Qu`est ce que le Coran ? En arabe le mot « Coran » signifie lecture

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Qu’est ce que le Coran ?
En arabe le mot « Coran » signifie lecture. Le texte comporte 114 sourates, c'est-àdire 114 chapitres, qui ne sont pas disposés dans un ordre chronologique, mais
plutôt dans un ordre décroissant de longueur, sauf la première (la Liminaire) qui est
une prière fréquemment récité par les fidèles. C'est la seconde sourate qui est la plus
longue. Lorsqu'on parcourt le Texte coranique on est immédiatement frappé par le
fait que, sauf pour les sourates courtes, une même sourate rassemble des versets
concernant des thèmes variés, ce qui donne au lecteur non averti une impression de
manque d'unité. En réalité l’explication en est qu'une sourate est une compilation de
divers messages transmis par Mahomet.
Pour les musulmans le Coran est la reproduction exacte de la « Matrice du Livre »
qui se trouve devant le trône de Dieu. Il est rédigé en langue arabe pure. Il se
présente, comme les Évangiles, sous forme de « Bonne Nouvelle » mais aussi
comme une distinction entre le bien et le mal. Et c'est aussi une sorte de rappel de la
Foi pure telle qu'elle avait déjà été communiquée à tous les personnages considérés
comme prophète par l'Islam depuis Adam.
Pour les musulmans le Texte coranique est d'origine divine et exprime la Parole de
Dieu. Il contient en principe toutes les indications nécessaires à ce que les croyants
puissent discerner la bonne direction à suivre pour vivre en bonne intelligence avec
leurs croyances. Au IXe siècle un débat s'est instauré pour savoir si le Texte
coranique a été créé par Dieu à un moment donné du temps, ou bien s'il est coéternel au Principe Créateur. C'est cette dernière option à laquelle adhère la majorité
des musulmans. Mais certains auteurs musulmans contemporains se confrontent
également à cette problématique. Et comme pour les autres textes sacrés une
nouvelle lecture des textes fondamentaux, se référant à la fois à une méthodologie
critique et à une fidélité absolue au texte, serait nécessaire. En effet l'histoire montre
que le lien entre la croyance et l'écriture n'est jamais figé. Par exemple dans toutes
les religions, la relation à la démocratie, l'élaboration du droit ou la place de la femme
dans la société dépendent en partie de la manière dont sont compris les textes.
Le Coran n'est pas un livre au sens où les occidentaux entendent ce terme. Sa
dénomination arabe est « al Coran » ce qui signifie « la récitation »(ou « la dictée »,
« la lecture »). Ceci fait référence à des paroles (prononcées ou écoutées) et non
pas à un texte. En arabe, « le livre », au sens occidental d'objet composé de feuillets
reliés couverts d'écriture, se dit « al kitab ». La rédaction en versets découle du style
poétique arabo-sémitique et se prête à la psalmodie. Les joutes oratoires en poèmes
versifiés et improvisés étaient encore couramment pratiquées entre poètes des
différentes tribus Arabes du Hedjaz durant la première guerre mondiale, exactement
comme à l'époque de Mahomet. Un exemple en est donné par Lawrence d'Arabie
dans son livre « Les sept piliers de la sagesse » Le fait que le Texte coranique soit
en vers n'est donc en rien la « preuve » d'une quelconque paternité divine. Enfin, la
versification n’est pas propre au Texte coranique. On la retrouve dans de nombreux
textes religieux anciens et notamment dans certains textes bibliques (comme
l’Apocalypse de Jean).
Un Texte coranique écrit dans une langue autre que l'arabe n'est pas le Coran : ce
n'est que le sens des différents versets de « al Coran ».
Le Texte coranique n'est absolument pas comparable à la Bible. Le mot « Bible »
vient du titre Grec de cet ouvrage Biblos, mot qui désigne l'objet qui est un « livre »
(et qui a donné bibliothèque = ensemble de livres). Voir à la fin de cette page « Le
Coran et la Bible »
La civilisation ambiante et Mahomet
Il s'agit alors d'une civilisation orale où l'on mettait peu de chose par écrit. Nous
réserverons ultérieurement une page de ce site à la civilisation du temps de
Mahomet, de même qu’une page sur sa vie. Nous considérons en effet qu’une
approche, même forcément brève, mais honnête, de ces éléments permet d’éviter
les dérives tendancieuses qu’elle soient faites par prosélytisme (ou intégrisme) ou,
au contraire, par intolérance (ou racisme).
