GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI UNIVERSITE SIDI MOHAMED BEN ABDELLAH FACULTE DES SCIENCES DHAR EL MAHRAZ DEPARTEMENT DES SCIENCES DE LA VIE UNITE GENETIQUE /MICROBIOLOGIE GENETIQUE DES POPULATIONS SVI – S5 Pr. H. BEKKARI 1 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI Sommaire GENETIQUE DES POPULATIONS .......................................................................................... 3 1- Notion de population ........................................................................................................... 3 2- Applications de la génétique des populations ................................................................... 4 3- Notion de fréquences ........................................................................................................... 5 4- L'équilibre de Hardy-Weinberg ........................................................................................ 6 4-1 Cas d'un gène à deux allèles………………………………………………………..........6 4-2 Cas des facteurs liés au sexe ……………………………………………………………..8 4-2-1 Cas fréquences alléliques identiques chez les 2 sexes ................................................ 9 4-2-2 Cas des fréq. alléliques différentes chez les deux sexes: pm ≠ pf et qm≠ qf................. 9 5- Facteurs affectant l’équilibre génétique .......................................................................... 11 5-1 Mutation…………………………………………………………………………...……11 5-2 Migration…………………………………………………………..…………………....14 5-3 Sélection………………………………………………………………………………...16 5-3-1 Processus d’évolution adaptative…………………………………………………....17 a- Valeur adaptative …………………………………………………………………………17 b- Calcul de fitness absolue .....................................................................................................17 c- Détermination de coefficient de sélection………………………………………………...18 5-3-2 Modèles du mode d’action de la sélection…………………………………………...19 a- Sélection contre l'homozygote récessif……………………………………………………19 b- Sélection contre un allèle dominant……………………………………………………….21 c- Sélection contre les 2 homozygotes……………………………………………………...23 2 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI GENETIQUE MENDELIENNE: Comprendre le déterminisme et la transmission des caractères par l'analyse de la descendance, à la suite d'un croisement contrôlé par l’expérimentateur, entre individus de génotypes différents. GENETIQUE MOLECULAIRE : La rechercher des mécanismes du déterminisme, de l'expression et de la transmission des caractères. Génomique (séquençage et identification des gènes). Protéomique (inventaire et fonctions des protéines). GENETIQUE DES POPULATIONS : Les individus en interactions avec leur environnement. Une application des principes de base de la génétique mendélienne à l'échelle des populations. 1- Notion de population Au point de vue du généticien ; Une population est un groupe d’individus qui échangent ou peuvent échanger des gènes entre eux par voie sexuée. La génétique des populations : Etude de la variabilité génétique dans et entre les populations avec 3 principaux objectifs : - Mesure de la fréquence des différents allèles d’un même gène. - Compréhension de la transmission de la variabilité génétique d'une génération à l'autre. - Compréhension de l’évolution de la variabilité génétique au fil des générations. La population se caractérise par un génome collectif ou patrimoine génétique = pool génétique. L’espèce rassemble tous les individus inter fertiles même si ceux-ci n'ont jamais la possibilité de se croiser. 