Le français aujourd’hui dans le monde du travail de l’économie et de l’éducation La langue française bénéficie d’une place assez remarquable dans le monde actuel régi par des dynamiques tant économiques que professionnelles et culturelles. Il est important en effet d’évaluer et de prendre conscience de la répartition linguistique, et du rayonnement culturel qui s’en suit, dans un monde qui n’a plus pour mot d’ordre que l’échange. Tant dans le monde du travail, que dans l’éducation, l’apprentissage du français, comme langue représentative d’un pôle économique, social, politique, culturel, important dans le monde, est hautement répandu. Sur une échelle mondiale le français est déjà largement diffusé, il est d’ailleurs adopté comme deuxième langue officielle après l’anglais dans l’Organisation des Nations Unies. Mais au sein de la communauté mondiale francophone, le français est une langue d’échange et de contacts transnationaux. Et c’est bien cet aspect qu’il faut renforcer. Le débat de la concurrence entre la langue anglaise et la langue française est caduc en soi. Dans un monde où la majorité des échanges, des rencontres de sommités, des décisions de justice internationales, des accords financiers, des pourparlers diplomatiques se font en anglais, vouloir imposer le français comme une langue également hégémonique ou alternative nécessaire c’est faire figure de défenseur d’une cause perdue, vaguement pertinente si ce n’est tout simplement « ramer à contre courant » comme certains ont pu le présenter. L’anglais s’est imposé comme langue première à l’échelle mondiale et l’admettre c’est, pour vouloir faire preuve de bon sens, accepter la réalité et surtout dépasser le simple débat trop basique et superficiel de la prétendue supériorité d’un quelconque modèle ou d’une culture. Promouvoir la langue française ne doit pas avoir pour seul cheval de bataille une revendication d’ordre supposément stratégique visant et se restreignant à se faire une place aux côtés d’une langue « dominatrice ». La terminologie est à revoir dans ce sens, et il faut bannir les débats sur « l’émulation » ou « la concurrence », « l’hégémonie »… etc. La francophonie ne peut et ne doit à proprement parler se concentrer que sur son potentiel d’action, sa valeur propre, son articulation interne, sans que cela ne soit nécessairement synonyme de repli sur soi. Bien au contraire, c’est en mobilisant ses ressources propres, et en mettant l’accent sur sa richesse qu’elle saura s’imposer comme un modèle à l’échelle mondiale (encore sans que cela ne soit sa visée première). La tâche de la francophonie aujourd’hui est de prendre conscience de plus en plus de son existence, de son étendue, de sa richesse géographique et culturelle et de promouvoir toutes les relations possibles et tous les échanges au sein même de cette aire partageant un héritage de la langue commun. En Afrique, en Asie, en Europe, et jusque dans les îles du Pacifique et de l’Atlantique le français fait office de langue culturelle très en usage quand elle n’est pas la langue officielle. C’est cette expansion géographique énorme qu’il convient de signifier, de rendre manifeste et tangible, et pour ce faire les pays francophones doivent communiquer, doivent se faire entendre et se faire atteindre. Les échanges doivent être facilités, promus, et intensifiés. Le réseau se tissant entre tous les états de la francophonie doit se faire plus riche et plus dense car c’est seulement ainsi que la francophonie existe, se transmet, s’inculque, et vit. C’est cette dynamique qui ravive la francophonie, et si son point de départ est le partage d’une langue (puisque ce n’est que la langue que deux cultures aussi séparées éloignées et distinctes que celles de la Tunisie et de la Nouvelle Calédonie ont en commun) son point d’arrivée –si autant il existe un vrai accostage quand on parle de culture en voyage – ne peut être que l’enrichissement mutuel. Enrichissement d’un point de vue de cultures qui jusque là se sont à peine fait face et qui à présent ont la chance de se mêler, de coopérer, de coexister, et de créer ensemble un espace nouveau d’entente. Car il faut comprendre que l’enjeu est avant tout culturel, et si nous devions, francophones d’aujourd’hui, adopter un cheval de bataille –si encore nous concevons la question en ces termes– ce serait celui là. Ainsi si le français aujourd’hui doit se battre, s’il doit être défendu pour exister encore dans le monde du travail de l’économie et de l’éducation c’est parce que ces liens francophones n’ont pas été suffisamment renforcés. La promotion de la culture en passe en premier lieu par l’éducation. L’état des choses actuel au niveau du poids du français dans l’éducation est plutôt très positif : la langue française passée pour être la langue de culture demeure largement enseignée à travers le monde et à plus forte raison dans les pays francophones. Cependant si le français remanié, refaçonné, par les différents accents et les diverses contrées est en soi devenu l’objet d’une lutte pour sa préservation celle-ci intéresse peu l’esprit francophone, adepte d’une pluralité et d’une richesse qui ne saurait être contenue dans l’adoption d’un modèle unique. L’idée pour nous, en tant que membres de cette communauté francophone est de tisser autour de cette langue d’entente, tous les liens qui pourraient nous unir et nous faire bénéficier de nos apports respectifs. Il faudrait pouvoir inculquer aux générations futures la possibilité d’appartenir et d’être pris en charge par un espace francophone construit. Un espace où le travail et l’économie sont des produits de cette structure francophone, unifiée et reliée. Il faudrait que le réseau francophone soit suffisamment solide pour pouvoir créer des institutions qui lui sont propres, non pas encore une fois dans une attitude d’organisme indépendant et autarcique mais comme un espace aux contours suffisamment définis, et ayant une base suffisamment solide pour être envisagé comme un lieu d’accueil, figurant à lui seul un monde du travail ainsi que de l’économie (et naturellement de l’éducation) dans ce cadre là. Que l’espace francophone se fasse connaître comme tel, espace partageant une langue -ce qui facilite les échanges-, et recrée une dynamique intercommunautaires capable de redynamiser les secteurs intra-nationaux de ses différents membres. En ce sens l’idée du visa étudiant francophone par exemple serait une excellente initiative afin d’instaurer une libre circulation et faciliter ces transferts de personnes qui sont tous autant de transferts de biens potentiels. La présence francophone dans les réseaux internationaux quant à elle est un fait naturel de la francophonie elle-même, car la notion d’internationalité lui est intrinsèque. En promouvant la francophonie, il en va naturellement par la mise en valeur et la mise en contact de tous ceux qui la forment que l’implication à l’échelle internationale est accrue. Somme toute la francophonie ne doit plus que se renforcer elle-même, car être dans la francophonie c’est déjà être dans le monde. C’est un système auto fonctionnel et régénérateur : éduquer en français c’est avoir la possibilité de former en français (éducation), donc de faire travailler en français (travail), donc de faire circuler par le français (mobilité), et relancer le transferts des biens (économie) et redynamiser ainsi des réseaux qui finissent par promouvoir la langue. La langue initiatrice du mouvement en devient le point d’aboutissement, ce qui crée un cycle dynamique centré sur la langue. Tout cela ne peut se faire que par un renforcement de l’éducation et de l’apprentissage du français, et l’assouplissement au niveau diplomatique des frontières entre pays francophones par la facilitation de la circulation et la mise en place de programmes de mobilité moins rigides et plus ouverts.