Comment le Coran a-t-il été écrit ?
Le Texte coranique n'a pas été écrit par Mahomet. Il a été récité par Mahomet, par
fragments, sur une période de plus de vingt ans entre 610 et 632 de l'ère chrétienne,
à partir de l'âge d'environ quarante ans jusqu'à sa mort, à l'âge d'une soixantaine
d'années. Ses récitations commencèrent dans sa ville d'origine, La Mecque. Après
qu'il eut été chassé de La Mecque, il continua ses récitations dans la ville de Médine.
C'est à Médine qu'il est mort, après avoir écrasé militairement La Mecque.
L’un des plus anciens exemplaires connus est un Texte coranique du Xe siècle (donc
datant de plus de deux cents ans après le califat d'Othman ( voir plus loin) qui est
conservé en Iran au musée Pars de Chiraz. Il y en a un autre au musée Topkapi
d'Istanbul. Il ne s‘agit pas d‘une histoire continue mais de fragments agencés les uns
avec les autres: récits règles de vie textes juridiques ou encore paraboles se
côtoient.
Selon Mahomet, ce n'est pas lui l'auteur de ces récitations : elles lui auraient été
dictées par l’Ange Gabriel, directement en langue arabe, sur l'ordre de Dieu. Il faut
signifier que, pour les musulmans, Mahomet a reçu le message de Dieu d'une façon
purement passive et l'a transmis sans aucune altération ni déformation. Ainsi, le
Coran n'est pas seulement le fondement de l'Islam, c'est aussi et surtout, selon les
musulmans, le son des mots de Dieu. Ceci explique pourquoi il fut longtemps interdit
de le traduire et c'est aussi la raison pour laquelle le Coran est systématiquement
enseigné en arabe, et uniquement en arabe, dans les « écoles » Coraniques.
Le Coran est issu d'une tradition purement orale car il ne fut mit par écrit dans sa
totalité que plusieurs années après la mort de mahomet quand ses disciples prirent
conscience que les quelques bribes calligraphiées sur des poteries et des omoplates
de chameaux ou du parchemin, ne reprenaient pas l'ensemble des récitations. Il
n'existait plus à cette époque qu'une poignée de personnes connaissant par coeur la
récitation dans sa totalité.
Le Coran, tel que nous le connaissons encore aujourd’hui, est le résultat d'une
décision du 3e calife (644 à 656), Othmân. Il ne reste plus de nos jours aucune
version antérieure à celle d'Othman, ni même aucune version contemporaine
d'Othman, et il n'a bien entendu jamais existé de version contemporaine à Mahomet.
S'il existe des nuances dans les traductions du Coran c'est parce que l'arabe
archaïque que parlait Mahomet était sujet à des interprétations selon les traducteurs.
Mais qui, semble-t-il, n’affectaient pas le sens global du texte.
Donc une vingtaine d'années après la mort de Mahomet, Othmân fut confronté à une
divergence de vues entre musulmans iraqiens et musulmans syriens du fait qu'il
existait différentes versions du Coran. Il décida de faire regrouper ces versions en
une seule. Othmân aurait ordonné à Zaïd Ben Thabet, de rédiger cette ultime
version.
« Une première commission présidée par Zaïd fit le premier classement écrit du
Coran. Zaïd sembla tout d’abord se récuser pour deux raisons : l’une, celle du
disciple qui ne veut pas prendre une initiative que n’avait pas envisagée, ni prise le
Maître, l’autre celle du croyant à l’esprit rigoureux qui s’effraye d’avance à la
perspective de la moindre erreur dans l’exécution de sa mission. Néanmoins, cette
tâche se trouva accomplie grâce aux efforts conjugués et consciencieux des
membres de la commission. La méthode suivie était simple mais rigoureuse : ils
savaient tous le Coran par cœur, et dans l’ordre même où ils l’avaient appris, en
compagnie et sous la direction du Prophète. S’il y avait une variante, pour lever le
doute à son sujet, ils consultaient les pièces sur lesquelles avaient été consignés les
versets lors de leur révélation. Sans se satisfaire de ces précautions déjà
remarquables, Zaïd et Omar allaient, par surcroît, à la porte de la Mosquée de
Médine et là, ils recevaient les témoignages des autres compagnons, en confirmation
de la version arrêtée par la commission elle-même. Cependant, Othman, le troisième
Khalife, ne voudra plus de ces variantes et ordonnera qu’une seule et unique version
soit rédigée dans la langue de Koreich. Une deuxième commission sera chargée de
cette nouvelle entreprise. Elle a cette fois-ci pour mission de fixer définitivement le
texte Coranique dans une seule langue, afin que la diversité dialectale ne soit pas
une cause d’inharmonie dans la communauté musulmane ».