3 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI Population théorique idéale La transmission des caractères dans un cas simple appelé population théorique idéale, se définit par les caractéristiques suivantes : - Diploïdie à reproduction sexuée. -Générations non chevauchantes. - Grande population donc croisements aléatoires. - Absence de migration de sélection et de mutation. Le concept de population théorique idéale est d’une grande importance puisque c’est sur lui que repose toute la génétique des populations. Parmi toutes ces caractéristiques, le système de reproduction panmictique, est l'hypothèse la plus importante. Cette hypothèse suppose que les individus ne choisissent pas leur partenaire sexuel ni en fonction de leur génotype, ni en fonction de leur phénotype = panmixie et que la rencontre des gamètes se fait au hasard = pangamie Génétique mendélienne et génétique des populations 2- Applications de la génétique des populations - Application en génétique humaine : Comprendre la transmission et l'épidémiologie des maladies génétiques. 4 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI - Estimation dans les populations : la fréquence des allèles responsables de maladies lorsque leur déterminisme est simple et connu - Calcul du risque qu'un individu soit atteint d'une maladie génétique : conseil génétique. - Estimation du taux de mutation associé à une maladie génétique. - Compréhension du maintien des allèles : pourquoi certaines maladies très défavorables se maintiennent à une forte fréquence dans certaines populations ? 3- Notion de fréquences - Fréquences géniques : Proportions des différents allèles d’un gène. - Fréquences génotypiques : Proportions des différents génotypes. - Fréquences phénotypiques : Proportion des différents phénotypes. Un locus à deux allèles A/a Une population G polymorphe pour un caractère gouverné par un locus à deux allèles A et a D individus homozygotes pour A donc de génotype AA H individus hétérozygotes donc de génotype Aa R individus homozygotes pour a donc de génotype aa N est le nombre total des individus de la population : N = D +H+ R Le nombre total d’unité géniques à ce lieu est : 2N Si la fréquence de l’allèle A est représentée par p : p = ( 2 D + H) / 2 N Donc les fréquences des allèles A et a sont : pour l'allèle A p = [ D+H/2] /N pour l'allèle a q = [ R+H/2] /N avec p+q=1 Population théorique idéale La transmission des caractères dans un cas simple appelé population théorique idéale, se définit par les caractéristiques suivantes : - Diploïdie à reproduction sexuée. - Générations non chevauchantes. - Grande population donc croisements aléatoires. - Absence de migration de sélection et de mutation. 5 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI Ce concept de population théorique idéale est d’une grande importance puisque c’est sur lui que repose toute la génétique des populations. Parmi toutes ces caractéristiques, le croisement au hasard des individus, appelé système de reproduction panmictique, est l'hypothèse la plus importante. Cette hypothèse suppose que les individus ne choisissent pas leur partenaire sexuel ni en fonction de leur génotype, ni en fonction de leur phénotype = panmixie et que la rencontre des gamètes se fait au hasard = pangamie 4- L'équilibre de Hardy-Weinberg Dans une population théorique idéale, les fréquences des allèles et des génotypes au cours des générations suivent une loi simple appelée loi de Hardy-Weinberg qui constitue le modèle de référence en génétique des populations. Cette loi doit son nom à Hardy, mathématicien anglais et Weinberg, médecin allemand, qui l'ont établie indépendamment en 1908. La loi de Hardy-Weinberg : Les fréquences alléliques et les fréquences génotypiques restent constantes de génération en génération. On dit alors que la population est en état d'équilibre. 