Qu’est ce que le Coran ? En arabe le mot « Coran » signifie lecture. Le texte comporte 114 sourates, c'est-àdire 114 chapitres, qui ne sont pas disposés dans un ordre chronologique, mais plutôt dans un ordre décroissant de longueur, sauf la première (la Liminaire) qui est une prière fréquemment récité par les fidèles. C'est la seconde sourate qui est la plus longue. Lorsqu'on parcourt le Texte coranique on est immédiatement frappé par le fait que, sauf pour les sourates courtes, une même sourate rassemble des versets concernant des thèmes variés, ce qui donne au lecteur non averti une impression de manque d'unité. En réalité l’explication en est qu'une sourate est une compilation de divers messages transmis par Mahomet. Pour les musulmans le Coran est la reproduction exacte de la « Matrice du Livre » qui se trouve devant le trône de Dieu. Il est rédigé en langue arabe pure. Il se présente, comme les Évangiles, sous forme de « Bonne Nouvelle » mais aussi comme une distinction entre le bien et le mal. Et c'est aussi une sorte de rappel de la Foi pure telle qu'elle avait déjà été communiquée à tous les personnages considérés comme prophète par l'Islam depuis Adam. Pour les musulmans le Texte coranique est d'origine divine et exprime la Parole de Dieu. Il contient en principe toutes les indications nécessaires à ce que les croyants puissent discerner la bonne direction à suivre pour vivre en bonne intelligence avec leurs croyances. Au IXe siècle un débat s'est instauré pour savoir si le Texte coranique a été créé par Dieu à un moment donné du temps, ou bien s'il est coéternel au Principe Créateur. C'est cette dernière option à laquelle adhère la majorité des musulmans. Mais certains auteurs musulmans contemporains se confrontent également à cette problématique. Et comme pour les autres textes sacrés une nouvelle lecture des textes fondamentaux, se référant à la fois à une méthodologie critique et à une fidélité absolue au texte, serait nécessaire. En effet l'histoire montre que le lien entre la croyance et l'écriture n'est jamais figé. Par exemple dans toutes les religions, la relation à la démocratie, l'élaboration du droit ou la place de la femme dans la société dépendent en partie de la manière dont sont compris les textes. Le Coran n'est pas un livre au sens où les occidentaux entendent ce terme. Sa dénomination arabe est « al Coran » ce qui signifie « la récitation »(ou « la dictée », « la lecture »). Ceci fait référence à des paroles (prononcées ou écoutées) et non pas à un texte. En arabe, « le livre », au sens occidental d'objet composé de feuillets reliés couverts d'écriture, se dit « al kitab ». La rédaction en versets découle du style poétique arabo-sémitique et se prête à la psalmodie. Les joutes oratoires en poèmes versifiés et improvisés étaient encore couramment pratiquées entre poètes des différentes tribus Arabes du Hedjaz durant la première guerre mondiale, exactement comme à l'époque de Mahomet. Un exemple en est donné par Lawrence d'Arabie dans son livre « Les sept piliers de la sagesse » Le fait que le Texte coranique soit en vers n'est donc en rien la « preuve » d'une quelconque paternité divine. Enfin, la versification n’est pas propre au Texte coranique. On la retrouve dans de nombreux textes religieux anciens et notamment dans certains textes bibliques (comme l’Apocalypse de Jean). Un Texte coranique écrit dans une langue autre que l'arabe n'est pas le Coran : ce n'est que le sens des différents versets de « al Coran ». Le Texte coranique n'est absolument pas comparable à la Bible. Le mot « Bible » vient du titre Grec de cet ouvrage Biblos, mot qui désigne l'objet qui est un « livre » (et qui a donné bibliothèque = ensemble de livres). Voir à la fin de cette page « Le Coran et la Bible » La civilisation ambiante et Mahomet Il s'agit alors d'une civilisation orale où l'on mettait peu de chose par écrit. Nous réserverons ultérieurement une page de ce site à la civilisation du temps de Mahomet, de même qu’une page sur sa vie. Nous considérons en effet qu’une approche, même forcément brève, mais honnête, de ces éléments permet d’éviter les dérives tendancieuses qu’elle soient faites par prosélytisme (ou