Chantal Sébire - Me Hélène Montreuil, Avocate

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Chantal Sébire
Refus du tribunal - Suicide
Chantal Sébire
Le mercredi 27 février 2008
Défigurée par une maladie incurable, une Française réclame l'euthanasie
Seuls 200 cas d'«Esthesioneuroblastome», une tumeur évolutive des sinus et de la cavité
nasale, ont été recensés dans le monde depuis 20 ans.
Agence France-Presse
Dijon
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Refus du tribunal - Suicide
Une mère de trois enfants, défigurée par une tumeur évolutive des sinus et de la cavité
nasale, a lancé un véritable appel aux secours auprès des médias français et du président
Nicolas Sarkozy pour qu'on «l'accompagne dignement dans la mort».
La loi Leonetti du 22 avril 2005 sur les droits des malades va dans le sens du respect des
malades en fin de vie, mais elle n'autorise pas l'euthanasie en France, contrairement à
certains autres pays européens comme les Pays-Bas, la Belgique ou la Suisse.
Chantal Sébire, ancienne professeure des écoles de 52 ans, domiciliée à Plombières-lesDijon, a appris en 2002 qu'elle était atteinte d'une «Esthesioneuroblastome», une tumeur
évolutive des sinus et de la cavité nasale.
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Refus du tribunal - Suicide
Très rare - seuls 200 cas ont été recensés dans le monde depuis 20 ans -, la maladie est
incurable et son évolution provoque une déformation spectaculaire et irréversible du visage et
des souffrances «atroces», selon Mme Sébire, qui s'est longuement confiée à l'AFP.
«On ne permettrait pas à un animal d'endurer ce que j'endure», affirme Chantal Sébire.
«En 2000, j'ai perdu l'odorat et le gout, puis la tumeur a évolué et mangé les mâchoires,
avant de s'attaquer aux orbites des yeux. J'ai perdu la vue en octobre 2007, le tout dans des
douleurs atroces qui peuvent durer quatre heures», explique-t-elle, sans s'apitoyer sur son
sort.
Sur les «huit neurochirurgiens consultés, deux seuls» ont accepté de la recevoir, avant de lui
déclarer que «cette tumeur (était) incurable».
Refusant d'être «mise dans un état second avec la médication qui n'améliore pas la
souffrance», Mme Sébire ne demande «qu'à partir sereinement», en accord avec ses trois
enfants.
«On ne permettrait pas à un animal d'endurer ce que j'endure», affirme-t-elle, en dénonçant
une «loi Leonetti incomplète» qui ne permet pas l'euthanasie.
Mardi soir, son témoignage a été diffusé sur France 2, et ce même jour Mme Sébire a écrit au
président Nicolas Sarkozy pour qu'il entende ce qu'elle appelle un «message d'amour».
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Refus du tribunal - Suicide
Le jeudi 13 mars 2008
France: une femme défigurée demande à la justice le droit d'être euthanasiée
Agence France-Presse
Dijon, France
Une Française de 52 ans, Chantal Sébire, défigurée par une maladie incurable et
douloureuse, demande à la justice le droit d'être euthanasiée par un médecin, une démarche
qui constitue une première en France selon son avocat.
Le président du tribunal de grande instance de Dijon doit se prononcer lundi.
Jeudi, le premier ministre François Fillon est intervenu dans le débat, estimant difficile de
répondre à une telle demande car on est là «aux limites de ce que la société peut dire, de ce
que la loi peut faire».
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Refus du tribunal - Suicide
Deux semaines après avoir lancé un appel au secours dans les médias pour «qu'on
l'accompagne dignement dans la mort», Mme Sébire a saisi la justice d'une «demande
exceptionnelle» d'euthanasie.
Cette ancienne institutrice, mère de trois enfants, domiciliée à Plombières-les-Dijon (centreest), a appris en 2002 qu'elle était atteinte d'une «Esthesioneuroblastome», une tumeur
évolutive des sinus et de la cavité nasale.
