1.6 1.6.1 UNE FORTE DIVERSITÉ GÉNÉTIQUE, BIOLOGIQUE, STRUCTURELLE, ET DE GESTIONS La diversité biologique est un gage de fonctionnement équilibré et durable des milieux forestiers, tant pour la production de bois que pour les bénéfices écologiques et sociaux qui en découlent. C’est l’un des critères fondamentaux de la gestion durable des forêts européennes (critère 4 d’Helsinki). L’état des lieux de la biodiversité en forêt privée de Bourgogne est favorable (voir notamment « Application du concept de gestion durable aux forêts de Bourgogne », ONF 1999). On peut encore améliorer la biodiversité, par exemple en incitant au mélange d’essences et au maintien de bois mort et arbres à cavités. Forte diversité des espèces et des écosystèmes La forêt bourguignonne accueille une flore et une faune variées et abondantes, du fait des différences assez considérables de sol, de climat et de végétation entre les petites régions : 67 espèces d’arbres (dont 39 feuillus indigènes) dans les forêts de Bourgogne et milieux associés, 74 espèces d’arbustes et arbrisseaux, et 798 espèces herbacées ; toutes sont présentes en forêt privée, et se reproduisent. Dans les peupleraies, la diversité floristique est différente de celle d’une chênaie-charmaie, mais elle est aussi très importante. n’est pas le cas de la plupart des autres régions européennes. La Bourgogne dispose dans le Val de Saône d’une variété naturelle de chêne pédonculé, le chêne de juin (il débourre plus tardivement), qui a des qualités de croissance, de forme et de bois remarquables. Dans les essences introduites, les origines des provenances sont contrôlées et variées. Forte diversité structurelle et de gestion La forêt privée de Bourgogne forme de grands massifs forestiers ; ces grandes unités sont propices aux espèces qui ne se stabilisent et ne se reproduisent que sur de grands territoires. Mais la forêt privée c’est aussi une multitude de petits massifs, qui ont pour rôle écologique de fractionner les vastes espaces agricoles peu diversifiés, et d’offrir un considérable linéaire de lisières d’une très grande richesse écologique. Forte diversité génétique Les chênes bourguignons sont issus des trois îlots européens préservés des grandes glaciations du quaternaire : la péninsule ibérique, l’Italie, le sud des Balkans ce qui LE « CHÊNE DE JUIN » DE LA PLAINE DE SAÔNE A GÉNÉRALEMENT UNE BELLE FORME ET UN BOIS DE QUALITÉ. La forêt privée bourguignonne, analyse des composantes principales de la gestion durable Une fonction écologique mise au grand jour 45 SCHÉMA RÉGIONAL DE GESTION SYLVICOLE On peut encore améliorer la biodiversité en incitant localement au mélange d’essences. A l’intérieur même des massifs, la structure souvent morcelée du foncier ajoute un fort élément de diversité de gestion et de pratiques culturales, entraînant de multiples structures de peuplements tantôt ouverts, tantôt fermés qui se succèdent en offrant un grand éventail d’écosystèmes. LES CHÊNES SESSILE, PÉDONCULÉ ET PUBESCENT ONT CHACUN LEUR PLACE EN BOURGOGNE. La forêt privée bourguignonne, analyse des composantes principales de la gestion durable 1.6.2 FORÊTS ANCIENNES ET FORÊTS NOUVELLES On peut attendre deux contributions écologiques différentes de la forêt privée : maintenir, diversifier et améliorer les écosystèmes forestiers sur les forêts anciennes objets d’une sylviculture continue et variée depuis plusieurs siècles. Ces écosystèmes forestiers anciens sont pseudo-naturels, toujours exploités (très intensivement du XVIème au XIXème siècle), pâturés, sans cesse modifiés par l’homme et les variations de l’environnement. constituer de novo des écosystèmes forestiers fonctionnels sur des sols autrefois agricoles ou en friche, désormais boisés, puis améliorer et diversifier au fil des générations ces écosystèmes récents. L’histoire de la Bourgogne nous enseigne trois fortes qualités de la forêt privée de la région : sa capacité d’évolution, pour fournir les biens et services appropriés aux besoins de l’époque. sa résilience aux perturbations, qu’elles soient d’origines naturelles (cataclysmes) ou humaine (surexploitation). la réversibilité des états agricoles et forestiers sur une même parcelle, très visible à l’échelle humaine, sur les parcelles de peuplier par exemple, pouvant redevenir des frênaies en quelques années, mais aussi avec des essences à croissance beaucoup plus lente comme le chêne, un peu partout en Bourgogne sur d’anciennes terres délaissées. La gestion forestière durable ne peut être comprise comme une gestion immuable d’un état immuable, indépendante des autres activités sur ce territoire, et des besoins des habitants. La gestion durable des forêts bourguignonnes est intégrée au développement durable des territoires bourguignons en offrant des ressources économiques, écologiques et sociales adaptées aux besoins. Par exemple en contribuant à pallier les problèmes d’abandon des terres agricoles et de désertification des campagnes. 