Puis il expédia des copies de ce volume unique dans son empire avec ordre de
détruire tous les exemplaires antérieurs, ce qui fut fait. Mais il est probable que sa
version puisse différer des récitations d'origine de Mahomet, qui très certainement,
avaient déjà subies des altérations au cours des ans comme en témoigne l'existence
des différentes versions que Othman fit détruire. Le calife Othmân fut assassiné par
des musulmans qui justement considéraient sa version comme « impie ».
C'est au VIIIe siècle que seront ajoutés des signes destinés à mettre de certaines
ponctuations pour empêcher la confusion entre les mots ayant la même orthographe.
Il faut dire cependant que certains intellectuels musulmans se sont demandés s'il ne
fallait pas refaire une critique sérieuse de ce texte compte tenu de l'intervention
humaine dans la rédaction de celui-ci.
L'ordonnancement du texte d'Othman n'est pas chronologique, ni ne suit aucune
logique autre que de présenter les chapitres (sourates) dans un ordre censé en
faciliter l'apprentissage par coeur : Les sourates sont classées par ordre de longueur,
les plus longues en premier. Cet ordre n'est toutefois pas absolu : la première
sourate est très courte (mais ce n'est pas la plus courte) et certaines sourates sont
parfois suivies d'une sourate plus longue.
C'est un phénomène remarquable, sociologiquement parlant, que cette fixation
intégrale du texte Coranique. Il n'y a par deux problèmes d'écriture du Coran comme
il y en a un pour la Bible. Ce point est établi sur des données historiques, d'après les
musulmans, et ils font remarquer la coïncidence du fait de l'histoire avec le neuvième
verset de la 15e sourate : « Et nous en assurerons la conservation intégrale »
La version actuelle est considérée comme conforme à la première version, que les
musulmans estiment d'origine divine, rappelons-le.
Mais il existe aussi un seconde source écrite de l’Islam : elle se trouve dans les
paroles du prophète ou Hadiths. Malheureusement, cette source n’est pas aussi
certaine que la première : les Hadiths n’ont pas été conservés avec le même soin
que les versets Coraniques. D’ailleurs de son vivant même, le Prophète défendait
énergiquement à ses compagnons d’écrire sa parole afin qu’il n’y ait pas, dans la
suite, de confusion possible entre cette parole et un verset révélé, entre la tradition et
le Coran.
Ce n’est que bien après la mort du Prophète que l’importance des Hadiths se révéla,
au point de vue juridique surtout, comme une seconde source du droit musulman.
Cette notion s’était déjà manifestée dans l’histoire du droit musulman lors du départ
de Moadh, ce compagnon du Prophète qui fut désigné par lui-même pour aller
enseigner l’Islam au Yémen. Mohammed lui avait demandé : « Comment ferais-tu
pour trancher un cas litigieux ? Et le disciple répondit : « J’appliquerais le précepte
Coranique, ou à défaut je me référerais à une tradition, et enfin, si celle-ci manque, je
m’en rapporterais à mon jugement ». Mohammed approuva cette façon de voir chez
son disciple qui exposait incidemment la seconde source du droit musulman.
Aussi, quand ce droit se développera avec les besoins croissants de la société
musulmane, les docteurs voudront alors fixer d’une manière aussi certaine que
possible les hadiths qui devaient devenir un élément essentiel de la doctrine
juridique.
Mais, l’écart entre l’époque où ce travail s’était s’accompli et la mort du Prophète était
assez important pour qu’il n’y ait pas eu de nombreuses altérations et une multitude
d’apocryphes parmi les Hadiths authentiques. Dès lors, il s’agissait d’élaborer une
méthode critique susceptible de séparer ce qui était authentique de ce qui ne l’était
pas. On adopta pour méthode, la critique historique qui consistait à vérifier la
continuité et la valeur morale de la chaîne par laquelle le Hadith était parvenu
jusqu’aux traditionalistes.