intégrisme) ou, au contraire, par intolérance (ou racisme). Comment le Coran a-t-il été écrit ? Le Texte coranique n'a pas été écrit par Mahomet. Il a été récité par Mahomet, par fragments, sur une période de plus de vingt ans entre 610 et 632 de l'ère chrétienne, à partir de l'âge d'environ quarante ans jusqu'à sa mort, à l'âge d'une soixantaine d'années. Ses récitations commencèrent dans sa ville d'origine, La Mecque. Après qu'il eut été chassé de La Mecque, il continua ses récitations dans la ville de Médine. C'est à Médine qu'il est mort, après avoir écrasé militairement La Mecque. L’un des plus anciens exemplaires connus est un Texte coranique du Xe siècle (donc datant de plus de deux cents ans après le califat d'Othman ( voir plus loin) qui est conservé en Iran au musée Pars de Chiraz. Il y en a un autre au musée Topkapi d'Istanbul. Il ne s‘agit pas d‘une histoire continue mais de fragments agencés les uns avec les autres: récits règles de vie textes juridiques ou encore paraboles se côtoient. Selon Mahomet, ce n'est pas lui l'auteur de ces récitations : elles lui auraient été dictées par l’Ange Gabriel, directement en langue arabe, sur l'ordre de Dieu. Il faut signifier que, pour les musulmans, Mahomet a reçu le message de Dieu d'une façon purement passive et l'a transmis sans aucune altération ni déformation. Ainsi, le Coran n'est pas seulement le fondement de l'Islam, c'est aussi et surtout, selon les musulmans, le son des mots de Dieu. Ceci explique pourquoi il fut longtemps interdit de le traduire et c'est aussi la raison pour laquelle le Coran est systématiquement enseigné en arabe, et uniquement en arabe, dans les « écoles » Coraniques. Le Coran est issu d'une tradition purement orale car il ne fut mit par écrit dans sa totalité que plusieurs années après la mort de mahomet quand ses disciples prirent conscience que les quelques bribes calligraphiées sur des poteries et des omoplates de chameaux ou du parchemin, ne reprenaient pas l'ensemble des récitations. Il n'existait plus à cette époque qu'une poignée de personnes connaissant par coeur la récitation dans sa totalité. Le Coran, tel que nous le connaissons encore aujourd’hui, est le résultat d'une décision du 3e calife (644 à 656), Othmân. Il ne reste plus de nos jours aucune version antérieure à celle d'Othman, ni même aucune version contemporaine d'Othman, et il n'a bien entendu jamais existé de version contemporaine à Mahomet. S'il existe des nuances dans les traductions du Coran c'est parce que l'arabe archaïque que parlait Mahomet était sujet à des interprétations selon les traducteurs. Mais qui, semble-t-il, n’affectaient pas le sens global du texte. Donc une vingtaine d'années après la mort de Mahomet, Othmân fut confronté à une divergence de vues entre musulmans iraqiens et musulmans syriens du fait qu'il existait différentes versions du Coran. Il décida de faire regrouper ces versions en une seule. Othmân aurait ordonné à Zaïd Ben Thabet, de rédiger cette ultime version. « Une première commission présidée par Zaïd fit le premier classement écrit du Coran. Zaïd sembla tout d’abord se récuser pour deux raisons : l’une, celle du disciple qui ne veut pas prendre une initiative que n’avait pas envisagée, ni prise le Maître, l’autre celle du croyant à l’esprit rigoureux qui s’effraye d’avance à la perspective de la moindre erreur dans l’exécution de sa mission. Néanmoins, cette tâche se trouva accomplie grâce aux efforts conjugués et consciencieux des membres de la commission. La méthode suivie était simple mais rigoureuse : ils savaient tous le Coran par cœur, et dans l’ordre même où ils l’avaient appris, en compagnie et sous la direction du Prophète. S’il y avait une variante, pour lever le doute à son sujet, ils consultaient les pièces sur lesquelles avaient été consignés les versets lors de leur révélation. Sans se satisfaire de ces précautions déjà remarquables, Zaïd et Omar allaient, par surcroît, à la porte de la Mosquée de Médine et là, ils recevaient les témoignages des autres compagnons, en confirmation de la version arrêtée par la commission elle-même. Cependant, Othman, le troisième Khalife, ne voudra plus de ces variantes et ordonnera qu’une seule et unique