Une maladie très rare - seuls 200 cas ont été recensés dans le monde depuis 20 ans -,
incurable et dont l'évolution provoque une déformation irréversible du visage et des
souffrances «atroces», selon Mme Sébire.
«Aujourd'hui, je suis allée au bout de ce que je peux supporter et mon fils et mes filles n'en
peuvent plus de me voir souffrir», avait-elle témoigné le 27 février lors d'un entretien avec
l'AFP.
Chantal Sébire, opposée au suicide et qui se disait prête à partir en Suisse, en Belgique ou
aux Pays-Bas où l'euthanasie est légale, souhaite que la justice française prenne ses
responsabilités.
«Nous demandons simplement au magistrat de lui permettre de s'endormir dans l'affection
des siens» et de faire ainsi preuve «d'humanité», a déclaré son avocat Me Gilles Antonowicz.
La loi de 2005 en vigueur en France instaure, dans certains cas, une sorte de droit au
«laisser mourir» par l'arrêt de tout traitement, mais sans permettre aux médecins de pratiquer
une euthanasie active.
Cette loi avait été votée après une affaire qui eu un grand retentissement en France, la mort
de Vincent Humbert, un tétraplégique de 22 ans, après l'intervention de sa mère et de son
médecin.
Le jeudi 13 mars 2008
L'Élysée a proposé une expertise à la femme qui veut mettre fin à ses jours
The Associated Press
Paris
Nicolas Sarkozy a proposé un avis médical «de professeurs d'université du plus haut niveau»
à Chantal Sébire, cette mère de famille défigurée par une maladie incurable qui demande à la
justice de l'autoriser à mettre fin à ces jours, a fait savoir jeudi le porte-parole de l'Elysée
David Martinon.
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Refus du tribunal - Suicide
Le chef de l'État français, «très touché» par la lettre que lui a adressée Mme Sébire, a
demandé à son conseiller sur les questions de recherche et de santé, le professeur Arnold
Munnich, d'entrer en contact avec elle.
«Il lui a proposé qu'un nouvel avis soit donné sur son cas par un collège de professeurs
d'université du plus haut niveau», a expliqué M. Martinon. Cette réunion, destinée à «prouver
que toutes les ressources de la médecine sont épuisées», «aura lieu dans quelques jours si
Mme Sébire accepte le principe».
Sur le fond, le porte-parole de l'Élysée a rappelé «le cadre juridique fixé par la loi Leonetti de
2005» selon laquelle «l'intervention des médecins ne saurait en aucun cas mettre fin à la vie
du patient». «Pour le moment, nous restons dans le cadre de cette loi Leonetti», a-t-il
souligné, parlant d'un «bon équilibre».
«Il appartient aux juges de dire si cette demande est recevable et si elle entre dans le cadre
de la loi», a poursuivi le porte-parole de l'Élysée. «En tout état de cause, c'est une affaire qui
doit rester une appréciation médicale.»
Le lundi 17 mars 2008
La justice française rejette la demande d'euthanasie d'une femme
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Agence France-Presse
Dijon, France
La justice française a rejeté la demande d'une femme de 52 ans réclamant d'être aidée à
mourir pour échapper au calvaire d'une tumeur incurable qui la défigure et la fait
«atrocement» souffrir, car le droit en France n'autorise pas l'euthanasie active.
Cette affaire dramatique a soulevé un nouveau débat en France, où une loi de 2005 instaure,
dans certains cas, une sorte de droit au «laisser mourir» par l'arrêt de tout traitement, mais ne
permet pas aux médecins de pratiquer une euthanasie active.
Chantal Sébire a demandé mercredi dernier au tribunal de grande instance de Dijon (est) le
droit d'être euthanasiée par un de ses médecins.
Cette ancienne institutrice, mère de trois enfants, souffre d'une «Esthesioneuroblastome»,
une tumeur évolutive des sinus et de la cavité nasale.
Cette maladie très rare - 200 cas recensés dans le monde en 20 ans - est incurable et
provoque une déformation irréversible du visage et des souffrances décrites comme
«atroces» par Mme Sébire.