Ces derniers furent ainsi amenés à considérer, selon le degré de certitude historique,
trois groupes de Hadiths : l’authentique, le douteux et le faux.
Telles sont, dans leur état actuel, les sources de l’Islam : le verset Coranique
susceptible d’être utilisé comme document historique absolument certain, et le
Hadith, plus ou moins certain et qui ne doit être utilisé, en tout cas, dans une étude
critique qu’avec les précautions qui se dégagent des méthodes mêmes suivies par
des traditionalistes savants et consciencieux.
Avec ces précautions, les deux sources que peut utiliser l’Islamologie, deviennent
aussi sûres l’une que l’autre.
Evolution et étude critique
Nous avons vu comment s‘est formé le Coran. Mais est-il vraiment un texte figé et
intouchable? Et comment peut-il être interprété?
Dans une étude critique sur l’Islam, on ne peut pas se dispenser d’un examen
préalable des documents historiques qui peuvent apporter quelque lumière.
Or ce problème historique est résolu pour l’Islam d’une manière exceptionnelle : de
toutes les religions, il est, en effet, la seule dont les sources aient été fixées dès
l’origine, du moins quant à l’essentiel.
Ce livre a eu le privilège unique de se transmettre depuis bientôt quatorze siècles
sans avoir subi aucune altération, connu d’apocryphes d’aucune sorte.
Pour tenter de redonner un sens plus ou moins historique au Coran, il faut rétablir les
sourates selon un ordre à peu près chronologique. Il n'est pas possible de retrouver
un ordre dont on puisse assurer à 100% qu'il soit exactement l'ordre historique,
d'autant qu'il semblerait que certains versets donnés à Médine aient été incorporés
dans d'autres donnés à La Mekke, et inversement. Cela signifie que les versets dits
« de La Mekke » viennent en premiers tandis que ceux dits « de Médine » viennent
en seconds. Ce qui revient, à peu de choses près, à lire le Texte en partant de la fin.
Toutefois, quel que soit l'ordre chronologique que l'on puisse proposer pour les
sourates, il est plus adapté à la compréhension du texte que l'ordre officiel destiné
uniquement à sa mémorisation.
Selon nos sources (mosquée de paris.net, oumma.com, coranix.com et islam.free.fr
notamment) l’exemplaire qui a servi de base l’analyse à laquelle nous nous référons
est une édition parue en 2001 chez EDL. Il s’agit de la traduction de Kasimirski ,
traduction neutre car on ne peut soupçonner celui-ci d'avoir voulu « forcer » son texte
pour lui donner une quelconque orientation car à l’époque l'Islam était inexistant en
France.
Il ne comporte pas d’aspects ésotériques, contrairement à d'autres textes
monothéistes (comme par exemple l’Apocalypse de Jean). Il n’est pas un « texte à
clefs » ni un récit mais seulement une accumulation d'affirmations, de descriptions,
d'exhortations, de menaces, de rares allusions à la Bible et aux coutumes des
bédouins, une suite d'interdictions, de recommandations, d'obligations, de diatribes,
de promesses, de menaces, de etc… etc.
Sa seule unité réside dans le fait que l'ensemble a été récité, par portions, durant
une vingtaine d'années, par un seul homme affirmant que tout lui venait de Dieu par
l'intermédiaire de l’ange Gabriel qu’il était le seul à voir et à entendre. Selon le
Prophète la mission qui lui était confiée était de rétablir la « vraie religion », déjà
donnée dans la Bible mais pervertie, selon lui, par les juifs puis par les chrétiens
L’exégèse Coranique est donc relativement facile et relève du simple bon sens. Pour
comprendre le Coran, il n'y a pas besoin d'être « savant », ni d'être musulman : il
suffit de savoir lire et de n’être pas aveuglé par des a priori.
Le Coran demeure un texte très « indigeste » pour un Occidental car le découpage
des phrases en vers en perturbe la lecture car le lecteur qui doit, en permanence,
faire des allers-retours dans le texte afin de dégager les phrases complètes de la
succession des versets. C’est cependant un exercice indispensable si l’on veut
mettre en évidence les notions, parfois très différentes et contradictoires, qui sont
énoncées dans les 114 « sourates ». Car, dans la plupart des cas, les versets,
considérés isolément, n’ont pas de sens absolu. On peut dès lors leur faire dire
n’importe quoi car le texte regorge de contradictions.