version soit rédigée dans la langue de Koreich. Une deuxième commission sera chargée de cette nouvelle entreprise. Elle a cette fois-ci pour mission de fixer définitivement le texte Coranique dans une seule langue, afin que la diversité dialectale ne soit pas une cause d’inharmonie dans la communauté musulmane ». Puis il expédia des copies de ce volume unique dans son empire avec ordre de détruire tous les exemplaires antérieurs, ce qui fut fait. Mais il est probable que sa version puisse différer des récitations d'origine de Mahomet, qui très certainement, avaient déjà subies des altérations au cours des ans comme en témoigne l'existence des différentes versions que Othman fit détruire. Le calife Othmân fut assassiné par des musulmans qui justement considéraient sa version comme « impie ». C'est au VIIIe siècle que seront ajoutés des signes destinés à mettre de certaines ponctuations pour empêcher la confusion entre les mots ayant la même orthographe. Il faut dire cependant que certains intellectuels musulmans se sont demandés s'il ne fallait pas refaire une critique sérieuse de ce texte compte tenu de l'intervention humaine dans la rédaction de celui-ci. L'ordonnancement du texte d'Othman n'est pas chronologique, ni ne suit aucune logique autre que de présenter les chapitres (sourates) dans un ordre censé en faciliter l'apprentissage par coeur : Les sourates sont classées par ordre de longueur, les plus longues en premier. Cet ordre n'est toutefois pas absolu : la première sourate est très courte (mais ce n'est pas la plus courte) et certaines sourates sont parfois suivies d'une sourate plus longue. C'est un phénomène remarquable, sociologiquement parlant, que cette fixation intégrale du texte Coranique. Il n'y a par deux problèmes d'écriture du Coran comme il y en a un pour la Bible. Ce point est établi sur des données historiques, d'après les musulmans, et ils font remarquer la coïncidence du fait de l'histoire avec le neuvième verset de la 15e sourate : « Et nous en assurerons la conservation intégrale » La version actuelle est considérée comme conforme à la première version, que les musulmans estiment d'origine divine, rappelons-le. Mais il existe aussi un seconde source écrite de l’Islam : elle se trouve dans les paroles du prophète ou Hadiths. Malheureusement, cette source n’est pas aussi certaine que la première : les Hadiths n’ont pas été conservés avec le même soin que les versets Coraniques. D’ailleurs de son vivant même, le Prophète défendait énergiquement à ses compagnons d’écrire sa parole afin qu’il n’y ait pas, dans la suite, de confusion possible entre cette parole et un verset révélé, entre la tradition et le Coran. Ce n’est que bien après la mort du Prophète que l’importance des Hadiths se révéla, au point de vue juridique surtout, comme une seconde source du droit musulman. Cette notion s’était déjà manifestée dans l’histoire du droit musulman lors du départ de Moadh, ce compagnon du Prophète qui fut désigné par lui-même pour aller enseigner l’Islam au Yémen. Mohammed lui avait demandé : « Comment ferais-tu pour trancher un cas litigieux ? Et le disciple répondit : « J’appliquerais le précepte Coranique, ou à défaut je me référerais à une tradition, et enfin, si celle-ci manque, je m’en rapporterais à mon jugement ». Mohammed approuva cette façon de voir chez son disciple qui exposait incidemment la seconde source du droit musulman. Aussi, quand ce droit se développera avec les besoins croissants de la société musulmane, les docteurs voudront alors fixer d’une manière aussi certaine que possible les hadiths qui devaient devenir un élément essentiel de la doctrine juridique. Mais, l’écart entre l’époque où ce travail s’était s’accompli et la mort du Prophète était assez important pour qu’il n’y ait pas eu de nombreuses altérations et une multitude d’apocryphes parmi les Hadiths authentiques. Dès lors, il s’agissait d’élaborer une méthode critique susceptible de séparer ce qui était authentique de ce qui ne l’était pas. On adopta pour méthode, la critique historique qui consistait à vérifier la continuité et la valeur morale de la chaîne par laquelle le Hadith était parvenu jusqu’aux traditionalistes. Ces