46 SC H É M A R É GION A L DE GE STION S Y LV I COLE LE HÊTRE PROGRESSE, TANT SUR SOL CALCAIRE QUE CRISTALLIN. 1.6.3 UNE ACCLIMATATION INTÉRESSANTE D’ESPÈCES ADAPTÉES Plusieurs espèces, qui paraissent naturelles dans nos forêts, ne sont pas bourguignonnes depuis très longtemps : c’est probablement le cas de l’érable plane et de l’érable sycomore, du frêne oxyphylle, du peuplier noir, du tilleul à petites feuilles, du noyer ou du châtaignier, dont les pollens ne se retrouvent pas dans les couches sédimentaires du quaternaire. Dans quelle mesure sont-elles apparues spontanément ? Ont-elles été véhiculées et cultivées par l’homme ? Il reste encore des incertitudes, mais ces espèces sont maintenant acclimatées et se reproduisent naturellement. Plus récemment, des conifères provenant d’autres régions françaises ou européennes ont été introduits et, au bout de plusieurs générations, sont maintenant acclimatés : pins sylvestre, noir et laricio, weymouth ; sapin pectiné, de Nordmann ; cèdres, mélèzes, épicea… Selon leurs qualités de croissance et de bois dans la région forestière, ils seront favorisés comme essence-objectif ou au contraire conduits en accompagnement des essences principales. C’est sur la durée qu’il faut juger du comportement de chacune de ces LE CHÊNE ROUGE DONNE UN BOIS DE QUALITÉ. LE PIN LARICIO EST ADAPTÉ AUX SOLS SECS. LE PEUPLIER, TRÈS PRODUCTIF, DEMANDE BEAUCOUP DE SOINS. espèces et de leur rôle possible dans la gestion durable des forêts bourguignonnes. C’est ainsi que le sapin de Vancouver implanté pendant quelques décennies, s’est révélé trop sensible à diverses maladies et n’est plus conseillé nulle part en essence de production en Bourgogne. Certaines essences adaptées à des stations bien précises ont été trop plantées hors station, comme l’épicéa commun et seront maintenant, avec l’expérience (sécheresse, canicule, maladie, etc.), réservées à leurs stations de prédilection. Les régénérations de ces espèces introduites ont parfois du mal à résister aux concurrents ligneux, semi-ligneux ou herbacés. C’est ainsi que sous une pinède ou après coupe rase de pins, on observe constamment une régénération abondante de feuillus variés. D’une certaine façon, les pins venus naturellement sur friches ou plantés, peuvent être une transition entre un terrain agricole pauvre et une forêt semi-naturelle mélangée. Les sapins, épicéa et douglas, surtout lorsqu’ils sont denses, se régénèrent plutôt mieux sous une autre essence ou dans un peuplement mélangé. Non accompagnés par le sylviculteur, les régénérations des conifères ne sont pas toujours suffisamment résistantes à la concurrence des feuillus. Localement, les drageons de robinier peuvent devenir envahissants. La régénération de chêne rouge peut par endroits supplanter les chênes indigènes. Loin d’être un appauvrissement, ces nombreuses introductions ont été favorables à la biodiversité, du fait de leur grande variété d’une part, mais aussi du cortège d’espèces animales et végétales qui peuvent leur être associées (pic noir, chouette de Tengmalm pour les vieux douglas du Morvan par exemple). Une espèce commune depuis des millénaires en Bourgogne a provisoirement presque disparu dans l’étage dominant : l’orme champêtre. 1.6.4 DES MILIEUX ET ESPÈCES REMARQUABLES La distinction parmi les espèces et les milieux de ceux qui sont élevés au rang de remarquables, par rapport aux autres qui ne le seraient pas, est récente. Le sylviculteur aura quant à lui tendance à considérer dans sa forêt comme remarquables toutes les espèces qu’il cultive pour leur bois ou leur fonction d’accompagnement sylvicole, ou qu’il conserve pour leur esthétique, leur signification culturelle ou leur rareté. La forêt privée bourguignonne, analyse des composantes principales de la gestion durable LE DOUGLAS, PRÉSENT DEPUIS PLUS D’UN SIÈCLE DANS LES FORÊTS DE BOURGOGNE, SE RÉGÉNÈRE NATURELLEMENT SANS DIFFICULTÉ. 