Ainsi, quand on trouve des versets affirmant la paix on peut en trouver d'autres qui
affirment la violence ou d'autres encore qui le recommandent seulement. Il est
fréquent que certains musulmans ne citent que les versets relatifs à la paix, ne tenant
aucun compte des versets relatifs à la violence, sans pour autant voir là un
quelconque problème. Ou alors les versets disant « la paix » seront données comme
la « vérité » et ceux recommandant « la violence » seront considérés comme une
« autre vérité », certes différente de la première mais tout aussi respectable puisque
issue du Coran.
Certaines contradictions se résolvent toutefois selon le principe que les versets
récités en dernier annulent et remplacent les versets récités en premier. Ainsi,
certains versets récités à La Mekke, quand Mahomet n'était entouré que de rares
adeptes (notamment les versets prônant la paix et la tolérance), sont abrogés par les
versets (prônant la violence et l’intolérance) récités plus tard, à Médine, quand
Mahomet disposait d'une puissante armée. Il n’y a là ni contradiction ni fourberie, et
les musulmans verront, par définition, la perfection de la révélation d'Allah et le
comportement exemplaire de son prophète.
C'est là une clef fondamentale de la mentalité Coranique que les occidentaux, de
mentalité rationnelle et cartésienne, ont beaucoup de mal à appréhender et à
laquelle ils sont totalement aveugles quand ils ne connaissent ni le Coran ni l'histoire
de Mahomet. D’où un certain nombre d’incompréhensions et anathèmes qui ne
plaident pas en faveur du rassemblement de ce qui est épars, d’autant que, du côté
des fondamentalistes musulmans certains ont la même attitude, pour ne pas dire
plus…
Pour comprendre les personnes dont la mentalité découle du Coran, et en déjouer
les pièges il faut de connaître le Coran aussi bien (si ce n’est mieux) que les
musulmans eux-mêmes. Mais pour qui a essayé de faire une lecture même brève de
ce texte, il faut avouer que cela n’est pas commode en raison des difficultés citées
plus haut !
L’exégèse du Coran exige beaucoup de rigueur dans la méthode ainsi que de situer
les versets tant dans leur contexte rédactionnel qu'historique, ce qui ne peut se faire
qu’en rétablissant au mieux l’ordre chronologique de leur première récitation.
Les musulmans, pour leur part, n'ont pas le droit d’analyser ce texte qu’ils doivent se
contenter de réciter par bribes en en laissant l'interprétation aux imams, mollah et
autres ayatollah (qui seuls connaissent l'ensemble du Coran par coeur) mais ils
doivent suivre les consignes sous peine de sanctions de la part de leur communauté.
Les élèves en théologie sont obligés de passer plusieurs années à apprendre à
réciter par cœur le Coran, en arabe, dans leurs « écoles » Coraniques, avant d'avoir
le droit d'en connaitre le sens.
Il n'y a pas différentes strates rédactionnelles dans ce texte mais il existe différentes
lectures du Coran. Un certain nombre de termes et expressions peuvent en effet
s'expliquer de manière différente. Et le Coran a suscité des commentaires dès le
début : des savants et des chercheurs se sont ainsi spécialisés dans la lecture de ce
texte. Mais des conflits ont également éclaté : les chiites par exemple ont accusé le
troisième calife d'avoir oublié tous les passages qui désignèrent Ali comme
successeur de Mahomet. Cette accusation a été maintenue pendant plusieurs
siècles. Finalement les chiites ont accepté les mêmes textes que les sunnites.
Différentes lectures du Coran sont donc possibles, et cela ne paraît pas toujours
évident pour les musulmans. Il y a effectivement une idée très forte d'un texte
unique, mais cette notion d'unicité n'est en réalité survenue qu'assez tard dans
l'histoire de l'Islam ; au demeurant il faut préciser que les différences ne portaient pas
sur des textes essentiels. Actuellement dans les facultés de théologie l'étude critique
n'est pas enseignée, mais une certaine ouverture est visible. Signalons que cette
possibilité d'ouverture à une étude critique n'est pas la même chez les Chiites et
ches les Sunnites. D'ailleurs dans certaines facultés on a introduit des cours
d'histoire des religions.