derniers furent ainsi amenés à considérer, selon le degré de certitude historique, trois groupes de Hadiths : l’authentique, le douteux et le faux. Telles sont, dans leur état actuel, les sources de l’Islam : le verset Coranique susceptible d’être utilisé comme document historique absolument certain, et le Hadith, plus ou moins certain et qui ne doit être utilisé, en tout cas, dans une étude critique qu’avec les précautions qui se dégagent des méthodes mêmes suivies par des traditionalistes savants et consciencieux. Avec ces précautions, les deux sources que peut utiliser l’Islamologie, deviennent aussi sûres l’une que l’autre. Evolution et étude critique Nous avons vu comment s‘est formé le Coran. Mais est-il vraiment un texte figé et intouchable? Et comment peut-il être interprété? Dans une étude critique sur l’Islam, on ne peut pas se dispenser d’un examen préalable des documents historiques qui peuvent apporter quelque lumière. Or ce problème historique est résolu pour l’Islam d’une manière exceptionnelle : de toutes les religions, il est, en effet, la seule dont les sources aient été fixées dès l’origine, du moins quant à l’essentiel. Ce livre a eu le privilège unique de se transmettre depuis bientôt quatorze siècles sans avoir subi aucune altération, connu d’apocryphes d’aucune sorte. Pour tenter de redonner un sens plus ou moins historique au Coran, il faut rétablir les sourates selon un ordre à peu près chronologique. Il n'est pas possible de retrouver un ordre dont on puisse assurer à 100% qu'il soit exactement l'ordre historique, d'autant qu'il semblerait que certains versets donnés à Médine aient été incorporés dans d'autres donnés à La Mekke, et inversement. Cela signifie que les versets dits « de La Mekke » viennent en premiers tandis que ceux dits « de Médine » viennent en seconds. Ce qui revient, à peu de choses près, à lire le Texte en partant de la fin. Toutefois, quel que soit l'ordre chronologique que l'on puisse proposer pour les sourates, il est plus adapté à la compréhension du texte que l'ordre officiel destiné uniquement à sa mémorisation. Selon nos sources (mosquée de paris.net, oumma.com, coranix.com et islam.free.fr notamment) l’exemplaire qui a servi de base l’analyse à laquelle nous nous référons est une édition parue en 2001 chez EDL. Il s’agit de la traduction de Kasimirski , traduction neutre car on ne peut soupçonner celui-ci d'avoir voulu « forcer » son texte pour lui donner une quelconque orientation car à l’époque l'Islam était inexistant en France. Il ne comporte pas d’aspects ésotériques, contrairement à d'autres textes monothéistes (comme par exemple l’Apocalypse de Jean). Il n’est pas un « texte à clefs » ni un récit mais seulement une accumulation d'affirmations, de descriptions, d'exhortations, de menaces, de rares allusions à la Bible et aux coutumes des bédouins, une suite d'interdictions, de recommandations, d'obligations, de diatribes, de promesses, de menaces, de etc… etc. Sa seule unité réside dans le fait que l'ensemble a été récité, par portions, durant une vingtaine d'années, par un seul homme affirmant que tout lui venait de Dieu par l'intermédiaire de l’ange Gabriel qu’il était le seul à voir et à entendre. Selon le Prophète la mission qui lui était confiée était de rétablir la « vraie religion », déjà donnée dans la Bible mais pervertie, selon lui, par les juifs puis par les chrétiens L’exégèse Coranique est donc relativement facile et relève du simple bon sens. Pour comprendre le Coran, il n'y a pas besoin d'être « savant », ni d'être musulman : il suffit de savoir lire et de n’être pas aveuglé par des a priori. Le Coran demeure un texte très « indigeste » pour un Occidental car le découpage des phrases en vers en perturbe la lecture car le lecteur qui doit, en permanence, faire des allers-retours dans le texte afin de dégager les phrases complètes de la succession des versets. C’est cependant un exercice indispensable si l’on veut mettre en évidence les notions, parfois très différentes et contradictoires, qui sont énoncées dans les 114 « sourates ». Car, dans la plupart des cas, les versets, considérés isolément, n’ont pas de sens absolu. On peut dès lors leur faire dire