Dans sa demande, Mme Sébire, faisait état de ses «souffrances intenses et permanentes»,
du «caractère incurable des maux dont elle est atteinte» et de son «refus de devoir supporter
l'irréversible dégradation de son état».
Elle demandait à la justice d'«autoriser l'un de ses médecins à lui prescrire le traitement
nécessaire pour lui permettre de terminer sa vie dans le respect de sa dignité».
Sans surprise, la justice a rejeté cette demande. «Même si la dégradation physique de Mme
Sébire mérite la compassion, le juge en l'état de la législation française ne peut que rejeter sa
demande», souligne dans son ordonnance le tribunal de grande instance de Dijon (centre).
Dans ses attendus, le juge affirme que la requête de Mme Sébire «s'oppose au code de
déontologie médicale, lequel dispose que le médecin n'a pas le droit de délibérément donner
la mort».
Elle «s'oppose également au code pénal» qui condamne l'assistance et l'aide au suicide,
poursuit l'ordonnance, en énumérant des articles de la Convention européenne des droits de
l'Homme et du code de la Santé publique.
Chantal Sébire a indiqué lundi à l'AFP «ne pas faire appel» de la décision de justice.
Elle avait déjà indiqué avant la décision de justice qu'elle était prête à se procurer «ce dont
elle a besoin» pour mourir en Suisse, en Belgique ou aux Pays-Bas où l'euthanasie est
dépénalisée.
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Sa demande avait soulevé plusieurs réactions politiques. La garde des Sceaux Rachida Dati
avait notamment affirmé que «la médecine n'était pas là pour administrer des substances
létales».
Le président de la République Nicolas Sarkozy, à qui Madame Sébire avait écrit, a demandé
à son conseiller pour les questions de santé, d'entrer en contact avec elle pour qu'un «nouvel
avis médical» soit donné.
«Aujourd'hui je ne peux plus rien faire (physiquement), je suis alitée et c'est mon médecin (...)
qui se rendra avec mon dossier mercredi à Paris» pour rencontrer le professeur Arnold
Munnich, conseiller pour les questions médicales de Nicolas Sarkozy, a précisé Mme Sébire.
Le mercredi 19 mars 2008
La femme à qui la justice a refusé l'euthanasie retrouvée morte
Agence France-Presse
Paris
Une femme de 52 ans, qui souffrait d'une tumeur incurable et avait sollicité en vain auprès de
la justice française le droit de recourir à l'euthanasie, a été retrouvée morte chez elle
mercredi, a-t-on appris auprès du ministère français de l'Intérieur.
Son corps sans vie a été trouvé en fin d'après-midi à son domicile de Plombières-les-Dijon
(est). Les causes de la mort sont «pour l'instant indéterminées», a indiqué à l'AFP une source
au ministère de l'Intérieur.
La justice avait rejeté lundi la demande de Chantal Sébire qui, défigurée par une tumeur
incurable la faisant souffrir «atrocement», selon ses propres déclarations, avait demandé le
droit d'être euthanasiée par un de ses médecins.
Cette ancienne institutrice, mère de trois enfants, souffrait d'une «Esthesioneuroblastome»,
une tumeur évolutive des sinus et de la cavité nasale.
Cette maladie très rare - 200 cas recensés dans le monde en 20 ans - est incurable et
provoque une déformation irréversible du visage et des souffrances décrites comme
«atroces» par Mme Sébire.
Dans sa demande, Chantal Sébire faisait état de ses «souffrances intenses et permanentes»,
du «caractère incurable des maux dont elle est atteinte» et de son «refus de devoir supporter
l'irréversible dégradation de son état».
Elle demandait à la justice d'«autoriser l'un de ses médecins à lui prescrire le traitement
nécessaire pour lui permettre de terminer sa vie dans le respect de sa dignité».
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Cette affaire a soulevé ces derniers jours un nouveau débat en France, où une loi de 2005
instaure, dans certains cas, une sorte de droit au «laisser mourir» par l'arrêt de tout
traitement, mais ne permet pas aux médecins de pratiquer une euthanasie active.