47 SCHÉMA RÉGIONAL DE GESTION SYLVICOLE La forêt privée bourguignonne, analyse des composantes principales de la gestion durable L’ARBRE EST LE GARDIEN DE L’EAU. La législation nous renseigne sur le statut de protection d’un certain nombre d’espèces végétales et animales et de milieux considérés comme remarquables en Bourgogne (voir site internet www.bourgogne.ecologie.gouv.fr) : - 39 espèces végétales forestières relèvent d’un statut de protection régional (dont 4 au niveau national), - 17 mammifères, 11 oiseaux, 4 amphibiens et 49 insectes sont « déterminants » et protégés en Bourgogne. D’autre part, les arrêtés de protection de biotopes et les Zones Spéciales de Conservation Natura 2000 spécifient les espèces ou les milieux remarquables objets du classement et le territoire sur lesquels s’appliquent les mesures de gestion correspondant à leurs objectifs. La gestion particulière de ces espèces et de ces milieux, lorsqu’elle s’écarte de la gestion forestière ordinaire prévue par le sylviculteur, devrait donner lieu à une convention entre l’Etat ou les collectivités commanditaires et le sylviculteur. L’inventaire ZNIEFF renseigne le sylviculteur sur les milieux et espèces écologiquement intéressantes. A partir des catalogues des stations forestières et des cahiers d’habitats, et après avoir pris l’avis de ses partenaires engagés dans l’écocertification régionale, le CRPF a identifié les écosystèmes et milieux associés considérés comme remarquables en Bourgogne : milieux menacés de disparition, en limite de leur aire de répartition, abritant des espèces rares, protégées ou menacées. Érablaies à scolopendre et tillaies sèches des forêts de pentes et éboulis : - l’érablaie à scolopendre et lunaire des pentes à éboulis grossiers, installée sur pentes fortes à exposition nord, ou en situation de confinement, abrite des espèces montagnardes rares en Bourgogne, - les tillaies sèches de Bourgogne, du Jura et des Alpes colonisent les hauts de pente, souvent sur des éboulis grossiers sous falaise ; Saulaies, frênaies, aulnaies des forêts des cours d’eau : - les saulaies arborescentes à peuplier noir se raréfient en bordure de Saône et de Loire , 48 SC H É M A R É GION A L DE GE STION S Y LV I COLE - les frênaies-ormaies et frênaies-érablaies, peu étendues, ont souvent été détruites ou fortement perturbées, - les aulnaies-frênaies, aulnaies à hautes herbes, aulnaies marécageuses ont une certaine valeur paysagère, une grande diversité floristique et abritent des espèces protégées comme la prêle des bois ou l’osmonde royale, - la chênaie-frênaie-ormaie, forêt inondable des grands fleuves a fortement régressé en plaine de Saône ; Chênaies pédonculées calcicoles continentales et chênaies pubescentes : - les chênaies pédonculées calcicoles continentales, riches en espèces herbacées et en espèces protégées (nivéole, sabot de vénus, gagée jaune…) se sont raréfiées du fait des déboisements anciens, - les chênaies pubescentes sont des milieux remarquables du fait de leur rareté, de leur richesse floristique et de leur caractère méditerranéen ; Hêtraies calcicoles sèches : - les hêtraies à tilleul situées en ubac (versant à l’ombre) ou en fond de reculée hébergent des espèces rares (renoncules à feuilles de platane) ou en limite de leur aire (dentaire pennée…), - les chênaies-hêtraies collinéennes à seslérie bleue et grémil pourpre occupent des rendzines (sol développé sur roche mère calcaire) et renferment des espèces protégées (Laser trilobum) ; leur surface est réduite, - les hêtraies-chênaies collinéennes à laîche blanche sont peu répandues en Bourgogne ; elles abritent des espèces rares (Epipactis microphylla…), - les hêtraies à seslérie bleue se développent sur sols secs, avec des cortèges floristiques originaux ; Milieux associés : - les tourbières alcalines (marais tufeux) et acides sont des écosystèmes souvent associés au milieu forestier, menacés, d’une grande valeur patrimoniale et fonctionnelle. Elles abritent beaucoup d’espèces spécialisées, rares, menacées ou protégées, RIPISYLVES, FORÊTS ALLUVIALES, CONTRIBUTION À LA QUALITÉ DE L’EAU Les Bourguignons consomment environ 300 millions de m3 d’eau chaque année, soit 1% des précipitations. La réduction des pollutions aquatiques est un enjeu majeur du siècle. Les analyses des eaux indiquent les teneurs en polluants et les évolutions constatées : les teneurs en matières organiques et oxydables et en matières azotées sont peu élevées et stables, les teneurs en matières phosphorées qui étaient élevées, diminuent, la qualité biologique des cours d’eau s’améliore, la teneur en nitrate des cours d’eau