Les essais des Chambres d`agriculture : pour une optimisation du

L’EST AGRICOLE ET VITICOLE
C H A M B R E
D ’ A G R I C U L T U R E
V1
- N° 22. VENDREDI 3 JUIN 2011 . PAGE 38
&
Savoir-faire
Terroirs
Viticulture
Les essais des Chambres d’agriculture :
pour une optimisation du conseil viticole
Depuis 2004, des essais au vignoble sont mis en place par les Chambres d’agriculture du Bas-Rhin et du Haut-Rhin en concertation avec le Civa, l’Inra,
l’IFV, l’Araa, distributeurs et viticulteurs. Le but est d’obtenir des références techniques régionales, permettant l’ajustement des préconisations au plus
près des problématiques des viticulteurs. Les thèmes des essais sont en lien avec l’actualité technique. Depuis 2008, ils s’inscrivent dans le cadre
du plan Ecophyto 2018 qui vise à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires. Deux axes principaux sont explorés, en voici les premiers résultats.
La réduction des doses de produits
phytosanitaires
• La réduction des doses de
cuivre métal
Afin de réduire les doses de cuivre
métal appliquées, le cuivre sous forme
d’hydroxyde (Kocide Opti) a été
retenu.
Durant la pleine saison, l’hydroxyde a
été efficace contre le mildiou au même
titre que le sulfate de cuivre (bouillie
bordelaise RSR). En fin de saison l’hydroxyde perd de l’efficacité sur le mildiou mosaïque comparé au sulfate de
cuivre.
A la fin de la campagne de traitement,
3 kg de cuivre métal ont été appliqués
pour la modalité “sulfates” et 2 kg
pour le programme “hydroxydes”.
En 2010 l’utilisation d’hydroxyde a
permis de maîtriser le mildiou à plus
faible dose de cuivre métal.
Pour 2011, l’essai sur les formulations
de cuivre consiste à comparer les efficacités de différentes formes en fin de
saison.
• Le Teilung : bilan de quatre
années d’essais
Le Teilung a pour objectif de réduire
les attaques de botrytis et de pallier
l’utilisation d’anti-botrytis. Il consiste
à supprimer le tiers inférieur des
Un partenariat viticulteurs/Chambres
d’agriculture
Différentes modalités d’un essai.
grappes au stade de la pré-fermeture
de la grappe. La zone sensible aux
attaques de botrytis est supprimée et
la compacité des grappes diminue.
Les résultats sont irréguliers en fonction des années (diminution de botrytis de 7 à 16 %). La baisse de rendement est régulière (environ 20 %) et
la maturité des baies est améliorée.
Le Teilung peut être envisagé pour réaliser un éclaircissage qualitatif. Le coût
de cette technique est élevé, elle est
plutôt adaptée à des parcelles à forte
valeur ajoutée.
• Réduire l’utilisation des produits phytosanitaires
Nous avons comparé différents programmes de traitement. L’un est basé
sur le modèle POD (Processus opérationnel de décision) Mildium (Inra de
Bordeaux). Le second est basé sur
des réductions de doses fixes. Ces
programmes ont été comparés à un
programme classique et à un témoin
non traité.
La pression oïdium de 2010 a été très
forte sur la parcelle. Le programme
classique et celui du POD Mildium
sont ceux qui présentent le moins de
symptômes. POD Mildium à permis
une baisse de 30 % des intrants à
résultats équivalents (cf. schéma). Le
POD Mildium nécessite une mise en
œuvre fastidieuse mais c’est un outil
intéressant de réduction des traitements.
Ces essais sont le fruit d’un partenariat entre les organisations professionnelles viticoles réunies au sein
du comité de coordination technique
animé par l’IFV. Afin qu’ils soient les
plus pertinents possible, les protocoles sont débattus entre les différents acteurs de la filière. Une fois
validés, les essais sont mis en place
chez les viticulteurs qui mettent à disposition leurs parcelles. Ils réalisent
l’application des différentes modalités. Les notations, les comptes-rendus
et la communication des résultats sont
à la charge des techniciens. Ces essais
permettent l’acquisition de références
techniques locales, suppor t d’un
conseil plus abouti.
• Des défanants d’origine naturelle
Dans une demande croissante de produits plus respectueux de l’environnement, certaines firmes ont développé
des défanants d’origine naturelle.
Plusieurs d’entre eux ont été testés
au cours de la campagne 2010. Les
résultats démontrent une efficacité
rapide mais également une repousse
rapide des adventices passé un délai
d’une à deux semaines. Actuellement
ces produits ne sont pas aptes à être
utilisés de la même manière qu’un
défanant classique car leurs effets
sont de courte durée. En revanche,
ils constituent une alternative intéressante pour la destruction ponctuelle
d’un enherbement en situation de
stress hydrique ou lorsque le travail
du sol est déconseillé par exemple.
L’essai sera reconduit en 2011 avec
d’autres défanants : l’acide acétique,
des extraits bactériens ou d’agrumes.
Pour cette campagne 2011, une autre
série d’essais est en cours. Ils s’inscrivent en partie dans le cadre du plan
Ecophyto 2018, mais portent également sur d’autres sujets comme les
enherbements peu concurrentiels ou
encore l’effet de l’effeuillage précoce
sur le botrytis.
L’expérimentation doit savoir s’adapter au millésime. Cette année par
exemple, des mesures de stress
hydrique vont être réalisées. La réactivité et les sujets d’actualité permettent d’ajuster au mieux les conseils
aux besoins des viticulteurs dans une
recherche constante de références
régionales.
Céline Abidon,
conseillère viticole stagiaire
service productions végétales
tél. 03 89 20 97 41
[email protected]
Les produits alternatifs
Grappe où l’on a pratiqué le Teilung.
En 2011, trois modèles de réduction de dose (POD Mildium,
Optidose, adaptation à la surface foliaire) sont comparés
A résultats équivalents, le modèle POD Mildium a permis de réduire de 30 %
l’utilisation de produits phytosanitaires en 2010 (1 IFT = 1 traitement à pleine
dose).
• Milsana et PrevB2
Le Milsana appartient à la catégorie des Stimulateurs de défense des
plantes (SDP). Il s’agit d’une préparation commerciale à base de renouée
de Sakhaline qui a montré des efficacités intéressantes contre l’oïdium
dans de récents essais (CRECEP
2005-2007). Les produits alternatifs
sont amenés à compléter l’offre dans
un avenir proche. Le cas du Milsana
illustre bien la situation d’autres produits alternatifs. Globalement ils peuvent entrer dans un programme de
traitement en association ou en complément des produits classiques. Mais
seuls, ils ne peuvent pas assumer une
forte pression parasitaire.
Le PrevB2 a été testé en 2010 mais
il n’a pas montré d’efficacité sur
l’oïdium (pression insuffisante). En
revanche la parcelle a subi une
forte attaque de mildiou sur lequel le
PrevB2 n’a pas eu d’effet. Le Milsana
et le PrevB2 seront tous deux expérimentés en 2011.
Essai enherbement peu concurrentiel.