La mort de Mme Sébire intervient le même jour que celle de l'écrivain belge Hugo Claus qui,
atteint de la maladie d'Alzheimer, a choisi de mourir en Belgique par euthanasie mercredi à
l'âge de 78 ans.
La Belgique fait partie depuis 2002 des rares pays au monde à avoir légalisé l'euthanasie
sous certaines conditions.
Le mercredi 19 mars 2008
La malade endure une «souffrance abominable»
Marc Thibodeau
La Presse
Paris
La justice française oppose une fin de non-recevoir à une femme de 52 ans, gravement
malade, qui souhaite obtenir l'assistance d'un médecin pour s'enlever la vie.
Chantal Sébire souffre d'une forme rare de cancer de la cavité nasale qui la défigure et
entraine des douleurs «atroces». Selon son médecin, elle peut espérer vivre encore quelques
semaines.
Rendue aveugle par l'évolution de la tumeur, elle a demandé la semaine dernière à un
tribunal de Dijon d'autoriser son médecin à se procurer en pharmacie une potion létale,
décrite comme «le traitement nécessaire pour lui permettre de terminer sa vie dans le respect
de sa dignité».
Mme Sébire, qui n'accorde plus d'entrevues aux médias, a confié la semaine dernière au
journal Le Monde qu'elle ne pouvait plus supporter la douleur. Allergique à la morphine, elle
reçoit des analgésiques ayant un effet limité.
«Aujourd'hui, je n'en peux tout simplement plus, ma situation se dégrade de jour en jour, la
souffrance est atroce. Je me sens littéralement mangée par la douleur», a confié la femme,
qui dit vouloir mener un ultime combat pour faire avancer le droit français en matière
d'euthanasie.
La cour a jugée lundi que sa requête s'oppose à la loi ainsi qu'au «code de déontologie
médicale, lequel précise que le médecin n'a pas le droit de donner délibérément la mort».
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Une modification législative adoptée en 2005 prévoit qu'il est possible de limiter ou d'arrêter
un traitement médical «inutile» ou «disproportionné» en tenant compte de la volonté du
malade. Mais il interdit formellement toute aide active pour précipiter sa fin.
La décision du tribunal a été précédée par plusieurs interventions de représentants du
gouvernement, qui se montre peu disposé à revoir la loi actuelle.
La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a indiqué la semaine dernière, avant le jugement,
que le monde médical et les pouvoirs publics «ne peuvent promouvoir l'euthanasie active
quelle que soit la gravité de la maladie...»
«Il y a eu de la pression politique comme jamais. En France, la tradition veut que le
gouvernement réserve ses commentaires lorsqu'une affaire est devant la cour», déplore
Jean-Luc Romero, qui préside l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).
Il s'insurge en particulier contre une sortie de la ministre du Logement, Christine Boutin, qui
s'est dite scandalisée «qu'on puisse envisager de donner la mort à cette femme parce qu'elle
souffre et qu'elle est difforme». «Elle a réagi comme une représentante du pape», fustige le
dirigeant de l'ADMD.
La sortie de Mme Boutin a également indigné Mme Sébire, qui s'est adressée directement au
président français Nicolas Sarkozy la semaine dernière pour le supplier de l'aider. Le chef de
l'État a proposé la tenue d'une rencontre avec des spécialistes de renom, une perte de temps
selon le praticien qui la suit.
Lors de la campagne présidentielle, le candidat de la droite avait appelé de ses voeux la
tenue d'un «grand débat citoyen» sur la question de la mort assistée en relevant qu'il n'était
pas possible de «rester les bras ballants face à la souffrance d'un de nos compatriotes qui
appelle à ce que ça se termine».
Selon M. Romero, la loi actuelle est «hypocrite» parce qu'elle interdit l'administration d'un
cocktail létal, mais permet d'induire un coma végétatif chez un patient et de le laisser mourir
ensuite de faim ou de soif. «Ce n'est pas un suicide assisté, ça?» demande-t-il.