4-1 Cas d’un gène à deux allèles - Dans une population lorsque les accouplements entre deux individus de la génération G0 se font au hasard : Gamètes mâles po(A) + qo (a) Gamètes femelles po (A) + qo (a) - Génération suivante G1 = résultat de deux tirages au sort indépendants, l'un parmi les gamètes mâles, l'autre parmi les gamètes femelles (croisement au hasard=panmixie). Fréquences génotypiques Gamètes mâles ou femelles A ( p0) a (q0) A (p0) AA p02 Aa (p0q0) a (q0) Aa (p0q0) aa (q02) 6 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI Fréquences géniques : pour l’allèle A Pour l’allèle a p1 = po2 + poqo q1= qo2 + poqo = po (po+qo) = qo (po+qo) = po x 1 = qo x 1 p1= po q1 = qo Conclusion : D’une génération à la suivante: Fréquences alléliques constantes Fréquence génotypiques constantes p2AA , 2pq Aa , q2 aa. Dans une population théorique idéale : les fréquences alléliques et les fréquences génotypiques restent stables de génération en génération. Les fréquences génotypiques sont déterminées à partir des fréquences alléliques par une relation simple qui correspond au développement du binôme (p+q)2 dans le cas d'un locus à deux allèles, A de fréquence p et a de fréquence q, soit les fréquences génotypiques : p2AA , 2pq Aa , q2 aa. Relation entre fréquences alléliques et fréquences génotypiques 7 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI Cas d’un gène à multiallèlique La loi de Hardy-Weinberg s'applique également à des gènes multiallèlique. L'équilibre correspond alors à l'association aléatoire des différents allèles pour former les génotypes dont la fréquence reste stable de génération en génération. Un locus à n allèles A1 , A2 , A3 , ....An, il y aura en théorie (n(n+1))/2 génotypes différents dans la population. Si les fréquences de ces différents allèles sont respectivement p1, p2, p3, ...pn, les fréquences des différents génotypes seront données par le développement de (p1+ p2+ p3,+...+ pn)2 Fréquences génotypiques pour un locus à n allèles P12 A1A1 p22 A2A2 p32 A3A3 Pn2 AnAn 2p1p2 A1A2 2p1p3 A1A3 2p2p3 A2A3 2p1pn A1An 2p2pn A2An 2p3pn A3An etc.. Exemple : Les groupes sanguins du système ABO gérés par 3 allèles IA, IB et IO avec les fréquences respectives p,q et r. Les fréquences d’équilibre sont : A (p I +q IB + r IO) 2 = p2 IA IA + 2pq IAIB + q2 IB IB + 2pr IAIO+ r2 IOIO + 2qr IBIO Remarque : Lorsqu'un gène se présente sous forme multiallélique, la fréquence à l'équilibre des hétérozygotes H peut dépasser 50%, et elle est d'autant plus élevée que le nombre d'allèles est important. L'hétérozygotie maximale est atteinte lorsque tous les allèles ont même fréquence et sa valeur est Hmax= 1- 1/n où n est le nombre d'allèles 4-2 Cas des facteurs liés au sexe Sexe homogamétique : femme XX chez les mammifères, certains insectes dont la drosophile ; mâle ZZ chez certains crustacés et papillons. - Sexe diploïde pour ce chromosome. - Sexe détient pour les gènes concernés les 2/3 du pool génétique. Sexe hétérogamétique : il porte deux chromosomes sexuels différents (ou un seul) mâles XY chez les mammifères, femelles WZ chez les crustacés et papillons. 8 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI - Sexe est haploïde pour ce chromosome. - Sexe détient 1/3 seulement du pool génétique 4-2-1 Cas fréquences alléliques identiques chez les 2 sexes pm =pf = p et qm= qf = q La loi de Hardy-Weinberg s'applique au sexe homogamétique et les fréquences génotypiques dans le sexe hétérogamétique sont directement déduites des fréquences alléliques. Un gène porté par X et présentant 2 allèles A et a de fréquences p et q. Les fréquences génotypiques dans chacun des deux sexes pour une population à l'équilibre seront : La fréquence de l’allèle récessif chez le mâle est la racine carrée de la fréquence du même caractère chez la femelle. Le phénotype récessif est beaucoup plus fréquent dans le sexe hétérogamétique que dans le sexe homogamétique. Fréquences génotypiques à l’équilibre Femme (XX) Homme(XY) A A 2 X X =p XAY = p XAXa = 2pq XaXa = q2 XaY = q Exemple: Daltonisme chez l'homme qui est dû à une mutation récessive sur un gène porté par X. En Europe : - La fréquence de l'allèle récessif est de l'ordre de q = 0,04. - L'anomalie est fréquente chez les hommes XaY ( q = 4%) mais très rare chez les femmes XaXa (q2 = 0,16%). - La fréquence des hétérozygotes est élevée chez les femmes (2pq = 8%). - Les femmes Hétérozygotes ont une chance sur deux de transmettre l'anomalie à chacun de leurs descendants mâles. 