 2010, les Pays-Bas ont enregistré une croissance du PIB de
0,9% au premier trimestre 2011. Il s’agit du septième trimestre de croissance consécutif pour
l’économie néerlandaise et de la plus forte progression en rythme annuel depuis trois ans. Cette
croissance trimestrielle élevée est le fait du rebond de l’investissement, en particulier dans
l’immobilier. Les derniers évènements internationaux (Japon, révolutions arabes) n’ont pas eu
d’impact significatif sur la conjoncture néerlandaise.
Les exportations restent le moteur principal de la reprise et constituent les trois quarts de la
croissance néerlandaise cette année. La croissance néerlandaise retrouve progressivement un
profil un peu plus équilibré. La demande extérieure retrouve des niveaux plus « classiques »
suite au ralentissement du commerce mondial et la demande intérieure contribue, bien
qu’encore modérément, à la croissance, en particulier la consommation des ménages et
l’investissement productif. Sous l’effet des plans d’austérité budgétaire et malgré la poursuite
de la hausse des dépenses publiques de santé, la demande publique ne contribue plus cette
année à la progression du PIB.
Les incertitudes sur l’évolution de la conjoncture restent particulièrement fortes. Sur un plan
intérieur, l’évolution du marché immobilier représente le principal risque. L’aggravation de la
crise des risques souverains pourrait également impacter la zone euro et fragiliser le secteur
financier néerlandais malgré une exposition limitée. Le prix du brut pourrait également souffrir
d’une éventuelle instabilité politique dans certains pays producteurs dans le monde arabe.
Enfin, la dépendance des Pays-Bas envers le marché européen (75% des exports) renforce leur
vulnérabilité à des effets récessifs liés à une consolidation budgétaire simultanée en Europe.
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Situation économique et financière des Pays-Bas -
Les échanges
Les exportations : un moteur qui ralentit
Evolution des échanges en volume en %
Glissement annuel
25
Imports
Source
CJO
20 : CBS, données
Exports
15
10
5
0
-5
-10
-15
avr.-11
déc.-10
avr.-10
août-10
déc.-09
avr.-09
août-09
déc.-08
avr.-08
-20
août-08
22 juin 2011 - @ DG Trésor
Un relai intérieur ?
L’économie néerlandaise est l’une des plus ouvertes de l’UE. Comme lors des cycles
conjoncturels précédents, la demande extérieure a ainsi dans un premier temps constitué le
moteur quasi-exclusif de la reprise. Les exportations néerlandaises ont été tirées par la forte
reprise du commerce international dès la mi-2009. Ce dernier a pratiquement compensé en
2010 la chute subie pendant la crise. Malgré un ralentissement de la conjoncture mondiale, la
demande internationale adressée aux Pays-Bas a poursuivit sa reprise au premier trimestre
2011. La faiblesse de l’évolution des réexportations (44% des exports) cache le bon
comportement à l’export des produits néerlandais qui se maintiennent au premier trimestre et
continuent de tirer la machine industrielle. Les perspectives de ralentissement laissent
cependant entrevoir pour 2011 une croissance des exportations néerlandaises plus conforme à
son rythme moyen de long terme, autour de 6 à 7%. Le pays reste très dépendant de la
conjoncture mondiale et subit le ralentissement de la croissance du commerce mondial.