n’est bonne que dans le Morvan et le Charolais à l’amont des cours d’eau LES RIPISYLVES OFFRENT DES ÉCOSYSTÈMES PRÉCIEUX. (Yonne, Cure, Cousin, Arroux, Bourbince) ; elle est moyenne ou mauvaise partout ailleurs du fait des contaminations agricoles. Les eaux souterraines ont des teneurs en nitrate encore supérieures, les micropolluants, toxiques à faible dose, sont présents partout en Bourgogne : arsenic, cuivre, nickel, plomb, fluor, pesticides, hydrocarbures... La forêt privée est un partenaire important dans la gestion de l’eau des territoires bourguignons : utilisation très faible d’intrants dans les itinéraires techniques de sylviculture en Bourgogne, quelle que soit la nature de la propriété ; la teneur moyenne en nitrates des eaux issues d’un massif forestier est de 2mg/l, contre 19 pour les prés de fauche, 62 pour les orges d’hiver, 120 pour le colza et 126 pour le maïs (ONF, 1999), régulation des eaux des bassins versants : le couvert forestier réduit les écoulements de surface, infiltre les eaux en profondeur et recharge les nappes phréatiques. La forêt augmente légèrement les précipitations, mais augmente aussi l’interception et l’évapotranspiration, le système racinaire des arbres, en forêt comme en alignement, bosquet et arbres isolés absorbe directement de nombreux éléments polluants : nitrates, phosphates,... les forêts protègent les sources et les captages d’eau potable en faisant obstacle aux polluants et en purifiant les eaux d’infiltration et des nappes phréatiques des périmètres protégés, les bandes boisées le long des cours d’eau (ripisylves) ( protègent les cours d’eau du ruissellement et captent les matières polluantes. Ils influent fortement sur la qualité piscicole de l’eau. 1.6.6 DES BOIS DE PLUS EN PLUS GROS, DES BOIS MORTS, DES CHABLIS, DES RÉMANENTS... La forêt privée bourguignonne n’a pas cessé de stocker du bois sur pied et donc d’améliorer l’indicateur de biodiversité volume de bois sur pied, qui a doublé en quelques décennies : 143 m3/ha en moyenne (volumes IFN), (moyenne France 142 m3/ha), plus de 170 m3/ha dans la Nièvre. Beaucoup d’espèces sont inféodées aux stades de sénescence des arbres et à leur dégradation biologique, qu’il s’agisse de champignons, de lichens, d’hépatiques, de mousses, de fougères, d’insectes et autres invertébrés, d’oiseaux ou de mammifères, tous représentatifs d’une forte biodiversité naturelle. L’IFN inventorie le volume de bois sur pied mort depuis moins de 5 ans ; en forêt privée, il est beaucoup plus important qu’en forêt publique ; la plus grande quantité de bois mort à l’hectare se trouve dans le Morvan. Le volume de bois mort ramené à l’hectare a augmenté de 26 % entre les deux derniers cycles IFN (10 ans), aussi bien en bois résineux (le volume a doublé) qu’en bois feuillus. La forêt privée bourguignonne, analyse des composantes principales de la gestion durable - les sources pétrifiantes sont des milieux particulièrement fragiles et originaux, - les mares intraforestières possèdent une certaine originalité floristique ; c’est le lieu de ponte et de développement des stades larvaires de nombreux amphibiens, d’odonates, etc., - les habitats rocheux (éboulis, falaises, rochers, grottes…) présentent une flore spécifique ; ce sont bien souvent des zones de nidification ou des abris pour les oiseaux et mammifères, dont certains sont protégés (chauve souris, rapaces…), - les pelouses intraforestières se développent sur sols pauvres, principalement en zone calcaire, avec une flore et une faune caractéristiques. Le Préfet de Région porte à connaissance du CRPF les données relatives aux zonages à caractère environnemental concernant la Bourgogne. Le CRPF met à disposition des sylviculteurs la liste des espèces et milieux considérés comme remarquables ou intéressants en Bourgogne et les recommandations de gestion qui leur sont associées. La Diren, le Parc Naturel Régional du Morvan et le Conservatoire des Sites Naturels peuvent apporter des informations locales. 