4-2-2 Cas des fréq. alléliques différentes chez les deux sexes: pm ≠ pf et qm≠ qf - Chaque mâle XY reçoit un chromosome X de sa mère, donc les fréquences alléliques chez les mâles à la génération t correspondent aux fréquences alléliques chez 9 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI les femelles de la génération précédente t-1: f(A) : pm t = pf t-1 f(a) : qm t = qf t-1 - Chaque femelle XX reçoit un chromosome X de sa mère et un chromosome X de son père donc les fréquences allèliques chez les femelles à la génération t correspondent à la moyenne des fréquences alléliques des deux sexes de la génération précédente t-1 : f(A): pf t = (pm t-1+pf t-1)/2 f(a): qf t = (qm t-1+qf t-1)/2 - Dans toute la population, lorsqu'il y a autant de mâles que de femelles, les fréquences alléliques globales des allèles A et a sont les moyennes de la fréquence de ces allèles dans les deux sexes pondérées par leurs contributions relatives soit les coefficients 1/3 e t 2 / 3. fréq.(A): p = 2/3 pf + 1/3 pm. fréq.(a): q = 2/3 qf + 1/3 qm. - Si la proportion des sexes est inégale, la pondération tient compte des effectifs Nm des mâles et Nf des femelles : fréq.(A): p = (pm.Nm + 2.pf.Nf)/ (Nm + 2Nf) Remarque Dans le cas de l’hérédité lié au sexe, l’équilibre génétique résultant de l’accouplement au hasard n’est pas atteint en une génération comme dans le cas des facteurs autosomiques Exemple : population qui n’a jamais été en équilibre ou qu’elle l’a perdue 3/6 AA, 2/6 Aa, 1/6aa. Cette population n’est pas en état d’équilibre car sa composition ne correspond pas à la distribution p2 AA, 2pq Aa, q2 aa f(A) = p = 3/6 + 1/2 x(2/6) = 2/3 f(a) = q = 1/6 + 1/2 x(2/6) = 1/3 Une génération d’accouplement au hasard suffira à établir l’équilibre génétique. (2/3 A + 1/3 a)2 = 4/9 AA + 4/9 Aa + 1/9 aa Si le gène étudié était lié au sexe, la recombinaison en paire de chromosome X ne se fait pas entièrement au hasard, un mâle reçoit son chromosome X de sa mère et ne le transmet qu’à ses filles. Donc l’égalité des fréquences alléliques n'est obtenue que progressivement (contrairement aux caractères autosomaux) après plusieurs générations de croisements panmictiques. 10 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI 5- Facteurs affectant l’équilibre génétique Changement des fréquences d’équilibre avec changement des fréquences géniques Dans la nature, les populations ne sont jamais génétiquement closes. Elles s'écartent toujours des conditions théoriques idéales. Les populations subissent l'apport de nouveaux allèles soit par mutation, soit par migration, soit par sélection. Ces facteurs induisent une variation des fréquences géniques et en même temps naturellement les fréquences d’équilibre dans les grandes populations : microévolution. 5- 1 Mutation La mutation est la source des variations dans une population. Son apparition rompt l’équilibre génétique de la population. Exemple: Taux de mutation pour des caractères différents chez des espèces différentes. espèce Caractères maladies (pays) taux de mutation mutation reverse Homme Hémophilie A 5,7 10-5 _ Bitter et al. Hémophilie B 3 10-6 _ Bitter et al. Myopathie de 10,5 10-5 _ Gardner- Auteurs 11 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI Duchène (GB) souris Medwin Myopathie de Duchène (Pol) 4,6 10-5 _ Schlager & Dickie 71 non agouti 4,5 10-5 4,2 10-6 Schlager & Dickie 71 albinos 3,3 10-5 Schlager & Dickie 71 2 catégories de mutation : - mutation primaire : Transformation de l’allèle