22 Horizons Dialogues Crispations Médiatrice Véronique Maurus P esez à doses égales, une mesure d’identité nationale, une de burqa, ajoutez une louche d’immigration sauvage, une pincée de mariage gris et saupoudrez largement de minarets suisses. Mélangez bien, chauffez doucement puis ajoutez un doigt de laïcité positive. Vous obtenez un beau brouet de crispations, prêt à servir en toutes occasions – élections, crises, sondages adverses, etc. La recette est classique mais elle marche, y compris auprès de nos lecteurs. En témoignent leurs critiques tous azimuts après la votation suisse sur les minarets. Pêle-mêle, conservateurs, féministes, chrétiens et laïques, sans oublier les Suisses ni les démocrates déçus du référendum européen, tous à un titre ou à un autre s’insurgent contre notre traitement de l’événement, jugé au mieux trop « politiquement correct», au pire méprisant pour le lecteur. A l’amalgame des crispations répond l’amalgame des reproches – aussi fournis qu’hétéroclites. Premier grief, l’élitisme. «La démocratie, c’est d’abord la loi de la majorité dans un vote libre, ai-je appris de Rousseau. Il semble que les choses aient changé. Quand la réponse ne plaît pas, l’élite – Le Monde – lâche le mot : populisme, et tout est dit. C’est un peu court », réagit Bernard Clapies (Blaesheim, Bas-Rhin), après l’article titré « Les populistes européens inspirés par le vote suisse », du 2 décembre. Carles du Bourg (Paris) renchérit: « Votre éditorial, marqué par l’idéologie de l’antiracisme, manque de réalisme et de mesure. Une chose est certaine: la religion musulmane dès qu’elle est majoritaire quelque part impose sa loi bien au-delà du cercle de ses adeptes. D’autre part, il y a parmi les musulmans une petite minorité de fous furieux. C’est prendre les gens pour des imbéciles que de penser qu’ils mélangent tout et notamment cette réalité avec la situation des immigrés et leur droit à pratiquer leur religion. C’est vous qui mélangez tout. » Les lecteurs les plus fidèles, comme Courrier Spécial islam et Europe L’enjeu des minarets Le peuple suisse a refusé, par votation, que les mosquées édifiées dans le pays comprennent des minarets. Juger si la décision est l’expression de la sagesse ou au contraire de préjugés racistes ne saurait constituer la réflexion dominante. L’essentiel réside, en effet, en l’expression souveraine du peuple via la consultation directe. Les menaces de boycottages financiers et commerciaux, de désordres publics et d’actes de terreur divers proférés notamment par certains chefs d’Etat et de gouvernement de pays membres de la Ligue arabe et de la Conférences des Etats islamiques contreviennent à la souveraineté helvétique et aux principes organiques contenus en la Charte des Nations unies. Ils laissent perplexes. Ces mêmes Etats prompts à critiquer la Suisse disposent de législations particulièrement restrictives à l’égard de leurs citoyens non musulmans et de l’édification de leurs lieux de culte. Burak Bekdil, chroniqueur au quotidien turc Hürriyet, rédigeait récemment un article dans lequel il indiquait qu’en Turquie « ceux qui osent critiquer l’islam politique se retrouvent derrière des barreaux. » Nedim Gürsel, écrivain turc de renommée internationale, vient, à cet effet, d’être condamné en première instance pour atteinte à l’intégrité de l’islam. Au-delà des légitimités de chacun, toute cette agitation ne peut qu’inquiéter les démocrates du monde entier. Pierre Saba Paris Quels signes extérieurs ? Dans son édition du 2 décembre, Le Monde écrit que « se pose la question: burqa, mosquées, minarets, jusqu’où les Européens sont-ils prêts à accepter les signes extérieurs de l’islam ?». Cette question me paraît mal formulée. Si, en effet, les mosquées et (dans une certaine mesure) les minarets sont bien des « signes extérieurs de l’islam» et devraient, à ce titre, être acceptés sans réticence par les Européens, en revanche la burqa est un « signe extérieur» non pas de l’islam, mais de l’islamisme (encore appelé intégrisme ou