Faute d'obtenir raison de la justice française, Mme Sébire songerait maintenant à se tourner
vers la Suisse, un pays ayant une politique plus permissive dans ce domaine.
M. Romero, qui lui a parlé hier matin, affirme que la situation est compliquée par la
détérioration rapide de sa santé. «Elle est très malade, très fatiguée... Sa souffrance est
abominable», résume-t-il.
Le jeudi 20 mars 2008
Le mystère sur la mort de Chantal Sébire reste entier
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Agence France-Presse
Plombières-les-Dijon
Le mystère sur les circonstances de la mort de Chantal Sébire, à qui la justice française a
refusé l'accès à l'euthanasie, reste entier alors que se pose, selon la justice, la question de
son «autopsie».
C'est sa fille qui a découvert le corps de la malade à son domicile de Plombières-les-Dijon.
Suicide? Mme Sébire y était «violemment hostile». Euthanasie active? Elle la souhaitait avec
force depuis des semaines mais la justice, conformément à la législation en vigueur, l'a
refusée lundi dernier.
Alors décès naturel? Chantal Sébire «souffrait d'une maladie potentiellement mortelle», une
«Esthesioneuroblastome», maladie orpheline et incurable, qui se développe dans la cavité
nasale et déforme cruellement le visage, a rappelé jeudi à l'AFP son médecin traitant
Emmanuel Debost.
Mais, jeudi matin, le procureur de la République de Dijon, Jean-Pierre Alacchi, «en l'état
actuel des investigations», n'avait toujours pas tranché. «Il n'y a à cette heure pas d'éléments
suffisants» pour déterminer les causes de la mort de Mme Sébire, a déclaré M. Alacchi à
l'AFP, reportant ainsi toute communication officielle. «Je me pose la question de savoir si l'on
va faire ou non une autopsie», s'est interrogé M. Alacchi ajoutant que «l'apparence externe
du corps ne présentait pas de particularités», et qu'il continuait de recueillir» des déclarations
«auprès des proches» et des gendarmes «en charge de l'enquête» préliminaire.
«S'ils font l'autopsie c'est honteux», s'est insurgé Me Gilles Antonowicz l'avocat de Chantal
Sébire. «Si Mme Sébire s'était jetée dans le canal (de Bourgogne) tout proche de son
appartement, il n'y aurait pas eu d'enquête et là ils feraient une autopsie comme ils l'ont faite
pour le fils de Marie Humbert» qui avait aidé son fils tétraplégique à mourir en 2003, a encore
fustigé Me Antonowicz, joint au téléphone par l'AFP.
Autre élément d'incertitude, la présence ou non de membres de sa famille -- Mme Sébire a
trois enfants et un frère-- auprès de cette ancienne institutrice qui demandait avec insistance
depuis plusieurs semaines à «mourir dans la dignité» et sollicitait en vain une euthanasie
active. «Mme Sébire était très entourée» par sa famille «mais on n'est pas sûr qu'au moment
de son décès sa fille ait été présente» alors que c'est elle «qui a découvert le corps», a
précisé le procureur.
Au-delà de la très forte émotion suscitée par la médiatisation dès fin février de ce douloureux
dossier, le cas de Chantal Sébire aura, cinq ans après l'affaire Humbert, relancé le débat sur
l'euthanasie active légale comme elle est pratiquée dans plusieurs pays d'Europe (Pays-Bas,
Belgique, Luxembourg, Suisse).
Mercredi, peu avant la découverte du corps de Mme Sébire, le président de la République
Nicolas Sarkozy, à qui la malade avait écrit, avait reçu son médecin traitant.
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Le premier ministre François Fillon a pour sa part chargé le député UMP et cardiologue Jean
Leonetti d'une mission d'évaluation de la loi de 2005 --qui porte son nom et a été votée à
l'unanimité-- relative au droit des malades et à l'accompagnement en fin de vie.
La nouvelle secrétaire d'État à la Famille, Nadine Morano, a déclaré jeudi «à titre personnel»
qu'elle était favorable à la création d'une «commission nationale d'euthanasie à qui
reviendrait le soin d'examiner les cas exceptionnels graves».