sauvage d’un gène en allèle muté. A--------------- > a - mutation reverse: fait revenir l’allèle muté à la forme sauvage. a --------------- > A Sous l’action des mutation primaires la f(A) va diminuer et f(a) va augmenter et après plusieurs générations l’allèle A va disparaître. Cependant dans les conditions naturelles, la mutation directe est généralement accompagnée par la mutation reverse. Lorsque dans une population ces forces opposées entre en action, il y a production d’un nouvel état d’équilibre qui est déterminé seulement par le taux de mutation en cause. u : est le taux de mutation de A en a v : est le taux de mutation de a en A p0 et q0 sont les fréquences alléliques de A et a à la génération G0. Les fréquences p1 et q1 de ces allèles à la génération G1 seront les suivantes : f(A): p1 = p0 - u p0 + v q0 f(a): q1 = q0 - v q0 + u p0 La variation ∆p de la fréquence de l'allèle A entre les générations G0 et G1 est = nombre d’allèle A produit par la mutation de a (vq0) - nombre d’allèle A muté en allèle a (u p0). ∆p = p1 - p0 ∆p = v q0 - u p0 La variation ∆q de la fréquence de l'allèle a entre les générations G0 et G1 est = nombre d’allèle a produit par la mutation de A (up0) - nombre d’allèle a muté en allèle A (vq0). Sachant qu’il se produit des mutations reverses, la population ne deviendra jamais 12 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI homozygote quant à l’un des 2 allèles. Elle atteindra un point d’équilibre lorsque le nombre de mutation de A en a sera égal au nombre de mutation de a en A. A l’équilibre : Sachant que ∆p = v q0 - u p0 ∆p = o donc v qe = u pe v qe = u pe v qe = u (1 – qe) donc u = v qe + u qe u = qe ( v + u) donc qe = u / (v + u) pe : la fréquence de l’allèle A au point d’équilibre. qe : la fréquence de l’allèle a au point d’équilibre. Sachant que ∆q = u p0 - v q0 ∆q = o donc v qe = u pe v (1 - pe) = u pe donc v = v pe + u pe v = pe ( v + u) donc pe = v/ (v + u) La valeur des fréquences alléliques à l'équilibre dépend uniquement des taux de mutation. Exemple : f(A) = p0 = 0,8 ; f(a) = q0 = 0,2 v = 10-5 ; u = 4.10-5 (taux de mutation primaire quatre fois plus élevé que celle de la réversion). pe = v/ (v + u) qe = u / (v + u) On atteint un état d’équilibre dans lequel il n’y aura plus aucun changement dans les fréquences des allèles p e = 0, 2 qe = 0,8 - Les valeurs de pe et qe sont très différents des valeurs initiales p0 et q0. - Les valeurs de pe et qe seront atteintes après plusieurs générations. En une seule génération, la variation de la fréquence des allèles est très faible : ∆p = v q0 - u p0 ∆p = (1x10-5) x 0,2 – (4 x 10-5) x 0,8 ∆p = - 3.10-5 p1 = p0 + ∆p p1 = 0,8 + (-3.10-5) don p1 = 0,79997 13 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI q1 = 1 – p0 donc q1 = 0,20003 Le processus de mutation a très peu d’effet sur la réserve génétique puisque la variation des fréquences alléliques qu'il induit est extrêmement faible voir indétectable à l'échelle de quelques dizaines voire quelques centaines de générations. Les taux de mutation sont beaucoup trop faibles pour qu’il puisse exister une corrélation entre le taux de mutation et la vitesse de l’évolution. La majeure partie de la variation héréditaire qui à chaque génération est soumise à l’action de la sélection naturelle est fournie par la recombinaison de facteurs héréditaires préexistants La vitesse de l’évolution dépend donc beaucoup plus du taux de recombinaison que des taux de mutation. 