6.5 DES EAUX ET DES FORÊTS : RIPISYLVES, ALLUVIALES, CONTRIBUTION 1.6.5 DESFORÊTS EAUX ET DES FORÊTS : 49 SCHÉMA RÉGIONAL DE GESTION SYLVICOLE VOLUME DE BOIS MORT EN FORÊT PRIVÉE (SELON LES CRITÈRES IFN) m3 / ha FEUILLUS ZONE ORF Cycle IFN précédent Cycle IFN récent Cycle IFN précédent Cycle IFN récent Plateaux calcaires Côtes calcaires 0,271 0,162 0,386 0,755 0,169 0,107 0,328 0,270 Morvan et annexes cristallines 1,064 1,501 0,289 0,566 Zone est continentale Zone ouest atlantique Zone de transition 1,457 0,695 1,582 1,074 0,747 0,777 0,030 0,010 0,080 0,002 0,049 0,215 La forêt privée bourguignonne utilise très peu d’intrants dans ses itinéraires sylvicoles. Les sylviculteurs plantent de moins en moins et l’usage des produits phytosanitaires, très réglementé, est coûteux et souvent non indispensable : quelques centaines d’hectares traités par an sur 700 000 ha de forêt privée. Les produits phytocides utilisés ont une homologation spécifique à la forêt ; la plupart sont systémiques. Ils concernent surtout la lutte contre les herbacées, fougères ou ronces, avant et après plantation. Certains traitements sont parfois ordonnés pour des raisons de santé publique comme ceux destinés à contenir les populations de chenilles processionnaires. Les engrais, qui ne peuvent être appliqués qu’au moment de la plantation ou peu après, sont exceptionnels, même en populiculture. Ils pourraient être plus souvent employés pour favoriser la reprise et la croissance des jeunes plants, soit avant plantation, au fond du trou de plantation, soit après plantation, autour du plant. Des amendements calco-magnésiens pourraient être utilement employés à la plantation sur les terrains carencés, et servir au maintien d’écosystèmes menacés. LES TRAITEMENTS DES ARBRES FORESTIERS RESTENT RARES 1.6.8 DES MÉLANGES D’ESSENCES L’Inventaire Forestier National nous renseigne statistiquement sur le nombre d’essences cultivées selon les peuplements. Les peuplements monospécifiques représentent 13% des surfaces de la forêt privée bourguignonne, ce qui est un peu plus élevé que la moyenne bourguignonne toutes propriétés confondues (12%), mais beaucoup moins que la moyenne française (29%). La présence de ces peuplements s’explique par les surfaces de jeunes forêts plantées sur sol agricole avec au départ une seule essence. Le morcellement de la forêt privée gomme en partie les effets néfastes de cette monospécificité en multipliant les effets de lisière et de POURCENTAGE DE LA SURFACE DE FORÊT PRIVÉE SELON LE NOMBRE bordure riches de biodiversité. D’ESSENCES CULTIVÉES EN MÉLANGE DANS LES PEUPLEMENTS L’évolution des surfaces à une seule Nombre d’essences 1 2 3 4 5 6 essence est rapide, en régression Plateaux calcaires 13 % 21 % 28 % 21 % 11 % 6% partout sauf dans l’ouest atlantique Côtes calcaires 26 % 23 % 25 % 14 % 7% 5% icaunais (-10% en moyenne sur 10 ans, Morvan et annexes 21 % 28 % 26 % 14 % 8% 3% -7% en Morvan, -30 % sur Plateaux Est continental 4% 25 % 31 % 20 % 12 % 8% calcaires). Le nombre de peuplements Ouest Atlantique 9% 29 % 31 % 18 % 9% 4% à 5 et 6 essences ou plus a considéraZones de transition 12 % 32 % 31 % 16 % 6% 3% blement augmenté en forêt privée dans BOURGOGNE 13 % 27 % 29 % 18 % 9% 4% toutes les zones. Source IFN La forêt privée bourguignonne, analyse des composantes principales de la gestion durable 1.6.7 TRÈS PEU D’INTRANTS 50 SC H É M A R É GION A L DE GE STION S Y LV I COLE Source IFN RÉSINEUX Une structure irrégulière pérenne permet d’avoir en continu sur la parcelle un couvert boisé, avec un régime d’exploitation et de travaux à rotation courte et de faibles investissements. C’est une structure favorable pour le gestionnaire d’un patrimoine boisé privé, qui redoute les à-coups dans les recettes et les charges. La forêt privée de Bourgogne est associée dès l’origine à la création et la diffusion du concept de la futaie irrégulière. 460 000 ha de mélange futaie-taillis en forêt privée sont potentiellement concernés par ce concept. Par le balivage et l’éclaircie par le haut, beaucoup de sylviculteurs se sont engagés sur le chemin de l’amélioration de leurs taillissous-futaie souvent pauvres en réserves, premier pas vers une conversion possible. La structure en futaie régulière équienne des plantations de conifères n’est pas immuable ; s’il est intéressant de conserver en futaie régulière une partie de ces peuplements, pour des raisons économiques, écologiques ou sociales, il est vraisemblable qu’une partie de ces plantations s’orientera (on le constate dans les plantations les plus âgées) vers un traitement en futaie irrégulière mélangée. La futaie irrégulière a l’avantage d’avoir un mode de gestion adapté techniquement et économiquement à la forêt privée de Bourgogne et de rassembler un certain consensus sur les services écologiques et sociaux qu’elle peut rendre. Cela n’enlève rien aux qualités de la gestion durable en futaie régulière, qui est une nécessité pour les jeunes plantations et reste un objectif qui peut être parfaitement adapté au sylviculteur privé, quelle que soit la taille de sa forêt. La futaie régulière est parfois la plus naturellement adaptée à la station : aulnaie sur sol engorgé, chênaie pubescente sur rebord de plateau calcaire, saulaie blanche en ripisylve... 