Le Coran et la Bible
Les musulmans ne connaissent de la Bible que ce qu'en dit le Coran, sauf pour
certains chercheurs ; le Livre Coranique fait seulement mention du Pentateuque et
de « l'Évangile » (et non des Évangiles).
Selon les musulmans :
La Vérité ayant été révélée par Dieu directement à Mahomet et ce dernier n'ayant fait
que transmettre ce message, les divergences entre les deux textes ne peuvent être,
pour les musulmans, qu'être dues à des modifications faites par les juifs et les
chrétiens. Du fait de son origine divine le Coran ne peut pas contenir les erreurs
contenues dans les livres chrétiens et juifs. S'agissant de l'existence d'un Dieu
unique, tous les Livres qui l'annonce ne peuvent qu'avoir un seul et même contenu.
Nous parlons plus bas de la Révélation : cette Révélation ne peut être modifiée et si
les écritures antérieures au Coran diffèrent de lui, les musulmans pensent qu'elles
ont été altérées par ceux qui les ont rédigées.
Adam, Abraham, Moïse, les prophètes bibliques et Jésus sont tous considérés
comme d'authentiques prophètes. Mais, y compris Jésus, ils ne sont que cela. Ils
vivent dans un monde païen et ils sont victimes, ce qui est vrai historiquement, de
persécutions. Sur un plan plus particulier les Évangiles ne seraient qu’une annonce
du message Coranique lequel s'adressera à l'ensemble de l'humanité. D'ailleurs
l'Évangile de Jean, selon les musulmans, annonce le prophète Mahomet lorsqu'il dit
le mot « Paraclet ». Mais certains commentateurs du Coran expliquent que si la
Torah est effectivement le plus ancien texte du monothéisme, ils expliquent
également qu'elle a été corrompue par des légendes païennes, même si ces
dernières n'ont pas altéré l'essentiel de son message. L'essentiel de ce message est
la croyance à un Dieu unique comme dans la Révélation Coranique. Mais les apports
humains des autres religions ont altéré cette Révélation.
Les divers auteurs de la Bible ont, selon les musulmans, donné à Dieu un visage trop
anthropomorphe ; il y eut de sa part un parti pris systématique en faveur des
hébreux, il a détruit leurs ennemis et son rôle de « chef d'armée » est mis en
évidence. En outre l’étude critique des exégètes contemporains n’aurait reconnu
qu’un seul livre authentique : celui de Jérémie
De même ils affirment que les Évangiles sont très différents du message réel de
Jésus qui n'a rien écrit ni rien dicté. Les auteurs des quatre Évangiles synoptiques ne
faisant aucune allusion à l'annonce de Mahomet par Jésus ne sont donc pas fidèles
au message de ce dernier, puisque ce dernier n'est considéré que comme un
prophète par l’Islam.
Le problème de la révélation dans les deux textes
La notion d'auteur inspiré n'existe en aucune façon, en Islam, comme cela pourrait
être compris au sujet des Évangiles. Dieu a directement révélé au prophète les mots
et les phrases qu'il a transmises aux hommes. Mahomet est un instrument passif et
ce serait une altération de la Parole de Dieu si la personnalité du prophète avait
marqué de quelque manière que ce soit le texte sacré.
C'est au sujet de cette notion de « Révélation » que l'Islam et le Christianisme
divergent. Un autre texte de ce site montre que le Christianisme n'est pas aux yeux
des chrétiens une véritable religion du Livre, mais au contraire une religion de
l'Esprit. Pour les chrétiens la Parole de Dieu est le Verbe de Dieu « incarné » en
Jésus-Christ. À ce sujet, pour être plus informé, consulter dans ce site le texte « Un
chemin pour les Évangiles ». Disons simplement ici, que les Évangiles, contrairement
au Coran, ont été écrits par des témoins directs de la vie et de l'action du Christ,
mais ils se sont exprimés avec leurs styles et leurs cultures propres. Dans l'Ancien
Testament également, Dieu s'est révélé par l'intermédiaire de divers auteurs qui
transmettent son message, mais ces auteurs écrivent chacun avec leur propre
tempérament, les préoccupations du milieu dans lequel ils vivent ; ils sont donc
marqués par leur culture et leur histoire et c'est ainsi que Dieu a associé l'homme à
l'oeuvre de la Révélation. De la même manière les chrétiens pensent que,
actuellement, l'homme continue de participer à la Création par son action.
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