Le vendredi 21 mars 2008
Mort de Chantal Sébire: la justice veut savoir les causes
Agence France-Presse
Dijon
La justice française a indiqué vendredi avoir fait procéder à une autopsie du corps de Chantal
Sébire, une femme souffrant d'une tumeur au visage, décédée mercredi après avoir demandé
en vain le droit d'être euthanasiée par un médecin.
«La justice devait savoir si la mort était naturelle ou si quelqu'un l'avait aidée à mettre fin à
ses jours», a déclaré le procureur de la République de Dijon (centre-est) Jean-Pierre Alacchi,
lors d'une conférence de presse.
L'avocat de Chantal Sébire, Me Gilles Antonowicz, avait jugé la veille qu'il serait «honteux»
que la justice ordonne l'autopsie du corps.
L'ancienne institutrice de 52 ans, mère de trois enfants, au visage cruellement défiguré par
une tumeur incurable, a été retrouvée morte par sa fille, mercredi, à son domicile de
Plombières-les-Dijon (centre-est) deux jours après le rejet par la justice française de sa
demande d'être euthanasiée par l'un de ses médecins.
Selon le procureur, «l'état personnel de cette personne n'a pas entrainé sa mort directe»,
mais l'autopsie n'a cependant pas permis d'identifier «de cause spécifique pouvant expliquer
le décès» de Chantal Sébire.
Il a ajouté que des analyses toxicologiques de substances retrouvées dans le corps de Mme
Sébire étaient «à l'heure actuelle en cours».
Chantal Sébire souffrait depuis 2002 de l'Esthesioneuroblastome, une maladie très rare --200
cas recensés dans le monde en 20 ans-- qui se développe dans la cavité nasale.
Sa mort a relancé la question de l'euthanasie active légale -- pratiquée aux Pays-Bas,
Belgique, Luxembourg, Suisse -- régulièrement débattue quand un cas extrême est porté à
l'attention des médias.
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En France, une loi de 2005 instaure, dans certains cas, une sorte de droit au «laisser mourir»
par l'arrêt de tout traitement, mais ne permet pas aux médecins de pratiquer une euthanasie
active.
Le samedi 22 mars 2008
Euthanasie: une question de droit
Par Jana Havrankova
La Presse
L'auteur est médecin oncologue.
La justice française a rejeté le 17 mars la demande de suicide assisté de Chantal Sébire. Le
19 mars, son cadavre a été trouvé à son domicile. Suicide? Mort naturelle? Au fond, peu
importe, elle est enfin délivrée de ses souffrances, malgré la justice inhumaine qui l'a
empêchée de mourir entourée des siens, au moment choisi par elle.
Cette courageuse femme, atteinte d'une tumeur déformante et douloureuse du visage, a livré
un combat pour le droit au suicide médicalement assisté. Elle s'est battue non seulement
pour elle-même, mais aussi pour d'autres malades, pour que ceux-ci aient le droit de mourir
avec leur propre dignité. Sans doute, si elle s'était souciée uniquement d'elle-même, elle
aurait pu se rendre en Suisse ou en Belgique, où le suicide assisté est décriminalisé.
Si Chantal Sébire avait vécu au Canada, son sort aurait été similaire: les instances judiciaires
lui auraient refusé l'assistance au suicide. Pleinement informée, entourée de ses enfants,
soutenue par ses médecins, elle n'aurait pas eu droit à la prescription d'un produit qui aurait
pu la délivrer de ses souffrances et de hâter sa mort.
Pourquoi nos lois condamnent-elles des personnes à souffrir au-delà de leur endurance?
Pourtant, un malade peut légalement et légitimement refuser des soins même si son décès
en découle; c'est son droit à l'autonomie. Le médecin peut légalement et légitimement
administrer des médicaments pour soulager les douleurs d'un malade même si cela devance
le décès de ce dernier.
