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N°3 Septembre 2007
AVIS D’EXPERT
Uro-scanner et Lithiase Urinaire :
Nouveauté en 2007
➢ Dr Raphaële Renard-Penna Service de Radiologie,Hôpital de la Pitié, Paris
L
e scanner multi-détecteur ou
multi-barrette représente une
avancée technologique majeure qui a
totalement modifié l’exploration de
l’arbre urinaire. Ces scanners permettent une exploration de la totalité
de l’abdomen avec des coupes fines
(0.625-1.6mm), en moins de 15
secondes, en une seule apnée.
Un seul bolus de produit de contraste
iodé est nécessaire pour l’analyse du
parenchyme rénal aux différentes
phases de son rehaussement, ainsi que
pour l’étude des voies urinaires. Grâce
aux techniques de reconstruction bi ou
tridimensionnelle, ces scanners permettent l’obtention d’équivalents
urographiques prenant désormais une
part prépondérante dans l’exploration
de l’appareil urinaire et, en particulier,
pour l’exploration de la lithiase rénale.
Une des limites majeures de cette
technique est l’augmentation de
l’irradiation. Cependant, avec une
technique d’acquisition rigoureuse et
en adaptant les paramètres, l’uroscanner peut être réalisé avec un
surcroît modéré d’irradiation, la qualité
des informations fournies dans le cadre
du bilan pré-thérapeutique de la
lithiase rénale étant nettement
supérieure à celle d’une UIV. Il permet,
en plus de la caractérisation du calcul,
de donner une visualisation tridimensionnelle du calcul au sein des voies
excrétrices opacifiées.
L’examen s’effectue en deux temps :
Une acquisition sans injection de
produit de contraste sur les reins est
réalisée dans un premier temps. Dans
un souci de réduction des doses
d’irradiation et en particulier pour les
patients jeunes susceptibles de
nécessiter une imagerie récurrente,
cette acquisition doit être effectuée à
basse dose (< 100mAs) (Figure 1),
permettant ainsi de réduire de 25 à 42%
la dose d’irradiation. La restriction
principale est liée à la corpulence du
patient, ces examens à basse dose
n’étant pas réalisables pour des
patients de plus de 90 kg.
Le deuxième temps nécessite une
imagerie des voies urinaires. Pour
obtenir une opacification satisfaisante,
il faut obtenir une hyperdiurèse soit
par hyper-hydratation, soit par
utilisation d’un diurétique (le Lasilix‚
étant le plus fréquemment employé).
Des protocoles avec une double
injection sont particulièrement utiles
pour obtenir un temps mixte, néphro-
200 mAs (dose habituelle)
200 mAs (dose habituelle)
graphique et excrétoire, permettant
ainsi une évaluation combinée du
parenchyme rénal et des voies urinaires
(Figure 2). Pour cela, une première
injection est effectuée après la première
acquisition, puis une seconde injection
est réalisée environ 8 minutes après,
l’acquisition étant lancée 90 secondes
suite à cette réinjection. L’acquisition
doit être millimétrique, avec des doses
standards (en utilisant si possible une
modulation de dose). Des reconstructions tridimensionnelles en MIP
(maximun intensity projection) et VR
(volume rendering), afin d’obtenir une
représentation urographique des voies
urinaires, sont ensuite effectuées sur
les consoles de travail. Le fenêtrage
doit permettre de visualiser le calcul
au sein de l’urine diluée. L’uro-scanner
permet ainsi de localiser avec précision
le calcul, avec une visualisation
dynamique sur les reconstructions 3D
(Figure 3).
100 mAs (basse dose)
100 mAs (basse dose)
Figure 1 : TDM sans injection à basse dose centré sur les reins : analyse de la
densité des calculs
Fig 1 : TDM sans injection à basse dose centré sur les reins : analyse de la
densité des calculs
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AVIS D’EXPERT
Plan axial
Plan axial
Uro-scanner et Lithiase Urinaire :
Nouveauté en 2007
N°3 Septembre 2007
Reconstruction coronale
MIP
Reconstruction
coronale
(maximun intensity projection)
Figure 3 : TDM avec injection de proMIP (maximun intensity
duit de contraste et hyper-diurèse.
Visualisation
calculs
transpaFig
5
:
TDM
avec
injection dedes
produit
de par
contraste
et hyperprojection)
Fig 4 : TDM avec injection de produit de contraste, acquisition à un Visualisation
temps mixte, des rence
sein
des cavités au
opacifiées
calculsaupar
transparence
sein des cavités
néphrographique
et excrétoire.