fondamentalisme), qui est en quelque sorte à l’islam ce que le gauchisme est à la gauche ou le fascisme à la droite, et que, pour autant que je sache, les musulmans rejettent dans leur très grande majorité. René Martin Antony (Hauts-de-Seine) Argent et religion Les résultats du référendum suisse sur les minarets sont doublement inquiétants: en ce qu’ils expriment de permanence de l’intolérance religieuse dans une société civilisée et ouverte par certains côtés, et aussi parce qu’on peut se demander si ces résultats seraient différents dans nombre de pays européens, dont la France… Mais ils incitent aussi à faire une suggestion à nos voisins suisses: « Pourquoi n’organiseriez-vous pas un référendum portant sur la question de savoir si la Suisse doit ou non continuer d’accueillir dans ses banques l’argent provenant de pays musulmans? » On me répondra que l’argent n’a pas de connotation religieuse (sauf pour le dollar peut-être), et que la Suisse a tou- jours su se montrer accueillante vis-à-vis de l’argent étranger, d’où qu’il vienne et quelle que soit la façon dont il a été obtenu. Néanmoins, je pense qu’un tel référendum aiderait les Suisses, et par ricochet les autres nations, à réfléchir à la cohérence de leurs sentiments à l’égard de l’argent d’une part et de la religion de l’autre. Jacques Dupront L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) Guillaume Tell Nous avions déjà le combat de Don Quichotte contre les moulins, nous avons maintenant celui de Guillaume Tell contre les minarets. Aussi mal ciblées que celles des Américains après le 11-Septembre, ces représailles du peuple suisse visaient en fait le comportement odieux du fils Kadhafi sur son territoire, et les excuses humiliantes faites à son père par les hautes autorités politiques de l’Etat pour faire plaisir à quelques banquiers. Ce sont aussi ces gens-là que cette votation a voulu sanctionner. Paul Vincent Paris 0123 Samedi 12 décembre 2009 Jean-François Hagnéré (Creutzwald, Moselle), contestent au même titre le dossier sur la Suisse, publié dans l’édition du 3 décembre : « Vous demandez leur avis à quatre intellectuels suisses. Comme par hasard, ils vont tous dans le même sens, celui du politiquement correct… Est-il sain et raisonnable de se mettre ainsi la tête dans le sable? » Idem pour Damien Le Goaziou (Gosier, Guadeloupe): « Que Le Monde n’imagine pas que ceux qui ne pensent pas tout à fait comme lui, donc des milliers de gens, sont des racistes imbéciles. Je ne parviens pas à comprendre un titre tel que “Qu’arrive-t-il au modèle suisse ?”. J’ai déjà été gêné par le mépris du Monde pour le petit peuple, mais jamais à ce point. » A utre critique: les généralisations. «Rien de pire que de lire : “les Français, les Suisses, les hommes, les femmes”, etc. – généralisation qui faisait bouillir de rage Marguerite Yourcenar et qui n’est pas digne du Monde. Ecrivez une majorité de…», relève Jean-Pierre Massias (El Jadida, Maroc). Les Suisses justement (pardon !, une majorité de lecteurs suisses) plaident, logiquement, pour leur paroisse. «Je ne suis pas raciste, mais qu’on nous laisse tranquilles avec ces procès d’intention à l’encontre de nos droits les plus élémentaires de citoyen libre et souverain», écrit Nadine Sliti-Crausaz (Genève). «Dans leur grande majorité, les Suisses ne sont pas plus racistes que les Français, ajoute George Michel Bovay (Ferney-Voltaire, Ain). Une fois de vent considéré comme un palais quelconque. Presque 250ans plus tard, ce canton et République, se prononce en majorité contre le refus de la construction de minarets et prône ainsi la tolérance. Jochen Lang Pessac (Gironde) Réactions sévères Si j’avais été consulté, j’aurais répondu non à l’interdiction des minarets. C’est d’une part ma conception de la liberté, de la laïcité et, d’autre part, dans un Midi où les influences architecturales maures sont nombreuses, un minaret ne me choquerait pas. Ce faisant, je trouve les réactions à l’égard des Suisses sévères et démesurées. C’est leur liberté