Par contre, un malade, majeur, conscient, informé des solutions de rechange qui, dans un
contexte de maladie fatale, demande à répétition de l'aide pour mourir, se verra refuser cette
possibilité. Si un médecin accédait à la demande du patient, il risquerait une condamnation
allant jusqu'à 14 ans de prison.
Ceux qui s'opposent au suicide assisté s'appuient souvent sur le code de déontologie des
médecins. Que dit le Code du Collège des médecins, au fait? «Le médecin doit exercer sa
profession dans le respect de la vie, de la dignité et de la liberté de la personne.» Si le
malade atteint d'une maladie fatale juge que sa vie n'est plus digne, sous quel prétexte lui
refuse-t-on alors cette ultime liberté: choisir la façon dont il veut mourir et le moment pour le
faire?
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Le jeudi 27 mars 2008
Faute d'euthanasie, Chantal Sébire a pris un barbiturique
Agence France-Presse
Dijon, France
Chantal Sébire, une Française de 52 ans atteinte d'une tumeur incurable au visage et dont le
corps sans vie avait été découvert le 19 mars après le refus de sa demande d'euthanasie, a
absorbé un barbiturique «à dose mortelle», selon les résultats des analyses révélés jeudi.
Le cas de cette femme a suscité l'intérêt des médias en France où il a relancé la question de
l'euthanasie active légale, pratiquée aux Pays-Bas, en Belgique, au Luxembourg et en
Suisse.
En France, une loi de 2005 instaure, dans certains cas, une sorte de droit au «laisser mourir»
par l'arrêt de tout traitement, mais ne permet pas aux médecins de pratiquer une euthanasie
active.
Les analyses réalisées sur le corps de Mme Sébire «font état de la présence dans le sang
d'une concentration toxique d'un barbiturique, le Pentobarbital», a indiqué le procureur JeanPierre Alacchi.
Le produit est un «un barbiturique d'action rapide non utilisé ou d'une façon tout à fait
marginale en milieu médical» et surtout «utilisé en milieu vétérinaire», a indiqué M. Alacchi
lors d'un point presse jeudi à propos des conclusions des analyses toxicologiques pratiquées
sur le corps de Mme Sébire.
Le Pentobarbital n'est pas commercialisé pour un usage humain en France mais comme
médicament vétérinaire. En Belgique et en Suisse, il est utilisé dans des cas de suicide
assisté.
Le produit, a poursuivi M. Alacchi, a été retrouvé en «grande quantité dans l'estomac de Mme
Sébire, ce qui signifie qu'il a été absorbé par voie orale. Des traces (du même produit) ont été
retrouvées dans un verre et sur une cuillère» au domicile de la défunte, à Plombières-lèsDijon (Côte d'Or).
«Les concentrations observées sont de près de trois fois la dose mortelle de ce produit», a-t-il
ajouté, indiquant que «le surdosage de Pentobarbital constaté dans le sang de Chantal
Sébire (était) donc compatible avec son décès».
«Il est (ainsi) possible de dire que Mme Sébire n'est pas décédée de mort naturelle, ce qui a
été démontré par l'autopsie (pratiquée le 20 mars) mais à la suite de l'absorption d'une dose
mortelle d'un barbiturique», a souligné M. Alacchi.
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Toutefois l'interrogation demeure sur les conditions exactes du décès de Mme Sébire suicide ou suicide assisté- et le procureur de Dijon Jean-Pierre Alacchi a annoncé l'ouverture
d'une enquête pour savoir comment la malade avait pu se procurer un barbiturique très
puissant qui «n'est pas disponible en pharmacie»..
L'ancienne institutrice, mère de trois enfants, au visage cruellement défiguré par une tumeur
incurable, avait été retrouvée morte à son domicile de Plombières-les-Dijon (centre-est) deux
jours après le rejet par la justice française de sa demande d'être euthanasiée par l'un de ses
médecins.
Elle souffrait depuis 2002 de l'esthesioneuroblastome, une maladie très rare -- 200 cas
recensés dans le monde en 20 ans -- qui se développe dans la cavité nasale.
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