Une demande intérieure en voie (lente) de rétablissement
Consommation des ménages et confiance
Evolution en % en glissement annuel
4
40
3
30
2
20
1
10
0
0
-1
-10
-2
-20
-3
-30
-4
-40
2007 2008 2008 2009 2009 2010 2010 2011
T3
T1
T3
T1
T3
T1
T3
T1
Consommation (données CJO)
Confiance des ménages (niveau, éch. droite)
Inflation
Alors que la croissance des échanges mondiaux se tasse, la demande intérieure peine à prendre
le relai même si elle commence à contribuer positivement à la croissance. La fin des plans de
relance affecte la demande publique et la reprise de la consommation privée reste modérée. La
consommation, après plusieurs trimestres de consolidation, baisse d’un demi-point au premier
trimestre. Il s’agit néanmoins d’un résultat plutôt satisfaisant dans un contexte de baisse du
pouvoir d’achat des ménages liée à la modération salariale et la hausse de l’inflation et de
faible consommation énergétique due à la douceur de l’hiver. Le resserrement de la politique
budgétaire, l’importance de la modération salariale, la fragilité du marché immobilier ou encore
les mesures de redressement des organismes de retraite continueront de peser sur la
consommation malgré des perspectives stables de l’emploi. La confiance des consommateurs
reste d’ailleurs à un niveau relativement bas, principalement en raison des incertitudes
internationales. Le taux d’épargne légèrement en baisse en 2010 montre que la faible
progression de la consommation des ménages est bien due à la baisse du pouvoir d’achat et à
des effets richesse encore négatifs en raison de la poursuite de la baisse des prix de
l’immobilier et non à une augmentation de l’épargne de précaution des ménages.
Face à la chute de la production (-5 % en 2009) et des taux d’utilisation des capacités,
l’investissement privé s’est effondré en 2009 (-18%). L’investissement des entreprises
progresse de nouveau depuis la fin de l’année dernière pour la première fois en deux ans.
L’investissement progresse au premier trimestre de plus de 10%. Après deux années noires, le
secteur de la construction à notamment profité d’un hiver particulièrement clément et sec pour
entamer un processus de rattrapage. Les entreprises néerlandaises ont finalement plutôt bien
résisté à la crise et affichent une bonne situation financière ainsi qu’une confiance en hausse
qui retrouve depuis le troisième trimestre des niveaux positifs. Tous les secteurs industriels
anticipent des investissements en hausse cette année.
Une inflation encore largement importée
Taux d’inflation annuel (IPCH)
3,5
Zone euro
2,5
Pays-Bas
1,5
0,5
Source : CBS
mai-11
nov.-10
févr.-11
août-10
mai-10
févr.-10
nov.-09
août-09
mai-09
févr.-09
nov.-08
août-08
-0,5
Après une année 2010 de hausse modérée mais quasi continue des prix, les Pays-Bas
enregistrent au premier trimestre une inflation annuelle stable à 2%. Les chiffres pour les mois
d’avril et mai montrent une nouvelle progression des prix du fait de la hausse des prix du gaz et
de l’essence, mais aussi des denrées alimentaires. Si l’inflation devrait encore progresser au
cours de cette année, il s’agit pour l’instant principalement d’une inflation importée qui ne
trouve encore que peu de relais intérieurs en raison de la modération salariale et de la faible
progression de la demande intérieure et devrait donc rester mesurée à court terme. L’inflation
néerlandaise reste parmi les plus faibles au sein de la zone euro principalement en raison du
décalage d’indexation des prix de l’énergie aux Pays-Bas.
AMBASSADE DE FRANCE AUX PAYS-BAS - SERVICE ÉCONOMIQUE
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Situation économique et financière des Pays-Bas -
Marché immobilier
L’immobilier peine à repartir
6
20 000
4
18 000
16 000
2
14 000
0
12 000
-2
10 000
juil.-10
janv.-11
juil.-09
janv.-10
juil.-08
janv.-09
6 000
juil.-07
8 000
-6
janv.-08
-4
janv.-07
22 juin 2011 - @ DG Trésor
Nombre de logements vendus (éch. droite)
Prix logements existants (évolution en %, y/y)
Source : CBS, cadastre
Si la structure du marché du logement néerlandais a semblé préserver le pays de la formation
d’une bulle immobilière, les prix de l’immobilier résidentiel n’ont cessé de baisser depuis début
2009. Ils enregistrent une nouvelle baisse de 2% en 2010 après une chute de 3,3% l’année
précédente. Le nouveau tassement de ces derniers mois (-0,5% encore au premier trimestre)
laisse supposer, contrairement aux anticipations de la fin-2010, que les prix de l’immobilier
connaîtront en 2011 une troisième année de baisse consécutive. Pourtant, après une chute du
nombre de logement vendu de plus de 30 % en 2009, et en partie en raison de conditions
d’emprunt rendues plus difficiles, le volume des affaires se stabilise à des niveaux près de deux
fois moindre que pré-crise alors que le stock de logements à vendre a pratiquement doublé. Le
marché des locaux commerciaux est également confronté à un problème de locaux vacants
neufs et anciens, ce qui entraîne notamment une dévaluation de la valeur vénale. La poursuite
de la baisse des prix fait peser un risque sur le rétablissement de la consommation ; les ménages
pouvant se tourner vers une épargne plus importante afin de compenser les forts effets de
richesse négatifs. Une stabilisation pourrait au contraire favoriser la confiance.