n’importe quoi car le texte regorge de contradictions. Ainsi, quand on trouve des versets affirmant la paix on peut en trouver d'autres qui affirment la violence ou d'autres encore qui le recommandent seulement. Il est fréquent que certains musulmans ne citent que les versets relatifs à la paix, ne tenant aucun compte des versets relatifs à la violence, sans pour autant voir là un quelconque problème. Ou alors les versets disant « la paix » seront données comme la « vérité » et ceux recommandant « la violence » seront considérés comme une « autre vérité », certes différente de la première mais tout aussi respectable puisque issue du Coran. Certaines contradictions se résolvent toutefois selon le principe que les versets récités en dernier annulent et remplacent les versets récités en premier. Ainsi, certains versets récités à La Mekke, quand Mahomet n'était entouré que de rares adeptes (notamment les versets prônant la paix et la tolérance), sont abrogés par les versets (prônant la violence et l’intolérance) récités plus tard, à Médine, quand Mahomet disposait d'une puissante armée. Il n’y a là ni contradiction ni fourberie, et les musulmans verront, par définition, la perfection de la révélation d'Allah et le comportement exemplaire de son prophète. C'est là une clef fondamentale de la mentalité Coranique que les occidentaux, de mentalité rationnelle et cartésienne, ont beaucoup de mal à appréhender et à laquelle ils sont totalement aveugles quand ils ne connaissent ni le Coran ni l'histoire de Mahomet. D’où un certain nombre d’incompréhensions et anathèmes qui ne plaident pas en faveur du rassemblement de ce qui est épars, d’autant que, du côté des fondamentalistes musulmans certains ont la même attitude, pour ne pas dire plus… Pour comprendre les personnes dont la mentalité découle du Coran, et en déjouer les pièges il faut de connaître le Coran aussi bien (si ce n’est mieux) que les musulmans eux-mêmes. Mais pour qui a essayé de faire une lecture même brève de ce texte, il faut avouer que cela n’est pas commode en raison des difficultés citées plus haut ! L’exégèse du Coran exige beaucoup de rigueur dans la méthode ainsi que de situer les versets tant dans leur contexte rédactionnel qu'historique, ce qui ne peut se faire qu’en rétablissant au mieux l’ordre chronologique de leur première récitation. Les musulmans, pour leur part, n'ont pas le droit d’analyser ce texte qu’ils doivent se contenter de réciter par bribes en en laissant l'interprétation aux imams, mollah et autres ayatollah (qui seuls connaissent l'ensemble du Coran par coeur) mais ils doivent suivre les consignes sous peine de sanctions de la part de leur communauté. Les élèves en théologie sont obligés de passer plusieurs années à apprendre à réciter par cœur le Coran, en arabe, dans leurs « écoles » Coraniques, avant d'avoir le droit d'en connaitre le sens. Il n'y a pas différentes strates rédactionnelles dans ce texte mais il existe différentes lectures du Coran. Un certain nombre de termes et expressions peuvent en effet s'expliquer de manière différente. Et le Coran a suscité des commentaires dès le début : des savants et des chercheurs se sont ainsi spécialisés dans la lecture de ce texte. Mais des conflits ont également éclaté : les chiites par exemple ont accusé le troisième calife d'avoir oublié tous les passages qui désignèrent Ali comme successeur de Mahomet. Cette accusation a été maintenue pendant plusieurs siècles. Finalement les chiites ont accepté les mêmes textes que les sunnites. Différentes lectures du Coran sont donc possibles, et cela ne paraît pas toujours évident pour les musulmans. Il y a effectivement une idée très forte d'un texte unique, mais cette notion d'unicité n'est en réalité survenue qu'assez tard dans l'histoire de l'Islam ; au demeurant il faut préciser que les différences ne portaient pas sur des textes essentiels. Actuellement dans les facultés de théologie l'étude critique n'est pas enseignée, mais une certaine ouverture est visible. Signalons que cette possibilité d'ouverture à une étude critique n'est pas la même chez les Chiites et ches les Sunnites. D'ailleurs dans certaines facultés on a introduit des cours d'histoire des