1.6.10 DES COUPES ET DES RÉGÉNÉRATIONS VARIÉES Les types de coupes sont très variés et donnent une extrême diversité de situations Les dimensions des assiettes de coupe sont très variables, souvent très petites, de moins de 1 ha à quelques hectares, du fait des parcelles exiguës, par exemple de l’ancienne forêt paysanne, mais pouvant aussi atteindre une dizaine d’hectares, ou plus quelquefois, pour les forêts plus vastes (voir paragraphe 25). On n’atteint toutefois que très rarement des assiettes de coupe de plusieurs dizaines d’hectares. En dehors de l’aspect purement sylvicole, la variété des coupes permet de multiplier les niches écologiques d’accueil des espèces animales et végétales : coupes claires ou sombres, coupes enlevant le taillis ou le réservant avec un balivage ou une éclaircie plus ou moins intensive, coupes par le bas ou par le haut ; coupes d’éclaircie dans la futaie prélevant une proportion variée de tiges dans chaque classe d’âge et laissant plus ou moins de lumière au sol ; coupes laissant un seul étage de peuplement ou coupes laissant deux, trois, quatre étages de végétation correspondant à autant de situations écologiques différentes permettant d’offrir des conditions de milieux riches en biodiversité ; coupes rases plus ou moins grandes offrant aussitôt après une explosion au sol d’espèces végétales nombreuses propices à la nourriture et la reproduction d’espèces animales diverses. Les coupes rases, si elles sont raisonnées et raisonnables, loin d’être néfastes à la biodiversité, l’enrichissent au contraire par un renouvellement d’espèces de lumière, et leur effet lisière offre des linéaires intéressants d’écotones* très riches. Les coupes rases ouvertes dans un paysage fermé ont un effet positif sur le paysage et sur les itinéraires internes à la forêt en offrant des fenêtres de vision lointaine. Une coupe rase, quelle que soit sa surface, peut avoir un effet négatif sur la perception paysagère, mais c’est surtout la forme et la situation topographique de la coupe qui peut induire cet effet. *voir glossaire p. 213 460 000 ha de mélange futaie-taillis en forêt privée sont potentiellement concernés par le concept de la futaie irrégulière L’ÉVOLUTION DES TAILLIS-SOUS-FUTAIE VERS LA FUTAIE IRRÉGULIÈRE OUVRE DES PERSPECTIVES NOUVELLES AU SYLVICULTEUR. La forêt privée bourguignonne, analyse des composantes principales de la gestion durable 1.6.9 DES STRUCTURES IRRÉGULIÈRES 51 SCHÉMA RÉGIONAL DE GESTION SYLVICOLE La forêt privée bourguignonne, analyse des composantes principales de la gestion durable ÉCLAIRCIE MÉCANISÉE EN PEUPLEMENT FEUILLU. COUPE RASE AVANT PLANTATION. 1.6.11 DES LISIÈRES, HAIES, ALIGNEMENTS, DES ARBRES PONCTUANT L’ESPACE ÉCLAIRCIE D’UN PERCHIS DE HÊTRE. Le mode de régénération, après coupe de tout ou partie du peuplement, est très varié régénération naturelle de la futaie en utilisant les semences provenant des pieds-mères du peuplement et des peuplements voisins, régénération de la futaie par sélection de brins de taillis (futaie sur souche), régénération artificielle par plantation d’espèces nouvelles ou indigènes sélectionnées pour leur adaptation au milieu, après coupe rase de peuplements de trop mauvaise qualité, régénération artificielle par enrichissement en bouquets, voire en enrichissement diffus sur petites trouées, régénération du taillis en coupe rase de peuplements de taillis, ou en coupe partielle du taillis dans les améliorations de peuplements issus de taillis-sous-futaie, multiplication végétative (drageonnage, marcottage et bouturage) des espèces propices à ce mode de reproduction naturelle : merisiers, alisiers, saules, peupliers… 52 SC H É M A R É GION A L DE GE STION S Y LV I COLE Les lisières et les linéaires de transition entre deux parcelles sont extrêmement importants en forêt privée du fait du nombre de sylviculteurs, de la petite taille des parcelles et de la diversité des sylvicultures. Les arbres hors forêt, arbres en haies, arbres en bosquets, boqueteaux, arbres d’alignement, arbres épars, sont en très forte majorité sur des terrains privés. Ils sont en constante diminution. C’est un patrimoine biologique de plusieurs millions d’arbres épars et en alignement sur le territoire rural en Bourgogne, sans