Taux de chômage (%) Un marché de l’emploi performant
août-10
janv.-11
oct.-09
mars-10
mai-09
déc.-08
juil.-08
févr.-08
sept.-07
avr.-07
nov.-06
6
5,75
5,5
5,25
5
4,75
4,5
4,25
4
3,75
3,5
Source : CBS, déf. nationale, données CVS
Secteur financier
Montants des interventions étatiques
31/12/2010
Montants en millions d’euros
Participations (Fortis/ABN)
27 971
Renforcement de capitaux
7 065
(ING, AEGON, SNS)
Prêts (Fortis/ABN, Islande)
6 010
Couvertures (ING)
13 084
Garanties Interbancaires
39 948
Participation EFSF/ESM
28 818
Prêts Grèce
1 248
Source : Cour des comptes, mai 2011
Les Pays-Bas se distinguent toujours par le taux de chômage le plus faible en Europe avec un
taux harmonisé de 4,2% en avril selon Eurostat, contre 9,9% en moyenne dans la zone Euro. Le
taux de chômage néerlandais a relativement peu augmenté pendant la crise. Le marché de
l’emploi s’est avéré plus flexible qu’anticipé. Les entreprises néerlandaises ont été également
réticentes à laisser partir du personnel qu’elles avaient eu beaucoup de mal à recruter sur la
période précédente. Le nombre de chômeurs baisse depuis le début de l’année 2010 pour
atteindre 392 000 chômeurs au mois d’avril 2011. Les perspectives pour l’année prochaine
s’améliorent encore (4% prévu pour 2011 en définition internationale). Enfin, l’emploi des
jeunes et des moins qualifiés, traditionnellement plus difficile, évolue particulièrement
favorablement. Le marché ne montre pour l’instant pas de signe évident de tension et les
salaires progressent peu (1% en 2010) contribuant à entamer le pouvoir d’achat qui devrait
continuer à baisser ces deux prochaines années.
Secteur financier : vers la fin de la convalescence ?
Très exposés internationalement, les établissements financiers néerlandais ont été pris dans la
tourmente de la crise financière internationale, obligeant l’Etat néerlandais à intervenir
massivement à travers des nationalisations, des injections de capital, des prêts et des garanties.
Suite à la crise financière, le paysage du secteur financier néerlandais est profondément
transformé. Les deux principaux établissements financiers d’envergure mondiale ABN-Amro
(encore aux mains de l’Etat) et ING se replient pour le premier principalement sur le marché
national, et pour ING sur le marché européen et l’activité bancaire, mettant ainsi un terme à des
années d’expansion et au modèle de la bancassurance.
Si la profitabilité des banques néerlandaises progresse et que ces dernières retrouvent une
capacité de financement autonome, le risque systémique lié à la crise grecque continue de faire
planer de fortes incertitudes et ce malgré une exposition bancaire limitée aux pays européens en
difficulté.
La crise financière a également dégradé la situation financière des fonds de pension
néerlandais. Des mesures de redressement ont commencé à être prises, pesant sur la confiance
des ménages et leur revenu disponible. Dans le cadre de la réforme de la retraite, le système
subira prochainement des évolutions importantes le rendant moins généreux et surtout plus
dépendant des aléas de la finance et des évolutions démographiques.
