Le volcan permien du Nideck

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Le volcan permien du Nideck
Massif du Nideck
Localisation du vallon
L'accès au vallon du Nideck est limité au Nord par
le rebord d'escarpement abrupt de 30 m de hauteur
du château du Nideck, au-dessus duquel l'horizon
est barré par les interfluves d'une ligne de reliefs
gréseux d'altitude moyenne 950 m, se poursuivant
vers le sud-ouest, en direction du massif du Donon
(1010 m). Le vallon du Nideckbach est ouvert en
aval sur un axe de circulation sud-est menant à
moyenne distance dans la vallée de la Bruche, en
suivant le cours de la Hasel. Le secteur du Nideck
montre une topographie remarquable faite de
profondes et étroites vallées aux parois
subverticales d'orgues rhyolitiques, tufs et roches
ruiniformes volcano-détritiques.
Le site d'exploitation paléolithique d'ignimbrites rhyolithiques hyper-acides à tendance très feldspathique
(roche beige) se trouve à proximité des Cascades du Nideck. Il est situé au pied du versant sud sud-ouest du
massif du Schieferberg (605 m au sommet), sur une parcelle forestière appartenant au domaine de la Réserve
Naturelle O.N.F. du vallon du Nideck. Son altitude moyenne est de 380 m, avec un niveau de base du talweg à
365 m (Ruisseau du Nideckbach).
Vue d'ensemble du vallon du Nideckbach en aval des Cascades du Nideckbach, vers le site préhistorique de
Kleineck et le massif du Rebhoelzel. La série géologique des ignimbrites rhyolitiques (porphyres) est soulignée
par des abrupts d'orgues prismatiques produits lors du refroidissement des coulées de lave (versant abrupt).
Les affleurements de tufs hyper-acides et rhyolites beige crème exploités occupent les secteurs de bas de
versant.
Le gîte de matières premières se situe au-dessus d'un versant en pente assez raide (20 à 25 °), à la faveur d'un
replat sur une lentille compacte de rhyolites siliceuses claires, où la roche affleure en gerbes avec des prismes
de débit subvertical. Cet affleurement, rafraîchi à la faveur de l'entretien du sentier forestier qui le traverse,
arbore un profil en saillie bien marqué par un promontoire à petit replat sommital dominant le talweg du
ruisseau du Nideckbach d'une quinzaine de mètres. On note un rétrécissement concomitant du vallon du Nideck
au niveau de cette venue de laves émises. Ce sont des rhyolites homogènes d'allure fluidale, compactes et
pétrosiliceuses, à enclaves et phénocristaux altérés, dans un fond pâteux recristallisé. Cette roche est
lithologiquement bien plus dure et cassante que la roche encaissante, sa structure fluidale souvent visible à
l'œil nu, et sa texture microlitique porphyrique sont caractéristiques de cette série volcanique acide du
"Permien du Nideck".
Front d'affleurement des rhyolites beige crème hyper-acides à Nideck Kleineck, sous couvert forestier, depuis le
sentier d'accès au site. A cet endroit, la coulée est circonscrite vers le ruisseau du Nideckbach 15 mètres en
contrebas, elle montre un versant bombé assez raide et un pendage géologique à flexu re, ayant une pente à
profil en forme de dôme.
La venue principale de rhyolites claires, exploitée pour le débitage, forme une coulée en relief (roche dure en
saillie), perpendiculaire au versant naturel. Elle est large de 15 m à 20 m, et longue de 40 m à 50 m, et est insérée
au sein des formations encaissantes d'ignimbrites rhyolitiques, tufs, cinérites et brèches volcaniques diverses
non expoitées par les hommes préhistoriques pour cause de piètre aptitude (trop peu siliceuses, trop
hétérogènes, trop tendres).
Tantôt rouges (hématisé, présence de fer) de faciès porphyre amarante, ou blanches à gris beige (feldspaths
dissous), à enclaves brunes leur donnant un faux air de nougat, les matières premières aptes au débitage par
percussion furent exploitées en surface par les néandertaliens. Ces rhyolites ont une cassure esquilleuse,
courbe à conchoïdale, avec individualisation d'arêtes vives naturellement bien marquées.
Les exploitations préhistoriques de Kleineck principalement situées sur le toit de la nappe rhyolitique claire se
poursuivent dans la pente jusqu'au ruisseau sur la surface correspondant au gîte en affleurement. Il se présente
en surface sous forme de petits bancs réguliers de 1 à 2 m de puissance à débit décimétrique souvent souligné
par des diaclases parallèles. Ce débit partage les affleurements rocheux en parallélépipèdes ou en prismes
irréguliers épais de 5 à 20 cm et à faces planes montrant de légères ondulations ou cannelures d'écoulement. Le
sens des plans de fissuration des blocs et le débit prismatique des gerbes rocheuses sont liés au
refroidissement des formations volcaniques effusives rhyolitiques lors de leur mise en place (fentes de retrait,
cannelures) et par la dynamique d'une mise en place par écoulement sur versant (ondulations, fluidalité).
Pétrographie des rhyolite beige crème hyper-acides de Kleineck
Microphotographies. Roche à fluidalité visible : formes en alvéoles étirées ou aplaties, avec signe d'écoulement
et sens d'étirement bien visible. On y observe des débris énallogènes brun foncé, ce sont des enclaves
bréchiques centimétriques de débris de pente anguleux incorporés lors de la coulée. La roche montre un fond
gris beige généralisé à grains de quartz arrondis, altérés, à plages et golfes de corrosion, ou à phénocristaux
bréchiques polygonaux de quartz hyalin ou gris translucide anguleux, à éclat brillant. Des alvéoles sphériques à
coalescentes de recristallisation et poches circulaires au pourtour irrégulier, à petites sphères blanc laiteux sont
des alvéoles à sphérolites de dévitrification fibro-radiés (moins de quartz, plus de feldspaths). Le détail du fond
est microlitique blanc gris à gangue laiteuse à crème. On y observe de petits débris énallogènes et
microcristaux sombres de micas ou plagioclases.
Ce diaclasage tridirectionnel donne un front de taille à débit prismatique permettait à l'homme préhistorique
l'arrachage manuel de blocs et de plaques de format prismatique à faces planes, arêtes aiguës et de dimension
moyenne L = 30 cm, l = 5 à 10 cm, E = 15 cm, et angle variant entre 50 et 80°. Les séries géologiques d'origine
sont les terrains primaires du Permien, étage du Saxonien, formations de tufs et rhyolites hyper-acides du
secteurs du Nideck, Lutzelhouse.
Les formations de rhyolites hyper-acides, contrairement aux ignimbrites et tufs trop hétérométriques et trop peu
siliceux, ont particulièrement intéressé les hommes préhistoriques, d'une part pour leur bonne aptitude à la
taille, d'autre part pour leur module facilement exploitable dû au diaclasage tridirectionnel de la roche, d'autre
part par une bonne accessibilité des affleurements en gerbe à blocs facilement désolidarisables de
l'affleurement.
Pour de plus amples informations voir ma thèse suisse en ligne et mes références sur mon site professionnel
GEOPRE:
http://pages.unibas.ch/diss/2007/DissB_7915.htm
http://www.geopre.fr/
© Dsc. Thierry Rebmann
Courriel : [email protected]
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