yyMARDI 21 MARS 2017 16 HÔPITAL DE LA PROVIDENCE Spécialistes de médecine du sport LE MAG SANTÉ En vue du 32e BCN Tour, une conférence publique se déroulera sur le thème de la médecine du sport. Elle réunira des spécialistes de l’hôpital de la Providence, à Neuchâtel, et de la clinique Montbrillant, à La Chaux-de-Fonds, avec qui cette page est réalisée en collaboration. Tous deux sont les partenaires médicaux des manifestations sportives BCN, Cressier-Chaumont, Raiffeisen Trans et Groupe E-Tour. MÉDECINE DU SPORT Entretien avec deux médecins orthopédistes spécialisés. Optimiser la récupération BRIGITTE REBETEZ Comment optimiser la récupération d’un sportif blessé? Comment récupérer après une chirurgie orthopédique? Deux questions auxquelles le Dr Vincent Villa, spécialiste en orthopédie, traumatologie et médecine du sport à l’hôpital de la Providence, à Neuchâtel, apportera des réponses à l’occasion d’une conférence organisée la semaine prochaine (lire encadré). En préambule, il constate que l’hypersollicitation est une cause fréquente de complications: trop souvent, les sportifs continuent à s’entraîner quand ils sont blessés. «C’est difficile de leur faire comprendre que la douleur est un signal d’alarme à prendre au sérieux. Par ailleurs, pour augmenter la performance, des périodes de repos sont indispensables!» Pour améliorer la récupération d’un sportif après blessure, l’objectif est de rééquilibrer les mus- Un échauffement complet avant une étape du BCN Tour permet aux systèmes musculaire, cardio-vasculaire et nerveux de se mettre cles, stimuler les récepteurs, soi- progressivement en action. ARCHIVES LUCAS VUITEL gner les contractures. Cela passe Toujours plus fréquente, la chi- noud. Aujourd’hui de nombreupar des séances de physiothéra- interviennent plus précoce- programme est réévalué à plupie, d’ostéopathie et/ou de massa- ment pour solliciter les mus- sieurs reprises durant la période rurgie du ligament croisé anté- ses personnes font du sport jusrieur est pratiquée pour proté- qu’à un âge avancé et il nous arges. L’électrostimulation peut cles. Quant aux attelles, on y re- de réadaptation. moins longtemps ger le genou de lésions rive de les opérer pour une lésion être utilisée pour la récupéra- court Lésions du genou méniscales secondaires et pré- du ligament croisé antérieur. tion de la force musculaire. «En qu’auparavant. Additionnées à Egalement orateur à la confé- venir une arthrose précoce. Mais la décision découlera touphase aiguë, après une chirurgie la cryothérapie, ces mesures En 30 ans, les techniques opéra- jours d’une pesée d’intérêts: plunotamment, la cryothérapie (trai- permettent de récupérer plus rence, le Dr Alain Perrenoud, tement par le froid) appliquée lo- vite. En revanche, insiste le spé- spécialiste en orthopédie et toires (grâce à l’arthroscopie no- sieurs paramètres (âge, état phycalement s’avère utile: elle dimi- cialiste, «le temps de rééducation traumatologie à la clinique tamment), les connaissances sique et biologique, mode de vie, nue l’œdème, les saignements et les est incompressible: sportif de Montbrillant, à La Chaux-de- biologiques et la rééducation type de profession) entrent en ligne de compte.» douleurs post-opératoires. Les pa- pointe ou pas, il n’y a pas de rac- Fonds, s’exprimera sur les lé- sont devenues plus pointues. L’évolution est aussi significatients consomment par consé- courci possible pour la réadapta- sions traumatiques du genou Meilleure compréhension tive dans le traitement des quent moins d’antalgiques», expli- tion. Pour une lésion ligamentaire (entorses, déchirures ligamende la pathologie déchirures accidentelles d’un du genou, il faut compter avec une taires et du ménisque, lésion du que le Dr Villa. «On a une meilleure compré- ménisque. Lorsqu’une interconvalescence de six mois avant de cartilage, fractures ou luxations Mobilisation précoce de la rotule). Pas spécifiques à la hension de la pathologie, ce qui a vention chirurgicale est nécespouvoir reprendre le sport.» La récupération post-opéraPluridisciplinaire, la rééduca- course à pied, ces blessures peu- débouché une chirurgie moins in- saire, dans la plupart des cas, toire a passablement évolué ces tion est personnalisée, car cha- vent être provoquées par des vasive. Autrefois, on opérait rare- seul 20 ou 30% de cette strucvingt dernières années. Lever et que patient est différent. Adapté chutes ou accidents de ski, foot- ment des patients au-delà de 30 ture fibrocartilagineuse est remobilisation (physiothérapie) aux spécificités de chacun, le ball, hockey, etc. ans, se souvient le Dr Perre- tirée, alors qu’auparavant L’échauffement est primordial Avant de s’élancer dans une course telle que le BCN Tour, un échauffement complet est recommandé à la fois pour éviter les blessures et d’être prêt pour l’effort. Il permet aux systèmes musculaire, cardio-vasculaire et nerveux de se mettre progressivement en action. Un bon échauffement comprend cinq phases. Le point avec Jessica Nzamba, physiothérapeute à l’hôpital de la Providence et triathlète «S’échauffer permet de diminuer