La couleur de la peau

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3.
La couleur de la peau
Les recherches des anthropologues et des biologistes modernes
aboutissent à une très précise observation : il n’y a pas de races au sens
notamment où l’entendaient ceux qui prétendaient classer l’humanité
suivant la couleur de la peau.
En fait, la simple observation nous permet de constater dans notre vie
courante qu’il n’y a pas quatre couleurs de peau et donc, quatre races,
comme l’affirmaient naïvement, sottement, faussement, les livres de
géographie d’autrefois ; il y a une multitude de nuances qui vont du
brun foncé au blanc rose et qui proviennent des rencontres humaines
d’un continent à l’autre, d’une région géographique à une autre, d’un
pays chaud à un pays froid.
Les populations qui furent immobilisées durant des millénaires sur des
espaces donnés, se sont au fil du temps dispersées et rencontrées en
de nombreux mariages et métissages. Mais le métissage n’est pas le
seul en cause, le soleil a joué son rôle décisif dans cette diversité de
notre commune humanité.
Je lisais récemment sous la plume d’un savant : Pascal Leonardi, qui
travaille au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris dans le laboratoire
d’anthropologie biologique, un très remarquable article : La couleur
de la peau est une variation continue (Pour la science). Je souhaite
qu’un tel article sous la plume d’un scientifique de haut niveau qui est
en même temps un excellent pédagogue, soit connu de beaucoup de
lecteurs, jeunes et moins jeunes. Il y exprime avec une convaincante
argumentation que les fameuses quatre couleurs et quatre races,
n’existent pas. Notre temps, hélas, demande que cette affirmation soit
répétée.
Certes, de grands esprits avaient dans les siècles passés, souligné
l’illusion que constituait la croyance à une valeur définitive – et
classificatrice – de la couleur de la peau, cet élément apparent de la
personnalité humaine. Mais les anthropologues d’autrefois considéraient
cela comme un caractère qualificatif utile à une classification précise et
définitive. Le grand Buffon (1707-1788) proposa pour la première fois
une définition valable : les individus « interféconds » appartiennent à
une même espèce.
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Les recherches suivantes jusqu’à nos jours, allaient montrer que la
classification suivant la couleur de la peau est trompeuse et aboutit à
une vision totalement fausse.
Car la couleur de la peau est principalement la conséquence d’un
seul pigment épidermique : la mélanine. Cette mélanine se trouve
dans les cellules appelées mélanocytes situées dans les profondeurs
de l’épiderme. Cette mélanine se présente sous deux couleurs : brun
rouge et brun noir.
Tous les êtres humains ont un nombre égal de mélanocytes : la mélanine
va donc évoluer pour tous à partir de deux couleurs fondamentales
plus ou moins claires.
Comment va-t-elle évoluer ?
Sous l’effet du soleil !
Bien des peuples ont placé, honoré, respecté l’astre du jour comme
un élément essentiel de leurs croyances ou comme le souverain de
leur destinée. La science nous révèle aujourd’hui une autre sorte
d’importance du soleil.
Et cet effet du soleil va se manifester suivant la situation de l’habitat, et
suivant la durée de cet habitat, de telle ou telle population humaine.
Car il y a dans la peau un filtre naturel qui nous protège contre les
dangers des rayons ultraviolets ; et ce filtre est plus ou moins actif selon
l’importance de l’ensoleillement. D’où une réaction naturelle : sous
les latitudes très chaudes, très ensoleillées, une peau foncée protège
mieux qu’une peau claire. Le phénomène se déroule évidemment
suivant de longues durées et il s’accentue suivant que le peuplement
est plus ancien dans la zone considérée.
L’être humain a – ou devrait avoir – une exceptionnelle qualité : celle de
la conscience et celle de la dignité morale qui caractérise les meilleurs
représentants de l’espèce.
Placerons-nous cette conscience et cette dignité dans une surface et
une couleur de peau, dans une couleur et une épaisseur de cheveu ?
Non, certainement non.
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Nous les placerons dans une volonté de respect de soi-même et
d’autrui qui est – qui devrait être –, le caractère premier de tous les
représentants de l’espèce humaine.
Tous droits réservés, Copyright 2005,
IDLivre jeunesse, 279 rue du Faubourg Saint Antoine, 75011 Paris.
AUteur : Pierre Gamarra
Design graphique et illustrations : Il Pistrice, www.ilpistrice.com
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