Figure 2 : TDM avec injection
de produit de
contraste, acquisition à un temps
Analyse
du parenchyme
rénal et desAnalyse
voies urinaires
en une seule
acquisition
mixte,
néphrographique
et excrétoire.
du parenchyme
rénal
et des voies
urinaires en une seule acquisition
Le compte rendu doit détailler, dans
un premier temps, l’analyse du ou des
calculs, la taille et au mieux le volume
(longueur des branches en cas de calcul
coralliforme), la forme, la densité. Cette
analyse doit être effectuée en fenêtre
osseuse (Figures 4 et 5), cette dernière
permettant une meilleure visualisation
du caractère hétérogène des calculs qui
sont, le plus souvent, de composition
chimique mixte. Des images de
synthèse doivent être fournies avec
une représentation 3D du calcul.
Dans un deuxième temps, une analyse
Fenêtre standard
Fenêtre standard
précise de la voie urinaire doit être
effectuée. Toutes les anomalies
anatomiques des reins ou des voies
urinaires provoquant un ralentissement du flux, des urines doivent être
recherchées. Les ectasies tubulaires précalicielles (ou maladie de Cacci et Ricci)
constituent l’anomalie morphologique
la plus fréquemment responsable de
la formation de calculs.
Les diverticules caliciels, les calices
inférieurs à tige étroite sont le plus
souvent responsables de calculs
asympto-matiques. L’uro-scanner est
Fenêtre osseuse
Fenêtre osseuse
Figure 4 : TDM sans injection de produit de contraste. Aspect hétérogène des
calculs en fenêtre osseuse, étude des densités pour analyse de la composition
Fig 2 : TDM sans injection de produit de contraste.
chimique.
Aspect hétérogène des calculs en fenêtre osseuse, étude
des densités pour analyse de la composition chimique.
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très intéressant pour l’analyse des reins
ectopiques et tout particulièrement
pour les reins en fer à cheval, souvent
associés à une maladie lithiasique
(Figure 6). Dans ces cas très particuliers, une acquisition supplé-mentaire
au temps artériel est nécessaire pour
analyser la complexité du système
vasculaire et éliminer toute interposition vasculaire si un traitement par
NLPC est envisagé.
Cette acquisition unique après injection
à un temps mixte permet une bonne
analyse du parenchyme rénal au temps
néphrographique. La taille du rein est
précisée, ainsi que l’épaisseur corticale
et l’on recherche des signes de
surinfection, ou d’éventuelles lésions
tumorales.
En plus d’une description précise du
calcul, de l’anatomie des voies
urinaires et du parenchyme rénal,
l’uro-scanner permet d’examiner
l’ensemble de la cavité abdominale,
avec une étude complète du rétropéritoine à la recherche d’éventuelles
interpositions digestives, osseuses,
vasculaires qui modifieraient ou
contre-indiqueraient une prise en
charge par NLPC.
AVIS D’EXPERT
Reformat plan coronal
Reformat plan coronal
Uro-scanner et Lithiase Urinaire :
Nouveauté en 2007
N°3 Septembre 2007
Reformat plan coronal
Reformat plan coronal
Figure 5 : TDM sans injection de produit de contraste. Analyse du calcul : taille et forme
Fig 3: TDM sans injection de produit de contraste.
Analyse du calcul : taille et forme
Figure 6 : TDM avec injection de produit de contraste : reconstruction MIP.
Localisation précise des calculs, situation anatomique particulière :
reins en fer à cheval
CONCLUSION
M avec injection de produit de contraste : reconstruction
MIP.
ation précise des calculs, situation anatomique particulière :
reins en
fer à cheval représente actuellement un progrès fondamental pour le diagnostic
Le scanner
multi-barrette
et le bilan pré-thérapeutique de la lithiase rénale.
La technique d’acquisition doit être cependant très rigoureuse, avec l’obtention d’une
hyperdiurèse, des protocoles d’injection en deux temps permettant une évaluation combinée
du calcul, du parenchyme rénal et des voies urinaires sur une seule acquisition, pour
limiter l’irradiation.
Dans ces conditions et avec la qualité des informations fournies aux cliniciens, cet examen
devrait, à l’avenir, supplanter totalement l’U.I.V. dans cette indication.
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