5- 2 La migration Dans la nature, les populations d'une même espèce ne sont pas génétiquement isolées. Il se produit à chaque génération des échanges d'adultes, mais aussi d'embryons (graines chez les plantes), de pollen, ou de gamètes (animaux aquatiques). La migration a pour conséquence l’introduction dans la réserve des gènes d’une population de nouveaux allèles, Flux génique, apportés par des individus extérieurs qui s’interfécondent avec cette population d’origine. La migration peut donc changer les fréquences géniques lorsque celles des populations qui fournissent les immigrants diffèrent de celles qui les reçoivent. Modèle Insulaire 14 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI Le modèle insulaire de migration est celui où les échanges d'individus s'effectuent dans un seul sens avec un flux de gènes unidirectionnel entre une population 1 de grande taille et une population 2 de petit effectif . La nouvelle fréquence de A à la génération suivante G1 après l'arrivée de m migrants sera: p1 = (1 - m) pr + m pm (1 - m)pr:contribution faite par la population qui reçoit. mpm: contribution faite par les migrants. La variation de la fréquence allélique ∆p de l'allèle A entre ces 2 générations sera a l o rs : ∆p = p1 – p0 = (1 - m) pr + m pm – pr ∆p = m (pm – pr) La variation des fréquences alléliques est donc proportionnelle au flux migratoire m et à l’écart des fréquence entre les deux populations. De G0 à G1: ∆p = m (pm - p0 ) De Gt à Gt+1 ∆p = m (pm – pt ) L'équilibre pe (ou qe) sera atteint lorsque ∆p = 0 : lorsque les fréquences alléliques dans la population qui reçoit de nouveaux individus (l'île) seront les 15 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI mêmes que celles de la population immigrante (le continent). pe= pm qe= qm Après t générations de migration, il y a une proportion (1-m)t d'individus résidents, où la fréquence de A est p0, et 1-(1-m)t migrants, où la fréquence de A est pm. La fréquence allélique à la génération t dans l'ensemble de la population s e ra : pt = (1-m)t p0 +(1-(1-m)t ) pm C'est-à-dire : pt = (1-m)t (p0 -pm ) + pm Lorsque les deux sens de migrations existent, les fréquences des allèles dans les deux populations seront fonction des fréquences initiales et de leurs taux de migration respectifs. Conclusion peut effectuer des changements significatifs dans les fréquences la population qui reçoit, mêmes lorsque les différences des deux populations sont peu considérables, et que la migration est La migration des allèles de fréquences des modérée. La migration a pour effet d’uniformiser les fréquences géniques des populations locales et de réduire d’autant la différenciation à l’intérieur de l’espèce La migration peut amplifier un effet de sélection naturelle, ou au contraire en réduire l’impact en réintroduisant des gènes éliminés par la sélection naturelle. 5-3 La sélection On entend par sélection naturelle un couple formé par un complexe de facteur de milieu et une population locale d’une espèce. les complexes de F. M.: le froid – la chaleur – la sécheresse – l’humidité – la compétition – les prédateurs – les parasites, qui favorisent ou défavorisent le bien être de la reproduction chez les membres de la population. La population locale : formée de membres qui n’ont pas tous la même hérédité. Le génotype total de certains convient au complexe de facteurs qui constituent le milieu et fera qu’ils se porteront et se reproduiront bien dans ce milieu. Le génotype d’autres membres de la pop., au contraire, ne convient pas à ces conditions de milieu et nuira à des d° divers à leur survie ou à leur reproduction. L’aptitude relative d’un individu dépend des conditions de l’environnement 16 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI puisque, si ces conditions changent l’aptitude relative des différents génotypes peut varier. 