d’expression. A la décharge des Suisses, n’oublions pas qu’ils sortent à peine de l’affaire du fils Kadhafi. Nul doute que cette humiliation, venue d’Orient, a eu un impact sur le scrutin, même s’il s’agit d’un amalgame regrettable. Nul doute aussi que les résultats de cette votation résultent plus d’une réaction frileuse et protectrice par amalgame que d’une opposition à une religion. La faute à qui ? N’oublions pas que les relations tant individuelles qu’internationales sont régies par le principe de réciprocité. S’il appartient aux démocraties de promouvoir la liberté, il leur incombe de défendre la leur. Quand verra-t-on, par exemple, des émissaires gouvernementaux refuser de mettre un voile en terre musulmane ? Quand verra-t-on de grands groupes ne s’implanter que si leur personnel féminin conserve la liberté de vivre à l’occidentale et de sortir tête nue ? J’attends, qu’à défaut de condamner, le recteur de la Mosquée de Paris et le Conseil français du culte musulman déplorent les 50coups de fouet infligés, au Soudan, à une gamine de 16ans, chrétienne, pour port d’une jupe au genou. Tant que les modérés feront profil bas et resteront silencieux, laissant croire à leur acceptation ou leur vassalisation à l’extrémisme, vous aurez des scrutins de ce type. Christian Ricaud Montpellier Lueur d’espoir Dans la foulée de cette mauvaise nouvelle avec les commentaires de qualité variable, on oublie une petite lueur d’espoir, qui permet de croire à une évolution, lente bien sûr, comme il se doit en Suisse. En 1762, Genève, protestante calviniste, avait refusé la construction d’un clocher lors de l’érection d’une église protestante luthérienne, sise place du Bourg-du-Four. En effet, même la façade de ce lieu de culte n’avait eu le droit d’évoquer la présence d’une église et encore aujourd’hui ce bâtiment est sou- Rappels historiques Dans sa tribune publiée dans LeMonde du 9 décembre, le président de la République justifie le référendum d’initiative populaire suisse qui a interdit la construction de minarets, et se réfère aux «traditions d’ouverture, d’hospitalité et de tolérance» de la Suisse. Ces traditions existent et sont fortes ; mais elles coexistent avec d’autres traditions plus à même d’éclairer le récent référendum. Le parti qui a fait campagne pour l’interdiction avait aussi fait campagne plus, la gauche caviar française fait preuve d’angélisme, comme lors de la parution du livre de Samuel Huntigton, Le Choc des civilisations, dont la prospective se réalise aujourd’hui.» Quatrième sujet de désaccord : les victimes de l’islam intégriste. D’abord les femmes: «Le jour où mes amies musulmanes ne seront plus lapidées au moindre pantalon dépassant d’une burqa, alors là, oui, j’oserai critiquer la décision suisse», note, entre autres, Sabine Aussenac (Auch, Gers). Mais aussi les chrétiens: «J’aimerais qu’un éditorial du Monde s’élève avec autant de vigueur contre les exactions dont sont victimes les chrétiens dans les Etats musulmans. Pas plus tard que la semaine dernière, la patrie du grand mufti duCaire –lequel protestait contre la Suisse –, brûlait des églises coptes. Il est de notoriété publique que les chrétiens sont chassés peu à peu du Moyen Orient», proteste le Père François Genuyt (Lyon), tandis que le général Jean Salvan (Fiac, Tarn) demande: «Pourrait-on savoir combien d’églises, avec ou sans clocher, ont pu être construites dans le monde musulman depuis dix ans?» Les laïques ne sont pas en reste: «Je suis choquée par la formulation (dans les “Titres du jour” de l’édition en ligne) de la question: “L’islam est-il compatible avec les sociétés européennes?” Cela laisse entendre: une Europe chrétienne. La question est en fait celle des religions et de la laïcité en Europe. L’autre question est le fondamentalisme musulman – pas l’islam –, qui teste les sociétés européennes», remarque Edith contre les liens européens de la Suisse, contre son entrée aux Nations unies, et même contre son entrée au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale. Il