compter les bosquets, boqueteaux, les parcs et jardins, avec leurs écosystèmes spécifiques associés. La conservation, l’entretien et la valorisation économique, écologique et paysagère de ces arbres isolés, bouquets, boqueteaux, haies, linéaires d’arbres est d’un grand intérêt pour la gestion durable de nos territoires, y compris lorsqu’il s’agit de peupliers, noyers, robiniers, ou arbres introduits. EXEMPLE DU NOMBRE D’ARBRES HORS FORÊT, HORS BOQUETEAUX ET BOSQUETS, NIÈVRE (IFN 1985) Arbres épars en terrain agricole et landes Arbres de futaie de forme normale Arbres têtards et d’émonde Haies, alignements d’arbres 262 800 842 200 52 200 204 500 prévoient des mesures particulières de préservation des espaces, paysages et milieux caractéristiques du patrimoine naturel. Renseignements : DDE, DDAF, Conseil Général, CRPF. COUPE DE RÉGÉNÉRATION. 1.6.12 BEAUCOUP DE SURFACES CLASSÉES OU OBJET D’INVENTAIRES ENVIRONNEMENTAUX L’intérêt de l’Etat et des Collectivités pour la forêt, dès la première moitié du XXe siècle, a entraîné une multiplication des zonages de protection. Classements liés au Droit de l’Urbanisme : les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU), qui remplacent les Plans d’Occupation des Sols (POS), fixent des servitudes d’utilisation des sols et des orientations environnementales cartographiées dans le Plan d’Aménagement et de Développement Durable. Les règlements des « espaces boisés classés » comportent l’obligation de pérennisation de la destination boisée, mais aussi l’obligation d’une autorisation préalable pour toutes les coupes d’arbres qui n’en sont pas dispensées spécifiquement (PSG, arrêtés préfectoraux de dispense). Ce classement s’applique aux alignements d’arbres, haies, et arbres isolés. les Espaces naturels sensibles (ENS) sont instaurés par le Conseil Général, qui dispose d’un droit de préemption sur toute transmission. Il édicte des mesures de protection sur ces espaces. les Zones de Montagne (Morvan, Haut-Beaujolais) les sites inscrits au titre de la loi du 2 mai 1930 obligent les sylviculteurs à déclarer préalablement toute coupe ou plantation. dans un site classé, la législation est très stricte : toute coupe d’arbre est préalablement soumise à autorisation ministérielle (Ministre chargé des sites) non délégable. Les sanctions pénales sont très lourdes. Il y a beaucoup de sites inscrits et classés en Bourgogne, de très petites surfaces ou de plusieurs dizaines de milliers d’hectares, sur lesquels se chevauchent souvent des réglementations multiples. les Arrêtés de Protection de Biotope pris par le Préfet arrêtent des mesures de conservation de biotopes et de protection des milieux contre les activités humaines (exemple : dans l’APB de la basse vallée du Doubs, les activités forestières sont interdites dans la ripisylve) les Réserves : Réserves naturelles, Réserves naturelles régionales, Réserves biologiques (forêts publiques), Réserve de chasse et de faune sauvage… les forêts de protection dont le classement est ordonné par le Préfet et fait l’objet d’un décret en Conseil d’Etat les Zones Humides d’Importance Nationale sont l’objet d’une surveillance et d’une vigilance particulière pour tous les projets pouvant en modifier l’état. les Zones Spéciales de Conservation (ZSC) et les Zones de Protection Spéciale (ZPS) classent de vastes territoires pour la protection ou la restauration des oiseaux (ZPS), des habitats et des espèces (ZSC) d’intérêt communautaire. Les projets susceptibles d’affecter les sites La forêt privée bourguignonne, analyse des composantes principales de la gestion durable Classements liés au Droit de l’Environnement : LES HAIES SONT UNE COMPOSANTE IMPORTANTE DU PAYSAGE. 53 SCHÉMA RÉGIONAL DE GESTION SYLVICOLE La forêt privée bourguignonne, analyse des composantes principales de la gestion durable les Directives de Protection et de mise en valeur des paysages, arrêtées par le Ministre chargé de l’Environnement, sont opposables à tous les documents d’urbanisme et d’utilisation des sols ; elles peuvent s’appliquer sur toute commune ou partie de commune. Il n’y a pas encore de directive paysagère en Bourgogne. la loi sur les Monuments historiques (31 décembre 1913, modifiée le 13 décembre 2000), oblige toute personne effectuant une édification, transformation, ou modification dans le champ de visibilité d’un immeuble classé, inscrit, ou proposé au classement, à obtenir préalablement une autorisation de l’administration compétente après avis de l’Architecte