le risque de lésions (claquage, élongation, tendinite ou entorse), d’améliorer l’effort physique et à effets favorables sur la récupération». PHASE 1 Trottiner au minimum 10 minutes. L’objectif est d’augmenter progressivement la température du corps. S’il fait froid, ce temps peut être un peu plus long. Cette étape vise à stimuler le système cardio-vasculaire et le prépare à fournir un effort important. Echauffés, les muscles sont mieux irrigués, plus aptes à la performance. PHASE 2 Mobiliser les articulations qui seront sollicitées pendant la course. Tourner les chevilles et les épaules, effectuer des flexions, extensions et rotations des genoux et des hanches dans leurs amplitudes sous-maximales. L’objectif est d’améliorer la lubrification des articulations et de stimuler leurs récepteurs proprioceptifs. PHASE 3 Cinq minutes d’étirements dynamiques (pas d’étirements passifs, en revanche!) Ces mouvements répétés constituent une bonne mise en condition des muscles et des tendons. Cibler les mollets, les ischios-jambiers, les quadriceps. PHASE 4 Série d’exercices qui préparent aux mouvements plus spécifiques effectués durant la course: sautillements et montée de genoux par exemple. PHASE 5 Conclure l’échauffement par 35 petits sprints ou accélérations progressives. L’idée est de monter en puissance, histoire de propulser le coureur dans le vif du sujet. Par exemple, courir deux fois sur une centaine de mètres en augmentant progressivement le rythme, puis une dernière fois en adoptant la vitesse de la course. Conclure l’échauffement à dix minutes du départ de la course au plus tard, pour éviter que l’organisme se refroidisse. Attention, le fait de transpirer ne signifie pas que le corps est prêt à l’effort! Bon à savoir: l’importance de l’échauffement croît avec l’âge parce que les tendons perdent de leur élasticité tandis que les muscles sont moins endurants. } l’ablation était totale. «Nous essayons de sauver un maximum de tissu méniscal pour éviter que le patient ne développe une arthrose précoce», explique le chirurgien orthopédiste. Cela dit, les traitements des traumatismes du genou ne se résument pas forcément à la chirurgie: c’est le cas des déchirures partielles du ligament collatéral interne, d’une majorité de luxations de la rotule et de certaines lésions accidentelles du cartilage. } CONFÉRENCE: CONSEILS ET TÉMOIGNAGE Une conférence publique aura lieu mardi 28 mars à 18h au faubourg de l’Hôpital 65 (ex-bâtiment du Scan), à Neuchâtel, dans le cadre du partenariat médical des courses BCN Tour, Cressier-Chaumont et Raiffeisen Trans. Elle réunira quatre orateurs: le Dr Vincent Villa, orthopédiste et spécialiste en médecine du sport à l’hôpital de la Providence, parlera de la récupération optimisée du sportif; le Dr Alain Perrenoud, spécialiste en orthopédie et traumatologie à la clinique Montbrillant, s’exprimera sur les lésions traumatiques du genou; Jessica Nzamba, physiothérapeute et triathlète, expliquera comment s’échauffer de manière optimale avant une course à pied; Jonathan Raya, ancien hockeyeur et 2e au classement général du BCN Tour 2016, évoquera son expérience en tant que coureur aguerri. Entrée libre sur inscription, jusqu’au 27 mars, par e-mail ([email protected]) ou par téléphone (032 720 31 57). Places limitées. } L’entraînement de Jonathan Raya Deuxième au classement général du BCN Tour 2016, Jonathan Raya se prépare activement pour sa saison 2017. Ancien hockeyeur de première ligue et vététiste, le Vallonnier de 34 ans est aujourd’hui un coureur aguerri avec plusieurs victoires à son palmarès, dont le marathon du Défi du Val-de-Travers. Il s’expliquera sur sa préparation physique au quotidien et livrera des conseils lors d’une conférence publique le 28 mars (voir encadré). «Je cours presque toute l’année, mais à certaines périodes beaucoup plus qu’à d’autres. En parallèle, je m’efforce de pratiquer d’autres sports – vélo, ski, ski de fond, peaux de phoque, natation et hockey sur glace – car il est très important de faire travailler d’autres groupes musculaires et éviter de solliciter toujours les mêmes articulations, tendons et muscles. Je pratique régulièrement du renforcement musculaire, un atout pour les compétitions mais également dans la vie de tous les jours. Travailler les muscles permet de corriger les défauts de posture et d’améliorer le maintien. J’avais auparavant des problèmes de sciatique que j’ai pu faire disparaître en me gainant. Etre à l’écoute de son corps est primordial quand on pratique du sport: si j’ai une douleur dans une jambe, je mettrai la course momentanément entre parenthèses et j’irai plutôt nager, faire du vélo ou je Jonathan Raya, coureur chevronné après une carrière de hockeyeur. ARCHIVES LUCAS VUITEL me concentrerai sur des exercices qui sollicitent le haut du corps.» Le programme de Jonathan Raya inclut aussi des périodes de récupération et des sessions de massage. C’est essentiel avec un calendrier de courses qui comprend les semi-marathons de l’Harmony Geneve Marathon et la StraLugano en mai ainsi que le Trail de l’Absinthe en juin. }