n’est guère inspiré par un désir d’ouverture. Jadis, la Confédération helvétique fut un des derniers pays européens à accorder aux juifs la liberté d’établissement (en 1866, après avoir été obligée par le traité de commerce et d’établissement de 1864 d’accorder ce droit aux Français juifs), et la liberté de culte (en 1874). En 1893, le tout premier référendum d’initiative populaire interdit l’abattage rituel juif, après une campagne électorale aux motifs antisémites. Il y a une dizaine d’années, le gouvernement confédéral a essayé de faire rapporter cette interdiction ; voyant qu’il allait à l’échec, il y a finalement renoncé en 2002. Notons qu’au référendum de 1893 comme à celui de 2009, les cantons francophones de Genève, Vaud et Neufchâtel ont voté contre la majorité et pour la tolérance religieuse. Jean Baneth Paris Quelle logique ? Voici deux déclarations de ministres qui me font bondir. L’une de M.Estrosi, ministre de l’industrie, qui déclare: « Il n’y aura pas de minaret à Nice; il n’appartient pas à l’architecture française. » Est-ce que les colons français qui construisirent des cathédrales, entre autres, à Alger et à Saïgon se sont préoccupés de savoir si les clochers des églises appartenaient à l’architecture arabe ou indochinoise? L’autre de Mme Boutin, ex-ministre : «Les minarets symbolisent la terre d’islam et la France n’est pas terre d’islam. » J’en conclus donc que, si nous avons construit des cathédrales à Alger et à Saïgon, c’est que nous considérions l’Algérie et l’Indochine comme terres chrétiennes; logique, non ? Jean Aubry Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) Respect de la loi Avec raison, l’éditorial du 2décembre invoque, contre le «rejet ostensible» de l’islam, les principes européens et français. Il comporte cependant deux formules qui me semblent demander une précision: d’abord en parlant de «reconnaissance des religions », alors que la République «ne reconnaît aucun culte» ; ensuite en invoquant « le droit de pratiquer sa religion», qui n’est pas directement en jeu en l’espèce. Ce que la République, comme le Conseil de l’Europe auquel appartient la Suisse, « reconnaît », c’est des droits égaux aux religions qui respectent la loi. On ne saurait donc refuser aux musulmans remplissant cette condition des mina- Miquet (Wattignies, Nord), parmi beaucoup d’autres. Dernier motif de fâcherie : la démocratie directe – dont beaucoup de défenseurs n’ont pas digéré le référendum européen de 2005. «Vous rapportez beaucoup de réactions, étrangères ou suisses, préconisant un second vote, sous-entendu “correct”. Cela me rappelle le référendum sur l’Europe où, les résultats n’ayant pas été ceux prévus par certains décideurs politiques et médiatiques, il a fallu, après quelques mois, rectifier le tir – par un nouveau vote ou un tour de passe-passe. Le concept de démocratie n’en ressort pas indemne », regrette Jean-Marie Ribière (Poulx, Gard). Résultat: un tollé pluriel mais presque unanime si l’on exclut les lecteurs qui s’expriment sur le fond de l’affaire (lire ci-dessous) – non sur son traitement dans nos colonnes. Il ne nous appartient pas de commenter les valeurs défendues par le quotidien, taxées aujourd’hui à l’envi d’angélisme, d’élitisme ou d’aveuglement. Ni son droit à prendre position. Remarquons simplement qu’il serait prudent, à l’avenir, de limiter l’emploi du terme «populisme », qui, qualifiant une démarche politique, est faussement interprété comme une marque de mépris. Appelons un chat un chat et les partis «populistes » l’extrême droite. Evitons aussi les généralisations. Et pardon aux lecteurs suisses, involontairement blessés. p Courriel : [email protected] Droits et devoirs Impossible de ne pas rappeler à nos amis suisses, et aux Français qui auraient pu voter comme eux, que la laïcité donne des droits mais aussi des devoirs. Elle doit respecter les religions en leur permettant, entre autres, d’ériger des lieux de culte. Dès lors qu’ils sont construits par des financements non publics et licites. Cependant, il