religions. Le Coran et la Bible Les musulmans ne connaissent de la Bible que ce qu'en dit le Coran, sauf pour certains chercheurs ; le Livre Coranique fait seulement mention du Pentateuque et de « l'Évangile » (et non des Évangiles). Selon les musulmans : La Vérité ayant été révélée par Dieu directement à Mahomet et ce dernier n'ayant fait que transmettre ce message, les divergences entre les deux textes ne peuvent être, pour les musulmans, qu'être dues à des modifications faites par les juifs et les chrétiens. Du fait de son origine divine le Coran ne peut pas contenir les erreurs contenues dans les livres chrétiens et juifs. S'agissant de l'existence d'un Dieu unique, tous les Livres qui l'annonce ne peuvent qu'avoir un seul et même contenu. Nous parlons plus bas de la Révélation : cette Révélation ne peut être modifiée et si les écritures antérieures au Coran diffèrent de lui, les musulmans pensent qu'elles ont été altérées par ceux qui les ont rédigées. Adam, Abraham, Moïse, les prophètes bibliques et Jésus sont tous considérés comme d'authentiques prophètes. Mais, y compris Jésus, ils ne sont que cela. Ils vivent dans un monde païen et ils sont victimes, ce qui est vrai historiquement, de persécutions. Sur un plan plus particulier les Évangiles ne seraient qu’une annonce du message Coranique lequel s'adressera à l'ensemble de l'humanité. D'ailleurs l'Évangile de Jean, selon les musulmans, annonce le prophète Mahomet lorsqu'il dit le mot « Paraclet ». Mais certains commentateurs du Coran expliquent que si la Torah est effectivement le plus ancien texte du monothéisme, ils expliquent également qu'elle a été corrompue par des légendes païennes, même si ces dernières n'ont pas altéré l'essentiel de son message. L'essentiel de ce message est la croyance à un Dieu unique comme dans la Révélation Coranique. Mais les apports humains des autres religions ont altéré cette Révélation. Les divers auteurs de la Bible ont, selon les musulmans, donné à Dieu un visage trop anthropomorphe ; il y eut de sa part un parti pris systématique en faveur des hébreux, il a détruit leurs ennemis et son rôle de « chef d'armée » est mis en évidence. En outre l’étude critique des exégètes contemporains n’aurait reconnu qu’un seul livre authentique : celui de Jérémie De même ils affirment que les Évangiles sont très différents du message réel de Jésus qui n'a rien écrit ni rien dicté. Les auteurs des quatre Évangiles synoptiques ne faisant aucune allusion à l'annonce de Mahomet par Jésus ne sont donc pas fidèles au message de ce dernier, puisque ce dernier n'est considéré que comme un prophète par l’Islam. Le problème de la révélation dans les deux textes La notion d'auteur inspiré n'existe en aucune façon, en Islam, comme cela pourrait être compris au sujet des Évangiles. Dieu a directement révélé au prophète les mots et les phrases qu'il a transmises aux hommes. Mahomet est un instrument passif et ce serait une altération de la Parole de Dieu si la personnalité du prophète avait marqué de quelque manière que ce soit le texte sacré. C'est au sujet de cette notion de « Révélation » que l'Islam et le Christianisme divergent. Un autre texte de ce site montre que le Christianisme n'est pas aux yeux des chrétiens une véritable religion du Livre, mais au contraire une religion de l'Esprit. Pour les chrétiens la Parole de Dieu est le Verbe de Dieu « incarné » en Jésus-Christ. À ce sujet, pour être plus informé, consulter dans ce site le texte « Un chemin pour les Évangiles ». Disons simplement ici, que les Évangiles, contrairement au Coran, ont été écrits par des témoins directs de la vie et de l'action du Christ, mais ils se sont exprimés avec leurs styles et leurs cultures propres. Dans l'Ancien Testament également, Dieu s'est révélé par l'intermédiaire de divers auteurs qui transmettent son message, mais ces auteurs écrivent chacun avec leur propre tempérament, les préoccupations du milieu dans lequel ils vivent ; ils sont donc marqués par leur culture et leur histoire et c'est ainsi que Dieu a associé l'homme à l'oeuvre de la Révélation. De la même manière les chrétiens pensent que, actuellement, l'homme continue de participer à la Création par son action.