5 -3 -1 Processus d’évolution adaptative a- Valeur adaptative = Fitness = valeur sélective - Nombre de descendants viables et fertiles que produit en moyenne chaque individu de génotype bien déterminé à la génération suivante. - Performance d’un génotype = Capacité à participer à la génération suivante. Performance d’un génotype = Survie X fécondité Formalisation algébrique : L’aptitude d’un génotype ou Fitness absolue est symbolisée par W L’aptitude relative d’un génotype ou Fitness relative est symbolisée par ω ω=W/Wmax Wmax : la plus forte valeur de fitness absolue observée dans une population. Pour un génotype qui n’aura pas de descendance ω =0 Pour un génotype dont l’aptitude relative est forte, ω = 1 L’aptitude relative est caractérisée par le coefficient de sélection S, qui donne l’aptitude d’un mutant par rapport à celle du type sauvage. ω=1–S ω: le d° d’avantage d’un génotype. S: le d° de désavantage d’un génotype. b- Calcul de fitness absolue Génotype AA Aa aa Fitness absolue WAA WAa Waa 17 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI c- Détermination du coefficient de sélection Fitness relative ω = W / Wmax a ve c 0 < ω < 1 Dans le cas d'un gène à 2 allèles A et a : ωAA = WAA / Wmax ωAa = WAa / Wmax ωaa = Waa / Wmax s=1-ω ωAA = 1 - s pour AA ωAa = 1- s pour Aa ωaa =1-s pour aa Fitness relatives des différents génotypes Génotypes AA Aa aa Fitness absolue wAA= 1,125 wAa= 1 waa=0,5 18 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI Fitness relative ωAA=1,125/1,125 ωAA=1 ωAa=1 /1,125 ωaa=0,5/1,125 ωaa =0,44 ωAa=0,89 Coeff de sélection sAA = 0 sAa =0,11 saa=0,56 5-3-2 Modèles du mode d’action de la sélection ( Wrigh 1968 –1978), Fischer 1930),Holdane (1924 – 1932) Les modèles proposés ci-dessous ne prétendent pas décrire la réalité mais sont propre pour aider à imaginer cette dernière. Un gène à deux allèles A et a où l'allèle A est totalement dominant sur l'allèle a. Le génotype aa est désavantagé (on dit aussi contre-sélectionné). Les génotypes AA et Aa ont donc les mêmes performances car ils présentent le même phénotype [A]. a- Sélection contre l'homozygote récessif Pour l’allèle a, il s’agit soit: - all. létale récéssif et dans ce cas s = 1 -all.sublétal récessif et dans ce cas 0 < s < 1 Dans ce cas de sélection, on supposera que la différence de fitness est uniquement due à une plus faible survie du génotype aa qui subit un coefficient de sélection s. Les valeurs de fitness relatives des différents génotypes peuvent alors être notées : Génotypes AA Aa aa Aptitude ωAA=1 ωAa=1 ωaa =1 - s Dans une population qui se reproduit au hasard (panmixie) Les fréquences des allèles A et a sont respectivement p et q. Les fréquences génotypiques avant l'action de la sélection suivent la loi de Hardy-Weinberg. 19 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI Après l'action de la sélection, ces fréquences génotypiques seront modifiées car une partie des individus de génotype aa ne survivront pas jusqu'à la phase adulte. Les fréquences génotypiques chez les adultes ne suivront donc plus la loi de Hardy-Weinberg et les fréquences alléliques vont varier entre le stade juvénile et le stade adulte. Ces variations peuvent être calculées de la façon suivante : Génotypes AA Aa aa Fréquence avant sélection p2 2pq q2 Adaptation ωAA=1 ωAa=1 ωaa =1-s Fréquence après sélection p2 2pq q2(1-s) avec p2 + 2pq + q2(1-s) = 1 - sq2 Les nouvelles fréquences génotypiques parmi les survivants seront après sélection : Génotypes AA Aa aa Fréquences après sélection p2 /1-sq2 2pq/1-sq2 q2(1-s)/1-sq2 La nouvelle fréquence allélique pour a devient : q1 = f(aa) + 1/2 f(Aa) q1= (q2(1- s) + pq)/(1-sq2) La variation de fréquence allélique ∆q de l'allèle a entre deux générations successives est donc : ∆q = q1 – q0 ∆q = (- spq2)/(1-sq2) ∆q = (- spq2)/(1-sq2) Sachant que 0 < s, p, et q < 1 donc: - ∆q < 0 : la fréquence de l'allèle a ne cesse de diminuer au cours des générations sous 20 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI l'effet de la sélection. - ∆q=0 * Lorsque q=0, c'est-à-dire lorsque que l'allèle a sera complètement éliminé de la population * Lorsque p= 0 et q=1 c'est-à-dire que l’allèle A sera totalement absent dans la population ∆q = (- spq2)/(1-sq2) - plus la valeur de s est forte plus la valeur absolue ∆q est élevée - plus la valeur de q est faible plus la valeur absolue ∆q est faible ce qui implique que la diminution de la fréquence de l'allèle a par sélection est d'autant plus faible que la fréquence de a est faible. L'ensemble de ces résultats peut être illustré par l'évolution de la fréquence de l'allèle a au cours des générations qui a la forme suivante : Exemple de sélection contre l'homozygote récessif : Cas de l’élevage de la drosophile au laboratoire. La figure ci-dessous illustre la sélection qui s'exerce contre l'allèle vestigial des drosophiles. b- Sélection contre un allèle dominant Les génotype AA et Aa sont désavantagés. Le génotype aa ne change pas de performance. Pour l’allèle A, il s’agit soit: - al. létal dominant et dans ce cas s = 1 - al. sublétal dominant et dans ce cas 0 < s < 1 Génotypes AA Aa aa Aptitude ωAA=1- s ωAa=1- s ωaa = 1 21 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI Dans une population qui se reproduit au hasard (panmixie) Les fréquences des allèles A et a sont respectivement p et q. Les fréquences génotypiques avant l'action de la sélection suivent la loi de Hardy-Weinberg. Après l'action de la sélection, ces fréquences génotypiques seront modifiées car une partie des individus de génotype AA et Aa ne survivront pas jusqu'à la phase adulte. Les fréquences génotypiques chez les adultes ne suivront donc plus la loi de Hardy-Weinberg et les fréquences alléliques vont varier entre le stade juvénile et le stade adulte. Ces variations peuvent être calculées de la façon suivante : Génotypes Fréquence avant sélection Adaptation Fréquence après sélection AA Aa aa p2 2p q q2 ωAA = 1 - s ωAa= 1 - s ωaa =1 p2 ( 1 – s ) 2p q ( 1 – s ) q2 avec p2(1-s) + 2pq (1-s) + q2 = 1- sp (2 – p) Les nouvelles fréquences génotypiques parmi les survivants seront après sélection : Génotypes Fréquences après sélection AA Aa aa p2 ( 1 – s ) / 2pq(1-s)/ q2 / 1- sp(2 – p) 1- sp(2– p) 1- sp(2– p) 22 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI La fréquence de l’allèle A : p1 = p2(1-s)/1- sp(2 – p) + pq(1-s) / 1- sp(2 – p) p1 = p – sp / 1- sp(2 – p) La variation de la fréquence de l’allèle A : ∆p = -sp(1 – p ) 2/ 1- sp (2 – p) c- Sélection contre les 2 homozygotes Cette situation est produite lorsque la coéxistence de deux allèles chez les héterozygotes produit de l’hétérosis (surdominance). Les hétérozygotes sont adaptativement supérieurs aux homozygotes. Génotypes AA Aa aa Fréquence avant sélection p2 2pq q2 Adaptation ωAA = 1 - sA ωAa= 1 ωaa =1 - sa Fréquence après sélection p2 ( 1 – sA ) 2pq q2 (1 – sa) - La fréquence totale après sélection n’est plus égale à 1 mais elle est de : p2(1- sA) + 2pq + q2 (1- sa) = 1- sA p2- sa q2 - La fréquence de l’allèle a après une génération de sélection est : q1 = pq + q2 (1 – sa) / 1-sAp2- saq2 q1 =q (1 – saq) / 1-sAp2- saq2 - La variation de la fréquence de l’allèle a entre deux générations est : ∆q = q1 – q = q(1- saq) / 1 - sAp2 - saq2 – q ∆q = pq (sA p – sa q)/ 1 - sAp2 - saq2 Remarques si sAp > saq donc ∆q > 0et la fréquence de a ↑ si sAp < saq donc ∆q < 0et la fréquence de a ↓ 23 GENETIQUE DES POPULATIONS / Pr. H. BEKKARI si sAp = saq donc ∆q = 0et la fréquence de a est à un point d’équilibre qe : sA pe – sa qe = 0 donc qe= sA/ sA+sa de la même manière : pe = sa / sA + sa Lorsque la sélection assure aussi la permanence des hétérozygotes, elle est un gage de polymorphisme puisque les individus hétérozygotes Aa produiront des descendants de type AA, Aa, aa. BIBLIOGRAPHIE 1- Principles of Population Genetics, 2nd edition - Hartl D. & Clark A. Sinauer Associates, inc. – 1989. 2- Quantitative genetics, 4th edition - Falconer & Mackay - Longman – 1996. 3- Cours génétique des populations, F. Fleuyr, université Lyon1, gen-netpop.univ-lyon1.fr 24