Mémoire prospective et planification de l’action dans la schizophrénie : apport de l’évaluation écologique Gaston-Bellegarde A1,2,3,4, Prost Z2,3, Rigaut B2,3, Allain P5, Amado I 2,3, Piolino P1,2,6 1 Laboratoire Mémoire et Cognition, Institut de Psychologie, Université Paris Descartes 2 3 Centre de Psychiatrie et Neurosciences - Inserm U894 Centre Référent en remédiation Cognitive et Réhabilitation Psychosociale, Centre Hospitalier Sainte-Anne 4 Unité Fonctionnelle Vision et Cognition, Fondation Ophtalmologique Rothschild 5 Laboratoire de Psychologie des Pays de la Loire, Université d’Angers 6 Institut Universitaire de France Objectifs de l’étude Parmi les troubles présents dans la schizophrénie, les troubles exécutifs, et plus précisément l’altération des capacités d’organisation et de planification, ont été très étudiées avec des tâches classiques. Mais peu d’études s’y sont intéressées via des tâches écologiques. Pour combler cette carence, nous évaluons, de façon écologique, la mémoire prospective et les capacités de planification chez des personnes atteintes de schizophrénie (SCZ) en comparant les résultats obtenus en tâches réelles, tâches de réalité virtuelle (RV) ainsi qu’en tâches neuropsychologiques classiques. La mémoire prospective se définit par la capacité à se souvenir d’entreprendre et d’exécuter, au moment approprié, une action qu’on avait prévu d’accomplir. Ses liens avec les capacités de planification sont importants : la mémoire prospective exige qu’une action planifiée soit exécutée à chaque fois que les circonstances remplissent les conditions. Matériel et méthode L’échantillon est constitué de 14 sujets sains (SC) et de 8 patients souffrant de schizophrénie (critères du DSM-IV) recrutés à l’hôpital Sainte Anne. Ils sont âgés de 25 à 43 ans et sont stabilisés sur le plan clinique et pharmacologique depuis au moins trois mois. Une batterie de tests neuropsychologiques évaluant la mémoire épisodique, l’attention, la mémoire de travail, la vitesse de traitement et les fonctions exécutives a été administrée. Tests écologiques de planification et de Mémoire Prospective Figure 1. Le test des errances multiples en environnement réel réalisé dans le quartier de Sainte – Anne à Paris Le test de commission en environnement réel est réalisé dans le quartier de St-Anne (figure 1). Le test du zoo en virtuel (figure 2) est adapté du zoo map test issu de la BADS de Wilson et al., 1996 et le test de mémoire prospective en réalité virtuelle (figure 3) sont présentés ci-dessous. La tâche de MP en réalité virtuelle consiste à se déplacer à l’aide d’un joystick dans une ville virtuelle. Le sujet doit encoder 16 actions à effectuer, ainsi que leur indice prospectif. Les items peuvent être event-based ou time-based. Le sujet doit alors respectivement, marquer un arrêt au bon endroit ou au bon moment et l’énoncer. Figure 3. Image extraite du test de mémoire prospective en réalité virtuelle (Lab. Mémoire et Cognition, Université Paris Descartes) Figure 2. Image du Zoo virtuel testant la mémoire prospective (P. Allain, Université d’Angers) Résultats Figure 4. Nombre d'actions réussies event-based et time-based dans la tâche de mémoire prospective en RV entre le groupe de patients SCZ et les participants contrôles Figure 5. Nombre d'erreurs dans les tests écologiques de planification (situation réelle et Zoo virtuel) entre le groupe de patients SCZ et les participants contrôles Au niveau de la mémoire prospective, les patients avec schizophrénie ont des scores plus échoués (figure 4), en actions event-based comme en actions time-based. Concernant les tests de planification écologiques (figure 5), le zoo virtuel montre que les patients avec schizophrénie commettent plus d’erreurs de sortie du parcours et ont un nombre total d’erreurs supérieur aux participants contrôles. De plus, le test en environnement réel montre que les patients avec schizophrénie réalisent significativement plus d’erreurs de rupture des consignes et d’erreurs totales que les participants contrôles. Conclusion Les patients souffrant de schizophrénies font plus d’erreurs que les participants contrôles dans les tâches écologiques en Réalité Virtuelle (Zoo et ville virtuelle) et en Réel. Ces tests sont plus sensibles que les tâches neuropsychologiques classiques. Cette étude montre l’importance d’une évaluation en réalité en virtuelle qui met en jeu de nombreux processus cognitifs afin d’évaluer les capacités de planification au plus proche de la vie réelle (Brooks et al, 2004 ; Plancher, Barra, Orriols et Piolino, 2012 ; Caletti et al, 2013). Cela ouvre de nouvelles perspectives de remédiation cognitive. Un essai est en cours à l’hôpital Sainte-Anne. Remerciements Fondation Pierre Deniker - Institut Universitaire de Psychologie Paris Descartes - Institut de Psychiatrie - Eric Orriols Impression reprographie Université Paris Descartes