des Bâtiments de France. Le champ de visibilité s’étend au périmètre visible de l’immeuble ou en même temps que lui, n’exédant pas 500 mètres. La richesse de la Bourgogne en immeubles classés est telle que nombre de forêts se trouvent dans le périmètre de visibilité d’un monument classé. Renseignements : Architecte des Bâtiments de France, DIREN, DDAF, CRPF. LA FORÊT DURABLE, LIEU DE CONVERGENCE ET D’ÉQUILIBRE ÉCONOMIQUE, ÉCOLOGIQUE ET SOCIAL sont soumis à évaluation d’incidence et sujets à mesures particulières dans le cadre du programme Natura 2000, inscrites dans des documents d’objectif, et pouvant donner lieu à contractualisation ou à des mesures réglementaires. Les inventaires environnementaux les Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) et les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) sont des inventaires d’espaces naturels offrant des potentialités biologiques importantes ou remarquables. Ces zones sont validées par le Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel. Elles doivent être prises en compte dans les décisions de l’Administration, notamment pour le financement des projets. Renseignements : DDAF, CRPF, DIREN ((www.bourgogne.ecologie.gouv.fr www.bourgogne.ecologie.gouv.fr). ). Classements liés principalement à l’aspect culturel : les Zones de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager (ZPPAUP), servitudes d’utilité publique annexées au PLU, édictent des prescriptions à valeur réglementaire concernant les espaces boisés. 54 SC H É M A R É GION A L DE GE STION S Y LV I COLE Environ les deux tiers du territoire de la forêt privée sont concernés par un classement en inventaire, zonage ou statut de protection réglementaire. Il faudrait ajouter à ces chiffres les territoires supplémentaires couverts par une réglementation PLU, ENS, Zone de Montagne, Sites inscrits et classés, Zones humides, Natura 2000, ZPPAUP, et périmètres de Monuments historiques. Sur un même territoire, on constate parfois des superpositions de classements à objectifs multiples compliquant beaucoup la gestion forestière (exemple Mont Preneley, côtes de Beaune). > PÉRIMÈTRES SOUMIS À UNE RÉGLEMENTATION PARTICULIÈRE Au terme de l’article L11 de la Loi forestière du 9 juillet 2001, les espaces protégés réglementairement doivent faire l’objet d’une annexe spécifique au SRGS qui permettront au propriétaire ayant un Plan Simple de Gestion agréé de ne pas faire de démarches supplémentaires pour réaliser les coupes et travaux prévus dans son document de gestion. Dans l’attente des décrets d’application et circulaires concernant ces « annexes vertes », et de l’adjonction de ces annexes au SRGS, le sylviculteur doit adresser aux autorités compétentes les déclarations ou les demandes d’autorisations préalables réglementaires. Il peut, le cas échéant, demander une autorisation globale de l’ensemble des coupes et travaux prévus à son PSG, au titre de l’une ou l’autre des réglementations concernées. SITES NATURA 2000 SITES CLASSÉS ET INSCRITS AUXERRE AUXERRE DIJON DIJON NEVERS NEVERS ©CRPF BOURGOGNE 2004 ©DIREN BOURGOGNE 2004 BD CARTO® ©IGN PARIS 2003 ©CRPF BOURGOGNE 2004 ©DIREN BOURGOGNE 2004 BD CARTO® ©IGN PARIS 2003 MÂCON LES PRINCIPAUX ZONAGES ET INVENTAIRES ENVIRONNEMENTAUX Surface totale par zonage en ha Surface forêt concernée en ha MÂCON % de la surface forestière régionale : environ Surface forêt privée concernée en ha Part de la forêt privée pour le zonage concerné LES MESURES DE PROTECTION 2 100 900 <1 % 450 50 % 202 300 85 500 4% 35 300 41 % 53 800 23 800 2% 14 000 59 % 2 500 700 <1 % 620 88 % 37 000 40 000 18 000 13 600 2% 1% 10 000 10 400 55 % 76 % 107 900 13 900 1% 11 700 84 % 2 400 <1 % 2 100 88 % 260 000 125 800 13 % 108 400 86 % ZICO 206 800 72 300 7% 28 600 40 % ZNIEFF type 1 164 000 68 000 7% 42 800 63 % ZNIEFF type 2 1 099 000 496 300 51 % 324 200 65 % Réserves naturelles Natura 2000, à titre de : - directive oiseaux (zones de protection spéciales) - directive habitats (zones de conservation spéciales) Arrêtés de protection de biotope Sites classés Sites inscrits Protection des monuments historiques 1 ZPPAUP 1 Parc naturel régional du Morvan LES INVENTAIRES 1 : la ZPPAUP d’Avallon, en cours de révision, n’est pas prise en compte. Nb : ces données ne sont pas cummulables car certains zonages se superposent. La forêt privée bourguignonne, analyse des composantes principales de la gestion durable SITES NATURA 2000 SITES CLASSÉS SITES INSCRITS 55 SCHÉMA RÉGIONAL DE GESTION SYLVICOLE