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Situation économique et financière des Pays-Bas -
Finances publiques
La consolidation budgétaire : priorité du gouvernement
Solde budgétaire UEM (% PIB)
1
La crise économique et financière a provoqué une détérioration budgétaire très importante,
mettant une nouvelle fois en évidence la forte cyclicité des finances publiques néerlandaises. A
partir d’un solde budgétaire en excédent en 2008 (+0,6% PIB), les Pays-Bas ont enregistré un
déficit de 5,4% PIB en 2009 et 2010. L’amélioration des perspectives économiques et les
mesures de consolidation amélioreront rapidement l’état des finances publiques néerlandaises.
Le déficit public devrait passer sous les 4% cette année.
Pays-Bas
Zone euro
0
-1
-2
-3
-4
-5
-6
2015
2014
2013
2012
2011
2010
2009
2008
2007
2006
2005
2004
-7
Dette publique UEM (% PIB)
85
80
Pays-Bas
75
Zone euro
65
60
55
50
2015
2014
2013
2012
2011
2010
2009
2008
2007
2006
45
2005
Principalement sous l’effet des interventions de l’Etat pour garantir la stabilité du secteur
financier à partir de l’automne 2008, la dette publique est passée de 45,5% du PIB en 2007 à
58% en 2008. Le déficit budgétaire entretient aujourd’hui une dette publique qui plafonnera dès
2012 à moins de 65% PIB et dont l’évolution à moyen terme devrait être freinée par les efforts
annoncés de réduction du déficit.
Le gouvernement de Mark Rutte s’est en effet engagé dans l’accord de coalition sur une
consolidation budgétaire nette de 18 mds € (3% PIB) d’ici 2015. L’effort de consolidation porte
essentiellement sur le volet dépense et la diminution du périmètre d’intervention de l’Etat. Il
s’agit d’un effort particulièrement conséquent pour un pays dont la situation financière est
relativement favorable par rapport à ses voisins. Cette trajectoire devrait permettre aux PaysBas de passer sous la barre des 3% de déficit dès 2012, soit un an avant les recommandations
européennes, sans pour autant atteindre l’équilibre budgétaire en fin de législature en raison des
effets macro-économiques inévitables d’une telle réduction de la dépense publique.
70
2004
22 juin 2011 - @ DG Trésor
Source : CBS, CPB et Eurostat
Chiffres clés de l’économie néerlandaise
Croissance PIB
Inflation (IPC – fin de période)
Chômage (taux, déf. int.)
Importations de biens
Exportations de biens (hors énergie)
Investissement privé (hors logement)
Consommation publique
Consommation privée
Salaires contractuels secteur privé
Pouvoir d’achat
Production
Prélèvements obligatoires (% PIB)
Dette publique UEM (% PIB)
Solde budgétaire UEM (% PIB)
Source : CPB, * projections (21 juin 2011)
2008
1,9
2,5
2009
-3,9
1,2
3,7
-10,3
-9,2
-18,2
4
-2,5
2,7
1,8
-5,4
38,2
60,8
-5,4
3,3
-1,2
7,1
3
1,1
3,5
0,1
1,7
39,1
58,2
0,6
Copyright
Tous droits de reproduction réservés, sauf autorisation
expresse du Service Économique de LA HAYE (adresser les
demandes à [email protected].).
2010
1,8
1,3
4,5
11,7
12,8
-1,5
0,8
0,3
1
-0,4
1,8
38,5
62,8
-5,4
2011*
2
2,25
4,25
5,25
6,75
5,75
-0,25
0,5
1,5
-1
2,75
38,9
64,1
-3,7
Auteur :
Service Économique
Adresse : Koninginnegracht 14 A
LA HAYE, BT 2514 AA
PAYS-BAS
Clause de non-responsabilité
Le Service Économique s’efforce de diffuser des informations
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les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en
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l’interprétation de l’information contenue dans cette
publication.
Rédigée par : Brendan GARREC
Revue par : Claire THIRRIOT
Version du 22 juin 2011
AMBASSADE DE FRANCE AUX PAYS-BAS - SERVICE ÉCONOMIQUE
- 4 -
2012*
1,75
2,25
4
4,25
5,75
4,25
-0,75
0,5
2,5
-1,25
2
39,1
64,5
-2,2
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