est temps que nos politiques rappellent d’autres principes qui éviteraient une dérive d’intolérance. Les citoyens ont du mal à comprendre certaines tergiversations. Exemple: le problème de la burqa ne nécessite pas une loi mais le rappel que toute personne présente sur le territoire français doit pouvoir être identifiée. Burqa, cagoule ou masque n’est pas acceptable sur l’espace public. Est-ce si difficile à dire? Guy Hébert Montpellier rets qu’ils veulent muets et relativement modestes. La hiérarchie catholique l’a bien compris, mais non le président. Il a déclaré en effet le 1er décembre devant des élus UMP que les gens, en Suisse comme en France, ne sont pas hostiles à la pratique de l’islam, mais «ne veulent pas que leur pays change, qu’il soit dénaturé». Barrès et Maurras ne sont pas loin: « enracinés» dans le « paysage», les clochers, donc le catholicisme, font partie de la « nature » de la France. Voilà qui éclaire, si l’en était encore besoin, le sens du débat sur l’identité «nationale » (un mot qui renvoie à « nature »). Marc Andrault Angers (Maine -et-Loire) C’est alors seulement que l’on aura l’impression que les extrémistes sont isolés et n’ont pas d’influence sur le plus grand nombre de musulmans. Une précision encore: les extrémistes, s’ils ne sont pas tous des terroristes, n’en tiennent cependant pas moins des propos souvent haineux à l’égard de nos sociétés, revendiquent constamment des mesures spécifiques pour la communauté musulmane qui ne sont pas compatibles avec nos lois ni nos usages. Il convient donc de ranger cela également dans des formes d’extrémisme sur lesquelles la communauté musulmane doit s’expliquer. Laurent Nicole Onex (Suisse) Une question de perception Principes ou identité ? Je suis étonné du caractère unilatéral des commentaires concernant le vote de la majorité des Suisses sur les minarets. S’il est vrai que la question a probablement donné à une majorité de mes concitoyens l’occasion de se prononcer non sur les minarets mais sur la perception de l’islam que l’on a en Suisse, il n’en demeure pas moins que cette perception n’est pas infondée. Si l’islam fait peur, il appartient avant tout aux musulmans de lever nos craintes en analysant les raisons de l’intégrisme islamique et en s’en distançant au moyen d’un débat interne mais public. Ainsi donc les Suisses ont décidé de ne plus construire de minarets… Si j’étais suisse, j’aurais réfléchi à deux fois : les Etats islamiques (en particulier les Etats du Golfe) pourraient peut-être eux décider de ne plus confier leurs avoirs aux banques suisses, qui perdraient ainsi le beurre et l’argent du beurre; et les pétrodollars s’envoleraient avec les minarets… Ce n’aurait même pas été une question de « principes»… ou d’identité! Le monde n’est plus ce qu’il était. Paule Khodabandeh Paris Nous publions ci-dessous une lettre parue dans Le Monde du 5 décembre dont, en raison d’un problème technique, tous les pourcentages étaient erronés. Nucléaire, autre point de vue Le point de vue de Benjamin Dessus dans la page Dialogues du 21 novembre sur le nucléaire n’est pas objectif. Oui, un Français et un Allemand consomment à peu près 1,4 t de pétrole par an puisqu’il sert surtout au transport et à l’habitat. De même, un Français consomme 8 177 kWh/an et un Allemand 7 437, qu’il paie deux fois plus cher qu’un Français. Mais en France 73 % proviennent du nucléaire et 13 % de l’hydraulique, en Allemagne 31 % du nucléaire et 51 % de la houille et du lignite, disponible et gratuit chez elle. Oui, sans ces richesses locales, la France devrait importer du pétrole (ou du gaz ou du charbon) si elle produisait moins de nucléaire. Si l’Allemagne fait un gros effort pour les énergies renouvelables, elle y est poussée par la quantité de CO2 qu’elle produit (10 tonnes par habitant et par an contre 6 en France). Et pourtant, elle continue à étendre ses mines de lignite à ciel ouvert autour de Cologne où un projet prévoit de déplacer 15 000 habitants! Denis Hemme Jouy-en-Josas (Yvelines)