Communiqué de presse

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Communiqué de presse
Charleroi, le 28 mai 2008
Publication du laboratoire d’Eco-Ethologie évolutive de l’ULB dans PNAS
(27/05/08) : étranges mœurs des orchidées européennes
Comment la pollinisation d’orchidées européennes est-elle réalisée par des abeilles
solitaires ? Question centrale pour Nicolas Vereecken, chercheur FRIA/FNRS au sein du
laboratoire d’Eco-Ethologie évolutive de l’ULB : il y a consacré sa thèse de doctorat
(défendue en avril 2008 à l’Université libre de Bruxelles) et il signe ce mardi 27 mai, en
1er auteur, un article autour des « étranges mœurs » des orchidées européennes dans la
prestigieuse revue américaine « Proceedings of the National Academy of Sciences »
(PNAS), sous le titre « The evolution of imperfect floral mimicry ».
Au cours de l’évolution, les plantes à fleurs ont développé de multiples stratégies pour
s’attirer les faveurs d’organismes « intermédiaires » qui assurent leur reproduction par
pollinisation, soit une interaction biologique « win-win » puisque la plante assure sa
reproduction via le transfert de son pollen tandis que l’insecte prélève au passage du
pollen, du nectar et parfois d’autres formes de récompenses florales.
Toutefois toutes les plantes ne jouent pas la stratégie « win-win » : certaines fleurs – en
particulier parmi les orchidées – trompent l’insecte en émettant un parfum ou une
couleur évoquant une récompense qui en réalité n’est pas délivrée.
La région méditerranéenne abrite de multiples espèces d’orchidées terrestres qui ont fait
de la tromperie florale et du mimétisme leur spécialité : appartenant au genre Ophrys,
ces orchidées comptent quelques représentants en Belgique. Les fleurs d’orchidées
Ophrys arborent des couleurs ou des poils qui leurs donnent l’apparence d’un corps
d’insecte perché sur une tige de graminée.
Dès la 1re moitié du 20e siècle, la naturaliste français Maurice Pouyanne découvrait le
mécanisme de pollinisation des Ophrys : imitant les femelles de certains insectes, ces
fleurs attirent des mâles qui les perçoivent comme une partenaire sexuelle. Au cours de
ces pseudo-copulations, les mâles d’insectes décrochent les pollinies de l’orchidée qu’ils
déposeront sur une autre fleur lorsqu’ils se laisseront tromper une nouvelle fois par une
orchidée. Notons que le mimétisme entre les fleurs d’Ophrys et les femelles d’insectes est
non seulement visuel mais aussi – et surtout – de nature chimique : le parfum floral des
Ophrys imite précisément la phéromone sexuelle des femelles d’insectes visés.
L’article que Nicolas Vereecken, chercheur FRIA-FNRS à l’ULB – Laboratoire d’EcoEthologie évolutive signe en 1er auteur ce 27 mai dans PNAS s’intéresse à cette
pollinisation d’orchidées européennes par des abeilles solitaires.
Le chercheur montre que le parfum de l’orchidée étudiée (Ophrys exaltata) contient les
mêmes composés que ceux utilisés par les femelles pour attirer les mâles : le mimétisme
chimique est évident.
On sait que les femelles d’abeille utilisent systématiquement les mêmes composés
chimiques pour attirer leurs partenaires mais dans des proportions qui varient d’une
population à l’autre : les femelles italiennes ont leur propre dialecte chimique qui diffère
de celui des femelles suisses, autrichiennes, anglaises… Comment les orchidées
s’adaptent-elles à cette variation géographique du signal qu’elles sont censées imiter (les
dialectes chimiques) et aux préférences – démontrées dans cette étude – des mâles
d’abeilles pour des femelles exotiques ?
Le chercheur montre que le parfum des orchidées est relativement différent de celui des
femelles locales (mimétisme « imparfait ») et que, en plus, cette différence rend les
orchidées plus attractives que les vraies femelles : les Ophrys ont développé un parfum
floral imitant la phéromone sexuelle d’une femelle exotique et optimisent par là même
leur attractivité vis-à-vis de leurs pollinisateurs !
Grâce à ces expériences, près d’un siècle après la découverte du mécanisme de
pollinisation par leurre sexuel chez les Ophrys, les chercheurs lèvent un voile sur
certaines stratégies développées par les orchidées Ophrys pour s’attirer les faveurs des
mâles d’abeilles solitaires. Ils soulèvent également une série de nouvelles questions :
une espèce d’orchidée peut-elle attirer d’autres pollinisateurs, même occasionnellement ?
Comment les relations entre ces orchidées et les pollinisateurs affectent-elles la
différenciation des parfums floraux, des couleurs ou des formes des fleurs trompeuses ?
etc.
Vereeecken NJ et Schiestl FP, The evolution of imperfect floral mimicry, Proceedings of
the National Academy of Sciences of the USA, 27 mai 2008.
Article complété par une vidéo de pseudo-copulation entre orchidée Ophrys et abeille
solitaire mâle.
Informations scientifiques :
Nicolas J. Vereecken, Eco-Ethologie évolutive (EEE) - ULB, +32 (0)2 650 22 67, +32
(0)473 60 35 63 ou [email protected]
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